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Missing Files 06 Burundanga

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Message  Humbug Sam 2 Mai 2015 - 8:08

Titre : Missing Files 06 Burundanga

Auteur : Humbug

Avertissement : R (c'est quand même un peu violent)

Catégorie : X

ship : =

Résumé : Il existe une "faille temporelle" dans la chronologie de la série X-Files. L’épisode pilot se déroule début Mars 1992 alors que l’épisode "Squeeze" (Compressions) se passe en 1993 vu que Tooms tue tous les 30 ans & que ses précédents forfaits remontent à 1963 & 1933. Entre les deux, l'épisode "Deep Throat" (Gorge Profonde), uniquement. Si l'on admet que "Squeeze" se déroule début 1993 et "Deep Throat" en décembre 1992, cela nous laisse environ 8 mois, les 8 premiers mois d’enquêtes de Mulder & Scully passés sous silence par Chris Carter & son équipe. Durant ces 8 mois, Mulder & Scully ont été confrontés à 13 enquêtes (inédites) particulièrement difficiles : voici ces "enquêtes perdues", ces "Missing Files".



Disclamer : Les personnages ne m'appartiennent pas.

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... J'aimerai dédicacer cet épisode à deux de mes lectrices les plus ferventes : ma chérie, Brigitte, et ma maman, Joëlle. Je vous aime.




MISSING FILES





Episode 6



«Burundanga»




Missing Files 06 Burundanga Thepla10





Chapitre 1 « John Gilnitz »





Plaza Hotel - 5eme Avenue - Manhattan - New York
Mardi 23 Juin 1992 - 21h55

Quand elle entra dans le grand hall du Palace New Yorkais, le temps s’arrêta tant elle semblait irréelle.

Elle était grande et élancée, perchée sur des talons hauts. Un vrai physique de Top Model. Ses cheveux étaient longs, châtains et avec un très léger volume. Par ailleurs, elle avait le teint naturellement hâlé et cuivré. Ses yeux étaient grands, légèrement en amande, de couleur marron clair et d’une brillance qui attirait irrésistiblement les regards. De nombreux hommes se seraient damnés pour ses prunelles, rehaussées par des longs cils de biches maquillés au mascara et des sourcils taillés finement. Elle avait une bouche pulpeuse avec du rouge à lèvre sombre sous un nez très fin et entre les deux, un grain de beauté sur le côté droit. Elle avait aussi un autre grain de beauté visible, au niveau du cou, sous l’oreille gauche.

En plus de sa chevelure claire, des boucles d’oreilles pendantes et un collier en or formaient autour de son visage, déjà naturellement lumineux, une aura de clarté digne d’un soleil d’été.

Sa robe noire haute couture moulait son corps mince et mettait particulièrement en valeur sa poitrine parfaitement dessinée et défiant les lois de la gravité.


C’était un tout début d’été exceptionnellement et particulièrement froid et elle portait un manteau de fourrure. Malgré tout son épaisse pelisse laissait tout de même voir ses courbes comparables à celles d’une déesse. Sa taille était fine et ses hanches un peu plus larges. Quant-à ses mollets, ils étaient musclés par des centaines d’heures de marche sur ses talons aiguilles ainsi que par la pratique intensive d’une passion qui la dévorait depuis de nombreuses années : la danse.

Même si beaucoup de sport et d’efforts devaient être nécessaire à l’entretien d’un corps comme le sien, il était indéniable de dire que la nature avait été plus que généreuse avec elle. Sa simple présence provoquait beaucoup de remous quand elle pénétrait dans une pièce car tous les hommes la désiraient et toutes les femmes la jalousaient. Dans les deux cas, c’était uniquement son physique qui provoquait ces réactions passionnées car personne n’avait entendu le son de sa voix, ni son discours, pourtant, ils avaient tous envie de la connaitre.

Les hommes voulaient qu’elle leur dévoile son corps mais aussi sa personnalité. Savoir si elle était attachante, en plus d’être magnifique, ou au contraire insupportable et stupide. Les femmes la savaient déjà idéale physiquement et étaient curieuses de savoir si, en plus, une telle femme, pouvait aussi être intelligente ou si son physique hors norme était définitivement son seul atout.

Ses enjambées étaient de tailles égales et ses talons faisaient anormalement peu de bruit. Elle avait la démarche féline. Une chatte d’un mètre soixante-dix-huit venait de faire une entrée remarquée dans ce palace de l’Upper East Side célèbre notamment pour être apparu dans le film « La mort aux trousses » d’Alfred Hitchcock.

Le réceptionniste ne savait plus s'il devait la regarder ou pas, car il avait peur que son regard ne puisse plus se détacher d’elle si jamais il posait les yeux un peu trop longtemps sur cette apparition. L’espace d’un instant, il crut même se statufier s'il la regardait dans les yeux, comme avec la gorgone Méduse dans la mythologie Grecque. Grâce à son métier, il avait pourtant l’habitude de voir de très belles femmes, avec beaucoup de classe et de prestance mais c’était la première fois de sa vie qu’il voyait une telle chose et il se dit à lui-même qui si l’amour devait être personnifié, il le serait très certainement par cette femme.

Pour ne pas perdre ses moyens, il se contenta de rougir et de garder la tête baissé en faisant mine de noter quelque chose sur son grand cahier. Elle était à présent en face de lui, de l’autre côté du comptoir, et il suait à grosses gouttes.

-Je viens voir Monsieur Gilnitz. John Gilnitz.

Sa voix était suave, douce et très légèrement grave.

-C’est impossible ! Pensa-t-il. Elle a la voix aussi belle et sexy que le physique.

Le réceptionniste en eut mal au ventre tellement il avait l’impression d’être amoureux sans même la connaitre, à cause d’une simple phrase. Il était d’origine mexicaine et remarqua un très léger accent espagnol dans sa voix. L’anglais ne devait pas être la langue maternelle de cette créature de rêve. Il essaya de rassembler ses esprits et chercha le nom de Gilnitz dans son grand cahier. Il tournait les pages en ayant l’air perdu comme un enfant tout seul au cœur de la forêt. Soudain, il trouva, pour son plus grand soulagement.

-Euh oui, suite 1024 ! Au 10eme étage. L’ascenseur est sur votre droite.
-Merci.

Elle lui sourit mais il ne le remarqua même pas. Il valait mieux sinon, il aurait défailli sur le sol de sa réception. Elle se dirigea vers l’ascenseur et monta au dixième étage. Lorsque les portes s’ouvrirent, elle croisa un couple. L’homme n’en croyait pas ses yeux et sa femme lui agrippa le bras, de peur qu’il ne soit irrémédiablement attiré par cette créature magique comme ce fut le cas pour les marins d’Ulysse. Elle alla jusqu’au bout du couloir et frappa deux coups à la porte de la suite 1024. John Gilnitz vint lui ouvrir immédiatement. Ses yeux s’écarquillèrent à la vue de cette sculpturale jeune femme. Il avait visiblement bien choisi sa call girl et il ne faisait aucun doute qu’il allait passer une excellente nuit. Il la fit entrer en la déshabillant du regard de haut en bas et de bas en haut puis disposa le petit panneau « ne pas déranger » à la poignée de la porte. Il souffla d’admiration.

-Vous êtes magnifique ! Lui-dit-il.
-Merci ! Se contenta-t-elle de répondre une nouvelle fois.

Il se tenait face à elle, très près. Il lui saisit la taille et rapprocha ses lèvres des siennes pour lui poser un baiser mais ce fut la jeune femme qui l’embrassa d’abord. Le baiser dura de longues secondes.
Quand leurs bouches se séparèrent, Gilnitz la regarda dans les yeux et elle remarqua qu’il avait le regard vide, dénué de toute émotion.


Le lendemain matin il se réveilla comme après un bonne cuite, avec un violent mal de crane. Il voulut regarder l’heure mais n’avait plus sa montre au poignet. Il la chercha sur les tables de nuit, sur la commode et même dans la salle de bain mais rien. Craignant quelque chose, il fouilla dans les poches de son pantalon qui avait été soigneusement déposé sur le dossier d’une chaise et, comme il le redoutait, son portefeuille aussi avait disparu. Il paniqua et appela la réception dans la seconde.

-La réception ? C’est Monsieur Gilnitz, suite 1024 ! La femme de ménage est passée dans ma chambre ce matin ?
-Non Monsieur. Vous avez mis le panneau « ne pas déranger ».

Gilnitz n’avait absolument aucun souvenir de cela. Pourquoi aurait-il fait ça ? Il était à New York pour un séminaire et devait retourner dans le Colorado dans la journée. Il n’avait aucune raison de demander qu’on ne le dérange sous aucun prétexte.

-Quelqu’un d’autre est entré dans ma chambre, à par moi ? Demanda-t-il.

Le réceptionniste n’en croyait pas ses oreilles.

-Bah, la jeune femme d’hier soir, monsieur.
-Qui ?

Cette question incompréhensible venant de son client résonnait aux oreilles de l’employé de l’hôtel comme un écho qui remontait du font de l’abîme.

« Qui ? Qui ? Qui ? Qui ? »

Comment avait-il pu oublier quelqu’un d’aussi remarquable ?

Comment avait-il pu oublier une femme comme elle ?


Dernière édition par Humbug le Mar 20 Sep 2016 - 17:07, édité 8 fois

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Message  Humbug Sam 2 Mai 2015 - 8:19




Chapitre 2 « Manhattan »





J Edgar Hoover Building - Washington DC
Jeudi 25 Juin 1992 - 10h04

-Ne me dis pas que tu es jalouse, Scully ?

L’agent spécial du FBI Fox Mulder avait remarqué une petite pointe d’agacement dans la voix et l’attitude de sa partenaire, la scientifique Dana Scully, et comptait bien user de son sarcasme habituel. Des petites phrases très drôles que Scully avait fini par baptiser « Mulderismes » tandis que lui, appelait les traits d’humour de sa collègue rousse « Scullismes ». Ils étaient dans leur bureau des affaires non-classées, une toute petite pièce encombrée de dossiers et de rapports au sous-sol du siège du FBI. Là où se trouvait la photocopieuse bien avant que Mulder n’en fasse son quartier général pour résoudre les affaires mystérieuses qui embarrassaient le Bureau.

-Il m’en faut un peu plus que ça, Mulder. Tous les témoins ont rapporté que cette femme possède une beauté hors du commun. Et alors ? C’est ça qui en fait un dossier « X » à tes yeux ?

Mulder apprécia la provocation de sa partenaire.

-Bien que ça aurait très bien pu être le cas, ce n’est pas ça du tout, Scully. Ce qui m’intéresse le plus dans cette affaire, ce sont ces trous de mémoires violents et instantanés que ressentent les victimes vis-à vis de cette femme. Tout le monde se souvient parfaitement d’elle et pour cause, sauf les hommes qui se sont fait dépouillés, apparemment par ses soins.
-Et tu penses quoi ? Qu’en plus d’être une prostituée et une voleuse, c’est une succube ou autre créature fantastique de la nuit ?
-Si j’en crois les témoignages, c’est effectivement une créature de la nuit qui doit très certainement être fantastique sur pas mal de points mais je n’en suis pas encore arrivé là, Scully. Et toi, quelle est ta théorie scientifique concernant cette Vénus des Palaces ?
-Elle a surement usé et abusé de ses charmes auprès de ces hommes esseulés pour les attirer dans ses filets comme les sirènes de la mythologie puis les a drogués pour pouvoir voler leur argent sans qu’ils ne s’en rendent compte.
-« La sirène de Manhattan », pas mal comme titre mais ça sonne un peu trop série B à mon gout. Cela dit, il y a encore un autre problème concernant cette affaire et dont je ne t’ai pas encore parlé.
-Comment ça « un autre problème » ?
-La dernière victime de notre sirène voleuse, monsieur John Gilnitz, a été retrouvée morte au pied du Plaza hôtel, juste devant l’entrée. Son sang est encore sur la 5eme Avenue à l’heure où nous parlons.
-Ça explique un peu mieux pourquoi le FBI est sur l’affaire plutôt que la police de New York. Comment est-il mort ?
-Apparemment suicidé. Il se serait jeté par la fenêtre de sa chambre située au 10eme étage.
-Je n’y comprends plus rien, Mulder. Pourquoi c’est à nous qu’on fait appel si c’est un suicide ?
-Tout simplement parce que, pour le NYPD, c’est un suicide « assisté ». D’après sa famille, avant le matin où il a découvert qu’il s’était fait voler tous ses biens de valeur par cette femme, il n’avait aucune raison d’en finir. Un homme heureux avec un bon job et un gros salaire.
-Un homme heureux qui trompait sa femme avec une call girl. Protesta Dana Scully.
-Ça arrive aussi à des gens très bien, tu sais ? On appelle ça la crise de la quarantaine.

Mulder avait le sourire mais sa coéquipière n’avait pas trop envie de rire. Lorsqu’elle était étudiante en médecine, elle avait eu une aventure avec son professeur, Daniel Waterston, un homme marié. Leur relation avait failli faire imploser la famille de Daniel mais c’était un peu trop lourd à gérer pour elle, malgré son amour pour lui. Elle avait préféré fuir et intégrer l’académie du FBI de Quantico en Virginie.

-D’habitude les hommes qui ont cette crise se contentent de s’acheter une voiture de sport ! Répliqua-t-elle.

Puis, comme à son habitude, elle décida de recentrer la conversation sur l’affaire pour éviter de perdre des secondes inutilement en débats stériles.

-Et c’est donc la police de New York qui a prévenu le FBI ?
-Oui et ce sont mes anciens collègues des sciences du comportement à l’académie qui sont sur le coup. Mais quand ils ont appris cette histoire de trous de mémoires mystérieux, ils ont pensé à moi.
-Dis plutôt que tes amis du BSU ont profité du prétexte d’une affaire un tout petit peu louche et qui pouvait vaguement évoquer le paranormal pour revoir leur cher ami Le Martien.

Mulder afficha un large sourire.

-Bien vu, agent Scully ! Mais, même si ce dossier n’est pas exactement une affaire non classée, elle m’intéresse, et pas que pour revoir certaines personnes. J’ai très envie de les aider à élucider cette affaire. Et puis les témoins n’ont-ils pas déclaré que la beauté de cette femme était « paranormale » ?

Cette fois, ce fut au tour de Scully de sourire.

