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Rencontre du septième type

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Rencontre du septième type - Page 2 Empty Re: Rencontre du septième type

Message  noisette Dim 10 Mai 2009 - 20:04

CHAPITRE 13





Mardi 21 avril 2000. Hôpital Georges Washington (2 semaines plus tard).


L’hôpital était à l’image… d’un hôpital. Il les détestait… et de plus en plus. Il détestait la blancheur déprimante de leurs murs, il détestait leurs draps rêches et amidonnés. Il détestait le bruit des machines médicales, leur inhumanité. Il détestait les interpellations des soignants qui résonnaient au milieu du silence des malades. Il détestait ces lieux qui ne lui parlaient que de souffrances et de mort. Il frissonna devant la chambre 306, prit son inspiration, s’exerça nerveusement à sourire de toutes ses dents. Et poussa la porte…
Un petit soleil dans le brouillard lui grimaça à son tour un genre de sourire.
- Salut ! Il s’approcha du lit.
- Salut…, articula le petit soleil qui brillait malgré des teintes violacées.

Silence. Il se tortilla et changea son pied d’appui.
- Les toilettes sont à droite au bout du couloir, l’informa Dana avec une prévenance amusée.
Il soupira et lui prit la main.
- Comment te sens-tu ?
- Un peu mal partout mais ça s’arrange. Je devrais assez vite sortir d’ici.
- Très bien ! s’exclama-t-il avec empressement.
Elle eut un petit rire. Il esquissa une moue piteuse. Allons, un grand garçon ne devrait pas craindre les hôpitaux.
- J’aime pas les hôpitaux ! C’est trop propre, trop ordonné et la bouffe est honteusement saine. Ca manque d’un peu de plaisir : des retransmissions sportives avec bières, des nourritures exotiques bien grasses…
- … et des vidéos pour adultes ?
- Ah ! Tu trouves aussi ? !
Elle eut un soupir exaspéré. Il sortit un paquet de derrière son dos et le lui tendit.
- J’ai hésité avec le dernier best-of des Spurs, et puis finalement, je suis resté classique.
- « Citizen kane » ?
- Ouais ! J’adore ce type et je me suis fixé comme but dans la vie de mourir comme lui…
- … ?
- Je te dirais un seul petit mot et tu chercheras pendant des années ce que ça signifiait… !
- T’as prévu que je sois là à ce moment ?
- Pourquoi ? T’imagines une autre possibilité ?
Elle le regarda, pensive.
- Mmm… Ma grand-mère disait à mon grand-père « Quand l’un de nous deux sera mort, je serais très triste… »
Il rit. Elle enchaîna.

- Où en êtes-vous avec l’Opus Déi ?
- Ca ne va pas être simple. Faute de pouvoir s’adresser au FBI, on a envoyé les photos et l’analyse de la molécule extra-terrestre aux journaux. Mais le quatrième pouvoir est curieusement muet…
- Oh non ! Pas eux !
- Frohike va tenter sa chance auprès des grands journaux européens. Ils sont moins frileux avec la religion...
- … mais s’il faut poser le postulat d’une existence extra-terrestre pour expliquer la manipulation, ils ne publieront pas, n’est-ce pas ? souffla Dana découragée.
- Je crains que non…
- Tout ça pour ça ! Castello, Jenkins et tous les autres, ceux qui vont mourir… Ils s’en foutent ! Ils préféreront laisser tomber les morts plutôt que de revenir sur leurs certitudes imbéciles !
Elle en aurait pleuré.

- Tout n’est pas perdu, Dana. Il y a Internet, et les réseaux des anti-conspirations des Lones gunmen. Byers et Langly distribuent non stop des tracts depuis 6 jours à Baltimore. Byers a même été convaincre des groupes d’étudiants chrétiens progressistes. Ils ont fait un sitting devant l’église de la Sainte Famille tout le week-end. Ils ont à peine pu célébrer la messe dimanche dernier, la moitié des fidèles sont partis plutôt que de rentrer dans le bâtiment. Les bruits se répandent et les gens se méfient : l’idée d’un poison qu’on leur administre et qui leur inocule un cancer les effraie. Bien plus d’ailleurs que l’idée que certains religieux veuillent les manipuler pour répandre leurs visions rétrogrades. Quant à l’hypothèse qu’ils puissent ainsi devenir des esclaves pour des envahisseurs … On n’a pas osé leur en parler…
- Oui… vous avez probablement raison…
- Ca va bouger, Scully. Ca prendra du temps, mais les gens finiront par le savoir, j’en suis sûr…
- J’espère que tu as raison…
- J’ai toujours raison !

Dana sourit.

- Où sont Gillian et David ?
- … Je crois qu’on ne les reverra pas.
- Comment ça ? !
- Tu te souviens de ce que disait Gil au début ? Que peut-être nous pouvions leur apporter quelque chose qui les aiderait…chez eux ?
- Oui ?
- Je pense qu’ils l’ont eu en Guyane… Quand je suis monté dans l’hélico avec toi, elle m’a embrassé. Il m’a semblé qu’ils étaient étonnamment sereins : ils pressentaient leur départ, j’en suis sûr. Quand j’ai rappelé le chef des OP… Comment s’appelle-t-il déjà ?
- Lenoir…
- Ouais, Lenoir. Il m’a dit qu’il ne les a plus vus après… Je crois qu’ils sont repartis dans leur dimension et qu’ils vont reprendre le cours normal de leur vie. Gillian le savait quand on s’est quitté, j’en mettrais ma main au feu. Je l’ai vu dans son regard…
- Partis…, murmura-t-elle tristement pour elle–même.

Ils restèrent en silence un moment, digérant la nouvelle.

- Et pour nous ? Tout reprend comme avant ?
- Je ne crois pas, non… mais on aura tout le temps d’en parler quand tu iras mieux. Tiens ! Au fait, Gil m’a donné cette enveloppe pour toi.
Il lui tendit un carton jaune. Elle le prit, intriguée.
- Ecoute, Scully, je dois te laisser, j’ai mon rapport à faire à Skinner. Mais appelle-moi dès que tu sais quand tu sors. Je passerai te prendre…
Il leva la fine main à ses lèvres et y déposa un baiser furtif en adressant un petit clin d’œil à Dana.


****************


Et voilà… Fox…
Un genre de courant d’air… Mais qui remplit tellement l’espace. Il passe un instant mais tout son être refait le plein et elle peut repartir.

Et cette lettre ?
A la vue de l’écriture élancée et généreuse, son cœur fit un bond dans sa poitrine… et sa gorge se serra : Ce tracé si particulier, ces majuscules majestueuses, même le bleu de l’encre semblait « sa » signature ! … Ca ne pouvait pas être elle, et pourtant…
Elle mit quelques instants à retrouver ses esprits, puis entama la lecture.

Dana,

Nous sommes ce soir dans le chalet de Chattanooga, et je n’arrive pas à dormir. Je me suis mise près du feu. David s’est endormi sur le canapé. Et toi et Mulder, vous dormez du sommeil du juste dans les chambres du dessus.
Je ne parviens pas à m’endormir parce que tout se bouscule dans ma tête. Ces derniers jours, et l’entraînement façon FBI que vous nous imposez me perturbent bien plus que je ne veux bien vous le montrer.
Je ne suis pas comme ça. Je n’aime pas cette vie, je n’aime pas ces risques. Tout ça me fait peur et me remonte à la gorge ; J’en suis malade. Et là, tout de suite, si tu apparaissais au bas de l’escalier, je ne pourrais même pas prononcer un mot. Probablement que je fondrais en larmes… J’ai déjà du mal à écrire tant ma vision se brouille…
Je crève de ne plus voir ma fille depuis des semaines, je crève de ne pas me retrouver dans mon monde avec ma famille, mes amis… Peut-être que si je reviens, tout ça me changera et changera ma façon de voir ma vie…si je reviens…
Tu sais, ces derniers jours, je me dis que je veux redevenir comédienne. Pas la comédie que je vous joue avec mes âneries depuis que nous sommes là : ça, c’est pour la galerie, pour ne pas ajouter à vos soucis, pour rassurer David et sûrement pour me rassurer moi…
On n’a pas eu l’occasion d’en parler toutes les deux et pourtant, c’est l’une des choses très importante pour moi : parce que je sais le faire ce métier et parce que j’aime le faire. Ou plutôt, j’aimais. Par moments, je me dis que j’ai un peu perdu le feu sacré. Je voudrais le retrouver, retrouver le plaisir. Je crois que, si je peux, je referai du théâtre : ça me plaisait ce frisson là.
C’est drôle : il aura fallu que je te rencontre pour que je me dise que ce métier, c’est bien ma voie. Je me rends compte que je ne voudrais pas faire autre chose même si je me demande parfois de quelle manière j’en suis arrivée là… C’est comme ça, c’est mon chemin et je l’emprunte à ma façon, mais aujourd’hui, je sens, je sais que c’est le bon…
Et puis je passerai plus de temps avec ceux que j’aime. Je ne veux pas t’embêter avec ça, mais je crois qu’il ne faut pas passer à côté des moments privilégiés qu’on peut partager avec nos compagnons de route… Et donc, c’est là aussi que je veux en venir (je sais, il paraît qu’on me voit toujours venir avec mes gros sabots…) : Fox.
J’imagine bien que tu penses très fort que je devrais me mêler de mes affaires (c’est pas faux d’ailleurs mais tu permettras que pour éviter de penser à mes histoires, je me focalise sur les tiennes. Ca me fait du bien de ne pas penser à moi). J’ai perdu le fil de ce que je voulais dire, comme toujours.
Oui. Fox. Il est beau et fort émouvant votre petit ballet où vous vous aimez sans vous déclarer, sans vous offrir l’un à l’autre. Mais il peut aussi vous détruire ce petit jeu. Je sais que moi, je suis plutôt dans l’excès inverse dans la mesure où je pars toujours trop vite dans une relation. Mais vous, vous vous construisez une frustration aujourd’hui et une déception pour demain.
Dana, arrête de craindre de le perdre, arrête de rêver à ce qu’il pourrait être. Vous vous aimez et vous vous désirez : ça crève les yeux.
Alors prends ce à quoi tu as droit, réalise ta vie de femme et aime le jusqu’au bout. N’ai pas de regrets. Tu te poseras sûrement la question de savoir si tu as fait le bon choix. Moi, je crois que chaque instant de ta vie t’a amené à ce moment, que chacun de tes choix t’a conduit et te conduira jusqu’à lui. La seule erreur, ce serait de ne pas aller au bout de ton chemin : et ce sera ton bonheur, le tien, même si votre combat pour la vérité peut vous faire souffrir…
Voilà. Comme on dit dans les films, si tu as cette lettre, c’est que je ne suis plus là (espérons que c’est donc que je suis ailleurs, chez moi…).
Je veux que tu saches que je suis heureuse de t’avoir connu, que tu m’as fait grandir. Et de tout mon cœur, je te souhaite un avenir aussi beau que tu le mérite.
Pour toujours,

Gillian


… Gillian qui employait ici à la lettre près des mots qu’elle avait entendus dans un passé qui semblait si lointain, à une époque où sa vie n’avait pas encore pris les virages dramatiques qui avaient radicalement changé sa façon d’être et de penser. Une vie révolue où elle pouvait encore imaginer avoir des enfants, une vie révolue sans la menace constante d’une rechute de son cancer, une vie révolue où il y avait toujours quelqu’un à appeler le soir… Une vie où il y avait Melissa…, sa sœur… qui lui avait dit ces mots là…

Dana était bouleversée…

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Message  noisette Dim 10 Mai 2009 - 20:06

CHAPITRE 14






Vendredi 8 mai 2000, Bureau du FBI (15 jours plus tard)
… (« All thing ») …


La vie n’était décidément pas un conte de fée, ou une histoire rectiligne où tout coule de source et s’enchaîne avec facilité. Au moment où elle était enfin prête à vivre et assumer son amour pour Fox, il décidait de s’éloigner à nouveau, ignorant délibérément les gentillesses et les remarques douces de Scully…
Que s’était-il passé pendant ces deux semaines ? Avait-il eu peur tout d’un coup du rapprochement qu’ils avaient vécu ces dernières semaines ? Regrettait-il ses déclarations, ses gestes tendres ?
Depuis qu’elle avait repris le travail, il était presque pire qu’avant : impossible d’exister hors de ces dossiers chéris… Tout plutôt que d’affronter des sentiments… Plutôt mourir que de parler sérieusement d’eux, de leur relation.
<Et, se dit-elle plus peinée qu’elle n’aurait cru l’être, … pas une seule fois il ne m’a rappelée Dana…>

Il avait suffit d’être éloigné quelques jours pour que tout s’écroule…
Non, c’était pire, se dit Dana, en rapportant des sandwichs pour le déjeuner : là, il était en train de la décevoir… Etait-ce digne de lui et de ce qu’ils avaient partagé de repartir à nouveau sur leurs éternelles joutes verbales, comme avant, en s’appliquant consciencieusement à faire comme si de rien n’était ?
Elle eut un geste d’énervement, se reprit, et entra dans le bureau. Il avait mis une musique agaçante à tue-tête et ne l’entendit même pas s’adresser à lui. En soupirant vivement, elle se dirigea vers l’appareil et l’éteignit avec autorité.

Elle lui tendit son repas et lui annonça que la jeune fille qu’elle venait d’autopsier n’était pas morte étouffée par un ectoplasme (oui, c’était sa dernière trouvaille …) mais plutôt noyée dans son vomi et son litre de margharita. Il eut à peine l’air déçu, son esprit était déjà tendu vers une autre affaire. < Non, pas juste une affaire, se dit-elle désabusée, … un autre exutoire, un autre prétexte, une autre façon de botter en touche…> : de nouveaux crop circles, dessins géométriques « venus d’ailleurs » dans des champs anglais…
Elle engouffra sa salade, dépitée. Tout plutôt que de le regarder et de l’entendre débiter une énième théorie fumeuse impliquant extra-terrestre, ectoplasme, monstre génétique ou toute autre idiotie non scientifique. Elle était de mauvais poil, et c’était de sa faute ! Et en plus, il lui avait déjà pris un billet d’avion comme si elle allait de toute façon continuer ainsi et, de surcroît, sacrifier son week-end !

Grâce à cette aventure, ils avaient avancé enfin dans leur relation, leur vie était sur le point de se transformer… < Mais si ça continue, pensa-t-elle, nous allons rater le côche… et tout gâcher… Ce n’est pas possible ! On ne peut pas être aussi inapte au bonheur !>

- Je ne pars pas, déclara-t-elle avec un air buté à Mulder.

< Le cours des choses va devoir changer…>


CHAPITRE 15






Appartement de Fox Mulder. Trois jours plus tard…

- J’avoue que j’ai du mal à le croire. Je pars à peine deux jours et toute ta vie a changé !
- Mais non ! Je n’ai jamais dis que tout avait changé !
- Tu as dis que tu avais parlé à Dieu dans un temple bouddhiste et qu’il t’avait répondu, c’est ça ?
- J’ai jamais dis que « Dieu » m’avait répondu, j’ai juste dis que j’avais eu… une sorte de vision…
- Pour que toi, tu dises ça…, ironisa-t-il.

Elle hocha la tête en silence, plongée dans ses pensées.
Daniel Waterston ! Si elle avait pu imaginer qu’elle le reverrait un jour… et dans des circonstances si particulières…
Il était le visage d’une direction qu’elle n’avait pas prise. « Que veux-tu ? », lui avait-il demandé doucement allongé sur son lit d’hôpital. Il lui serrait la main avec émotion. « Je veux ce à quoi je devrais avoir droit », lui avait-elle répondu. A une époque, Daniel représentait ce bonheur auquel elle aspirait… Lui… Des enfants… Une carrière de médecin… Une vie chaleureuse et familiale… Une vie aux normes de son père… quoique…
Un homme divorcé, ça faisait un peu désordre !

Mulder se pencha légèrement vers elle l’air curieux.

- Qu’est-ce qu’il y a ?

Elle le regarda. Aujourd’hui, sa vision du bonheur avait sensiblement évoluée…
< C’est la vie avec toi que je veux. C’est l’amour avec toi… Et s’il le faut, je ferais le premier pas…>
- J’ai failli décider de faire ma vie avec cet homme autrefois… Tu te rends compte ? Tout ce que j’aurais manqué…
< Tout ce qu’on peut manquer en faisant les mauvais choix ! >
- Tu ne le sauras jamais. Combien de vies, combien d’existences différentes on aurait mené en faisant des choix différents ? Nul ne le sait !
- Et si on ne pouvait choisir qu’une seule voie ? murmura-t-elle comme pour elle-même… Si toutes les autres étaient fausses ? Et s’il y avait des signes le long de la route pour attirer notre attention ?…

Il l’écoutait avec attention, et commença à lui répondre. Sa voix était si douce, si chaude. Elle était bien !…Vraiment bien…
Mettre de côté juste une seconde ses exigences. Ca viendra… Et profiter de la magie de l’instant, bercée par les paroles de l’homme assis à ses côtés…
Elle s’endormait, et sa tête roula lentement sur l’épaule de Mulder qui continuait.

- …Dans ce cas, tous les choix conduiraient alors à ce moment ! Une fausse direction et … on ne serait pas assis là l’un à côté de l’autre …

Il sentit un léger poids porter sur son bras gauche et se tourna vers elle.

Elle s’était assoupie. Ses traits étaient parfaitement détendus, sa bouche, légèrement entrouverte. Une fine mèche tombait sur son front. Délicatement, il la saisit et la glissa derrière son oreille non sans la dévorer des yeux. Qu’elle était belle ainsi abandonnée ! De près, il distinguait les discrètes cicatrices sur sa tempe, vestiges de son calvaire sur l’île Saint-Joseph. Fasse que tout cela ne se reproduise plus jamais, pensa-t-il. Et il tira avec mille précautions la couverture sur le corps apaisé de la miraculée.


****************


« Fox ? »

Scully apparut sur le seuil de la chambre.
Elle continua de s’avancer à pas lents vers le lit tandis que Mulder posait sa revue et se redressait. Il demanda gentiment :
- Reposée ?
Debout près de lui, elle lui tendit une main. Sans comprendre, il lui donna la sienne. Elle le releva. Il était maintenant face à elle, très près… Assez pour entendre son souffle court. Elle baissa les yeux, comme prise par une violente émotion, et, par réflexe, il leva sa main vers sa joue et déposa une imperceptible caresse.
- Mulder… Je ne veux pas continuer comme ça, déclara-t-elle la voix rauque.
Mulder sentit son cœur bondir dans sa poitrine. Il ressentit soudain une peur atroce : la perdre… La perdre encore une fois ! Et là, il ne le supporterait pas.
- Je ne veux plus faire semblant, continua-t-elle dans un murmure.…Je ne veux plus en rire. Je ne veux plus me contenter du moins quand je veux le plus…
- Scully…
- Je t’en prie, ne m’interrompt pas ! C’est… c’est pas facile.
Elle en tremblait. Il aurait voulu la prendre dans ses bras, mais il sentait qu’il n’en avait pas vraiment le droit... Alors il serra sa main frêle de toutes ses forces.
- La vie est trop courte… Et j’ai besoin de me sentir vivante ! Tu comprends ?…

Son regard se leva vers Fox comme une prière. Il ne savait quoi répondre. Il était perdu. Que voulait-elle ? Partir ? Protéger sa vie ? Il l’avait déçue ces derniers jours… Il s’en doutait, mais il ne savait pas comment s’y prendre. Comment changer l’attitude qu’il avait eue avec elle pendant 7 ans si soudainement, comme un claquement de doigt ? Ca lui semblait si simple, si évident en Italie ou en Guyane ! Mais revenu à Washington, il avait retrouvé sa vie d’avant et avec, sa routine, ses vieilles habitudes, et ses carapaces aussi… Il voulut articuler quelque chose, mais les mots ne sortaient pas. Il se tût…

< Pourquoi ne dit-il rien ? ! … Aides- moi ! Fox ! Je ne sais pas me déclarer… C’était tellement plus simple de laisser les autres faire !…>

Et il vit avec désespoir le visage de Dana se décomposer face à son silence. Elle attendait quelque chose de lui et il ne savait pas quoi. Il eut l’intuition qu’elle regrettait déjà ses mots. Elle lâcha sa main et s’écarta soudainement, le regard douloureux. Elle commençait déjà à s’éloigner de lui…
- Scully, supplia-t-il en faisant un pas vers elle…
Elle recula en secouant la tête d’un air désolé.
- Dana…
Sa voix était si douce. Il s’approcha… Elle voulut s’éloigner, son regard le fuyait. Mais il la saisit par le bras, s’approcha encore et du bout des doigts, effleura son menton pour l’obliger à relever la tête. Il plongea ses yeux dans le regard bleu et brûlant de Dana.
Elle ne pouvait plus s’en détacher, respirant à peine, hypnotisée par les yeux noirs de braise de Mulder.
- Ne pars pas, Dana !
- …
- Ne pars pas !
Bouleversée, elle se tendit vers lui, rivée à son regard. Il eut l’impression de se noyer quand elle prit son visage entre ses mains et approcha ses lèvres tremblantes de sa bouche.
- Je n’en ai jamais eu l’intention…
Il s’approcha à son tour, la respiration coupée, les tempes bourdonnantes…
- Fox ! J’ai besoin de toi… lâcha-t-elle dans un souffle.
- < Dana !>
- … J’ai envie de toi ! dit-elle encore plus bas, les paupières mi-closes.


