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Rencontre du septième type

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Rencontre du septième type Empty Rencontre du septième type

Message  noisette Mer 29 Avr 2009 - 13:23

Titre : Rencontre du septième type


Auteur : Noisette
Classification : NC-17
Spoilers : tout ce qui précède la saison 8 et notamment All things, En ami, Millenium et bien sûr Requiem. Quelques allusions à Triangle, La queue du diable, Dreamland et à Compressions. Pour profiter de la fanfic, oubliez tout ce que vous savez de la fin de la série… !
Mots-Clés : Mulder/Scully USTet RST, Gillian Anderson, David Duchovny

Résumé : Sur le plateau de X-Files, le tournage de l’épisode 8X13 est fortement menacé. Une partie des bureaux a brûlé, et l’équipe a pris du retard. C’est le moment où une force mystérieuse fait basculer Gillian et David dans une autre dimension où ils retrouvent… Mulder et Scully, eux-mêmes mis à mal. Comment les quatre compères vont-ils s’entendre ? Arriveront-ils à se sortir de cette situation ?…

Disclaimer : Bien sur les personnages et la série ne m’appartiennent pas. C’est l’œuvre de Chris Carter et de toute une équipe. Et je respecte profondément leur travail. Aussi, que personne ne s’offense si je me suis permise de m’approprier (pour autant qu’on puisse s’approprier une personne vivante !) Gillian et David le temps de cette fanfic. Qu’il soit clair que, même si j’ai essayé d’être au plus près de ce que je crois être leur vécu et leur personnalité (leurs déclarations dans un certain nombre d’articles à l’appui), tout ceci reste une interprétation qui est, par essence, sujette à l’erreur. Et en plus, par la force des choses, toute une partie est carrément romancée, inventée, etc.
Une dernière précision : il n’était pas question pour moi, dans un souci de réalisme, de faire de nos comédiens favoris des êtres parfaits et sans défauts. Donc, ils en ont. Mais j’espère que chacun saura lire la profonde bienveillance qui sous-tend derrière les mots… Et en tous cas, l’immense reconnaissance pour ce qu’ils nous ont apporté pendant toutes ces années.

***********

CHAPITRE 1






PREMIERE DIMENSION
Los Angeles. Studios de la FOX. Jeudi 2 novembre 2000. 19h00.


L’agitation était à son comble ce soir-là. Les techniciens couraient à droite et à gauche sous l’œil angoissé de Carter. L’homme aux cheveux blancs et au physique avenant s’était départi de son calme habituel et ne cessait de répéter de manière plus ou moins audible « On est à la bourre, on est à la bourre ! ».
A ses côtés, Amy Turman, la maquilleuse retouchait le nez de Gillian, tentant de ne pas déraper alors que cette dernière se penchait vers Chris.

- Calme-toi. Ils se dépêchent et on y arrivera, comme à chaque fois, tu le sais bien…
- Gil ! Je dois déposer la cassette demain matin à la post-prod et on a ces putains de scènes à reprendre entièrement ! Si je chope ces enfoirés qui ont mis le feu aux bureaux, je les extermine…
- Tant que ça reste propre…
- Très drôle. C’est facile pour toi, tu n’as pas autant de pression… et…
- Eh ! Tu te fous de moi là ? ! J’ai tout autant de pression, Chris ! A cette heure là, je devrais être en train de jouer aux cow-boys et aux indiens avec ma fille, de dîner chez des copains ou dans l’hypothèse la plus favorable, de m’envoyer en l’air avec un type fantastique que j’aurai forcément rencontré si, dans l’hypothèse la plus favorable, j’avais un tout petit peu plus de temps pour prendre soin de ma vie personnelle !
- …
- Bon, là, je crois que je m’éloigne du sujet…
- Je crois, oui !
- Ecoute. Je sais que tu es anxieux, mais tout le monde se mobilise. On fait le maximum… Allez ! Tu veux que je te rapporte un café ? Quelque chose à manger ? …Tu veux un massage ? … Une pipe ? !

Carter partit dans un fou rire incontrôlable : la fatigue, la nervosité et l’humour décidément inclassable de sa comédienne principale venaient d’avoir raison de sa maîtrise de soi. Il fallait qu’il décompresse.

- Je vais faire un tour, dit-il entre deux hoquets. Reprenez la scène, David et toi, qu’on n’y passe pas trois heures…
- Ca marche. A tout à l’heure…

Chris s’éloigna, croisant dans le sens inverse Duchovny qui arrivait mains dans les poches. Il arborait son éternel sourire en coin. Quand ils le rencontraient pour la première fois, les gens lui trouvaient souvent quelque chose de hautain, de cynique. En réalité, l’homme était sûr de lui et il y avait de l’élégance dans sa façon de se moquer des autres, de la société et … de lui-même. Sa réputation de type vraiment drôle n’était pas usurpée. En un sens, ça et sa lucidité quant à ses propres défauts, le sauvaient de la médiocrité des égocentriques. Il l’était, mais il le savait… et cela faisait la différence avec tant d’autres qui se prennent un peu trop au sérieux.

Contrairement à David, Gillian n’avait jamais vraiment bénéficié de l’attention favorable de ses congénères. Elle n’avait pas été la première de la classe, pas la plus douée en sports et elle s’était vite rendu compte que ses expériences adolescentes avec plusieurs hommes plus âgés qu’elle n’avaient pas fait d’elle une vedette au lycée… au contraire… Mais elle avait l’énergie, la fierté et le désir profond d’une reconnaissance. A une époque, elle avait voulu se faire remarquer, se faire accepter, quitte à passer pour celle « qui avait le plus de chance de se retrouver en prison ». Au moins, elle était première pour ça… Aujourd’hui, elle se rendait compte qu’elle avait failli se détruire à ce petit jeu. Elle avait besoin qu’on l’aime, mais que ce soit pour elle-même : Une jeune femme attentive aux autres, fantaisiste mais travailleuse, pratiquant un humour potache, absurde ou enfantin mais aussi profondément engagée et responsable. Quelqu’un auprès de qui on se sentait bien même si, pour cela, il lui fallait ravaler des blessures personnelles. Ne pas montrer ses vraies faiblesses. Dieu sait que pour ça, son personnage lui ressemblait…

David s’approcha d’elle.
- Quelque chose ne va pas avec Chris ?
- Il est épuisé. Il faut lui faciliter le travail, sinon il va nous faire une attaque avant la fin de la soirée…
- OK. On se fait la scène ?
- Tu ne veux pas qu’on s’éloigne un peu ? Vers la forêt ? On sera plus tranquille.

A Los Angeles comme à Vancouver, l’orée du bois était à deux pas des studios. Les deux jeunes gens appréciaient le calme que cette opportunité leur offrait et aimaient se balader en discutant de la façon dont ils entendaient jouer telle ou telle prise. Et celle qui les attendait n’était pas la moindre des scènes : après des mois de disparition, Mulder était enfin retrouvé. Le moment promettait d’être intense et tous les X-philes du monde les attendaient au tournant…

- Je crois que les retrouvailles doivent être très tendres, émues, mais pas trop… euh… charnelles. Je veux dire… il faut leur laisser le temps de se retrouver dans cette relation d’amour qui, pendant si longtemps, n’a pas eu besoin de s’exprimer directement par la rencontre des corps…
- La rencontre des corps ! C’est beau !
- Tu n’es pas d’accord ?
- En tant qu’homme et dans l’intérêt de la santé mentale et sexuelle de Mulder, je crois qu’il faut… QU’IL BAISE !
- Amis de la poésie…
- Ecoute Gil, dit-il dans un petit rire, on parle bien de faire l’amour. Ce que je veux dire, c’est qu’il n’y a pas à exclure ni le désir, ni l’animalité dans leur relation, toute pure et tendre soit-elle…
- On ne s’est pas compris, Doudou…
- Ne m’appelle pas comme ça.
- David ! Il me semble juste que c’est trop tôt…
- C’est un gag ? !
- … trop tôt pour remettre le couvert ! Ce sont des gestes de soulagement, de tendresse qui vont jaillir à ce moment, pas des promesses sexuelles… Mulder est épuisé par les expériences qu’il a subies. Quant à elle, elle est surtout soulagée et c’est un euphémisme, de le retrouver. Ils ne cherchent pas, LÀ, à se mettre le machin dans le truc, tu vois ? !
- Je te croyais plus douée en anatomie !
- C’est toi le docteur ès Porno !

Ils s’arrêtèrent tout d’un coup. Du fond des bois s’élevait un grondement sourd qui ne cessait de s’amplifier. Les oiseaux de nuit se mirent à piauler. De partout, les volatiles s’arrachèrent des sombres branches des pins. L’affolement gagnait aussi les autres animaux de la forêt. Les lapins et autres rongeurs détalaient, replongeaient dans leurs terriers. Les hautes herbes s’agitaient frénétiquement sous la course des vies paniquées. A la lumière de la lune filtrée par les arbres, le spectacle de ce tapis noir secoué de toute part, avait de quoi effrayer n’importe quelle personne censée. Les deux partenaires s’étaient insensiblement rapprochés l’un de l’autre, ne comprenant rien à ce qui se passait.
Petit à petit, la poussière s’éleva dans les airs et des tourbillons de plus en plus imposants montèrent vers la nuit. Le bruit était maintenant assourdissant ; Au milieu des éléments qui se déchaînaient, Gillian et David restaient sans bouger, comme pétrifiés. Ce qu’ils voyaient ne ressemblait à rien. La fin du monde, ils ne se la représentaient pas comme ça. Ce n’était pas un ouragan ou une tempête. Ce n’était pas un hélicoptère. Ce n’était pas logique, pas rationnel…

C’était d’ailleurs ?….

Il y eut un éclair… et la nuit les engloutit…


Dernière édition par noisette le Ven 4 Déc 2009 - 10:58, édité 1 fois

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Message  noisette Mer 29 Avr 2009 - 13:27

CHAPITRE 2






SEPTIEME DIMENSION
Etat de Washington. Forêt de Blackstones. Lundi 15 mars 2000. 22h00.
( peu après les évènements de l’épisode « En ami » mais avant « All things »).


- Mulder ! Ca va faire bientôt deux heures que nous sommes là et qu’il ne se passe rien. On s’est payé ta tête, une fois de plus…
- Ce que tu peux être rabat-joie … tu pourrais apprécier cette nuit claire et étoilée. Beaucoup de femmes rêveraient de se retrouver dans une situation si … romantique !

« Chasser l’extra-terrestre quand il fait noir et froid, ce n’est pas romantique… », maugréa-t-elle, tout en se frottant vigoureusement les épaules au travers de sa parka. Mulder était assis devant elle. Elle n’avait pas besoin de le voir pour savoir qu’il affichait ce sourire heureux de l’homme tout à sa quête éternelle, mais rassuré d’être bien accompagné.

Soudain, un éclair déchira le ciel et une explosion retentit. C’était tout près. Les agents se précipitèrent vers la source du bruit alors qu’une fumée étonnamment lumineuse se dissipait autour d’eux.
Essoufflés, ils arrivèrent dans une petite clairière. Dans ce brouillard, ils pouvaient distinguer deux formes étendues par terre, apparemment inertes, sans vies. S’approchant prudemment, Mulder entreprit de retourner un des corps et laissa échapper un cri « Non ! ». Hagard, il fit volte face et dévisagea sa partenaire avec un œil fou. Au bout de quelques secondes qui semblèrent durer des heures, il finit par articuler avec difficulté :
« SCULLY ! … C’EST TOI ! ».


****************


L’homme et la femme reprenaient doucement connaissance sous le regard décontenancé et incrédule de Fox et Dana. C’était eux. Ils étaient eux. Traits pour traits.
Elle avait ce même visage finement dessiné, ces mêmes étonnants cheveux auburn. Ses yeux bleus expressifs renvoyaient juste une sensation un peu plus douce que ceux de la femme du FBI. Elle se remit sur pied : Même taille à se faire un torticolis à force de regarder d’en bas ses interlocuteurs, même type de costume strict. En regardant de plus près, il y avait pourtant quelques différences, remarqua Scully : l’inconnue avait un grain de beauté au-dessus des lèvres, sur le côté gauche. Et puis, des chaussettes bariolées, jaune, rouge et vert détonnaient sous le costume bleu foncé ! …
Lui portait un jean et un tee-shirt gris. Il possédait le même style insolent et malicieux que son presque jumeau. Ses cheveux bruns courts encadraient un visage poupon, des lèvres épaisses et un nez qui avait de quoi inspirer quelques tirades ! L’homme semblait plus à l’aise que la femme et dévisageait les agents d’un air goguenard.

- Grandiose ! Quels sosies ! Je suis bluffé ! Jeune homme, dit-il s’approchant de Mulder, je dois dire que vous êtes vraiment beau gosse !
Il partit d’un grand rire.
- En principe, je n’aime pas spécialement les surprises des fans, mais celle ci, elle est vraiment bonne ! ! !
- Qui êtes vous ? demanda Scully reprenant ses esprits et un air imperturbable.
- Bien sûr ! Les présentations ! s’exclama Duchovny de plus en plus hilare.
Et remarquant le geste de Mulder s’apprêtant à exhiber sa carte :
- Fox Mulder ! F. B. Aiiiiie ! dit il en roulant comiquement des yeux et sortant une carte imaginaire d’un veston imaginaire.
Fox et Dana se jetèrent un regard inquiet.
- Comment connaissez-vous mon nom ?
- Les extra-terrestres, jeune homme, les extra-terrestres…
- David !
- Laisse Gil. A moins que ce soit la transmission de pensée, Mul-der…
- David ! Je ne suis pas tout à fait convaincue que ce soit une vanne…
- S’il y a une vanne, je vous serais reconnaissante d’y mettre un terme, et rapidement » intervint Scully en se tournant vers Gillian.

Les deux femmes se dévisagèrent.
- Donc, articula lentement la comédienne, j’imagine que vous êtes… Dana Scully ?
- …
- OK ! Là, c’est la quatrième dimension ! Je rêve !
- Bon ! Est-ce que nous pourrions enfin savoir à qui nous avons affaire, coupa Scully excédée.
- Gillian Anderson, comédienne, annonça sobrement Gillian.
- David Duchovny, le rêve de vos nuits, déclara tout aussi sobrement David, sourire en coin.
- Scully, je peux te parler cinq secondes ? interrompit Mulder, en prenant le bras de sa partenaire pour l’emmener un peu plus loin. Dana, ces deux là sont franchement frappés mais reconnaît que c’est troublant. Ils connaissent nos noms et surtout ils nous ressemblent à s’y méprendre ! … A croire que vous vous êtes toutes les deux mises d’accord pour la garde robe la moins sexy qui soit… sauf pour les chaussettes, t’as vu ? !
- Mulder, ce type se fout de notre gueule, purement et simplement…
- Moi, je le trouve plutôt drôle… et censé ! Je suis incontestablement beau gosse !
- Mulder ! Ne t’y mets pas toi aussi ! Qu’est-ce qu’on fait ?

- D’accord. on les embarque et on les interroge, ça te va ?
- Ca me va.
- Tu mettras un jour des chaussettes comme ça ? ! …


Washington DC. Bureau du FBI. 23h00.

« Donc si je récapitule votre remarquable fable, nous en sommes là. Vous êtes tous les deux acteurs, assez connus dans l’idée que vous en avez. Vous jouez dans une SERIE TELE, évidemment, qui porte le nom de « X-Files » du nom d’un service du FBI dont vous ne devriez même pas connaître l’existence. Et, un peu comme Dieu, on peut le dire, vous nous avez CREE l’agent Mulder et moi-même. Ce qui, logiquement pour vous citer, explique le fait que nous soyons si proches dans nos apparences physiques. Et là, je dois dire que cette logique est écrasante, implacable, que dire, inattaquable ! Mais nous ne sommes pas à une invraisemblance près, vous justifiez, Mademoiselle Anderson, notre rencontre par une brèche dans le continuum espace temps qui vous aurait, bien sûr, fait passer de votre dimension, la VIE REELLE, à notre dimension, la FICTION, dites-vous ! La SEPTIEME DIMENSION même, puisque Monsieur Duchovny pense, très inspiré décidément, qu’elle correspondrait au septième art ! Si je vous suis, nous sommes de simples PERSONNAGES tandis que vous êtes, vous, les « vraies » PERSONNES !
Le problème, voyez-vous, c’est que dans notre monde, FICTIF bien entendu, nous avons, nous, les PERSONNAGES, le pouvoir de vous envoyer à l’asile ! Alors, mon collègue et moi, nous serions assez reconnaissants de cesser de débiter ces inepties et de nous dire la vérité ! ».

« Mon Dieu ! Qu’est-ce qui m’a pris de la faire si sceptique !
- Ce n’est pas de ta faute, Gil … C’est Chris qui l’a voulu… ».

Cette fois, ils n’en menaient pas large. Ils n’avaient pas retrouvé la moindre trace des studios sur le chemin du retour. Les deux agents étaient plus vrais que nature. Enfin… tels que les comédiens les avaient toujours joué. Et si Mulder avait l’air de les considérer avec bienveillance, ce n’était pas le cas de Scully. Au fur et à mesure de l’interrogatoire, elle n’avait cessé de manifester des signes évidents d’agacement, voire de franche hostilité lorsque David avait expliqué combien l’intérêt de la série reposait sur la frustration née d’une remarquable abstinence de rapports intimes entre les protagonistes depuis plus de sept ans. « La fameuse Unresolved Sexual Tension », avait-il lâché un brin moqueur.

Il était temps de faire le point.

- Mulder, je perds patience. Laisse-moi encore une minute de plus avec ces énergumènes et je leur fais une tête au carré. C’est ce qu’on fait dans les fictions américaines, non ? !
- Ecoute. Je reconnais que leur histoire est invraisemblable mais, comment te dire…, je les sens bien. Une partie de moi rejette leur discours, mais une autre partie veut leur faire confiance. Dana, reprit-il d’une voix douce, …
- Tu te lâches, Mulder ?
- Dana, ce type c’est moi ! Il me ressemble comme un frère jumeau, et il a tellement l’air de me connaître … Je veux y croire…
- Croire quoi ? Croire qui ? Tu n’es pas un personnage. Notre vie n’est pas une fiction. Et puis, Mulder, reprit-elle en murmurant plus bas, tout près de son oreille, nous ne sommes pas cette caricature d’agents qui ne pensent qu’à leur travail. Il y a plus que ça entre nous, nous le savons…
- Oui… mais, … nous n’avons pas …

Il se tût. Ils restèrent en silence un long moment, têtes baissées. Non, ils n’avaient pas. « Et pourtant », se disait-elle, plus troublée qu’elle n’aurait voulu l’être…
- Scully, ils ne sont pas dangereux et … on ne met pas son double à la rue …

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Message  noisette Mer 29 Avr 2009 - 13:28

Georgetown. Mardi 16 mars 2000. 1h00 du matin.

Cela faisait maintenant un quart d’heure que les deux femmes roulaient en direction de l’appartement de Scully. Pas une parole n’avait été échangée.
Gillian qui s’agitait depuis un moment sur son siège, finit par rompre ce silence pesant.

- Vous voudriez bien me parler un peu de vous, Dana ? Je …, j’aimerai beaucoup vous connaître mieux , dit-elle avec un air curieux.
- Vous devriez pourtant me connaître par cœur puisque vous m’avez créée ! répliqua Scully, grinçante.
- Laissons tomber ça, soupira la comédienne. Vous existez et c’est une évidence. Nous avons fait une erreur, David et moi. J’en suis désolé. Mais, je vous rassure, je suis une spécialiste des gaffes et conneries plus ou moins énormes ! Vous n’êtes pas au bout de vos peines ! dit-elle avec un petit rire triste.

Et devant le prude médecin du FBI, stupéfaite, elle se mit à raconter sa jeunesse rebelle.

« … Ce mec, c’était vraiment une relation merdique. Il ne m’aimait pas. C’est lui qui m’a poussé à boire. Ca me permettait d’oublier combien je n’aimais pas faire l’amour, enfin …, baiser, avec lui. Puis il y a eu la drogue, et d’autres relations toutes plus foireuses les unes que les autres… Je crois que je n’avais pas compris ce que c’était que d’aimer… Pas compris que j’avais le choix de me donner ou pas… Je manquais vraiment de références… Enfin, heureusement, parfois, on croise des gens biens, des gens qui vous font confiance et qui vous aiment, sans artifices, sans arrière-pensées… et qui vous font grandir…Vous comprenez, n’est-ce pas ? » demanda-t-elle sur un ton de supplique qui ne lui ressemblait pas.

C’était une prière. Elle aimait bien Scully et elle ressentait le besoin de son approbation.
Dana la regarda, sans rien dire. Elle avait bien sûr déjà croisé des personnes comme cette jeune femme, parfois un peu paumées et dont les choix étaient, à son avis, peu judicieux. Ce n’est pas qu’elle ne les aimait pas. C’est juste qu’elle ne les comprenait pas… Elle se tût.
Gillian soupira et se retourna vers la vitre : « J’aurais dû m’en douter… » dit-elle d’une voix à peine audible.

L’agent du FBI n’avait pas voulu la blesser. Changeant de sujet de conversation, elle lui demanda :
- Je suis peut-être indiscrète mais…, ces chaussettes… ?
Gil se détendit. Brusquement, elle retira ses chaussures et installa ses pieds bariolés sur le tableau de bord de la voiture. « TAN ! TAN ! », annonça-t-elle d’un ton comiquement solennel.
- C’est ma mère et ma fille qui me les ont offertes. Chouettes, non ? ! s’enthousiasma-t-elle avec un grand rire.
- Vous avez une fille ? demanda Dana d’une voix sourde.
- Piper. C’est mon bonheur… Et son visage s’illumina.

Puis soudain, elle se souvint, et confuse, se retourna vers cette femme qui lui ressemblait comme deux gouttes d’eau et dont elle ne connaissait que trop bien la souffrance. Celle de ne pas pouvoir avoir d’enfants. Elle se souvenait de cette scène où Scully, au cours d’un repas familial et voyant sa belle sœur enceinte, finissait par avouer à sa mère qu’elle ne pouvait pas avoir d’enfants. Gillian ne l’avait jamais dit, mais elle avait été ébranlée d’apprendre qu’on privait cette presque sœur pour elle d’un tel bonheur. Il ne faisait pas bon vivre dans une série télévisée comme X-Files…
A ses côtés, Scully affichait le regard lointain des tristesses qui se cachent. « Pourquoi elle et pas moi ? ! », se disait-elle en jetant un œil sur la jeune mère comblée qui semblait maintenant retombée dans un mutisme gêné. « Tant mieux, pensa Dana, je ne sais pas si je pourrais supporter bien longtemps le récit des joies de sa maternité… ». Elle se reconcentra sur la route.
Elle ne vit pas, petit à petit, le visage de Gillian qui s’éclairait et se remémorait en regardant son chauffeur avec tendresse « Ne t’inquiète pas… Tu seras bientôt maman ! »…


****************


Le portable de Scully se mit à sonner. Il était 1h15 du matin. Dana décrocha, l’air inquiet :
- Scully …
- C’est moi, Scully…
- Mulder ? Quelque chose ne va pas ?
- On peut dire ça… Mon appartement… Il est sous mes yeux… En flammes.
- Mon Dieu ! Tu vas bien ? … Fox ? !
- Ca va, ça va, dit-il d’une voix fatiguée. Tu veux bien… ?
- J’arrive tout de suite.
A ses côtés, Gillian la dévisageait, angoissée.
- Qu’est-ce qu’il y a ? C’est David ? Il va bien ?
- Je crois, oui. C’est l’appartement de Mulder qui brûle…
- Merde ! C’est une malédiction décidément !
Dana se tourna vers elle et la regarda avec insistance cette fois.
- Que voulez-vous dire par là ?
- Nos studios ont été incendiés il y a quatre jours.
- Vos studios… ?
- Ceux de la série. Je sais, interrompit-elle, vous ne me croyez pas mais je commence à me demander si, chacun à notre manière, nous ne gênons pas quelqu’un…
- Vous êtes aussi détective ? interrogea Scully d’un ton sarcastique.

Mieux valait ne pas relever la provocation se dit Gillian en se renfrognant.


Georgetown. Appartement de Scully. 3h30.

Sans le vouloir, les quatre s’étaient créé un territoire. La cuisine pour les deux agents, et le salon pour les comédiens. Devant le spectacle désolant des flammes achevant les derniers souvenirs de Fox, ils avaient préféré regagner un endroit paisible. Mais la tension était bien là, s’insinuant dans chaque souffle, chaque geste, chaque pas. Mulder paraissait complètement abattu, et David, pour la première fois depuis leur intrusion dans ce monde, semblait dépassé, presque choqué. Dana avait suggéré que chacun se repose un peu mais personne ne se sentait d’humeur à dormir, l’esprit trop occupé de craintes de plus en plus vives.

Que se passait-il dans le monde des agents ? Que restait-il du monde des comédiens ? Ils avaient là tellement plus de questions que de réponses.
Des épreuves, Scully et Mulder en avaient traversé et ils en étaient toujours sortis plus forts, plus attachés l’un à l’autre. Mais tout cela était nouveau pour Gillian et David. Pendant toutes ces années, même quand le travail était difficile, même quand il fallait faire de petites nuits, ils avaient toujours été très entourés. Leur relation était faite de moments complices, drôles, des moments de partage, mais aussi d’engueulades et d’incompréhensions. Le monde entier leur demandait à chaque interview quelle était la nature de leurs rapports. Comique ! Eux-mêmes avaient bien du mal à le savoir… Ils se considéraient comme des compagnons de route, parfois un peu comme le grand frère et la petite sœur. Mais par moments, ils se sentaient des inconnus. Etaient-ils amis ? Pouvaient-ils compter l’un sur l’autre ? Il leur manquait l’EPREUVE pour le savoir… Peut-être que là, la vérité se révélait…

- Ce n’est pas une blague. On est vraiment dans cette putain de fiction… Gil ! Où sont nos familles ? Où est l’équipe ? Est-ce qu’on va rester là à jouer les ombres de nos propres personnages jusqu’à la fin de nos jours ?

Recroquevillée sur le canapé, Gillian ne répondit pas. Sa nervosité était visible. Elle réalisait à peine maintenant qu’elle était pour le moment séparée de sa fille et impuissante à y changer quoi que ce soit. Que pouvait-il se passer pour elle ? Elle priait sa bonne étoile pour que Clyde, son ex-mari, appelle pour prendre des nouvelles comme il le faisait chaque semaine. Si c’était le cas, elle pouvait lui faire pleinement confiance pour prendre soin de Piper et la rassurer. Et il remuerait ciel et terre pour retrouver la mère de son enfant, elle le savait.
Puisant un nouvel espoir dans cette idée, elle répondit finalement.

- En tous cas, nous sommes entre de bonnes mains… David, tu les as vus : ils sont exactement à l’image de ce que nous avons créé. Si ce monde fonctionne avec les mêmes invraisemblances que la série et qu’ils sont aussi doués qu’ils doivent l’être, alors il ne faut pas perdre courage. Ils feront tout ce qui est en leur pouvoir…
- Mmm…
- Quant à nous, nous avons un avantage sur eux : d’une part, nous connaissons les ficelles de cette dimension, d’autre part, nous avons une vision globale de leur univers qu’ils ne possèdent pas… De leur univers, et de leur avenir… Tu as remarqué ?
- Qu’est-ce que j’aurai dû remarquer ? Quelque chose d’inhabituel peut-être ? !
- Ils ne se sont pas encore déclarés !
- Quoi ?
- Ils n’ont pas encore passé leur fameuse nuit.
- Qu’est-ce que tu en sais, bon sang ! Normalement, ils l’ont fait, Scully est enceinte, Mulder a été enlevé et … semble-t-il, a été retrouvé !
- Tu as vu comme ils se regardent ? Ils ont encore cette distance, ce non-dit entre eux… Enfin, ça se voit comme le nez au milieu de la figure ! Tu as bien vu tout à l’heure : ils s’apprêtaient à faire les garçons au salon et les filles dans la chambre…
- Je présume qu’ils ne veulent pas nous donner à croire qu’ils couchent ensemble.
- Ils ne couchent pas ensemble ! Pas encore !
- On parie ?
- Tenu !
- …
- …
- Gil ! On est ridicules. Pourquoi sommes-nous là ? Ca n’a aucun sens !
- Je ne sais pas, Doudou…
- Ne m’appelle pas comme ça…
- C’est juste un petit nom gentil !
- … Tu crois que nous avons quelque chose à faire ici ?
- Probablement.
- Peut-être que nous devons les aider …A moins que ce ne soient eux qui puissent nous aider, va savoir…
- Va savoir…
- Je voudrais que Téa soit là…
- Je comprends. Désolée, David. Il n’y a que moi…
Il la regarda.
- Et je ne propose pas les mêmes services ! ajouta-t-elle précipitamment.
Ils se sourirent.


****************


Pendant ce temps, Mulder et Scully étaient attablés autour de deux cafés, froids depuis plusieurs minutes déjà. La tête entre ses mains, Fox paraissait ailleurs, plongé au fond d’une douleur profonde…

- Je ne sais pas quoi te dire.
- Il n’y a rien à dire Scully. Rien. Tout a brûlé. Tout.
- Il y avait des choses importantes à tes yeux ?
- Je me fous des meubles, des vêtements, des bouquins. Je me fous de n’avoir plus de murs... Peu importe le matériel. Ca se remplace… Mais, Dana ! J’ai perdu les photos et le journal de Samantha ! Et ça, jamais je ne pourrais le retrouver ailleurs. Jamais !
- Je suis désolée, Fox. Désolée…

Elle s’approcha de lui et, très doucement, pris son visage entre ses mains. Elle le regarda au plus profond des yeux avec tout l’amour du monde et le ramena contre sa poitrine. Puis se mit à le bercer lentement en lui murmurant « Je suis là… je suis là, Fox ». Le corps de Mulder était secoué de sanglots silencieux. C’était trop : perdre sa mère, presque perdre Scully, et finalement perdre le souvenir de sa sœur alors même qu’il entrait à peine en paix avec sa mémoire… ! Une partie de son monde s’était écroulée ces derniers temps. Il enchainait douches chaudes et douches froides. Il avait consciencieusement essayé de dissimuler son désarroi à sa partenaire. Il ne voulait pas qu’elle se sente obligée de le protéger… Et tout d’un coup, le spectacle de son repère en feu, de son antre dévorée par les flammes, déclenchait ces pleurs incontrôlables. Il avait vécu des moments plus durs, mais là, il craquait…
Serrée contre lui, Dana passait ses mains dans ses cheveux, son cou, son dos. Sans s’en rendre compte, elle le caressait avec la tendresse d’une amante, toute bouleversée qu’elle était de le voir si fragile en cet instant…
Il s’écarta un peu d’elle et posa un regard humide sur son amie…

« Dana… » chuchota-t-il en passant à son tour ses doigts dans la douce chevelure rousse…


****************

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Message  noisette Mer 29 Avr 2009 - 13:29

On frappa à la porte et la tête de David apparut dans l’entrebâillement.
- Pouvons nous rentrer ?
- C’est bon, vous pouvez venir, dit Mulder en s’éclaircissant la voix et en se redressant.
Les comédiens s’assirent autour de la table. D’un air ennuyé, Duchovny fit un signe à Gillian qui secoua vigoureusement la tête en articulant silencieusement « Pas question ! ». Il soupira et se lança.
- Voilà, cela va certainement vous paraître incongru mais Gil et moi pensons que si nous nous retrouvons tous les quatre dans cette situation, c’est parce que nous pouvons nous aider mutuellement. Il marqua une courte pause et reprit. Nous trouvons troublant cette similitude entre ce que nous avons vécu…euh…chez nous, et ce qu’il s’est passé ici ce soir. Nous pourrions peut-être partager nos informations et qui sait si nous parviendrons à rendre les choses à nouveau normales… Alors, qu’en dites-vous ?