-Sans compter ce suicide tout aussi mystérieux qui pourrait très bien être un meurtre à retardement.
-« Meurtre mystérieux à Manhattan », ça en revanche, ça ferait un très bon titre. Si ce n’était pas une affaire authentique, ça pourrait même être le titre du prochain film de Woody Allen.
-Quand est-ce qu’on part pour New York ? Demanda Scully.
-Pas tout de suite. D’abord j’aimerais que tu autopsies le corps de ce monsieur Gilnitz. J’ai demandé au NYPD de nous envoyer le corps ici.
-Ils ont accepté ? Ils ont pourtant d’excellents légistes !
-Il faut croire qu’ils te portent en haute estime car ils n’ont fait absolument aucun esclandre quand j’ai fait cette requête. Le corps arrive en début d’après-midi.
-OK, ensuite on va à New York ?

Elle était décidément pressée de se rendre à Manhattan pour résoudre cette enquête mais son partenaire, d’habitude plus enclin à se précipiter dans n’importe quel endroit où l’on signalait un cas étrange, la décevait une nouvelle fois.

-Toujours pas. On retourne d’abord où tout a commencé pour nous, à l’académie du FBI.
-A Quantico ? Pourquoi c’est si important pour toi qu’on aille là-bas avant d’aller à New York?
-Il y a une promesse que j’ai faite et que j’aimerai tenir. Dit Mulder avec une petite lueur dans les yeux.
-Alors si c’est une promesse, je m’incline.

L’ancien profiler eut un léger sourire.


Dernière édition par Humbug le Sam 23 Mai 2015 - 5:17, édité 1 fois

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Message  Humbug Mer 6 Mai 2015 - 20:32



Chapitre 3 « Autopsie »




Salle d’Autopsie 1 – Hoover Building – Washington DC

Le docteur en médecine et agent spécial du FBI Dana Scully avait préféré manger léger, une salade de crudités avec un peu de poulet grillé. Elle ne disait pas non à un bon repas bien copieux mais vu le travail qui l’attendait dès le début de l’après-midi, elle avait préféré ne pas abuser sur la nourriture et jouer la prudence. Son partenaire lui avait payé à déjeuner dans un bar à salades non loin du siège du FBI. C’était Scully qui avait choisi le lieu et Mulder s’était contenté de sortir son portefeuille. Elle l’avait remercié et s’était dirigée vers les salles d’autopsie du Hoover Building tandis que son collègue avait regagné sa tanière du sous-sol pour effectuer des recherches sur l’affaire et arriver fin prêt à établir un profil crédible et cohérent de la jeune femme qui avait volé l’argent et les bijoux de nombreux hommes à New York et très certainement causé la mort de John Gilnitz. Il avait étudié la topographie de Manhattan pour comprendre d’où venait cette mante religieuse inconnue à partir des endroits où ses victimes s’étaient signalées. Il avait aussi passé au crible les témoignages des hommes qui avaient succombé à ses charmes sans décéder. Mais le plus compliqué avait été de recueillir ces témoignages car toutes ces victimes ne se rappelaient absolument de rien. Le FBI avait pourtant réussi en procédant par recoupement grâce aux dires d’autres personnes que les victimes elles-mêmes.

Au service des autopsies, Scully était tombée sur le Docteur Taylor, un homme de 50 ans, très mince avec les cheveux tout blancs et une voix très aiguë, presque féminine. Elle le connaissait très bien car avant de rejoindre le Martien Fox Mulder, elle enseignait les pathologies et la médecine-légale à l’académie de Quantico. Le Docteur Ulrich Taylor était un ancien collègue doublé d’une personne avec qui elle avait eu de très nombreux contacts durant les deux ans qu’elle avait passée en Virginie. Pendant cette période, elle s’était rendu très peu de fois à Washington mais à chaque fois, c’était pour rencontrer Taylor. La seule et unique fois où ce ne fut pas le cas, c’était le jour où le chef de section Scott Blevins l’avait convoquée dans son bureau pour l’informer qu’elle était à présent détachée au bureau des affaires non-classées pour rédiger des rapports sur la validité de ce service et sur le travail de l’agent spécial Fox Mulder. Dès cette convocation, elle avait émis des réserves sur sa mission mais avait suivi les ordres et rédigé les rapports demandés. Mais ce que n’avait jamais réussi à comprendre Scully et qui lui éclata aux yeux un peu plus tard, bien après qu’elle soit sortie du bureau du chef de section, c’était ce que faisait l'agent Senior Abelson dans ce bureau ce fameux jour de Mars 1992 ? Et qui était cet homme inconnu qui s’était contenté de tirer sur sa cigarette et était resté silencieux tout au long de son entretien ?

-Pourquoi diable Abelson voulait savoir si je connaissais Mulder ? S’était dit Scully peu après le dénouement de sa première enquête aux X-files. Et pourquoi avait-t-il été aussi embarrassé quand je lui ai dit que je le connaissais effectivement ? Il avait été rassuré quand je l’avais informé que c’était uniquement de réputation, car c’était mon amie Suzie Cox qui m’avait tout dit ou presque sur cet agent qui attirait autant les compliments que les moqueries.

Mais l’heure n’était plus aux questions existentielles, c’était le moment de se mettre au travail pour coincer une dangereuse criminelle. Le Docteur Taylor était très heureux de revoir Scully. Depuis qu’ils travaillaient dans le même immeuble, ils ne s’étaient plus revus, un comble. Le quinquagénaire avait un large sourire lorsqu’il serra la main de la petite rouquine qui lui avait fait une si forte impression lorsqu’elle enseignait à Quantico. Si jeune et déjà si expérimentée, talentueuse et pleine d’abnégation. Il se rappela avoir pensé que c’était une chance d’avoir une personne telle que Dana Scully dans les rangs du FBI et il n’avait pas pensé cela si souvent. C’était même très rare qu’il tienne un ou une de ses collègues en si haute considération, surtout aussi jeune qu’elle.

Scully aussi eut un large sourire en lui serrant la main et ses pommettes saillantes s’empourprèrent de bonheur. Car cette déférence était bien évidemment réciproque.

-Vous revenez à vos premiers amours, docteur Scully ? Demanda le quinquagénaire.
-Pour la bonne cause. Précisa-t-elle.
-Le corps vient d’arriver.

Taylor était curieux comme une fouine et ne put s’empêcher de lui demander des précisions sur l’affaire.

-Qu’est ce qui se passe pour qu’on vous rappelle à nos côtés, en médecine légale ?
-Une victime à New York. Mais vous savez, lui répondit Scully, j’ai l’impression que dans le cadre de mon travail aux affaires non-classées, ça ne va pas être la dernière fois que je vais me livrer à une autopsie. J’en ai la conviction.
-Vous n’êtes pas trop rouillée, j’imagine. Vous avez pratiqué depuis votre mutation ? Nancy Spiller m’a dit de lui donner de vos nouvelles la prochaine fois qu’on se verrait.

Elle repensa à celle qu’on surnommait « La Fille de Fer », le médecin-légiste en chef, responsable des cours et ancienne professeur de Scully, ainsi qu’à l’examen du corps de Ray Soames auquel elle s’était livré dans l’Oregon dès sa première affaire non-classée. A la vue de la forme de ses orbites et surtout à l’oblique de son crane, elle en avait conclu qu’il ne s’agissait pas d’un être humain.

-Est-ce que ça compte ? Se demanda-t-elle à elle-même.

Surtout qu’elle avait trouvé dans ce corps apparemment non humain plusieurs corps étrangers, dont un dans sa fosse nasale. Depuis, elle n’avait plus effectué d’autopsie car dans l’affaire des espions psy, elle s’était contentée d’être baladée par son partenaire en Nouvelle Angleterre pour protéger la toute jeune Irina, qui possédait des pouvoirs de vision à distance et qui était menacée par un commando soviétique. A Savannah, il y avait eu six victimes dont un enfant mais à cause des radiations, ni elle ni Mulder n’avait été autorisés à approcher les corps. Dans le cas du Derviche auto-guérisseur qui tuait des Généraux à Washington et Arlington, les autopsies avaient été tout d’abord pratiquées par le coroner d’Arlington, pour la première victime puis par des médecins légistes militaires après le meurtre du coroner. Dans le cas de la jeune fille qui prédisait les catastrophes, elle n'avait pas été consultée en tant que docteur en médecine mais uniquement en tant qu’agent spéciale du FBI. Quant à l’affaire des feux mystérieux à Seattle, la seule victime à déplorer, un jeune lycéen qui avait pris feu le soir du bal de promo, le coupable avait été arrêté quelques secondes après son forfait. Pour résumer, les affaires auxquelles elle avait été confrontée pour l’instant n’avaient pas nécessité ses talents en matière de dissection et d’autopsie.

-En tout cas, cette affaire a l’air très importante ! Avait ajouté le docteur Taylor.
-Oui ! S’était contentée de répondre Scully.

Puis après un long silence, elle ajouta :

-Elles le sont toutes.

Ils se rendirent aux cotés du cadavre de John Gilnitz, à la table d’autopsie. Ils s’étaient habillés en blouse et lavés les mains puis avaient enfilé des gants en latex. Le docteur Taylor assistait Scully. Cela n’était pas courant qu’un homme de son âge assiste une personne beaucoup plus jeune que lui. Mais Taylor n’avait aucun problème avec ça. Il n’avait aucune fierté mal placée, pas en ce qui concernait Dana Scully. Elle était bien trop compétente dans son travail pour qu’il s’embarrasse avec d’aussi basses considérations que l’âge ou le sexe.

Elle saisit un petit magnétophone pour enregistrer ses constatations et appuya sur « Rec » puis le posa sur la tablette à roulette où étaient disposés ses instruments.

-Je suis le docteur Dana Kathryn Scully, nous sommes le jeudi 25 juin 1992 et je m’apprête à pratiquer l’autopsie du corps de monsieur John Gilnitz. La victime était un homme de 45 ans, mesurant 1,80 mètre et pesant 85 kg. Selon mes premières constatations, le corps est en très mauvais état. La peau est tuméfiée, les chairs sont écrasées et les os sont brisés. Il y a de très nombreuses fractures au niveau des membres inférieurs et plusieurs plaies au niveau du crane. Je constate également de nombreuses coupures et des bouts de verre dans les plaies au niveau du visage et des mains.

Elle utilisa une petite pince pour ôter les éclats de verre du corps de la victime.

-Les morceaux de verre seront analysés pour vérifier leur provenance. Je procède également aux prélèvements de sang et de salive pour analyses afin de vérifier d’éventuelles traces de drogues sur son corps ou dans son sang. Je commence par ouvrir le crane.

Elle s’empara d’une petite scie circulaire et découpa la boite crânienne de John Gilnitz.

-Le cerveau est fortement nécrosé et comporte plusieurs œdèmes sur les faces antérieures et postérieures. De nombreux vaisseaux ont éclaté.

Elle extrait l’organe puis le pesa et préleva un bout de tissu qu’elle plaça dans un petit bocal tendu par le Docteur Taylor.

-Je vais procéder maintenant à l’ouverture du corps.

Elle s’exécuta et Taylor se contentait de la regarder en lui passant les instruments. Elle pratiqua sur le torse du cadavre une incision en « Y » avec un scalpel.

-Les organes internes ont été écrasés par un impact violent  et le cœur a explosé sous le choc, provoquant un arrêt immédiat de toutes les fonctions vitales. L’homme est mort sur le coup. Mais mes conclusions définitives ne pourront être rendues qu’après avoir pris connaissance des résultats des analyses de sang et de salive.


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Message  Humbug Mer 6 Mai 2015 - 20:37



Chapitre 4 « Quantico »





Académie du FBI - Quantico - Virginie
Vendredi 26 Juin 1992 - 9h17

Les deux agents spéciaux du service des X-files étaient très heureux de revenir à l’académie qui les avait formés et tout particulièrement Mulder car il allait revoir ses anciens collègues de la cellule comportementale, les profilers. Jerry Lamana, David Rossi, son superviseur Reggie Purdue et même son professeur, le grand Bill Paterson. Il n’avait jamais vraiment apprécié ce dernier car il pensait que Paterson ne l’aimait pas. Apparemment, il n’était pas assez dévoué à sa personne au gout du professeur qui affichait une certaine mégalomanie. Scully, quant à elle, risquait de croiser des anciens élèves en pathologie, mais aucun d’entre eux ne l’avaient marqué plus que cela, peut-être à l’exception de la prometteuse Kelly Ryan. Elle aurait bien aimé revoir aussi Tom Colton, un agent spécial qui était dans sa classe et avec qui elle s’était bien entendue, mais elle savait qu’il faisait à présent partie du bureau de Baltimore. Elle s’était dite à elle-même qu’il fallait qu’elle l’appelle pour un déjeuner dès qu’il viendrait dans la capitale.

Ils étaient directement partis du Hoover Building aux alentours de 8h30 et avaient mis moins d’une heure pour parcourir les 58 km qui séparaient la capitale fédérale de Quantico.

En pénétrant dans le bâtiment principal, Mulder et Scully ressentirent énormément de nostalgie, le même sentiment qu’on éprouve en retournant dans son ancien quartier, en revoyant de vieux amis ou en foulant à nouveau le sol de son école primaire. Il y avait tout autour d’eux de futurs agents qui se formaient et s’entrainaient très dur pour devenir, dans la majorité des cas, des agents de terrain. Ces hommes et ces femmes étaient triés sur le volet, la moyenne d’âge était de trente ans et ils avaient tous un diplôme universitaire. Des classes de 50 personnes, 17 semaines de formation au tir, aux techniques de filature et à la science qui vise à la collecte des indices puis deux ans de formation sur le terrain, dans l’un des 400 bureaux disséminés partout aux USA ou dans l’une des 50 ambassades américaines possédant une cellule du FBI.

Dans un couloir du premier étage, Mulder rencontra son ancien collègue David Rossi. Un profiler à l’instinct très acéré, presque aussi doué que Le Martien. C’était un italien d’origine, brun, de taille moyenne, l’œil sombre et le sourire charmeur. Le genre d’homme qui regardait intensément une femme et lui parlait avec calme et douceur pour la séduire. Il était né à Commack, Long Island, dans la banlieue de New York. Tous ses amis d’enfance avaient basculé dans le crime organisé à l’âge adulte et pour éviter de les rejoindre dans la voie de l’illégalité, il s’engagea dans les Marines et servit au Vietnam. Il y avait acquis le grade de Sergent-major. A son retour d’Asie, il s’était porté candidat au poste d’agent spécial du FBI et comprit très vite que son seul souhait était de rejoindre la cellule comportementale pour arrêter des tueurs en série. Il avait un véritable don pour dresser les profils des suspects. L’homme qui lui avait le plus appris était Frank Black, une légende du Bureau qui était partie juste avant l’arrivée de Mulder. Ce dernier et Rossi eurent un large sourire en s’apercevant et se serrèrent fermement là main, d’une poigne virile.

-Mulder !
-Rossi !