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Message  noisette Dim 10 Mai 2009 - 20:08



…Et soudain leurs bouches avides s’entrechoquèrent, sans douceur, avec une violence incroyable comme jaillit l’eau d’un barrage. Leurs lèvres se cherchèrent et se trouvèrent dans un tourbillon de sensations, enveloppantes, mordantes, glissantes. Ils s’embrassaient avec la rage des fous, assoiffés d’amour, incapables de maîtriser le débordement de l’énergie vitale de leurs corps, celle qui montait du ventre et s’amplifiait, s’amplifiait… comme remonte la sève du volcan !
Il l’étreignit à la broyer, haletant, laissant sortir le flot sauvage de ses émotions, esclave de la moindre parcelle de son désir et voulant déjà être en elle, là, à l’instant, à la seconde. Sans elle, il manquait d’air. Elle répondait avec fougue à son baiser pressant, à son corps insistant, avec le même sentiment d’urgence.
Spoiler:


****************


- J’espère que tu ne juges pas la qualité d’un rapport sexuel à sa durée, déclara Fox en grimaçant.

Malgré elle, elle éclata de rire !

- Non, le plus important pour moi, c’est la douceur…

Elle le regarda, sourire en coin. Il leva les yeux au ciel et tous deux pouffèrent comme deux mômes. Ils mirent quelques secondes à se calmer.
Elle s’allongea doucement sur lui et lui caressa le visage.

- Je n’aurais pas voulu que ça se passe autrement… Et elle l’embrassa voluptueusement.
- Je t’aime, Dana… Comme un fou ! Pardonne-moi… Je suis parfois si con !
- Chut… murmura-t-elle en posant sensuellement un doigt sur ses lèvres. Ne dis rien de plus…
- A tes ordres ! Il attrapa le doigt et le lécha doucement avec un regard malicieux. Elle ferma les yeux un instant et frissonna.
- Je t’aime, Fox…

Elle l’étreignit de toutes ses forces et murmura à son oreille.

- … et je vais te le prouver !

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Message  noisette Lun 11 Mai 2009 - 20:07

CHAPITRE 16






Prélude d’ « All Things »

< Le temps est composé d’instants, d’instants qui, se précipitant vers le passé, tracent le chemin de la Vie aussi sûrement qu’ils conduisent jusqu’à sa fin. Il est bien rare qu’on s’arrête pour examiner ce chemin et chercher les raisons pour lesquelles les choses arrivent. Il est rare qu’on se demande si l’on a vraiment choisi le chemin que l’on suit ou bien si on l’a pris par hasard les yeux fermés.
Mais imaginons qu’on puisse s’arrêter pour faire l’inventaire de chaque instant précieux avant qu’il ne soit passé. Pourrait-on voir alors les innombrables choix qui ont donné forme à notre vie ? Et, voyant tous ces choix, pourrait-on prendre un autre chemin ? >



****************


L’horloge numérique indiquait 5h32 et dehors, on commençait à entendre quelques oiseaux qui se réveillaient avec le petit matin.
Dana ne dormait pas. Elle s’était écroulée de fatigue après les ébats intenses de la veille, mais la profusion de sensations et toutes les pensées qui se bousculaient dans sa tête l’avaient vite sortie du sommeil. Elle était encore enlacée à Fox, bouleversée à nouveau par le contact si intime de leurs deux chairs. Respirant à peine, elle resta longtemps immobile à suspendre son souffle à celui, régulier et profond, de cet homme, cet ami, qui cette nuit était devenu son amant… Son amant… Elle s’écarta doucement. Elle voulait le regarder. Avec une immense émotion, ses yeux se posèrent sur le visage abandonné de Mulder. Sous ses cheveux en bataille, ses traits étaient libérés de toute tension et ses lèvres légèrement entrouvertes affichaient un sourire serein. Elle ne pouvait se détacher de sa mèche brune, de ses sourcils épais, de sa bouche charnue et de sa peau rendue rugueuse par le début de barbe matinal. Un rayon de lune éclairait la chambre et le corps nu de son propriétaire. Le regard de Scully descendit vers la peau blanche du ventre endormi. D’une main tremblante, elle suivit sans toucher la courbe des formes de son homme. Sous ses doigts, elle sentait l’effleurement des poils de son torse et se calquait, le souffle court, sur le discret soulèvement de sa poitrine. Elle sentait le cœur de Fox palpiter doucement, et le sien battre la chamade comme la grosse caisse d’un orchestre qui s’affole. Elle devait se calmer !
Spoiler:


****************


Cimetière de Washington. 4 heures plus tard.

Le cimetière était plein du soleil matinal. Le gazon humide chatouillait les orteils de Dana en y déposant de fraîches gouttelettes de rosée et la lumière claire et généreuse s’offrait comme un cadeau aux lève-tôt de Washington.

Scully s’assit doucement et caressa avec tendresse la pierre tombale :

« MELISSA SCULLY
A notre sœur et fille bien-aimée
1962 - 1995 »


« Je crois que j’ai compris, tu sais… », murmura-t-elle.

Un souffle de vent lui susurra un petit rire au creux de l’oreille.

« … Tu es toujours restée avec moi »

< Oui, Dana… >

« … Et avec la complicité de « Tu sais qui », Gillian a été ta messagère… »

< « Tu sais qui », petite sœur ! Tu peux le nommer, ce n’est pas Voldemort ! >

Des oiseaux pépièrent de joie. Et Dana ne put empêcher son sourire de s’élargir.

« Dieu… »

< Et oui ! Dieu est un chouette type, tu sais… Et marrant en plus : un vrai petit poucet à semer des signes partout pour baliser ton chemin ! >

« Piedro Castello ?… »

< Bien sûr ! Et Jenkins … Et les voix qui ont attiré David et Gillian vers vous dans les souterrains… Et l’enveloppe avec les radios de Daniel…Il fallait te montrer le chemin.
Au fait, je lui ai aussi soufflé deux, trois conseils à propos de ta vie sentimentale ! >


Cette fois, Scully partit dans un grand éclat de rire. Elle n’était pas seule. Jamais. Et cet endroit était peuplé d’âmes qui la regardaient avec chaleur et bienveillance.

« A propos de Mulder… on est amants… ». Elle eut un tressaillement de bonheur et de fierté à ces mots.

< Vous êtes beaux. C’est votre amour qui vous fera survivre…> souffla l’âme de Mélissa nouée d’émotion.

« Je vais l’aimer, Missy… Et j’irai au bout du chemin avec lui ! »

Un rayon de soleil brûlant dilata sa pupille et la saisit comme une marée éclatante éclaboussant chaque pore de sa peau.
Elle frissonna de plaisir et son cœur, submergé, implosa et la réveilla définitivement à la vie...

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Message  noisette Lun 11 Mai 2009 - 20:08

CHAPITRE 17






PREMIERE DIMENSION
Los Angeles. Studios de la FOX. Jeudi 2 novembre 2000. 19h15.


Gillian et David marchaient dans le sous bois proche des studios. La scène qui se préparait n’allait pas être facile et chacun des deux comédiens avait une perception bien personnelle de ce qui se passait dans la tête des agents du FBI.

- Je crois que les retrouvailles doivent être très tendres, émues, mais pas trop… euh… charnelles. Je veux dire… il faut leur laisser le temps de se retrouver dans cette relation d’amour qui, pendant si longtemps, n’a pas eu besoin de s’exprimer directement par la rencontre des corps…
- La rencontre des corps ! C’est beau…
- Tu n’es pas d’accord ?
- En tant qu’homme et dans l’intérêt de la santé mentale et sexuelle de Mulder, je crois qu’il faut… QU’IL BAISE !
- Amis de la poésie…
- Ecoute Gil, dit-il dans un petit rire, on parle bien de faire l’amour. Ce que je veux dire, c’est qu’il n’y a pas à exclure ni le désir, ni l’animalité dans leur relation, toute pure et tendre soit-elle…
- On ne s’est pas compris, Doudou…
- Ne m’appelle pas comme ça.
- David ! Il me semble juste que c’est trop tôt…
- C’est un gag ? !
- … trop tôt pour remettre le couvert ! Ce sont des gestes de soulagement, de tendresse qui vont jaillir à ce moment, pas des promesses sexuelles… Mulder est épuisé par les expériences qu’il a subies. Quant à elle, elle est surtout soulagée et c’est un euphémisme, de le retrouver. Ils ne cherchent pas, LÀ, à se mettre le machin dans le truc, tu vois ? !
- Je te croyais plus douée en anatomie !
- C’est toi le docteur ès Porno !

Ils entendirent comme un éclair au lointain…

- Il va falloir rentrer. J’ai l’impression qu’un orage se prépare…
- Soit. Rentrons.

Ils se turent quelques instants, mais Duchovny reprit la parole.

- Tu as peur de cette scène, pas vrai ?
- Elle mérite d’être réussie, pour les gens qui l’espèrent, pour Mulder et Scully.
- … mais tu n’es pas à l’aise !
- Toi, tu l’es ? !
- Tu rigoles, c’est un vieux fantasme que je vais enfin réaliser !
- Fantasme, fantasme, grommela-t-elle, je vais te faire passer l’envie des fantasmes…
- Qu’est-ce que tu veux dire par là, demanda David, sans savoir si c’était du lard ou du cochon
- Rien, rien. Tu le sauras bien assez vite de toute façon !

Il la regarda de travers. Qu’est-ce qu’elle pouvait bien mijoter encore ? !



CHAPITRE 18






PREMIERE DIMENSION
Washington. Bureau du Directeur Adjoint CLARK. Jeudi 2 novembre 2000. Quelques heures avant.


Clark travaillait au FBI depuis plus de 30 ans. Il ne comptait plus les coups tordus que sa fonction l’avait contraint à orchestrer. Mais en regardant l’homme assis face à lui en ce début d’après-midi, il se disait qu’il vivait vraiment dans un monde surréaliste.
De Buye était officiellement évêque délégué du Vatican. Officieusement, en réalité, il faisait partie des membres les plus actifs de l’Opus Déi, cette organisation qui ne manquait jamais une occasion de pénétrer les sphères des hauts pouvoirs politiques et économiques et d’orienter les décisions importantes de ce monde. Face à Clark, athée convaincu, il discourait depuis près d’une demi-heure.

- Il faut faire cesser cette série. Cet épisode « OPUS DEI » peut nous faire beaucoup de torts, Clark, vous le savez. Nous avons passé beaucoup de temps et d’énergie à nous faire oublier du grand public, ce n’est pas pour qu’une petite série minable jette le doute quant à nos liens avec les puissants de ce monde, surtout dans un tel moment. D’ailleurs, ajouta-t-il sournoisement, vos services eux-mêmes n’apprécient que modérément d’être ainsi présentés comme les nouveaux hommes en noir comme au bon vieux temps de Nixon ou de ce salaud de Hoover… même si vos activités actuelles feraient passer ces deux ordures pour des enfants de chœur, ricana-t-il.
- Est-ce qu’un prêtre me suggérerait le recours à la violence pour sauver ses intérêts, rétorqua Clark, l’œil mauvais. L’incendie et le vol, c’était déjà limite… Je ne trouve pas opportun d’aller plus loin au risque de nous faire démasquer.
- Cher ami, il s’agit ici des intérêts de notre société.
- Une simple série télévisée ne changera pas la face du monde.
- Cette série met le doigt sur des problèmes sensibles.
- Ah oui ! Roswell ! … Les extra-terrestres ! Et tout le tra-la-la !
- Vous êtes hautement comique, Clark ! Ce n’est pas de cela dont je vous parle. Et vous le savez ! Ils discréditent déjà votre gouvernement avec un certain succès depuis quelques années. Nous ne voulons pas payer le même tribut à « l’art populaire ». Ils pourraient réveiller des esprits critiques. Or, ni vous, ni moi, ni ceux que nous représentons n’avons d’avantages à développer un véritable esprit critique ou une remise en question des fondements de notre civilisation.
- Notre civilisation tourne mal, de Buye. Un peu d’esprit critique lui ferait le plus grand bien si vous voulez mon avis ! provoqua le grand noir.
- Ne soyez pas stupide ! Une vraie remise en question de nos valeurs …
- Les valeurs des puissants, de Buye. Juste les valeurs des puissants…
- Peu importe ! C’est nous, les puissants, qui contrôlons le monde et l’espèce humaine est, je le crains, un peu trop limitée pour gérer avec justesse les déstabilisations. Nous faisons les bons choix à leur place, c’est parfait ainsi ! S’ils le savaient, ils ne trouveraient rien de mieux que de crier une fois encore à la théorie du complot…
- Et ils auraient raison ! Vous avez un problème avec la démocratie, de Buye.
- Les grands mots tout de suite, ricana l’évêque. Vous savez mieux que moi combien nos décisions doivent rester secrètes. Tant que les gens ignorent qu’ils sont manipulés, ils ronronnent, prient, produisent et guerroient pour ce qu’ils croient être la « démocratie ». Votre nation grandit, se prend pour la nouvelle terre promise, et en exportant notre modèle de civilisation sur tous les continents grâce à vous, nous allons enrayer la progression musulmane. Si l’opinion publique se rend compte que nous décidons pour eux, ce sera la guerre civile, et la porte ouverte à des crises de panique, de violence avec ce que cela peut créer d’obligation à réprimer ces mouvements de foule.
Nous devons agir avec fermeté face à cela, sinon cela nous emporterait, nous ainsi que la stabilité que nous offrons au monde. Il faut donner aux faibles quelqu’un qui les rassure, quelqu’un qu’ils peuvent servir et en qui ils croiront. Un « vrai » Dieu à prier et craindre et un « homme-Dieu », puissant et prêt à se battre pour étendre notre religion et nos valeurs. Nous sommes prêts à rendre ce service aux hommes… Croyez-moi, Clark, laissez nous faire, et dormez tranquille !
- L’amour de votre prochain est-il compatible avec le fait de prendre les gens pour des cons ! ?
- L’appartenance au FBI est-elle compatible avec le fait de jouer l’angélisme, riposta calmement De Buye. Nous allons changer la face de l’Amérique et du monde et cette série de merde ne nous mettra pas le plus petit bâton dans les roues.

Le prêtre se pencha par-dessus le bureau de manière menaçante.

- Compris ?
Clark ressentit une sourde inquiétude naître au fond de lui. Ce type n’était pas qu’un guignol parano. Il était aussi dangereux.

- Qu’allez-vous faire pour changer le monde, interrogea-t-il époussetant une poussière imaginaire sur le bas de son costume.
- Rien qui ne soit parfaitement démocratique aux yeux de tous. De Buye afficha un sourire machiavélique. Croyez-moi, nos intérêts sont communs dans cette affaire… Et puis, la violence est l’arme des médiocres, je préfère la ruse…

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Message  noisette Lun 11 Mai 2009 - 20:10

CHAPITRE 19






PREMIERE DIMENSION
Studios de la FOX. Vendredi 3 novembre 2000. 21h00.


Chris avait tranché. Toujours aussi parano, il avait refusé de dévoiler la scène jusqu’au dernier moment. Et en fin de journée, il avait été trouver David et Gillian et leur avait remis un double feuillet. Ils avaient dû le lire sur place, l’apprendre par cœur et rendre les documents au grand chef.
Carter venait de les brûler sous leurs yeux.

- Ce sont les seuls exemplaires qui existent, commenta-t-il. Tout est dans votre tête maintenant.
- Tu es sur de vouloir faire la scène comme ça ? demanda Gil. On devrait peut-être davantage prendre en compte leur traumatisme…
- Je crois qu’ils ont besoin d’exploser les codes qu’ils ont mis en place depuis 7 ans… et nous n’aurons plus jamais une telle occasion de les pousser à un comportement aussi primaire.
- Ils se sont terriblement manqués, et il n’y a plus que les corps qui puissent apaiser ce manque, analysa Duchovny.
- Mais il faudra qu’ils se parlent vraiment, Chris. Je ne conteste pas le besoin de se retrouver par les corps, et pourquoi pas de faire l’amour. Mais il faut aussi de la tendresse…, insista la comédienne.
- Gil, as-tu déjà été de longs mois sans l’homme que tu aimes à tes côtés ?
- Tu sais bien que oui.
- As-tu déjà été morte de trouille qu’il ne revienne jamais ? Tu sais, l’accident de voiture à la con, et tout est terminé en une seconde ?

Elle se tut. Depuis toute petite, elle avait toujours eu une imagination débordante. Au risque de devenir une grande « psychoteuse », comme disait sa mère, et de pouvoir se rendre vraiment malade en imaginant souvent le pire.

- Gillian, reprit gentiment Carter. Quand ton homme pour qui tu tremble revient, tu fais quoi ? Tu lui dis des mots d’amour, tu lui mijote un petit plat, et tu lui fais des massages pendant trois heures ?… Ou autre chose… ?

Elle le regarda, interloquée, ouvrit la bouche… et finalement se tût.

- Je crois que j’ai compris, murmura-t-elle.
- Alors, tu fais quoi ? Chris insista. Il était aux anges.
- Ca va, je te dis ! J’ai compris !
- Gil, fais-moi plaisir ! Dis-moi ce que tu fais !
- Je lui fais l’amour de tout mon cœur et de tout mon corps jusqu’à ce que je crève de fatigue et de bonheur ! Ca te va ? !
- Alors joue-le comme ça, ma belle ! Et vous causerez après !


****************


Studios de la FOX. Samedi 4 novembre 2000. 20h00.

Depuis une heure, on ressentait une inhabituelle fébrilité sur le plateau. L’équipe, essentiellement masculine, s’affairait avec autant d’efficacité qu’à l’ordinaire mais avec une sensible excitation supplémentaire. Cela n’avait pas échappé à l’œil exercé d’Amy et Kate, maquilleuse et coiffeuse, qui singeaient avec bonne humeur les réactions très « testostéroneuses » de leurs collègues.
David déboula, suivi de son assistante, et traversa la chambre reconstituée de Scully. Quelques rires retentirent suivis de francs sifflets et applaudissements quand il tomba son peignoir pour découvrir un caleçon fantaisie qui identifiait son possesseur comme étant « le coup du siècle ». Il parada quelques secondes, esquissa trois pas de danse qui se voulaient sexy, roula des yeux quand Kate cria « A poil l’artiste ! » et finalement, s’affaissa sur le lit et déclara, sérieux comme un pape :
« Qu’on m’amène la femme ! ».
Les ovations fusèrent et quelques « Gillian ! » jaillirent du brouhaha pour finalement se calmer.
Très satisfait de son petit effet, Duchovny se glissa sous les draps. Il adorait attirer l’attention sur lui, mais il était trop intelligent pour ne pas comprendre que ses fanfaronnades servaient surtout à dissimuler son trouble.
Tourner une scène d’amour avec son fantasme inaccessible, c’était à la fois une perspective exaltante et un peu inquiétante.
Inquiétante parce que c’était Gil, qu’elle était très séduisante et qu’il n’était pas sûr du tout de bien réussir à « se maîtriser »… Il aurait du mal à jouer ensuite les blasés avec elle s’il se mettait à bander alors qu’il était supposé faire semblant…
Inquiétante aussi, parce que ce qui serait essentiellement filmé relevait des préliminaires. Et que le comédien savait que ce n’était pas là son point fort. Pour le reste, il était plutôt fier de ses performances mais il redoutait de passer à ce moment pour un adolescent maladroit. Il fallait convaincre tout le monde et surtout son amie que, non, il ne baisait pas comme un lapin !


****************


Dans sa caravane, Gillian se concentrait. Cette scène allait être difficile.
La nudité ne lui posait pas de problème majeur mais bon… une vingtaine de gars tout émoustillés pour assister au spectacle, c’était tout de même beaucoup ! De surcroît, sans être particulièrement complexée, elle connaissait ses petites imperfections physiques. Rien de grave, bien sûr : un charmant petit bide, un peu de cellulite sur les cuisses (suites de sa grossesse) et quelques cicatrices pas précisement esthétiques… Cela ne posait aucun problème face à un homme amoureux, mais devant des yeux plus scrutateurs, ça la mettait un peu mal à l’aise.
< Oublie l’image de ton corps !> s’ordonna-t-elle pour se ressaisir.
Et puis il y avait David… David qui, à défaut de la rassurer sur ses sentiments amicaux, n’avait jamais vraiment réussi à dissimuler une certaine attirance. Et s’il se mettait à bander ? !
Elle sourit, puis esquissa une grimace à l’attention de son reflet dans la glace.
< Bah, c’est humain, après tout… Pourquoi faire une histoire de si peu de choses ! Si ça se trouve, moi aussi je… Oh mon Dieu ! J’espère qu’il le sentira pas !>
Une idée lui traversa l’esprit et elle rit toute seule : pour une fois, ça l’arrangeait qu’hommes et femmes ne soient pas tout à fait égaux devant l’extériorisation du désir… !
Mais en elle-même, elle ne put s’empêcher de se dire que cela aurait été beaucoup plus simple avec n’importe qui d’autre…


****************


Quelqu’un imita une trompette sur un air de marche nuptiale et tout le monde se tourna vers l’entrée. Curieusement, là, l’équipe se tût.