Mulder le regarda, se tourna vers le visage définitivement indéchiffrable de Scully et se leva.
- Comment savons-nous que nous pouvons vous faire confiance ?
- Parce que, nous, nous prenons le risque de VOUS faire confiance, hasarda Gillian.
- Ca ne suffit pas, dit doucement Scully.
- Nous pouvons vous donner des preuves, mais êtes-vous prêts à les entendre ?

Les deux agents se consultèrent du regard.

- Allez-y, fit Fox.
- Ne prenez surtout pas ce que nous allons vous dire comme une intrusion dans votre vie privée. Nous ne sommes pas des voyeurs, nous ne vous avons pas espionné, imité ou quoi que ce soit d’autre. Il se trouve juste que, vous êtes l’un et l’autre comme une deuxième peau pour nous, une deuxième personnalité, un double mais qui aurait sa vie propre. J’entends par là que Gil et moi ne vous ressemblons pas autrement que par le physique mais que nous savons tout de votre vie, sans forcément d’ailleurs en ressentir toute la complexité, ajouta prudemment David.
- Vous nous parlez de schizophrénie…, intervint Dana.
- Non, Dana, je vous parle de deux réalités qui n’auraient jamais dues se rencontrer. Il n’y a plus de fiction. Ce qui l’était pour nous est une vraie réalité pour vous. Ce qui chez nous tient en une heure d’épisode par semaine est une vie en temps réel ET REELLE pour vous. D’ailleurs, nous ne savons pas tout de vous à cause de ça. Nous n’avons jamais ou si peu été là pendant votre sommeil, vos repas. Nous ne savons que très peu de choses de vos amis, nous ne savons pas comment vous êtes dans l’intimité, comment vous faites la cuisine ou comment Mulder se débrouille vraiment au base-ball…
- J’adore ta vision moderne du couple, soupira la comédienne.
- Si vous savez tout, coupa brusquement Scully, vous savez aussi que nous ne sommes pas un couple.
- Vous avez pourtant aimé l’embrasser le soir du réveillon…, murmura Gillian.

Pendant une minute, on entendit voler une mouche. Un peu gênée, elle reprit.
- Mais vos défenses ont repris le dessus quand vous avez eu peur que ce ne soit qu’un baiser de nouvel an…
Dana fixait Gil avec une telle insistance que celle-ci finit par murmurer « Pardon » en baissant la tête. « Je n’aurais pas dû dire ça ».
Mulder se pencha vers sa collègue encore raidie. « Tu sais, ce n’était pas un tel mystère et j’ai vite compris ta réaction… Et, ajouta-t-il d’une voix un peu étranglée, moi aussi, j’ai aimé… ».
- Je…, je vais me coucher, je suis épuisée.
Scully se leva. Dans son mouvement, sa main caressa subrepticement la nuque de Fox. Elle sortit de la cuisine en fuyant le regard des comédiens.

- Pour quelqu’un qui est supposé la connaître…, commença Mulder
- Je sais ! Quelle cloche ! s’exclama Gillian en se prenant la tête entre les mains.


Georgetown. Appartement de Scully. 9h00.

Déjà prête, Dana préparait le café dans la cuisine. Fox et David s’habillait dans le salon. Gillian était sous la douche.
Tout en sortant quatre bols, la jeune femme se préparait à l’affrontement. Elle avait été trois fois touchée la veille : touchée par la peine de son partenaire, touchée ensuite par sa déclaration à peine voilée et touchée enfin par cette créature qui lui ressemblait tellement mais qui suscitait en elle tant de sentiments contradictoires. Certes, cette Gillian avait un sacré culot d’aborder des questions aussi personnelles mais Scully lui en était reconnaissante. C’était très curieux si on considérait qu’elle avait toujours répugné à ce qu’on lui dise ce qu’elle avait à faire. Mais il y avait en elle une parole vraie et bienveillante, bien que parfois gênante.
- Je sais à qui elle te fait penser… C’était Mulder qui venait de s’asseoir à table.
- De qui parles-tu ?
- De Gillian. Elle a ton allure. Mais au fond, c’est Mélissa tout craché !
Dana le dévisagea avec surprise : « Missy ? ! » s’exclama-t-elle… « Missy … », reprit-elle plus pensive.
C’est à ce moment que l’intéressée fit son apparition, les cheveux mouillés et en peignoir.
- Bonjour !
- Bonjour, répondirent en chœur les agents. Bien dormi ? ajouta Scully prévenante.
- Autant que possible dans ces circonstances, sourit Gillian. Euh… J’ai entendu votre dernière phrase. C’est… sympa de votre part de me comparer à Mélissa. Je l’aimais beaucoup. Elle nous manque.
- Pas tant qu’à moi, murmura Scully d’une voix très basse.
- Je me mêle de ce qui ne me regarde pas mais… je crois qu’elle vous aimait beaucoup, même si elle était un peu brusque avec vous parfois.
- Parfois oui…
- J’espère que vous me pardonnerez mes maladresses…
Petit à petit, le visage de Dana se détendait.
- C’est oublié mais ne me dites pas ce que je dois faire. Même Mélissa l’évitait ou au moins le faisait avec plus de tact…
- Promis. Et sinon, si tout va bien entre nous maintenant, vous pouvez me dire où est le séchoir à cheveux… ? !


****************

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Message  noisette Mer 29 Avr 2009 - 13:31

David avait sorti un paper-board. De l’avis de tous, il était préférable d’adopter Georgetown comme QG. Skinner serait mis au courant lorsque les choses seraient un peu éclaircies et il était peu judicieux qu’ils se présentent tous au FBI !
- Nous avons eu deux « accidents » majeurs chez nous ces derniers jours, exposa Duchovny. Dans la nuit du 30 octobre au premier novembre 2000…
- Stop ! interrompit Mulder, nous sommes le 16 mars 2000 !

- Ah ! Tu vois ? ! s’exclama Gillian triomphante en prenant David à partie.
- Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a ? demanda Duchovny, légèrement agacé.
- Excusez-nous une seconde. La comédienne tira son partenaire en retrait. Pour eux, on est le 16 mars… avant All things…donc ils n’ont pas fait l’amour … ! Rien n’est joué…, chuchota-t-elle à son oreille.
- Ouais… Soit…, admit-il.

- Donc nous sommes le 16 mars, reprit-il,… dans votre réalité ! Dans la notre, nous sommes en avance… Et pendant la nuit du 30 octobre au premier novembre 2000, un incendie s’est déclaré dans nos studios. Conséquence : la destruction quasi complète des décors et des effets plastiques de la série…
- Effets plastiques ? interrogea Scully.
- Oui. Le costume de l’hôte, par exemple, le ver parasite des égouts du New Jersey…
- Tu parles d’un effet plastique ! s’exclama Mulder, grimaçant encore au souvenir de l’affaire.
- Bref, nous avons perdu tout ça et en plus, nous avons pris un retard considérable dans le tournage des épisodes et notamment dans celui du 8X13 intitulé « Opus Déi ». Ce qui est troublant si l’on considère que le scénario de ce même épisode nous a été volé il y a cinq semaines obligeant Chris Carter et moi qui étions les deux scénaristes à le réecrire entièrement.

- Pour la suite de l’histoire, intervint Gillian, il est bon de savoir également que depuis le début de la série, nous sommes étroitement surveillés par le FBI qui nous rend des visites très régulières et a apparemment la fâcheuse habitude d’oublier des « mouchards » un peu partout. Nous en avons déjà retrouvés quatre dont une mini-caméra dans le bureau de Chris… Du coup, on se demande s’ils ne sont pas derrière tout ça…
- Et pour quelle raison le FBI vous mettrait-il sous surveillance ? demanda Scully dubitative.
- Pour les mêmes raisons que Kersh et autres pontes passent leurs temps à vous mettre des bâtons dans les roues… Nous sommes trop près de la vérité… Même si nous ne sommes que des créateurs de fiction, des artistes, ce que nous suggérons en dérange plus d’un…

- Une seconde, interrompit Mulder qui tenait à ce que les choses soient claires. Quelle est selon vous la vérité que le FBI veut cacher ? Qu’est-ce que vous suggérez de si gênant ?
- C’est compliqué, soupira David… Disons qu’il semblerait que nous ayons imaginé des complots dans la série qui soient trop proches de la réalité. Je ne vois guère d’autre explication. Mais cette cabale contre notre équipe est démente : nous ne savons même pas ce qui, dans ce que nous avons inventé, « dérange » nos chers amis du gouvernement ! … En tous cas, s’ils sont passés au niveau supérieur avec le vol et l’incendie, c’est… préoccupant.
- …mais, si nous sommes là, c’est peut-être justement parce que vous pouvez nous aider à comprendre. Ce phénomène qui nous a fait venir jusqu’à vous est peut-être nécessaire pour rééquilibrer les échanges entre ce que nous donnons à votre dimension et ce que vous pouvez apporter à la notre… Un genre d’alliance inter-dimensionnelle, si vous voulez…, s’enthousiasma Gillian.
- Mmm..Tout ça n’est quand même pas très logique…, marmonna David qui avait des réticences à accepter les théories passablement saugrenues de sa partenaire.
- Ce que nous avons vécu n’a rien de logique ! Dans ces circonstances où les sciences et la raison ne peuvent apporter des réponses acceptables, il faut bien allez chercher d’autres explications moins convenues. On doit rester ouvert à toutes les hypothèses qui nous permettrons de rétablir notre situation…, conclut Gil avec un air buté.
Duchovny leva les yeux au ciel.
- Bien, « Mulder » !

Il était temps de partager les informations. Les deux comédiens avaient fait le premier pas. « Donnant, donnant » se dit Fox en risquant le tout pour le tout. Il commença à exposer.

- Ce que Scully et moi savons, expliqua Mulder, c’est qu’à la fin de la seconde guerre mondiale, un groupe de savants et d’hommes très puissants ont « collaboré » avec des extra-terrestres. Supposant qu’il était préférable de se ranger dès le début auprès des colonisateurs, ils ont activement participé à mettre en place un virus extra-terrestre mutant dont l’un des objectif était de permettre la création d’êtres hybrides…
- …des êtres mi-humains, mi-extra-terrestre, dont Cassadra Spender était le modèle le plus achevé, et qui sont appelés à être les esclaves des E.T, poursuivit Gillian sous le regard médusé des deux agents. Au nom de cette trahison et avec l’aide des technologies extra-terrestres, les hommes du syndicat et leurs savants ont perpétré des crimes innommables, protégés par le gouvernement qui avait intérêt à ce que ces méfaits soient ignorés de tous. Quitte à supprimer les gêneurs. Et peu importe en réalité que certains aient tenté parallèlement de trouver un vaccin contre le virus car la plupart des membres de ce syndicat n’ont en réalité cherché qu’à protéger leurs propres intérêts, leur propre pouvoir. J’ignore comment il faut le prendre, mais ce double jeu les a perdu et ils ont finalement été éliminés…
- Gil ! Tu m’impressionnes ! Tu as réussi à tout retenir ? ! Même Chris m’a avoué un jour qu’il était largué…
- C’est lui pourtant qui m’a fait faire une révision de la mythologie pour l’écriture de mon deuxième scénario…

- Nous ne voudrions pas vous interrompre dans votre petite discussion privée, coupa Dana légèrement agacée, mais… nous sommes toujours là et votre « mythologie » est notre…
- Réalité ! Nous le savons. Voilà votre vérité, la réalité de votre dimension et que le gouvernement et quelques autres veulent cacher ! D’ailleurs le réseau est loin d’être réellement démantelé, reprit Duchovny. Partout dans le monde, des hommes poursuivent leurs expériences sur d’autres hommes, et leurs tueurs, humains ou extra-terrestres, font disparaître ceux qui en disent trop. …
- Et nous l’avons payé cher…, conclut Mulder en jetant un œil à Scully dont le regard était lointain. Mais ce que vous nous avez décrit n’est pas VOTRE réalité. Pour vous, nos souffrances, notre combat ne sont rien d’autre que des histoires sur lesquelles il y a beaucoup d’argent à se faire.
- C’est ce que nous avons cru, murmura David. Mais il semblerait que nos « histoires » nous rattrapent…

Le détachement avec lequel les deux comédiens parlaient de sa quête, de leur quête, choquait Mulder. D’où son cynisme. Il y avait décidemment deux monde : celui bien confortable de ces deux là, et le leur. Plus ils discutaient, plus Fox avait l’impression d’être coincé. Ils savaient presque tout ! Pouvaient-ils dès lors décider de leur avenir ? Ils réalisaient des « scénarios » sur leur vie… Des scénarios ! Mais où était leur libre-arbitre à Dana et lui dans ce cas ? Tout ce qui allait leur arriver était-il écrit ? Pouvaient-ils décider, au gré de leurs envies, de le faire disparaître, de tuer CGB Spender ? ! Ou pourquoi pas ! De faire que Scully, bien que stérile, attende un enfant par exemple ? ! … C’était dément !

Gillian intervint.

- Fox ! (non… Mulder, même ses parents l’appellent Mulder !)… euh, Mulder ! Aucune réalité n’est inférieure à l’autre, quoi que vous en pensiez. Et notre propos n’est pas de diminuer l’importance de votre travail. Non seulement, il est fondamental, mais en plus, nos connaissances et nos compétences vont pouvoir se compléter. Après tout, ce que nous voulons tous, c’est résoudre ces problèmes. Vous vous dites peut-être que vous n’êtes pas libres de votre destin puisque nous avons l’air de faire votre histoire, mais la vérité est double. Aujourd’hui, ce n’est qu’avec vous que nous pouvons comprendre et changer ce qui nous arrive, à nous, dans notre dimension. C’est à vous de faire notre histoire… D’accord ?… Alors, poursuivons…

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Message  noisette Jeu 30 Avr 2009 - 18:59

CHAPITRE 3






Baltimore. Eglise de la Sainte Famille. 9h00.

John et Katie étaient arrivés avec une horde d’amis et autres croyants de leur paroisse. Depuis qu’on leur avait permis de prendre contact avec le Père du Baye, leurs espoirs s’étaient intensifiés et leur ferveur avec. Ils poursuivaient inlassablement leur porte à porte pour convertir et clamer qu’il fallait craindre Dieu et vivre selon ses anciens préceptes loin de la folie de cette société qui ne pensait qu’à la violence et au sexe. Et que la miséricorde de Dieu n’irait qu’à ses fidèles serviteurs et cette miséricorde sauverait John de la cécité qui le guettait. Quoique puissent prétendre certaines des personnes qu’ils rencontraient et même l’évêque (un homme qui acceptait les divorcés à la messe, et qui accueillaient même des homosexuels dans la communauté chrétienne de Baltimore !), ils étaient des chrétiens traditionnalistes et ils avaient raison de l’être. D’ailleurs Dieu allait prouver que c’était eux les justes…
La messe se faisait bien sûr en latin. Tous s’étaient vêtus de blanc comme l’avait demandé le Père du Baye puisque, avait-il dit, ce serait la «renaissance » de John. Avant la célébration, un homme, qui semblait être le sacristain, avait administré un «calmant » au fragile jeune homme, justifiant cela par le fait que le moment risquait d’être trop intense pour lui. John avait d’abord protesté mais s’était laissé convaincre finalement.
Et maintenant, alors que les incantations s’égrenaient de plus en plus ferventes, il sentait une fièvre l’envahir. Le prêtre apposait ses mains sur son front et John, à genoux, les yeux clos, répétait les mots envoutants du Père du Baye. L’assemblée, tout autour de lui, se resserrait, il se mit à trembler, les sons se mélangèrent dans sa tête et il tomba au sol en criant « Amen ! »…

Quant il revint à lui, il découvrit pour la première fois depuis 15 mois sa femme… en couleur… Il murmura à Katie « Je te vois ! ». Et tous se remirent à genoux en pleurant au miracle sous le regard satisfait du prêtre et de son « sacristain »…



CHAPITRE 4






Georgetown. Appartement de Scully. 10h00.

Ils s’étaient mis d’accord pour se rendre à l’appartement de Mulder, ou plutôt ce qu’il en restait. La discussion portait sur la répartition des rôles lorsque le téléphone sonna. Dana décrocha.
- Dana Scully.
Il y eu un bref silence puis une voix caverneuse mais bien connue lui répondit.
- C’est un plaisir de vous entendre, agent Scully.
Immédiatement, le visage de la jeune femme se referma. Elle fit signe à Mulder de s’approcher et mit le haut-parleur.
- Laissez moi deviner… Vous êtes avec l’agent Mulder. Il peut entendre ce que j’ai à vous dire. Du reste, je ne me leurre pas : vous lui direz tout après ce qu’il s’est passé il y a deux semaines.
- Vous m’avez trompé Spender ! Vous avez profité du fait que je ne pourrais pas refuser ce que vous me promettiez. Votre cassette qui contenait toute la médecine extra-terrestre, celle qui aurait pu guérir de tout, elle était vide ! Vide ! Et vous le saviez puisque vous avez fichu le camp pour que je ne puisse surtout pas vous retrouver ! … D’ailleurs, qui me dit que ce n’est pas vous qui avez payé quelqu’un pour me tirer dessus au moment de l’échange ?
Une colère froide montait en elle.
- Voyons, mon amie…
- Nous ne sommes certainement pas des amis !
- … Vous savez parfaitement au fond de vous que je ne désire pas votre mort. Je vous aime bien, Dana. Et je regrette autant que vous d’avoir été blousé. Mais je n’étais que l’intermédiaire… un intermédiaire mourant et c’est pour cela que je suis parti et que je vous appelle aujourd’hui …
- Vous avez déjà suffisamment essayé de m’attendrir sur votre situation. J’arrête les frais.
- Je ne crois pas que vous ferez cela…
- J’en ai assez de vos manigances. Allez au diable !
Et elle raccrocha brutalement.

- Il savait qu’on allait vous tirer dessus… et il voulait garder pour lui la cassette, commenta Duchovny. Mais il vous a sauvé la vie au dernier moment, et il a jeté la disquette.
Scully ne dit rien. Fox semblait ennuyé.
- On peut peut-être tenter le coup…
- Tu plaisantes, j’espère ! C’est toi même qui m’a convaincu que je n’aurai pas du lui faire confiance, dit-elle un ton plus bas.
- Oui. Mais si ce qu’il dit est vrai - il désigna David du regard -, Spender doit pouvoir nous aider…

Le téléphone sonna à nouveau. Tous les regards étaient tendus vers Dana… qui ne bougeait pas et regardait fixement Mulder… Ils se dévisagèrent et sans qu’un mot soit prononcé, ils semblèrent se mettre d’accord. Elle décrocha.
- Je suis à l’hôpital George Washington, chambre 212. Et je vous attends… sauf si les raisons de l’incendie de l’appartement de… mon fils…
- Arrêtez ça, murmura Dana les dents serrées…
- … ne vous intéressent pas.
Il raccrocha instantanément. Il y eut un silence.

- Allons-y, Mulder. Nous passerons chez toi ensuite.
- Oh ! Une minute ! s’écria Gillian en bondissant sur ses pieds. Je ne reste pas ici, moi !
- Elle a raison, renchérit David. Partageons-nous ce qu’il y a à faire. Nous gagnerons du temps. Est-ce que le FBI fait des équipes de jumeaux … ? !
Fox sourit. Mais il restait dubitatif quant à cette hypothèse. Agent du FBI, c’est tout de même un métier… Dana et lui avaient dû réussir des tests physiques, psychologiques et intellectuels suffisamment difficiles pour en être convaincus.
Les comédiens se consultèrent du regard. Et brusquement, changèrent d’attitude. Duchovny se redressa, rajusta son col, installa ses mains dans ses poches, pendant qu’Anderson perdait soudainement son sourire ouvert et adoptait un regard plus froid, plus neutre quoiqu’intense. Elle aplatit ses cheveux en bataille et sous l’œil décontenancé de Mulder et Scully, s’approcha d’eux.

- Agent Scully, FBI. L’agent Mulder, ici-présent et moi même, dit-elle en désignant David qui adressait un petit signe de tête à leurs interlocuteurs, menons une investigation autour de la disparition d’un de vos patients. Nous aurions besoin de quelques renseignements supplémentaires.
- Nous pensons que vous avez pu voir certaines choses et même si elles vous semblent étranges, elles peuvent nous aider…
- Même si ce n’est pas très… rationnel…, ajouta Gil sans perdre son sérieux.

Assis sur le canapé, Fox et Dana avaient compris le manège de leurs doubles et étaient au spectacle. A la dernière réplique, ils retinrent un rire.

- Voyez-vous, poursuivit Gillian, l’analyse chromosomique de sa séquence d’ADN lors de plusieurs tests pré-prolyphisiens… (rire de Scully)… cette analyse, continua la comédienne imperturbable, a démontré la présence d’une déformation chimique de son processus nerveux...(« N’importe quoi ! » hoqueta Dana)… En effet, l’hypothalamus sécrète des éléments pathogènes qui engendrent une transformation des globules en agents corrosifs attaquant le métabolisme cérébral… (fous rires des deux spectateurs)… Ce qui explique son comportement asocial, agressif, tout à fait caractéristique du syndrome de Chander-Holmes ! (Les deux agents en avaient les larmes aux yeux).
- Absolument, acquiesça David, d’un air pénétré.

Scully se remettait de ses émotions. Cela faisait longtemps qu’elle n’avait pas ri autant.
- C’est très drôle et je reconnais que vous êtes crédibles… mais sur le plan médical, ce que vous dites n’a aucun sens !
- Quelle importance ! s’exclama Gillian. Nous ne sommes pas médecins ni agents du FBI, nous sommes acteurs. Notre métier, c’est d’embobiner ! Pas de dire la vérité, ou même des choses censées ! Tant qu’on nous croit, c’est gagné ! Et nous vous avons convaincu, non ? ! conclut-elle avec un sourire malicieux.
- Pour moi, c’est vendu, déclara Mulder à qui ce petit intermède avait rendu un peu de bonne humeur…

«Et si c’est nécessaire, je sais aussi faire une carotte en colère» déclara David en attrapant sa veste alors que sa partenaire piquait un de ses célèbres fou-rire….

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Message  noisette Jeu 30 Avr 2009 - 19:02

Hôpital George Washington. 11h00.

Les couloirs blancs et tristes de l’hôpital n’étaient pas faits pour détendre l’atmosphère. David avait bien essayé de dérider Scully pendant le trajet mais rien n’y faisait : elle ramenait systématiquement la discussion autour de l’organisation pratique de l’entretien. Le comédien en venait presque à regretter la compagnie et le caractère fantaisiste de Gillian.
Alors qu’ils s’apprêtaient à rentrer dans la chambre 212, Duchovny saisit le bras de Dana et la tira en retrait dans un petit recoin.
- Scully, je ne suis pas votre ennemi. J’imagine combien cette situation est déstabilisante et vous rappelle de mauvais souvenirs…
- < Genre Eddy Van Blundt, Morris Fletcher ou encore ce mercenaire, tu ne crois pas si bien dire…>, pensa Dana tout en défiant Duchovny du regard.
- …Mais si vous affichez cet air fermé à mon égard, Spender va se méfier. Je sais que ce n’est pas votre boulot, ajouta-t-il dans un sourire, mais il va falloir jouer la comédie ! Sommes-nous d’accord ?
- C’est bon, maugréa Scully tout en se dégageant de son emprise. Mais vous avez intérêt à être convaincant également.
- Faites-moi confiance. J’ai joué avec Brad Pitt tout de même ! déclara David d’un ton pincé.
Le regard appuyé et indéchiffrable que lui lança Dana le dissuada de poursuivre la plaisanterie.

La chambre était plongée dans la pénombre et ils mirent un moment à apprivoiser l’obscurité. Pendant ces quelques secondes, Spender les observa. Il avait toujours eu des sentiments complexes à l’égard de ces deux là. Bien sûr, Mulder était sa fierté : impossible de ne pas admirer l’intelligence explosive de son fils et son opiniâtreté à poursuivre sa quête alors que le monde entier se liguait contre lui. Oui, son fils était un héros ! Mais, le vieil homme avait eu accès à tellement de secrets fondamentaux, qu’il ne pouvait retenir sa colère contre ce jeune fou qui réclamait que la vérité éclate. La connaissait-il seulement cette vérité ? Il était incapable de mesurer le poids du savoir : il ne savait pas, contrairement à lui, ce que représentait le choix fondamental, il ne savait pas la responsabilité suprême, celle des hommes qui ont le pouvoir. Il était bien incapable de comprendre, d’assumer ce que lui, Spender, avait eu à assumer : il fallait bien torturer, manipuler, tuer ces milliers de personnes si on voulait sauver l’espèce humaine ! La morale était le luxe de Mulder, un luxe que Spender ne pouvait pas s’offrir…
Quant à la petite Scully, ses sentiments étaient tout autres : elle l’émouvait. Lui !
Ses regards noirs lorsqu’elle était en colère, sa détermination implacable pour soutenir Fox, son courage mais aussi sa voix grave et sensuelle, ses fins cheveux dorés qui appelaient la caresse et son intégrité insensée aux yeux d’un vieux briscard comme lui… tout cela le touchait. On peut avoir 60 ans, être revenu de tout, et se surprendre à éprouver les troubles amoureux d’un adolescent… !
Spender sourit à cette pensée.

- Asseyez-vous, murmura t-il d’une voix éraillée.
- Nous n’allons pas rester, déclara Scully d’emblée en gardant une distance convenable avec le lit.
- J’espère que vous vous remettez de la perte de votre appartement…, avança Spender avec un sourire sadique.
Il regretta aussitôt ces mots. Il ne pouvait contrer le vieux réflexe : faire mal et s’assurer la crainte de ses adversaires.
La réponse de Duchovny, imperturbable, fusa.
- Allez-vous faire foutre, vieux con !
CGB fut secoué de rires entrecoupés de toux violentes. Dana s’approcha du vieillard et lui tapa vigoureusement le dos.
- Tu as raison, fiston. Il faut rattraper le temps perdu et passer par ces scènes si viriles d’affrontement père-fils ! Tu dois avoir des reproches à me faire ! Aurais-je été un père absent ? ! Il s’esclaffa de nouveau.
- Je n’ai plus rien à faire ici, décréta David en tournant les talons.
- RESTE, FOX ! La voix était autoritaire, menaçante même. Je ne t’aime pas. Tu ne m’aimes pas. Si tu es là aujourd’hui, c’est parce que tu veux quelque chose que j’ai. Et moi, je veux le donner au plus compétent. Je n’y peux rien si c’est toi.
- Accouchez, Spender ! coupa Dana, l’œil noir.
Il se tourna vers la jeune femme avec un sourire. Il aimait qu’elle s’emporte. Il entrevoyait là la vraie Scully, au tempérament fougueux, celle avec qui il aurait bien partagé quelques nuits… si évidemment il avait toutes ses capacités sexuelles ce qui n’était plus le cas depuis quelques temps.
- Calmez-vous, ma belle. J’y viens.
Duchovny s’était retourné, et défiait le mourant avec haine. Il réalisait à peine que son dégout, sa colère n’avait rien de feint. Après tout, pourquoi prenait-il à cœur ce que disait cette ordure ? Il essaya de se calmer. < Je suis juste en train de jouer un rôle, je suis juste en train de jouer un rôle…>

CGB prit une profonde inspiration et se lança.
- Le syndicat n’est pas mort… Un groupe a repris ses affaires. Ils ont collaboré dès le début, mais s’étaient mis en retrait depuis une vingtaine d’années pour des raisons…, disons…, politiques. Ce sont eux qui ont récupéré la cassette et les fondamentaux de la médecine extra-terrestre. Et, croyez-moi, ils savent parfaitement comment s’en servir…


En route vers les Lones Gunmen. 12h30.

- Ca va mieux ? interrogea Scully un peu inquiète devant le mutisme de Duchovny.
- Ce type est une grosse merde ! assena son voisin.
- Tu ne devrais pas… Dana s’interrompit. Vous ne devriez pas prendre ça trop à cœur. Après tout, ajouta-t-elle un peu gênée, ce n’est pas votre père.
- Il insulte Mulder.
- Mulder n’a pas à se soucier de ce que pense ce sale type. Il vaut bien mieux que ça. Il le sait.
- Etes-vous sûre qu’il le sait ?
- Je vais vous apprendre quelque chose que vous et votre collègue avez l’air d’ignorer : Le bien que je pense de Fox, je le lui dis. Ca ne sort pas toujours tout de suite, je n’ai pas forcément l’aisance des autres pour faire de grandes déclarations, mais il m’est arrivé de l’appeler après une journée de travail juste pour lui dire merci. Merci de faire ce qu’il fait pour moi et pour les autres, merci d’être ce qu’il est. Et pour lui dire combien je tiens à lui, combien… Elle s’interrompit, trop émue pour continuer.
- Pourquoi me dire ça ?, demanda doucement David.
- …parce que vous aviez l’air de douter qu’il se sache aimé, se reprit-elle. Mais il le sait. Avec les mots. Et même sans. Vous avez toujours besoin de mots avec Gillian ?
- Nous, c’est assez différent. Je suis marié… et Gil est une amie. Et en plus, c’est une amitié compliquée… Mais c’est vrai qu’on se passe parfois de paroles pour dire ce qui compte, reconnut Duchovny avec un léger trouble.

- David, je suis peut-être indiscrète mais…, avec votre père… ?
- Ca ne s’est jamais très bien passé, Docteur Freud, lui sourit David. C’est probablement pour ça que je n’aime vraiment pas Spender…
- Je le crois aussi.