Soudain, l’italien se retourna vers Dana Scully et la salua en lui adressant un sourire charmeur et en la regardant droit dans les yeux, comme il le faisait avec toutes les jolies femmes.

-Mademoiselle !

Puis il se tourna à nouveau vers son ancien collègue préféré.

-C’est ta nouvelle partenaire, Mulder ? Tu en as de la chance.

Le collègue de Scully sourit, gêné mais décida de contre-attaquer.

-Dis-moi, Rossi, ta femme actuelle est la numéro combien ? Je m’y perds à force.
-C’est la troisième et tu le sais parfaitement.
- Bah tu sais, ça fait quand même un an qu’on ne s’est pas vu, alors tu as eu tout le temps de passer à quatre, te connaissant.

Scully ne fut même pas outrée de cet échange aux limites du machisme. Elle était heureuse de voir Mulder si épanoui de retrouver un vieil ami et ne les interrompit pas.

-C’est pas faux, reconnut Rossi. En tout cas, je suis content que tu sois avec nous. C’est une sacrée affaire qu’on a là. Je sais que tu aimes particulièrement ce genre de cas et que tu en as d’ailleurs fais ta spécialité. Crois moi, si tu aimes le bizarre et l’étrange, tu vas être servi.
-Une superbe femme sème la mort et détrousse les hommes fortunés à Manhattan, je comprends qu’on t’ait confié l’enquête.

Au moment de cette nouvelle provocation de son partenaire, Scully n’écoutait déjà plus car elle avait remarqué dans ce même couloir une ancienne connaissance très intime. Il s’agissait de Jack Willis, son ancien instructeur, avec qui elle avait une liaison qui avait duré un an. L’instructeur venait tout juste de divorcer et leur relation avait été passionnée avant de laisser place à un certain quotidien puis à la simple camaraderie, comme pour Mulder et Abbie, comme dans un très grand nombre de couples.

A quelques pas d’eux, les deux amis profilers continuaient leur discussion et n’avaient même pas remarqué la disparition de la petite rousse.

-Arrête avec tes sous entendus Mulder. Si c’est moi qui t’accueille, c’est parce que Reggie Purdue est en Floride pour coincer un serial killer particulièrement pervers qui s’attaque aux auto-stoppeuses mineures.

-Et, où est Jerry Lamana ?
-Il est avec Reggie à Tallahassee. Même Maitre Paterson est partie là-bas avec eux.
-Du coup tu te retrouves tout seul sur cette affaire et c’est pourquoi tu fais appel aux vieux copains ?
-Exact. On ne peut rien te cacher.

Rossi cherchait ses mots.

-…Jerry a eu des problèmes.

Mulder fit une légère grimace avec la bouche.

-Oui je suis au courant.
-Comment ? Fit l’italien avec étonnement.
-J’ai eu Dany au téléphone il n’y a pas longtemps et il m’a prévenu pour les déboires de Jerry à Atlanta.
-Il est de retour parmi nous maintenant mais la hiérarchie le traite comme un bleu, c’est triste.
-Il s’en relèvera. Il a l’énergie et le talent pour ça.
-Oui. Au fait Mulder, Je te laisse faire ton petit tour, dire bonjour à tes anciens amis et on se retrouve dans une heure, salle de briefing 3 pour dresser un premier profil de notre mante religieuse New Yorkaise.
-OK, David. Rendez-vous dans une heure.

Les deux anciens collègues se saluèrent et Mulder remarqua enfin que sa partenaire discutait avec quelqu’un. Il eut juste le temps d’apercevoir la silhouette d’un homme lorsqu’une femme blonde lui posa la main sur le bras. Elle s’adressa à lui d’une voix suave et lancinante.

-Tu es de retour parmi nous Mulder ?

Il se retourna vers elle et reconnu Christine Henderson, la technicienne spécialiste en graphologie, la science qui consistait à comparer et analyser les écritures.

-Pour une affaire, Henderson. Pour une affaire.
-La petite rousse là-bas est ta nouvelle partenaire ? Tu passes des brunes aux rousses maintenant ? Et les blondes ? Tu devrais passer aux blondes, tu sais.

L’approche de l’experte n’était pas des plus subtile et laissa Mulder de glace.

-Merci Henderson mais ça ne va pas être possible.
-Pourquoi ça Mulder ?
-No sex in the office, C’est la règle du bureau.
-Ça ne t’a pas empêché d’être très proche de l’agent Fowley il y a quelques mois, à ce qu’on m’a dit.

Vue de Quantico, leur aventure n’avait été qu’une simple rumeur.

-En tout cas, n’hésite surtout pas à venir me voir si tu as besoin d’une analyse graphologique. Ou pour toute autre raison d’ailleurs.

L’experte graphologue de Quantico faisait du charme à Mulder depuis des années mais il avait toujours refusé ses avances. A son entrée au Bureau, il était encore négativement imprégné par une ex-petite amie qui l’avait beaucoup fait souffrir lors de ses études à Oxford, en Angleterre, une certaine Phoebe Green ; puis il s’était rapproché d’Abbie McKenzie de plus en plus durant la traque de Monty Props et leur relation finit par aboutir à un mariage après la capture de ce dernier. Enfin, il avait eu une relation avec sa partenaire aux affaires non-classées, Diana Fowley, avant que celle-ci ne fut mutée en Europe. Ce nouvel échec, avec Fowley l’avait sacrément refroidi dans l’envie d’entamer une nouvelle relation. De toute façon, il n’avait pas le temps pour ça, son travail lui prenait tout son temps et même plus.

Henderson s’éclipsa après ce nouveau refus, non sans avoir omis de mettre une petite claque sur les fesses de Mulder, ce que Scully remarqua.

-Qui était-ce ? Demanda-t-elle.
-Personne, répondit Mulder, laconiquement. Et toi, qui était-ce ?
-Personne ! Se contenta-t-elle de répondre comme une vengeance à la réponse qu’elle venait d’obtenir.

Mais à cet instant, ses pensées étaient encore occupées par Jack Willis.

-Il faut absolument que je te présente quelqu’un Scully !
-Ta promesse, je suppose ?
-Exactement !

Les agents se rendirent dans un tout petit bureau du 3eme étage, celui des techniciens. Il y avait là, un autre italien, Dany Valadeo, le spécialiste informatique qui avait aidé Mulder et Scully dans l’affaire du Derviche et avait trouvé la clé de l’énigme « Amriya ». Il était derrière un ordinateur et lui aussi n’aimait pas ranger son bureau, comme Mulder. Quand elle pénétra dans sa tanière, Scully eut la même sensation de vertige qu’en pénétrant pour la première fois au service des affaires non-classées. Sauf qu’ici, il n’y avait pas de poster d’OVNI proclamant la maxime « I want to believe », les murs étaient couverts de posters grandeur nature des principales stars du basketball comme Michael Jordan, Magic Johnson ou Scotty Pipen. D’ailleurs Mulder et lui se livraient à des matchs endiablés en un contre un. Pourtant, l’ami de Mulder portait un T-shirt à l’effigie des Redskins, l’équipe de Football de Washington. L’homme était un fan de sport en général, pas d’une discipline en particulier.

-Scully, je te présente mon ami, Dany Valadeo. L’homme pour qui les ordinateurs et autres machines similaires n’ont aucun secret. Et Dany, je te présente ma partenaire Dana Scully, docteur en médecine et physicienne de son état.

Dana lui serra la main en lui souriant et Dany lui rendit la politesse.

-Enchantée.
-C’est moi qui suis enchanté de rencontrer enfin la nouvelle partenaire ultra-sceptique dont Mulder m’a parlé.
-Ultra-sceptique ? Demanda Scully.

Mulder parut gêné et coupa court à une éventuelle polémique.

-En tout cas Dany, je t’avais promis de venir te voir en personne la prochaine fois que j’aurais besoin de toi et je suis là. La promesse est donc tenue. Tu ne peux pas le nier !
-Une fois n’est pas coutume, Mulder. Une fois n’est pas coutume.


Dernière édition par Humbug le Sam 23 Mai 2015 - 5:18, édité 1 fois

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Message  Humbug Sam 9 Mai 2015 - 15:42



Chapitre 5 « Profil »






Salle de Briefing 3
10h30

Les agents spéciaux Mulder, Scully et Rossi étaient dans une grande salle où trônait une table ovale en bois entourée de chaises. Eux étaient debouts mais tous les jeunes enquêteurs qui avaient été dépêchés sur l’affaire étaient assis autour de la table, à l’écoute attentive des trois spécialistes et prenant des notes. Toute une cellule d’enquête était sur la piste de la magnifique inconnue.

David Rossi avait l’habitude de ce genre d’exercice mais Scully ne l’avait que très peu pratiqué. Mulder, lui, commençait à être rouillé au bout de plus d’un an d’affaires non-classés, mais il retrouva très vite ses marques, ce pour quoi il était le plus doué, dresser le profil d’un suspect. Mais c’était le profiler d’origine italienne qui prit la parole en premier.

-Bonjour à tous. Je suppose que vous savez tous pourquoi nous sommes ici. La police de New York a fait appel à nous pour les aider à capturer une suspecte.

Rossi fit passer à ses enquêteurs des photos prises à partir des caméras de surveillance du palace et des portraits robots. Tous deux ne laissaient aucune équivoque quant au physique avantageux de la personne recherchée. Un brouhaha se fit soudain entendre parmi les enquêteurs masculins. Des petits sifflements et des bruits de bouches accompagnés d’exclamations que Rossi fit immédiatement cesser avec une autorité naturelle.

-Cette jeune femme est recherchée pour vol et…meurtre.

Rossi avait hésité et un des jeunes agents prit la parole.

-Je croyais que la victime s’était suicidée en se jetant par une fenêtre.

L’italien regarda Scully puis répondit.

-L’agent spécial Scully vous en dira plus tout à l’heure mais sachez qu’elle a autopsié le corps et qu’elle a recueilli de nouvelles preuves notamment toxicologiques concernant la victime. Nous sommes à présent certains qu’il s’agit d’un meurtre.
-Comment c’est possible ? Demanda un autre enquêteur. On nous a dit que l’homme était seul dans sa chambre quand il s’est jeté par la fenêtre.
-Il l’était ! Précisa Mulder. Nous pensons à un type de meurtre très particulier et rarissime. Un meurtre à retardement.

Un grand étonnement monta dans le groupe. Mulder précisa.

-La suspecte a administré une drogue à sa victime…
-Par quel moyen ? Coupa une enquêtrice.
-Nous ne le savons pas encore. Répondit Scully. Lorsque j’ai pratiqué l’autopsie sur la victime, j’ai découvert des traces de Scopolamine dans son sang et sa salive. Mais rien dans son estomac ni ses intestins et aucune trace de piqure.

Les enquêteurs attablés se regardèrent interloqués. Dana Scully, docteur en médecine, fit son office et expliqua les propriétés de cette substance à l’assistance.

-La scopolamine ou tropate de scopine est aussi appelée hyoscine et c’est un alcaloïde tropanique très présent chez les solanacées vireuses comme dans le datura et le brugmansia, particulièrement dans les graines, mais aussi dans les feuilles de duboisia. C’est une substance très proche de l’atropine sur le plan chimique et elle est en général commercialisée sous le nom de bromhydrate de scopolamine. C’est un anti cholinergique qui agit en se liant aux récepteurs muscariniques de l’acétylcholine dans le système nerveux central et périphérique empêchant l’action du neurotransmetteur.

Tous les enquêteurs avaient la tête baissée sur leur feuille et prenaient studieusement des notes car tous les termes barbares et purement scientifiques utilisés par Scully étaient absolument impossibles à mémoriser si on n’avait pas une solide formation en médecine et en toxicologie. Le docteur ne s’arrêtait pas et l’assistance avait bien du mal à la suivre.

-C’est un para sympathicolytique, tout comme l’atropine, mais aussi un sédatif central qui provoque d’intenses hallucinations délirantes, de l’amnésie lacunaire antérograde et des pertes de conscience comme peut en provoquer par exemple la consommation de mandragore. Elle est active à des doses de l’ordre du dixième de milligramme et à forte dose, l’intoxication peut être mortelle.
-Combien en avez-vous retrouvé dans le sang et la salive de la victime ? Demanda l’enquêtrice.
-10 milligramme !

Un nouveau brouhaha se fit entendre dans la salle de briefing 3 de Quantico.

-Soit plus de 10 fois la dose mortelle ! Précisa la scientifique. Si bien qu’on ne sait pas exactement si c’est sa chute qui l’a tué ou l’overdose. Une hallucination très réaliste a pu le faire sauter par la fenêtre mais, même si il n’avait pas sauté, la dose de drogue l’aurait tué de toute façon.

Rossi enchaina.

-Mais dans tous les cas, c’est un meurtre car cette drogue très puissance lui a bien été administrée par quelqu’un d’extérieur. Il n’y en avait aucune trace dans sa suite. Ni flacon, ni gélule, ni seringue. Rien. Et la seul personne à être entrée et sortie de la suite 1024 c’est cette jeune femme. Voilà pourquoi elle est notre suspect numéro un.
Cette fois, ce fut au tour de Mulder de présenter un profil très détaillé de la suspecte à l’auditoire attentif.
-D’après les témoignages du personnel du Plaza Hotel, il s’agirait d’une call girl ou d’une escort girl qui serait arrivée à la réception du palace dans la soirée et aurait juste demandé à voir John Gilnitz. Il faut donc orienter nos recherches dans le milieu de la prostitution de luxe de Manhattan. Allez voir les agences et les souteneurs avec les images qu’on vous a fournies, quelqu’un doit forcément la connaitre. Lorsqu’il lui a parlé, le réceptionniste a clairement distingué un accent espagnol dans sa voix, je vous recommande donc de vous intéresser tout particulièrement au quartier de Spanish Harlem, un quartier portoricain hispanophone très proche de l’Upper East Side où se situe l’hôtel où séjournait la victime. New York c’est 7 millions d’habitants et à Manhattan, 25% de la population est née à l’étranger. Nous recherchons donc une aiguille dans une botte de foin, je compte donc sur vous pour être très réactif au moindre indice et à la moindre piste. En ce qui concerne la drogue, faites le tour de tous les médecins et des pharmacies de l’Est de l’île. Vu son physique hors norme, elle a peut-être eu recours à la chirurgie esthétique, fouillez aussi de ce coté là. Questionnez aussi les chauffeurs de taxi, il est peu probable qu’elle se déplace en métro. Rien ne doit être laissé au hasard.

David Rossi se chargea de conclure le briefing.