Et Gil apparut… Elle aussi était en peignoir. D’un bleu nuit profond, il faisait ressortir la flamboyante chevelure rousse, un peu ébouriffée pour la scène. Ses grands yeux clairs brillaient de cet éclat qui la rendait tellement irrésistible : une sensuelle malice. Le genre de regard qui promet tout le bonheur du monde sous la couette…
Mais, il n’eut pas été dans sa nature d’apparaître en demi-déesse…
Je ne suis pas parfaite, se disait-elle, et il n’est pas question de s’embarrasser de cette pesante et ennuyeuse perfection. Rien à faire : la perfection, c’est un mensonge intenable, et c’est franchement pas rigolo…
Elle ne se sentait vraiment pas menacée d’ailleurs, mais par moment, il lui semblait opportun de remettre les pendules à l’heure : elle ne participerait pas à l’honteuse manipulation : celle de ces mythes éphémères, femmes superbes et hommes magnifiques, tous d’une emmerdante et définitive perfection, et qui, de fait, ne représentaient ni plus ni moins que la source originelle de l’éternel complexe de cette civilisation. C’était donc pour elle une nécessité vitale, pour ne pas dire, une nécessité philanthropique, de s’appliquer consciencieusement à dynamiter les clichés !
Aussi, lorsque les membres de l’équipe, bêtement éblouis, eurent la bonne idée d’abaisser leurs regards, ils découvrirent abasourdis une charmante paire de chaussettes bariolées jaune, rouge et vert du plus bel effet ! C’est Kate la première qui fut prise d’un fou-rire incontrôlable devant le coupe-fantasmes, rapidement suivie par le reste de la troupe trop heureuse de relâcher ainsi la pression.
L’hilarité redoubla devant la tête de Duchovny, un peu plus lent à réagir parce que plus éloigné : Son visage s’éclaira, et soudainement son sourire se déforma en grimace de perplexité puis de consternation : elle avait saboté son fantasme !
Il s’écria avec une voix désespérée :

- Dis-moi que tu ne vas pas garder ça pour la scène ! Je t’en prie, Gil !
- Bien sur que si ! C’est mes chaussettes porte-bonheur. Je ne m’en sépare pas !
- T’es complètement barge ! T’as l’air de quoi avec ça ? J’ai pas envie de baiser avec Bobonne, moi !
- Tu sais ce qu’elle te dit, Bobonne ?! Méfie-toi ! Elle pourrait bien partir avec le facteur et te laisser nettoyer tes slips tout seul… Pauvre con !
- Boudin !
- Maquereau !

Les rires se calmèrent lorsque Gil se glissa à son tour sous les draps. Et le silence se fit. Les choses devenaient sérieuses. Depuis le temps qu’on attendait ce moment…
Elle sourit à David puis se délesta sous le tissu de son peignoir, et après une petite hésitation, de ses « porte-bonheur »… Le soulagement put se lire sur les traits de son compagnon. Ce petit intermède avait fait long feu, et maintenant, il fallait affronter la situation.
Encore un instant, et Gillian se tourna gravement vers Duchovny. Tous deux se dévisagèrent quelques courtes secondes… Concentrés… Un peu tendus…

Ils se placèrent. Ils avaient l’impression de connaître la position au millimètre près tant ils l’avaient répétée dans leurs têtes… mais avec « l’autre », c’était plus compliqué.
Elle était tournée sur le côté, vers lui. Elle fit glisser le drap le long de l’épaule puis du bras de son partenaire jusqu’à découvrir légèrement la hanche. Sa main s’arrêta au creux du rein, épousant la forme du corps musclé de David. Il la laissa faire avec un regard sérieux, et à son tour, saisit délicatement la toile qui dissimulait les formes de Gillian. Il l’écarta, révélant d’abord la naissance de sa poitrine, puis doucement deux petits seins pâles et il relâcha le tissu au niveau des courbes de la taille de la jeune femme. Se rapprochant avec précaution, il fit passer sa main gauche dans les cheveux roux et soutint la tête de sa partenaire qui s’y abandonna en fermant les yeux. Il plaça sa paume droite sur le ventre blanc et lui offrit une timide caresse, presque imperceptible.

- Ca va ? chuchota-t-il avec une sollicitude très inhabituelle chez lui.
- Je suis prête. Et toi ?
- Aussi.

- Les enfants, on peut y aller ? demanda Carter l’œil rivé à sa caméra.
- C’est bon, répondirent-ils en cœur, sans bouger d’un millimètre pour autant.
- OK ! X-Files. 8-13. Scène 56. Première. Ca tourne !

****************

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Message  noisette Mar 12 Mai 2009 - 20:22

****************


Dans sa large main, il saisit soudainement les poignets de Gillian, les rassembla au-dessus de sa tête, et la fit rouler sur le côté en l’enlaçant de son autre bras. Allongé sur elle, le torse humide, il enfouit sa tête dans le cou très fin et se mit à le couvrir de baisers. Peut-être pour ne pas regarder sa partenaire droit dans les yeux… Qu’y lirait-il ? Le plaisir ?… Le reproche ?… Le dégoût ?
Il replongea de plus belle et mordilla gentiment la délicate oreille en bougeant légèrement son torse contre la poitrine, humide aussi… mais il faisait chaud, de Gilly…

****************


Le mouvement était prévu… et pourtant ! Elle avait surprit son regard quand il avait « pris le contrôle » en la renversant. Ses yeux sombres, remplis comme un ciel d’orage… Il jouait bien le désir ! Trop bien ! C’était très troublant…
David assurait son rôle. Il était parfait, tendre et impérieux. Il rendait à la perfection l’urgence des sentiments de Mulder et l’envie qu’il avait de Scully. Et c’était elle, Gillian, qui se laissait un peu trop transporter par ses propres sensations, alors qu’elle avait tellement voulu « maîtriser »…
Leurs sueurs qui se mélangeaient dans une moiteur sensuelle… Le poids, terriblement excitant, du corps du comédien tout contre le sien… Sa langue < Sa langue ! > qui effleurait son oreille avec une régularité de métronome et qui avait l’air de jouer avec ses nerfs…
Et ce mouvement, discret mais pressant de son ventre contre le sien, cette jambe qui caresse l’intérieur de ses cuisses…
< Je me reprends ou j’explose ! > s’ordonna Gil avec l’énergie du désespoir.
Elle fit passer ses mains derrière la nuque de Duchovny et l’obligea à redresser sa tête. Puis elle lui planta le regard le plus troublant qu’elle put puiser dans ses ressources et monta ses lèvres jusqu’à celles, charnues, de son partenaire. Avec douceur d’abord, et fougue ensuite, elle l’embrassa en pressant son corps contre lui…
- Mulder ! Viens ! Je t’en prie… murmura-t-elle le souffle court, entre deux baisers.
Elle avait voulu un ton impérieux, mais sa voix avait décidément du mal à sortir normalement. La honte !

****************


< Faites qu’elle ne se rende pas compte de mon trouble ! > pria David en se concentrant sur le titillement de l’oreille de Gil pour ne pas « s’oublier ».
Cette humidité le rendait fou. Son torse glissait contre la poitrine tellement désirable, et son genou sentait la moiteur des cuisses de sa partenaire. Ses mains, par instinct, ne demandaient qu’à caresser et pétrir de plus en plus ces chairs douces et satinées. Que c’était dur de les garder sagement au creux des reins ! Même la courbe de ses reins le bouleversait !
Retenant son souffle, il se plongea dans les yeux bleus nuit qui le foudroyaient de désir.
Gillian le sidérait. Elle maîtrisait, elle. Elle n’oubliait pas le scripte, elle ! Et son expression était magnifique : Scully était en face de lui, aussi déterminée dans l’amour qu’elle l’était en amitié. Aussi intense à faire l’amour, qu’elle l’était à se battre aux côtés de Mulder. Gillian ETAIT Scully.
La comédienne, qui ne semblait nullement décontenancée, approcha sa bouche… et prit ses lèvres avec une douceur voluptueuse et envoûtante…
< C’est fini, se dit Duchovny en lâchant tout l’air qu’il gardait et en répondant au merveilleux baiser. Je bande ! >
Et pour l’achever…, elle murmura avec une voix rauque à faire se damner un curé :
- Mulder ! Viens ! Je t’en prie…

****************


< Mon Dieu ! Il bande !>
Il ne pouvait pas y avoir de doutes. Ce corps dur effleurant l’intérieur de ses cuisses… et son propre désir à elle n’y résistant plus que par la vague sensation d’être observée… Son désir, au milieu du brouillard plein d’odeurs musquées et de mains ondulantes et caressantes, qui s’émancipe et qui vient lécher son entrejambes comme une mer brûlante… Son désir qui l’étreint, qui l’enlace… Son désir, mais comment parler de désir alors que chaque parcelle de sa peau s’approprie sa volonté et sa raison… Le désir devient prison dorée, et les mains liées, elle ne fait plus que répondre, mécaniquement, passionnément, aux stimulations sensorielles qui l’inondent. Et son baiser se fait profond, fou, haletant et merveilleusement sourd à tout et à tous…
< Que mon désir soit ma prison !… Je veux l’éternité ! Je veux les sommets… Et par-dessus tout, je te veux…>

- COUPEZ ! C’EST PARFAIT ! trancha la voix de Carter.

****************


< Qu’est-ce qui m’a pris ? ! Je suis folle. Quelle connerie j’ai failli faire. Un mec marié ! Un ami !>
< Qu’est-ce qui m’a pris ? ! Je suis fou. En plus, je suis marié ! Mais, putain qu’elle est belle !…>

****************


- Alors, Ducho, on fait plus le malin maintenant qu’on a une trique d’enfer.
Tom Braidwood, manifestement, se régalait de la situation.
David enfila son peignoir, le dos tourné à l’équipe, en adressant une simple grimace au petit homme. Ce fut Gil qui vint à son secours.
- T’es con, Tom ! La vérité, c’est que Monsieur est un gentleman… et l’autre vérité, c’est que je suis dégoûtée ! Elle adopta une moue écœurée et se tourna vers Duchovny. J’aurai pourtant juré que je pouvais te faire craquer...
Son partenaire eut du mal à dissimuler sa stupeur puis son soulagement. La comédienne lui adressa un clin d’œil.
- Désolé Gil. Un jour peut-être…

- Bon, les pros… Ca va ? Vous êtes remis ? Chris se dirigeait vers les deux acteurs l’air satisfait.
- Ca va…
- Elle était bonne, alors ? interrogea David.
- Mieux que ça ! Elle était exceptionnelle ! confirma le réalisateur avec enthousiasme. Vous êtes les cadors des « one shot » !
- Cool ! Alors… il n’y a pas besoin de… ? tenta Gillian.
Carter éclata de rire et se tourna vers son assistant.
- T’entends ça, Tommy ? Ca doit être mes cheveux blancs ! Elle croit encore au Père Noël !
Braidwood gloussa.
- Oh non, Chris ! S’il te plait, supplia Gil. C’est pas vraiment utile…
- Ben voyons ! Allez les rigolos, en place ! commanda le boss. Maintenant, on la double !



CHAPITRE 20






Il poussa la porte de la caravane et passa sa tête dans l’entrebâillement.
- Gillian ? Je peux … ?
- Vas-y. Rentre !
Il s’assit sur la banquette, face à elle. Il avait l’air extrêmement embarrassé. Et elle n’en menait pas large non plus. Devant son silence, elle commença :
- David… je…
- Merci ! l’interrompit-il.
- Quoi ?
- Merci pour tout à l’heure. Je ne savais pas comment m’en sortir… Merci de leur avoir menti.
Gil scruta son regard, un peu surprise.
- Il me semble que c’était la moindre des choses… Je n’étais pas en meilleure posture…
- Que veux-tu dire ? C’était au tour de Duchovny de s’étonner.
- Tu… Tu n’as rien remarqué ? !
- Euh… Il marqua une pause, désorienté. J’ai cru que tu jouais ton rôle en fait…
Il y eut un nouveau flottement.
- Je ne jouais pas mon rôle, David.
- …
- Je ne vais pas te mentir. Je n’ai pas plus maîtrisé que toi.
- …
- …
- Et ça nous mène où tout ça ? demanda-t-il.
- Qu’est-ce que tu en penses, toi ?
- Je ne pense pas. Ou, pour être exact, je redoute de ne penser qu’en dessous de la ceinture…
- Alors je crois que nous avons notre réponse.
- Qui est ?
- Ca nous mène nulle part.
- …
- Rien ne dure en dessous de la ceinture…
- Mmm. Il sourit. Je ne suis pas sûr que c’est ce que je voulais t’entendre dire.
- David, sérieusement, une aventure ? Entre nous ?… Ecoute plutôt ta raison et ton cœur, la réponse est évidente… déclara-t-elle d’une voix basse.
- Ma raison me dit que ce n’est pas une option…
- Voilà !
Il hésitait à poursuivre.
- Et… mon cœur me dit que… tu me plais… Tu me troubles. Elle sentit son rythme cardiaque s’accélérer
- Mais c’est juste le désir, n’est-ce pas ? murmura-t-elle.
- Je suis désolée Gil. Je ne suis pas vraiment amoureux, acquiesça-t-il doucement… Tu le sais, pas vrai ?
- Je le sais. Elle se redressa en haussant les épaules avec un petit sourire. Ne t’inquiètes pas. Et puis, y’a pas de problème, ajouta-t-elle d’un ton badin, c’est connu : tous les acteurs de série qui sont tombés amoureux sur un tournage ont bousillé leur série et leur relation !
- Y’en a pour qui ça a marché...
- Un exemple, je te prie ? !
- Glynis Barber et Michael Brandon…
- Qui c’est ça ? !
- Dempsey et Makepeace ! Mission casse-cou ? Ca ne te rappelle rien ?
- Si, vaguement…
Le silence gêné retomba.
- Ca pourrait n’être qu’une belle histoire de sexe, tenta Duchovny avec le sourire espiègle d’un petit garçon.

Elle releva les yeux vers lui, perplexe. Etait-ce une de ces tentatives pour détendre l’atmosphère ? ! Il se déplia et vint s’asseoir à son côté en lui adressant une œillade facétieuse. L’étincelle qui brillait dans son regard la rassura un peu quant à ses intentions.
Il se rapprocha, poursuivant sa fine manœuvre, et avec des gestes enjôleurs, il passa un bras autour de ses épaules et se mit à la serrer contre lui tout en se balançant lentement.
Elle prit un air de réprimande amusée, se dégagea et hocha négativement la tête.
- OK. Je suis pitoyable ! Je m’écrase ! abdiqua-t-il avec légèreté en s’affalant à l’arrière de la banquette.
Elle l’étudia quelques secondes, se laissant gagner par une tendresse nouvelle.
- Je ne veux pas prendre de risques…
- Tu as peur de succomber à mon sex-appeal ?
Il la taquinait. Elle lui répondit sur le même ton.
- On t’a déjà dit qu’il n’y a rien de plus tue-l’amour qu’un mec qui se vante ?
- Euh…
- … et si je succombais, ce serait sûrement plus une histoire d’hormones, ajouta-t-elle plus sérieusement, consciente que malgré tout elle n’avait pas été loin de craquer.
Il avait perdu son air flegmatique et la fixait maintenant avec intensité.
- Oui, les hormones… Je connais le problème. Ca doit être ça qui me travaille !
- Si tu le dis…
- … Alors Gil, poursuivit-il en la dévisageant, explique-moi une petite chose, s’il te plait. Un… détail, qui m’interpelle : Pourquoi est-ce toi qui perturbe tant mes hormones plutôt que n’importe laquelle de ces petites bimbos qui me tournent autour en permanence ? !
- Tu sais, moi… la chimie organique…
Il éclata de rire. Le regard brillant, il se pencha vers elle.
- Quelle chimie, Scully ? !
- Ca doit juste être une histoire de trucs en « one », genre mes phéromones qui titillent ta testostérone… Des trucs de scientifiques auxquels je pige rien, quoi !
- Je vois… En fait, c’est Parce que c’était toi, parce que c’était moi
- C’est ça ! A ceci près que Montaigne parlait d’amitié…
- Et nous, ce n’est pas exactement de l’amitié… N’est-ce pas ?
- …
< Qu’est-ce que c’est alors… si ce n’est ni de l’amour, ni de l’amitié… ? > pensa-t-elle avec amertume. Il reprit.

- Tu sais… je ne regrette pas ce qui s’est passé tout à l’heure. Je veux dire… après tout… même si on ne « consomme » pas, on peut quand même être vraiment… ému par le corps et les sensations qu’on ressent avec un autre. J’espère que je ne te choque pas, mais pour moi, c’était bien mieux que bien des fois où j’ai fait l’amour avec d’autres femmes.
- Pour moi aussi …
Il sourit. Elle poursuivit…
- … c’était bien mieux que bien des fois où j’ai fait l’amour avec des femmes ! ! !
- Idiote, pouffa David.
- Qu’est-ce qui te fait croire que je plaisante ? Une lueur malicieuse s’était allumée au fond de ses yeux.
- Si tu dis ça pour me dissuader, c’est raté ! Tu aggraves plutôt ton cas là, je vais fantasmer !
- Bonjour les clichés !

Il se redressa, avec cette curieuse sensation qu’on éprouve dans certains rêves : la sensation qu’on bascule dans le vide… qu’on tombe… longtemps… et qu’on rebondit dans une couche molle, à la fois très lourd et très léger. Un coup d’adrénaline et le rassurant et délicieux atterrissage…
Il se tourna vers elle. Gillian avait beau plaisanter, le voile de tristesse qui couvrait son regard n’échappa pas à Duchovny. Elle restait assise. Tête basse, elle triturait ses doigts fins.
Il s’agenouilla face à elle et lui pris les mains.
- Gil… Merci pour ce moment précieux comme une pierre rare. Je ne l’oublierai pas.
- Tu as d’autres pierres précieuses : une femme fantastique, une gamine adorable…
- C’est vrai : mes diamants… ceux que je « porte » en public. Nous, ce sera un peu le rubis planqué au coffre, juste pour moi.
Il embrassa doucement ses paumes, se releva et sortit en fermant lentement la porte.

- Seuls les diamants sont éternels, murmura-t-elle. Et elle pleura.

Puis elle téléphona à sa mère, qui gardait Piper.
Le flot de paroles rassurant de Rosemary et les histoires d’écoles de sa fille l’enveloppèrent dans une confortable couverture d’amour. Ce n’était qu’une égratignure. Et le rire en crécelle de sa petite lui racontant la bataille de frites lui mis le baume au cœur…


****************

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Rencontre du septième type - Page 2 Empty Re: Rencontre du septième type

Message  noisette Mar 12 Mai 2009 - 20:26

Le téléphone sonna.

- Gil ? C’est Jullian. Tu vas bien ?

Jullian était un ami anglais. Journaliste, il avait toujours répondu présent quand elle avait un coup de blues, mais présent aussi lorsqu’elle voulait se détendre ou s’amuser. Il était drôle, charmant, cultivé. Un sacré caractère mine de rien, mais il avait le bon goût de rester modeste. Gil avait un petit faible pour lui. Mais, elle n’était pas sûre que ce soit bien réciproque : Jullian restait très réservé, comme beaucoup de britanniques, lorsqu’il abordait ses sentiments.
- Ca va, Jul. Dis-moi : tu es où, là ?
Dans le combiné, elle entendit résonner son rire.
- Je ne suis pas très loin, Scully ! Tu veux qu’on se voit ?
- J’adorerai qu’on se voie. J’aurai bien besoin de tes lumières sur la psychologie en général et celle des comédiens en particulier !
- Tu te serais pas un peu disputé avec David, toi ?
- Pas vraiment…
- Dis-moi que vous n’avez pas…
La voix de Jullian s’était un peu brisée.
- C’est un peu compliqué…
- Ce n’est pas un homme pour toi.
- Pourquoi tu dis ça ?
- Je ne sais pas. Mais je trouve que vous n’allez pas ensemble.
- Peut être parce que c’est quelqu’un de bien. Je ne suis pas le genre de femme qui attire souvent les mecs bien. Il n’y a guère que Clyde comme exception.
- Les types qui passent à côté de toi sont aveugles.
- Je ne crois pas, Jul. Je ne suis pas quelqu’un de facile à suivre. Je me sape comme l’as de pique, je passe mon temps à dire des choses que personne ne comprend, je ne suis même pas particulièrement mignonne…
- Et tu n’es vraiment pas en forme !
Elle rit. Une fois de plus, il avait raison. Et il dédramatisait ses doutes. Jullian lui faisait du bien comme d’habitude.
- Désolé, c’est idiot de se lamenter comme ça. Oublie. On se fait un petit resto japonais ? Tu vas pouvoir lâcher tes élections ?
- OK pour le resto. Ca va me changer les idées. Je ne veux plus entendre les noms de Bush ou de Gore jusqu’à mardi, minuit ! Je passe te prendre dans une demi-heure au plateau ?
- Vendu ! On va passer une super soirée…
- Je n’en doute pas. Gil ?
- Oui ?
- Une petite chose : on s’en fout de tes fringues, de ta manière de dire les choses… Ce qui compte c’est ce que tu vaux à l’intérieur…
- …
- Et à l’intérieur, c’est un diamant brut… Crois-moi !
- Un diamant ?
Elle sourit.

- A tout à l’heure, Jul …
- A tout à l’heure, Gil …

Elle raccrocha et tendit l’oreille. A cette heure, tout le monde aurait du être sur le départ. L’équipe technique avait rapidement remballé le matériel, et pour fêter l’événement (une scène si attendue !) et conjurer le mauvais sort (l’incendie était encore dans toutes les mémoires et le plateau était encore imprégné de l’odeur significative de l’essence et du plastique brûlé), ils avaient décidé de partager un pot au Starbuck café non loin des studios. Gillian leur avait promis de passer un petit moment. Les agents d’entretien, eux, avaient terminé le ménage vingt minutes avant.
Et pourtant, elle percevait un bruit inhabituel du côté de la remorque de Duchovny, à droite de la sienne. Elle aurait pourtant juré qu’il avait filé dès la fin de leur discussion.
Elle aurait pu n’y prêter aucune attention, mais elle éprouvait une curieuse sensation : comme si quelqu’un avait posé un ralenti sur ce moment pour lui faire comprendre que quelque chose d’important allait se passer, qu’elle avait un devoir à accomplir… C’était très bizarre… Un peu inquiète, elle délaissa son peignoir et passa rapidement un jean et un col roulé vert émeraude. Elle ouvrit la porte de sa caravane.