Elle dévisagea le comédien d’un regard franc.
- Je ne vous aurais jamais dit tout ça si vous ne lui ressembliez pas…
- Je n’abuserais pas de votre confiance, Dana.
Et il se renfonça dans son fauteuil, laissant Scully, pensive, les emmener vers leur destination.

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Message  noisette Jeu 30 Avr 2009 - 19:02

Chez les Lones Gunmen. 13h00.

- Salut vieille branche, s’exclama Frohike en envoyant une grande tape dans le (bas du) dos de Mulder. Agent Scully, c’est toujours un plaisir ! reprit-il sur un ton plus charmeur.
Gillian sourit franchement. Tom Braidwood, qui jouait le rôle de Frohike dans leur dimension, était un bon copain avec qui elle aimait beaucoup plaisanter entre les prises.
- Salut Tommy ! Euh, pardon, se reprit-elle immédiatement, Melvin ! Melvin Frohike, c’est ça ?
Le petit homme jeta un regard décontenancé vers Mulder.
- Qu’est-ce qui lui arrive ? murmura t-il d’un ton de conspirateur.
- C’est très compliqué, mais tu devrais comprendre d’une minute à l’autre, lui répondit Fox en consultant sa montre.
De nouveaux coups furent frappés à la porte. Langly et Byers se rapprochèrent du petit groupe.
- C’est bizarre… Nous n’attendons personne, remarqua Langly en roulant les yeux derrière ses lunettes.
- Si, nous ! rétorqua Fox avec un sourire gourmand.
Et il ouvrit, laissant passer David et Dana devant les mines médusées des trois copains.

Une heure plus tard, les Lones Gunmen avaient repris leurs esprits. Surexcités, ils assaillaient les deux comédiens de questions. Prudemment, ceux-ci avaient convenu d’un simple regard entendu de parler désormais de leurs vies et de celles dans laquelle ils se retrouvaient comme de deux dimensions équivalentes.
- Il y a fort à parier que vous n’avez pas disparu de votre dimension. Soit vous vous êtes multipliés et vous poursuivez simultanément deux vies dans deux dimensions. Soit le temps s’est arrêté dans la première dimension et vous la réintégrerez au moment même où vous en êtes partis. En tout état de cause, je ne crois pas que vous ayez à vous inquiéter de ce qu’il se passe là-bas… Langly tentait de rassurer les deux « voyageurs ».
- Je préférerai en être sure et être sure de retrouver ma fille le plus rapidement possible, lui répondit doucement Gillian.

Frohike déposa un plat à l’allure douteuse au milieu de la planche qui faisait office de table.
- Spécialité maison ! Les meilleurs steaks de fromages du monde !
Il s’interrompit se demandant à qui il devait désormais faire les yeux doux. Scully ou Gillian ? Il prit rapidement sa décision : Scully.
- Je vous sers, Princesse ?
- Haute gastronomie à ce que je vois ! lui dit Dana en scrutant le plat d’un air méfiant. Mais c’est gentil quand même…
< Gentil ! Je suis gentil ! Plutôt mourir… La prochaine fois, je choisis Gillian>. Il s’assit en grommelant dans sa barbe.

- Bien. Bilan des opérations, commença Mulder. Anderson et moi…
- Ah non ! Pas Anderson !… Gil, appelles moi Gil ! Pitié !
- Tu m’appelles bien Mulder, protesta mollement Mulder en se tournant vers la comédienne…
- Tout le monde t’appelle Mulder, répondirent en cœur les deux femmes. Qui s’entre-regardèrent et sourirent.
- OK ! Donc, nous n’avons retrouvé qu’une chose susceptible de nous aider dans nos recherches et qui ait échappé au feu. C’est une photo qu’un mystérieux informateur m’a envoyé il y trois jours. Il avait eu la bonne idée de la mettre dans une enveloppe protectrice, et nous l’avons donc retrouvée intacte. Sur cette photo, nous avons reconnu Spender, l’homme aux mains manucurées qui travaillait pour le syndicat et mon père, William Mulder…
<Silence>.
- Il y a aussi un quatrième homme et je pense que c’est lui l’information…
- Montre la photo, demanda Byers. Mulder la lui tendit. Nous y voilà ! Regarde ça Langly !
- Mmm, mmm !
- Alors ? s’impatienta Scully.
- Cet homme s’appelle Josémaria Escriva de Balaguer. C’était un évêque espagnol dont j’oserai dire qu’il était passablement rétrograde. Il serait probablement tombé dans l’oubli s’il n’avait pas été un meneur d’hommes né…
- L’Opus Déi… murmura Dana.

Et elle se tourna vers Duchovny, troublée. N’avait-il pas dit que le scénario qui avait été volé et dont le tournage avait été bouleversé s’appelait « Opus Déi » ?… Cela pouvait-il n’être qu’une coïncidence ?…

- Gagné ! reprit Byers. C’est effectivement lui qui a créé cette association avant qu’elle devienne un véritable institut séculier, doté d’un pouvoir immense au sein des hautes sphères politiques et économiques, et même au sein du Vatican.
- L’Opus Déi compte plusieurs dizaines de milliers de membres, précisa Langly. Fortes cotisations, astreintes au secret et une mission à peine voilée de s’infiltrer dans la société par le haut, notamment auprès des élites intellectuelles et politiques… Bref, Ca pue ! D’ailleurs, ils étaient très présents dans les gouvernements Franco.
- Aujourd’hui, ils se font plus discrets. Plus subtils. Et puis, ils ont quand même réussi un gros coup !
- Lequel ? interrogea Mulder. Ce fut Scully qui répondit.
- Ils ont favorisé, discrètement évidemment, l’élection de Jean-Paul II.
- Jean-Paul II fait partie de l’Opus Déi ? ! s’exclama Gillian.
- Pas exactement. Mais, idéologiquement, il est proche de leur conception du religieux. Parmi son entourage, il y a de nombreux membres de l’organisation et l’essentiel de ses nominations d’évêques se fait au sein de cette sensibilité. Tout le monde dans l’église catholique n’a pas très bien vécu les changements amorcés avec le Concile Vatican II. Alors, pour l’Opus Déi, s’attirer l’appui du pape en place et très certainement, avec la multiplication des évêques tradis, l’appui du prochain pape, c’est un gage que leurs conceptions rétrogrades de la foi vont reprendre le dessus… En fait, ajouta Dana, Jean-Paul II a une dette envers eux du fait de sa nomination. Il a bien essayé, en quelque sorte de solder les comptes en béatifiant Balaguer. Mais il est toujours insidieusement sous influence et on sait très bien qu’il n’a jamais eu de conception très moderne de l’église. Il est beaucoup moins extrémiste et élitiste que les membres de l’Opus Déi, mais il n’a qu’eux autour de lui. C’est assez facile de manipuler quelqu’un dans ces conditions…

Il y eut un long silence.
- Mais que fait Balaguer sur la photo ? demanda Gillian qui avait besoin de s’entendre dire ce qu’elle devinait déjà.
- C’est l’Opus Déi qui a repris la suite du syndicat dans sa collaboration avec les extra-terrestres… lui répondit David dans un souffle. Et qui a récupéré la cassette contenant la médecine extra-terrestre…
- Si elle existe vraiment, précisa Scully d’une voix sourde.

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Message  noisette Jeu 30 Avr 2009 - 19:03

CHAPITRE 5






Mercredi 17 Mars 2000. ITALIE. A quelques kilomètres de Ravello. 16h.

Retrouver le mystérieux informateur qui avait envoyé la photo à Mulder avait été un jeu d’enfant pour les Lones Gunmen. A croire que celui-ci voulait qu’on le retrouve… Il avait suffit d’identifier les empreintes sur la photo. A part celles de Fox, figuraient aussi celles de Piedro Castello.

Enregistrées dans le fichier d’Interpol à des fins d’élimination, c’étaient les empreintes d’un prêtre qui avait passé de nombreuses années de ministère dans les services de renseignement du Vatican. Jeune, c’était un très brillant juriste, belle gueule et sportif accompli. Mais il ne se retrouvait pas dans les relations superficielles qu’il avait nouées pendant ses années d’études. C’étaient soit des jolies filles qui cherchaient un mari riche et beau, soit des camarades arrivistes, pas si intelligents que ça, et qui, avant même de devenir avocats, étaient déjà véreux et pourris de la certitude qu’il n’y avait d'intérêts que dans ce cercle fermé de la haute bourgeoisie romaine. Piedro ne parvenait pas à se satisfaire ni de la médiocrité ni de l’égoïsme de son existence. Aussi, sa vocation avait été tout à fait sincère, et son ordination restait l’un des plus beau souvenir de sa vie. Mais il n’avait pas non plus caché sa joie lorsqu’on lui avait confié des missions de confiance dans lesquelles il pouvait exploiter toutes ses capacités. Les sermons, tous les jours, devant les vieilles romaines le laissaient sur sa faim…


****************


Un vieil homme leur avait indiqué comment rejoindre le petit monastère. Quand il s’était éloigné, Mulder et Scully avait fait un rapide signal à l’attention de la voiture garée 20 mètres en contrebas. Un observateur attentif se serait sérieusement interrogé quant à sa santé mentale : les passagers de la seconde voiture étaient physiquement jumeaux de ceux de la première…
Les deux voitures sortirent du petit village côtier, roulèrent une trentaine de minutes en suivant la route sinueuse qui doucement s’enfonçait dans les terres montagnardes napolitaines. Derrière eux, s’éloignait la mer au bleu intense et profond du golfe de Salerne. Le temps était doux, le soleil épanchait une lumière blanche dont on sentait qu’elle allait se réchauffer aux couleurs dorées du soir qui tomberait bientôt.
Les deux agents n’avaient pu s’empêcher d’être gagnés par la douceur du vieux continent, de ses maisons roses et de ses habitants qui n’étaient pas encore stressés par la saison touristique.
Leurs regards se croisèrent. Et ils se sourirent. Pas besoin de mots pour se dire qu’ils étaient bien ensemble…
Ils s’arrêtèrent enfin. Ils venaient de rejoindre la petite clairière d’où partait le sentier.

L’ambiance avait manifestement aussi fait son effet sur leurs doubles. Gillian, qui n’avait cessé de s’agiter pendant le voyage, semblait enfin sereine. Son impatience était oubliée. Elle sortit de la voiture, s’étira, ouvrit les bras et inspira profondément. Duchovny rejoignit les agents.
- Toujours en vie ? demanda Mulder à son adresse. Je compatis, ajouta-t-il en riant.
- Vous voyez ce qu’il faut pour lui clouer le bec, chuchota David aux oreilles de Scully en désignant Gil qui tournait maintenant sur elle même, les yeux vers la cimes des arbres. Je crois qu’elle danse, là ! Et il se mit à rire tendrement.
L’intéressée s’interrompit dans sa contemplation toute personnelle du paysage. Elle sentait comme un regard insistant…
- Ca va, ça va. Vous n’êtes qu’une bande de blasés que rien n’émerveille ! Mais vous ne savez pas ce que vous perdez ! déclara-t-elle, sentencieuse, tout en saisissant son sac à dos et en les doublant. Il faut parfois retrouver son âme d’enfant pour goûter pleinement les choses…
Les trois autres la rattrapèrent sur le sentier.
- C’est vrai, quoi. Ca ne t’arrive jamais de danser quand tu es contente ? insista-t-elle en prenant Scully à partie.
- Non, répondit Dana en considérant son interlocutrice comme si elle arrivait directement de Mars.
- Oh allez… Tu ne vas pas me dire que tu n’as jamais mis à fond la musique quand tu étais seule pour inventer des chorégraphies du feu de dieu ! Les Circle Jerk, Lords of the new church, Dead Kennedys ?…Toto, Les Who, Eurythmics… Madonna ! insista-t-elle.
- D’accord, d’accord, admit Dana en riant et en baissant le ton pour que les hommes devant ne l’entendent pas. Mais ça fait très très longtemps !
- M’en fous. T’as avoué !
- Ce n’est pas un aveu, protesta Scully. Il n’y a pas de faute. Ce n’est pas un aveu : c’est un constat.
- …mmm. Comme pour la masturbation, acquiesça Gil d’un air entendu.
Scully, sidérée, s’interrompit une seconde pour dévisager la jeune femme… Et explosa de rire !
- T’es pas sortable ! articula-t-elle entre deux hoquets.
- Je sais. David me le répète sans arrêt, rétorqua la jeune comédienne d’un air contrit.


****************


Devant, Duchovny et Mulder marchaient d’un bon pas. Les deux hommes parlaient peu. Fox ne pouvait s’empêcher de penser que ce double était plus un rival qu’un allié. Il lui prenait sa place avec son assurance, sa confiance évidente en son propre charme… D’ordinaire, c’était lui, Mulder, qui avait l’avantage avec Scully… Mais là, il se sentait menacé par cet homme qui lui ressemblait comme un frère : LUI… en mieux, se surprit-il à penser. Il se repris aussitôt. < Je ne dois pas réagir comme ça ! En temps normal, je ne me laisserai pas faire… ! Et Dana se fout des play-boys ! >. Le rire de Scully retentit derrière lui…

- Je l’ai rarement vu aussi détendue, déclara Fox, pensant tout haut.
- Ca, c’est l’effet Gillian ! répondit David en souriant. Elle a toujours su mettre les gens à l’aise dans la vie normale, créer des liens de confiance. Le seul problème, c’est qu’à côté de ça , elle est définitivement inapte à être sociable quand c’est vraiment utile…
- C’est-à-dire ?
- Les soirées mondaines, les cirages de pompes aux producteurs… On en passe tous par là, mais mademoiselle fait de la résistance, elle prétend qu’elle n’y peut rien, que c’est « physiologique »… Je la comprends un peu. Je ne suis pas très fier de moi après ce genre de moments assez hypocrites. Mais elle ne fait pas d’efforts : elle refuse purement et simplement des invitations importantes, ou alors, elle se pointe et file sur le balcon pour ne surtout pas avoir à parler à « ces gens là » comme elle dit. Ceci dit, le pire, c’est lorsqu’elle balance tout ce qu’elle pense, y compris ce qui ne se dit pas, et de préférence dans un langage… euh… fleuri ! Elle est pas sortable ! C’est toujours excessif avec elle : tout ou rien…
- Mmm. Et vous ? interrogea Fox. Où trouvez-vous le temps pour les relations vraies si vous le perdez pour des gens à qui vous ne tenez pas ?

David le regarda avec condescendance. Finalement, Mulder était très politiquement correct. Avec lui, il aurait du mal à parler d’argent ou d’ambition.
Duchovny ne prétendait pas à la perfection, mais il refusait de rentrer dans une vision manichéenne et simpliste du monde. Oui, le fric, les réseaux voire le sexe régissait le milieu du cinéma. On pouvait nier cette réalité, jouer les sainte-nitouche (ce dont David n’accusait pas Gillian). On pouvait aussi s’exclure mais se condamner dans ce cas à faire plus ou moins du sur place. On pouvait enfin rentrer dans le jeu et se fixer des limites plus ou moins grandes. Le comédien avait de l’ambition. C’était donc la dernière position qu’il avait choisi. Et il ne voyait pas le problème à rechercher à la fois le plaisir de jouer dans un bon film, et celui de gagner beaucoup d’argent. Ils étaient nombreux les acteurs célèbres qui fonctionnait ainsi sans jamais l’avouer… David, lui, l’assumait, au risque de passer aux yeux des puritains comme un arriviste.

- Mulder, avant de me dire ce que je dois faire de ma vie, vous devriez balayer devant votre porte et voir ce que vous, vous offrez à ceux, …ou celles ?… que vous aimez… Cela dit sans vouloir vous vexer…

Il n’était pas question de donner à son rival le plaisir de le voir désarçonné. Fox soutint le regard de Duchovny. Pendant quelques instants, ils se jaugèrent et aucun des deux ne baissa les yeux… Et finalement, contre toute attente, le visage de Mulder se fendit d’un large sourire.
- Moi, j’offre un aller simple pour l’enfer avec petits hommes verts en supplément…

En quelques enjambées sautillantes, Gillian vint s’interposer entre les deux hommes.
- Duel fratricide ? !…, interrompit la comédienne que la version « gros sabots » n’effrayait pas.
- On fait juste connaissance…

Scully attira Mulder un peu en retrait des comédiens qui avançaient bon train.
- Tout va comme tu veux ?
- Mmm…
- Un problème avec Duchovny ?
- Il me dérange. Il me ressemble trop…
- Fine observation !
- Je veux dire qu’il me ressemble physiquement et que je ne voudrais pas… enfin, je veux dire… Bon ! Tu vois bien…
- … qu’il marche sur tes plates bandes ?
- Voilà !
- … sur un plan professionnel ou… ?
- La réponse est : « ou….. » !
Dana sourit. Décidemment, ils étaient incapables de se dire vraiment ce qu’ils ressentaient. Ils en étaient tous les deux conscients, en jouaient parfois… mais rien n’y changeait. C’était une « sécurité ». Certains mots semblaient interdits ou peut-être saugrenus… Après tout, elle même ne l’avait pas pris au sérieux la seule fois où il lui avait dit qu’il l’aimait… < Il me l’avait dit pour rire, je sais que c’était pour rire… C’était forcément pour rire…>. Quant à elle, elle se revoyait il y a six ans lui dire qu’elle ne risquerait sa carrière pour personne d’autre que lui… S’il avait su, à cette époque, que c’était à peu près le point maximum qu’elle ait jamais atteint en termes d’expression de son amour. Avec Jack comme avec Daniel, elle avait toujours été plutôt avare de grandes déclarations. Pourtant, Dieu sait qu’elle avait été amoureuse… de Daniel surtout.


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Message  noisette Jeu 30 Avr 2009 - 19:05

****************


Le petit monastère apparut au détour du chemin. Parmi les odeurs de pins marins et les chants d’oiseaux, l’édifice dont les murs recouverts de chaux blanche captaient la lumière du soir, semblait un havre de paix et de sérénité… On imaginait sans peine une vie qui se déroulait au ralenti… Des hivers rudes, des étés doux qui se succédaient au rythme des prières de la dizaine de moines et de prêtres qui y prenaient une retraite bien méritée. Parmi ces hommes, vivait Piedro Castello.

Il était préférable de ne pas se faire remarquer d’entrée de jeu. Aussi, il avait été convenu que Fox et Dana prendrait le premier contact et amèneraient le vieux prêtre à l’extérieur des bâtiments où tous les cinq pourraient discuter tranquillement.
Gillian et David, tapis derrière des buissons un peu à l’écart, regardèrent les deux agents partir, frapper à la porte et attendre que le gardien du monastère aille chercher l’étrange informateur.

- Tu m’aurais dit qu’un jour, je jouerai les mata-hari… ! soupira Gil. Avec toi en plus ! ! !, reprit-elle en riant.
- Tout arrive ! répondit Duchovny. Et il se tut.
- Toi… Tu flippes…
Ce n’était pas une question.
- Pas toi ?
Silence…
- Gilly… j’ai un mauvais pressentiment. Il la regarda fixement. L’appréhension était visible dans ses yeux.
- Depuis quand toi, le rationaliste, tu as des pressentiments ? ! répondit son amie qui préférait cacher l’anxiété qui naissait en elle derrière des boutades.
- Peut-être depuis que tu joues les mata-hari…
Se ressaisir. Lancer une vanne. Ne pas manifester de faiblesses. Bref, botter en touche. Pour ça, il était expert.


****************


L’homme, malgré les années, conservait une prestance évidente. Quand les comédiens le virent s’approcher d’eux encadré par Fox et Dana, ils eurent le temps de l’observer. Il était habillé en civil d’un pantalon de velours et d’un chandail de laine. Seules ses sandales et une discrète croix pendue à son cou trahissaient ses relations avec l’église. Au travers d’une fine barbe blanche, le prêtre arborait un visage ouvert.

- Père Castello, je vous présente Gillian et David dont nous vous avons parlé, introduisit Dana.
Avec un franc sourire, l’ecclésiaste serra les mains des deux comédiens.
- Enchanté ! annonça-t-il. Et enchanté de voir l’humour de notre créateur à tous, ajouta-t-il l’œil malicieux.
Mulder et Duchovny échangèrent un regard, perplexes. « Vous comprendrez quand le moment sera venu pour vous », ajouta le vieil homme d’un air sibyllin. « Suivez-moi, reprit-il, nous allons nous installer tranquillement dans mon coin favori… ».
Et il se mit à frayer un chemin parmi les arbrisseaux et les grands pins, loin du sentier qu’ils avaient suivi jusqu’alors. Il avançait vite en surprenant ses jeunes suiveurs, écartant vigoureusement les branchages mais les retenant toujours galamment devant Scully qui passait derrière lui.
Enfin, ils arrivèrent au bout… Pas de doute possible. Cinq mètres plus avant, c’était le vide d’un précipice qui s’ouvrait devant une vallée sublime et sauvage. Ils assisteraient probablement au coucher du soleil d’ici une petite heure. Pour l’instant, ils se taisaient devant le spectacle magnifique d’une nature immense et vierge, rude et foisonnante… Aux ocres des parois rocheuses se mêlaient les verts de la vallée. Aux échos que l’on devinait aisément, répondaient les cris des oiseaux… Même Mulder, d’ordinaire peu porté sur la contemplation, hormis celle d’un ciel étoilé d’où pourrait surgir des vaisseaux extra-terrestres, même lui était sans voix devant la beauté de ce qui s’offrait à son regard.
Le père Castello sourit. « C’est à cet endroit que j’aime le plus venir prier… la présence de Dieu est une telle évidence ici !… ». « De Dieu, d’Allah ou de Yahvé… », ajouta-t-il en se tournant vers Fox, le regard bienveillant.

Mulder se tortilla, gêné… Il était juif, par ses parents… Mais il n’avait jamais été très porté sur la religion. C’est pour cela qu’il n’en parlait jamais. Il avait du mal à dire si c’était par pudeur, par esprit de contradiction ou si, comme le pensait Dana, il se donnait le prétexte d’une soi-disant « honnêteté intellectuelle » (« je ne pratique pas, il serait donc faux de me dire juif ») pour ne pas affronter ce qui le déroutait le plus dans le paranormal : le divin…
Car Dana le savait, et pouvait se vanter d’être l’une des très rares personnes à qui Mulder avait confié ce secret. Elle avait accueilli la nouvelle avec simplicité, et lui avait affirmé qu’elle respecterait toujours son envie d’en parler ou pas. Ils en avaient donc discuté à deux ou trois reprises : à chaque fois, l’expérience avait été très déstabilisante pour Mulder, et il avait fini par blaguer pour mettre un terme à ces réflexions trop personnelles. Fidèle à sa parole, Scully avait accepté de clore le sujet… « jusqu’à la prochaine fois où tu voudras en parler » avait-elle dit en l’embrassant gentiment sur le front lors de leur dernière discussion.

A présent, elle le regardait en souriant. Mais ce n’était pas un sourire inquisiteur constata Fox, soulagé. A cet instant, son seul désir était de se taire.

Piedro Castello interrompit ce silence et se mit à psalmodier, l’air heureux…
«Yahvé, mon Dieu, tu es si grand !

Dans les ravins tu fais jaillir les sources,
Elles cheminent au milieu des montagnes ;
La terre se rassasie du fruit de ton ciel ;
Tu fais croître l’herbe pour le bétail
Et les plantes à l’usage des humains,
Pour qu’ils tirent le pain de la terre
Et le vin qui réjouit le cœur de l’homme…
Pour que l’huile fasse luire les visages,
Et que le pain fortifie le cœur de l’homme… »


A côté de lui, Fox entendit Dana murmurer.

« …Je veux chanter à Yahvé tant que je vis,
Je veux jouer pour mon Dieu tant que je dure.
Puisse mon langage lui plaire,
Moi, j’ai ma joie en Yahvé !… ».


Il la regarda, surpris, et elle rougit. « Mon père aimait ce psaume par-dessus tout… » dit-elle en ayant l’air de s’excuser. Elle se reprit. « Et j’aime ce psaume par-dessus tout… » ajouta-t-elle plus sereinement.
- Il est très beau, commenta Mulder, prudent mais sincère.


****************


Piedro Castello prit la parole.
- Bien. Je suppose que si vous êtes ici, c’est que vous attendez de moi quelques éclaircissements sur certains événements.
- J’ai reçu votre paquet…, entama Mulder.
- Je n’ai jamais douté que vous sachiez remonter jusqu’à moi, commenta le prêtre en souriant.
- C’est mon père sur la photo…
- Mmm, murmura Piedro en signe d’approbation.
- Ainsi que Spender. Vous savez qui il est ?
- J’en sais autant que vous, Fox. Spender appartenait à ce foutu syndicat…
Dana leva les yeux vers le vieil homme, surprise de toute l’amertume contenue dans cette déclaration. Il porta son regard sur elle et reprit avec plus de douceur.
- J’ai été résistant pendant la seconde guerre mondiale, Dana… J’ai vu des hommes tomber parce qu’ils refusaient de collaborer avec les fascistes, j’ai vu des femmes torturées qui n’auraient pour rien au monde révélé où étaient cachés des juifs, des résistants, des tziganes ou des homosexuels… J’ai vu ces gens pour qui la vie était sacrée, au-delà de toutes les différences, je les ai vu se battre… J’ai perdu des amis, j’ai perdu une sœur…
Le fait que des hommes, trente ans plus tard, balayent d’un revers de main les leçons de l’histoire et cèdent devant le goût du pouvoir au mépris de la valeur d’une vie humaine ; cette collaboration honteuse où l’on retrouve des monstres nazis poursuivant leurs immondes expériences aux côtés d’extra-terrestres belliqueux ; tout cela me soulève le cœur… Je ne peux pas l’accepter. Et j’accepterai encore moins que des individus se réclamant de l’église catholique participent à ce crime contre l’humanité… Nous nous sommes déjà tut une fois, il y a cinquante ans pour notre plus grande honte… Cela ne doit pas se renouveler…
- … Vous parlez de l’Opus Déi, n’est-ce pas ? intervint David.
- Balaguer…, acquiesça Piedro. Un paradoxe vivant ! Il aurait pu être parmi les meilleurs… il était convaincu que le mal venait du dedans et d’en haut. Il se méfiait du pouvoir, mais était fasciné par lui au point de vouloir à tout prix pénétrer ses sphères… Il est lui-même tombé dans les travers qu’il dénonçait. Rien n’est plus dangereux en ce monde qu’un homme persuadé de détenir la vérité divine et à qui l’on donne ou qui prend le pouvoir. La bonne conscience est notre plus grand ennemi car elle annihile tout esprit critique, car elle justifie tout… La bonne conscience rend seul… et fou !
- Mais vous ? En quoi êtes-vous impliqué dans cette histoire ? interrogea Scully.
Le prêtre soupira et entreprit de raconter son histoire.

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Message  noisette Jeu 30 Avr 2009 - 19:07

« En 1962, peu avant sa mort, je fus convoqué dans le plus grand secret auprès de Jean XXIII. Cela faisait 10 ans que je travaillais pour les services de renseignements du Vatican. Le pape aurait pu prendre contact avec d’autres de mes collègues, mais compte tenu de la mission qu’il voulait me confier, il avait préféré me choisir, moi. Il savait en effet que je mettrais toute mon énergie dans cette affaire. A cette époque en effet, commençaient déjà de troublantes négociations qui visaient à sauver et utiliser les connaissances de certains criminels de guerre nazis. C’était les tous débuts de l’opération presse-papiers qui ne serait finalisée que quelques années plus tard. Mais déjà apparaissait le nom de Victor Klemper, un « savant » qui avait mené des expériences effroyables sur des juifs et des prisonniers de guerre des camps de concentration de 1942 à 1945. Vous l’avez d’ailleurs rencontré, je crois….
Je sais que je suis supposé pardonner mais c’est un acte difficile… Klemper a tué ma sœur…

Je voulais tout faire pour que cela ne puisse pas se reproduire. Jean XXIII m’a expliqué toute la situation : Il existait un groupement de membres du département d’état américain chargés de désinformer la population sur les intrusions extra-terrestres sur notre terre. Ce groupement s’internationalisait mais aussi petit à petit, prenait de plus en plus d’autonomie… Le Pape m’a expliqué aussi qu’il commençait à y avoir des débats au sein de ce qu’il appelait « le Syndicat » quant à l’hypothèse de collaborer avec les envahisseurs. Les partisans de la collaboration estimaient que l’aide des scientifiques nazis serait essentielle dans l’optique des recherches qu’il faudrait entamer… L’Etat américain, quant à lui, était prêt à se voiler la face si cela permettait de bénéficier de ces recherches pour favoriser la conquête spatiale américaine. Il faut que vous compreniez, jeunes gens, qu’à l’époque, l’ennemi, c’était le bloc communiste. C’est eux qu’il fallait doubler dans la conquête spatiale, c’est eux qu’il fallait vraiment surveiller… Et c’est là qu’intervient l’Opus Déi et son chef de file. Balaguer était tellement marqué par l’anticommunisme, qu’il avait considéré dans les années 30 qu’Hitler était « un croisé de l’Occident chrétien en lutte contre le bolchevisme ». Autant dire qu’entre ça et son goût du pouvoir, il était prédestiné à intégrer ce supra-gouvernement secret…
C’est ce qu’il avait fait à partir de 1959 et Jean XXIII s’en inquiétait sans pouvoir y faire quoi que ce soit.
C’est ainsi que j’ai été chargé d’infiltrer l’Opus Déi et de déterminer quels était leurs réels objectifs et moyens. A cette époque, nous n’avions pratiquement que des intuitions…
Petit à petit, j’ai pris de l’importance dans l’organisation, jusqu’à devenir un proche de sa tête pensante… Je sais que très tôt, un de leur objectif était d’utiliser les moyens scientifiques de leurs alliés pour réaffirmer une conception rétrograde de la foi…
Mais vous savez, les membres de l’Opus Déi sont des gens patients et avertis… En 1970, alors que Paul VI, nouveau Pape, venait d’échapper à un attentat, Balaguer a annoncé qu’il retirait ses billes dans une participation directe aux activités du Syndicat. Il était plus sage de cesser d’entretenir, en apparence, ces relations douteuses. Paul VI se méfiait de l’intégrisme et cet attentat l’avait convaincu d’intensifier la surveillance des factions traditionalistes de l’église. La photo que vous avez dans les mains est la dernière prouvant l’implication de l’Opus Déi dans la collaboration avec les extra-terrestres… L’histoire pourrait s’arrêter là… sauf qu’ils sont patients comme je vous l’ai dit… »

- Et qu’ils ont repris les activités du syndicat après l’élimination de ses membres par les rebelles extra-terrestres, conclut Gillian. Mais pourquoi ?
- Les miracles ! … Ou plus exactement l’utilisation de la médecine E.T. Quoi de plus efficace pour convertir les récalcitrants ! Il suffit d’attribuer ces faux miracles à un dieu et prétendre que celui-ci demande en échange un respect strict des positions des traditionalistes et le tour est joué ! En deux temps, trois mouvements, c’est le retour des messes en latin, la condamnation sans nuances de l’avortement, de l’utilisation des préservatifs ou que sais-je encore… Accessoirement, il devient aisé de convaincre les fidèles à « investir » pour leur église…
- Mais quel est l’intérêt des envahisseurs dans cette affaire ? Pourquoi acceptent-ils de confier leurs savoirs scientifiques à ces humains ? !, demanda Dana dégoûtée.
- Dana… Il y a la religion du cœur… La vôtre, la mienne, celle dans laquelle Dieu nous aime, mais nous laisse libre de choisir. Il nous ouvre une porte pour faire de nous des hommes libres, responsables, heureux, qui tentent d’aimer leur prochain au-delà de toutes les différences. Mais nous seuls pouvons decider de passer le pas ou non. Cette religion là n’est pas synonyme de confort ou d’endormissement. Elle nous malmène, nous demande des efforts pour ne pas céder à la facilité, ou à nos pires instincts…
Et puis, il y a une autre « religion » : plus institutionnelle, étouffée de rituels détachés de leur sens... Une « religion » où la répétition rassure, endort, voire endoctrine et annihile toute volonté personnelle. Et la religion chrétienne n’a pas le monopole de cette dérive que certains savent très bien récupérer, les extra-terrestres comme les autres… Tant que les velléités de rébellion de la population sont étouffées dans l’œuf par des leitmotive réconfortants et des simulacres de foi, les envahisseurs peuvent tranquillement continuer leur entreprise de colonisation… Voilà leur intérêt ! J’ajoute à ça que les « miracles » sont un moyen comme un autre de contaminer des cobayes…

A ce moment, un coup de feu retentit. Personne n’eut le temps de réagir que déjà, Piedro Castello s’écroulait à terre, touché en pleine poitrine par une balle. Mulder se retourna, dégaina son arme et se mit à riposter dans la direction présumée du tireur pendant que Dana recevait le vieil homme dans ses bras, impuissante…
- Tenez bon, mon père, murmura-t-elle en comprimant la blessure comme elle le pouvait.
- Les enfoirés ! siffla David entre ses dents, pendant que Gillian avait des haut-le-cœur à la vue du sang qui s’écoulait…
- … C’est trop tard…, articula péniblement le prêtre.
- NON ! crièrent presque simultanément Scully et Gil.
- Dana… souffla l’homme. Dana…
Elle rapprocha son oreille des lèvres desséchées. Et serra très fort la belle main ridée.
« …la mémoire des bagnards… Sauvez… la mémoire des bagnards… ».
Il eut une profonde inspiration dans un sifflement à déchirer le cœur, et son visage, tout d’un coup extraordinairement paisible, roula sur le côté. Un mince filet rouge s’échappa de sa bouche.
- Il faut fuir, ils nous tirent dessus ! hurla Mulder. Le pont ! Là-bas !