-Il vous sera affecté à chacun des policiers en uniforme et en civil pour le porte à porte. Faites très attention, cette femme est très dangereuse, elle drogue ses victimes et nous ne savons toujours pas comment elle s’y prend, si vous devez l’approcher, faites le avec la plus grande précaution. Il y a une escalade dans son mode opératoire. Nous pensons qu’elle augmente les doses de drogue administrées à chaque victime, car jusqu’à maintenant, aucun des hommes qu’elle a dépouillé de leur argent n’en avait reçu une dose létale. John Gilnitz n’est pas la première victime de cette femme mais c’est la première à avoir succombé. Je répète, Prudence Absolue ! Voilà, je crois que vous savez tout. Au travail ! Et bonne chasse !

Les enquêteurs et l’enquêtrice se levèrent, fin prêts à coincer la sublime empoisonneuse qui semait la terreur dans les beaux quartiers de Manhattan et provocant des hallucinations mortelles chez ses clients. Les agents spéciaux étaient plutôt contents de leur travail et à ce moment précis c’est à un autre titre que pensait Fox Mulder : « Dangereuse sous tous rapports » !



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Message  Humbug Sam 9 Mai 2015 - 15:46


Chapitre 6 « Maurice Davenport »




The Waldorf-Astoria Hotel - Park Avenue - Manhattan
Vendredi 26 Juin 1992 – 22h42

Cette fois c’était au bras d’un chef d’entreprise de Louisiane qu’arriva la grande et belle call girl. Il y avait son portrait robot à la réception mais comme les enquêteurs recherchaient une femme seule, l’homme au comptoir ne fit pas attention à la femme en manteau de fourrure qui accompagnait cet homme d’âge mûr. Il avait surement pensé un peu naïvement qu’elle devait être sa quatrième ou cinquième femme. La beauté des épouses allant crescendo chez ce genre de personne ayant réussi à plus de 35 ans, tandis que l’âge de ces dernières allait décroissant et que le fossé des générations se creusait entre les époux, au fur et à mesure des mariages. Autant la première épouse de ce type d’homme était souvent un amour de lycée au physique plus ou moins banal, autant la dernière en date était dans la plupart des cas une jeune arriviste qui passait plus de temps sous le bistouri du chirurgien ou sur les machines d’un coach sportif que dans les bras de son mari.

Maurice Davenport avait cinquante ans, il était ventru et avait le cheveu rare. Il avait fait fortune dans les yachts de plaisance à Miami mais était originaire de Bâton-rouge et il avait bien l’intention de profiter de son voyage à New York pour gouter à tous les plaisirs de la ville qui ne dort jamais. A la base, il était à Big Apple pour affaires mais ce n’était absolument pas incompatible avec un peu de détente. Par contre, c’était beaucoup moins compatible avec le sacrement du mariage, car Maurice Davenport était marié et père de famille mais il n’en avait cure. C’était un très gros consommateur de prostituées, d’escortes girls et de call girls, dans toutes les villes où il passait et depuis de nombreuses années. Pour lui, la femme mystérieuse n’était qu’une nuit de sexe adultérin de plus, rien de bien original. Pourtant il ne savait pas lorsqu’il entra dans le hall du Hyphen et vit la magnifique pendule qui trônait là qu’il n’aurait plus jamais l’occasion de recommencer. Elle était comme une violente et froide vengeance pour toutes les femmes trompées, une vengeance définitive.

Les amants montèrent dans la chambre et l’inconnue enleva son manteau de fourrure. Davenport avait fait monter du champagne dans sa suite et en servit deux coupes. Il avait étonnamment de bonnes manières pour un homme en apparence aussi grossier et machiste. Il retira sa veste et la déposa sur le dossier d’une chaise puis desserra son nœud de cravate. Elle enleva ses boucles d’oreilles en s’approchant de lui. Il était sûr et certain qu’il allait passer une soirée extraordinaire et la regarda avec gourmandise, exactement comme on regarde un plat au restaurant. Elle lui fit un sourire et il ne put s’empêcher de se lécher les lèvres. Elle approcha sa bouche de celle de Davenport et déposa ses lèvres fermes et maquillées sur celles beaucoup plus flasques de son client, enfin plus exactement sa victime.

Lorsqu’elle éloigna sa bouche de celle du gros homme, elle regarda au fond de ses yeux qui s’ouvrirent et son expression était plus vide qu’un hangar désaffecté. On aurait dit un zombie.

-Maintenant, lui dit-elle avec sa voix suave et sexy, tu vas me donner le code de ta carte de crédit, tes numéros de comptes et tous les mots de passes qui correspondent.

Son accent espagnol était aussi sexy que sa voix et son corps.

-Bien sûr ! Dit-il comme un esclave dépourvu de la moindre volonté.
-C’est bien, tu es un bon garçon ! Lui répondit la magnifique créature avec un mélange égal de haine et de satisfaction dans la voix.

Elle se dirigea vers sa veste, en extrait le portefeuille du businessman, vérifia le contenu et le transféra dans son manteau de fourrure. Elle n’avait jamais de sac à main, une chose difficilement pensable pour une femme mais c’était pourtant son cas. Pas d’affaires qu’elle pourrait oublier sur place ou qui pourrait l’identifier, non, juste elle et sa « particularité ».

-Qu’est-ce que tu fais ? Demanda soudain l’homme en costume avec une voix trainante et lancinante.
-Ne t’inquiète pas mon chou. Bois un peu de champagne.

Elle lui mit dans la main une coupe de liquide doré et pétillant et porta le verre à sa bouche. Il se laissait totalement faire.

-Tu aimes ? Demanda-t-elle.
-Oui. Se contenta-t-il de répondre en se léchant les babines.
-C’est bien !

Elle lui mit une série de petites tapes sur la joue droite et l’embrassa sur la bouche à nouveau. Visiblement, il apprécia au plus haut point ce nouveau baiser. Il en ferma les yeux de délectation.

Il les rouvrit doucement et elle lui donna un papier et un stylo. Il nota de bon gré tous les renseignements qu’elle lui avait demandé, tous les numéros de ses comptes et les mots de passes correspondants, même ceux que le fisc ne connaissaient pas et qui se trouvaient aux îles Caïmans. Pendant ce temps là, elle continuait de regarder dans les poches de sa veste. Elle y trouva une liasse de billets de vingt dollars. Un peu de cash pour le taxi et les pourboires. Car Davenport était un homme généreux avec les gens, même si c’était un mufle et un obsédé.

Il était avachi dans un fauteuil et la regardait le déposséder de tous ses biens de valeur avec placidité. Elle s’approcha, s’agenouilla face à lui, lui prit la main droite et retira sa grosse chevalière en or puis s’attaqua à sa main gauche. Elle voulait aussi lui enlever son alliance mais n’y arriva pas. Elle lui suça alors le doigt en le regardant pour lubrifier la bague et l’annulaire. L’anneau se sépara alors du doigt boudiné de Davenport et elle lui sourit. Elle se releva et lui colla un dernier baiser sur la bouche. Il ne put contenir un petit bruit de satisfaction et souffla de bonheur.
Elle enfila sa fourrure et ne prononça qu’un seul mot en sortant :

-Adios !
-Salut chérie ! Répondit-il en riant.

Il était persuadé qu’il venait de passer une nuit extraordinaire avec cette sublime jeune femme et qu’il lui avait fait l’amour plusieurs fois. Sans doute durant plusieurs heures de plaisir intense. Cette pensée le fit exulter et rire à nouveau de satisfaction. Mais entre eux, il n’y eut que trois baisers. Trois malheureux baisers et le businessman de Miami n’était devenu qu’un pauvre pantin désarticulé.

Soudain sa vue se troubla et il ressentit un léger mal au crane. Il était désorienté et regarda la porte de la suite sans vraiment savoir pourquoi. Pourquoi était-il dans cet état là ? Il lui semblait qu’il avait passé le début de soirée avec quelqu’un mais avec qui ? Il essaya de se lever mais son corps était encore plus lourd que d’habitude. Il regarda autour de lui mais rien ne pouvait l’aider à se mettre debout. L’espace d’un instant, il entendit un petit bruit très désagréable puis ce dernier cessa avant de recommencer de plus belle.

En regardant par terre, sur le côté droit, il vit un énorme rat se déplacer sur le sol de sa suite. Il était monstrueux, gris et sale, avec une queue gigantesque qui trainait sur le tapis de la luxueuse chambre comme un fouet prêt à frapper. Le rat le regarda et continua d’avancer puis grignota le câble d’une lampe posée sur un guéridon. Le gros homme, abasourdi par ce qu’il était en train de voir, n’était pas au bout de ses surprises car il vit arriver un deuxième rat tout aussi énorme dans sa chambre. Ce dernier s’approchait de lui de plus en plus. Ses yeux sortirent de leurs orbites. Un troisième muridé entra dans le champ de vision de Davenport, ainsi qu’un quatrième. En moins de quelques secondes, l’homme de Bâton-Rouge fut encerclé par ces rongeurs à la queue nue et aux dents tranchantes. Ils étaient tout autour de lui et il ne faisait aucun doute dans son esprit qu’ils voulaient le manger car le premier rat avait arrêté de ronger le câble électrique, s’était retourné vers lui et l’avait regardé avec les mêmes yeux envieux qu’il avait en regardant la prostituée quelques minutes plus tôt.

-Vous voulez me bouffez ? Leur demanda-t-il. Je connais ce regard et je suis sûr que vous voulez me bouffer.
Il était en panique tandis que les rats fondaient sur lui comme un raz de marée gris et affamé. Il hurla et essaya de se lever de son siège par tous les moyens mais c’était impossible. Il était comme collé à son fauteuil en cuir. Les rongeurs affamés étaient à présent sur lui et montaient le long de son corps épais. Il hurlait de toutes ses forces. Au bout de quelques secondes, les rats le recouvraient complètement et avaient commencé leur festin. Ils croquaient et déchiquetaient sa peau jusqu’à atteindre sa chair à vif. Ses hurlements de douleurs résonnaient dans l’immense suite où il était seul, hallucinant.

Pris au piège de cette gigantesque mâchoire, il eut une crise de panique. Son cœur s’arrêta.

Il était mort de peur.

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Message  Humbug Mar 12 Mai 2015 - 12:00



Chapitre 7 « Cerreta & Logan »





Samedi 27 Juin 1992 - 8h05

Sur le trottoir, juste devant l’entrée du Waldorf, les trois agents spéciaux attendaient leurs contacts au NYPD dans le froid du matin New Yorkais, deux enquêteurs du cru nommés Logan et Cerreta. Ils se regardèrent en se demandant ce que les policiers fichaient et en enfonçant très profondément les mains dans les poches de leurs manteaux pour y trouver un soupçon de chaleur, en remontant leurs cols et en renfrognant leurs épaules. Tous les trois avaient la même gestuelle de personnes frigorifiées. Nous étions pourtant fin juin, mais la température était désespérément basse. Mulder piochait dans sa poche droite pour en sortir des graines de tournesol et les engloutir les unes derrière les autres, entérinant sa fixation orale pour ces petites pépites. Soudain, deux silhouettes d’hommes se détachèrent de la foule, deux personnages grands qui s’approchaient d’un pas déterminé. Scully remarqua le plus jeune des deux, l’inspecteur Mike Logan, 1,85 mètre, les cheveux, les sourcils et les yeux très noirs, avec un faciès agréable très proche de celui de l’agent Rossi. On aurait presque dit des frères ou des cousins mais Logan n’était pas d’ascendance italienne, il était catholique irlandais, comme Scully. Cependant, son blouson trois-quarts en cuir marron lui donnait l’air d’un flic des 70’s, un Frank Serpico des années 90. Il était grand, bel homme, très brun et d’origine celte mais ce n’était pas Sean Connery. Pourtant, en le voyant, Scully fit le rapprochement avec l’acteur qui avait incarné James Bond dans les premières aventures cinématographiques de l’espion de sa majesté. Phil Cerreta, lui, était très différent de son partenaire. C’était un italien très massif avec le front dégarni et les cheveux châtains foncés gominés en arrière. Il portait un costume très classe qui le faisait ressemblait comme deux gouttes d’eau à un parrain de la Cosa Nostra venant de Brooklyn. Il avait le nez aussi épaté que celui de Logan était fin, des bajoues presque aussi grosses que celles de Don Vito Corleone et sa bouche n’était formée que d’un trait fin, presque invisible. Il n’avait, pour ainsi dire pas de lèvres. Les cinq policiers se serrèrent la main et les inspecteurs s’excusèrent pour leur léger retard.

-Désolé ! Les bouchons de la grosse pomme ! Se contenta de dire Logan. En tout cas, merci beaucoup d’être là, car avec cette affaire, on nage dans des eaux plus que troubles !
-Vaseuses, je dirais ! Précisa Cerrreta.
-Si c’est comme au pied du Plaza hôtel, on est mal parti ! Ajouta son partenaire.
-Apparemment ce meurtre là ne risque pas d’être assimilé à un suicide. Coupa Scully.
-Comment ça ? Demanda l’inspecteur aux allures de mafieux, étonné d’en savoir, apparemment, moins sur un crime ayant eu lieu dans sa juridiction que les agents du FBI.
-On ne vous a rien dit ? S’étonna également David Rossi.
-Il faut croire que non ! Répliqua Logan sur un ton mêlé d’ironie et d’agacement.
-Aucune arme n’a été retrouvée dans la chambre. Et aucune trace.
-Alors comment vous savez que cette affaire est liée à votre suspecte ?
-Tous les objets de valeurs de la victime ont été dérobés. Précisa la petite rousse. Et puis le lieu du crime est similaire. Un Hôtel grand luxe dans l’Upper East Side.
-Ça ne prouve rien. Dit l’irlandais. New York regorge de détrousseurs de fortunes. Surtout à Manhattan.
-C’est vrai. Approuva Cerreta. Les prostituées qui dépouillent leurs clients, c’est un peu le sport national ici.
-Disons que si on retrouve de la scopolamine dans le sang et la salive de la victime, on sera vite fixé ! Trancha Scully.
-Par contre, on ne saura jamais s’il a oublié la demoiselle comme les autres. Regretta Mulder. Mais quelque chose me dit qu’on saura quand même si c’est elle ou pas, bien avant les résultats des analyses.

Soudain l’agent David Rossi ressentit le froid d’une manière un peu plus intense au niveau du dos.

-Je vous propose qu’on continue cette discussion au chaud. Lança-t-il.