Il y avait bien quelque chose derrière les fenêtres. Une faible lumière qui se mouvait à l’intérieur : certainement pas David. Sur la pointe des pieds, elle s’approcha de la loge. Elle distingua des chuchotements. Ils étaient au moins deux.
< Bordel ! jura-t-elle. Ca n’arrive qu’à moi ce genre de conneries… Tomber sur des cambrioleurs !>. Puis, soudain, elle fit la connexion dans sa tête : Le vol du scénario de l’épisode et surtout l’incendie de la semaine dernière ! Et maintenant, deux inconnus farfouillant dans les bâtiments… Ca faisait beaucoup pour de simples coïncidences. Elle était courageuse, mais pas téméraire. Tout ça devenait dangereux.
Elle se replia vers sa loge, attrapa son appareil photo réflexe avec lequel elle aimait immortaliser l’ambiance du tournage. <Je m’en vais te les immortaliser, ces salopards !>. Et elle se posta derrière sa vitre, toutes lampes éteintes. Puis elle saisit son portable et composa le numéro de poste de Jerry. C’était le responsable des gardiens de nuit. Un type adorable en dépit de sa stature de colosse. Et une oreille toujours attentive.

- Allô ?
- Salut Jerry, chuchota-t-elle.
- Gil ? C’est toi ? Tu peux parler plus fort ? Je t’entends mal…
- Peux pas, mon vieux… Je suis dans une méga-merde ! Il faut que t’appelle les flics…
- Quoi ?! hurla-t-il. Elle couvrit précipitamment l’écouteur de sa main.
- Chut ! Tu vas me faire repérer…
- Qu’est-ce que … ?
- Ecoute-moi ! Il y a deux mecs pas nets dans la caravane de Ducho. Je ne sais pas ce qu’ils font mais ça m’inspire pas confiance.
- Oh putain ! Avec l’incendie, ça devient carrément chaud... Bon sang ! Mais tu es où, toi ?
- Dans ma loge, mais…
- Gil ! Tu ne bouges pas et tu te planques. J’arrive !
- Et les flics ?
- … Pas sûr que ce soit la bonne idée. Je commence à mieux piger certaines choses…

Dehors, deux ombres se faufilèrent. Un court instant, elles passèrent devant le projecteur qui éclairait la cour des comédiens. Gillian se releva, arma promptement son déclencheur, zooma et pris trois photos en mode rafale. Et elle se plaqua à nouveau derrière la paroi, la gorge sèche, en proie à un profond malaise.

Elle aurait juré qu’elle les avait déjà rencontrés ! Un petit homme râblé, presque disproportionné tant il était musclé notamment du bas du corps. Et surtout, un grand blond tout aussi baraqué, coiffé en brosse et marqué par une impressionnante cicatrice qui lui barrait tout le visage.
Saisie d’une soudaine inspiration, elle appuya sur la touche bis de son téléphone.

- Jerry ?
- Ca va toujours ?
- Oui, oui… Ils partent. N’essaye surtout pas de les choper. Je t’expliquerai. Est-ce que tu as un moyen de savoir quel est leur véhicule ? Par les vidéos, par exemple ?
- Y’a des chances… J’ai trois caméras qui surveillent l’entrée et la rue. Mais je suis sûr qu’il y en a d’autres sur les studios d’à côté…
- Il faut choper un numéro d’immatriculation, ou au moins une description de leur voiture…
- Je vais m’en occuper, mais d’abord…

Il y eut trois coups frappés à la porte. Gillian sursauta.

La porte s’ouvrit sur Jerry.

- … d’abord, dis-moi que tu vas bien !



CHAPITRE 21





Malibu, Comté de Los Angeles. Appartement de David et Téa Duchovny. 23h30.

Téa avait ouvert simplement vêtue d’un peignoir en satin. A son expression, Gillian ne put s’empêcher de se demander s’ils n’avaient pas interrompu des effusions conjugales en les appelant un peu plus tôt…

- Salut Téa… Je suis vraiment désolée de t’imposer tout ce monde à cette heure, s’excusa-t-elle.
Téa qui était heureusement de bonne composition et qui ne faisait jamais la tête très longtemps, balaya ses excuses d’un geste et l’embrassa.
- Allez, c’est bon ! Tu me devras juste une autorisation de t’interrompre en plein coït une autre fois. Salut Jullian ! déclara-t-elle face à l’anglais, un peu interloqué.
Elle leur fit signe d’entrer et leur désigna les canapés confortables du salon.
- Qui d’autre doit se pointer ?
- Chris et Frank seulement. On va rester en petit comité pour l’instant. Et on briefera l’équipe lundi.
- C’est pas sur le tournage d’« Une fille à scandale » qu’il nous serait arrivé ce genre de chose, grimaça-t-elle. Bon, je vous laisse entre vous. Soyez sympa, ne faites pas de bruit. La puce a du mal à s’endormir en ce moment et je n’ai aucune envie de la bercer encore une heure !
- Promis. Tu peux rester, tu sais…
- Bof, moi, les conspirations… De toute façon, David me racontera tout après, ajouta-t-elle avec un regard perçant en direction de Gillian…

… qui soutint son regard et lui renvoya son plus charmant sourire. L’épouse de son partenaire, qui ne manquait pas d’humour mais pas de force de caractère non plus, ne ratait jamais une occasion de faire son petit numéro de maîtresse-femme. Gillian commençait à s’y faire. Après tout, c’était de bonne guerre. Et aujourd’hui plus que n’importe quel autre jour, elle ne pouvait que la comprendre.
Jullian toussa discrètement et passa son bras derrière Gil.
- Merci Téa. Je suis sûr qu’ils ne seront pas trop longs et qu’ils te rendront très vite ton mari. Un coït ne doit pas être interrompu trop longtemps, ajouta-t-il d’un air entendu.
Les deux femmes ne purent s’empêcher de rire devant le ton professoral de Jullian. Et Téa disparut croisant David qui arrivait, les cheveux humides, sortant manifestement de la douche. Il attrapa au passage la silhouette élancée de son épouse et lui administra un doux baiser sur les lèvres.
- Je ne traînerai pas, mon amour.
- Ne t’inquiète pas. J’ai de quoi m’occuper avec le script de Jurassic park.

- Merci, chuchota Gillian à son ami. Je t’ai déjà dit que j’admirais vraiment la diplomatie anglaise ? !
- A ton service…
- Ca ne t’ennuie pas trop pour notre tête-à-tête ?
- Pas de problème. Les sushis et moi, nous t’attendrons ! Et puis, j’avoue que ton histoire m’ennuie légèrement. Je n’aime pas trop l’idée que des individus douteux se baladent sur votre plateau… a fortiori s’ils « égarent » de l’essence et des allumettes enflammées…

- Vous permettez que je mette CNN en attendant les deux autres ? demanda Duchovny. Il paraît qu’il y a des embrouilles…
- Ah oui, c’est ce que me disait Charly Bambara tout à l’heure…
- Ton copain d’origine burkinabaise ?
- Oui, confirma Ozanne à Gil. C’est le correspondant de la BBC pour les élections. Apparemment, des bulletins pourris ont été distribués dans des bureaux de Miami, Orlando et Jacksonville… Ca pourrait invalider certains votes pour Gore parce que la case à poinçonner est légèrement décalée par rapport à la programmation de la poinçonneuse… Et devine où on utilise encore des cartes perforées pour le vote ?
- Euh…
- Dans les quartiers les plus pauvres ! Précisément là où Gore peut faire du score !
- Merde, c’est pas possible un truc pareil !

David appuya sur les boutons de la télécommande et le visage de la présentatrice apparut sur l’écran de télévision :

« Dernière ligne droite pour les deux candidats au coude à coude. Rarement dans l’histoire des USA l’issue d’une élection n’a été aussi incertaine. Les derniers sondages donnent une très légère avance à Georges W. Bush, mais chacun sait que la victoire se jouera dans trois jours lors du super mardi. Deux Etats sont particulièrement sensibles : le Nouveau Mexique et bien sûr la Floride où Al Gore est précisément en train de tenir un de ses plus gros meetings. C’est le vote de 25 grands électeurs qui se joue dans cet Etat qui est donc largement courtisé depuis le début de la campagne. Le républicain, quant à lui, est attendu demain matin à l'office dominical de l’église Saint John de Washington et sera à Jacksonville lundi soir pour son tout dernier déplacement. Il y retrouvera le gouverneur de la Floride, Jeb Bush qui n’est autre que son frère comme chacun le sait. S’il gagne, il sera le premier fils de président à devenir lui aussi président des Etats Unis d’Amérique…
Mais déjà des voix s’élèvent pour protester contre des irrégularités avant même que les électeurs se soient déplacés dans les bureaux de vote… »



****************

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Message  noisette Mar 12 Mai 2009 - 20:28

Quelques minutes plus tard, Chris Carter et Frank Spotnitz avaient pris place à leurs côtés et ils échangeaient vivement.

- Pourquoi n’avez-vous pas appelés les flics, bon sang ? râla Frank.
- Je te l’ai dis : ce ne sont pas des cambrioleurs normaux. Je les avais déjà vus et je jurerai que ce sont des gouvernementaux !
- Tu délires ! En plus, ils ont sûrement mieux à faire en ce moment…
- Frank, tu sais très bien qu’ils nous ont déjà mouchardés. Ils ont quand même posé une caméra dans le bureau de Chris…
- Putain, quand j’y repense ! grinça Carter.
- En plus, Jerry pense la même chose que moi… Ca fait quelques temps qu’il a repéré des mecs qui se relaient autour des studios. Comme c’étaient jamais les mêmes, il s’était dit que vous aviez demandé la protection des flics à cause de l’incendie…
- Jamais de la vie ! s’exclamèrent en cœur les deux réalisateurs.
- Voilà ! J’en étais sûre ! affirma Gil avec conviction.
- Donc, là, ils nous préparent un sale coup, réfléchit Duchovny.
- Si je peux me permettre : je ne qualifierais pas un incendie criminel, qui aurait pu faire des victimes, de simple « sale coup »… intervint Jullian.

Ils se turent un moment, en méditant ces dernières informations.

- On n’est pas sûrs qu’ils soient les auteurs de l’incendie, fit remarquer Spotnitz.
- On va peut-être pouvoir les choper avec mes photos et les vidéos des caméras de surveillances. Jerry a des bons contacts avec les gardiens des studios voisins. Il a décidé d’y passer demain. Et il regardera les enregistrements de ce soir et de la semaine dernière. Avec un peu de chances, ils n’ont pas encore été effacés …
- Un dimanche ?
- Figure-toi que nos locaux sont gardés même le dimanche… Et ce jour là, les gardes sont tranquilles.
- Et pourquoi Jerry retrouverai une vidéo et pas la police qui a été chargée de l’enquête, demanda naïvement Jullian.
Les quatre autres le regardèrent avec une franche commisération. Gillian se rapprocha et expliqua.
- Y’a pas d’enquête, Jul. Ils se la sont mis sous le coude. Dès le départ, ils ont décrété que c’était un incendie accidentel au motif qu’il est parti dans le local poubelles des hangars et qu’ils ont trouvé des mégots dedans !
- C’est idiot ! Et la propagation, alors ? Tu m’as dit toi-même que ça puait l’essence !
- Ils prétendent que c’est l’odeur du plastique des décors. Le plastique, c’est du pétrole…
- Ils sont stupides ! Ca n’a pas la même odeur !
- On est bien d’accord, trancha Chris. Mais le problème, c’est qu’ils ne sont pas stupides, ils sont de mauvaise volonté… Et je me demande de plus en plus pourquoi…
- Ils ont peut-être trop de boulot d’un coup avec le vote de mardi, suggéra Duchovny d’un air moqueur.
- OK, interrompit Frank. Alors qu’est-ce qu’on fait ?
- D’abord, il faut voir ce qu’ils ont mis ou pris dans ma caravane, commença David.
- Je t’accompagne demain, décida Carter.
- Je peux peut-être demander à un de mes amis journaliste américain de nous aider sur l’identification des visiteurs. Il écrit un livre sur le FBI. Il est incollable, proposa Jullian.
- Impec ! Toi Gil, tu te charges de tirer les photos. On va les distribuer à l’équipe lundi matin.
- Compte sur moi.
- Tu feras aussi le point avec Jerry puisque tu le connais bien, ordonna Chris.
- D’ac !
- Je vais appeler le responsable de la police locale. Il m’a tanné il y a quelques semaines pour avoir des autographes, je peux essayer de le faire parler, ajouta Frank.

Gillian sortit de son sac un petit carnet.

- Je vais noter tout ça…
- Tiens ? Une liste ! gloussa Chris. Ca faisait longtemps !
Ils avaient besoin de se détendre et les quatre hommes rirent de bon cœur devant l’air vaguement contrarié de la comédienne. Un souffle d’air frais dans une atmosphère que l’inquiétude avait alourdie…
Chacun d’eux avait au moins une fois eu droit à un petit mot doux accompagnée d’une petite liste avec cases à cocher. Chris et Frank, en particulier, avaient été noyés de notes il y a quelques mois lors du tournage de « All Things ». Dès qu’elle pensait à une idée, un détail technique, un plan à faire, elle réorganisait et ressortait une nouvelle liste ! Quant à elle, elle ne quittait pas son « cahier de liste » et parmi les choses agréables de l’existence, elle trouvait que cocher une chose faite était toujours une expérience hautement satisfaisante !
- Allez ! Payez-vous ma tête si ça vous chante. Si je peux vous faire plaisir à si peu de frais ...!
- T’as noté « voter pour Gore », j’espère !
- Ca, j’oublierai pas ! Je devrais plutôt noter « empêcher David d’aller voter »…
- Je les trouve très chouettes tes listes, moi, se marra David. L’autre jour, j’en ai retrouvé une vieille dans mon imper qui a ensoleillée toute ma journée. Tu me l’avais laissée quand on tournait « Triangle », la scène sur le paquebot, tu te rappelles ?… Il la regarda avec insistance. Et Gil rougit légèrement.
- Ouch ! « The » scène, siffla Spotnitz.
- J’l’aime bien celle là ! déclara Chris d’un air mélancolique.
- … Ouais, poursuivit Duchovny, c’était :
1. Don’t worry
2. Be happy
3. Spray à la menthe ou bon brossage de dents, please.
4. N’oublie pas : un, deux, et à trois, tu pars sur le côté.
5. Prévois quand même l’Arnican au cas où…
6. N’en profites pas, hein…

Ils sourirent, et restèrent sans rien dire un moment.

- Ouais, mais tout ça ne nous dit toujours pas pourquoi… rumina Carter.



CHAPITRE 22






Samedi 4 novembre 2000, même heure, dans un endroit tenu secret.

Le vieux prélat, confortablement installé dans une large liseuse, détaillait avec circonspection son évêque.

- Donc pour la série, vous avez les choses en main. Parfait. Ce n’est qu’un détail mais la critique de notre organisation ne doit pas devenir le dernier dada des conspirationnistes et du grand public.
- Oui, Monseigneur, acquiesça servilement De Buye.
- Je viens d’avoir Bush fils au téléphone. Dieu que cet homme est stupide ! Heureusement que son père assure derrière. En tous cas, il m’a assuré de sa volonté inébranlable de soutenir nos valeurs pour le droit à la vie, pour la moralité, pour l’éducation rigoureuse des jeunes. Et il a immédiatement accepté l’idée de financer les associations religieuses et de les faire entrer à la Maison Blanche.
- Ils nous soutiendront en Afrique ? Les musulmans progressent beaucoup plus vite que nous là-bas !
- Ils se fichent de l’Afrique. On fera ce qu’on veut. Seul le Moyen-Orient les intéresse pour le pétrole et parce qu’ils ont des comptes à régler avec Saddam Hussein.
- Et pour l’Amérique du Sud ?
- Bien sûr : il faut virer ce gauchiste de Chavez. Bush junior est encore à l’ère de l’anticommunisme et pour lui, il n’y a pas mieux que les associations religieuses pour étendre le modèle américain dans le monde. Evangélistes ou opusiens, il s’en fiche. Ca fait tout à fait notre affaire. Son père va lui mettre Paul Wolfowitz dans les pattes : c’est un expert en coups tordus qui a déjà fait ses preuves avec Reagan. C’est grâce à lui que le sous-commandant Marcos a été viré et que nous avons pu nous implanter aux Philippines dans le gouvernement. Wolfowitz va nous remettre ça au Venezuela.
- Oui mais Marcos était un dictateur… Chavez n’est pas parfait mais il a été démocratiquement élu, lui… Vous ne craigniez pas que le peuple…
- Le peuple fera où on lui dira de faire ! tonna le cardinal. Ne sous-estimez pas le pouvoir de la presse. Bon, et les choses sérieuses ? Le vieil évêque se redressa et lança un regard dur vers son collaborateur. Où en êtes-vous ?
- Euh oui… Alors… Le juge Rehnquist nous assure qu’il n’y a pas besoin d’exercer de pression sur Antonin Scalia et Clarence Thomas. Les deux sont catholiques, conservateurs et anti-avortement. Scalia partage notre dégoût des sodomites. Rehnquist estime que la probabilité qu’ils soutiennent Gore dans un arbitrage est de l’ordre du zéro absolu. Pour Stevens, Souter, Breyer et la Ginsburg, inutile de tenter quoi que ce soit : ce sont des démocrates libertaires, nous ne les retournerons pas à moins de prendre de très gros risques, mais cela ne devrait pas être nécessaire : Les juges sont neuf et il suffit que nous ayons la majorité. En d’autres termes, si les deux derniers juges Sandra Day O’Connor et Anthony Kennedy nous suivent, ça passera.
- Et alors, ils sont avec nous ?
- Rehnquist affirme qu’il a la femme sous sa coupe. Elle est républicaine mais surtout elle lui est totalement dévouée : s’il doit le lui demander, elle le suivra. Reste Kennedy…
- Qu’est-ce qu’on a sur lui ?
- C’est plus compliqué. Il semble conservateur mais adopte parfois des positions centristes. Il estime qu’il doit être juge pour appliquer les lois, pas pour les faire…
- C’est contrariant, ça… On ne peut pas être sûrs de son vote, alors ? Le vieillard lissa distraitement sa robe rouge sang de cardinal.
- Non, pas à 100%. Là, il va falloir user d’une stratégie autre que la simple influence…
- Mmm… Des doutes sur ses mœurs ?
- Pas vraiment, mais il semble étonnamment favorable à la dépénalisation totale des relations homosexuelles.
- C’est en un, alors ! On le tient ! Les pupilles dilatées, l’opusien triomphait.
- Justement non. Il semble vraiment irréprochable dans sa vie sexuelle. Fidèle à sa femme. On n’a pas une seule collaboratrice évoquant des abus, pas de traces de fréquentations de prostituées ni même de sites pornographiques. Rien !
- Diable ! Digne d’être des nôtres, alors… La marijuana, peut-être ?
- Même pas.
- Dépendance ? Alcool, médicaments ? L’homme s’agaçait.
- Rien de tout ça.
- Délits d’initiés ? Favoritisme ?
- Toujours pas. Mais on va continuer à chercher…, ajouta précipitamment l’évêque.
- Non ! Laissez tomber, de Buye. En fait, ce n’est pas vraiment un problème. Ca se fabrique les traces, murmura le prélat en croisant les doigts devant sa poitrine. Et sinon, il a de la famille ? …

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Message  noisette Jeu 14 Mai 2009 - 20:04

CHAPITRE 23






Washington. Un café non loin du capitole. Lundi 6 novembre. 8h00

De sa vie, « John Smith » n’avait jamais négligé le moindre « détail ». C’est probablement pour cela qu’il en était là aujourd’hui.
Il réajusta sa cravate sombre sur un costume gris de facture assez quelconque. Le serveur du café n’avait toujours pas pris sa commande depuis 10 minutes qu’il était assis. John Smith devenait transparent quand il n’ouvrait pas la bouche. Jamais un regard ne s’arrêtait sur la silhouette un peu voûtée de cet homme de taille moyenne qui avait tout du fonctionnaire sans intérêt, de la mallette en cuir usée jusqu’aux petites lunettes cerclées.
Personne n’aurait pu deviner que derrière ce personnage affable se cachait le fils unique d’une des plus grandes fortunes des Etats-Unis et l’un des hommes de l’ombre les plus puissant du pays.
Il avait grandi dans un état du Sud, dans une famille de catholiques ultra conservateurs. Quand son père s’était lancé en politique pour briguer un mandat de sénateur, celui-ci lui avait longuement expliqué que pour inspirer la confiance et conquérir ainsi le pouvoir, il ne fallait jamais dévoiler le fond de sa pensée. « Laisse-les croire qu’ils valent mieux que toi, que tu es juste un bon instrument, et surtout laisse-les s’imaginer que tu es inoffensif et petit à petit, tu verras que tous ceux qui se mirent dans les feux des projecteurs sauteront alors que toi, tu resteras. »
Smith avait fait ses études à Yale, suffisamment brillantes pour que son CV en impose mais jamais trop, pour éviter qu’on ne le distingue. Il aurait pu être premier dans la plupart de ses cours, mais s’arrangeait toujours pour être deuxième ou troisième. Un bon, mais pas de ceux dont on retient le nom… Comme il était fils de sénateur, il avait été choisi pour intégrer la société secrète des étudiants les plus huppés de Yale : la Skull and Bones. C’est là qu’il avait rencontré Georges junior.
Ca faisait partie du plan. Infiltrer les élites et ensuite les coulisses du pouvoir.

Et il n’avait pas démérité dans sa mission : C’était là, à Yale, dans le « Tombeau », ce bâtiment situé juste au centre du campus et réservé aux membres de la Skull and Bones, qu’il avait fait jouer le réseau des élites pour intégrer le cabinet de Bush père et l’accompagner ainsi vers le sommet de l’Etat.
Pendant toutes ces années, chaque semaine, il ne rendait de comptes qu’à un seul homme auprès duquel il prenait ses ordres : et accomplissant son devoir, il s’était assuré sans avoir l’air d’y toucher que d’autres membres du gouvernement défendraient les valeurs et les intérêts de l’Œuvre.