****************


Il y avait effectivement un passage entre les deux falaises. Une très mince construction de bois, à 200 mètres. C’était leur seule chance…
Scully s’élança sur le frêle ouvrage. Le pont déjà frappé par les vents qui s’engouffraient dans la vallée se mit à tanguer dangereusement. Duchovny n’hésita qu’une seconde, le choix n’était pas possible : il avança à son tour, mais le balancement devenait de plus en plus fort et l’opération de plus en plus périlleuse. Il atteignit l’autre bord au moment où Gillian et Mulder s’engagèrent de concert sur les minces planches de bois. Plus près des poursuivants, la pression les obligeait à courir… Mulder dérapa mais se rattrapa au dernier moment. Gillian interrompit sa course et l’aida à se rétablir. « Dépêche-toi » hurla Fox en la poussant vers l’avant. Ils entendaient les hommes qui approchaient… Ils arrivèrent sur le sol ferme et s’élancèrent à la suite de leurs partenaires.
Soudain, Gil se retourna. L’idée était folle mais …
Sa décision était prise : elle fit volte-face et revint précipitamment sur ses pas. Devant, les trois autres continuaient à s’éloigner sans se rendre compte… Elle atteignit le pont, s’agenouilla devant les piquets, sortit un opinel de sa poche (son couteau d’aventure, comme elle disait) et se mit à scier les cordages du bas qui maintenait les planches à l’horizontale. Travaillant comme une folle et s’encourageant à voix haute, elle parvint à détacher l’un des bords. Les planches vrillèrent sur le côté et plusieurs d’entre elles tombèrent dans une chute interminable pour s’écraser au fond du précipice… Pour être tranquille et semer définitivement leurs ennemis, il fallait au moins défaire l’autre côté, elle s’y remit énergiquement… C’est là qu’elle entendit les cris : en face, sur l’autre rive, les tueurs se rapprochaient du passage. Mulder s’était aperçu qu’elle ne suivait pas et revenait en criant. « Arrête ! Cours ! … » s’époumonait Fox … <Je termine, se dit-elle, je termine… j’y suis presque>… « Reviens, bordel ! » insistait-il …. <J’y suis… j’y suis… Ca y est ! >.
Elle se redressa et s’élança vers lui.

Ils la mirent en joue. Quatre coups de feu claquèrent presque simultanément. Frappée en pleine course et sous l’œil effaré de Mulder, elle sembla un instant s’arrêter et le temps avec elle. Elle resta immobile, suspendant sa chute dans une éternité. Cela ne dura pas une demi-seconde mais il vit son regard, avec cette étonnante précision qu’apportent ces moments où la vie bascule … Un regard sidéré qui disait « Ce n’est pas vrai ? ! Ce n’est pas possible ! »… Pas la moindre trace d’une supplique, juste d’un immense scepticisme… Un regard qui, aussi vite, devint vide et noir, comme un nuage d’orage recouvre la lumière du soleil…
Elle tomba… comme tombent les morts, brusquement, sans à-coup. Définitif.

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Message  noisette Jeu 30 Avr 2009 - 19:08

****************


Quand les coups de feu retentirent, elle s’entendit crier… de très loin… comme un bruit sourd.
< Drôle de sensation, se dit-elle presque calmement. Je me sens lourde… liquide et lourde… Mon épaule et mon ventre me brûlent. C’est une marée brûlante qui se répand en moi. J’ai mal… Le ciel se renverse et se brouille… Ma tête a cogné contre une herbe de béton et le choc résonne comme un écho, longtemps, longtemps…
Tiens, une coccinelle, perchée sur un brin vert… Elle me regarde, elle a un regard très doux… Quelque chose de bizarrement chaud coule dans mon œil. La coccinelle est rouge… et je n’arrive pas à tourner ma tête… Piper adore les coccinelles… Elle a fait une maison de coccinelles, avec des lits, des petits lacs et des réserves de nourritures… C’est une belle maison… Piper…Piper ! >
… Et la jeune femme ferma ses paupières.

Ils la saisirent sans ménagement. De l’autre côté du précipice, les quatre hommes se rapprochaient du bord et continuaient de tirer. Scully lâcha le corps et se mit à riposter, pendant que Fox et David entraînaient Gillian plus loin. Il fallait rejoindre la forêt, ses arbres et ses buissons au plus vite. Ils n’étaient qu’à vingt mètres de cet abri naturel. Les balles crépitaient autour d’eux…. Dana toucha l’un de leurs poursuivants à la cuisse, et un second à la poitrine. Les tueurs s’interrompirent, ils étaient trop exposés et se replièrent, manifestement furieux, laissant celui qui était le plus gravement atteint au bord du vide…

Mulder et Duchovny allongèrent la jeune comédienne sur un tapis de mousse. Scully les rejoignit, un peu essoufflée : « On devrait être tranquilles pour quelques heures… ». « Grâce à elle… » ajouta-t-elle en s’agenouillant auprès de la blessée. Elle remonta ses manches et approcha son oreille de la bouche de Gillian. A côté d’elle, David, livide, se tordait les mains d’angoisse.

Il la regarda. Il sentait le malaise monter, monter toujours plus, et le remplir jusqu’à l’envie de vomir. Elle ne bougeait pas, elle ne bougeait plus… Seul le sang s’écoulait de son côté et de son épaule. Unique et odieuse manifestation de son corps vivant qui se répandait, faisant virer au pourpre l’herbe sur laquelle elle était étendue. Elle ! … Immobile… Inerte… Alors qu’elle était le mouvement, l’agitation ! … Alors qu’elle était la vie !
Ses yeux se brouillèrent… Tout tournait autour de lui…

« Merde ! Putain, MERDE ! » articula péniblement une voix qui venait de la terre.
Il baissa les yeux… L’espoir ? …
« Fais chier ! … siffla la voix. J’avais pas besoin de ça ! ».

Distinguer dans le brouillard un visage aimé qui s’anime de nouveau. L’entendre râler comme on entend le premier cri d’un nouveau né. Trouver une nouvelle saveur à un « merde » et un « putain » ! Et enfin, laisser aller sa joie, son soulagement, ses émotions dans un drôle de mélange de rire et de larmes !

- David ! Serre pas… tu me fais mal… souffla Gillian qui reprenait doucement connaissance.
- D’ac.. D’accord, hoqueta le comédien qui ne parvenait pas à relâcher son étreinte. Gilly ! ...T’es vraiment trop con de me faire des frayeurs pareilles !
- Mmm….. moi aussi, je t’aime bien…
La jeune femme faisait un effort visible pour ne pas se laisser aller. Elle transpirait à grosses gouttes et tentait, maladroitement, de retenir des grimaces de douleurs.

- Il faut trouver un endroit pour la nuit et pour que Dana puisse lui apporter les premiers soins, déclara Mulder préoccupé. Il y a un refuge à 2 kms. Nous pourrons y passer quelques heures et repartir à l’aube. En espérant que tu pourras tenir le coup pour crapahuter en montagne… ? ajouta-t-il en interrogeant Gillian l’air inquiet.
- Mademoiselle Anderson… Il va vraiment falloir vous y mettre au dernier trimestre, … sinon c’est le redoublement ! grommela la comédienne dans sa barbe.

Ils se regardèrent interloqués, se demandant si la jeune femme ne commençait pas à délirer. Mais Gil émit un rire râpeux qui semblait lui arracher la poitrine.
- Tu ressembles… à mes profs de lycée quand tu dis ça, expliqua-t-elle péniblement en se tournant vers Fox… J’ai pas le choix, de toute façon !
- Ca va aller, voulut rassurer David gentiment.
- Tu rigoles ! Bien sûr que ça ira ! … J’ai jamais redoublé !

Ils sourirent. Ca irait, oui. Mais pour combien de temps ? …

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Message  noisette Lun 4 Mai 2009 - 20:04

CHAPITRE 6






Mercredi 17 Mars 2000. ITALIE. Refuge del Azzurro. 21h00.

Scully se pencha à nouveau vers le visage fiévreux pour lui passer un linge humide. La croûte de sang qui s’était formée sur la tempe n’avait rien d’inquiétant. La tête de Gillian avait heurté durement la pierre mais seul le cuir chevelu était atteint. Cela avait beaucoup saigné, mais l’écoulement se tarissait. Non, vraiment, ce n’était pas ça qui préoccupait Dana…

Les balles des tueurs avaient touché la jeune comédienne à deux reprises : au côté, cinq centimètres à peine en dessous du poumon droit, et à l’épaule gauche en brisant l’os, ce qui nécessiterait de longues semaines de plâtre et de rééducation.
Aucune des blessures n’était mortelle, et miraculeusement les deux balles étaient ressorties en causant finalement assez peu de dégâts irrémédiables. Mais Gil avait perdu beaucoup de sang, et en dépit de quelques très maladroites tentatives de fanfaronnade pour rassurer ses acolytes, elle s’affaiblissait et n’en menait pas large.
Le médecin du FBI avait consciencieusement désinfecté et pansé les plaies. Mais elle savait que n’importe quel petit effort physique les rouvrirait. Or c’est ce qui les attendait d’ici quelques heures… De plus, elle savait, pour l’avoir vécu, que ce type de douleur était particulièrement difficile à supporter… Et elle n’avait rien pour soulager, ne serait-ce qu’un peu, son sosie… Il fallait très vite l’emmener à l’hôpital, c’était vital.


****************


Dehors, les hommes montaient la garde. Il était loin le sentiment de quasi-rivalité qui empoisonnait Mulder peu avant. Il regardait maintenant Duchovny avec compassion. Le comédien avait les traits tirés et manifestait des signes répétés de nervosité. Mais Fox était troublé par autre chose…

- Je le savais…, lâcha David.
- Quoi ?
- Je le sentais que ça allait mal tourner…

Il y eut un long silence…pesant…

- Je l’ai sentie partir… Je l’ai vu mourir…

Mulder se tût. Que pouvait-il répondre ? Dans sa tête se bousculaient les images. Le regard… le regard bleu sombre de Scully, non ! … de Gillian… Ce regard où passe un éclair, … puis que la nuit envahît dans son voile mortel. Et sa chute interminable, le sentiment de ne plus pouvoir respirer, la sensation que la vie s’arrête avec celle de la femme qu’il a toujours eue à ses côtés. Et ce bruit sourd qui résonne comme le glas quand sa tête heurte le sol avec violence. La tête de la femme qu’il aime… et que la mort frappe froidement.
Il peina à retrouver son calme. Ce n’était pas Scully… ce n’était pas Scully.

- Je l’ai vu mourir, répéta son alter ego toujours sous le choc.
- … < Je sais ça… Dana ! … j’ai eu si peur de te perdre quand je l’ai vu s’effondrer >
- J’ai eu peur de la perdre…
- … parce que tu l’aimes, souffla presque imperceptiblement Fox les yeux dans le vague.
- Non, protesta David presque trop précipitamment. J’aime ma femme – il voulait poser cela clairement -, j’aime ma femme, reprit-il d’une voix sourde. Et elle me manque.
- Et Gil ?
- …
- Et Gil ?, insista Mulder.
- … J’ai besoin de la savoir vivante… pas trop loin de moi.
- Et ce n’est pas l’Amour ?
- C’est le besoin de sa présence, le besoin de sa confiance.

L’agent du FBI regardait maintenant plus intensément Duchovny. Il s’était bien trompé sur le compte de l’acteur. Cet homme lui ressemblait énormément.
Il était presque un frère finalement !

- Elle a porté un autre regard sur moi…
David parlait tout bas, comme pour lui-même. Il sentait qu’il était peut-être temps de mettre enfin des mots sur ce qu’il éprouvait…
- Je crois qu’elle m’aime profondément, peut-être même plus qu’une simple amitié… Mais nous savons tous les deux que nous ne pourrions pas vivre autre chose sans nous faire souffrir…
Et je ne suis pas amoureux ! … Je l’aime bien, c’est différent. Son regard me flatte, j’ai le sentiment d’être important. Je me sens comme un grand frère qui adore épater sa petite sœur, tout en se défendant de tenir vraiment à elle. J’ai l’impression que je dois la protéger, contre les hommes, contre la vie… Je la sens parfois si fragile…
- Elle m’a pourtant l’air de savoir ce qu’elle veut, et de savoir se défendre.
- … Oui.
Il secoua brusquement la tête avec une grimace, comme pour réduire l’importance de ce qu’il venait de dire.
- Je suis ridicule à m’épancher comme ça ! … Entre mecs, on est supposé faire du sport, se bourrer la gueule, échanger des blagues de cul et comparer nos performances au lit… non sans en rajouter une couche, ajouta-t-il en ricanant. Pas vrai ? !
- Moi, le sport, je préfère commenter…
- … Y compris le sport en chambre ? !, interrogea Duchovny en gloussant, trop heureux de troquer un sujet gênant pour lui contre un sujet sur lequel il se sentait parfaitement à l’aise.
- Je n’ai pas de problèmes sexuels, pauvre pomme, commenta tranquillement Mulder en souriant.
- Une fois en sept ans, c’est quand même pas beaucoup, insista lourdement David qui poursuivait sa fine manœuvre de diversion.
- Erreur ! Autant de fois qu’il y a de jours chaque année…, rectifia Fox en arborant une mine satisfaite.
- … ? !
- Tous les matins sous ma douche et parfois le soir devant une vidéo !

Ils se regardèrent et partirent dans un fou-rire incontrôlable. Il leur fallut quelques instants pour reprendre leur souffle. Ils étaient parfaitement conscients que tout cela ne servait qu’à évacuer les tensions accumulées au cours de la journée, et que le rire restait la meilleure parade contre ce stress qui s’insinuait de plus en plus en eux.

- Mais sérieusement, demanda Mulder en revenant à l’attaque, tu crois vraiment que tu dois la protéger ?

David soupira. Il fallait aller au bout de cette déstabilisante discussion. Il entreprit alors de raconter…

- Nous avons eu un jour une discussion assez… mouvementée… alors qu’elle bossait sur son premier scénario. J’avais peur qu’elle se plante et se ridiculise…
Elle m’a dit qu’il fallait que j’arrête de l’infantiliser. Que seuls les crétins se contentent des apparences extérieures. Et que je n’étais pas un crétin. Que ce n’est pas parce qu’elle avait un caractère fantaisiste, qu’elle ne possédait pas la maturité et la force nécessaire pour faire face au monde qui l’entoure ; Et que si elle devait se prendre des claques par la vie, ça irait … parce qu’elle avait de l’entraînement ! Et que c’est comme ça qu’on grandit… en prenant des risques et en tirant des leçons de ses expériences à soi, pas de celles des autres…
- Ca me semble plein de bon sens, sourit Mulder.
- Mais moi, je crois qu’elle a besoin de moi.
- … Mmm, commenta Fox en se laissant aller en arrière contre le mur du refuge.
- Quoi ?
- Non, non… rien…
- C’est bon ! Vas-y ! Je peux entendre tes critiques.
- D’accord. Si tu veux mon impression… Ca te plait de penser qu’elle a besoin de toi, tu aimes croire, probablement avec raison, qu’elle tient à toi… Mais la vérité, c’est que tu as tout autant besoin d’elle, ne serait-ce que parce qu’elle te renvoie une image positive de toi… Et lorsqu’elle revendique de pouvoir se passer de ton aide, cette idée te met mal à l’aise… Tu préférerais garder l’ascendant sur elle…
- … Mmm. C’est vrai que j’avais oublié tes exceptionnelles capacités de psy !
- Tu veux lui faire un vrai cadeau ?, poursuivit le « psy » sans se démonter.
- Dis toujours…
- Tu l’aimes bien… parce qu’elle t’aime bien…
- Oui. Et alors ?
- Aime-la plutôt parce qu’elle est comme elle est… ! Aime-la… gratuitement.
- …
- …
- Tu trouves que je ne l’aime pas gratuitement ? !
- Disons que, parfois, je me pose la question. Il me semble que tu la prends de haut.
- Ma femme me dit pareil.
- … à propos de Gillian ?
- Oh non ! protesta David en riant. Non ! … Téa trouve que, souvent, je suis un peu… prétentieux… Et elle a raison. Ma mère m’a couvé : j’étais son chéri, le plus beau, le plus intelligent, le plus sportif. Et ma famille renchérissait… à l’exception peut-être de mon frère. Plus tard, à la fac, les profs m’adoraient, les filles aussi. Peu importe ce que je faisais, c’était toujours génial. Ce genre d’éducation ne rend pas modeste…
- Au moins tu t’en rends compte…

Ils se turent pendant un long moment.

- En tous cas, pour moi, c’est un record ! avança Mulder d’un air satisfait.
- ? ? ?
- Dix minutes de discussion sérieuse. Tu réalises ? !
- La vache ! On a tenu dix minutes ? !
- Absolument, acquiesça Fox. Je nous trouve en parfaite harmonie avec notre côté féminin ! ajouta-t-il en se curant négligemment les ongles.

Duchovny sourit et se leva.

- D’ailleurs, il faut que j’aille voir comment elle va…, mon « côté féminin »…

Il se retourna avant de pénétrer dans la cabane.

- Merci, au fait …
- C’est bon, marmonna Mulder un peu gêné en l’envoyant voir ailleurs par de grands signes de mains.

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Message  noisette Lun 4 Mai 2009 - 20:07

Jeudi 18 Mars 2000. ITALIE. Au sommet des montagnes d’Eboli. 5h30.

Leur plan était risqué. En particulier pour Gillian… Mais toute autre voie les conduisait immanquablement dans la gueule des tueurs. En regardant la carte (Fox se félicitait d’ailleurs d’avoir emporté un minimum de matériel), l’agent du FBI avait remarqué qu’à 20 kms, en longeant les sommets et en empruntant l’ancienne via ferrata des montagnards italiens, ils arrivaient aux portes d’Eboli, un petit village d’éleveurs.
C’était leur meilleure chance… Leurs poursuivants ignoraient qu’ils disposaient de deux baudriers, d’une corde, de deux descendeurs, de sept mousquetons et de cinq longes. En priant le ciel que la via ferrata soit encore praticable et surtout, en espérant que la comédienne tienne le coup, c’était jouable.
Les tueurs d’ailleurs n’envisageraient probablement pas l’hypothèse que leurs proies puissent passer par des chemins aussi périlleux avec une blessée grave à charge…

Mais Gil était sur pattes. Non sans difficultés, mais elle avait l’air déterminée. Son bras gauche restait immobilisé par une écharpe et une compresse maintenait la pression sur sa blessure abdominale. Sa fièvre avait baissé et la nuit lui avait permis de récupérer des forces pour affronter les hauteurs.
Doucement, le petit groupe s’ébranla. La première partie du trajet était la plus « facile » pourvu que l’on ne soit pas trop sujet au vertige. Il fallait longer le sommet de la montagne. Pour Gillian, l’épreuve commençait.

Ils marchaient en silence depuis une demi-heure lorsque Mulder s’approcha d’elle.
- C’est beau, n’est-ce pas ? lui dit-il en souriant.
Elle le dévisagea un instant avec incrédulité. Pensait-il sérieusement qu’elle arrivait à admirer le paysage malgré son côté qui la relançait chaque seconde ? !
Il soutint son regard dubitatif et avec une lueur de défi dans les yeux, lui offrit la vue de la montagne au petit matin d’un large mouvement du bras.
- Regarde !
Et elle regarda…

C’était magnifique !

Les montagnards appellent ce moment « l’heure bleue ». Le soleil se lève et étend cette lumière très particulière sur la nature. Le ciel, dont le bleu nuit s’éclaircit vite, attrape les brumes roses et orangées des premiers moments du jour. Les oiseaux et les petits animaux s’éveillent dans ce monde où les hommes n’existent pas… L’heure bleue, c’est comme admirer les étoiles : c’est sentir à quel point la terre, l’univers tourne sans nous mais aussi à quel point, il est miraculeux que cette vie si mystérieuse nous soit donnée pour assister à ce spectacle unique, magique…
L’odeur de l’herbe mouillée et des pins marins remplit les narines. On entend les gouttes de rosée qui brillent et tombent, descendant de branches en branches et de feuilles en feuilles… Une ou deux glissent le long d’un cou, amenées par le vent aux chants d’oiseaux. D’ailleurs on entend battre ses ailes…
Le concerto de la faune montagnarde s’amplifie, les senteurs s’élèvent au rythme du soleil qui réchauffe les cœurs, qui réchauffe les corps… Et là, à cet instant, il n’y a plus de douleurs…

Gil sourit.

- Oui… C’est très beau !
- Je savais que ça te plairait. Mais attention ! Maintenant, il est interdit de me dire que je suis un « blasé-que-rien-n’émerveille »… !
- Quelle mémoire ! Il va falloir que je fasse attention à ce que je dis …
- Ce n’était qu’il y a 12 heures…
- Quoi ?
- … que tu nous as dit ça… C’était hier après-midi.
- J’ai l’impression que c’était il y a une éternité…, murmura la jeune femme dont le regard s’assombrit.
- Mmm…

Cela pouvait surprendre, mais Gillian ne gardait qu’un souvenir flou du moment où elle avait été la cible des tueurs. En fait un « oubli » commode et instinctif pour tenter de se protéger, de nier la violence de l’événement.
Faire l’impasse… Oublier… Voilà un exercice pour lequel, malheureusement, elle était bien entraînée…
Elle avait déjà fait les frais d’hommes dangereux… et elle avait encaissé un peu trop souvent des coups d’ivrognes et des pressions sexuelles lorsqu’ils exigeaient de soulager leurs pulsions. Elle avait fini par se sentir moche, sale, faible…
Mais c’était trop pénible de repenser à ces souvenirs, trop honteux d’en parler… Il ne fallait retenir que les meilleurs moments dans la vie, c’était sa philosophie.
Alors, devant la violence, son système de défense se remettait en marche, au grand dam des quelques psy qu’elle avait épuisés et qui déploraient qu’elle n’affronte pas ses vrais démons. Elle ne supportait pas de se concevoir comme une victime, de s’avouer ce manque de clairvoyance. Et elle ne supportait pas d’être plainte ou pire, d’être considérée comme une faible femme. Donc elle taisait les épisodes douloureux de son existence et s’obstinait à ne montrer que sa bonne humeur. Tout allait bien, se disait-elle et je n’emmerderai pas les autres avec mes histoires.
A contrario, ou peut-être précisément à cause de cela, elle réagissait toujours de manière très épidermique devant la violence faite à d’autres. Qui sait si, en se révoltant contre ces situations où elle n’était pas directement concernée, elle ne se reconstruisait pas un honneur bafoué en combattant pour plus de justice… Et le meurtre de Piedro Castello, dont le regard était si doux et bon, l’avait profondément choquée.

- Il a été assassiné… sous nos yeux… sans qu’on n’y puisse quoi que ce soit !
- Je te promets qu’ils ne l’emporteront pas au paradis. On les retrouvera.
- Et après ? ! Qu’est-ce qui se passe dans la tête des hommes, bordel ! Pourquoi toujours détruire, tuer, violer ? ! Toutes ses folies, s’essouffla-t-elle, … pour le pouvoir, toujours ! Cinq secondes de jouissance contre une vie foutue… C’est l’éternelle répétition, depuis la nuit des temps… Quand est-ce que les hommes grandiront ? murmura-t-elle les larmes aux yeux.

Sa voix se brisa. Ils se turent un moment et marchèrent en regardant leurs pieds. Mulder aurait voulu dire quelque chose pour la soulager. Mais Dieu, que c’était difficile de trouver les mots…

- C’est toujours très dur la première fois où l’on assiste à une mort violente…
- Ce n’était pas la première fois.
- Non ?, demanda Fox assez surpris.
- … Une overdose…, lâcha-t-elle avec rudesse, la voix soudain très basse. Le genre de chose qui fait réfléchir…

Son visage s’était brusquement fermé. Elle détourna le regard, signifiant par là que le sujet était clôt.

- Et toi et Dana ? Vous en êtes où ?

La comédienne passait souvent du coq à l’âne… quitte à passer pour une personne brouillonne, confuse.

- Direct ? Comme ça ? protesta Mulder interloqué.
- Pourquoi pas ? opposa Gillian en haussant son épaule mobile.
- Pourquoi pas…
- Alors… Amoureux ?
Il préféra rire. Peut-être pour se laisser le temps de réfléchir.
- Je croyais que toi et David vous connaissiez la réponse ? !
- Mmm. Disons que nous avons de forts pressentiments… mais pas d’absolues certitudes…
- Scully et moi, nous avons surtout des relations professionnelles, tu sais et….
- Menteur !
- D’accord ! Ca commence bien !
- Pourquoi ne pas poser honnêtement le problème ? demanda Gil en adoucissant la voix. S’aimer, ce n’est pas honteux.
- Les choses doivent-elles toujours être si tranchées ? < Philosopher… pour gagner du temps…>. Amour, amitié, confiance… C’est parfois proche…
- Je ne sais pas si nos amours se ressemblent, mais je crois que, oui, tout ça, c’est différent et on le sait… On le sent…
- Ce que je dis ne sera pas répété au nom d’une certaine solidarité féminine ? !
Elle sourit.
- Non.
- Bon…
- …
- C’est très compliqué, commença-t-il d’un air embarrassé.
- C’est rarement simple, dit-elle sans ironie.
- On se connaît depuis si longtemps… Je veux dire… Elle sait tout de moi, je sais tout d’elle ou presque. On peut communiquer sans ouvrir la bouche, on peut passer des heures ensemble sans jamais se lasser… J’attends son arrivée chaque matin, je ne prends jamais de vacances car je me sentirais trop seul sans elle…Je n’imagine plus pouvoir travailler sans elle…
- Travailler seulement ?
- Euh… Bref. Nous sommes à la fois un couple, mais parfois aussi, de parfaits étrangers…, ajouta-t-il désolé.
- Pourquoi dis-tu ça ?
- Parce que dès que les circonstances font que… enfin… que les choses puissent aller plus loin…, il y a cette gêne, cette trouille de tout perdre… Je ne la connais pas si bien ! Je ne sais pas si ça ne la blesserait pas profondément que moi, son ami, je lui manifeste…
- Oui ?
- Tu sais…
- Du désir ?

Il ne répondit pas et se renfrogna. Il était mal à l’aise maintenant d’en avoir tant dit. Et il se sentait profondément ridicule avec ses hésitations. Il devait avoir l’air d’un adolescent attardé… Elle avait de quoi se payer sa tête ! Il fallait qu’il trouve vite une remarque humoristique pour botter en touche et ne pas rester sur cet aveu de faiblesse…

- Tu sais…, dit-elle…
- < Merde ! Trop tard !>
- … Tu sais, elle a de la chance…
- < Tiens ?>
- … d’avoir quelqu’un qui la désire et qui la respecte autant…
- … ?

Elle le regarda droit dans les yeux.

- Alors pourquoi voudrais-tu la priver d’amour et de caresses ? Pourquoi vous priver de ça ? ! Scully n’est pas une porcelaine fragile à exposer dans une vitrine et à ne sortir religieusement qu’en de grandes occasions ! Si elle ne veut pas, elle saura te dire non et reprendre le cours normal de la vie sans s’offusquer que tu lui ai fait le compliment de t’intéresser à elle ! Et si elle veut…, fais-lui confiance ! Elle saura les gestes, elle saura les mots ! Et peu importe d’ailleurs si vous vous montrez maladroits en actes ou en paroles. L’amour pardonne tout, pourvu qu’il s’exprime d’une manière ou d’une autre… C’est une femme, Mulder… Comme une autre, à ceci près que tu l’aimes et qu’elle attend… parce qu’elle t’aime aussi ! Et comme, au nom de votre respect mal placé, aucun ne fait le premier pas, votre situation ne risque pas d’évoluer bien vite ! Vous êtes pas rendus comme dirait ma grand-mère ! conclut la jeune comédienne, en reprenant son souffle.