Les autres approuvèrent immédiatement et les cinq représentants de la loi et l’ordre pénétrèrent dans le hall gigantesque du palace. Scully contempla la magnifique pendule qui trônait au centre du hall de la réception. Elle, au moins, en avait apprécié la beauté, contrairement à Maurice Davenport. Le malaise se lisait sur le visage du réceptionniste. Il se serait bien passé d’une telle publicité pour le prestige de l’établissement qu’il représentait. Soudain, il vit s’abattre sur lui une pluie d’insignes et se contenta de hocher la tête, résigné, puis d’indiquer l’ascenseur aux policiers. Le liftier les regarda et comprit qui ils étaient, même s'ils étaient habillés en civil. Il appuya sur le 24eme étage et ne leur jeta pas même un tout petit regard durant toute la montée. La petite sonnette retendit et les portes s’ouvrirent. Les policiers descendirent un par un et Logan, qui était devant Scully, la laissa passer. Elle apprécia le geste et le remercia d’un regard fuyant et d’un signe de tête. Ils parcoururent le couloir et entrèrent dans la grande suite en passant sous la rue-balise jaune qui délimitait la scène de crime. Une fois de plus, l’irlandais se comporta en parfait gentleman et souleva la bande jaune pour faciliter le passage du docteur. Cette fois-ci elle ne put s’empêcher de trouver cela suspect.

-C’est une technique d’approche ou est-ce qu’il est tout simplement gentil ? Se demanda-t-elle.

Mulder, lui, n’avait même pas remarqué le manège.

Quand ils entrèrent dans la chambre, l’odeur du cadavre était déjà forte et les techniciens de la police scientifique, en combinaison blanche, s’attelaient à récolter le moindre indice. Hélas, ils n’avaient vraiment pas grand-chose à collecter. Quelques cheveux et des poils du manteau de la jeune femme mais pas la moindre empreinte. La tueuse s’était aussi transformée en femme de ménage avant de partir. A moins qu’elle n’ait pris suffisamment de précaution pour ne rien toucher qu’elle n’ait emporté. Ou alors, elle portait des gants, tout simplement. Vu le froid de cet hiver nordique qui s’étirait en longueur au-delà du raisonnable, c’était tout à fait crédible. Mulder s’imagina alors cette créature de rêve avec d’immenses gants noirs qui lui arrivaient en haut des bras comme Rita Hayworth dans « Gilda ».

Les policiers se dirigèrent vers le corps de Maurice Davenport, toujours avachi dans son fauteuil. L’homme d’affaires était à présent livide et froid. Les vaisseaux de sa sclérotique avaient tous éclaté. Ses mains étaient accrochées aux accoudoirs du fauteuil comme des serres d’aigle sur une proie. Rien ne pouvait les faire décrocher.
Les agents entouraient à présent le cadavre et le surplombaient. Ils l’inspectaient sous toutes les coutures mais ce fut le docteur Scully qui s’approcha le plus près. Elle s’agenouilla pour l’inspecter sous tous les angles.

-C’est elle ! Dit Mulder, cassant le silence.
-Allez-y ! Dévoilez-nous votre truc ? C’est quoi votre technique ? Demanda Logan.
-Juste une intuition. Et beaucoup d’imagination.
-Allez-y quand même, même si c’est tiré par les cheveux ! Implora Cerreta.

Mulder ne se fit pas prier plus longtemps, il n’avait pas de temps à perdre, il fallait qu’ils arrêtent cette mante religieuse.

-Je pense que cet homme a eu des hallucinations à cause de la scopolamine. C’est un des effets secondaire de cette drogue qu’elle administre à ses victimes.
-Effectivement, ça part de loin ! Plaisanta L’irlandais. Mais continuez, je vous en prie.

Rossi enchaina sur la théorie de Mulder, comme à la grande époque où ils officiaient au BSU, le département des sciences du comportement. Deux duettistes très complémentaires, comme Scully l’était avec Mulder, mais sans les prises de becs rationalistes et les théories Martiennes. Car, à l’époque, Mulder avait déjà des idées farfelues mais le systématisme de ses thèses, tendant, plus ou moins, toutes vers le paranormal, n’était venu qu’au contact de Diana Fowley, sa première partenaire aux affaires non-classées et ancienne amante.

-Il a raison. C’est crédible. Le corps a l’air crispé comme si il avait subi un stress intense or il est assis dans un fauteuil et il n’a aucune marque de torture. Son stress est donc forcement psychosomatique. Les raisons les plus probables de crises d’angoisses de ce type sont forcements dues à des hallucinations, comme dans le cas d’un « bad trip » par exemple, ou durant un cauchemar. Je doute que ce monsieur se soit endormi sur son fauteuil et ait fait un cauchemar tellement violent qu’il en soit mort. Il ne reste donc que les hallucinations. Cet homme a vu quelque chose et il y a cru suffisamment pour en mourir.

Scully enfonça le clou.

-Les hallucinations sont effectivement parmi les effets secondaires recensés de la hyoscine, autrement appelée scopolamine. Cette drogue a été testée comme sérum de vérité durant la deuxième guerre mondiale et même si cet homme n’était pas mort à cause des visions causées par la drogue, le quart de ce que j’ai retrouvé dans le sang de la précédente victime suffirait à provoquer de graves séquelles psychiatriques encore plusieurs mois après l’intoxication.
-Vous dites que même si ce pauvre homme n’était pas mort, il serait probablement chez les zinzins, à vie ? Demanda Logan.
-Oui ! Se contenta de répondre la pathologiste d’une voix ferme et assurée.

Les deux policiers new yorkais se regardèrent et firent le même geste au même moment : un levé de sourcils.

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Message  Humbug Mar 12 Mai 2015 - 12:05


Chapitre 8 « Erick Moriarty »





Le Bernardin - 155, 51eme Rue Ouest - Manhattan
Dimanche 28 Juin - 20h25

Cette fois, elle n’était pas dans un hôtel de l’Upper East Side avec sa proie mais dans un restaurant ultra chic de Theater District, un tout petit quartier de Midtown situé entre Hell’s Kitchen et Midtown East d’une part, Time Square et le Broadway Theater d’autre part. On désignait par l’appellation « West », la partie d’une rue transversale qui se situait à l’Ouest de la 5eme Avenue et ce magnifique restaurant était à deux blocs de cette artère principale qui débutait au niveau de Washington Square Park au sud et s’achevait au bord de la Harlem River à l’extrême nord de l’île et passant par le côté Est de Central Park.

Le Bernardin était un restaurant gastronomique de très haut standing et l’un des cinquante meilleurs établissements du monde. Sa spécialité était le poisson, provenant du monde entier, et le chef en était Gilbert Le Coze, secondé par sa sœur Maguy. Il s’occupait des cuisines tandis qu’elle régnait sur la salle. Un duo aussi complémentaire que Scully et Mulder qui avait ouvert leur restaurant en 1986 après être venu de France. C’était leur second établissement après leur restaurant parisien du même nom ouvert une quinzaine d’années plus tôt. Après bien des déconvenues portant sur la difficulté d’avoir du poisson et des légumes de qualité à New York, ils avaient fini par trouver un local et des fournisseurs répondant à leur cahier des charges. Les résultats ne tardèrent pas et le restaurant fut étoilé trois fois au guide Michelin.

Ils avaient fait de la salle un lieu très cosy, très agréable, avec beaucoup de boiseries et une ambiance tamisée très romantique.

L’inconnue était donc dans l’endroit idéal pour prendre cette nouvelle victime dans ses filets comme le faisait en d’autres temps le monstre Scylla. Elle souriait et regardait son interlocuteur dans les yeux, ce qui facilitait grandement sa tâche.

Son partenaire d’un soir était beaucoup plus jeune que les précédents. Il s’appelait Erick Moriarty et était un des Trader les plus couru de Wall Street. Il n’était qu’à deux semaines de son trentième anniversaire mais il avait déjà amassé une fortune colossale grâce à la Bourse. Il était arrivé au NYSE, le New York Stock Exchange, autrement dit la bourse new yorkaise, en 1987. Cette période fut marquée par un crack boursier très important et l’introduction des Junk bonds, les obligations pourries. Le Lundi 19 Octobre 1987, le Dow Jones, l’indice de valeur de la bourse américaine perdit près de 23 points, ce qui fut la deuxième plus grosse chute de son histoire. Ce jour cauchemardesque pour énormément d’investisseurs et d’épargnants fût baptisé le Lundi Noir. Beaucoup de gens avaient été ruinés à cause de cela ou contraints d’emprunter à un très haut taux de remboursement. Une aubaine pour un loup aux dents longues et acérées comme Erick Moriarty. Il était né dans le Bronx de parents italiens qui étaient comptables. Par la suite sa mère était devenue avocate et toute la famille déménagea à Bayside, dans le Queens. Le jeune Erick obtint un diplôme de biologie à l’American Collège puis il fit de brèves études de dentiste mais il arrêta lorsque le doyen de l’école qui l’avait parfaitement cerné lui dit :

"L’âge d’or de la chirurgie dentaire est fini, si tu es ici seulement pour faire de l’argent, tu n’es pas au bon endroit."

Il avait commencé comme courtier junior chez L.F. Rothschild en 1987 puis avait été licencié après la faillite de son entreprise à la suite du Lundi Noir. Il avait rebondi quelques mois plus tard et fondé sa propre société de courtage avec son associé Jordan White, la Stratton Oakland. Cette nouvelle société était spécialisée dans les Penny Stock, ces actions à très bas prix sur lesquels les traders étaient commissionnés à hauteur de 50% au lieu des 5% habituels. Cela signifiait que si sa société arrivait à vendre pour 10 000 dollars d’actions d’une de ces petites entreprises, 5 000 dollars étaient pour eux. Pour amasser une telle somme, il fallait qu’il vende pour 100 000 dollars d’actions à Wall Street, ce qui était très loin d’être aussi facile. De plus, pour s’assurer des ventes, il mentait à ses clients en survendant les sociétés et en leurs faisant miroiter des profits improbables. C’était un menteur et un voleur digne du Gordon Gekko interprété par Michael Douglas dans le film d’Oliver Stone « Wall Street ». Il était très jeune mais c’était déjà un requin accompli, capable de nager dans des eaux très profondes avec les plus dangereux des prédateurs. Il n’avait décidément rien à envier à la prédatrice meurtrière qui se trouvait face à lui.
Au Bernardin, l’ambiance était feutrée et la salle n’était qu’à moitié pleine.

L’homme en costume cravate avait pris un homard sur lit de foie gras truffé tandis que la demoiselle avait commandée une lotte grillée avec émulsion de gingembre.

-Du gingembre ! Génial, un aphrodisiaque ! S’était dit Moriarty.

Le pauvre s'il avait su. S’il avait pu voir l’avenir, jamais il n’aurait commandé les services de cette prostituée qui allait le faire passer de vie à trépas. Il pensait avoir encore toute la vie devant lui et beaucoup d’argent pour en profiter. Hélas, il était loin du compte.

Il avait commandé du vin, un Bordeaux. Elle en but une gorgé sous ses yeux puis il l’imita.

-Il est bon n’est-ce pas ?
-Oui !

Les réponses de la call girl étaient toujours aussi laconiques. Elle en disait le moins possible pour entretenir le mystère. Après tout, elle n’était pas là pour étaler sa vie et raconter son enfance malheureuse en Colombie, elle n’était là que pour charmer des hommes fortunés, profiter de leur haute dépendance au sexe et les détrousser d’un maximum de liquide. Car elles avaient toutes le même profil, ses victimes. Ils étaient tous des hommes possédant beaucoup d’argent et persuadés qu’ils allaient pouvoir gouter à cette beauté irréelle, ce mirage humain qui avait l’air de s’offrir à eux mais pour mieux les voler. Erick Moriarty, bien que beaucoup plus jeune que Maurice Davenport était en tout point similaire à lui. Il était marié mais trompait sa femme avec des prostituées tellement souvent qu’il avait plus de rapport hors mariage qu’avec sa propre épouse. Mais en plus, il était également dépendant à la cocaïne et à la métaqualone.

-Pour le prix, il a plutôt intérêt.

Par contre, à l’inverse de son ainé, il n’avait aucun savoir vivre et se comportait comme un parfait nouveau riche, se contentant de claquer son argent sans le moindre gout ni raffinement. Il avait acheté cette bouteille de Bordeaux mais était parfaitement incapable de l’apprécier et n’aurait jamais pu le différencier d’une piquette vendue en cubi. C’était juste pour flamber mais, au fond, tout ce qu’il voulait, c’était coucher avec la magnifique jeune femme qui lui faisait face.

- Tu m’embrasses ? Lui demanda-t-il soudain. C’est compris dans le prix, je crois, non ?

L’inconnue rougit.

-Pas ici. Attendons d’être seuls.

Moriarty n’était pas très content.

-C’est pas très courant pour une pute de se faire prier !

L’homme n’avait décidément aucune manière.

-La patience est une vertu ! Se contenta-t-elle de lui asséner.
-Je n’ai aucune patience. Je veux tes lèvres… maintenant !

Le courtier était sous cocaïne comme d’habitude et il se sentait tout puissant. Rien ni personne ne devait le résister et surtout pas une pute, pensait-il.

Il se leva et posa ses lèvres sur celles de la call girl sous les yeux des autres clients puis se rassit.

-Tu vois, ce n’était pas si difficile.

Elle était pleine de haine envers lui mais n’allait pas tarder à avoir sa revanche car son poison faisait effet en quelques secondes seulement.

-Au fait, c’est quoi ton prénom ? Tu peux me le dire ça ou c’est secret comme tout le reste ?
-Non, ça je peux te le dire. Je m’appelle Alex.
-Alex ? C’est très sexy !
-Merci !

Soudain elle remarqua le vide dans ses yeux.

-Maintenant tu vas sortir ton portefeuille et tu vas me le donner, tout de suite.

Erick Moriarty s’exécuta dans la seconde. Elle prit le petit objet en cuir et ses yeux se mirent à briller.

-Donne-moi aussi ta montre, ta gourmette et tes bagues.


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Message  Humbug Sam 16 Mai 2015 - 7:55


Chapitre 9 « Enquête »





22h13

Les cinq agents arrivèrent au restaurant Le Bernardin et Erick Moriarty baignait dans son sang, juste à sa place. En face de lui, une assiette avec de la lotte mais plus personne pour la finir, Alex avait déserté les lieux. Un couteau ensanglanté gisait par terre, à la droite du jeune trader et ce dernier avait la tête plongée dans son assiette. Il y avait des traces et des gouttes de sang partout autour de la table, des clients voisins en avaient même reçu sur eux. Ils avaient été traumatisés par ce qu’ils venaient de voir. Mais heureusement pour les enquêteurs, cette fois, il y avait des témoins directs de la mort d’une victime de la sirène. Les cinq agents des forces de l’ordre entreprirent donc d’interroger toutes les personnes qui se trouvaient là. Pendant que les techniciens du Forensic faisait une fois de plus leur office, Scully posaient des questions au serveur qui s’occupait d’eux après lui avoir montré une épreuve tirée des films des caméras de surveillance du Plaza Hôtel dont la définition avait été améliorée par Dany Valadeo, ainsi que le portrait robot dessiné par le meilleur portraitiste de Quantico.