De loin, Smith vit arriver un homme élancé à la démarche assurée. Son rendez-vous.
Louis Freech s’avançait dans un costume sur mesure taillé dans un tissu anthracite de très belle qualité. Lui aussi portait de petites lunettes discrètes et élégantes. Il marchait mains dans les poches, d’un pas assuré, et les passants s’écartaient inconsciemment sur son passage. Cet homme inspirait à la fois le respect et la sympathie, ce qui était assez rare pour le distinguer dans le milieu dans lequel il évoluait.
Il s’assit avec décontraction face à John Smith, et adressa un signe discret au garçon qui se précipita pour prendre sa commande. Et celle de son voisin, fortuitement.
- Comment allez-vous, John ? interrogea-t-il avec prévenance.
- Bien, bien… Et vous Louis ?
Freech avait toujours été déconcerté par le décalage flagrant qui existait entre le physique insignifiant et la voix grave, posée et quasi-envoûtante de son interlocuteur.
- Occupé comme vous vous en doutez…
- Alors, ne perdons pas de temps. Qu’avez-vous prévu pour Los Angeles ?
- On va les mettre au pas, déclara l’homme sans se départir de son sourire. Ils seront, au minimum discrédités ; au maximum, mis en examen et condamnés. En tous cas, ils ne pourront pas reconduire une nouvelle saison, et l’épisode qui nous pose problème passera à la trappe. Avec les révélations que nous allons sortir à leur sujet, ils ne peuvent pas prendre le risque de le diffuser : ça renforcerait leur image de communistes anticléricaux…
- Parfait ! approuva Smith. Et concrètement ?
- Nous avons dissimulé des articles compromettants et le plan de l’église de Dernier Salut dans la caravane du comédien. Et mes hommes se chargeront de planquer la bombe au dernier moment. Dans une heure, on fait une descente officielle et on les embarque, déclara Freech avec flegme.
- Et pour l’église ?
- C’est l’évêque du diocèse qui officie là-bas. Il est avec nous. Il chargera et il est prêt à témoigner contre eux.
- Il mentira sous serment ?
- Il n’a de serment qu’envers Dieu… comme chacun de nous ! C’est sa seule vérité…
Louis Freech posait tout cela sur le ton de l’évidence. Il n’avait jamais eu de problème de conscience. Il dormait du sommeil du juste et chaque matin, à son réveil, il se souriait devant sa glace certain de faire la volonté de Dieu. Il œuvrait pour une cause bien au-dessus de toutes les autres, c’était la seule chose qui comptait à ses yeux : tout le reste n’était qu’atermoiements d’idiots et d’hérétiques. En dépit de son image affable, Louis aurait volontiers fait siens les mots de Lémek, dans le quatrième livre de la Genèse :
« Si on me frappe, je tue un homme,
si on me blesse, je tue un enfant.
S'il faut tuer sept hommes
pour venger Caïn,
on en tuera soixante-dix-sept
pour que je sois vengé. »


La fin justifiait les moyens. Point. Pourquoi tergiverser ?
- A la bonne heure ! déclara Smith satisfait. Tenez-moi au courant par le canal habituel.

Il devait repartir. Il avait rendez-vous à 10h avec l’actuel locataire de la Maison Blanche. Et celui-ci comptait sur lui. C’était risible ! Jusqu’au dernier moment, ce jouisseur de Clinton n’aurait pas soupçonné la mission très spéciale de son conseiller privé. C’est comme ça qu’il avait réussi dès 1993 à lui faire nommer Louis J. Freech, un surnuméraire comme lui, à la tête du FBI. Pour la première fois, son organisation pouvait se vanter d’avoir infiltré la direction de la sécurité intérieure. Mais ils n’avaient pas l’intention de s’arrêter en si bon chemin…

Il laissa la monnaie de son café sur la table et se redressa. Son compagnon de tablée lui serra chaleureusement la main mais personne d’autre ne le salua quand il s’éclipsa. Il sourit en son for intérieur. Cela faisait près de 12 ans qu’il fréquentait quotidiennement les couloirs de la Maison Blanche, mais tout à l’heure encore, les gardes lui demanderaient certainement son accréditation pour l’autoriser à rentrer…

Non. Personne ne reconnaissait John Smith. Et pourtant, il était la tête pensante et l’homme invisible de l’Opus Déi au cœur du pouvoir américain…



CHAPITRE 24






Los Angeles. Studios de la Fox. Lundi 6 novembre. 8h15.

- Je ne comprends vraiment pas ce qu’ils magouillent, déclara David les sourcils froncés. A quoi ça rime ces coupures de journaux et ce plan d’église ?
- On a mis plus de deux heures à les trouver. Ils avaient planqué ça dans un recueil de poésie de Walt Whitman, ajouta Chris.
- Comme si je conservais précieusement des articles de guignols anticléricaux dans ma bibliothèque ! N’importe quoi…
- En tous cas, ils sont bien du FBI : ils s’appellent - Gillian jeta un œil sur ses notes -, Steve Barell et Jeremy Jackson. Eliott, celui qui écrit son bouquin sur les fédéraux, l’a confirmé à Jullian. Et ce qui est plus inquiétant, c’est qu’apparemment, ils sont tous les deux attachés directement au directeur lui-même…
- Louis Freech ?
- Ouais, en personne.
- Ca expliquerait la réserve du responsable de la police locale, médita Frank. J’ai rien pu en tirer. Il faisait littéralement dans son froc !
- Tu m’étonnes… Gil, que dis Jerry ? sonda Carter.
- Il fouille toujours. Il a visionné 18h de bandes rien qu’entre hier et aujourd’hui !
- Bon. J’ai convoqué tout le monde dans un quart d’heure. On va briefer l’équipe et leur demander d’ouvrir les yeux. Au moins, on a une petite corde à notre arc avec tes photos.
Ils approuvèrent en silence.


****************


- Gilly ? Sophia Salgado la héla avec discrétion en lui faisant signe de se rapprocher.
La comédienne jeta un regard autour d’elle et s’avança vers la costumière de 24 ans, cachée derrière une penderie chargée de vestes pour hommes.
- Salut, Sophia ! Qu’est-ce qu’il y a ?
- J’ai ce qu’il faut, déclara la jeune femme sur le ton de la conspiration avec une évidente excitation. Le dernier cri en la matière, ajouta-t-elle en lui montrant un petit paquet dissimulé sous une chemise.
- Oh merde ! Excellent ! Le visage de Gillian s’éclaira. Ils vont déguster !
- Je dirais même plus : ils vont s’en prendre plein les narines !
Elles pouffèrent toutes les deux. Mais l’aînée se reprit :
- Oh putain, non ! En fait, c’est peut-être pas le jour idéal pour ça… Elle grimaça. Je crois qu’on va devoir réfréner nos bas instincts, au moins pour aujourd’hui.
- Mais pourquoi ? protesta Sophia avec une déception manifeste.
- Tu vas vite comprendre, répondit Gil en lui montrant du doigt les silhouettes qui convergeaient vers le bâtiment B.


Une large partie de l’équipe se rassemblait dans le hangar des techniciens. Chacun s’interrogeait sur cette inhabituelle convocation, surtout de si bonne heure. Les suppositions allaient bon train. Avait-on trouvé les responsables de l’incendie ? Y avait-il plus de pertes que prévu ? Devraient-ils repousser la diffusion des prochains épisodes ? Chris se fraya un passage au milieu du groupe et se retourna vers eux. Le silence se fit.
- Euh… Tout le monde me voit, là ? Vous m’entendez ?
- Tu veux mon tabouret ? l’apostropha Gillian du bout du bâtiment.
Adossée à la porte vitrée, les bras croisés, avec un sourire satisfait, elle avait été chargée de faire le guet au cas où.
Des rires fusèrent de part et d’autres. Gil avait droit à un tabouret pour la surélever à chaque fois que David et elle devaient tourner une discussion en tête-à-tête. Cela constituait un sujet de plaisanterie inépuisable.
- Je te le laisse. T’en as besoin pour atteindre la vitre et surveiller nos arrières…
Cette fois, la bonne humeur tourna court.
- C’est quoi cette histoire d’arrières à protéger ? interrogea Rick qui était responsable des éclairages.
- C’est la raison pour laquelle je vous ai demandé de venir un peu plus tôt ce matin. Nous avons eu quelques imprévus ce week-end et je préfère mettre tout le monde au parfum. Frank va vous faire passer des photos. Ouvrez les yeux mais ne faites pas de conneries, ces mecs sont des hommes du gouvernement – il y eu quelques remous dans la salle – Oui, vous avez bien entendu. Mais ceux là ne sont pas des gentils : on les soupçonne d’être nos incendiaires…


****************

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Message  noisette Jeu 14 Mai 2009 - 20:08

Chacun avait repris son poste non sans une certaine appréhension : quelque chose se tramait et personne n’était capable d’anticiper précisément les événements à venir. La position était inconfortable.
Mais le programme était chargé et les deux équipes de tournage, celle de Chris et celle de Kim Manners, mettaient les bouchées doubles pour combler le retard pris au cours des derniers jours. Rick et les éléctriciens-éclairagistes devaient faire des essais et installaient les projecteurs. Gillian attendait à côté, prête à effectuer les traditionnels tests de lumière. David se faisait maquiller par Amy qui jacassait comme d’habitude, quoique un peu plus qu’à l’ordinaire. Le comédien, qui mettait ça sur le compte du stress, restait impassible adressant dans la glace des sourires compréhensifs à sa maquilleuse attitrée. Sophia faisait des retouches sur le dernier costume de Mitch Pileggi, qui était en verve et lui contait, tout en levant les bras et en agitant son stylo plume, les embrouilles qu’il avait vécues avec les autorités locales lorsqu’il travaillait en Iran. Sophia, impressionnée mais concentrée, hochait la tête avec conviction à défaut de pouvoir répondre : elle avait les lèvres pincées sur plusieurs épingles. L’interprète du directeur adjoint Skinner s’était embarqué avec fougue dans le récit d’une mésaventure où il avait du menacer des agents de la SAVAK, l'organisation en charge de la sécurité et du renseignement en Iran qui tentaient un lamentable chantage à la protection contre le racket, dont ils étaient eux-mêmes les investigateurs !
- J’ai l’impression d’être revenu à cette époque où on prenait les gens pour des cons ! Mais je ne me laisserai pas faire ! Je sais me défendre ! Il remuait de plus en plus.
- Ai… p’esque fini, articula Sophia que l’exercice de concentration pour terminer son ajustement faisait transpirer… A y’est !
- Ils vont entendre parler de nous, je te le dis. Mitch braqua de manière menaçante son stylo vers la costumière. Je suis un homme et je vais me battre !
Il fendit l’air avec son stylo d’un geste large tel un escrimeur prêt à en découdre avec ses adversaires. Et dans l’air jaillit une giclée bleu nuit qui zébra simultanément la brassière de Sophia, son visage et la chemise soigneusement retouchée du directeur adjoint Skinner !
Elle eut un cri de désespoir et cracha avec rage toutes ses épingles.
- Oh non ! Merde, Mitch, c’est pas vrai !
- Oups ! Sophia ! Je suis désolé !
- Tout à refaire ! Comme si on avait besoin de ça ! Tu pouvais pas faire gaffe, bon sang ? !
- … Et je te parle même pas de ta figure, ajouta Pileggi d’une petite voix curieusement fluette. Il retenait un rire.
- C’est ça ! Marre-toi, D’Artagnan ! J’espère que tu sais aussi te défendre contre une femme en furie !
Le comédien redoublait d’hilarité suivi par Duchovny qui les avait rejoint et tentait de retenir Sophia qui hésitait entre s’arracher les cheveux ou arracher ce qui restait de ceux de Mitch. A cet instant précis, elle penchait plutôt pour la seconde option !
- Merde ! Merde et re-merde ! Elle se défit avec violence de l’emprise de David et se retourna vers un buste mannequin pour se défouler de manière socialement acceptable.
Le tempérament bouillant de la jeune femme était connu de tous : elle avait déjà boxé le nez d’un figurant qui la draguait lourdement. L’histoire avait rapidement fait le tour du microcosme des plateaux de Los Angeles et Sophia était souvent surnommée La Magnani, en référence à la volcanique et mythique actrice italienne Anna Magnani. Lorsqu’elle perdait patience ou qu’elle était vraiment en colère, elle jurait volontiers dans sa langue natale : l’italien.
- Merda ! Io ho abbastanza di questi attore comico deboli ! Porca vacca ! s’excita-t-elle sur l’innocent matériel.
- Elle est pas contente, là ? ! gloussa David en se tournant vers Mitch.
- Je préfère pas te traduire. En fait, le jour c’est une costumière ; Mais la nuit, elle devient poissonnière !
- Mitch ! Testa di cazzo !
Pileggi éclata de rire.
- Rectification : charretière !
- Qu’est-ce qui se passe ? Gil arrivait, alertée par les éclats de voix.
- C’est cette couille de rat ! Il m’a saboté ma retouche ! Et en plus, ça le fait marrer !
- Où ça ? demanda la comédienne, interloquée.
Sophia leva les yeux au ciel. Et lui désigna les vêtements à grands gestes désordonnés.
- Sa chemise, la mienne… Ma tronche, ajouta-t-elle en désignant sa figure avec une grimace exaspérée. Tu vois pas ? !
- Ben… non. Je ne vois rien…, déclara Gil un peu gênée.
La costumière baissa le regard vers son chemisier. L’encre avait disparu. Elle se précipita vers une glace et s’examina, les yeux écarquillés : plus une seule trace de bleu sur sa peau. L’expression stupéfaite provoqua à nouveau l’hilarité des deux mâles dont le fou-rire repartit de plus belle. Elle comprit enfin : de l’encre sympathique ! Ils lui avaient joué un de leur éternel sale tour !
- La vache ! Vous êtes gonflés ! Il pourrait y avoir une trêve un jour pareil ? !
Mitch et David ne répondirent même pas, incapables de se remettre de leurs émotions et le visage baigné de larmes.
- Gil ! On va pas se laisser faire !
- OK ! Garez vos abattis, les mecs ! Si c’est comme ça, on passe à l’attaque !


****************



Le front plissé, Jerry marchait à grands pas vers les loges des comédiens. Depuis deux jours, il ruminait non-stop, se reprochant de n’avoir pas pris la mesure de ce qui se passait lorsque ces sales types - dire qu’il s’était imaginé que c’était des flics qui les protégeaient ! - rodaient autour. Il ne cessait de se répéter qu’il n’avait pas eu les bons réflexes à ce moment. Mais cette fois, ils ne l’emporteraient pas au paradis.
Il frappa vigoureusement à la porte de la caravane de Gillian. Personne ne répondit. Impatient, il se retourna et parcourut les environs d’un regard perçant. Il aperçut finalement, un peu plus loin, la jeune femme qui semblait manigancer avec la petite italienne. Il sourit malgré sa tension : elles faisaient bien la paire ces deux là ! Plus loin, les deux grands crétins, Pileggi et Duchovny, se tordaient comme des baleines. Jerry les appréciait moins : ils n’étaient pas du genre à parler « au petit personnel », alors …

- Hey ! Gil !

Au bout du plateau, elle se retourna vers lui et lui adressa un grand signe de main. En retour, il lui fit comprendre par gestes qu’il désirait lui parler en toute tranquillité. Il la vit s’excuser auprès de Sophia et se diriger vers lui. Arrivée à sa hauteur, elle saisit ses avant-bras, s’appuya légèrement sur eux pour obliger le gardien à se baisser et lui administra une bise sur chaque joue
- Ca va, toi ? T’es pas trop naze après les heures sup du week-end ?
- Ca va. Surtout que j’ai du neuf. Et du lourd !
- C’est vrai ? Explique-moi. Elle le fit rentrer chez elle et se dirigea vers le mini-bar. Un coca ?
- Oui. Merci. Alors d’abord, tiens-toi bien : j’ai retrouvé leur bagnole !
- Génial ! Et on peut prouver que c’est bien la leur ?
- Evidemment ! Non seulement, j’ai le numéro d’immatriculation, mais en plus : j’ai une vidéo qui les montre ouvrir les portières et s’y installer, triompha Jerry. C’est une Ford Mustang noire. Et devine la meilleure ?
- Ne me dis pas que tu l’as retrouvée le jour de l’incendie ? !
- Bingo, ma p’tite dame ! Et il n’y a pas le moindre doute possible : on aperçoit parfaitement le numéro dès qu’on agrandit un peu !
- C’est dingue ça ! Comment ont-ils pu être aussi nuls ? !
- Pas si nuls que ça, en fait. Bon, la deuxième fois, quand tu les as surpris, ils n’avaient pas été très prudents. C’est Ahmed, le vigile du studio au bout de l’avenue, qui les a retrouvés sans mal.
- Merci Ahmed…
- Mais sinon, en toute modestie, c’est plutôt nous qui avons, à nous deux, été plus malins qu’eux. Le jour de l’incendie, ils s’étaient garés trois rues plus loin. En fait, j’ai ameuté tous mes potes du quartier pour ma recherche et c’est la caméra d’un copain qui tient un petit resto qui les a chopés le jour où ils ont foutu le feu. Franchement, si tu ne sais pas qu’elle est là, la caméra est quasi-invisible.
- Mais tu les as pas filmés dans nos studios alors ? …
- Pas exactement, mais je les ai sortant de la voiture à 23h45 et la reprenant à 23h57…
- Et le feu a pris vers minuit dixit les pompiers…
- Ouais. Et surtout, j’ai la vidéo des deux mecs passant devant la grille du bâtiment à 10 mètres de notre entrée à 23h49 dans un sens et à 23h53 dans l’autre sens… Et si on est logique…
- … vu qu’il n’y a pas un commerce à moins de 6 ou 7 minutes…
- … il n’y a aucune autre explication plausible à leur présence à cet endroit à ce moment !
- Jerry, tu es un as !
Il rougit.
- Oui, enfin, tu sais, sans ta photo…


****************



Cette fois, David ne riait plus du tout. Après le départ du gardien, sa collègue l’avait mis au parfum et ce qu’il venait d’apprendre le contrariait au plus haut point. Visiblement agacé, il fixait avec obstination la photo des deux agents qui leur avait été distribuée le matin même. Il y avait quelque chose dans le regard de ces deux types qui réveillait une sensation très nette de déjà vu, mais rien à faire, il ne parvenait pas à remettre la main sur cette étrange réminiscence.
- J’ai l’impression que je passe à côté de quelque chose, mais je n’arrive pas à savoir quoi, s’emporta Duchovny. Tu sais, c’est exactement comme lorsque tu essayes de retrouver le nom d’une personne, que tu te souviens qu’il y a trois syllabes et la lettre « a » dedans mais qu’il t’échappe quand même !
- Ah oui, je sais ce que c’est, s’exclama Gillian en se précipitant vers un petit meuble dans un coin de la caravane. Elle ouvrit un tiroir et saisit un livre qui avait manifestement été souvent feuilleté. Tu vas voir, ajouta-t-elle, j’ai un passage là dessus… Ah voilà ! Elle cita avec conviction : « Lorsque votre moi intérieur se retrouve en porte à faux avec le comportement sociétal que vous vous êtes imposé (dictature du paraître), cela engendre le plus souvent un déséquilibre dans l’harmonie de votre aura et conduit à des pertes de mémoires, des oublis programmés commodément par votre inconscient car ces souvenirs sont l’expression de la protestation de vos shakras sur le contrôle que vous prétendez en avoir… »… Mmm, tu vois le problème ?
- …
- David ?
- Qu’est-ce que c’est encore que ce bouquin ? ! « Comment développer votre shakrattitude et faire fuir tous vos amis » ? !
Gillian leva les yeux au ciel. Elle avait l’habitude des moqueries à ce sujet.
- Bon écoute. Tu en penses ce que tu veux, mais ça me semble pas complètement stupide de dire qu'il faudrait que tu laisses davantage ton subconscient s’exprimer. Ce que tu ne pourras pas faire si tu essayes de toujours te présenter parfait et sans failles face aux autres. Cette chose qui ne te revient pas est probablement liée à un événement qui te gêne, et que tu n’acceptes pas comme issu de toi, tu vois ce que je veux dire ?
- Je dois vraiment répondre ?
- N’essayes pas de tout contrôler. Sois toi-même. Et si ça peut nous aider à nous sortir de ce pétrin par la même occasion, ce serait parfait !
Il eut une courte seconde d’hésitation. Pourquoi diable cet échange anodin lui procurait-il à nouveau ce sentiment bizarre… Décidément, il ne tournait pas rond en ce moment.
Mais chassez le naturel…
Il se pencha doucement vers elle et lui répondit avec un sourire aguicheur :
- Il m’avait pourtant semblé que tu préférais que je me contrôle un peu plus…
Il était assez craquant avec son regard de velours et l’expression malicieuse qui éclairait son visage. Elle ne put s’empêcher de poser un rapide baiser sur sa joue.
- Pour ça, c’est aussi à moi d’être en harmonie avec moi-même. Et, quoi que tu en penses, ce livre est un guide fantastique. Il m’a souvent ouvert les yeux. Et il pourrait aussi t’aider si tu acceptais de t’ouvrir à tout ça.
- Tu le crois vraiment ?
- J’en suis sure !
- Bon, d’accord. Alors ?… Qu’est-ce que c’est le vrai titre de ton « guide » ?
Elle rosit un peu et se mordit légèrement la lèvre. Finalement, elle lâcha un timide…
- « Bien-être et harmonie : les shakras sont vos amis »…
David éclata de rire.
- C’est pas vrai ! C’est encore mieux que ce que j’imaginais !