Cette longue tirade était trop intense pour une personne blessée. Elle vacilla et Fox la rattrapa.
- Ca va aller ? demanda-t-il inquiet.
- Oui… souffla-t-elle. Pardonne-moi : je n’ai pas de leçons à te donner.
- Tu n’es pas pardonnée… parce que tu as raison. Je te nomme conseillère personnelle en vie sentimentale !
- Ca ne te fait pas peur, que ta conseillère ait elle-même foiré sa vie sentimentale ? !
- C’est le cas ?
- Divorcée.
- Tu veux qu’on en parle ?
- Non.
- Alors regardons le paysage…, dit-il en passant gentiment la main dans les cheveux roux en bataille.
- …
- …
- Mulder ?
- Oui ?
- Un autre petit conseil…
- Je t’écoute.
- Parle-lui comme tu viens de le faire avec moi. Sans détours et sans remarques piquantes pour dissimuler tes sentiments.

Il accusa le coup.

- Bien, chef ! conclut-il finalement.


****************

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Message  noisette Lun 4 Mai 2009 - 20:08

Pour s’assurer un rythme de marche régulier, tour à tour, Scully, Mulder et Duchovny venait soutenir moralement voire physiquement Gillian.
Nul n’aurait pu l’accuser de retarder le groupe. Elle serrait les dents et gardait sous silence les souffrances intenables qui lui tiraillaient les entrailles. Au besoin, elle lançait une ou deux vannes idiotes pour détourner l’attention d’elle-même. Personne n’était dupe, mais tous lui étaient reconnaissants de supporter l’épreuve avec tant d’abnégation et au moins autant d’obstination !
Le jour était maintenant levé et cela faisait trois bonnes heures qu’ils marchaient sur la crête en faisant attention à bien poser leurs pas pour ne pas glisser sur une pierre bancale et risquer une chute mortelle. Le soleil tapait dur, mais l’air était très frais. Par moments, ils apercevaient des étendues de neige blanches sur lesquelles quelques chamois laissaient des traces...
Sur le versant gauche s’étalaient de sublimes prairies vertes quoique rocailleuses. Sur le versant droit, le vide vertigineux de la falaise s’offrait à leurs yeux… En toutes autres circonstances, la « randonnée » aurait été paradisiaque… Par moment d’ailleurs, les quatre marcheurs oubliaient les raisons pour lesquelles ils en étaient là… juste une parenthèse pour profiter pleinement de ce sentiment de liberté qui saisit ceux qui prennent les routes désertées par les hommes…

En quelques longues enjambées, Mulder arriva à la hauteur de Scully. Tout en marchant, il posa franchement la main sur son épaule, puis descendit et massa avec douceur son dos. Dana se retourna vers lui, surprise mais l’air heureux.
- Oui ?
Il lui sourit et déposa un léger baiser sur sa joue tout près des lèvres, et sans la lâcher, il lui murmura à l’oreille…
- Je ne voudrais vivre tout ça avec personne d’autre que toi…
Elle rit. Un vrai rire clair et lumineux.
- Moi aussi, je ne voudrais vivre tous ces cauchemars avec personne d’autre que toi ! Qu’est-ce qui te met de si bonne humeur ?
- C’est peut-être un cauchemar, mais je suis heureux parce que je sais avec une absolue certitude que je pourrais toujours compter sur la très belle femme qui marche à mes côtés. Et parce que tu es particulièrement séduisante avec tes joues toutes roses et tes cheveux qui volent.
- Tu me fais marcher !
- Dana ! Je serais un homme pleinement heureux le jour où tu voudras bien croire que mes compliments sont parfaitement sincères…
- …
- … et que tu me répondras quelque chose comme « Toi aussi, tu me plais dans ton pantalon moulant… ! ».

Derrière eux, Gillian et David observaient la scène avec émotion. Pendant ce court instant, ils se retrouvaient à la place de tous leurs propres spectateurs, à vibrer d’un même cœur au rythme des deux agents du FBI…
C’était très étrange, ils en étaient conscients. Le regard de Duchovny croisa celui de sa partenaire.

- On est sur la bonne voie… !, dit-il avec un sourire.
- Tiens, tiens ! Tu deviens de plus en plus shipper !
- Maintenant que je les connais… ! C’est tout le mal que je leur souhaite.
- C’est pas encore gagné… < Parler… Parler pour oublier que j’ai mal…>
- Pourquoi ?
- Lui est mûr, mais pour elle, j’ai du mal à savoir… Ce serait pas mal qu’un homme bienveillant et désintéressé lui parle…, conclut-elle en jetant vers Duchovny un regard faussement naïf.
Il se mit à rire.
- Moi, par exemple ? !
- Ma foi, pourquoi pas ! rétorqua-t-elle en lui souriant à son tour.
- Gil, je crois que tu surestimes mon charme. J’ai l’impression que je lui fais autant d’effet qu’un concombre pelé !
- David ! Je ne te suggère pas de la séduire mais de la faire accoucher de ses sentiments pour Mulder… Tu captes, là ? ! <Oublie ton ventre, penses à autre chose…>
- C’est un sport assez inhabituel pour moi…
- Un tombeur, ça sait parler aux dames, non ? !, persifla Gillian.
- C’est comme ça que tu me vois ? demanda Duchovny soudain plus sombre.
Elle l’observa, un peu surprise de le voir se formaliser d’une de leur éternelle joute verbale. Ils avaient pourtant coutume de se charrier l’un l’autre.
Elle réfléchit.
- Disons que tu es le premier à aimer te présenter comme ça… comme un homme à femmes.
- Mouais…
- Je suis désolée si je t’ai blessé… Ce n’était pas mon intention…
- …
- …
- Gillian, est-ce que tu trouves que je te prends de haut ?
Deuxième surprise !
- Franchement ?
- Franchement.
- Oui.
- …
- … Tu me charrie beaucoup, tu me complimente rarement. J’ai parfois l’impression que tu me prends juste pour une gentille fille en oubliant que je suis aussi adulte, comédienne, mère, femme et pas si cruche. < … et pas loin de tomber dans les pommes…, putain que ça brûle !>
Pendant quelques secondes, on aurait pu entendre une mouche voler.
- Désolée, ajouta-t-elle, un peu gênée de s’être laissé aller à cette amertume.
- Non, non ! … C’est moi qui suis désolé…
- Je sais que tu veux me protéger parce que tu m’aimes bien (elle voulait adoucir son propos). Ce serait une très gentille attention… si j’avais 12 ans… Mais parfois, je préférerais que tu me traites plus comme une personne entière.
- … J’y ferais attention, promit-il.

Elle le dévisagea avec insistance.

- Je t’aime bien quand même, tu sais … < En plus, avec toi, je pense à autre chose…>
- Je le sais.
- Pourquoi cette question ? Pourquoi là, tout d’un coup ?
- … oh, rien… juste une petite discussion, hier soir, avec Mulder…
- Merci, Mulder ! Les alliances inter-dimensionnelles ont du bon !

David ne put s’empêcher de sourire à cette dernière remarque.


****************


- Salut !
Dana se retourna.
- David… Comment va Gillian ?
- Elle a l’air de se porter assez bien ! Elle vient de me balancer mes quatre vérités dans la tronche !
Scully ne parvint pas à retenir un sourire amusé.
- Pourquoi ai-je le sentiment confus que ça te plaît bien ? !
- Je n’ai rien dit… , répondit prudemment la jeune femme.
- On dirait que tu as fait de la montagne toute ta vie, reprit David qui s’essoufflait à suivre la cadence.
- Pas toute ma vie… mais j’aime bien ça… Nous avons souvent passé des vacances en famille dans les Appalaches. On avait une cabane près du lac de Chattanooga.
- Avec ton père ?
- Avec mon père.

Ils marchèrent quelques minutes en silence.

- Gillian me reproche souvent de ne pas savoir parler sérieusement…
- On en connaît d’autres.
- Mulder ?
- Entre autres. Ca t’ennuie qu’elle te dise ça ?
- Ca t’ennuie de ne pas pouvoir discuter à cœur ouvert avec lui ?
Elle s’arrêta net, se retourna vers lui et demanda avec une certaine brusquerie.
- On parle de qui, là ? De toi ? Ou de moi ?
- Euh, à vrai dire, j’ai déjà bien discuté de ma petite personne avec Gil. J’ai ma dose !
- Et qu’est-ce qui te fais croire que je veux te raconter ma vie ? Ses yeux bleu profond s’obscurcirent et lancèrent des éclairs.
- Ca va ! Pas la peine de m’agresser, Dana ! J’essayais juste de discuter un peu. Laisse-moi une chance au lieu de sortir tout de suite tes griffes comme si j’étais ton pire ennemi ! J’te jure, j’en ai marre des bonnes femmes à qui on ne peut rien dire sans être condamnés d’avance. Psychologie féminine de merde, oui !

Et il allongea son pas pour la dépasser en prenant un air excédé. « Il faut bien que mon métier me serve parfois » se dit-il assez satisfait de son petit numéro dont il espérait bien qu’il forcerait Scully à se faire pardonner sa méfiance.

Elle le rattrapa.

- <Ca marche !>, se réjouit-il.
- Intéressant, le numéro de pauvre macho déboussolé…
- <Ah… Ca n’a pas marché…>
- … tant de peine mérite récompense…
- <Un baiser ? ! ! !>
- … je veux bien te répondre...
- <Bon… c’est bien aussi…>
- C’était quoi … ta question… ?
- Tu l’aimes ?
- …
- Tu l’aimes ?
- Ce n’était pas la question…
- Non. Parce que je me disais que j’allais y aller plus subtilement…
- C’est réussi !
- Alors ?
- … Alors… oui.
Ce fut au tour de David de s’interrompre, sidéré.
- Tu me répètes ça ? !
Elle le regarda. Elle était parfaitement calme même si ses joues s’étaient un peu empourprées. Peut-être que cela ne tenait qu’à l’effort, d’ailleurs…

- J’aime Mulder, répéta-t-elle en chuchotant presque mais en fixant le comédien dans les yeux.
- Mais… Il le sait ? poursuivit Duchovny de plus en plus abasourdi de l’assurance de Dana.
- Sûrement d’une certaine manière… Mais, je n’ai pris conscience de mes véritables sentiments pour lui que récemment. C’est déjà difficile de s’avouer ce genre de chose alors… laisse-moi le temps et le choix du moyen pour le lui dire, tu veux bien ?
- Oui, bien sûr !
- Bien.
- Donc…tu n’as pas besoin de mes conseils… ?
- Non, ça ira. Merci !

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Message  noisette Lun 4 Mai 2009 - 20:09

Soudain, il y eut un cri. Derrière eux, Gillian venait de glisser, rattrapée in extremis par Fox.
Scully se précipita vers la jeune femme…


****************


Elle se rétablissait en s’appuyant sur son voisin mais son visage était livide. Elle fit signe à Dana qu’elle avait besoin de reprendre son souffle. Le médecin s’agenouilla auprès d’elle, souleva la main qui lui barrait le passage et releva le tee-shirt pour examiner la blessure.
Ses craintes se confirmaient : le début de cicatrisation n’avait pas tenu et Gil recommençait à perdre du sang.
A bout de force, la comédienne n’arrivait plus à protester et minimiser son état de santé. D’une voix très faible, elle finit par articuler.
- Est-ce qu’il est possible… de faire une petite pause ?
- C’est même obligatoire, lui répondit Dana pour la rassurer.
Mais Mulder l’attira en retrait.
- On y est presque… et on ne peut pas se permettre de prendre trop de retard. D’ici quatre heures tout au plus, nos poursuivants vont comprendre et venir nous cueillir comme des fleurs.
- Elle n’en peut plus ! Laisse-la se remettre quelques minutes !
- On peut la transporter, Duchovny et moi…
- Vous ne pourrez pas le faire sans la secouer…
- Elle sera secouée ! Tôt ou tard ! Et plus c’est tard, plus on risque d’y laisser sa peau et la notre…
- Et la via ferrata ? !
- Elle y arrivera…

- Il a raison… Il faut repartir, renchérit une voix altérée derrière eux. C’est ça ou crever !

Fox s’accroupit près de Gillian et lui dit très bas.

- Dans une demi-heure, nous serons à la via ferrata. On va te porter jusque là, mais ensuite… ce sera à toi de jouer. D’accord ?
- D’accord, lâcha-t-elle dans un souffle, incapable d’en dire davantage.

Quelques secondes plus tard, après une rapide intervention de Scully pour resserrer le bandage, ils étaient repartis. Mulder et David faisaient la chaise au porteur et Gil serrait les dents… La beauté du paysage ne soulageait plus rien et l’angoisse montait à la perspective du périlleux passage qui les attendait.

Au bout de 35 mn, comme prévu, ils arrivèrent au bout du chemin. Devant eux, ils apercevaient Eboli en contrebas de la falaise. Là-bas, la vie se déroulait calmement et sans stress. Là-bas…

La via ferrata se présentait à eux, pas très rassurante à vrai dire. Certes, la main courante et les échelles de fer des anciens montagneri étaient toujours en place. Mais le métal semblait rouillé par endroits… A vue de nez, la première partie faisait environ deux cent mètres… Face à la falaise et dos au vide, il fallait se déplacer sur un très mince ressaut d’une petite dizaine de centimètres. Le trajet était « facilité » par la main courante faite de longues barres de fer sur lesquelles il devait être possible de s’assurer soit en s’accrochant directement, soit en doublant l’installation d’une corde ce que tout bon spécialiste aurait fait vu l’état de la voie… Mais cela constituait un premier obstacle : leur corde ne faisait que 150 mètres et qui plus est, ils manquaient de spits voire de mousquetons qui auraient pu assurer un réel double amarrage… Quant à la deuxième et dernière partie du parcours, elle se composait de deux échelles qui se succédaient d’une dizaine de mètres chacune, échelles tordues et étroites comme toutes les échelles des aficionados des hauteurs… ou des profondeurs d’ailleurs !
Bref, ça promettait…

L’équipement ne permettait que de faire passer deux personnes à la fois au maximum (un baudrier, un huit - ou descendeur -, un mousqueton et une double-longe disposant elle-même de deux mousquetons par personne). Au terme de quoi, il ne restait que la corde, une longe et un mousqueton pour assurer le passage. C’était peu… Et de toute façon, ce n’était pas assez pour que le passage soit entièrement sécurisé…

Il fut convenu que Scully passerait la première. Elle installerait un ancrage pour la corde au trois quarts de la main courante, l’autre extrémité serait attachée par un nœud définitif à un arbre proche du point de départ. Pas d’autre moyen que de laisser la corde sur place si l’on voulait utiliser au maximum sa longueur…
Arrivés à une petite plate forme d’un mètre carré sous l’échelle, il faudrait enlever le harnais et l’accrocher à la corde. Mulder, qui avait, par chance, un rouleau de ficelle très long avec lui, tirerait le matériel pour le récupérer et le passer au suivant.
De cette organisation, s’imposait donc la montée des échelles sans aucune assurance…

Dana ouvrirait la voie, suivie de Gillian, puis de David et enfin Fox fermerait la route.

Scully s’engagea prudemment. Elle serait la seule à ne jamais être retenue par la corde si elle dérapait…
La roche se révéla assez stable et les barres de fer avaient l’air de tenir le coup. Elle arriva sans trop de peine aux 150 mètres en bénissant le ciel de n’être pas sujette au vertige. L’installation de l’ancrage de fortune fut quelque peu périlleuse, mais Dana, habituée enfant à monter au grand mat des bateaux pour décoincer les voiles, n’était pas plus impressionnée que cela.
Elle termina son parcours et fit passer le baudrier vers ses suiveurs.

Pendant ce temps, Mulder aidait Gil à passer le deuxième harnais en lui expliquant comment procéder.

- A chaque fois que tu changes de tronçons, tu décroches ta longe gauche en gardant l'autre bien arrimée. Et tu la raccroches de l’autre côté de l’arrimage intermédiaire en mettant toujours l’ouverture du mousqueton vers le haut… Une fois que c’est fait, alors seulement, tu peux passer la longe droite de l’autre côté… Ca ira ?
- Ca ira… , souffla Gillian le visage blanc.
- Tu n’as pas le vertige ?

Elle parvint à rire…

- Non ! Ca, ce ne sera pas le problème…

Ils l’aidèrent à s’engager sur le ressaut… et péniblement, elle entreprit d’avancer. Sa blessure la tenaillait de plus en plus fort et l’effort qu’elle faisait faire à ses abdominaux pour rester près de la paroi intensifiait la douleur. Le vent froid passa en rafales contre la falaise avec des sifflements stridents… Concentrée, Gil continua son parcours, pas à pas, centimètre par centimètre… Elle sentait la sueur dégouliner dans son cou, son dos et sur son visage… Ses mains moites glissaient de plus en plus souvent… Ses cheveux lui volaient dans la figure, ses yeux étaient presque clos… <Ne pas se déconcentrer… ne pas se déconcentrer…>.
Elle arriva à cent mètres du point de départ. La tête lui tournait… elle se sentait partir… Pendant un instant d’effroi, elle eut l’impression d’être paralysée et de ne plus pouvoir bouger la plus petite parcelle de son corps…Elle rouvrit les yeux et mis un moment à voir enfin la roche se stabiliser devant elle. Ses mains restaient crispées à la barre de fer. Elle s’obligea à respirer lentement et profondément malgré le déchirement que cela provoquait dans son ventre et sa poitrine. Et elle tourna la tête…
L’immensité du vide la plaqua à nouveau contre la paroi !
200 mètres ! 200 mètres de falaise sous ses pieds, et la moitié de ses chaussures ne s’appuyait sur rien. Elle ne pouvait pas distinguer les arbres tout au fond de la vallée… Certes, sa vue était floue et brouillée par la sueur ou les larmes, elle ne le savait même plus… mais elle réalisait à quel point elle était en plein ciel, au milieu d’un gigantesque cirque de bruits, de souffles, d’ocres et de verdure… Sa vie ne tenait à rien, à rien qu’à ce petit morceau de ferraille, abandonné depuis des années au milieu du vide… Elle se reconcentra dessus. La vie était devant… en poursuivant et en longeant la main courante. Elle fit un petit pas vers sa gauche, et repartit…
2 mètres… 5 mètres… 10 mètres…

Derrière, Duchovny s’avançait déjà contre la paroi et ne quittait pas Gillian des yeux, inquiet…

15 mètres… 20 mètres… 30 mètres…

Quelques gouttes de sang tombèrent dans l’abîme…

40 mètres…

- < J’y suis presque… >.

Les gouttes se rassemblèrent en un mince filet rouge vif s’écoulant dans le vent…

- < Un nouveau tronçon… Faire ce que m’a dit Mulder… Décrocher la longe gauche…>

Elle le fit. Le comédien se rapprochait…

- <… La raccrocher de l’autre côté… Puis…>

La barre se rompit sous le nouveau poids. Déséquilibrée, elle sentit son pied glisser. Son corps partit en arrière et elle bascula dans le gouffre de l’inconscience…


****************

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Message  noisette Lun 4 Mai 2009 - 20:11

« GILLIAN ! » hurla David en essayant de n’être pas lui-même emporté par le mouvement de la corde : Elle se tendait vers le bas pour soutenir le frêle corps qui pendait un peu plus avant.
Il s’élança jusqu’à parvenir à la hauteur de sa partenaire, sous les regards désespérés de Fox et Dana. La sécurité de la corde avait pleinement joué son rôle. Sans elle …
Duchovny essaya de se positionner le plus stablement possible, tout en fixant avec anxiété le barreau de fer qui était désormais seul à le retenir. Pour arriver jusqu’à Gil, il avait fallu qu’il se détache de la corde…
Puis, il se mit en devoir de hisser la jeune femme jusqu’à lui. Il la coinça entre ses jambes, récupéra la corde et entreprit de s’assurer à nouveau à elle. Il avait accroché les mousquetons de Gillian à son harnais ce qui était un montage très peu recommandable mais c’était celui qui permettait le déplacement le plus pratique…

- La corde ! Utilise la corde pour passer le vide ! cria Scully.
- Quoi ?
- … Suspend toi à la corde !

David reprit son souffle pour faire le bilan de la situation.
Dans ses bras, Gil restait sans connaissance malgré les claques qu’il tentait, assez maladroitement, de lui administrer. Elle perdait beaucoup de sang, il ne fallait pas tarder.
Devant lui, la via ferrata était maintenant interrompue sur 3 mètres. Il comprit les directives de Dana : il faudrait ne s’appuyer que sur la corde, en se suspendant dans le vide, pour remonter de l’autre côté et récupérer les barres.
Il jeta un coup d’œil derrière lui et se retourna immédiatement vers la paroi. Mieux valait éviter de trop regarder le vide… Si la corde ne tenait pas, c’en était fini pour eux… Elle avait résisté à la chute d’une personne, mais pour deux…
Il souffla un bon coup, s’agenouilla, défit une longe, inspira profondément… et défit l’autre longe.
Ils ne chutèrent que de deux mètres mais c’était bien assez pour sentir toutes ses tripes remonter et se voir mourir. Le brusque à-coup de la protection qui se tend le laissa quelques secondes pétrifié.
Il reprit ses esprits et entreprit de se placer perpendiculairement à la paroi, les pieds bien à plat. Le corps de la comédienne se balançait entre ses jambes et David pria pour que les mousquetons tiennent. Puis, il entama la remontée, à la force de ses bras, centimètre par centimètre…
Jamais de sa vie, il n’avait eu le sentiment d’exiger autant de ses muscles. Le sang lui battait les tempes, sa tête et ses biceps allaient exploser…

< Si je lâche, on crève ici !…>

Il poussa un grand cri de rage et dans un ultime effort, il parvint remonter sur le ressaut et à mousquetonner sa longe sur un nouveau tronçon de fer. Celui-ci paraissait moins abîmé que celui qui les avait lâchés.

< C’était le plus dur… Maintenant, avances !>

Gardant Gillian serrée contre lui, il se déplaça jusqu’à l’amarrage de Scully. Restaient les cinquante derniers mètres où il n’y avait plus d’assurance que celle de l’acier.
A force de psalmodier un doux mélange des prières de son enfance et d’auto-encouragements on ne peut plus païens, Duchovny franchit enfin l’espace qui les séparait de la plate-forme.
Il prit le temps de défaire son harnais et de le renvoyer vers Mulder, et s’effondra contre la roche en serrant son amie de toutes ses forces.

< Réveille-toi, nom de dieu !… Je t’en prie, réveille-toi !>

- David ? ! appela Scully.
- Oui ?
- Je ne peux pas descendre ; On ne tiendra pas à trois sur un mètre carré. Il faut que tu montes pour que je l’examine le plus vite possible…
- Putain, t’es drôle ! Comment je fais ? ! Je la prends sur mes épaules et je monte ces échelles de merde ? !…
- … en fait, je ne vois pas d’autre solution… sauf si tu préfères que Mulder le fasse…
- Non ! C’est bon… j’y vais…

« Je t’jure, grommela-t-il pour dissimuler sa peur, c’est une médaille que je mériterai après ça… ». Il regarda Gillian en retenant ses larmes et la chargea sur ses épaules. « … et il y a intérêt à ce que ce soit toi qui me la remettes ! ».

Il posa son pied sur le premier barreau et saisit l’échelle en serrant le plus possible le corps de la jeune femme. Le visage, blanc comme un linge, bringuebalait devant la tête de David. Il préféra fermer son esprit au désespoir qui le saisissait. Son regard s’assombrit et se fixa sur le chemin à parcourir. On aurait dit un cheval s’apprêtant à sauter un obstacle.
Il s’élança. Un par un, il gravit les échelons précautionneusement, en reprenant son souffle régulièrement.
Le froid avait fait geler la brume matinale sur le fer, rendant glissants les bouts de métal vieillis. Pour tenir, David allait chercher dans des ressources mentales qu’il n’avait jamais osé imaginer posséder. Il ne pût s’empêcher d’intellectualiser la situation : < Je vis une expérience qui va transformer toute ma perception des choses. Pourrais-je vivre simplement comme avant après ça ? Peut-on continuer à se détacher des gens quand on a cru les perdre ?… >. Il jeta un coup d’œil inquiet sur Gillian. < je sens ton corps tout contre le mien et à peine ton souffle contre ma joue. J’ai besoin de toi… Pour la troisième fois de ma vie, j’ai besoin d’une femme sans la désirer : ma fille, ma mère … et toi. Alors, je t’en supplie : Tiens bon ! >.

Il arriva à la deuxième échelle.
Des voix se bousculaient dans sa tête. Des voix moqueuses… le genre de voix qu’il administrait lui-même bien volontiers aux autres…
< Sans la désirer ? ! Laisse moi rire !>
< Je reconnais que c’est arrivé mais c’était juste des pensées >
< … parce qu’elle ne t’a pas permis de passer à l’acte ! Mais tu le voulais. >
< Non ! >
< Si ! >
< Elle aussi, d’abord ! >
< Ah ! Ah ! Un aveu. >
< Je l’ai désirée, et après ? C’est bien normal pour un homme ! >
< Mouais… >
< Je n’ai rien à me reprocher ! >
< Je ne te reproche rien. Je suis ta conscience : je t’empêche de te mentir à toi-même, c’est tout. >
< J’aime Téa ! >
< Je le sais. >
< Alors que Gilly, je l’aime… autrement. >
< Tu l’aimes autrement. C’est vrai. >
< Je ne ferais jamais l’amour avec elle, je le sais. Je l’imagine parfois, c’est tout… cela ne fait pas de moi un salaud ! >
< Certainement pas. >
< Et Gil ne serait pas choquée si je le lui disais. Ce n’est qu’un fantasme. >
< Non, elle ne serait pas choquée, mais… >
< Mais … ? >
< Elle voudrait bien te l’entendre dire… juste une fois. >
< Dire que je la désire ? >
< Non, bien sûr. >
< Alors, dire quoi ? ! >
< Tu le sais, David. Tu le sais. >


Ses yeux se fixèrent sur l’herbe verte qui venait d’apparaître devant lui. Il était en haut de l’échelle… Il avait réussi !
Scully saisit Gillian et la hissa jusqu’à elle permettant au comédien de gravir les derniers échelons plus légèrement.
Et Mulder les rejoignait déjà. A cet endroit, les portables fonctionnaient. Il appela Skinner : Alessandro Pieta, un ami personnel du Directeur assistant, était déjà en route vers eux et s’occupait de leur retour au pays sous assistance médicale.
Eboli était à 10 minutes en descendant un petit chemin. Ils étaient sauvés.


****************


David caressa doucement la main de son amie toujours inconsciente et se pencha vers elle. « Réveille-toi, Gil » murmura-t-il submergé d’une douloureuse tendresse.
Il approcha son visage encore un peu plus près. Il pouvait sentir le souffle léger contre sa peau. Il passa sa main libre sous la nuque de la jeune femme et la souleva avec une douceur infinie jusqu’à ce que ses lèvres effleurent celles de Gillian.

Quelques secondes…

Une éternité…

La nature, elle-même s’était tue…

Stupéfait, Mulder se figea. Et Dana ferma les yeux, prise de vertiges. Elle revoyait ce seul et unique baiser qu’ils avaient échangé… elle s’était interdite de s’abandonner à ses sensations ce jour là, mais Dieu, qu’elle l’avait voulu ! Et voilà que leurs doubles leur laissaient entrevoir ce que ce baiser aurait pu devenir, aurait pu contenir. Une bouffée de désir la saisit. Une chaleur brûlante au bas du ventre, des frissons incontrôlables…
Derrière ses yeux clos, elle sentit Fox l’entourer de ses bras avec un sentiment mêlé de crainte et de soulagement. Il la serrait contre lui jusqu’à l’étouffer. Elle sentait sa respiration haletante dans son cou. Il ne disait rien. Tout était si clair ! Elle resserra son étreinte, c’était irrésistible, elle en avait besoin. Elle aurait voulu se fondre en lui, pouvoir aller au bout de leur rencontre et le sentir au plus profond d’elle-même…

Mais ce n’était ni le lieu, ni le moment. Ils s’écartèrent l’un de l’autre, déchirés, bouleversés… Tout était changé. Elle laissa échapper un petit cri de frustration, à peine audible. Mulder lui sourit, sans ironie pour une fois « Ce n’est que partie remise, Dana… » chuchota-t-il.


****************


Un peu plus tard. Dans une grange d’Eboli. 14h00.

Gillian reprenait doucement connaissance sous les stimulations glacées du linge que David passait sur son visage.
- Où sommes-nous ?
Les mots venaient difficilement entre ses lèvres desséchées. Il saisit délicatement entre ses doigts une mèche humide qui tombait dans les yeux de son amie et la lissa sur son front.
- A Eboli, murmura-t-il. C’est fini, Gil. Tout va bien maintenant.
- J’étais sur la via ferrata. J’ai glissé… !
- … et je t’ai récupéré. Dans quelques minutes, un ami de Skinner va nous transférer jusqu’au Etats-Unis, et nous serons en sécurité.
- Tu m’as récupéré ? ! Comment… ? La voie s’est brisée ! Il n’y avait plus de main courante ! … Et les échelles, reprit-elle en transpirant de plus en plus, comment tu as monté les échelles ? !
- Chut !… Calme-toi, je t’en prie…
- Mais comment ? !
- Je me suis débrouillé. Si Stallone peut le faire, je peux le faire ! ajouta-t-il avec un clignement d’œil.
- C’est pas drôle, David… Tu aurais pu…
Elle s’interrompit, paralysée par la peur rétrospective de ce qui aurait pu arriver.
Il prit sa tête entre ses mains et l’obligea à le regarder droit dans les yeux.
- Tu es ma meilleure amie et je tiens à toi comme à la prunelle de mes yeux… Tu n’imaginais quand même pas que j’allais t’abandonner là !
- Non mais…
- Je t’aime, Gil. Ce n’est pas l’amour d’un mari pour sa femme, pas l’amour d’un frère pour sa sœur ni l’amour d’un amant pour sa maîtresse. C’est notre amour, il est particulier, indéfinissable, unique… Et il faudra que tu fasses avec parce que j’ai besoin de toi dans ma vie… et je ne suis pas prêt à te laisser partir…

Stupéfaite et bouleversée, elle laissa glisser les larmes sur sa joue. Jamais il ne lui avait dit ces mots, ni de près ni de loin. Elle réalisait à présent à quel point elle avait douté d’elle-même et de l’affection de Duchovny… A quel point elle les avait désirés, ces mots doux qui disent l’amitié et qui rassurent… Ils étaient l’eau fraîche d’une oasis dans le désert, le vent qui souffle dans les voiles du bateau. Ils étaient la musique pour l’aveugle, la caresse sur un corps meurtris. Ils étaient essentiels. Elle se sentit revivre.