-Oh oui, c’est bien elle madame. Confirma le serveur. Quel Canon !

Scully commençait à se lasser de ces commentaires même si elle comprenait que c’était dans la nature des choses. Cette femme était très belle et c’était la première chose que les gens disaient d’elle, surtout les hommes.

Qui pouvait leur en vouloir pour ça ?

Cependant, elle souffla de dépit mais enchaina immédiatement avec ses questions.

-Ils sont arrivés vers quelle heure ?
-Un peu avant  20 heures. Répondit le serveur.

Il était petit, très mince et brun, avec les cheveux courts et rasé de près.

-Comment était la victime,…

Scully regarda son calepin, sur lequel elle prenait des notes.

-…Erick Moriarty ?
-Très jovial, le sourire jusqu’aux oreilles. Tu m’étonnes, le veinard…Enfin pardon, ce n’est pas ce que je voulais dire.

Le serveur était confus mais l’agent spécial avait parfaitement compris ce qu’il voulait dire.

-Est-ce qu’elle vous a parlé, la jeune femme ?
-Oui. Elle a commandé du poisson. Elle avait un très léger accent mais je ne saurais pas vous dire d’où. Quand je les ai vus entrer j’ai cru que c’était un couple, puis j’ai compris qu’il s’agissait d’une prostituée et de son client. Mais elle avait beaucoup de classe, je dirais même de la grâce. Ce genre de grâce naturelle, quelque chose d’inné qui ne s’apprend nulle part. Elle était très bien habillée, maquillée et coiffée mais je suis sûr que même si elle faisait ses courses en jogging à la supérette du coin, tous les gens présents la regarderaient. Il y a des gens comme ça, on n’y peut rien.
-Qu’est ce qui vous a fait penser que c’était une prostituée, si elle avait tant de classe et de grâce que ça ?
-C’est à cause d’un truc que le monsieur a dit. J’étais en train de servir la table juste derrière eux et il lui a prononcé une phrase du genre « embrasse –moi, c’est compris dans le prix ! ». Quelque chose me dit que si c’était sa femme ou sa petite amie, il n’aurait jamais dit ça sinon il aurait pris une gifle.

Scully approuva silencieusement tout en prenant des notes et lui posa des questions un peu plus précises sur le moment de la mort du jeune courtier. Mais à cet instant, Mulder posait lui aussi les mêmes questions, au couple qui se trouvait à la table la plus proche d’eux.

-Qu’est ce que vous avez vu ? Demanda-t-il.

C’était un couple guindé, dans la soixantaine. L’homme parlait d’une manière très hautaine et la femme, blonde, ressemblait à un sapin de noël avec sa parure de bijoux en or qui paraissait peser plusieurs kilos. Elle aussi parlait avec un accent pointu spécifique de l’Upper East Side.

-Il ne fait aucun doute que cette femme était une prostituée ! Dit la femme.
-Et lui, c’était un nouveau riche, arriviste ! Précisa son mari. Un flambeur sans aucune manière.
-Comment ça ?
-Il est entré dans le restaurant comme si tous les égards lui étaient dus, sous prétexte qu’il avait de l’argent.

Mulder eut un léger sourire car quelque chose lui disait que ces gens là aussi se comportaient un peu de la sorte mais il tenta de le masquer, il voulait aller au bout de cet interrogatoire.

-Et puis surtout, il a été très impoli avec la jeune fille. Ajouta sa femme.
-Et vous pensez que c’est pour ça qu’elle l'a tué ?
-Ah mais ce n’est pas elle qui l’a tué ! Protesta énergiquement la dame blonde. Il s’est tué tout seul.

Mulder fit les yeux ronds. Il attendait des précisions car, là, il ne comprenait pas trop, mais s’il se doutait bien de ce qu’ils allaient dire. L’homme en costume trois pièces reprit la parole.

-Tout à coup, la prostituée s’est levée, en milieu du repas et elle est partie, sans esclandre. L’homme, lui, il paraissait absent. J’ai pensé que c’était parce qu’il était triste que la jeune femme soit partie et que sa soirée s’arrête là. Il regardait dans le vague mais soudain il s’est mis à hurler et il s’est emparé de son couteau à viande en faisant des grands gestes. Tout le monde a eu peur. On s’est éloigné le plus possible de lui mais il n’a pas quitté sa chaise. Il se contentait de vociférer avec son couteau puis il a retourné l’arme contre lui. Il s’est tailladé les bras, puis le visage et il s’est poignardé le corps, partout au niveau du torse. Mon Dieu c’était horrible, rien que d’y repenser j’en ai la chair de poule.
-Moi aussi !  Ajouta sa femme.
-Et qu’est ce qu’il disait quand il vociférait ? Demanda l’agent du FBI.

Une fois de plus, ce fut l’homme qui répondit.

-Il a parlé de monstres qui l’attaquaient. Vous pensez qu’il délirait à cause de l’alcool et que c’est une espèce de crise passagère ou d’état dépressif qui l’a fait prendre en main ce couteau pour se lacérer et poignarder de la sorte ?

Mulder eut un léger sourire à nouveau mais cette fois les témoins le remarquèrent.

-Pourquoi cela vous fait-il rire ?
-Parce que je ne pense pas que son geste soit dû à un état dépressif ni que des monstres l’attaquaient.
-Ah bon, pourquoi cela ?
-Désolé messieurs, dames, mais je ne peux pas vous en dire plus pour l’instant. J’ai pris vos coordonnés, nous vous rappellerons si nous avons besoins d’autres précisions.

Le couple de soixantenaires était circonspect et se regarda mais Mulder s’en fichait. Il alla vers Scully, Rossi, Logan et Cerreta, qui eux aussi avaient fini leur interrogatoire.

-Alors ? Balança Logan. Que sait-on ?

Scully ouvrit le bal.

-Que la victime et notre suspecte sont arrivés un peu avant 20h, que la femme est partie environ 30 minutes plus tard et que l’homme s’est emparé d’un couteau en hurlant. Il s’est poignardé à une vingtaine de reprises et s’est lacéré les membres, ainsi que le visage.
-Encore un meurtre à retardement. Dit Rossi.
-C’est elle. Tous les témoins l’ont identifiée et c’est le même mode opératoire. Elle a dû glisser la drogue dans son verre ou sa nourriture. Il faut tout analyser. Les empreintes aussi. D’ailleurs, l’homme n’a plus de montre ni de bijoux alors qu’il a des marques de bronzages prouvant qu’il avait aussi une gourmette et plusieurs bagues. Encore une fois, elle a pris tout ce qui avait de la valeur avant de partir.
-Le seul problème, Mulder, ajouta l’italien du FBI, c’est qu’elle est sortie de sa zone de confort, l’Upper East Side. Les deux précédentes scènes de crimes étaient situées dans ce quartier mais pas celle-ci.
-Pas nécessairement ! Corrigea Cerreta.
-Vous pouvez précisez. Implora Scully

C’est Logan qui répondit.

-La 5eme avenue n’est qu’à deux blocs d’ici et cette longue rue remonte le long de Central Park et parcourt tout l’Upper East Side, jusqu’à East Harlem.

Mulder eut soudain une idée, une intuition qui le caractérisait, lui l’un des meilleurs enquêteurs de sa génération. Il était rusé comme un renard et n’avait décidément pas usurpé son prénom, Fox.
-East Harlem est bien l’autre nom que l’on donne à Spanish Harlem ?
-Exact ! Répondit Logan.
-Vous pensez à quoi agent Mulder ? Demanda Cerreta.
-Je suis persuadé que la suspecte habite à East Harlem. C’est le quartier hispanophone le plus proche de l’Upper East Side. Nous savons par le réceptionniste du Plaza qu’elle a un accent espagnol et je suis sûr qu’elle a tenu à garder ses racines proches d’elle. Elle doit venir de Porto Rico, de Cuba ou même d’Amérique du Sud. Or, à Manhattan le rendez-vous incontournable de cette communauté c’est le Spanish Harlem. Il faut concentrer les recherches dans cette zone.


Dernière édition par Humbug le Sam 23 Mai 2015 - 5:20, édité 1 fois

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Message  Humbug Sam 16 Mai 2015 - 8:00


Chapitre 10 « Alex »






Angle de la 1ere Avenue et de la 106eme Rue - Spanish Harlem
Lundi 29 Juin 1992

Alex, l’Escort girl, voleuse et meurtrière était rentrée dans son modeste appartement d’East Harlem. Un logement de deux pièces, très sombre qui contrastait avec sa beauté lumineuse. Elle n’ouvrait jamais les rideaux et se contentait d’éclairer l’endroit avec une petite lampe de chevet posée sur un guéridon. Il y avait aussi un vieux canapé et une grande télévision, le seul luxe apparent de ce petit appartement. Visiblement, elle se moquait de son confort car elle ne dormait même pas dans sa chambre. C’était son canapé qui lui servait de lit tandis que son salon remplissait tous les offices : pièce de jour et pièce de nuit. D’ailleurs on aurait dit qu’elle vivait dans un studio.
Le jeune serveur du Bernardin avait raison, même au naturel et pas maquillée, elle restait admirablement belle. Il fallait qu’elle se prépare pour son quatrième rendez-vous de la semaine afin de rencontrer celui qui serait très certainement sa quatrième victime. Elle n’avait aucune idée de la raison qui poussait ses victimes à se suicider. Elle leur administrait la drogue pour les déposséder de leurs richesses mais le reste lui importait peu. Pour elle, la fin justifiait les moyens et leur vie avait beaucoup moins de valeur que leur portefeuille. Jusqu’à la semaine précédente, aucune de ses nombreuses victimes n’était décédée et elle était loin de se douter que déjà trois hommes avaient succombé à ses charmes toxiques mais d’une manière définitive. New York était une ville si dangereuse et meurtrière qu’elle n’avait même pas remarqué les policiers supplémentaires près de son district, El Barrio. Ce mot espagnol signifiait « Le District » et c’était le surnom du quartier d’East Harlem, donné par ses habitants et tous les hispanophones de Manhattan. Des crimes avaient lieu tous les jours dans son île et surtout dans cette partie là de la ville, elle ne savait donc pas qu’elle était le but premier de ce déploiement exceptionnel des forces de l’ordre et qu’elle était recherchée par le NYPD et le FBI.

Elle se préparait pour sa nouvelle soirée de travail et pour se donner un peu d’entrain, elle alluma la radio. A ce moment précis passa une chanson de circonstance, « Call Me » du groupe Blondie. C’était la chanson phare du film « American gigolo », un film où Richard Gere incarnait un Escort boy. Cette chanson était l’une de ses préférées et devant le miroir, tout en se maquillant et se coiffant, elle chantonnait aussi.

Cover me with kisses, baby (Couvre-moi de baisers, bébé)
Cover me with love (Couvre-moi d'amour)
Roll me in designer sheets (Enroule-moi dans des draps de luxe)
I'll never get enough (Je n'en aurai jamais assez)
Emotions come I don't know why (Les émotions viennent, je ne sais pourquoi)
Cover up love's alibi (Couvre l'alibi de l'amour)
Call me on the line (Appelle-moi sur la ligne)
Call me call me any anytime (Appelle-moi, appelle-moi, quand tu veux)
Call me oh my love (Appelle-moi, oh mon amour)
When you're ready we can share the wine (Quand tu es prêt on sert le vin)
Call me (Appelle-moi)

Ooh, he speaks the languages of love (Ooh, il parle la langue de l'amour)
Ooh, appelle-moi mon chéri, appelle-moi
Anytime anyplace anywhere anyway (N'importe quand, n'importe où, de n'importe quelle façon)

Call me my love (Appelle-moi mon amour)
Call me call me any anytime (Appelle-moi, appelle-moi quand tu veux)
Call me for a ride (Appelle-moi pour une promenade)
Call me call me for some overtime (Appelle-moi, appelle-moi, pour des heures supplémentaires)
Call me my love (Appelle-moi mon amour)
Call me call me in a sweet design (Appelle-moi, appelle-moi dans un doux moment)
Call me call me for your lover's lover's alibi (Appelle-moi, appelle-moi, pour couvrir l'alibi des amants)
Call me on the line (Appelle-moi sur la ligne)
Call me call me any anytime (Appelle-moi, appelle-moi, quand tu veux)
Call me (Appelle-moi)