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Message  noisette Jeu 14 Mai 2009 - 20:11

CHAPITRE 25






Dehors, un bruit de moteurs se mit à amplifier. Des sons anormaux qu’ils n’entendaient sur les tournages que lorsque l’équipe se déplaçait sur des lieux de prises de vues éloignés avec tout le matériel technique. Assez vite, ils distinguèrent des éclats de voix tout aussi inhabituels.
- Qu’est-ce qui se passe ?
- Si c’est ces connards du FBI… commença Gil d’un ton menaçant.
- Dans ce cas, tu me laisses faire, la coupa David avec autorité.
Le comédien se leva prestement et se précipita hors de la caravane, tandis que Gillian passait rapidement une veste de marin. Il faisait froid.
Au beau milieu des plateaux stationnaient une demi-douzaine de camionnettes ainsi que deux voitures banalisées. Une vingtaine de fédéraux instantanément identifiables à leur blouson marqués FBI étaient en train d’investir les lieux alors que Chris, visiblement hors de lui, braillait sur deux personnages qui semblaient diriger l’opération : un grand noir, plutôt fort, qui semblait assez posé. Et un autre, plus petit, qui affichait un air mauvais. Au moins, ce n’était pas les deux salopards d’incendiaires.

- Quel est le problème ? interpella Duchovny avec assurance. Il s’adressait à son réalisateur, mais détaillait avec insistance des deux hommes.
- Perquisition intégrale ! explosa Carter. Et par la même occasion, ils vont nous saboter la diffusion !
- Vous avez un mandat ? demanda David.
- Mais certainement Monsieur Duchovny. Avec un sourire tranquille, le grand noir lui tendit un papier. Je suis le directeur adjoint Clark, du FBI. Et voici mon collaborateur…
- Agent Byron, se présenta l’autre sans décrisper la mâchoire.
Gil arrivait en courant arborant ses sandales favorites en dépit d’une température extérieure frisant les 5 degrés.
- Et qu’est-ce qui nous prouve que vous êtes vraiment du FBI, d’abord ?
Clark lui présenta son badge.
- Madame…
Le nez rentré dans son écharpe, il baissa un instant les yeux et s’arrêta sur les tongs, dubitatif.
- Très approprié, commenta-t-il un brin ironique.
Gil suivit son regard et releva la tête avec un air de défi.
- Oui, n’est-ce pas ? ! Un peu comme vous sur ce plateau, d’ailleurs…
Ils se toisèrent.
- Nous faisons juste notre travail, et nous allons devoir vous interroger dans le cadre d’une enquête fédérale…
- C’est une plaisanterie !
- C’est très sérieux, croyez-moi ! Et je vous suggère de coopérer pleinement.
- Pour cela, il vaudrait mieux que nous soyons surs de vos intentions, ce qui n’est pas le cas, là, commenta David.
- Ouais, on connaît vos théories ! persifla l’agent Byron.
- Fiction et réalité sont deux choses bien différentes, mais, pardon, c’est idiot ! Je n’ai tout de même pas besoin de rappeler de telles évidences à des professionnels de votre compétence !
Le directeur adjoint effaça d’un geste agacé la remarque de son collaborateur et préféra reprendre en main le fil de la conversation.
- Connaissez-vous un certain Piedro Castello ?
Carter leva les yeux au ciel en soupirant avec exaspération. Mais les comédiens marquèrent une imperceptible hésitation. Ce nom leur était vaguement familier. Il faisait résonner en eux quelque chose de doux et très brutal aussi. Ils étaient déstabilisés.
- Qui est-ce ? interrogea Duchovny avec prudence.
- Mettons que c’est quelqu’un de très impliqué dans l’affaire qui nous concerne…
- Bon sang, accouchez ! Quelle affaire ? s’impatienta Gillian.
- Très bien, déclara Clark. Nous avons de bonnes raisons de croire qu’un attentat se prépare contre une église voisine, fréquentée notamment par de hauts dignitaires catholiques.
- Une église, répéta David abasourdi. Les plans trouvés dans sa caravane lui revinrent en mémoire et il sentit la moutarde lui monter au nez. Il commençait à entr’apercevoir les plans funestes de leurs adversaires. Il réussit pourtant à se maîtriser.
- L’église du dernier Salut, vous connaissez ?
- Non, je suis juif et non pratiquant de surcroît !
- Et vous, Madame Anderson ?
- Je fréquente le moins possible ce genre d’endroit.
- … « Ce genre d’endroit » ? Qu’entendez-vous par là ?
- J’ai rien contre Dieu, au contraire… mais je n’ai pas vraiment une nature… disons, moutonnante…
- Moutonnante… ! C’est intéressant…
- Bon ! OK. Un attentat se prépare, reprit David dont les poils se hérissaient de plus en plus. Et après ? Quel est le rapport avec nous, je vous prie ?
- Vous n’avez pas toujours eu des propos très respectueux à l’égard de certaines organisations…
- Mais quels propos ? ! De qui parlez-vous ? ! Des fumeurs ? Des extra-terrestres ? !
- … ça nous a mis la puce à l’oreille, voyez-vous, continua son interlocuteur sans se démonter, et nous avons des informateurs qui, malheureusement pour vous, ont confirmé nos soupçons…
- Mais c’est du délire ! explosa Gillian. Quelles organisations ? Quels informateurs ?
- Nos témoins sont protégés, Madame.
- C’est ça ! Alors, n’importe quel couillon frappé du ciboulot peut vous vomir sa crasse, et vous, braves gars, vous embarquez toute la cinquième compagnie et vous venez nous les briser menu à cause de la légende que vous a pondu un pauvre type qui a juste probablement été balancé à un de nos castings !
- Nous avons plusieurs sources des plus fiables. Elles ont été validées.
- Validées ? ! hallucina la jeune femme. Vous nous faites marcher : c’est une caméra cachée ! Et vous faites comment pour valider des conneries pareilles !
- Calme-toi, Gil. David lui posa avec autorité la main sur le bras. On va discuter gentiment, et ces messieurs vont se rendre compte que nous n’avons rien à cacher. Et qu’on a juste besoin de travailler tranquillement à notre série.
- Si c’est comme ça ! Vous m’excuserez, messieurs, mais vos délires me fatiguent déjà et, de toute façon, j’ai une petite affaire à traiter urgemment…
Elle fit volte-face mais le petit teigneux se précipita à sa suite.
- Je vous accompagne !
- Pourquoi ? lança Duchovny. Vous comptez lui dérouler les feuilles de papier ? !
Gillian soupira et se retourna. Affectant l’air vaguement condescendant des instituteurs s’adressant aux enfants, elle se pencha vers Byron :
- Je vais là où le roi va seul, si vous le permettez, hein agent Byron… Et il n’y a pas de bombes dans les chiottes, c’est promis ! Mais si vous y tenez, je me ferai un plaisir de vous laisser le vérifier après mon passage ! Vous verrez : après moi, ça sent la rose !


****************



Une fois de plus, la caravane servait de base arrière. Le prétexte de la comédienne avait provoqué l’effet recherché, et Gillian était momentanément libre de ses mouvements. Sophia Salgado l’avait rejointe ainsi que Tom Braidwood qui, en tant que premier assistant réalisateur, était le mieux placé pour faire passer des messages entre Gil et Carter.
- Qu’est-ce qu’ils vous ont dit, alors ?
- Des conneries, mais il y a certains éléments qui me préoccupent. Ils ont planqué un plan d’église chez David et devinez quoi ? Ils prétendent qu’un informateur leur a affirmé que nous préparions un attentat contre une église voisine !
- Un attentat ? ! Mais c’est des grands malades ! s’exclama Tom. Quelle église d’abord ?
- Euh… Ils ont dit qu’elle était fréquentée par de hauts dignitaires catholiques, tu vois le genre… Je crois que c’était un nom comme l’église du Salut éternel…
- Attends… Ca ne serait pas plutôt l’église du Dernier Salut ? interrogea Braidwood le visage fermé.
- Le Dernier Salut ! Oui, c’est ça ! … Pourquoi ? Tu les connais ?
- Tu parles de hauts dignitaires catholiques… Régulièrement, ils viennent nous faire chier en prétendant que nous sommes le diable. Ce sont des putains d’intégristes, oui !
- Des intégristes…
- Et qu’est-ce qu’ils ont contre nous ? Je veux dire, à part les preuves qu’ils ont eux-mêmes planqué ici ! demanda Sophia.
- Le témoignage d’un informateur « validé » ! … Sinon, ils nous ont parlé d’un type dont le nom me rappelle vaguement quelque chose : un certain Piedro Castello…
- Piedro Castello ? ! Sophia avait presque crié, faisant sursauter ses deux compagnons. Bastardi ! Elle s’effondra, bouleversée. Gillian se précipita pour la soutenir et l’asseoir sur la banquette.
- Tu le connais ?
- C’est mon oncle, Gilly. Enfin… C’était…
Elle se tût, la gorge nouée par l’émotion. La comédienne passa ses bras autour de la jeune femme et la berça tendrement quelques secondes. Tom s’était assis à côté et fixait ses pieds.
- Il est mort ?
- Il a été assassiné !
Les deux autres échangèrent un regard inquiet.
- Raconte…
- Ca s’est passé il y a quelques mois… Le 17 mars, pour être exact. Piedro était prêtre en retraite et il vivait en Italie, dans les montagnes d’Eboli. Toute ma famille est de là-bas… Elle poursuivit en soupirant. On ne sait presque rien, en fait. Apparemment, il faisait sa petite promenade habituelle. Quand j’étais plus jeune, il m’avait souvent emmené dans ce coin. C’était son endroit préféré. Il disait que dans ce paysage, la présence de Dieu était une évidence. Elle renifla.
- Continue… dit doucement Gillian.
- On lui a tiré dessus. Une seule balle. Dans le cœur. Apparemment, il est mort presque instantanément. T’imagines, bon sang ? ! Mourir comme ça… Seul…
- Je… peut-être pas si seul, articula la comédienne d’une voix lointaine.
Des images fugitives s’imprégnaient sur ses pupilles et disparaissaient aussi vite, comme une série de flashs. Une lumière vive… Du soleil… Une mélodie grave comme psalmodiée… Et soudain, une explosion de vermeil, fluide, sanguine…
Le cœur de Gillian s’accéléra. Elle avait vu la mort déjà.
La douleur, la souffrance étaient gravées au fer rouge dans sa mémoire.
Et il lui semblait que la douleur de Piedro Castello était, elle aussi, inscrite dans sa chair.
Un message de son subconscient, peut-être ?… Ou autre chose…

- Pourquoi ont-ils voulu le tuer ? Braidwood réfléchissait tout haut.
- Piedro n’était pas n’importe qui. C’était mon oncle préféré, un type fantastique, mais, en plus, ce n’était pas un prêtre ordinaire. Il avait travaillé pour le Vatican, sous les pontificats de Jean XXIII et Paul VI. Contrairement à d’autres, ces papes se méfiaient des intégristes. Mon oncle était leur homme pour infiltrer ces factions et notamment pour infiltrer l’Opus Déi.
- L’Opus Déi ? ! Cette fois, ce fut au tour de Tom de bondir. Tu es sûre ?
- Certaine ! Je commence à connaître.
- Gil ! C’est le titre de l’épisode qu’on nous a volé il y a quelques semaines…
- Et ce sont des intégristes… comme l’église du Dernier Salut…
- Et vous savez quoi ? conclut Sophia sortant soudain de sa demi-torpeur. L’évêque de notre diocèse… Piedro m’a dit un jour qu’il fricotait avec l’Opus Déi !
- Qu’est-ce que c’est que ce merdier ? ! maugréa Gil en se prenant la tête entre les mains. Contre qui doit-on se défendre, à la fin ? Le FBI ou les intégristes ? !…

- Peut-être bien les deux ! Manners était entré sans frapper. Regardez ça !
Le visage congestionné par la colère, il brandissait une photo. Il la colla sous les yeux de Gillian.
- C’est Katherine qui vient de la prendre il n’y a pas 15 minutes. Elle a reconnu les deux connards que tu as flashés et elle les a suivis.
- C’est vraiment eux ? demanda Braidwood en se penchant vers le cliché.
- Steve Barell et Jeremy Jackson, murmura-t-elle. Oui, il n’y a pas de doutes. On ne peut pas dire que leur physique passe inaperçu.
- T’as vu où ils entrent ? renchérit Kim de plus en plus écarlate.
- Le bureau de Chris, oui…
- Et ce qu’ils portent ?
- Un détonateur et des pains de plastique, reconnu l’assistant-réalisateur de Carter. J’ai fait le Vietnam, ajouta-t-il en réponse au regard interrogateur des deux femmes.
- Une bombe, bordel ! explosa Manners. Ils viennent de foutre une bombe chez nous ! Qu’est-ce qu’on fait, là ? ! On attend que ça nous pète à la gueule ? !
- Elle est pas pour nous, cette bombe… Enfin, pas littéralement. Ils veulent nous faire passer pour des terroristes, Kim.
- Des terroristes ? !
- Il faut prévenir Chris et David, décida Gil.
- Je m’occupe de Chris. Tom avait déjà saisi sa veste.
- Et moi, je vais mettre Ducho au courant de tout. Maintenant qu’on a la photo de Katherine en plus dans le dossier, on va leur faire ravaler leur merde ! décréta Gillian farouchement déterminée.


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Message  noisette Sam 16 Mai 2009 - 19:56

****************



Les deux femmes se dirigèrent vers les agents qui poursuivaient leur interrogatoire.
Cela faisait près de quarante minutes que Carter et Duchovny subissaient le feu de leurs questions. Ils avaient été rejoints par Frank Spotnitz qui n’entendait pas laisser seuls ses collègues aux mains des fédéraux. En dépit de ses bonnes résolutions et de sa nature sereine que peu d’événements perturbaient, David perdait patience et commençait à s’irriter franchement de la pénible comédie que lui jouaient ses visiteurs. Non seulement leurs allusions étaient grotesques mais il n’oubliait pas que, par ailleurs, ces guignols avaient orchestré une dissimulation de preuves fictives dans SA caravane !

- Mais bien sûr ! Vous avez raison, messieurs : en fait, j’ai une vraie dent contre les cathos ! Tiens et aussi contre Britney Spears, elle fait chier, celle là. Je crois que je vais lui coller une bombe aux fesses : comme ça, elle fout le camp de ma rue, les paparazzi avec et je peux retrouver ma petite tranquillité d’ennemi public n°1 des Etats-Unis ! C’est bien connu, moi, quand on m’emmerde, j’explose la gueule et la baraque de l’emmerdeur ! Ca évite les discussions inutiles, hein…
- Vous ne devriez pas prendre ça à la légère…
- Vous êtes lourds. Je suis léger : chacun son style !

Exaspéré, David se laissa choir de tout son poids sur sa chaise de tournage.
Et déclencha une monumentale flatulence dont le son s’étira comme s’étire un soufflé qui se dégonfle et prend ses aises !
Il y eut une seconde de silence stupéfait, suivie d’une explosion de rires libérateurs. Malgré l’ambiance plus que tendue, c’était l’hilarité générale. Et du côté des inspecteurs, la consternation totale !
Le comédien se redressa instantanément non sans arborer une mine vaguement gênée.
- Alors là bravo Gillian ! Si, si, j’applaudis ! déclara-t-il avec un sourire flegmatique. C’est fin, sobre et de bon goût !
- Oh purée ! David ! C’est pas vrai, ça pue ! C’est immonde ! hoqueta Franck en se bouchant les narines.
- Merde, c’est quoi ce truc ? interpella Duchovny qui perdait nettement sa contenance.
Prise dans un fou-rire incontrôlable, Gil réussit à articuler :
- C’est… le deuxième effet… du triple effet… !
David s’écarta précipitamment de sa chaise et du coussin péteur :
- Quel triple effet ? ! Sa voix avait sensiblement viré vers des tonalités plus aiguës.
- Ca ! parvint à articuler Sophia alors que le coussin s’envolait dans les airs en pétaradant bruyamment comme un ballon qui se dégonfle.
- Oh putain ! … Kim ! cria Carter mort de rire. Plus deux pour Gil !
Au fond, quelqu’un hurla : « Manners ? Plus deux pour les pisseuses ! ».
Kim Manners, qui co-réalisait l’épisode avec Carter et qui était retourné se charger de la deuxième équipe de tournage pour gagner du temps, répondit de très loin en braillant à son tour :
- Enregistré ! Les pisseuses réduisent la marque : 39 à 46 !

- Qu’est-ce que c’est que ce bordel ? ! Cette fois, Clark fulminait.
- C’est ce à quoi s’occupent vos « terroristes » entre les prises figurez-vous, rétorqua Chris avec hargne, un concours de canulars ! Hommes contre femmes, branleurs contre pisseuses ! C’est aussi un délit fédéral imaginaire, dites ? !
- Une préparation d’attentat n’a rien d’imaginaire, et ce n’est pas un délit mais un crime fédéral !

Gillian fit signe à David et l’éloigna un peu des deux agents qui poursuivaient leurs investigations en harcelant Chris de questions de plus en plus tendancieuses.
- … Et ce scénario « Opus Déi » ? Vous prétendez toujours qu’il n’y a pas là dedans la moindre critique de la religion catholique ?
- De la confession catholique, messieurs ! On parle de religion chrétienne et de confession catholique. Moi aussi, je connais mon vocabulaire ! Et l’Opus Déi, ce n’est pas le catholicisme ! Qu’est-ce qu’on vous apprend à Quantico ? ! tempêta le réalisateur…


****************



- Retour à l’ère glorieuse du maccarthysme ! commenta David avec aigreur. Merci pour la diversion, en tous cas. J'étais à deux doigts de me prendre une plainte pour coups et blessures sur agents de la force publique.
- Ce serait rien à côté de ce qu’ils nous préparent !
- Ils ne trouveront rien : ni le plan, ni les coupures de presse. Je les ai mis au chaud dans le coffre de ma banque. Ils vont repartir la queue entre les jambes, je te le dis !
- Je crains que non…
- Gil ? Que se passe-t-il ? interpella le comédien soudain alarmé.
- Il y a du nouveau et il faut que je te briefe rapidement parce que le mouvement risque de s’accélérer.
- Je t’écoute.
David était tendu. Il se rapprocha et pencha légèrement la tête sur le côté, vers sa collègue, comme à chaque fois qu’il prêtait particulièrement attention à ses paroles.
- Alors, d’abord, ils vont trouver quelque chose : ils ont planqué une bombe dans le bureau de Chris…
- Quoi ? !
- Katherine les a pris en photo à ce moment. Grâce à quoi, on va pouvoir les bouffer tous crus !
- Dans les dents !
- C’est pas tout. Piedro Castello, à propos de qui ils nous ont interrogés, était l’oncle de Sophia. C’était un prêtre.
- La Magnani est la nièce d’un curé ? ! s’exclama avec ravissement Duchovny.
- Ouais, et je te déconseille de vanner là dessus. Castello a été assassiné…
- Oh merde !
- … il y a sept mois, en Italie. Et il est probable que les meurtriers soient des intégristes, peut-être même de l’Opus Déi…
- C’est le rapport avec notre épisode et le scénario volé ?
- Oui. Et c’est aussi le rapport avec l’église du Dernier Salut.
- Celle que nous sommes censés plastiquer ?
- Précisément. Ce sont des intégristes et selon le père Castello qui en a parlé à Sophia, l’évêque du diocèse fréquente cette église et serait membre de l’Opus Déi.
- OK. Alors ces gens là sont très susceptibles et ils ne digèrent pas notre scénario qu’ils considèrent comme trop critique à leur égard. Je veux bien. Mais le FBI ? Ils n’ont rien à voir avec eux !
- Ben, là, moi non plus je ne comprends pas… Tout ce que je sais, c’est que Jerry a retrouvé les vidéos et que l’incendie, comme on le craignait, c’était eux.

Ils se regardèrent, perplexes.
Et à nouveau, s’insinua cette étrange sensation. Mais cette fois, ils la partageaient tous les deux. Sans le quitter des yeux, Gillian, comme sous l’emprise d’une force supérieure, tendit la main vers la poche gauche du jean de David. Il avait suivi la même direction. Et leurs doigts se rejoignirent. Pendant un bref instant, ils gouttèrent ce contact fugace, presque intime de leur peau. Elle ferma les yeux le souffle court, et tendrement, il caressa les doigts fins de la jeune femme, les replia et les enveloppa de sa main droite. Elle leva à nouveau son regard clair vers lui.
- C’est un peu compliqué, nous, en ce moment… Pas vrai ? murmura-t-il.
- Un peu… Oui.
- J’ai l’impression que notre relation change…
- David !
- Non, Gil. Pas ce que tu crois. Enfin, pas tout à fait. C’est comme si… comment dire…
- … comme si on avait vécu certaines choses…
- … Oui ! Des choses très personnelles, pas intimes mais…
- … très personnelles. Oui, je sens ça aussi.
- Tu sais, l’autre soir…
- C’est bon, David. C’est de l’histoire ancienne : j’ai tourné la page.
- Pas moi ! Il faut que je te dise…
- Laisse tomber !
- Non ! C’est une mise au point. Ce n’est pas du sexe que je veux partager avec toi. Quoique..., ajouta-t-il en levant les yeux au ciel. Enfin, je veux dire : pas seulement ça…
- …
- Ce que j’essaye de te dire, de manière un peu confuse, je te l’accorde, c’est que tu vaux plus que ça pour moi. Et ne me demandes pas pourquoi je te dis ça maintenant parce que je n’en ai pas la moindre idée !
- En fait, il y a bien une chose que je voudrais te demander, là, tout de suite…
Il se figea.
- Laquelle ?