- Merci David…, murmura-t-elle d’une voie étranglée. Elle leva ses yeux rougis par la fatigue et l’émotion. Merci pour tout…

< Tu vois, dit la conscience, ce n’était pas si difficile…>


****************


Ils entendirent le bruit d’une voiture qui se rapprochait. Elle se gara devant la grange et Alessandro Pieta jaillit du 4X4.
- Buongiorno a tutti !
Son sourire se figea lorsque Mulder et David sortirent côte à côte. Il se reprit et leva les yeux au ciel avec un air désabusé.
- E poi dicono che gli italiani sono degli originali !
Devant la mine interdite de Mulder, il passa à un anglais approximatif.
- Vous, FBI, employez jumeaux maintenant ? Comme les bambinos au cinéma ? !
Mulder sourit poliment et haussa les épaules en signe d’impuissance. L’italien rit avec bonne humeur… mais se décomposa lorsqu’apparurent dans l’entrebâillement Gillian soutenue par Scully ! Il se tourna vers son interlocuteur avec un air grave.
- Clonazione ? Clonage ?
- Para-normalé, répondit Fox en tentant une prononciation à l’italienne.
Alessandro fronça les sourcils, puis se résigna finalement. Il ne voyait aucune explication acceptable à ce phénomène.
- E va bene allora, andiamo! Ci aspettano… En route ! reprit-il à l’attention de l’agent.
- Avanti ! s’exclama Mulder qui se sentait inspiré par la langue chantante de leur nouvel allié.
Dana salua Alessandro d’un signe de tête et fit rentrer la comédienne dans la voiture. Après une courte hésitation, elle se pencha vers Duchovny avec une expression gênée.

- Au fait, David, dans votre scénario volé, l’Opus Déi avait un QG ?
- Oui, bien sûr : Un bagne abandonné sur une petite île en Guyane. Pourquoi ça ? demanda Duchovny, surpris.
- Oh rien ! Juste une idée…, répondit-elle en fuyant son regard et en s’installant à son tour.

Fox s’assit près d’elle et lui chuchota à l’oreille.

- Ton idée… Elle ne tiendrait pas compte d’une certaine hypothèse un peu loufoque « d’alliance inter-dimensionnelle » ? !
- J’envisage juste toutes les pistes possibles.
- Et celle-ci te semble « rationnelle » ? houspilla Mulder un brin moqueur.
- Elle me semble surtout coïncider avec les derniers mots du Père Castello…
- « Sauvez la mémoire des bagnards » se remémora Fox en reprenant son sérieux.
- Oui… « Sauvez la mémoire des bagnards »…

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Message  noisette Mar 5 Mai 2009 - 19:25

CHAPITRE 7






Samedi 27 Mars 2000. Etat du Tennessee. Lac de Chattanooga.

Après une semaine d’hôpital pour Gillian, ils avaient décidé de s’installer dans la baraque où Scully avait passé de nombreuses vacances avec sa famille lorsqu’elle était encore enfant.

L’endroit était idéal pour se reposer un peu. La cabane, en retrait de la ville, offrait un emplacement de rêve aux amoureux de la nature : pêcheurs et montagnards trouvaient un égal bonheur dans ce lieu où de magnifiques reliefs entouraient un lac naturel qui foisonnait de poissons. Il faisait frais mais la présence du soleil leur permettait de passer du temps dehors avec un gros pull pour profiter pleinement du paysage.
C’était une coupure inhabituelle, pour les uns comme pour les autres. Scully et Mulder, qui pouvaient compter sur les doigts d’une main les semaines de vacances prises au cours des sept dernières années, se trouvaient, pour une fois, dans un cadre assez éloigné de leur travail.
Et on pouvait presque en dire autant de David et Gillian, plutôt habitués aux journées de 18h et au minimum syndical de congés avec le tournage des X-Files…
Ici, ils se sentaient en relative sécurité. Les propriétaires louaient sans demander patte blanche, a fortiori au mois de mars, et ne souciaient pas de vérifier l’identité des rares illuminés qui venaient à cette période. Installés avec des noms d’emprunt, ils pouvaient donc espérer que l’Opus Déi ne remonte pas leur trace trop facilement.

Une semaine. C’est ce qui leur fallait pour préparer un minimum la suite des événements. Une formation accélérée pour Duchovny et Anderson à quelques règles de conduite en opération spéciale était prévue pour mettre toutes les chances de leur côté quand viendrait le moment d’affronter leurs adversaires.
Et cela se passait plutôt bien, si l’on excluait bien sûr les pétages de plomb caractérisés de Gil et les blagues à deux balles de David ! L’un et l’autre étaient très en forme physiquement, même la blessée de service qui stupéfiait tout le monde en récupérant particulièrement vite. Elle expérimentait ainsi toutes sortes d’acrobaties pour compenser l’usage encore limité de son épaule gauche suscitant ainsi les regards consternés de Scully quand il s’agissait de tenir ses couverts pour découper la viande avec ses pieds (question d’entraînement…), mais créant aussi souvent une admiration mêlée d’incrédulité quant il s’agissait de grimper à la corde avec une seule main.
Ce qui était nettement plus problématique, en revanche, c’était l’apprentissage de quelques techniques (surveillance, filature) nécessitant davantage de patience. Pour celles-ci, la comédienne se reconnaissait elle-même « handicapée du bocal » selon une expression de son invention, tandis que Duchovny révélait là la force procurée par toute son expérience du yoga.
Concernant l’usage des armes, l’un et l’autre s’estimaient beaucoup trop dangereux avec un revolver dans la main pour leurs partenaires. C’était aussi l’avis des deux agents, qui préféraient nettement former leurs élèves à quelques bases de combat rapproché.
Avec quelques cours plus théoriques sur la survie en milieu hostile, l’utilisation d’un matériel de communication de base et les règles essentielles de prudence en opération, la formation sommaire pourrait suffire pour que les comédiens participent aux événements à venir…

L’assassinat de Piedro Castello sonnait comme un aveu. Puisque l’Opus Déi avait repris la suite du syndicat dans la collaboration avec les extra-terrestres, il fallait désormais rechercher les preuves de cette alliance, des mobiles des uns et des autres et tenter de faire éclater la vérité. Piedro avait parlé de la mémoire des bagnards, et le script de l’épisode 8X13, qui avait fortuitement imaginé ce pacte diabolique entre les envahisseurs et une faction de l’église catholique romaine, prévoyait un QG dissimulé dans un bagne désaffecté en Guyane française. C’est de ce côté qu’il fallait chercher. Et cela commencerait par une surveillance des allées et venues autour d’une certaine île…



CHAPITRE 8






Mardi 7 avril 2000. Ile Saint Joseph. GUYANE FRANCAISE. 17h00.


La mer était sublime mais très agitée. Sous le soleil guyanais accablant, on ne pouvait s’empêcher de frissonner en se remémorant le sort des quelques 70 000 prisonniers de droit commun morts dans ces îles maudites : l’île Royale, l’île St Joseph et l’île du Diable dont les indiens galibis croyait qu’elle était habitée par l’Iroucan, l’esprit du mal. Chanvallon, en 1763, les avait appelées les îles du Salut ! Peu probable que les condamnés d’origine arabe (l’Algérie était devenue française), ceux qui venaient des colonies antillaises ou encore les prisonniers politiques déportés jusqu’en 1938 comme le capitaine Dreyfus, eussent été de cet avis…
Il y avait même un cimetière sur St Joseph. Celui des surveillants. Les bagnards décédés, quant à eux, étaient jetés aux requins. Que la mer respire autant la liberté que la mort, voilà une évidence qu’aucun marin ne renierait. Mais les hommes de l’océan manifestaient toujours un vif dégout quant elle devenait le cercueil des horreurs « terriennes »… Ces îles étaient bien maudites et les guyanais n’aimais pas naviguer dans leurs parages. Ca sentait le sang des innocents…

Les Lones Gunmen avaient pris en charge l’aspect technologique du plan élaboré par Mulder et Scully. Il avait fallu détourner les images de surveillances prises par le dernier modèle des satellites dit « d’observation » américain. En fait, ni plus ni moins qu’un satellite entièrement dédié à l’espionnage, au prétexte qu’il fallait contrôler l’application des traités de limitation des armements stratégiques. Ces engins avaient vu le jour en 1959 dans la version la plus primaire avec le satellite Discoverer. Celui-ci et ses successeurs avaient notamment permis à l’époque de découvrir que les russes qui déclaraient 250 fusées intercontinentales n’en possédaient en réalité que… 14 !
Aujourd’hui, Discoverer faisait figure de vieux combattant et les nouveaux satellites Keyhole (KH) étaient équipés de viseurs infrarouges et permettaient des résolutions optiques décimétriques (détails observables d’environ dix centimètres). Et KH 12bis (officiellement il n’y avait qu’un keyhole 12) avait fourni avec une précision de métronome les allées et venues sur les îles du Salut. En effet, pendant que les quatre rescapés d’Eboli récupéraient sur les bords du lac de Chattanooga, Langly s’était occupé de pénétrer les systèmes d’observation spatiale du Pentagone et de reprogrammer l’axe du satellite pendant les vingt secondes de passages au-dessus de la zone surveillée. Un véritable exploit qui aurait fait pâlir de jalousie bien des hackers si le tireur solitaire avait décidé de se faire un peu de pub !
Il n’en restait pas moins que les agents du FBI étaient maintenant fixés. A cette époque de l’année, il n’y avait que très peu de mouvements vers les anciens bagnes. L’arrivée hebdomadaire de deux hélicoptères deux mardi soir de suite, aux alentours de 19 heures, sur l’île St Joseph étaient donc passablement suspecte. D’autant plus qu’aucun héliport, ni même un simple terrain d’atterrissage n’était recensé à cet endroit. Les hélicoptères semblaient être tout simplement engloutis par la dense végétation de l’île…

A bord d’un zodiaque, Fox, Dana, David et Gillian se rapprochaient. Tous étaient vêtus de treillis, tenue que les deux femmes abhorraient mais dont il fallait bien reconnaître qu’elle convenait le mieux à ce type d’opération. Ils portaient tous un petit sac à dos contenant un émetteur-récepteur radio, des lunettes infrarouges et casques anti-bruits et un mince filin d’acier. Les agents possédaient également des machettes, un magnéto, un détecteur thermique, un micro amplificateur, une poignée de charges explosives et leurs détonateurs. Quant aux comédiens, on leur avait confié de minuscules appareils photos sous-marins équipés d’une vision infrarouge. Ces derniers n’étaient armés que d’une toute petite matraque électrique qui envoyait quant même une décharge de 8000 volts pendant une demi-seconde. De quoi assommer n’importe quel malabar pendant une vingtaine de minutes au minimum.
Pendant que Dana tenait la barre et approchait adroitement le rivage parsemé de rochers acérés, Mulder remit en marche sa radio. Son visage avait pris des couleurs pendant leur « retraite forcée » et à la proue du bateau, le vent dans ses épais cheveux bruns, il avait l’air parfaitement à son aise. Ses yeux brillaient d’un éclat tel qu’il n’avait plus rien de l’éternel ado dégingandé au regard mutin. C’était un homme dans son univers, à sa place, un rien excité. Scully le dévisagea et ne put s’empêcher de penser que l’assurance le rendait d’autant plus séduisant. Son observation devenait un peu trop ouvertement insistante et elle sentit tout d’un coup le regard intéressé et amusé de Gillian posé sur elle. Avec un air faussement détaché, elle interrompit sa contemplation et se reconcentra sur l’approche de l’île.

- Dallas, ici Rob et Laura Pétrie ! Tu m’entends ?
- Ouais Rob ! gloussa Frohike dans l’écouteur en détachant avec délice la dernière syllabe.
Scully leva les yeux au ciel en entendant les noms fantaisistes que son partenaire avait une fois de plus choisi.
- Irrécupérable ! murmura-t-elle entre ses lèvres mais avec un imperceptible sourire.
- Tu disais, oh my Captain ? !
- Rien, Mulder ! Continue à faire joujou avec tes petits amis.
- … mais ne t’éloignes pas du bac à sable, renchérit Gil avec une voix sévère.
- Rob ? Rob ? Que se passe-t-il ? grésilla le timbre lointain du lone gunmen.
- Dallas ? On a un problème…
- Mulder ! Déconne pas !
- Je m’appelle Rob Pétrie, Du con ! Et j’ai une mutinerie féminine à bord !
- Plains-toi. Au moins tu as des femmes !
On entendit une voix outrée en arrière fond.
- Hey man ! On te suffit plus ?
- Va te faire voir, binoclard, rétorqua avec bonheur le petit homme à lunettes à l’attention de Langly.
- Bon les mecs, on peut reprendre une conversation de pro ? J’ai l’air de quoi, moi, devant nos partenaires extra-dimensionnels ?
- D’un bouffon, le rassura David en toute simplicité.
- Mmm… Bon, Dallas, on s’apprête à accoster. Rappelle-moi combien de temps nous avons ?
- T’as une douzaine d’heures entre leur arrivée vers 19 heures et leur départ, demain matin. Et prends soin de mon matos, hein ? Pas de flotte dedans.
- Mais non ! Tu me prends pour qui ? protesta Fox en abritant précipitamment une drôle de machine électronique d’où partaient quatre fils électriques.
- Pour ce que tu es, faux cul !
- J’aime ces conversations réconfortantes entre vrais amis. Mais je vais devoir te quitter, on arrive. Rendez-vous en T2, Dallas.
- Reçu. Merde à vous, les Pétrie.

Ils avaient fixé des plages horaires pendant lesquelles ils devaient impérativement contacter la petite base. C’était une mesure de sécurité indispensable. « Pétrie 1 » composé des agents spéciaux devait faire le point à chaque heure et quart. « Pétrie 2 », les comédiens, à chaque heure et demi. Tout rendez-vous manqué impliquait une prise de contact trente minutes plus tard avec un code précis. Si le retardataire ne commençait pas par la phrase « Pétrie à Dallas » deux fois de suite, cela impliquait que le groupe avait été pris et parlait sous la contrainte. En quel cas, les lone Gunmen devait, dans un premier temps prévenir le second groupe, puis alerter la police locale en l’incitant à faire intervenir les services de contre-espionnage français, particulièrement présent en Guyane française pour des raisons stratégiques évidentes.

Ils arrivèrent dans une toute petite crique où les arbres avançaient sur l’eau. David et Fox sautèrent dans l’eau et traînèrent le zodiaque sur les derniers mètres. C’était l’endroit idéal pour cacher leur embarcation, loin du regard des éventuels habitants de St Joseph. Après l’avoir facilement dissimulée sous les branchages, ils s’enfoncèrent dans une épaisse forêt tropicale. Scully et Mulder ouvraient la marche en usant vigoureusement de leurs machettes pour dégager les multiples lianes et autres plantes filiformes, mais ils ne progressaient que très lentement.
Au bout d’une vingtaine de minutes, la végétation sembla s’éclaircir. Ils n’auraient probablement pas distingué des vestiges de murs sous la luxuriance des arbres s’ils n’avaient pas été prévenus de leur existence. Ils venaient de déboucher au sud du côté des cellules des anciens bagnards. En avançant encore, ils en trouvèrent des dizaines dont certaines étaient encore presque totalement conservées. Sans toits. Les toits étaient remplacés par des grillages et au-dessus d’eux, ils apercevaient encore le chemin de ronde par lequel les gardiens se déplaçaient autrefois pour surveiller les détenus.

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Message  noisette Mar 5 Mai 2009 - 19:30

Depuis cinquante ans que le bagne était abandonné, d’autres s’étaient appropriés les lieux. Un figuier immense, au tronc noueux et balafré, avait contourné les murs comme un voleur. Il enlaçait la pierre dans un baiser mortel, puis au coin d’une allée, pénétrait dans une cellule et, comme pour venger la mémoire des hommes morts à cet endroit, il transperçait la grille du toit et s’élevait vers le ciel pour respirer le vent de la liberté. Il avait fallu cinquante ans et vingt mètres de ce bois sec au dehors, plein et riche au-dedans, pour que la cellule redevienne la seule maison d’un arbre vieux comme le monde.
Un peu plus loin, ils émergèrent dans un immense dortoir. Ou plutôt, ce qu’il en restait. La terre était un tapis de feuilles mortes. Seuls les murs s’élevaient sur trois côtés. Il y avait eu un toit. Mais il n’en subsistait que l’armature en fer, grinçante et rouillée d’où pendaient d’impressionnantes lianes. Les oiseaux et quelques petits animaux étaient chez eux dans cette volière ouverte d’une autre époque. Le versant qui leur faisait face se distinguait des autres. Ils ne comprirent pas tout de suite pourquoi. Les lianes étaient un peu plus vertes, elles recouvraient chaque parcelle du mur accolé à la montagne, mais à un endroit elles avaient pris une drôle de forme, un peu trop géométrique peut-être. Et les perruches semblaient moins nombreuses par-là. Mulder s’avança et glissa sa main dans l’enchevêtrement de tissus végétaux. Il sourit.

- Je crois que nous savons par où ils rentrent, maintenant.
- Et je parie qu’une partie de l’armature peut se lever pour permettre aux hélicos d’atterrir, ajouta Scully d’un air entendu.
- 18h 15, nota Mulder. J’appelle Dallas. Et on s’installe pour les attendre.


****************


Les agents s’étaient installés derrière l’un des murs et attendaient le signal de David et Gillian pour s’introduire dans le repère. Les comédiens, eux, étaient montés jusqu’au chemin de ronde pour avoir un meilleur angle de vue pour la surveillance. Le dortoir abandonné était donc juste en dessous d’eux. Ils s’allongèrent dans l’herbe, sortirent leurs jumelles et les appareils photos, et s’installèrent pour remplir la mission qui leur avait été dévolue.
Une demi-heure plus tard, le premier hélicoptère apparut dans le ciel.

Il se positionna juste au-dessus d’eux, faisant du sur place. Les feuilles mortes se mirent à tourbillonner violemment. En deux minutes, comme Dana l’avait prédit, le squelette rouillé du toit se redressa lentement, à quelques centimètres à peine des nez de Duchovny et Anderson. L’engin se posa en douceur au milieu des ruines. Et les « invités » débarquèrent…

Le premier marchait d’un pas assuré. Celui des hommes qui commandent et qui sont habitués à ce qu’on les suive sans discuter. Derrière lui, deux hommes qui avançaient en regardant à droite et à gauche. De toute évidence, pas de simples fonctionnaires.
La plupart des américains sentent d’instinct lorsqu’ils se trouvent en présence de fédéraux. Pas seulement à cause de leur tenue vestimentaire grise et impersonnelle. Leur langage minimaliste, leurs attitudes engoncées et l’expressivité refoulée de leurs visages étaient des caractéristiques quasi-systématiques. Et là, les comédiens surent d’emblée que ces deux là étaient du bureau. David arma l’appareil, pris la photo et immortalisa l’étrange alliance des trois individus.
En costume sombre, avec une chemise noire et un col romain, le « chef » était un ecclésiaste, probablement un évêque au regard de l’assurance qu’il dégageait. Il promenait autour de lui des yeux incroyablement bleus, de ceux qui hypnotisent facilement leurs interlocuteurs. Ses épais sourcils lui donnaient un air extraordinairement déterminé, renforcé par les traits anguleux de son visage. Il devait avoir une cinquantaine d’années mais semblait très en forme physiquement. Un bel homme, qui, sous couvert « d’agent » de l’église, pouvait certainement séduire. Gillian se surprit à se demander si elle-même pourrait succomber à ce type de charme.
Les deux autres formaient un étonnant tandem. Le premier, qui avait dû être accepté de justesse au FBI, atteignait juste le mètre soixante dix réglementaire mais devait compenser un probable complexe d’infériorité en passant ses soirées devant des instruments de musculation. Résultat : un corps robuste et trapu qui tendait son costume et notamment des cuisses énormes. Si l’on ajoutait un semblant de sourire un peu édenté, il y avait en lui quelque chose de Shrek, l’ogre vert, la bonhomie en moins.
Son comparse était tout aussi costaud mais nettement plus grand. Blond, coiffé en brosse, ses cheveux étaient coupés trop longs pour envisager l’hypothèse qu’il soit militaire, mais assez courts pour lui donner un air vaguement menaçant. Il affichait surtout la marque d’une profonde cicatrice qui partait du coin de l’œil droit pour descendre jusqu’au milieu de son nez, à gauche de l’arête centrale. En lui-même, David le baptisa Frankenstein.
Le mur s’ouvrit devant les trois hommes qui disparurent derrière les lianes.
Suivirent deux autres hélicos et une demi-douzaine d’individus de profils proches. Quand les quatre derniers pénétrèrent dans le QG (« dernière livraison » avait pronostiqué Dallas-Frohike), les membres de l’équipe « Pétrie 2 » soufflèrent. Leur première mission venait d’être remplie sans qu’ils ne rencontrent de difficulté majeure. Restait maintenant à s’assurer que « Pétrie 1 » ne serait pas gênée par des invités imprévus… Ils donnèrent le signal.
Voyant le code, Mulder et Scully jaillirent de leur recoin. On parvenait à peine à les distinguer dans la nuit qui tombait. D’une de ses poches, Mulder sortit le mystérieux appareil de Frohike. En deux minutes, ils avaient réussi à ouvrir la porte. L’un après l’autre, ils s’introduirent dans le bâtiment secret de l’Opus Déi.
Il était 18h30. Pétrie 1 avait pris contact au quart. Pétrie 2 devait faire le rapport à la base.

- Dallas ? Ici Pétrie 2. Vous recevez ?
- Fort et clair, Pétrie 2.
- Les loups sont dans la bergerie, je répète, les loups sont dans la bergerie.


****************


Ils pénétrèrent dans un étroit tunnel creusé dans la roche. Il était sombre, et seules des lanternes d’un autre âge, disposées tous les dix mètres, permettaient d’y voir un peu. Ils s’engagèrent dans un étroit escalier de pierres taillées. Au bout de quelques mètres de descente, ils aperçurent des infiltrations d’eau qui ruisselaient le long des parois. Ils se trouvaient certainement sous le niveau de la mer à présent. L’endroit semblait avoir vu défiler les siècles. Qui sait, d’ailleurs, s’il n’avait pas été un repère de pirates à une époque lointaine…
Ils avancèrent prudemment jusqu’à une nouvelle porte. Leurs prédécesseurs n’avaient pu passer que par-là. A nouveau un code. Et à nouveau, l’invention de Frohike fit des merveilles. Pas une serrure électronique ne lui résistait avait affirmé leur complice. Et jusque là, les faits lui donnaient raison.
Cette fois, ils débouchèrent sur un long couloir moderne parfaitement éclairé. A droite, s’enfilaient des salles visibles derrière d’épaisses vitres insonorisantes.

- On y est, murmura Scully, le regard tendu vers la première salle.
- C’est par-là qu’on fabrique des « miracles », renchérit Mulder les yeux rivés sur un immense laboratoire apparemment suréquipé.
- C’est par-là que certains vendent leur âme et renient leur foi, rectifia Dana avec amertume.

Ils avancèrent encore un peu. Les lieux semblaient vides. « 19h00. Fin des horaires de bureau ! » chuchota Fox. Sa coéquipière s’arrêta tout d’un coup et tendit l’oreille. Des bruits étouffés venaient du fond du couloir. A pas feutrés, ils s’approchèrent encore, passant devant une immense bibliothèque qui n’avait rien à envier à la bibliothèque nationale. On aurait pu être dans l’abri anti-attaque nucléaire des mormons. Les informations devaient également être stockées dans des bases de données numériques compte tenu des bureaux avec poste informatique qui émaillaient la salle. A certaines périodes, cette pièce devait grouiller d’activité. Il y avait de quoi permettre le travail d’au moins deux cents personnes entre la recherche scientifique et la recherche documentaire.

Les invités étaient devant, dans ce qui ressemblait à un salon d’attente confortablement meublé. Ils discutaient. Puis, l’un d’entre eux fit un signe, et tous le suivirent vers une pièce dans l’enfilade du salon. Avec précaution, les agents investirent la salle d’attente et s’installèrent contre le demi-mur qui les séparait de leurs ennemis, derrière un canapé. Ils étaient accroupis mais en relevant la tête prudemment, ils pouvaient les apercevoir au travers d’une vitre insonorisée.
- Et maintenant, les bonnes vieilles techniques d’espionnage, commenta Mulder en sortant un appareil muni d’une antenne au milieu d’une petite parabole.
Il l’orienta vers le mur pendant que Scully enclenchait le magnéto.
- C’est parti.



CHAPITRE 9






Mardi 7 avril 2000. Ile Saint Joseph. Salle de réunion de l’Opus Déi. 19h30.

Les membres du nouveau syndicat s’installèrent les uns après les autres autour de l’unique table ovale de la salle. A l’exception de la paroi vitrée qui donnait sur le couloir, les murs étaient recouverts d’un velours bordeaux conférant une forme de solennité au lieu. La table de bois massif évoquait une certaine table ronde de bien meilleure fréquentation. Mais, pensa Dana non sans ironie, c’était bien tout ce qu’il y avait de traditionnel dans cette pièce. Les conservateurs appréciaient manifestement les nouvelles technologies. Le lieu ressemblait à la salle du conseil d’administration d’une de ces multinationales qui dictent leur loi dans le monde. De gigantesques écrans plats permettaient à ces business men d’un nouveau genre de suivre film, plan, carte ou autre page écran. Au centre du cercle, un terminal leur permettait les audioconférences multipoints reliées par satellite, et chacun s’était commodément équipé d’un portable dernier cri. Ils pouvaient se connecter entre eux et au PC central au moyen de bornes. Le réseau « Lumière des nations » (un nom que les chrétiens de l’ancien temps avaient donné à Jésus) bénéficiait d’un système de firewall multiples et ultra-sécurisés, qui rendait leur intranet encore plus inviolable que celui du Pentagone.
L’évêque aux yeux bleus, installé à l’extrémité de la table, prit la parole pour ouvrir la séance.

- Chers amis, je n’irai pas par quatre chemins. Vous savez tous maintenant que nous sommes en état d’alerte orange. Piedro Castello, notre Judas Iscariote maison, a manifestement appris que nous avions repris le travail… avec nos invités millénaires.

A ce stade de son compte-rendu, il adressa un petit signe de tête singulièrement soumis à son voisin de droite, un mastodonte au visage taillé à la serpe. Celui-ci ne daigna même pas lui renvoyer son salut et resta de marbre. L’évêque toussota et reprit avec assurance.

- Je vous confirme bien sûr que nous avons réglé son cas et fait disparaître la plupart des éléments compromettants, à commencer par le corps lui-même…
- La plupart… ? interrompit un vieillard à l’air diaboliquement retors.
- Monseigneur Jenkins, les autres « éléments » sont de simples morts en sursis, rétorqua tranquillement l’évêque avec un sourire faussement respectueux.
- Mais vous ne contestez pas que l’un des « morts en sursis » n’est autre que Fox Mulder dont le sursis si je ne m’abuse dure depuis quelques années. Dites-moi si je me trompe, Di Pagelli, poursuivit-il avec un plaisir sadique, mais ce gaillard a enterré nos prédécesseurs…
- … qui manquaient singulièrement de clarté dans leur politique défensive, trancha froidement Di Pagelli. Mais nous ne sommes pas si timorés…
- Oh non, Dieu merci ! ricana le vieillard.
- … et nous prendrons les décisions opportunes, poursuivit l’italien en foudroyant son aîné du regard.
- Que notre seigneur nous pardonne, persifla Jenkins.

L’octogénaire était loin d’être sénile. Au contraire, son intelligence explosive l’imposait comme un conseiller incontournable, et même si les cadres de l’Opus Déi avait jugé préférable de placer un homme plus jeune à la tête de leur organisation, nul ne se serait avisé d’éjecter celui qu’on surnommait souvent le Dragon, l’un des surnoms de Lucifer. En effet, comme l’ange rebelle, Jenkins n’avait plus l’ombre d’une croyance en Dieu et ne s’en cachait même pas. Dans ce milieu où l’hypocrisie était reine, il faisait figure de dangereux perturbateur. Si personne ne l’avait encore retrouvé avec deux balles dans la tête dans une décharge nauséabonde, c’est uniquement parce qu’il avait parfaitement couvert ses arrières au moyen d’un chantage explosif permettant de dévoiler le pire sur chacun de ses congénères si cette hypothèse se réalisait. Mais paradoxalement, ce britannique qui ne manquait pas d’humour était le plus sain d’esprit. Il savait parfaitement ce qu’il faisait et les vrais motifs qui animaient ses « frères » dans cette croisade.
Di Pagelli, l’italien aux yeux bleus, le haïssait et s’en méfiait comme de la peste. Il reprit pourtant son exposé en confiance. A part le Dragon, les autres membres du conseil le respectaient et parfois même, le craignaient.

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Message  noisette Mar 5 Mai 2009 - 19:31

- Mulder et sa coéquipière, Dana Scully, ont été contacté par Castello et ont assisté à son exécution avec deux autres personnes que nous ne sommes pas parvenus à identifier avec certitude. Nos agents les traquent et les tueront. Ce n’est qu’une question d’heures.
- Avons-nous relevé quoi que ce soit qui ressemble à une infiltration ? demanda un homme au maintien aristocratique.
- Rien de tel, mon cher De Bruyne. Du reste, nos deux tourtereaux ont, bizarrement, toujours eu du mal à se faire entendre du gouvernement américain, répondit sarcastiquement Di Pagelli. Ce qui réduit les risques réels pour nous.
- Certes, ils n’ont pas la moindre preuve.
- Pas que je sache. Et si c’était le cas, nos amis du FBI … (« Shrek » et « Frankenstein » sourirent à l’assemblée), se feront un plaisir de les faire disparaître.
- Donc, ils ont repris contact avec le bureau.

Il y eut un bref silence.

- Non… Pas encore.
- Mais vous savez où ils sont, n’est-ce pas ?
- Nous sommes sur leurs traces.
- Il ne faudrait pas que les résultats tardent, susurra De Bruyne d’un ton où la menace était à peine voilée.
- Je ne doute pas de nos hommes.

L’italien était péremptoire et l’archevêque français se le tint pour dit.

- Bien. Avant de faire notre traditionnel tour de table, je passe la parole au Père du Baye, qui entreprend de nouvelles expériences aux Etats-Unis, à Baltimore avec l’aide de nos… collaborateurs.

Le mastodonte « collaborateur » qui faisait office de sacristain, hocha la tête. A ses côtés, Du Baye s’éclaircit la gorge et entreprit de faire son bilan.

- L’Eglise de la Sainte Famille peut s’enorgueillir d’avoir vu ses fidèles tripler en moins d’un mois. Tous acceptent et même réclament avec ferveur une liturgie traditionnelle, en latin, comme avant Vatican II.
- Excellente ! s’enthousiasma le représentant espagnol.
- Les recettes sont colossales. La plupart de nos paroissiens nous confient un tiers de leurs revenus. Et je ne parle pas des « miraculés »… !
- Tous sont très calmes et très obéissants, déclara avec un sourire presque inhumain le « sacristain » de Du Baye qui s’exprimait pour la première fois depuis le début de la réunion.