Elle était en dessous de dentelles noirs et bas de la même couleur et sortit une sublime parure de bijoux de son écrin de velours. Elle mit ses boucles d’oreilles et son collier en diamants puis se dirigea vers le grand placard qui lui servait de dressing. Un immense placard dont les vantaux étaient des miroirs. Sensation de vertige. Si son appartement ne payait pas de mine, sa garde robe, elle, était digne de celle d’une princesse. Des tenues toutes plus belles et somptueuses les unes que les autres. Elle choisit une robe bleue et l’enfila. Dans le placard, au niveau du sol, le choix de chaussures était aussi impressionnant que celui des robes. Elle en avait une paire pour chaque tenue. Elle s’empara des chaussures à talons aiguilles du même bleu que sa robe et les mit à ses pieds comme une Cendrillon des temps modernes. Enfin prête, elle referma son grand placard qui faisait toute la longueur du mur et se retourna. Nouvelle sensation de démesure. Contre la façade opposée à celui où se trouvait tous ses vêtements étaient entassés des centaines de billets de toutes valeurs, de 10 à 500 dollars. Il y en avait jusqu’au plafond, sur au moins quatre ou cinq mètres de long et facilement cinquante centimètres de large. Et contre la cloison perpendiculaire aux deux autres, celui qui se trouvait face à la porte de la chambre, il y avait deux grandes malles en bois qui ressemblaient à de grands coffres très anciens. C’étaient de véritables coffres dignes des films de pirates car ils étaient remplis de bijoux. C’était tout le butin qu’elle avait amassé en détroussant les hommes riches qu’elle avait séduits. Il y en avait pour plusieurs centaines de milliers de dollars en cash et bijouteries. C’était son trésor de guerre. Mais tout cet argent n’était pas pour elle, il était pour le petit village de Colombie où elle avait grandi. Enfin ce n’était pas exactement un village, c’était une petite ville très pauvre et industrielle au nord de la métropole Santiago de Cali. Alex avait passé son enfance à Yumbo, une ville dont le seul panorama était le béton et les cheminées des usines. 95% de la population y vivait en dessous du seuil de pauvreté, 10% de plus qu’à Cali où le niveau de vie n’était déjà pas très haut. Les gens se battaient littéralement tous les jours pour manger. La jeune fille avait grandi au milieu de quatre frères et son père travaillait dans une usine automobile et assemblait des véhicules toute la journée tandis que sa mère tentait de les élever. Mais Alex était un vrai garçon manqué et suivait ses frères dans leurs quatre cent coups, rendant à chaque fois sa mère morte d’inquiétude. Cette dernière arrivait à tolérer cette attitude des garçons mais pas de son unique fille. Elle aurait voulu qu’elle soit une petite princesse et elle fût exhaussée à l’adolescence de la jeune fille. Cette dernière grandit de 20 cm en un an, s’affina et gagna d’autres atouts typiquement féminins. Si bien qu’à 14 ans, elle en paraissait déjà 20 et de nombreux hommes la courtisaient mais ils se faisaient tous tabasser vigoureusement par ses frères, sans exception. A Yumbo, ils étaient ses gardes du corps. Un jour, un photographe américain de passage dans la région pour un shooting repéra la jeune fille dans la rue et lui donna sa carte. Alex parla de cette opportunité à ses parents et ils acceptèrent tous les deux qu’elle s’envole pour les États-Unis et New York afin de travailler comme mannequin car ils étaient avant tout attirés par les gains que ce travail particulièrement lucratif pourrait leur rapporter. Ils en avaient besoin et ce fut d’être à ce point aux abois qui les fit accepter que leur fille parte pour une grande ville étrangère. Elle était mineure lorsqu’elle s’envola pour la grosse pomme mais avait obtenu une dérogation spéciale, comme beaucoup de mannequins travaillant pour cette célèbre agence et venant du monde entier. Malheureusement, le rêve tourna vite au cauchemar car un autre photographe de l’agence, plus vieux que celui qui l’avait fait venir de Colombie, lui avait fait des avances plus que poussées et elle ne s’était pas laissée faire, se souvenant de ses années de bagarres avec ses frères, de vraies brutes, balançant au passage une gifle magistrale à son agresseur et le griffant au visage. L’homme avait nié, menti, mais hélas, il avait une réputation de génie et c’était d’Alex dont l’agence décida de se séparer. Elle venait à peine d’atterrir à l’aéroport JFK que déjà, tous ses rêves s’écroulaient. Par l’agence, elle était logée sur Greene Street, dans le quartier de Soho, mais on lui avait demandé de quitter le grand loft où elle vivait en collocation avec quatre autres mannequins. Elle s’était alors retrouvée à la rue et avait traversé tout Manhattan, déambulant à pied, en métro ou en taxi. Elle avait fini par atterrir à East Harlem et avait beaucoup apprécié de se retrouver avec des hispanophones, comme elle. Et même si ses nouveaux amis ne venaient pas d’Amérique du sud mais de Porto Rico, cela lui faisait quand même chaud au cœur d’entendre toute la journée sa langue maternelle dans ce grand pays qui ne l’avait accueillie que pour mieux la rejeter. Elle avait envisagé de trouver un petit boulot de serveuse dans l’un des nombreux petits restos du quartier car il fallait bien vivre et entra dans l’un d’eux. Elle obtint le job en un claquement de doigt et en mentant sur à peu près tout, notamment son âge et ses origines. Elle avait prétendue être majeure et débarquer de l’île qui constituait un territoire non incorporé des USA. Ses mensonges ne dupèrent personnes et surtout pas le patron du petit restaurant qui remarqua très vite qu’elle n’avait pas 18 ans malgré sa grande taille et que son accent ne venait pas de Porto Rico, mais il l’embaucha quand même par solidarité et pour donner sa chance à cette gamine qui n’avait nulle part où aller. Au bout de quelques semaines, pour le remercier et aussi parce qu’elle n’en pouvait plus de mentir, elle avait tout raconté à son patron et ce dernier apprécia sa franchise. Tout se passait relativement bien pour elle mais six mois plus tard, une jeune femme originaire du quartier débarqua dans le restaurant où travaillait Alex et lui proposa de faire comme elle, Escort girl. Se faire payer très cher pour sortir ou plus avec des messieurs fortunés. Malgré ses réticences, échaudée par son expérience malheureuse de mannequin, et sa timidité naturelle, elle se laissa convaincre par sa nouvelle amie nommée Magdalena. Au début, elles cohabitèrent à East Village puis Alex désira son indépendance et prit son propre appartement. Ceux qu’elle avait partagés avec les autres mannequins et avec Magdalena étaient bien trop grands à son gout, et pas assez typiques. Elle préféra retourner à East Harlem. Elle pensait que c’était surement le destin qui l’avait fait naitre tout près de Santiago de Cali, « La capitale mondiale de la Salsa » et qui l’avait aussi accueilli à New York dans le quartier de Spanish Harlem, à l’endroit même où cette danse et cette musique avait vu le jour, elle qui aimait tellement danser, surtout sur ce rythme là. D’ailleurs ce soir, son client était encore plus jeune qu’Erick Moriarty, c’était le fils d’un sénateur, et elle avait prévu d’aller dans une boite branchée. Elle voulait s’amuser en plus de gagner beaucoup d’argent et ce malheureux jeune homme ne savait pas encore à cet instant que moins d’une heure plus tard, il allait être confronté au souffle du diable.

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Message  Humbug Jeu 21 Mai 2015 - 9:45


Chapitre 11 « La 5eme Victime »





Le Tunnel - 220, 12eme Avenue – Chelsea - Manhattan

Les agents spéciaux du FBI Scully, Mulder et Rossi faisaient face à l’immense bâtiment de briques rouges qui faisaient autrefois office de terminal au fret du chemin de fer régional et qui était depuis environ six ans l’un des Night Clubs les plus couru de Manhattan, Le Tunnel.

-Logan et Cerreta ne sont pas là ? Demanda Scully.
-Non ! Répondit Rossi. Ils font du porte à porte à East Harlem. Plusieurs témoins ont déclaré qu’ils avaient croisé la suspecte à plusieurs reprises là-bas.

L’étau se resserrait. Ses mâchoires implacables se rapprochaient d’elle inexorablement. Mais pour l’instant, les agents du bureau étaient devant une célèbre boite de nuit de Chelsea car la sirène meurtrière avait encore sévi. Le Tunnel était une discothèque atypique qui devait son nom à la forme très allongée de sa longue pièce principale, hérité de l’époque où le bâtiment, situé à son autre extrémité sur la 11eme Avenue, servait de ligne de fret à la New York Central Railroad. Les wagons transportaient des marchandises qui devaient être chargées sur des barges à destination d’Hoboken dans le New Jersey. Le bâtiment datait du début des années 1900 mais avait été transformé en night club en 1986 pour un coût de 5 millions de Dollars par Eli Dayan avant d’être revendu à Marco Riccota en 1990 puis à Peter Gatien au début de l’année 1992.

Il y avait devant l’entrée un vigile grand et massif. 1,83 mètre, la même taille que Mulder, pour 94 kilos de muscles, soit une bonne quinzaine de plus que l’agent du FBI pourtant un sportif accompli. Le grand renard faisait pale figure face à ce mastodonte au crane rasé et à la musculature impressionnante. Quant à la comparaison avec le petit italien David Rossi, elle n’avait même pas lieu d’être. Cet agent de sécurité avait un vrai physique d’acteur de cinéma d’action, peut-être la future star des films de bagarre et de courses poursuites, un successeur pour Sylvester Stallone. Le profiler y pensa quand il lui montra son badge. Il fallait qu’il lui en parle. Avec un peu de chance, l’homme avait déjà pris des cours de comédies et était très à l’aise devant une caméra. Même sa voix était faite pour le cinéma. Quand il leur dit :

« Allez-y ! », ce fût un son très grave et profond qui sortit de sa bouche, si profond que l’agent Scully crut percevoir un écho sortant directement de son large poitrail.

La discothèque méritait bien son nom avec ses allures d’entrepôt tout en longueur, un long espace étroit avec plusieurs chambres sur plusieurs niveaux. Quatre-vingt-dix ans plus tôt, les trains passaient le long d’une zone en contrebas de la piste principale.

Il y avait plusieurs cages de danse et la décoration de chaque chambre avait changé de nombreuses fois. Il y en avait une qui ressemblait à une bibliothèque victorienne tandis qu’une autre était décorée façon « donjon S-M ». Les toilettes étaient unisexes et étaient situés dans ce qui était auparavant les vestiaires des employés du fret.
Les agents se rendirent au salon VIP du sous sol où les attendait le gérant du night club. Ils montrèrent leur insigne à cet homme jeune habillé en costume et avec les cheveux en arrière, tenus par une tonne de gel, au minimum. Il avait les trois boutons de haut de sa chemise défaits, laissant apparaitre les poils du haut de son torse, un collier en or, ainsi qu’une gourmette, une montre Patek Philippe et des chevalières à huit doigts sur dix. Seuls ses pouces étaient épargnés.

Scully ne put s’empêcher de penser à ce que cela aurait donné si il avait également eu des bagues à ses deux plus gros doigts et elle eut un fou rire qu’elle eu beaucoup de mal à réprouver. Elle se cachait derrière son partenaire pour ne pas que le gérant à l’attitude ostentatoire ne se rende compte qu’il était à l’origine de ce rire incontrôlé.
-Bienvenue au Tunnel ! Leur dit-il le plus sérieusement du monde alors qu’il venait d’y avoir un mort dans son établissement.

Mais cela ne semblait pas le perturber plus que ça. Avec son attitude des plus irrespectueuses, l’expression « show must go on » prenait tout son sens mais était également pervertie par un tel pococurantisme et une telle indifférence.
Les agents étaient abasourdis mais le jeune homme continua sa représentation.

-C’est la meilleure boite du monde. Bret Easton Ellis en parle dans son bouquin « American Psycho ». C’est ici que Patrick Bateman vient se divertir avec ses potes.
-Vous avez lu le livre ? Lui demanda Scully, d’une voix pleine d’ironie.
-Non, mais s’ils en font un film, j’irai le voir ! Répondit le gérant qui n’avait même pas perçu la moquerie.
-Nous ne sommes pas là pour parler de cinéma, ni de votre club, mais de ce qui s’est passé cette nuit, avec le fils du sénateur Long. Coupa Mulder.

Le jeune redevint tout à coup très sérieux. Il comprit que c’était ce qu’on attendait de lui à ce moment là. Il était plus intelligent qu’il en avait l’air, tout compte fait.

-Ah oui, le fils du sénateur. C’était un habitué mais il ne venait jamais avec la même fille. Hier soir, il est arrivé avec une bombe atomique et anatomique, un tout petit peu plus vieille que celles qu’il avait l’habitude d’amener. Une femme, les autres c’étaient des gamines qui se la racontaient mais elles n’avaient pas le dixième du millième de la classe qu’avait celle d’hier soir.
-Vous l’aviez déjà vue ? Demanda Rossi.
-Non ! Et c’est dommage d’ailleurs. Si elle venait toutes les semaines je ne lui ferais rien payer car une fille comme elle ferait à coup sûr monter le nombre de mes entrées et de mes conso’.
-Elle ferait aussi monter le nombre de vos décès, balança Mulder avec son habituel ton sarcastique.
L’homme ne comprit pas. Il pensait que le fils du sénateur avait fait une overdose comme cela arrivait dans beaucoup de clubs. Il n’avait pas du tout pensé que la jeune femme qui l’accompagnait était responsable de sa mort.
-C’est elle ? Demanda Scully en lui montrant le portrait robot et la photo d’une caméra de surveillance placée au dessus d’un guichet automatique.
-Oh oui, c’est bien elle ! J’en ai vu beaucoup des belles femmes mais des comme elle, c’est vraiment très rare. Elle se déhanchait sur la piste de manière carrément HOT et elle a affolé tous les mâles de la boite ! Qu’est ce qu’elle a fait de mal ? Je ne comprends pas.
-Aux dernières nouvelles, elle a tué quatre personnes. Répondit Scully.
-Vous pouvez nous dire ce qu’il s’est passé juste avant la mort du jeune homme ? Insista David Rossi.
-Tout le monde s’éclatait bien mais l’une de mes serveuse a tout vu car elle flashait sur le jeune homme et ne l’a pas lâché de la soirée. A un moment donné, avec le canon, ils se sont embrassés longuement sur la piste, avec la langue…

Cette précision déplut à Scully car elle ne lui semblait pas nécessaire.

-…Puis le type s’est mis à convulser, comme quand on fait une overdose ou une crise d’épilepsie. J’ai pensé qu’il avait pris un peu trop de coke et j’ai appelé le 911. Mais avant l’arrivée des secours, le mec était mort, étouffé par son vomi.
-Et la fille ? Voulut savoir Mulder.
-Disparue ! Mon vigile m’a dit qu’il l’a vue monter dans un taxi en direction du nord.

Mulder se retourna vers Rossi.

-Pour retourner chez elle à East Harlem.

Le gérant les regarda interloqué. Soudain le téléphone mobile de Rossi se mit à sonner. Il décrocha et sa mine se décomposa. Il raccrocha et se retourna vers ses deux collègues.

-On a une cinquième victime !

Mulder et Scully l’interrogèrent du regard et il précisa immédiatement.

-Un chauffeur de Taxi vient d’être retrouvé mort au volant de son véhicule. Encastré dans un panneau de signalisation.
-A quel endroit ? Demanda Scully.
- A l’angle de la 1ere Avenue et de Madison. C’est à Spanish Harlem.

Mulder comprit l’urgence de la situation. S’ils voulaient avoir une chance d’arrêter leur suspecte, il fallait qu’ils réagissent très vite. Il s’adressa à Rossi.

-Appelle Logan et Cerreta, dis-leur de boucler le secteur. Si elle a demandé à ce taxi de la ramener chez elle et qu’elle l’a drogué aussi, peut être involontairement, elle habite forcement là-bas et je suis sûr qu’elle doit encore y être à l’heure qu’il est. Elle ne doit surtout pas sortir du quartier.


Dernière édition par Humbug le Sam 23 Mai 2015 - 5:20, édité 2 fois

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Message  Humbug Jeu 21 Mai 2015 - 9:48


Chapitre 12 « La Mutante »






-On n’est même pas sûr que ce soit elle ! Protesta Scully.
-Le vigile a dit au gérant de la boite qu’elle était partie en taxi. On pense très fortement qu’elle habite à East Harlem à cause de son accent et comme par hasard, un taxi percute un panneau à très grande vitesse dans le même quartier. Il te faut quoi de plus Scully ? Tu veux attendre les résultats des analyses toxicologiques du chauffeur pour savoir si il a bien de la scopolamine dans le sang avant d’en conclure que c’est bien elle ? Mon instinct de profiler me dit qu’elle a drogué le chauffeur de taxi pour une raison inconnue et qu’il a subi les mêmes effets que les autres : des hallucinations cauchemardesques et  parfaitement réalistes.