Elle libéra ses doigts de l’emprise de David et glissa sa main dans la poche du jean. Il sursauta en la sentant s’introduire et effleurer sa cuisse. Vivement, il saisit son poignet et le remonta à sa poitrine avec force en attirant Gillian à lui.
Et dans le mouvement, entre leurs deux visages, s’interposa une photographie. La jeune femme la tenait fermement et la plaça juste devant le nez de son partenaire, comme une barrière leur interdisant de s’approcher davantage l’un de l’autre.
D’une voix légèrement altérée, elle souffla :
- Pourquoi as-tu cette photo dans ta poche, David ?
Il ne regardait pas le cliché, mais fixait Gil avec intensité.
- Et pourquoi, toi et moi, nous savons déjà que ça peut nous sauver ?

Il relâcha doucement sa pression et ensemble, ils se penchèrent vers l’image un peu abîmée que la comédienne gardait toujours dans sa main. Dessus, apparaissait un homme, beau, élancé, avec des yeux très bleus. Il portait une tenue d’évêque et affichait un air déterminé. A ses côtés, ils reconnurent immédiatement leurs deux visiteurs du FBI : Barell et Jackson.
Ils se dévisagèrent, décontenancés.

- C’était dans mon jean, mais je n’ai pas la plus petite idée de sa provenance.
- C’est un signe, David…
- Un signe pour quoi ? Un signe de qui ?
- Je n’en sais rien mais pour le moment, je m’en fous. C’est une preuve.
- Tu as raison. Et tu veux que je te dise ?
- Quoi ?
- Ce type : je parie qu’il est de l’Opus Déi…
David se fendit d’un large sourire.
- Je ne sais pas pourquoi tout ce petit monde collabore mais maintenant, on va pouvoir les coincer, ces salopards !


****************

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Message  noisette Sam 16 Mai 2009 - 19:58

****************



A cet instant, la porte de la caravane s’ouvrit avec une telle violence qu’elle fut arrachée de ses gonds et quatre fédéraux se jetèrent sur les comédiens.
- Ils sont là, cria l’un d’eux en bloquant Gillian contre le mur tandis que deux de ses collègues immobilisaient Duchovny.
- Qu’est-ce que c’est que ces conneries ? !, rugit David en se débattant comme un beau diable.
- Vous n’avez pas le droit, gronda Gil la mâchoire serrée alors que se refermaient les menottes sur ses poignets.
- Et vous, vous avez le droit de garder le silence…, récita mécaniquement l’agent qui la poussa dehors sans ménagement.

Elle trébucha, manqua de s’étaler et se redressa, étourdie. Tout tournait autour d’elle. Le plateau était secoué de tous côtés. Amy et Kate étaient en pleurs devant le spectacle des hommes en gris arrêtant les membres de l’équipe à tour de bras. Chris, Frank et Kim venaient de monter dans un fourgon de police sorti d’on ne sait où, sous les huées des techniciens qui malmenaient la camionnette et se positionnaient face au conducteur pour l’empêcher de démarrer. Un agent tentait d’interpeller Tom Braidwood, mais se retrouvait gêné par la présence de Sophia qui l’invectivait avec rage et lui lançait des volées d’injures en italien tout en secouant les bras dans tous les sens pour renforcer ses propos.
Toute cette scène semblait surréaliste !… Et pendant ce temps, le petit jeunot qui avait profité subrepticement de son interpellation pour la peloter, continuait à débiter imperturbable, en affectant un comportement professionnel :

- … Dans le cas contraire, tout ce que vous direz pourra être utilisé contre vous devant un tribunal. Vous avez le droit de consulter un avocat et d’avoir un avocat présent lors de l’interrogatoire. Si vous n’en avez pas les moyens, un avocat vous sera désigné d’office.
- Il me prend pour une conne, celui là !
- … Durant chaque interrogatoire, vous pourrez décider à n’importe quel moment d’exercer ces droits, de ne répondre à aucune question, ou de ne faire aucune déposition.
- Je crois, au contraire, que nous allons parler et que vous allez nous entendre ! Clark ? ! tonna David. CLARK ? !
Le grand noir s’approcha d’un pas tranquille suivi de son teigneux acolyte.
- Monsieur Duchovny ? Un problème, peut-être ?
- Pourquoi nous arrête-t-on ?
- Parce que nous venons de trouver la preuve de votre implication dans une opération terroriste peut-être, ironisa-t-il.
- Dites à vos hommes de nous détacher, articula lentement David.
- Ce serait prendre un risque inutile. Je connais mon métier.
- Continuez dans ce sens, et c’est vous qui allez prendre un sacré risque pour vos fesses, grinça Gillian.
- Je me permets d’appuyer la remarque de ma collègue et j’ajouterai que si vous y tenez, à votre métier, vous feriez mieux de passer rapidement la marche arrière.

L’agent Byron piaffait derrière son supérieur qui poursuivit sans se démonter.
- Allons ! Soyons sérieux ! Peut-être vous figurez-vous qu’il suffira de nous agiter sous le nez des hypothétiques relations haut placées pour nous impressionner ?
- Pas besoin de relations ! Il nous suffit de savoir ce qu’on sait. La comédienne fulminait.
Byron s’approcha et se planta face à elle. Il n’avait pas digéré l’humiliation et savourait déjà sa revanche.
- Eh ! Vous, ma mignonne, on vous a vu à moitié à poil dans vos films, alors vos airs supérieurs, on s’en bat les couilles. Vous vous prenez pour des intellos mais vous faites juste le plus vieux métier du monde, devant une caméra !
Gillian le foudroya d’un regard glacial. Lèvres pincées et mâchoire fermée, son expression marquait un dégout profond et affichait un tel mépris, que Byron finit par baisser les yeux avec le sentiment de n’être qu’une merde ! David enchaîna.
- Gil, je crois que ce que l’agent Byron essaie de te dire, c’est qu’il a été excessivement ému par la vision de ton sein pendant deux secondes et qu’en réalité, il est très client de ceux qui font le plus vieux métier du monde ! Client régulier ? ajouta-t-il avec un intérêt feint.

Clark se rapprocha et toisa de haut en bas les comédiens.
- J’ai du lourd contre vous… Du très lourd ! Alors, un ton plus bas je vous prie.
- Laissez moi deviner, Duchovny soutint son regard sans ciller, vous avez trouvé une bombe dans le bureau de Chris… ?
- …
- Oh ! Et puis, vous auriez bien aimé tomber sur un plan de l’église du Dernier Soupir-de-mon-âme-ensorcelée et des coupures de presse anti-cathos dans ma caravane, mais bizarrement, ils n’y étaient plus.
Le directeur-adjoint déglutit mais tenta de conserver sa contenance.
- Je ne vois pas à quoi vous faites allusion. En revanche, je ne vous cache pas qu’un détonateur et des pains de plastiques assez puissants pour faire sauter 500 fidèles, ça vous donne tout de suite un mauvais genre. Alors faites-moi plaisir, fermez votre grande gueule, Duchovny ! Sinon, croyez-moi, je saurai vous faire taire. Nous avons des méthodes qui ont fait la démonstration de leur efficacité, menaça-t-il. Et nous savons beaucoup de choses à votre sujet…
- C’est un chantage, Clark ? Alors écoutez bien parce que moi aussi j’en ai un pour vous : Nous avons les preuves et les témoignages que vos deux rigolos là-bas – du menton, il désigna Barell et Jackson qui s’affairaient autour de Carter un peu plus loin - ont mis le feu à nos bâtiments. Nous avons la preuve qu’ils ont dissimulé des indices trafiqués chez moi et les ingrédients d’une bombe chez Carter…
- … C’est ce que vous dites !
- C’est ce que confirmera n’importe quel examen de base. Mes empreintes ne sont pas sur les documents qui soit disant m’appartiennent, en revanche, bizarrement on en trouve d’autres et mon petit doigt me dit que ce serait très simple de vérifier si elles viennent de chez vous ! Enfin, pour votre information, j’ai fait constater par huissier cette découverte avant votre venue !
- Vous bluffez !
- Ah ! Et sinon, si vous permettez, il se tortilla pour attraper dans sa poche la fameuse photo mystérieuse, voici vos agents avec un ponte de l’Opus Déi, vous le reconnaissez n’est-ce pas ? ! (Là, il bluffait…). Alors, agent Clark, qu’en dites-vous ? !
- …
- J’hésite entre vous faire baiser mon cul ou faire preuve de mansuétude à votre égard vu qu’au fond, vous n’êtes probablement qu’un sous-fifre…
- C’est Freech qui vous a commandé cette fine opération, n’est-ce pas ? improvisa Gil se rappelant que les deux malabars étaient affectés au service personnel du directeur du FBI. Ca vous fait pas chier, railla-t-elle, d’être commandé par un mec qui exécute les ordres débiles de pauvres types en soutane ?!

Le responsable ne répondit rien et serra les dents. Elle avait raison : ça le faisait vraiment chier d’être l’instrument de ces couilles molles.

- Libérez-les ! … Tous ! aboya-t-il.
Il leva son index sous le nez de David.
- Et vous, vous avez intérêt à la fermer. Si j’apprends qu’il y a des fuites, je vous démolis votre carrière, à vous ainsi qu’à votre femme. Moi aussi, j’ai des dossiers chargés. Alors ne venez pas me chercher ! Quant à vous, ajouta-t-il en se tournant vers Gillian qui le fixait avec un regard noir, vous êtes moins conne qu’on le dit. Alors, si vous tenez à lui – il désigna Duchovny avec un petit sourire grivois -, arrangez-vous pour qu’il ne se prenne pas pour le chevalier blanc qu’il n’a jamais été ;
- Vous devriez plutôt craindre que ce soit moi qui charge !
- Laissez aux hommes les affaires d’hommes…
- Crétin ! Vous savez quoi ? ! Allez dire aux « hommes » qui vous dirigent et qui vous envoient au charbon pendant qu’ils se planquent dans leurs confessionnaux que le vent tourne. Avertissez-les : plus ils s’acharneront, plus nous balancerons. On ameutera les journalistes, et le monde saura où est la vérité…
- Ma pauvre dame ! Vous me faites marrer avec vos idéaux : le monde se fout de la vérité ! Les gens ne se soucient que de leur fric et de leur sécurité. Le reste, ils s’en branlent !
- Et moi, je ne désespère pas que des personnes sachent faire la différence entre ceux qui servent le message d’amour d’un dieu et ceux qui ne servent que le pouvoir ! Dites-le leur !
- Très bien ! articula Clark en avançant sa tête à dix centimètres de celle de Gil, qui s’interdit de reculer face à l’intrusion et le fusilla du regard. Très bien, je vais leur dire. Mais j’espère que vous n’ambitionnez pas de tourner beaucoup aux Etats-Unis dans les vingt prochaines années : ils ont aussi des contacts dans le milieu du cinéma. Et ils vous boycotteront, fussiez-vous la nouvelle Meryl Streep des années 2000 !
- Rien à foutre ! Je ne transige pas sur l’essentiel et plutôt crever que de travailler pour l’ennemi !
- Alors, crevez ! éclata Clark en lui tournant le dos avec colère.

D’un pas rapide, il s’éloigna et fit signe à ses troupes de quitter les lieux. En quelques secondes, ses équipes se rassemblèrent autour des voitures.

- Bon débarras, grommela David.
- On garde le dossier ! Celui là ne sera pas classé ! leur cria Gillian de loin.
- Nous aussi, on le garde. Nous aussi… marmonna Clark d’une voix mauvaise en ouvrant la portière de sa voiture.
- Quelle salope ! s’exclama Byron.
- Tais-toi connard ! Elle en vaut mille comme toi !

Interloqué, l’agent dévisagea son supérieur d’un air stupéfait. Il se ratatina comme une crêpe et se le tint pour dit.


****************



- Gil ? Ca va ?
David se tourna vers elle, anxieux. Elle avait fermé les yeux comme sous le coup d’une fulgurante douleur.
- Tu trembles !... Il retira son pull over et le passa doucement autour du cou de son amie.
Il entoura de ses bras le corps tendu comme un arc de la jeune femme et tendrement, commença à lui masser le dos.
- … C’est la rage, grinça Gillian.
Mais ses dents claquaient violemment et son visage, à nouveau, fut marqué par une grimace de souffrance terrible.
Duchovny saisit entre ses mains la tête de Gil et la força à le regarder dans les yeux.
- Tu as eu peur… C’est normal.
- Non. J’ai mal, David… souffla-t-elle péniblement. C’est physique. Il crut qu’elle allait s’évanouir, mais elle parvint à continuer. Je ne peux pas t’expliquer pourquoi… Ils sont dangereux, David. Ils sont très dangereux…
Effaré, il vit une fine ligne de sang s’écouler de sa tempe. Elle tituba ; il la rattrapa et constata avec épouvante deux autres marques rouges qui s’agrandissaient sur le chemisier de Gil : une à l’abdomen et une au niveau de l’épaule gauche.
- Qu’est-ce que tu as ?… Merde ! Tu es blessée ? !
Incrédule, elle défit un à un les boutons de son vêtement. Le liquide chaud s’échappait de deux marques blanchâtres sur sa peau. On aurait dit d’anciennes cicatrices. Elle murmura pour elle-même « D’où sortent-elles, celles là ? ». Le regard troublé, fiévreux, elle se tourna vers lui.
- Ce n’est pas grave… Ce n’est pas grave, c’est juste un signe, balbutia-t-elle difficilement.
- Un signe ? Arrête de divaguer tu veux ! Assieds-toi.
- L’esprit oublie mais le corps se rappelle. Il nous met en garde…
Il l’obligea à s’asseoir, en compressant sa blessure au ventre et adressa de larges signes à Kim Manners qui arrivait à grandes enjambées.
- Appelle le 911 ! hurla-t-il. Elle attrapa son bras et l’obligea à se pencher davantage vers elle.
- Ne t’inquiète pas, David, chuchota-t-elle avec peine. C’est superficiel.
- Si, je m’inquiète !
- C’est un message ! Ecoute-moi.
- Gil !
- Je t’en prie !
- …
Elle respira profondément. Il lui semblât que le mal s’atténuait.
- Ce ne sont pas des adversaires inoffensifs. C’est le diable : il faudra être sur nos gardes. Ils sont capables du pire…
Il l’étudia avec gravité, et ressentit soudain une impression étrange sous ses doigts. Pris d’un doute, Duchovny souleva la main. Sur la peau blanche, tâchée de sang, de la comédienne, on aurait dit que jamais une blessure ne s’était ré-ouverte. Le fluide semblait avoir été résorbé, comme par miracle. Et ne subsistaient que les stigmates de ces obscures souffrances.
Vidée de ses forces, elle releva la tête et lui adressa un faible sourire.
- Tu vois, ce n’était rien. Seule la mise en garde compte.

Maintenant que le message avait été délivré, l’encre disparaissait…

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Message  noisette Sam 16 Mai 2009 - 20:02

CHAPITRE 26






Jeudi 9 novembre 2000. 20h00. Dans un endroit tenu secret.
L’excitation était nettement perceptible chez les quatre hommes. Ils espéraient ce moment depuis près de quarante ans et aujourd’hui, ils le touchaient du doigt.
Quarante ans de manœuvres, de placement d’alliés. Quarante ans où il avait fallu faire preuve de prudence et d’une extrême patience. Quarante années d’attente qui étaient sur le point d’être récompensées d’une des plus belles manières qui soit.

Louis Freech s’adressa au vieillard fiévreux avec enthousiasme.
- Notre plan est une réussite absolue !
Smith confirma avec placidité.
- Pour le moment tout se passe comme prévu. Les officiels ne sont pas capables de trancher, notamment en Floride. Les avocats d’Al Gore viennent de saisir la Cour Suprême de l’Etat et demandent le recomptage des bulletins dans tous les comtés contestés. On prépare la riposte. Les avocats de Bush vont attendre le mois de décembre pour contre-attaquer, histoire de jouer la montre.
- Magnifique ! Vous êtes surs de vos juges, De Buye ?
L’évêque opusien hocha tranquillement la tête avec une fierté évidente.
- On a les cinq sous notre coupe !
- Y compris Kennedy ?
- Y compris Kennedy. Il ne pourra pas se dédire. Nous le tenons par les couilles, si vous me permettez l’expression.
- Qu’avez-vous fait ?
- Disons que quand on met les enfants sur la balance, même les incorruptibles finissent par s’écraser…
- C’est bien. C’est très bien… Nous allons bientôt savourer la victoire. Mais il y a quand même quelque chose qui me chiffonne…

Dans ses petits souliers, Freech s’enfonça dans son fauteuil.
- Vos hommes ont merdé, Louis…
- Je sais, Monseigneur. Mais c’était impossible à prévoir ! Les comédiens savaient énormément de choses, c’est inexplicable ! Ils possédaient même une photo de mes deux gardes personnels…
- Le boxeur et le balafré ?
- Oui. Barell et Jackson… Je n’arrive pas à comprendre comment ils ont pu l’avoir dans les mains. On les voit sur l’île Saint Joseph…
- Ca fait déjà quelques années qu’on n’utilise plus ce repaire, commenta Smith qui semblait malgré tout ennuyé.
- Ce n’est pas le pire. Mes deux gars sont photographiés avec Di Pagelli…
- Quoi ?! Ce psychopathe ?! s’écria l’homme de l’ombre qui ne haïssait rien tant que les personnes incapables de maitriser leurs pulsions primitives.
La violence était parfois nécessaire, mais devait toujours être contenue dans un périmètre strictement professionnel. C’était son intime conviction.
- Voyons, vous exagérez un peu, mon ami, le reprit avec un air sévère le prélat de l’Opus Déi. C’est tout de même l’un de nos membres les plus zélés.
- Ce type est incapable de se tenir tranquille. On a du l’écarter à cause de ses accès de violence !
- Je l’ignorais…, s’étonna le directeur du FBI.
- Normal, on a circoncis la divulgation de ses hauts faits. On n’a pas besoin de ce genre de publicité dans les médias.
- Mmm. En tous cas, il est de chez nous et c’est connu de tous les spécialistes.
- Si je comprends bien, susurra le vieil homme avec un œil mauvais, ce sont ces petits saltimbanques qui nous tiennent les couilles cette fois…
- Ils ne diront rien, protesta précipitamment Freech. Nous leur avons fait comprendre ce qu’ils risquaient ! Eux aussi, ils ont des gosses. Et en plus, tous ces acteurs sont des personnalités trop égocentriques pour compromettre leur carrière au cinéma. Croyez-moi. Nous n’en entendrons plus parler…
- Soit. Vous n’avez peut-être pas tort. Après tout, ils n’en savent pas assez pour être vraiment dangereux.
- Quant à l’épisode, ce n’est qu’une fiction, confirma De Buye. Ne faisons pas d’eux des porteurs de drapeaux.
- Dans ce cas, c’est réglé. Concentrons-nous sur notre œuvre, alors…

Quelques minutes plus tard, l’élégant directeur du Bureau et l’évêque prirent congé. Smith, le serviteur dévoué, sourit à ses deux acolytes en les regardant partir. Puis il se pencha discrètement vers son maître et mentor.
- Vous pensiez ce que vous avez dit tout à l’heure ? Que ces deux comédiens n’étaient pas dangereux ?
- Vous me connaissez, Smith. Je ne suis vraiment tranquille que lorsque le ménage est parfaitement et complètement fait… Vous me suivez ?
John Smith soupira d’aise. Un détail ne devait jamais être laissé en suspens.

- Sans problème, Monseigneur. Ne vous inquiétez pas. J’ai dans mes relations de remarquables agents de nettoyage…


CHAPITRE 27





Los Angeles. Maison de Gillian Anderson. Vendredi 1 décembre 2000. 20h00.

Alors que Gillian dédaignait comme à son habitude l’écran noir, David avait immédiatement allumé la télévision et regardait distraitement le flash info qui précédait la diffusion de l’épisode tant attendu.

« Ces élections marqueront décidément l’histoire de notre pays. Après l’épique soirée du 7 novembre où devant des millions d’américains, nous avons annoncé successivement la victoire de Gore puis de Bush, tant les résultats du scrutin étaient serrés… Après la saisie de la Cour Suprême de Floride par les avocats du démocrate Al Gore… Après leur décision d’ordonner que le recompte ait lieu dans tous les comtés contestés, mais ce avant le 12 décembre date à laquelle les résultats devront officiellement être proclamés… Et alors que depuis des jours, des citoyens épluchent, comptent et recomptent ces bulletins douteux qui peuvent faire basculer l’élection… Voilà que nous apprenons à l’instant que ce sont maintenant les conseillers de Georges Bush qui saisissent cette fois la Cour Suprême des Etats-Unis, la plus puissante des juridictions de notre territoire. Ils ont décidé d’invoquer la rupture de l’égalité devant la loi du fait des différentes méthodes retenues pour le décompte et arguent que la Cour de Floride a dépassé ses compétences judiciaires en prenant l’initiative de la vérification ».