Un frisson parcourut l’assemblée. La voix glaciale qui venait de s’élever leur rappelait à quelque point leur pacte avec les envahisseurs était risqué.

- Euh oui, c’est l’un des effets de la nouvelle molécule que Sir Serco2 leur administre. Il suffit de prétendre que c’est un calmant.
- Et ça marche ?
- Il y a trois semaines, nous avons guérit un aveugle, déclara fièrement le prêtre. John Kingsley et sa femme Katie sont aujourd’hui nos plus fervents disciples !
- C’est remarquable, murmura De Bruyne avec déférence.
- D’ici peu, je serai en mesure d’assurer les guérisons occasionnelles sans l’aide de Sir Serco2. Simplement avec l’une de mes ouailles que je n’aurais pas de mal à embobiner et à former à la manipulation du produit. C’est très simple, en fait.
- C’est parfait, interrompit Di Pagelli. Voilà qui nous permettra d’étendre de plus en plus rapidement l’expérience.
- Ne peut-on pas aller plus vite que ces moyens encore très artisanaux ? interrogea le représentant américain, Paul Lakin.
- Certainement, Lakin. Compte tenu du succès éclatant de nos essais, il serait regrettable de ne pas intensifier notre « croisade ». Du reste, cela va parfaitement dans le sens d’un partenariat intensifié avec nos collègues extra-terrestres. N’est-ce pas, Sir ?

Serco2, représentant des envahisseurs, hocha la tête. Di Pagelli continua :

- Nul doute que si nous parvenons à mettre ce projet en place sans attirer l’attention sur nous, nous pourrons compter sur une plus grande générosité de nos partenaires… Sa voix resta suspendue comme s’il attendait une réponse.

Son interlocuteur prit un air mauvais.

- Nous vous donnons beaucoup, Di Pagelli. Ne soyez pas trop gourmand.
- Mmm. Bref, reprit l’évêque italien en s’éclaircissant la voix, dans cette perspective, nous travaillons actuellement sur la forme gazeuse du produit.
- C’est ça ! Gazons nos fidèles ! tempêta Jenkins.
- Nous avons fait des essais réussis sur des singes.
- Des macaques ! ricana le Dragon.
- Ils ne s’en portent pas moins bien. Au contraire.
- Je ne vous savais pas si proche de la psychologie simienne ! commenta fourbement le britannique.
- Jenkins !
- Et vous les avez flashouillé à chaque fois qu’ils voyaient l’un des leurs crever d’un cancer ?! poursuivit le diable d’homme.
- C’est un dysfonctionnement minime au regard de l’avantage que nous en retirons, explosa le chef du syndicat.
- La fin vaut les moyens, c’est très chrétien, ironisa le protestataire.
- Vous pouvez quitter cette salle quand vous le voulez, assena Di Pagelli soudain glacial.

Un silence pesant s’abattit sur l’assemblée. Chacun savait ce que cela signifierait pour le vieillard trop intelligent.
- Je ne vous donnerais pas le plaisir de me voir refroidi, charognard.
L’italien le fusillait du regard mais attendit un moment avant de répondre avec un calme menaçant.
- Rassurez-vous. Je n’éprouverai guère de plaisir devant un si triste spectacle. Vous êtes un homme de cœur, monseigneur Jenkins.
Cette fois, le Dragon parut décontenancé. Il se surprit à se demander si son chantage le mettait vraiment à l’abri.
- Je ne doute pas que le malheur des autres vous affecte parfois, poursuivit l’évêque dont les yeux bleus brillaient maintenant d’une lueur singulière. Surtout, s’ils sont parmi vos proches…
La belle fierté vacilla.
- Je n’ai plus de famille, plus de proches, plus de raison d’être affecté comme vous le dites.
- Vraiment ? J’avais pensé qu’une fille…
- < Non !> Je n’ai pas de fille !
Di Pagelli saisit un dossier sous la pile, et le feuilleta quelques secondes. Puis son visage s’éclaira de la beauté du diable.
- Voilà. Laura Marguerite Garbey. Née le, comme c’est touchant, 25 décembre 1975, de Gladys Garbey dite « Zizi la Catiche » . Il marqua une pause. Une pute…
- Salaud ! siffla Jenkins. Tu es cent fois plus pute qu’elle. Toi, tu vends ton âme !
- Que de belles déclarations venant d’un évêque maquereau et qui renie sa foi. Bref, la vieille est morte, mais pas la gamine, handicapée mentale, certainement une vengeance divine soit dit en passant…
- Et ta connerie, elle est divine, espèce de fouille-merde ? !
- Du calme, Monseigneur… Du calme ! Je disais donc que la môme est en vie dans une institution spécialisée… pour le moment…
Alors Monseigneur ? Toujours des velléités de rébellion ?
- …
- Fort bien. Je ne doutais pas de votre grande sagesse. Nous allons donc poursuivre et discuter paisiblement, en frères…

Ainsi, ils avaient découvert, pensa Jenkins en se ratatinant. Il était persuadé qu’il avait fait tout ce qu’il était humainement possible de faire pour dissimuler sa relation et protéger sa fille chérie et la femme qu’il avait sincèrement aimée. Lucide, il savait que ça n’avait pas été purement altruiste : il avait aussi voulu protéger sa réputation et son ascension dans la hiérarchie de l’église. Le goût de la chair et du pouvoir, c’est ce qui l’avait perdu, il le savait.
Il devinait aussi que maintenant, ses heures étaient comptées. Son chantage ne valait plus rien. Ils avaient bien pire. Et ils ne s’encombreraient pas d’un emmerdeur qui risquait de les trahir.

Pendant ce temps, le tour de table se poursuivait, chacun présentant les résultats des actions entreprises sur son territoire.

- Les Etats-Unis sont un territoire très prometteur, déclarait l’évêque Lakin. Les américains ne demandent qu’à être convaincus avec un peu de poudre aux yeux. Le protestantisme est loin d’être si solidement ancré dans les mentalités. En réalité, tous aspirent à davantage de surnaturel dans leur religion. Il n’y a qu’à voir la fascination, voire la jalousie souvent dissimulée lorsqu’ils explorent les lieux de pèlerinage européens. Ils n’attendent qu’une chose pour se convertir : de vrais miracles catholiques, sur leur territoire, bien à eux. Cela les soulagerait d’un éternel complexe d’infériorité vis à vis du vieux continent et de ses mythes.
- Ils dissimulent bien ce complexe, commenta De Bruyne.
- Exception faite des ignorants, leur attitude parfois supérieure est, inconsciemment, un moyen de défense. Ils sont comme un ado qui devient très vite agressif devant les adultes parce qu’il imagine qu’on va lui reprocher son jeune âge ou son inexpérience.
Mais dès lors qu’on leur apporte « un miracle », ils sont extrêmement prévisibles et la plupart suivent comme des moutons en ayant l’illusion de se croire parfaitement libres. C’est pour cela que nous avons choisi de développer nos activités à Bayside, en banlieue new-yorkaise. Il y a trente ans, une jeune femme y a eu des apparitions de la vierge. C’était faux évidemment, mais une partie de la communauté locale y croyait encore. Nous avons misé là dessus…
- Tout comme nous à Lublin, autour de la vierge qui pleure, ajouta l’archevêque polonais Ladislas Czévic.
- Absolument. Nous avons donc organisé de nouvelles apparitions, en diffusant des messages. Il s’agissait de conduire les croyants vers une petite source bien connue dans la région. A partir de là, nous avons pu proposer la guérison des allergies, arthrites et d’autres maladies bénignes. Nous ne sommes pas aussi avancés qu’à Baltimore, nous ne travaillons qu’à partir de la première molécule que nous ont confiée les extra-terrestres. Mais depuis un an, le succès ne se dément pas et porte jusqu’aux oreilles des new-yorkais, qui peu à peu rejoignent nos rangs. Le week-end, nous avons jusqu’à 3 000 personnes qui assistent à l’office où nous baptisons à chaque fois une dizaine de fidèles.
- Pareil pour nous à Tamalé et Mouloundou. Sauf que nous avons 10 000 participants et 50 baptisés chaque dimanche, avança non sans satisfaction Faustin N’Diabo, l’évêque sénégalais qui avait la lourde responsabilité de toute la zone Afrique noire. Les sites se développent de plus en plus, notamment en Afrique centrale, au Zaïre, au Burundi ou au Rwanda. Mêlé à quelques croyances et rites locaux, le message passe particulièrement bien.
- Au Rwanda ? ! Bon sang, s’exclama Lakin, c’est vous qui êtes à l’origine des apparitions de la vierge noire de Kibého…
- Hum…
- … celle qui exhorte à la paix des nations africaines ?! s’emballa l’américain. C’est remarquable : un miracle de très bon goût. Les gens marchent à fond. Félicitations !
- Mais ce n’est pas nous, trancha l’évêque d’une voix glaciale.

Il y eut un grand froid. Et après quelques secondes …

- Sûrement un de ces innombrables imposteurs, tenta Lakin gêné.
- Evidemment ! assena Di Pagelli l’air mauvais. Quoi d’autre ? ! Cessons ces digressions et poursuivons, reprit-il avec humeur.

En retrait, Jenkins dissimula un sourire. Finalement, qui sait ? Peut-être que Dieu existait… Ce serait un sympathique « imposteur » !


****************


- Mulder, je vais vomir !

Et le visage de Scully ne démentait pas son profond dégout.

- Ca fera deux ! Si Dieu existe, il doit se retourner sur sa croix.
- Tu ne me fais pas rire, Mulder. Je te rappelle que c’est aussi ton combat ! Même si tu ne partage pas ma foi, ces connards jouent avec les croyances fondamentales des hommes pour les manipuler. Ni plus ni moins. Et eux aussi veulent dissimuler la vérité ! s’emporta-t-elle.
- Calme-toi, je t’en prie…

Dans un élan de tendresse, il caressa doucement la joue de sa coéquipière. Elle releva les yeux vers lui et croisa son regard tendu.

- Je ne voulais pas te blesser, Dana. Pardonne-moi.
- Non, c’est moi. Elle soupira. Excuse-moi. C’est idiot de réagir si violemment. C’est juste que…
- … ils s’en prennent à quelque chose de très important pour toi. Je comprends parfaitement.
- Merci, Mulder.

Elle ne parvenait pas à détacher son regard de celui de Fox. Il avait toujours sa main contre sa joue et commençait - volontairement ou non ? - à dévier vers les mèches rousses. Pendant quelques interminables secondes, ils se dévisagèrent alors que les doigts de Mulder glissaient doucement dans les fins cheveux dorés. Scully sentait sa respiration s’accélérer et elle savait que ce n’était plus la colère. Elle était de nouveau troublée par lui. Ni l’un, ni l’autre n’avait oublié ce qu’ils s’étaient dit en Italie… « Ce n’est que partie remise »…
Mais là encore, ce n’était pas le bon moment. Elle baissa brusquement les yeux, se redressa et, en se maudissant en elle-même de rompre l’instant magique, elle déclara :

- On a entendu tout ce qu’il y avait à entendre. Maintenant, il nous faut des preuves scientifiques. Retournons au laboratoire devant lequel nous sommes passés tout à l’heure. Nous devons trouver la molécule et l’analyser.
- Je suis ton homme ! Mais d’abord, j’appelle Dallas. On a laissé passer T4 et il est pile-poil 20h45.
- N’oublie pas le code.
- Ben, justement je me demandais si j’allais pas tester leur capacité de réaction… pour voir ! se moqua Fox.

Elle lui renvoya une grimace, et il sourit, amusé de sa réaction. L’émetteur grésilla et Mulder se recentra sur son objectif.

- Pétrie 1 à Dallas. Pétrie 1 à Dallas. Répondez.
- Eh Rob ! s’écria Frohike dans l’écouteur. On a cru que tu nous oubliais.
- Tout va bien pour le moment. Mais on est très occupés. Rendez-vous en T5.
- OK. Bon courage !

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Message  noisette Mar 5 Mai 2009 - 19:33

Mardi 7 avril 2000. Ile Saint Joseph. Laboratoire n°1 de l’Opus Déi. 20h50.

Le laboratoire était à l’échelle du reste du repère. Immense. Au milieu de la pièce, des dizaines de paillasses permettaient aux scientifiques de faire leurs expériences. Chacune possédait tout l’équipement nécessaire au travail : bec-bunsen, cornu, bécher, éprouvettes et pincettes. Sur le côté droit, on avait suspendu des blouses et des lunettes de protection. Enfin, d’autres tables semblaient affectées à des tâches plus spécifiques. Plusieurs étaient surmontées de hottes soufflantes. Trois centrifugeuses trônaient à droite de la salle ainsi que des incubateurs. Et évidemment des microscopes et autres loupes binoculaires étaient disséminés un peu partout.
Restaient les produits. Et la vision qui s’offrait aux deux agents était plutôt décourageante : C’est par centaines que les fioles s’entassaient dans d’immenses armoires vitrées…

- Comment allons-nous trouver ce que nous cherchons dans tout ce foutoir ?
- Par élimination.
- Autant chercher une paille dans une botte de foin, bougonna Mulder en ouvrant le premier meuble. Il saisit un flacon. H2SO4, lut-il.
- Acide sulfurique.
- CH3-COOC2H5 ?
- Acétate d’éthyle.
- Mince ! Tu m’épates ! Il lut l’étiquette d’une petite bouteille contenant une mince poudre noire. Et celui là, relança-t-il : Cm ?

Scully étouffa un petit cri.

- Qu’est-ce que tu as dit ? s’exclama-t-elle.
- Ah ! Ah ! Cette fois, tu es collée !
- Sérieusement Mulder ! Cm ?
- Euh oui. Cm. C’est important ?
- C’est du curium, murmura-t-elle pensive. C’est un élément transuranien qui est extrêmement difficile à synthétiser. Il y en a tout juste quelques kilos sur terre.
- Transuranien, hein ? C’est extra-terrestre ? ! s’emballa Mulder.
- Pas du tout. Ca n’a rien à voir avec Uranus. Cela signifie juste qu’après quelques années, cet élément se transforme en uranium 235 par le jeu de transmutations spontanées. Le curium possède des propriétés remarquables et seule une petite dizaine de laboratoires au monde parvient à s’en procurer auprès des trois seuls centres gouvernementaux qui le synthétisent.
- Tu connais les centres ?
- Kiev, Düsseldorf et Détroit. Les livraisons ne concernent que des lieux de recherche très officiels. Compte tenu de l’amour que portent l’Allemagne et la Russie à la religion catholique, je doute que Kiev ou Düsseldorf ait accepté de collaborer avec l’Opus Déi en leur livrant un produit aussi strictement réglementé.
- Donc, c’est Détroit…
- Sans aucun doute.
- Et cette étrange collaboration de notre bien aimé gouvernement avec le syndicat est-elle vraiment significative ?
- Oui. Sauf si tu considères que les 2 ou 3 millions de dollars que tu tiens dans ta main ne sont que quantité négligeable…
- Deux ou trois millions ! suffoqua Fox. Il se reprit. On pourrait peut-être profiter de cette opération pour commettre un tout petit cambriolage !
- Mmm. Scully n’écoutait que d’une oreille et poursuivait l’examen des flacons. Bon sang ! Où est cette fichue molécule extra-terrestre !
- Je ne vois pas comment la repérer parmi tout ça.
- « Donnez-moi un point d’appui et je soulèverai la terre » cita Dana.
- Qui a dit ça ? Un champion d’haltérophilie ? ironisa Mulder.
Elle ne put retenir un sourire.
- Léonard de Vinci.
- Brave Léo !
- Il nous faut un point d’appui, un indice. Ici, ils utilisent les symboles chimiques pour classifier. Or tous les produits terrestres sont identifiés soit par une combinaison de chiffres et de lettres, soit par quelques lettres qui se succèdent. Mais en tout état de cause, il est impossible de trouver plus de deux chiffres à la suite. Voyons si nous tombons sur un symbole qui fasse exception à cette règle. On ne sait jamais.
- OK. Essayons ! soupira son partenaire.

Les agents se mirent à nouveau à étudier les étiquettes et finalement, au bout d’une dizaine de minutes, Fox rompit le silence.

- Et ça ? C’est bizarre. Mc 8 22-26. C’est quoi du Mc ?
- Mc 8 22-26 ? Mulder ! Tu es génial !

Dans un élan de gratitude, elle saisit la tête de son collègue entre ses mains et l’embrassa avec fougue sur la joue, tout près des lèvres.

- Eh bien ! bafouilla Fox. Qu’est-ce qui me vaut de si chaleureux remerciements ?
- Mc, c’est Marc ! L’évangile de Marc ! Et 8 22-26, ce sont les chapitres et versets. Et devine de quoi ils parlent ?
- « Veillez ! Nul ne sait quand l’extra-terrestre viendra ! » parodia Mulder en prenant une mine inspirée.
- Tu me désespère ! Il s’agit de la guérison de l’aveugle de Bethsaïde ! Tu comprends le lien maintenant ? La voilà notre molécule extra-terrestre !
- Ce que j’aimerais comprendre c’est comment tu fais pour te souvenir par cœur des versets de la bible !
- Juste des évangiles, se défendit Scully embarrassée. J’ai bonne mémoire, c’est tout.

Elle saisit une éprouvette, versa un peu du mélange dedans et fonça vers le microscope électronique le plus proche.

- C’est ça, tu as juste une bonne mémoire, murmura Fox en regardant sa moitié s’affairer avec enthousiasme.

Elle déposa le produit sur une lamelle de verre avec une goutte d’eau, et le recouvrit d’une fine contre-lamelle. L’observation microscopique pouvait commencer. Une succession d’expériences était ensuite nécessaire pour identifier avec certitude la molécule et une partie de ses effets.
Dana se plongea dans l’analyse, avec l’application et la fascination qu’elle mettait en toute recherche scientifique. Concentrée sur sa mission, elle ne vit pas le regard insistant de Mulder. Le visage de son collègue s’était éclairé devant le spectacle qui s’offrait à lui. Il aimait la voir pendant ces moments. La passion qui brillait dans ses yeux, sa détermination dans chaque geste précis, élégant : elle iradiait d’une force et d’une sérénité lumineuse lorsqu’elle s’oubliait et laissait tomber le masque de la professionnelle. Il aimait la voir vivre.
Il l’aimait… tout court.

< Mince ! se surprit-il à penser. Je l’aime ! >

Il eut un immense sourire. Qui échappa à Scully, le nez dans ses éprouvettes.

< Je l’aime ! ! ! >


****************


Laboratoire n°1 bis de l’Opus Déi. 21h20.

Pendant plus de vingt minutes, Scully s’était escrimé sur la molécule enchaînant révélations sur révélations. L’analyse microscopique avait déjà prouvé l’origine extra-terrestre tout à fait surprenante du Mc 8. Mais elle avait aussi permis d’observer de plus près la structure moléculaire du produit. Or celle-ci semblait très proche de celle des drogues dures. Ce n’était pas suffisant pour apporter la preuve certaine d’une dépendance, mais cela posait questions…
Il fallait découvrir la trace d’expérimentations sur des êtres vivants. Et c’était Mulder qui avait trouvé la discrète petite porte au fond du laboratoire, presque totalement dissimulée par ce qui ressemblait à un placard, mais qui n’était en réalité que l’entrée d’une autre salle. Et là, leurs pires cauchemars avaient pris forme de visions bien réelles.
Des rangées de rats, lapins et surtout de singes s’offraient à eux. Ce qui était terrifiant, ce n’était pas la multitude de ces animaux qui atteignaient parfois la taille d’un homme. Mais c’était le silence. Terrible. Oppressant.
Les singes se pendaient aux vitres et regardaient passer les visiteurs. Mais sans un cri. Ni de peur. Ni de joie…
Sur des tableaux, la liste des expériences et les comportements des sujets. Certains semblaient anodins :
- Rapporter un objet
- Ouvrir une porte
- Prendre une attitude correspondant à un ordre verbal
- Rapporter de la nourriture aux scientifiques (déjà plus inhabituel)
D’autres étaient franchement épouvantables. A fortiori lorsque l’on transposait les exigences aux hommes :
- Pour les femelles, donner leurs enfants aux scientifiques expérimentateurs
- Tuer leur progéniture sur ordre
- Attaquer une personne désignée
- Ne pas manger tant que l’autorisation n’a pas été donnée par le scientifique référant
- Etc.
Et à côté des objectifs, l’état de santé et les résultats…
Sidérants !
Des chimpanzés aveugles, redevenus voyants… qui acceptaient d’étrangler leurs petits et de mourir de faim puisqu’on ne leur permettait pas de se nourrir !
Des bonobos paralysés qui avaient recouvré leurs capacités motrices… et qui attaquaient sur ordre ou rapportaient avec abnégation la nourriture qui leur était donnée au profit de leur « dieu », le scientifique référant !
Des macaques atteints de forme de cancer, guéris… et qui ne dormaient plus pour répondre aux exigences de leurs maîtres !

Et les ratages…
Des morts, par dizaines. Tous décédés d’un cancer du cerveau. Quelques cadavres pourrissaient encore dans les cages en dégageant des odeurs pestilentielles.

- Pauvres bêtes, commenta Mulder en armant le déclencheur de son appareil photo miniature. Comment disait Di Pagelli déjà ? Ah oui !… Un « dysfonctionnement minime » …
- Ils sont fous !
- Mais maintenant nous en avons la preuve. Regarde les prescriptions…
- 20 milligrammes de Mc 8 en IV tous les jours, lut Scully avec consternation. Et bien maintenant, nous sommes renseignés sur les effets de la molécule !

- Mais demandez-moi ce que vous voulez ! Je me ferais un plaisir de répondre à toutes vos questions !

Ils firent brusquement volte-face et se retrouvèrent nez à nez avec deux pistolets mitrailleurs.
Perdus dans la contemplation de ce triste spectacle, ils n’avaient pas entendu s’approcher l’italien et ses deux sbires du FBI.

- C’est un plaisir de faire votre connaissance, Mulder, poursuivit Di Pagelli non sans ironie.
- Ce n’est pas réciproque. Je ne nourris aucune affection pour les assassins !
- Eh bien ! ricana l’évêque, les règles élémentaires de la politesse se perdent. Me permettrez-vous de vous baiser la main, mademoiselle Scully ?
- Docteur Scully ! Et vous pouvez aller vous faire foutre !
- Fort bien, Docteur Scully ! Vous êtes ravissante quand vous êtes en colère. Mais vous devriez vous contenir davantage : je m’en voudrais d’abimer ce beau visage, ajouta-t-il avec un sourire sardonique.
- Arrêtez votre cirque, connard ! Vous n’étiez pas si scrupuleux quand vous avez ordonné le meurtre du Père Castello !
- Pauvre petit homme ! Une minuscule merde sur mon chemin ! J’ai toujours préconisé l’élimination pure et simple de ce genre d’individus nauséabonds, déclara leur ennemi avec une mine dégoûtée.
- C’est vous l’individu nauséabond, la minuscule merde ! Vous êtes un minable ! s’emporta Dana dans une rage incontrôlable. Vous ne valez même pas la corde pour vous pendre, pauvre type…

Elle n’eut même pas le temps de voir venir le coup. Le poing de l’italien frappa avec une violence fulgurante le côté gauche de son visage et l’envoya s’écrouler contre la grille d’une cage deux mètres plus loin.

- Salope ! éructa l’évêque.

Etourdie par le choc et la douleur terrible qui la saisissait à la tête, elle peina à se redresser, mais déjà l’homme était sur elle la rouant de coups avec une fureur animale. Mulder se précipita pour tenter de s’interposer, mais Frankenstein l’interrompit dans sa course en lui envoyant la crosse de son pistolet-mitrailleur dans les côtes. Fox s’affaissa contre le mur, le souffle court. Il se releva, prêt à se battre de toutes ses forces même si tout tournait autour de lui. Mais le géant du FBI était un adversaire qui n’était pas prêt à le laisser gêner son maître…

Recroquevillée sur elle-même, Scully tentait de se protéger de la violence de l’attaque. Sans succès. Son agresseur n’était plus contrôlable, ses poings s’abattaient sur elle sans relâche, durs comme la pierre, précis comme un scalpel. Avec méthode, il la brisait comme un enfant cruel déchire une à une les ailes d’un papillon. Dana sentait chaque parcelle de son corps craquer comme les étincelles d’un feu. Un feu qui la dévorait férocement. Elle aurait voulu crier, pour respirer, pour libérer la douleur, mais de sa bouche ne sortait qu’un lamentable gargouillement… Le goût de sang sur ses lèvres, le martèlement dans ses oreilles… de sa tête, qu’il a pris entre ses mains et fracasse contre le sol, sa vue qui se trouble et son esprit qui fait tourner des mots mélangés.
< Fox… Pardon … Fox… T’aime … Fox… Fox… >.

Gueulant comme un soiffard après sa dernière rasade, Di Pagelli se redressa. En l’espace d’une demi-seconde, il se calma et son visage passa de l’expression de la folie à celle d’un individu parfaitement maître de lui. Il épousseta son costume, recoiffa ses cheveux légèrement grisonnants.

- Voyez-vous, Docteur Scully, articula-t-il avec mépris. La lâcheté, pour moi, c’est celle de ces milliers de gouvernants tous plus médiocres les uns que les autres qui laissent ce monde à la dérive par peur de choquer les petites chochottes socialo-communistes et autres judéo-chrétiens mijaurés et bien-pensants.
- C’est une citation de « Mein Kampf » ? !

Mulder se relevait avec une expression de dégout profond. Il s’appuya contre la paroi et jeta un coup d’œil inquiet vers sa collègue… Il ne voyait pas bien au travers de son œil tuméfié. Ce salopard de Frankenstein ne l’avait pas ménagé. Où était Dana ? Décidément il ne voyait pas clair. Etait-ce sa veste qu’il distinguait traînant par terre contre les cages des singes ?…
Il regarda autour. Il entendait vaguement le rire sarcastique du bourreau qui résonnait derrière lui. Dana… Ramasser sa veste… Dana ? Dana !



Cette fois, c’était elle. Il l’avait perdue. Son amour n’était plus qu’un corps désarticulé, ensanglanté, baignant dans une marre rouge qui s’élargissait de seconde en seconde.
Il prit les doigts très fins dans sa main chaude.
Glacés.
Avec une infinie douceur, il décrispa les membres violets et caressa l’intérieur de la paume.
Les ongles s’étaient enfoncés dans la chair.
Il posa ses lèvres sur les blessures. Comme pour apaiser sa douleur.
Et releva ses yeux vers elle.
Entre les lèvres pâles coulait un mince filet de sang…
Il lui toucha le visage, elle ne bougea pas.
Ses paupières étaient closes.
Il se pencha vers elle. Pas de souffle contre sa joue.
Elle ne respirait plus.
Rideau…

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Message  noisette Mer 6 Mai 2009 - 13:04

CHAPITRE 10






Mardi 7 avril 2000. 21h44.

- Ils auraient du appeler à 21h15, s’inquiéta Frohike.
- Laisse, commenta Langly. Ils sont occupés, ils vont utiliser le deuxième créneau comme tout à l’heure. Ca va sonner d’une minute à l’autre.
Le talkie-walkie grésilla.
- Tu vois ! triompha l’informaticien.
- Dallas, annonça Melvin devant le haut-parleur.
- Pétrie 1 à Dallas. Désolés, nous avons loupé le coche, énonça la voix lointaine de Mulder.
Les Lones Gunmen se regardèrent. Byers enchaîna rapidement.
- Vous allez bien, donc ?
Imperceptible hésitation.
- Oui, oui. Très bien. On continue les recherches.
- Alors, on laisse bosser les pro. Bon courage.
- A tout à l’heure. Terminé.
Le grésillement s’arrêta. Et le silence s’abattit sur les trois compères. Glacial.
Byers reprit ses esprits le premier.
- Il n’a pas respecté le code. On doit lancer la relève.
- Putain merde ! s’emporta Frohike. Je sentais que ça n’allait pas !
- On se calme, tempera Langly, et on suit le plan. C’est ce qu’ils attendent de nous. Appelle Pétrie 2 pour les informer de la situation. Moi, je préviens les autorités françaises…


Mardi 7 avril 2000. Ile Saint Joseph. Equipe Pétrie 2. 21h47.

- On ne peut pas rester sans rien faire ! Ce n’est même pas sûr que le contre-espionnage français intervienne.
- A fortiori s’ils sont plus ou moins liés à L’Opus Déi… Après tout, même le président français a ressorti récemment le « France, fille aînée de l’église » qui ne brille pas de modernité…
- Comment tu sais ça ? interrogea Gil intriguée.
- Mon père vit en région parisienne.
- J’avais oublié… Et pour Mulder et Scully ?
- On attend un quart d’heure. S’il ne se passe rien, on attaque !
- D’accord, mais comment ? ! On n’a aucun moyen pour ouvrir ne serait-ce que les portes…
- Si, on a un moyen, dit doucement David avec un sourire sibyllin.
Sa partenaire le dévisageait, de plus en plus surprise. Comme un voleur, il sortit de son sac une masse sombre, difficile à distinguer dans la nuit.
- C’est ce que je pense ? !
- Oui Madame ! Plastic et détonateurs…
- T’es dingue ! Tu sais te servir de ça ? chuchota Gillian.
- Qu’est-ce que tu crois ! J’ai eu une vie avant X-Files.
- Une vie d’espion ? !
- Non ! - Duchovny ne peut s’empêcher de rire - Juste le service militaire ! Avec ça, reprit-il plus sérieusement, je devrais pouvoir pénétrer l’intérieur du repère.
- « Je » ? ! Tu as l’intention d’y aller tout seul ? !
- Tu ne viens pas avec moi. C’est hors de question, posa le comédien avec autorité.
- Essaye de m’en empêcher, chuchota la jeune femme avec agacement.
- Ecoute, Gil, reprit-il plus délicatement, je trouve que ce n’est pas la place d’une femme. C’est trop dangereux.

Elle le défia du regard. Puis, calmement, sortit un revolver du bout des doigts et lui fourra sous le nez.
- T’inquiète. J’ai ma bite !