-Mulder a raison ! Surenchérit Rossi qui venait de décrocher son téléphone portable. Un habitant du quartier vient de l’identifier. Il a vu la femme des avis de recherche descendre du taxi en courant.
A deux contre une, la scientifique n’avait aucune chance, surtout qu’en plus, maintenant, il y avait un témoin oculaire pour corroborer leur intuition.

L’italo-américain appela la brigade criminelle comme lui avait demandé son ancien partenaire.
Ils montèrent tous les trois dans une voiture de location en direction du Nord-Est de Manhattan et plus exactement Spanish Harlem. C’était Mulder qui conduisait et Rossi était à ses côtés. Scully était seule à l’arrière. Le profiler était au téléphone, très nerveux.

Comme d’habitude, la circulation était très dense mais Mulder fit preuve de ses solides aptitudes à la conduite pour gagner un maximum de temps. Il se dirigea vers Park Avenue puis tourna sur la gauche, vers le nord et remonta toute l’artère. Les agents spéciaux passèrent devant Murray Hill, Midtown East, l’Upper East Side, Yorkville, avec Central Park à leur gauche. Ils arrivèrent enfin au croisement de la 10eme Rue, en plein cœur d’East Harlem.

-Il faudra être très prudent ! Rappela Scully. On ne sait toujours pas comment elle s’y prend pour administrer la hyoscine.
-On va le découvrir très vite, une fois qu’on l’aura arrêtée ! Lança David Rossi.

Ils tombèrent sur des barrages de police, se garèrent, descendirent de leur véhicule et présentèrent leur insigne aux policiers en uniforme qui barraient la 106eme Rue. Les policiers les laissèrent passer et un peu plus loin, ils aperçurent Logan et Cerreta tandis que des riverains protestaient qu’on ne les laisse pas rentrer chez eux.

-Bonne Nouvelle ! Lança Logan en omettant la plus élémentaire des politesses, un simple « bonjour ». On l’a enfin logée. On est sûr qu’elle habite dans cette rue et on a bouclé le quartier.
-Excellent ! Répliqua Rossi.

Soudain son téléphone mobile sonna. Il décrocha. Tout d’abord inquiet, sa mine anxieuse laissa place à un large sourire.

-Merci Dany !

Rossi raccrocha et se retourna immédiatement vers policiers qui l’entouraient.

-C’était Dany Valadeo, un de nos technicien de Quantico. Il y avait une empreinte sur un verre au resto et ça a matché.
-On a un nom ? Demanda Scully.
-Un nom et une adresse.

Les cinq flics n’en croyaient pas leurs oreilles. Rossi ne se fit pas prier.

-Elle s’appelle Maria Alejandra Vasquez. Elle habite à l’angle de la 1ere Avenue et de la 106eme Rue.

Les agents remontèrent immédiatement la rue jusqu’à l’immeuble de la call girl. Pour une fois elle avait manqué de prudence au restaurant Le Bernardin avec Erick Moriarty et cela lui fut fatal car cette bévue permit au FBI de l’identifier. Et puis pourquoi avait-elle tué le chauffeur de taxi ? Une chose était certaine, ce n’était pas par appât du gain.

Le quartier était très typique et la rue où elle vivait, encore plus. L’immeuble, lui, était modeste et les agents y entrèrent en file indienne avec leur arme à la main.

Ils montèrent les escaliers quatre à quatre jusqu’au deuxième étage.  Ils s’arrêtèrent devant la porte de l’appartement 21. Mulder frappa trois coups très forts et très rapprochés.

-Maria Alejandra Vasquez ? FBI ! Ouvrez !

Il n’y avait aucun bruit derrière la porte. Mulder s’écarta et Logan défonça la porte d’un puissant coup de pied. Les policiers entrèrent chacun leur tour.

-FBI !
-NYPD ! Hurlaient-ils.

Soudain, la prostituée sortit de la salle de bain. Elle était en peignoir et venait juste de prendre sa douche.
Elle était magnifique dans sa sortie de bain blanche immaculée et avec ses longs cheveux ruisselants.

-Maria Alejandra Vasquez ? Lui demanda Rossi.
-Oui !
-FBI. Vous êtes en état d’arrestation pour meurtre. Vous avez le droit de garder le silence, tout ce que vous direz…
Lorsqu’il s’approcha pour lui passer les menottes, elle l’embrassa sur la bouche puis eut un petit sourire.
Scully se demanda pourquoi elle avait fait ça.

-Venez voir ! Dit soudain Cerreta qui était allé directement dans la chambre.

Mulder et Scully allèrent dans la pièce et découvrirent abasourdis le magot de la call girl. Tout à coup, ils entendirent hurler. C’était Rossi qui était en proie à d’horribles hallucinations.

-Qu’est-ce que vous lui avez fait ? Demanda Logan les sourcils froncés et le regard noir.
-Un petit bisou ! Ce n’est pas grand-chose. Susurra-t-elle pleine de malice dans la voix.
-C’est comme ça qu’elle procède ! Dit Mulder, ayant enfin trouvé la solution de l’énigme. Le poison fait partie de son ADN, il doit être dans sa salive et c’est en embrassant ses victimes qu’elle les empoisonne.
-Mulder, mais c’est impossible ! Protesta la petite rousse.

Rossi hurlait toujours mais Mulder et Scully essayaient de le calmer, de le rassurer, tandis que Cerreta et Logan emmenaient la meurtrière venue d’Amérique du sud. Des médecins urgentistes s’occupèrent de Rossi et l’emmenèrent à l’hôpital tandis qu’Alex, menottée, prit place à l’arrière d’une voiture de police. Des centaines de badauds s’étaient amassés juste devant son domicile.

Les agents du FBI étaient restés avec l’italo-américain tandis qu’on mettait son brancard dans l’ambulance, tout cela sous les yeux à moitié amusés de la Colombienne. Dans le panier à salade, elle chantonnait une chanson du groupe « Blondie » avec son accent venu de Colombie : Heart of Glass.

Once I had a love and it was a gas (Un jour j’ai eu un amour et c’était le Bonheur)
Soon turned out had a heart of glass (Puis il s’est rapidement transformé en cœur de verre)
Seemed like the real thing, only to find (On aurait juré que c’était bon, seulement pour découvrir)
Mucho mistrust, love's gone behind (Trop de traitrise, l’amour s’en est allé)
Once I had a love and it was divine (Un jour j’ai eu un amour et c’était divin)
Soon found out I was losing my mind (Puis je me suis rapidement compte que je perdais la tête)
It seemed like the real thing but I was so blind (Ça m’a semblé être le bon mais j’étais tellement aveugle)
Mucho mistrust, love's gone behind. (Trop de traitrise, l’amour s’en est allé)

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Message  Humbug Sam 23 Mai 2015 - 5:23


Chapitre 13 « Rapport »





Appartement de Dana Scully – Georgetown – Washington DC
Jeudi 2 Juillet 1992 - 18h13

L’agent Scully était rentrée un peu plus tôt pour taper son rapport sur l’affaire à destination du chef de section Blevins. Afin de se détendre un peu avant de s’atteler à la tâche, elle alluma la radio.

She moves like she don't care (Elle bouge comme ça lui plait)
Smooth as silk, cool as air (Douce comme la soie, fraiche comme l’air)
Ooh it makes you wanna cry (Ooh ça te donne envie de pleurer)
She doesn't know your name (Elle ne connait pas ton nom)
And your heart beats like a subway train (Et ton Coeur bat comme le métro)
Ooh it makes you wanna die (Ooh ça te donne envie de mourir)

Ooh, don't you wanna take her? (Ooh ne veux-tu pas l’accompagner)
Ooh, wanna make her all your own? (Ooh vouloir faire d’elle tout ton être)

Maria, you've gotta see her (Maria, tu dois la voir)
Go insane and out of your mind (Devenir et être folle de toi)
Regina, Ave Maria (Regina, Ave Maria)
A million and one candle lights (Un million et une lueur de bougie)


« Maria ». Une chanson du groupe Blondie. Encore. Elle coupa la radio car les paroles lui rappelaient un peu trop cette affaire et le titre était même identique au premier prénom de la tueuse. Elle se dirigea vers son ordinateur et l’alluma. La lumière bleutée de l’écran diffusa dans cette partie de son living un halo céruléen. Elle chaussa ses lunettes de lecture et s’assit sur son siège. Elle tapa sur son clavier ses ressentis et ses conclusions sur l’affaire.

« La suspecte, Maria Alejandra Vasquez, est arrivée de Yumo, en Colombie, une toute petite ville industrielle au nord de Santiago de Cali alors qu’elle avait 16 ans, avec un Visa de travail. Elle travaillait pour une très grande agence de mannequins mais aurait subi une tentative d’agression sexuelle de la part d’un photographe. Selon ses dires, cette expérience aurait cristallisé sa haine des hommes qui ne représenteraient pour elle, rien d’autre qu’un moyen de s’enrichir. Elle comptait envoyer tout l’argent qu’elle avait dérobé à ses victimes à sa famille restée en Colombie. A ce sujet elle a d’ailleurs déclaré qu’elle s’en fichait complètement d’avoir été arrêtée et de passer le reste de sa vie en prison, mais ce qui la mortifiait le plus c’était de s’être fait arrêter avant d’avoir pu envoyer l’argent et les bijoux volés à sa famille. Malgré ses dénégations, la majorité des enquêteurs ayant participé à cette affaire sont persuadés qu’elle a déjà dû faire un ou plusieurs envois d’argent et de bijoux à sa famille. Mais comme il n’existe aucun chiffrage précis de ses vols, cela ne reste qu’une hypothèse liée à son profil psychologique.
Elle était devenue Escort girl pour profiter de ses atouts physiques afin d’attirer les hommes fortunés dans ses filets. Elle leur administrait de la scopolamine dont la concentration s’est avérée de plus en plus forte au fil des victimes.
Les tests génétiques pratiqués sur mademoiselle Vasquez ont démontré, comme l’a suggéré l’agent Mulder, qu’elle possédait cette substance à l’intérieur même de son organisme et qu’elle y avait développé une tolérance suite à une mutation de son ADN, n’en ressentant absolument aucun effet. Cet alcaloïde était notamment présent dans sa salive et elle l’administrait à ses victimes au moyen de baisers posés sur la bouche. Le mode opératoire changea pour le chauffeur de taxi car, d’après son propre témoignage, elle s’était juste contentée de lui parler à l’oreille et l’homme avait eu les mêmes visions que les autres victimes. Cela signifie que la hyoscine présente dans son organisme ainsi que son principe actif était de plus en plus toxique et les effets plus dévastateurs pour la même quantité absorbée, tandis que juste avant son arrestation, un simple souffle suffisait pour un effet hallucinogène. En Amérique du sud cette simple respiration est appelée « souffle du dragon » par les cartels qui emploient la scopolamine.
Le fait que mademoiselle Vasquez vienne de petite ville très proche de Cali, une cité célèbre pour son cartel de narcotrafiquants n’est pas un hasard. En effet, ces criminels avaient l’habitude de droguer leurs victimes avec cette substance qu’ils appellent « burundanga » pour les plier à leurs moindres volontés. Certaines victimes auraient même aidé des criminels à vider leur appartement ou maison en portant eux-mêmes des cartons dans le véhicules des cambrioleurs et n’ayant plus aucun souvenir de cela par la suite.
D’après ses dires, la mère de mademoiselle Vasquez aurait été enlevée et droguée par ce cartel alors qu’elle était enceinte de la suspecte. Une mutation génétique se serait alors produite et l’ADN du bébé aurait absorbé la drogue pour l’assimiler à l’organisme, son corps arrivant à la fabriquer puis à la restituer dans sa salive.
L’agent Rossi a été victime d’un de ses baisers lors de l’arrestation de la suspecte et a souffert de nombreuses hallucinations mais est à présent hors de danger.
L’agent Mulder recommande que la suspecte, Maria Alejandra Vasquez soit maintenue dans le plus strict isolement et que ses contacts avec l’extérieur s’en tiennent au strict nécessaire et avec des protections les plus adéquates possibles.
Elle sera jugée pour le meurtre de cinq hommes à New York et bien qu’elle nie la préméditation ou même la volonté de donner la mort, son dégout profond en la gente masculine constitue un mobile solide à ses meurtres. Elle sera jugée dans les prochains mois pour ses crimes.
Ayant été interpelée grâce à une enquête conjointe du FBI et du NYPD, la suspecte est aujourd’hui dans une prison de haute sécurité et l’on peut considérer cette affaire comme classée. »

Elle se relut, sauvegarda le dossier, enleva ses lunettes et éteignit son ordinateur.

Au même moment, l’agent Fox Mulder était au chevet de son ami l’agent David Rossi au Mount Sinai Hospital. L’homme allait beaucoup mieux mais il était encore faible. Son teint était livide et il regardait son ancien collègue avec dépit.

-Finalement, Mulder, je crois que je vais l’écrire ce roman policier.
-Ce bouquin dont tu m’as déjà parlé il y a plus de deux ans, avec un profiler du FBI comme héros ?
-Oui. Et je crois qu’il va grandement s’inspirer de toi.

Mulder eut un large sourire. Il connaissait sa grande valeur d’enquêteur mais son humilité prit le dessus et il était particulièrement mal à l’aise d’être la source d’inspiration de son ami.

-Tu pourrais tout aussi bien calquer ton personnage sur toi-même, tu sais David ? Tu as très certainement arrêté plus de tueurs que moi.
-Tu es trop modeste Mulder. En tout cas, je peux te dire que jamais un baiser ne m’avait fait un tel effet.
Mulder sourit à nouveau.
-Le pire c’est que tu ne te rappelles plus de rien. Mais je peux te dire qu’on a eu beaucoup de mal à te maitriser l’agent Scully et moi.
-Ah, en parlant de l’agent Scully, tu la salueras pour moi.
-Je n’y manquerais pas David.

L’agent Mulder pensa alors à sa partenaire et n’arriva plus à défaire son esprit de l’image du docteur Dana Scully.

Au même instant, dans la prison fédérale de haute sécurité de Rikers Island, Maria Alejandra Vasquez, la femme fatale par essence, pas maquillée ni coiffée et les cheveux en bataille, était adossée au mûr de sa cellule. Entravée par une camisole de force et un masque en métal qui lui couvrait le bas du visage, elle avait une certaine parenté visuelle avec le personnage d’Hannibal Lecter dans « Le silence des agneaux ».

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