N’écoutant que d’une oreille, le comédien ruminait.
- Ca m’énerve ! Je voudrais comprendre pourquoi l’Opus Déi et le FBI travaillent ensemble. Pourquoi ont-ils monté des manœuvres aussi risquées pour faire taire de simples artistes ? C’est complètement disproportionné !
- Ils ne veulent pas qu’on parle d’eux…
- Ca fait des années qu’on parle d’eux. D’où crois-tu que nous avons tiré nos idées pour le scénario, Chris et moi ? Je te jure, je ne comprends pas.
- Alors, il faut croire que jusqu’à aujourd’hui, ça ne les traumatisait pas plus que ça.
- D’accord ! Alors, dis-moi : qu’est-ce qui a changé aujourd’hui, hein ? Tu peux m’expliquer ?!
De la tête, elle désigna le journal télévisé qui continuait à se dérouler devant eux.
- Euh, à part qu’on ne sait même plus compter correctement pour l’élection d’un président, je ne vois pas !
- Ouais…
- Ils ont tenté un petit coup minable pour nous intimider, tenta Gil, et ils ont fait marche arrière quand ils ont réalisé qu’on pouvait leur faire une bien pire publicité en dévoilant leurs manigances qu’en diffusant un banal épisode, c’est tout…
Mais au fond, elle n’était pas franchement convaincue par les explications qu’elle avançait.
- Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai du mal à croire que ce soit si simple. Tu t’exposerais autant si ce n’était qu’un petit coup minable, toi ?
- …
- …
- Ils sont peut-être bêtes ! proposa-t-elle avec une grimace.
Duchovny sourit.
- Tu m’as dit toi-même qu’ils étaient dangereux, vraiment dangereux…
Elle se rembrunit.
- Oui. C’est vrai, c’est ce que j’ai ressenti… Mais ça fait quatre semaines maintenant, et on n’a plus entendu parler d’eux.
- Mmm. Non. Pas jusque là.
- Vous avez pu terminer l’épisode et ce soir, il va être diffusé devant des millions de personnes. Quel qu’ait été leur projet, on dirait bien qu’il a échoué…
- J’espère que tu as raison.

Il soupira et attrapa une part de pizza.
- Tiens ! Ca commence !
- Tu te rends compte de l’événement, David ! commenta Gil en prenant place à ses côtés. Je crois que je n’ai jamais vu en entier un seul des épisodes de la série !
- Traître !
- Oh, c’est bon, grommela Gil un peu gênée tout de même.
- Tu as un problème avec ton image, Gillian. Je connais pas mal de comédiens qui n’aiment pas trop se voir sur l’écran, mais aucun autre que toi ne boycotte avec autant d’énergie ses œuvres !
Elle ne répondit rien. Elle avait eu cette discussion à peu près un millier de fois avec des amis, de la famille ou des psys. Il n’en était jamais rien ressorti de bon.
Elle ne savait pas comment leur faire comprendre que, pour elle, jouer un rôle était une mise en danger. Une mise en danger de son identité. Et qu’elle avait besoin de ne pas frayer davantage avec ses personnages sur l’écran sous peine de risquer ce qu’elle redoutait le plus dans son métier : la folie…
Et elle aimait trop la vie, sa vie, pour se laisser phagocyter par les multiples existences parallèles de ses compositions.
C’était l’un des avantages du théâtre : après une représentation, il n’y avait plus de traces de cet autre qui vous habite. Ou que vous habitez, c’est selon. Le personnage disparaissait. Et tout rentrait dans l’ordre.

Pour Gillian, investir un rôle, c’était comme s’emprisonner de plein gré dans une passion amoureuse. Une parenthèse insensée et merveilleuse, follement intense.
Et en sortir était une libération !

Mais David était déjà passé à autre chose, tout excité de voir enfin le résultat du travail que Chris et lui avaient fourni pendant ces derniers mois.
- Tu vas voir. Ca va te plaire !
- Quoi donc ?
- Chris a un peu réglé ses comptes avec ses salopards !
Ils entendirent les premières notes de la musique de Mark Snow. Le générique défila jusqu’au moment où apparut sur la vision du ciel tourmenté le titre de l’épisode :

« OPUS DEI »


Et alors qu’elle s’attendait à voir s’afficher l’éternel « The truth is out there », une toute autre sentence se matérialisa sur leur écran :

« Pauvres de nous, qui sommes si loin de Dieu et si près des Etats-Unis »


Elle sourit.
- C’est de circonstances…
- N’est-ce pas ? ! C’est un proverbe mexicain, figure-toi…
- Un peu revanchard, peut-être ?
- Avec le FBI dans le coup ? ! Tu plaisantes, j’espère ? ! C’était le minimum !


****************

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Message  noisette Lun 25 Mai 2009 - 20:33

Derrière l’écran, Mulder et Scully conversaient.

« Ils étaient assis côte à côte sur les sièges confortables d’une voiture grise et Scully contemplait le paysage monotone qui défilait par sa fenêtre.
- Selon mon informateur, cet assassinat est l’œuvre d’un groupe religieux traditionaliste. Il prétend que ceux-ci ont déjà monté des opérations en Amérique Latine voire en Espagne avec à chaque fois, des visées politiques en ligne de mire.
Elle se retourna vers lui, l’air préoccupée.
- C’est de l’Opus Déi dont tu me parles ? !
- Ah !, triompha Mulder tout en conduisant un poil trop vite au goût de Dana. Toi aussi, tu y penses ! Ca me fait plaisir de constater que je ne suis pas le seul à les mêler à mes « théories conspirationnistes ». Il avait lâché le volant et mimait des guillemets en roulant des yeux pour appuyer ses derniers mots.
- Mulder ! La route !
- Oui, oui…
- D’abord, je n’ai jamais dit qu’ils faisaient partie d’une conspiration. J’ai juste… associé une idée à une autre, c’est tout.
- Soit. Et ton association d’idée, Scully ? Tu ne crois pas qu’elle repose sur certaines de tes connaissances à leur sujet qui t’influencent et t’inspirent de la méfiance ? Que sais-tu d’eux au juste ?
- Ce sont des catholiques conservateurs, exposa la scientifique, pourfendeurs de Vatican II, qui ont effectivement pris la détestable habitude de mélanger religion et politique. Ils avancent en eaux troubles, ne se distinguent pas par leur transparence – là, j’euphemise – et visent notamment à infiltrer les élites politiques, intellectuelles et économiques pour répandre leurs idées et leurs conceptions rétrogrades du monde. Mais de là à en faire des assassins…
- Scully, tu es croyante, non ? !
- Oui !
- Alors, dis-moi… au fond de toi… Qu’est-ce que tu penses vraiment de ces gens-là ?
Dana se retourna vers la vitre de la voiture, soupira et leva ses yeux bleus vers le loin.
Son regard semblât tout d’un coup transpercer l’écran et interpeller directement quelqu’un au-delà de la boite noire.
- Je crois qu’ils sont dangereux… Vraiment dangereux ! »



- J’ai jamais tourné ça, murmura Gillian la mine interdite.
- Mmm… quoi donc ? articula David la bouche pleine de pizza végétarienne.
- Ca ! Ecoute !
Elle monta le son de la télévision.

« Scully continuait.
- Ils avancent masqués. Tentent de se faire passer pour de braves gens de bonne volonté dont le seul objectif serait de moraliser un peu cette société qui perd ses valeurs fondamentales. Mais en réalité, c’est le pouvoir qu’ils recherchent. Et avec ça, le pouvoir d’imposer leurs idéaux uniques au monde entier. Ils sont dangereux car ils sont d’une extrême intolérance et parce qu’ils pensent que seuls des hommes comme eux doivent orienter les grands changements de notre civilisation.
- Diable ! Pour une fois que tu abondes dans mon sens ! Je suis presque troublé. Je me demande si je dois me réjouir de cette évolution ou m’inquiéter de voir disparaître mon Jiminy Cricket rationaliste attitré !
- Très drôle !…»


- C’est pas le texte que j’ai tourné !
- Bien sûr que si, Gil ! Tu as oublié…
- J’oublie rien, David. Je t’assure que jamais je n’ai joué cette scène ! Regarde !

« Mulder poursuivait.
- Et ça, dis–moi. Ca t’évoque quelque chose ce symbole ? Mon informateur prétend que ça vient directement du QG de l’Opus Déi. Un papier à en-tête avec ce sigle.
Dana se pencha vers le document. A l’image, apparut distinctement la représentation d’un crâne sans mandibule. Deux os assez longs se croisaient en arrière plan et l’ensemble surmontait le chiffre 322.
- Alors ?
- Ce ne sont pas de vrais os. L’épiphyse proximale indique des fémurs mais l’épiphyse distale évoque plutôt des humérus…
Les réflexes de médecin légistes prenaient le dessus…»


- Skull and Bones !

David venait de s’écrier en manquant de s’étouffer avec sa quatre saisons.
- Le FBI, l’Opus Déi, et Skull and Bones : c’était ça le lien ! Je savais bien que je devais me rappeler quelque chose !
- Skull and quoi ?
- Skull and Bones ! Cette image, c’est l’emblème de Skull and Bones ! Oh putain, c’est énorme !
- Eh ! Ca t’ennuierais d’éclairer un peu ma lanterne, s’il te plaît ?
- OK, OK… Je t’explique. Tu te rappelles que j’ai fait mes études à Yale ?
- Oui, bien sûr…
- Là-bas, parmi des dizaines de fraternités étudiantes, il y en avait une bien particulière : une que j’ai détesté quasi immédiatement : la Skull and Bones
- Qu’est-ce qu’ils t’ont fait pour que tu les détestes autant ? interrogea Gillian, surprise. Il était rare que Duchovny fasse preuve de tant d’aigreur et d’amertume.
- Tu te souviens de Gaspard Gallagher ?
- Ton ami de fac ? Celui qui s’est suicidé ?
- Ouais…
Il se tût un instant, le cœur lourd.

- Gaspard était le fils du procureur général de New Haven. Il faisait partie de la haute, de l’élite… Or la Skull and Bones recrutait parmi ceux là : 15 nouveaux membres chaque année. Cooptés par les anciens. Depuis 1830 et quelques, ils ont vu passer les membres des familles américaines les plus prestigieuses. Bundy, Harriman, Rockefeller, Goodyear, Sloane, Phelps, Pillsbury, Kellogg, Vanderbilt…
- Pas mal…
- Attends, tu ne connais pas la meilleure ! Ils nous ont aussi donné rien moins que deux présidents des Etats-Unis : William Howard Taft, le 27e président des Etats-Unis et… un certain George Herbert Walker Bush, le 41 ème…
- Bush, le père ? !
- Et Bush le fils, Gil… Tu comprends maintenant le lien entre Skull and Bones et l’Opus Déi ? !
- Euh… Que dalle !
- L’Opus Déi veut un président des Etats-Unis qui partage leurs valeurs ! Conformément à leurs sales petites méthodes, ils s’infiltrent ! Ils ont infiltré le FBI : si ça se trouve, Louis Freech est un des leurs. Et ils ont infiltré la Skull and Bones ! Histoire de créer des contacts avec Bush le père. Et aujourd’hui, ils ont enfin la possibilité de peser de leur poids sur cette élection en favorisant Bush le fils !
- Je ne vois pas comment…
- Réfléchis ! Ca faisait des semaines qu’on disait que les sondages étaient hyper serrés. Ils créent les conditions d’une contestation en trafiquant des machines. Gore conteste devant la Cour Suprême de Floride. Et Bush n’a plus qu’à saisir La Cour Suprême des Etats-Unis ! Il ne leur faut que 5 votes, tu te rends compte, Gil ? ! Cinq mecs qui peuvent faire basculer les résultats de l’élection !

Dégoûté, il se prit la tête entre les mains.
- Tu te trompais. Ils ont gagné, sur toute la ligne ! Nous n’étions qu’une brindille dans les rouages de leur machination pour conduire à l’élection d’un président sous leur coupe !
- Mais enfin, David, des juges de la Cour Suprême ! Ils ne vont quand même pas les acheter !
- Ca s’est déjà vu malheureusement. Et en plus, le vote de certains est déjà acquis : Rehnquist, Scalia ou Thomas sont des ultra-conservateurs qui se sont déjà fait largement repérer pour leur partialité ! Même moi, je ne me reconnais pas dans leurs positions extrêmes.
- Mais les démocrates ? Et ceux qui sont intègres ?
- Ils peuvent toujours les faire chanter, Gil. Je parie que c’est ça leur grand coup ! Dix contre un qu’ils font basculer l’élection pour Bush avant la date fatidique.
- Tu n’aimes pas Bush ?
- Je suis républicain, mais j’aime pas les cons. Figure-toi que j’ai voté Gore ! En plus, je le crois capable de mener une vraie politique pour l’environnement s’il tient les rênes…
- Alors là, tu me fais vachement plaisir !
- Ouais. De toute façon, maintenant, c’est plié. On va se payer le cow-boy et ses bulles papales pendant 4 ans au moins !


- David ?
- Mmm ?
- Qu’est-ce qui s’est passé avec Gaspard ?
- Gaspard…
- …
- Ils l’avaient choisi pour être « initié » et l’intégrer au groupe l’année suivante. Lui, il s’en foutait, mais ça faisait plaisir à son père, alors…
- Alors ?
- Alors, il y est allé un soir. Il n’a jamais voulu me dire ce qui s’était vraiment passé. Mais quand il est revenu au petit matin, il était démoli, brisé. Il avait pris des coups, mais il n’y avait pas que ça…
Il déglutit péniblement.
- Il était gay, tu sais…
- Tu crois qu’ils l’ont battu à cause de ça ?
- Je crois qu’ils ont fait bien pire… Il lâcha dans un souffle. Pendant trois jours, à chaque fois qu’il s’asseyait, je le voyais souffrir le martyr…

Elle sentit une vague glacée l’envahir.
Ils se turent.
Sur le téléviseur, l’épisode se déroulait, si dérisoire maintenant, comme l’ultime bravade du condamné à mort… avant sa mise à mort…


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Message  noisette Lun 25 Mai 2009 - 20:36

- Je ne resterais pas, David. Dès que je peux, je pars à Londres.
- Tu organiseras la résistance de là-bas ? !
- Ce n’est pas ma spécialité. Elle sourit. En fait…, elle hésita. Je voudrais refaire du théâtre… Et puis, mon petit doigt me dit, que je ne vais pas être très heureuse dans ce pays pendant les prochaines années. Je ne te parle même pas du risque de ne pas travailler si ce qu’ils ont dit est vrai…
- Ne te laisse pas impressionner !
- Ce n’est pas ça. Enfin, pas seulement. Je n’ai pas la force d’être sur tous les fronts à la fois. Cette idée de reprendre le théâtre et aussi de m’accorder plus de temps pour moi et ma famille, elle me taraude depuis longtemps. Et je ne crois pas au hasard : si tout cela arrive maintenant, c’est pour une bonne raison. On me donne une direction, je vais la suivre. La résistance, je la ferais d’autres manières. Après tout, mon instinct me dit que la cause des femmes risque d’être malmenée : là-dessus, je peux l’ouvrir.
- Des mots… Juste des mots…
- Il ne faut jamais sous-estimer le pouvoir des mots, crois-moi… Les mots peuvent être aussi puissants qu’une flèche en feu, assura-t-elle avec détermination. Et quand ce sera le moment, je reviendrai.
Il la contempla avec un respect renouvelé. Fort heureusement, ses convictions semblaient inébranlables. Il n’était pas encore né celui qui la mettrait à genoux…

- Mmm. Et tu te vois monter sur scène ? Après X-Files, ça risque de te faire un choc !
- Je l’ai déjà fait, je te rappelle... Et j’aime ça, David ! Comment dire… Sur une scène, je vibre… C’est physique !
- … Ouais, chacun son truc. Il esquissa un sourire. En fait, il adorait la voir s’emballer !
- Enfin… On n’y est pas encore. Après tout, on a une série à terminer…
- Gil, il faut que je te dise…
- Dire quoi ?
- Je ne repars pas pour une nouvelle saison.

Le visage de la jeune femme se décomposa.
- Quoi ? ! Tu rigoles ? Tu me plantes ? !
- Désolé.
- Mais pourquoi ? ! … Elle ajouta plus bas. Tu as l’intention de partir en croisade contre ces connards ? C’est ça ?
- Tu veux la version officielle ?
- Vas-y.
- J’ai besoin de faire d’autres choses, de m’ouvrir à de nouveaux horizons, pourquoi pas d’écrire et réaliser un film.
- Oui. Ton projet…
- Et puis, je veux passer plus de temps avec ma famille.
- Je comprends.
Mais elle était plus affectée qu’elle ne voulait bien le reconnaître.
- Et la version officieuse ?

Il soupira.
- Je veux faire quelque chose. Je ne sais pas bien quoi encore.
- Tu ne peux pas les balancer. On n’a rien d’assez solide. Tout ce qu’on possède, ce sont les preuves que deux agents du FBI ont brûlé les locaux d’une série télévisée. Tout le reste n’est que déductions, et pour l’élection truquée, le plus important, on a rien !
- Je sais. Malheureusement, je ne le sais que trop bien…
- Alors ?
- Alors, je peux peut-être trouver un moyen de les faire chier autrement. Participer à des projets de films qui iront à contre-courant de leur petite morale malsaine et étriquée, par exemple…
- L’art comme arme de résistance ? Ca me plaît bien !
- … Et il y a une autre raison pour laquelle je veux arrêter la série…
- … ?
- Ca devient un peu… compliqué… de travailler avec toi. Il y a des choses qui ont changées entre nous. Et… c’est assez troublant, pour moi…
- …
- Ce sera plus facile pour tout le monde si nous sommes un peu moins près.
- Pour tout le monde ?
- Pour moi, en tous cas.

Elle releva les yeux vers lui. La tristesse était visible sur ses traits. Il dut tendre l’oreille pour saisir ce qu’elle prononçait.
- Tu es en train de me dire, que ce que nous avons partagé, c’est du passé ?…

Il la dévisagea intensément. Doucement, il passa sa main dans les cheveux auburn et petit à petit, son visage s’éclaira.
- On s’est pas déjà embrassés… dans une autre vie ?
- … On s’est embrassés il y a quatre semaines ! murmura-t-elle.

Il sourit.
- Non, non… je veux dire… juste nous… sans caméra ?
- Je ne crois pas. Mais elle rougit violemment.
Il la regardait avec insistance.
- J’en jurerai pourtant… Oui, j’ai une image assez précise dans la tête…

Flash… Une nuit… Du bruit et des lumières qui virevoltent… Leurs corps qui se serrent… Des larmes sur ses doigts… Un goût de sel sur les lèvres… Et ce baiser… Doux… Puis fougueux… Leurs oreilles qui bourdonnent… Et à nouveau, leurs bouches qui se cherchent…
Qu’il est bon le dernier baiser quand on se l’offre en adieu !


Il la fixait toujours. Elle resta silencieuse un instant et finalement, elle leva son regard vers lui, paisible.
- Ca devait être dans une autre vie, dit-elle doucement.
La lueur qui brillait dans ses yeux, son sourire complice… Il comprit le message.
- Oui, dans une autre vie, répéta-t-il en passant un doigt sur sa joue… dans une autre dimension.
Ils se regardèrent.
- Et là, dis-moi Gillian, on est dans quelle dimension… ?

Dans les yeux.

- Une dimension où notre relation est unique
- … indéfinissable…
- … où tu es dans ma vie…
- … et toi dans la mienne.
Il passa son bras autour de ses épaules.
- … et il va falloir s’y faire ! Parce que ce n’est certainement pas fini, ma belle !
- On s’appellera ?
- On se verra, promis !

- On n’a peut-être pas tout perdu, finalement…, déclara-t-il.
- Non, on n’a pas tout perdu ! Et qui sait, peut-être que quatre années de gouvernement « religieux » créeront les conditions d’un vrai changement pour notre pays…
- Alors tu ne désespères pas ?
- Désespérer ? Plus jamais !

Elle s’écarta de lui et se releva pour se diriger vers sa chambre.
Quelques secondes plus tard, elle revint avec un très beau violon rouge brun et un archer dans la main.
Elle posa ses lèvres sur les cordes et les embrassa doucement. Puis elle tendit l’instrument et l’archer à Duchovny.

- Joue pour moi, s’il te plaît.

Il les saisit avec précaution et la regarda reprendre sa place à côté de lui sur le canapé. Les jambes repliées sous les genoux, la tête rejetée en arrière sur les coussins, les yeux clos, elle semblait prête à se laisser transporter par la musique.
Il se redressa un peu, cala le violon sous son menton et plaça ses doigts sur les cordes. Il s’imprégna de la sensation du contact avec le bois chaud et le cuivre qui semblait encore vibrer du baiser de Gillian. Et leva son archer.
Les premières notes de «What a wonderful world » montèrent dans la pièce et les enveloppèrent.
Insensiblement, Gil se mit à fredonner puis petit à petit, sa voix grave s’éleva …
Et au milieu de la mélodie, on aurait cru distinguer le chant envoûtant du grand Louis, à moins, qui sait, que ce ne fut celui de l’autre Grand…
Un Grand, qu’on appelait de tous les noms, mais qui s’adressait au cœur de tous les hommes. Et comme la musique d’Armstrong, lui aussi, il parlait d’espérance…


« I see trees of green, red roses too
I see them bloom for me and you
And I think to myself, what a wonderful world

I see skies of blue and clouds of white
The bright blessed day, the dark sacred night
And I think to myself, what a wonderful world

The colours of the rainbow, so pretty in the sky
Are also on the faces of people going by
I see friends shakin' hands, sayin' "How do you do?"
They're really saying "I love you"


I hear babies cryin', I watch them grow
They'll learn much more than I'll ever know
And I think to myself, what a wonderful world
Yes, I think to myself, what a wonderful world »



EPILOGUE






Quelques jours plus tard, le 12 décembre 2000, la cour suprême trancha dans un arrêt Bush vs Gore : elle déclara que la cour Suprême de Floride avait dépassé le cadre de ses prérogatives et empiété sur le domaine législatif. Le recomptage manuel des voix en Floride était jugé illégal par cinq voix contre quatre, les cinq voix des juges Rehnquist, Scalia, Thomas, O’Connor et … Kennedy.
L’attribution des voix des 25 grands électeurs de Floride permit à Georges Bush de remporter avec 271 voix conter 267, la majorité absolue des suffrages lors du vote des grands électeurs le 18 décembre. Il devint ainsi le 43ème président des Etats Unis d’Amérique.
Au total, Al Gore avait pourtant recueilli plus de suffrages d’électeurs américains que son adversaire…



FIN !

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