David s’étrangla, partagé entre rire et s’offusquer.
- C’est toi qui es dingue ! Et ces mots !… D’une douceur si féminine !
- Fonde un club avec ma grand-mère : « ceux que Gil désespère ! ».
- Mouty est un peu vieux jeu mais elle t’adore. Où as-tu pêché cette arme ? !
- Je l’adore aussi. Quant au fling, ouvre les yeux ! C’est le miracle du pays de la liberté ! On achète ça comme des petits pains. Il m’a suffit de demander à un de nos voisins de Chattanooga de m’en procurer un. Rien de plus simple…
- Je croyais que tu avais horreur des armes ! Que tu ne savais pas t’en servir ?
- Effectivement. Mais ça me permettra de faire peur.
- Ca te permettra de tuer ! Et si c’est moi, Fox ou Dana que tu touches par erreur ? !
- Pas de risque…
Il eut un mouvement d’humeur et elle posa sa main sur son épaule pour l’apaiser.
- David ! reprit-elle avec douceur. Je n’ai pas de munitions ! Tu n’imagines quand même pas que je vais la charger…
Il se tourna vers elle avec un soulagement non dissimulé. Elle reprit.
- Quant à toi, tu pourrais peut-être t’en tenir à ce que tu m’as proposé en Italie…
- … ?
- Laisse-moi tenir ma place.
- Et si tu te prends d’autres coups, d’autres balles ? s’inquiéta Duchovny.
- Je te signale que ce sont les mêmes risques pour toi. Et malgré ton service trois pièces, je ne te crois pas plus prêt que moi à passer l’arme à gauche. Donc, je viens.
- Mais…
- Ce n’est pas négociable.
- Tu fais chier !
- C’est une curieuse façon de dire « Merci d’être à mes côtés même quand je suis dans la merde »…

Il se tut. Et finalement, lâcha d’une petite voix :
- Merci… Mais reste entière, par pitié !
- Promis. Et toi aussi, please…

Ils s’installèrent pour attendre. Si les renforts ne débarquaient pas dans les dix minutes, ils devraient passer à l’action.

Mardi 7 avril 2000. Ile Saint Joseph. Une petite pièce du QG de l’Opus Déi. 21h45.

Di Pagelli l’avait forcé à honorer son contact avec les Lones Gunmen. Fox espérait juste que ses amis avaient bien réagi devant l’absence du code prévu. Mais après tout, à quoi bon ? …

Il avait porté le corps froid tout le long de dédales de couloirs, interrompus régulièrement par de lourdes portes métalliques automatiques, qui s’ouvraient et se refermaient avec le badge de leur tortionnaire.
Après une dizaine de minutes, celui-ci les avait laissés dans cette geôle humide en promettant de revenir pour faire parler celui des deux qui était vivant…
Mulder s’en fichait. Il pouvait mourir. Les menaces ne franchissaient même pas le seuil de son esprit. Il n’y avait que le vide et la douleur pour le remplir.
Il s’était assis et berçait sa frêle compagne entre ses bras. Il se sentait basculer dans la folie, mais n’avait ni l’envie ni la force d’y résister. Il voulait juste la sentir contre lui… Juste la sentir contre lui…
Doucement, avec la précaution d’un père pour son enfant nouveau né, il saisit entre ses doigts une fine mèche de cheveux roux que le sang avait collés au front de Scully, et l’écarta. Il déposa un baiser sur la peau blanche. Ses lèvres descendirent vers celles, violettes et tuméfiées, de Dana. Etait-il trop tard pour lui dire « je t’aime » et l’embrasser enfin ? Dans les contes pour enfant, cela ramenait les princesses à la vie…
Il l’embrassa… Se laissant glisser dans un mirage… Que sa chaleur devenait celle de Dana… Et qu’elle lui répondait des mots doux entre deux contacts brûlants et humides de leurs bouches…
« Mon amour… » murmura-t-il à l’image de son rêve…



- Debout les morts ! maugréa rageusement Jenkins en arrachant le corps de Scully aux mains de Mulder et en entreprenant un vigoureux massage cardiaque sur le corps inanimé.
- Que faites-vous ? s’écria Fox qui se débattait entre le rêve rassurant et la réalité inacceptable.
- Je me bats, pauvre cloche ! Et tu as intérêt à en faire de même au lieu de te lamenter sur un cadavre !
- Qui êtes-vous ?
- Jenkins ! – Il souffla dans les poumons de Dana -. Je viens pour vous sortir de là. Que vous alliez gueuler à la face du monde qui sont les vrais et les faux dieux…
- Laissez-la. Elle est morte. Laissez-la en paix.
- Dieu en a ressuscité de bien plus moches que celle-ci. Aussi, il fera un effort.
- Pourquoi ? ! cria Mulder avec rage. Je vous ai entendu tout à l’heure. Vous ne croyez pas en Dieu.
- Je n’y croyais pas ! rectifia l’évêque. – Il insuffla à nouveau l’air dans le corps de Scully - … mais je viens d’avoir une révélation ! ajouta-t-il sarcastique.
- Vous faites partie de ces salauds qui l’ont tué !
- Malheureusement, oui ! Et je suis bon pour les flammes de l’enfer. Mais permettez que je termine ma vie sur quelque chose dont ma fille n’aura pas honte…

Et elle toussa ! Du sang d’abord, de l’eau ensuite…

Le sourire qui éclaira le visage de Jenkins le transfigura littéralement.
- Alléluia, murmura-t-il, sans cynisme cette fois. Vous êtes ma seule et ma plus belle ressuscitée, chuchota-t-il tendrement à l’oreille de la jeune femme en la redressant avec précaution. Comment vous sentez-vous ?
- … pourrait être mieux, articula péniblement une voix pâteuse.
- Ces jeunes ! sourit le vieil homme. Ils ne sont jamais contents !
- Dana ? !
Fox, bouleversé, s’approcha et saisit la petite main avec un mélange de joie et d’incrédulité. Elle était chaude et se resserra sur ses doigts à lui.
- Mulder ? Tu vas bien ? demanda-t-elle très bas.
- De mieux en mieux maintenant que je t’entends ! Il caressa son visage avec émotion.
- Allez les amoureux, il faut foutre le camp maintenant, bougonna Jenkins. Je ne vous sauve pas pour que vous me fassiez un bébé sous le nez ! Vous le ferez ailleurs, ajouta-t-il en clignant de l’œil. Tenez, c’est à vous je crois. Je n’ai rien pu sauver d’autre, dit-il en tendant à Fox l’appareil de Frohike.
- Elle ne peut pas marcher, protesta « l’amoureux ».
- Bien sûr qu’elle y arrivera ! Et tu l’aideras, mon gaillard ! D’ici dix petites minutes, tout va péter et vous ne devez plus être là.
- Qu’est-ce que vous racontez ? La curiosité de l’agent reprenait le dessus.
- Nous avons fait suffisamment d’horreurs comme ça. Ce centre doit être détruit avant que nous ne puissions plus revenir en arrière. C’est moi Dieu, c’est vous Noé ! – Il rit de son image - Je m’occupe du déluge et vous prenez l’arche pour refonder notre monde sur de nouvelles bases !
- Quel déluge ? murmura faiblement Scully.
Il se pencha vers elle et expliqua doucement.
- Nous sommes sous l’eau. Dans un ancien repère de pirates. Et nous avions prévu depuis longtemps une procédure de destruction totale si notre « antre » venait à être découverte. J’ai déclenché le système et la mer aura bientôt lavé nos fautes…
- …mais… Nous avons besoin de preuves… Il faut révéler la vérité, se désespéra Dana.
Jenkins se redressa et donna à Fox un petit paquet soigneusement enveloppé ainsi qu’un badge.
- Pour les preuves, ceci devrait faire l’affaire. Et vous vous servirez de mon passe pour ouvrir les portes. Maintenant, partez et vite !
- Et vous ? demanda Mulder en prenant Scully sous son bras.
- Je dois régler un petit détail…
- Comment sortirez-vous sans votre badge ?
- Je suis de la vieille école, le capitaine doit couler avec le navire, déclara le digne vieillard. Et le pêcheur, payer pour ses fautes…
- Il vous pardonnera, j’en suis sûre, dit Dana en lui prenant la main.

Leur sauveur sourit.
- Si Dieu est une femme, j’ai peut-être ma chance. Elles sont bien les seules à avoir eu un cœur assez grand pour m’aimer malgré toutes mes erreurs…

Il se reprit, ouvrit la porte de la cellule, se retourna et expliqua à l’intention de Fox.
- Troisième à gauche, deuxième à droite, cinquième à droite, encore à gauche, vous montez six étages et vous reconnaîtrez. Dépêchez-vous, les portes se bloquent au fur et à mesure. Et n’oubliez pas votre mission. Adieu !

Et le dragon s’éloigna dans la direction opposée.


****************


Au même moment. Salle de contrôle du QG.

« Comment avez-vous pu le laisser sans surveillance ? ! » s’emporta Di Pagelli. Il criait pour couvrir la sirène stridente qui s’était enclenchée.
Devant lui, le voyant lumineux rouge d’alarme clignotait avec une régularité obsédante et éclairait faiblement la salle plongée dans la pénombre. Le personnel, inquiet, allait et venait d’un écran de contrôle à l’autre.

- Cet enfoiré a mis en marche l’autodestruction. Il faut tout évacuer.

Dans l’agitation générale, il avait du mal à se faire entendre. Les autres responsables prenaient déjà la fuite et dehors, les hélicoptères s’apprêtaient à décoller.

- Qui a pris la molécule ? hurlait l’italien. Il ne faut pas la perdre !
- C’est Jenkins qui était chargé de la récupérer en cas d’évacuation, répondit l’un des hommes.
- Merde ! Allez-y vous ! Et pronto !
- Trop tard, Monsieur ! l’interrompit un jeune ingénieur. Le labo vient d’exploser !
- Je vais le tuer… Où est Jenkins ? !
- Monsieur, il faut partir tout de suite. L’eau s’infiltre et le couloir principal est déjà partiellement inondé…

L’évêque foudroya le jeune homme, le saisit par le col et articula, menaçant…
- OU EST JENKINS ? !
- Je l’ignore, Monsieur, paniqua le scientifique… Peut-être avec les prisonniers, proposa-t-il en désespoir de cause.
- Oui… C’est ça… Le maquereau nous fait une petite crise de morale, murmura Di Pagelli en relâchant sa prise.
- Partons maintenant…, supplia l’autre.
- Pas encore ! Il ne l’emportera pas au paradis… Dans quel ordre se bloquent les portes automatiques ?
- Les plus proches de la sortie en dernier…
- Et celles du couloir des cellules… dans combien de temps ?
- 8 minutes.
- Bloquez-les maintenant. Et faites sauter les charges du secteur 28.
- Mais Monsieur, ce secteur doit sauter en dernier ! C’est le plus profond, et la pression créée va considérablement accélérer l’inondation et les explosions.
- FAITES CE QUE JE DIS !

Le chef de l’Opus Déi eut une grimace machiavélique en s’orientant vers la sortie.
« Vous avez gagné la manche. Mais vous allez le payer cher… très cher… », murmura-t-il pour lui-même.


****************

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Message  noisette Mer 6 Mai 2009 - 13:06

21h50.

Une première explosion retentit derrière eux. Cela venait de la direction vers laquelle était parti l’évêque repenti. Ils hâtèrent leurs pas vers le bout du sombre couloir.

- Je croyais qu’on avait encore quelques minutes, s’inquiéta Dana déjà essoufflée.
- Mon instinct me dit que Jenkins aussi espérait quelques minutes de plus, ajouta Mulder la mine assombrie tout en soutenant plus vigoureusement sa compagne.

Derrière eux, la première porte automatique, qu’ils venaient de passer, émit un bruit significatif, et la lourde dalle de béton commença à s’abaisser. D’autres charges sautaient au loin et déjà, l’eau arrivait à leurs pieds et les parois suintaient de plus en plus… Les deux agents couraient presque, mais restaient freinés par l’état de la jeune femme.

- Ce n’est pas normal. L’autre connard a du se rendre compte de ce qui se passait. Si je le trouve en face de moi, je lui arrache les yeux et je l’étrangle de mes propres mains.

Scully se retourna, surprise, vers Mulder. Elle ne l’avait pratiquement jamais entendu prononcer des mots d’une telle dureté. Et les yeux noirs et le visage fermé comme une pierre de Fox lui aurait presque fait peur. Oui, elle n’en doutait pas. Il aurait pu le faire…
Qu’il avait du souffrir pour éprouver une telle haine…
Elle serra très fort sa main et ressentit le besoin – idiot certainement, au vu de leur situation – de le rassurer.

- Je vais bien, murmura-telle.

Le regard fixe de son ami se brouilla lorsqu’il entendit la voix basse à ses côtés. Il ne répondit pas et continua à avancer, mais accentua la pression de ses doigts sur ceux de Dana. Il est des fois où il n’y a pas besoin de paroles…


****************


Le mur droit tambourinait de plus en plus fort, comme un cœur qui s’affole. Des pulsations inquiétantes, sourdes… comme un ultime décompte avant l’éruption, le déluge, le chaos. La mer ne voulait plus se retenir comme en témoignaient les fissures du mur qui s’élargissaient à vue d’œil laissant passer l’eau noire et glacée. C’était l’heure de LA vague… celle qui, après toutes les vaguelettes léchouilleuses, emporte d’un seul coup un frêle château de sable… Celle qui s’apprêtait à emporter ce qu’il restait de l’Opus Déi… et Mulder et Scully aussi…

Il glissa la carte et ouvrit la porte. Un dernier couloir et ils arriveraient au niveau de l’escalier. Ils monteraient six étages et parviendraient au niveau principal.
Devant eux, les derniers sas étaient ouverts. La voie était libre.

Boum… Boum… respirait la mer en colère

Ils avaient de l’eau jusqu’aux genoux. Ca ralentissait la course.

Boum… Boum…

Le sas devant eux grinça et dans un crissement angoissant se mit à descendre.
« Merde ! » jura Fox qui tira Dana de plus belle.

Boum… Boum…

Ils se débattaient avec le courant.
« Le paquet de Jenkins ! » s’écria-t-elle en lâchant la main de son partenaire.

Boum… Boum… Boum…

Elle revint vers l’arrière. Le petit colis marron jouait avec les remous.
« Viens ! » cria Mulder. Il avait la sale impression d’avoir déjà vu cette scène.

Boum… Boum… Boum…

La dalle s’abaissait mais Scully revenait déjà vers lui, le paquet à la main.
Plus que quelques mètres… Il passa de l’autre côté du sas…

BOUM… BOUM… BOUM…
Le mur explosa avec une vague latérale furieuse en renversant tout sur son passage et précipita la jeune femme contre la paroi opposée.
Mulder criait son nom. Elle se débattit. Il fallait aller en face. L’ouverture était maintenant sous l’eau et le mécanisme, imperturbable, descendait toujours. Les tympans en feu, elle plongea et se dirigea en nageant de toutes ses forces vers le trou qu’elle distinguait à peine dans l’écume… Elle l’aperçut devant elle. Cinquante centimètres à peine, et il se rétrécissait. Elle passa la tête sous la lourde dalle et sentit Fox la saisir et l’attirer violemment à lui.
Sa poitrine… Ses hanches qui raclent le béton… Ses cuisses que commence à écraser le sas… Ses pieds… Non !

Il tirait comme un fou et sous l’eau, devinait les hurlements de Dana. Ses pieds étaient coincés sous la gigantesque porte et celle-ci ne se soulèverait plus avec la pression de l’eau.

Soudain, malgré le vacarme, il y eut comme un immense silence. Il comprit qu’elle avait arrêté de se débattre. Il remonta à la surface, respira un grand coup et plongea à nouveau.
Et ses yeux tombèrent sur le regard calme et résolu de Scully. Elle lui tendit les preuves, passa ses doigts sur la joue râpeuse et sa bouche articula…

« Pars ! »

Fox saisit la tête entre ses mains. Les cheveux roux ondulaient avec le courant. Elle était très belle. Il lui sourit à travers l’eau salée…

« Jamais ! » prononça-t-il. Et il l’embrassa, en lui donnant l’air de la vie…

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Message  noisette Dim 10 Mai 2009 - 20:00

CHAPITRE 11






Mardi 7 avril 2000. Sinnamary, Guyane française. 21h50.


Le lieutenant-colonel Servile Lenoir fit répéter l’information par le caporal qui venait de lui rapporter le curieux appel à la rescousse.
Responsable des opérations de la DST en Guyane française, il entretenait une excellente forme physique en courant vingt kilomètres tous les matins avant de se présenter à son bureau. Et il avait pour habitude de terminer ses journées de travail par une séance de karaté avec son plus fidèle compagnon, Théodore Dorcy, un spécialiste de ce sport de combat qui avait été tenant du titre en Guyane cinq ans d’affilé quelques années auparavant.
Lenoir aurait aussi pu faire de la compétition mais comme son ami, il avait donné priorité au service de son pays : à 40 ans, il allait fêter ses 20 ans dans les « moustaches » (l’armée surnommait ainsi les membres des services de renseignements). De brillants états de service l’avaient fait monter très rapidement dans la hiérarchie et il avait atteint le grade de lieutenant-colonel deux ans plus tôt, ce qui était remarquable eut égard au fait que l’avancement était généralement beaucoup plus lent dans le renseignement que dans l’armée conventionnelle. Tous deux étaient bushinengs, descendants des noirs marrons qui avaient fui l’esclavage deux siècles plus tôt et leur réussite et l’accession à une carrière « sur leurs terres » relevait d’une revanche des locaux sur les « métros ». Aussi, ils prenaient très à cœur de faire un boulot irréprochable.

- Tu es sûr de ça ?
- Certain. Le contact n’est pas conventionnel mais il est effectué avec les codes du jour. Ces agents sont bavards : ils confirment les doutes que nous avions quant à l’existence d’une base pour hélico sur St Joseph… Ca m’incite à les croire.
- OK. Rassemble les gars. Je les veux prêts pour une opé commando dans 10 minutes sur la place d’armes. Et préviens les ministres. Je veux une double confirmation de l’outremer et de l’intérieur. Tout ça sent la merde diplomatique : je récupère leurs agents mais je ne ferais rien de plus sauf ordre contraire.
- Bien, chef !


****************


Mardi 7 avril 2000. Ile Saint Joseph. 22h00.

Le premier hélico venait de décoller sous l’œil inquiet de Gil et David. Et la précipitation avec laquelle les hauts dignitaires fuyaient ne présageait rien de bon. Quant aux secours français, ils se faisaient attendre et dans la nuit noire, les seules lumières visibles étaient celles de leurs ennemis qui s’éloignaient.
Un peu effrayés par la tournure que prenaient les événements, les comédiens se regardèrent.
- Ca fait dix minutes maintenant, murmura la petite rouquine en frissonnant.
- … et c’est la débandade, compléta son voisin. Il faut intervenir. Tout de suite.
Ils se redressèrent comme on s’apprête à sauter en parachute…
- Prête, partenaire ?
- Prête.
Elle saisit le revolver le plus fermement possible. < La force du mental fait la force tout court, petit scarabée !> se dit-elle en elle-même pour s’encourager à sa manière.

Ils sautèrent le mur en souplesse et se ruèrent vers l’entrée, grande ouverte, du repaire. Dans l’autre sens, des silhouettes battaient en retraite sans se préoccuper des comédiens. A la lueur de la lune, cela pouvait être certains des leurs revenant sur leurs pas…
Suivant le même chemin que Mulder et Scully, David et Gillian se retrouvèrent rapidement au niveau du labo de l’Opus Déi.
A cause des infiltrations, ils avaient déjà de l’eau jusqu’aux genoux… Les lumières vacillantes éclairaient par intermittence le couloir. Un à un, les plombs sautaient, les plongeant de plus en plus dans l’obscurité alors que le vacarme de la mer qui s’engouffrait ne cessait de s’intensifier.
Devant eux, un escalier glissait vers les profondeurs. L’eau le dévalait en cascade.
- Il va falloir se servir des filins pour se tenir, cria Duchovny.
- D’accord, mais après ? On va par où pour les retrouver ? !
- Chaque chose en son temps. Accroche-toi.
David commençait déjà à descendre dans les tourbillons.
- Ca va ? cria-t-il, quelques mètres plus bas.
- Ca va ! lui répondit une voix légèrement essoufflée. Gillian, plus petite, était davantage malmenée par les flots furieux. Appelle pour voir s’ils t’entendent, suggéra-t-elle.
- Mulder ? Scully ? Vous nous entendez ?
- Mulder ! Scully ! Répondez, bon sang !
- On ne va rien entendre avec ce putain de boucan ! s’emporta Duchovny.
- Muldeeerrrrr ! Scullyyyyyyyy !
Leurs cris semblaient rebondir et se perdre dans le vacarme aquatique qui les envahissait inexorablement. Ils continuèrent la descente en s’accrochant de plus en plus fort à leurs minces cordes. L’eau était maintenant au niveau de leur taille, gelée et bagarreuse, leur barrant le passage à coup de vagues guerrières qui leur éclataient au visage. Ils s’époumonaient depuis 5 minutes quand ils crurent soudain percevoir une réponse.
- Attends ! Tais-toi, Gil ! Y’a quelque chose…

- Ooooooh eeeeeeeeeeh …
Le bruit venait de loin.

- Ooooh eeeeeh !
- Dana ? ! Fox ? ! s’écria David.
- Gilliaaaan ! Daaaaavid ! On est là ! Par ici !

- C’est par là !
David saisit la main de Gillian pour l’aider à avancer dans le couloir. Ils firent une cinquantaine de mètres. Et s’arrêtèrent devant une lourde dalle.
- Ils sont derrière. Je les entends. Ecarte-toi, Gil, je vais faire sauter la porte.
- Tu es sûr que tu sauras ?
- Vas-y bon sang !
Elle recula d’une bonne quinzaine de mètres.
David plaça la charge sur le sas et revint vers elle en bataillant contre les flots. Il déroulait le fil du détonateur.
- Mets ton casque sur les oreilles. Prête ?
- Prête…
- C’est parti !
Duchovny appuya sur le détonateur. Une violente explosion retentit avec un vacarme assourdissant. Ils sentirent le vent de la déflagration les renverser et leur brûler le dos.

- Là ! Je le vois.

Elle désigna une tête qui émergeait devant eux. Mulder se tourna vers eux. Il avait l’air affolé.
- Scully est coincée sous le sas. Prenez l’appareil de Frohike et essayez de le décoincer pendant que je lui apporte de l’air.
Et il replongea. David saisit le matériel, avec circonspection d’abord, puis il se concentra sur le problème et ouvrit le petit placard électrique près du sas. Il dégagea la plaque de code, étudia un court instant le circuit électrique qui apparut et pour finir, il brancha les pinces sur deux conducteurs
- Merde… merde…siffla-t-il.
Il réessaya plusieurs combinaisons. Sans succès.
- Gil ? Ton casque anti-bruit …
- Oui ?
- Va le mettre à Dana. Je vais faire sauter sa porte aussi.
- Quoi ? ! s’étrangla Gillian.
- Tu m’as très bien entendu. Fonce !

La jeune femme plongea. L’heure n’était pas aux palabres et au fond d’elle, elle savait déjà qu’il n’y avait pas d’autres moyens. Elle se concentra sur sa tâche. C’était dur d’y voir quelques chose au milieu des remous. Son cœur battait à deux cent à l’heure et ce n’était pas le bruit de l’eau qui éclatait de tous côtés qui pouvait la calmer. Elle aperçut Scully. Une vive émotion la saisit : pendant une seconde fulgurante, elle eut la certitude qu’elle était l’impuissante spectatrice d’une mise à mort. Celle d’une femme qu’elle venait d’apprendre à aimer vraiment. Elle se reprit et, glissant le bout des pieds sous le sas, elle parvint à se maintenir quelques secondes au niveau de Dana et lui passa le casque sur les oreilles en essayant de mettre toute sa confiance dans le regard qu’elle échangea avec sa jumelle. Celle-ci lui rendit un sourire étonnamment serein qu’une mousse d’écume balaya du champ visuel de la comédienne. Surprise, elle sentit Mulder lui prendre le bras avec violence et la remonter à la surface. Sa tête jaillit hors de l’eau.

- T’es malade ! hurla-t-il. Tu vas lui péter les tympans.
Il lui faisait mal à force de la serrer.
- C’est ça ou elle crève !
- Non !
- Si ! Maintenant, tu dégages ! gueula Duchovny au milieu des vagues. Et il repoussa brutalement Mulder.
- Je vais le tuer ! grinça Mulder, les dents serrées alors que Gil tentait de l’écarter. Di Pagelli, tu es mort…

Le bruit des explosions couvrit sa voix. Le sas s’ouvrit enfin et Fox se jeta à nouveau sous l’eau.
Il réapparut quelques secondes plus tard avec Dana dans les bras. Elle était inconsciente, et sa tête dodelinait ; ce n’est qu’à ce moment que les comédiens comprirent que son état était grave. Son visage trempé était couvert d’ecchymoses. Du sang coulait des oreilles, de la lèvre, du nez et du cuir chevelu. Et son corps désarticulé semblait brisé à jamais.
Mulder semblait en proie à une rage surhumaine et il fendit les eaux en passant devant eux, le regard fixé sur son objectif.


****************


« Di Pagelli ! » rugit Mulder. « Montre-toi, salopard ! »…

Il se tourna vers Gillian et David.
- Prenez-la, dit-il en déposant le corps de Dana dans les bras de Duchovny. Faites la sortir de cet endroit maudit et sauvez-la !
- Fox !
- Faites-le tout de suite ! tonna-t-il. Je vous en prie, ajouta-t-il à la limite de la rupture émotionnelle.
- On s’occupe d’elle…

Mais Mulder n’écoutait déjà plus. La fureur l’avait relevé, il s’engouffra dans les escaliers, atteignit le grand couloir et il défonça la porte de la bibliothèque aux vitres transparentes, porté par son ultime obsession.

« Sors de là, cafard ! »


****************


- Méfiez-vous des cafards, Mulder, lança avec force Di Pagelli. Il n’y a pas d’animaux plus résistants sur cette planète, à part les rats peut-être !

L’évêque le toisait du fond de la bibliothèque. Il pointait son arme vers la tête de Fox. Il s’avança.

- Vous n’allez pas faire le fier très longtemps. Vous n’êtes qu’un simple mortel et vous allez vite rejoindre votre pétasse…

Dans un cri de rage, Mulder saisit une chaise et se rua sur l’italien.
Les coups de feu claquèrent autour de lui, mais il n’y prêta pas la moindre attention. Il écrasa de toutes ses forces la chaise vers son adversaire. Celui-ci se jeta sur le côté et évita en partie l’attaque. Mais le bois heurta son bras et le désarma. L’évêque jeta un regard effrayé autour de lui pour chercher son revolver, mais Mulder n’avait pas fini et se rua sur lui avant qu’il n’ait pu faire quoi que ce soit. Ils roulèrent ensemble au milieu des débris charriés par l’eau. Di Pagelli se repris, et commença à frapper sans relâche. Il avait le dessus et se mit à califourchon sur Fox en écrasant ses reins avec ses genoux. De ses mains puissantes, il tenta de maintenir la tête de son ennemi sous l’eau, mais celui-ci se débattait avec fureur, buvant la tasse une fois sur deux tout en criant. Avec l’énergie du désespoir et de la colère, Mulder parvint finalement à le renverser. Il se redressa et saisit l’évêque au cou. Il l’obligea à se redresser et l’envoya violemment contre une des tables de lecture. L’italien s’affaissa, mais Mulder enragé, le redressa à nouveau.

- Alors comme ça, tu n’es pas mortel ! Tu te prends pour Dieu, connard ?! Je vais te faire sentir le goût du sang et de la défaite, moi ! Tu va comprendre ce que tu infliges au reste de l’humanité.
- Et toi ? Merdeux !… Tu crois que tu peux décider de ma vie ou de ma mort ? hoqueta l’autre. Il ricana en toussant en même temps des gouttes de sang. Fais-moi la morale, tu vaux pas mieux. Toi, tu ne roules que pour toi !

Fox resserra son étreinte sur le cou de l’évêque.

- Je roule pour moi, - il cogna la tête contre le meuble - pour elle – il cogna à nouveau -, pour ceux qui ont la vraie foi et pour ceux qui ne croient pas. (Il relâcha Di Pagelli soudainement et l’autre s’écroula). Je roule pour tous ceux que tu veux asservir ! Je roule contre les dictateurs et les exterminateurs ! Et je me fous des représailles divines ou terrestres : tu vas crever !

Son adversaire éclata d’un rire mauvais.

- C’est ta pute, hein ? ! Fallait pas la toucher !

Il se jeta en avant avec une vigueur inattendue et percuta brutalement le ventre de Mulder. Le souffle coupé, Fox tomba à la renverse et s’assomma contre un coin de bureau. Etourdi, il sentit un liquide chaud coulant le long de son visage, et dans sa bouche, un gout de fer. Il tenta de reprendre son équilibre, mais pendant ce temps, l’italien avait saisi un éclat de verre et le menaçait à nouveau.

- Crétin ! Tu es l’impuissance même ! Tu ne pourras baiser qu’un cadavre...

Il porta un coup tranchant vers le visage de son adversaire, le verre entama la joue de Fox qui grimaça de douleur…

- …Quant à mes activités, personne ne te croira ! Tu es un bouffon ! Le martien du FBI ! Tout juste bon pour l’asile !

Il tenta un deuxième coup vers le cœur, mais Mulder s’écarta vivement. A sa droite, il y avait une bombonne d’oxygène. Il s’en approcha subrepticement, faisant toujours face à l’évêque qui soliloquait dans sa folie. Il avait maintenant de l’eau jusqu’à la taille.

- … Qu’est-ce que ça fait, hein ? De se dire qu’on est si inutile ! Si minable ! Si méprisé ! Même pas foutu de se faire la femme qu’on aime ! T’as pas envie de crever des fois ? C’est vrai quoi, tu servirais au moins de bouffe aux charognards et aux asticots !…

Mulder se jeta sur la bouteille et sortit un briquet de sa poche. Di Pagelli ne comprit pas tout de suite. Et soudain son regard se figea. D’une voix basse, presque couverte par le tumulte des flots, il articula, menaçant :

- Les cafards survivent même au feu… Et ils reviennent toujours … Ils chient dans ce que tu manges, ils investissent le lit de tes gosses, et un jour, ils s’immiscent dans le conduit de ton oreille et te bouffent de l’intérieur, Mulder …
- Qu’ils essayent, murmura Fox.

Et il appuya sur le levier de la bombonne face à la flamme du briquet.

Le feu jaillit comme une explosion. Di Pagelli hurla. Mulder ne voyait plus rien, il lui sembla que tout éclatait autour de lui. Tout d’un coup, une vague folle l’emporta et lui fit lâcher la bombonne. Il se débattait avec le courant, impossible de voir ce qu’était devenu l’évêque dans ce décor d’apocalypse. Il fallait sortir de là !
En luttant de toutes ses forces, il parvint à rejoindre la porte. L’eau le fracassait sur les murs, mais il continua à fixer son seul objectif maintenant : la sortie… Retrouver Scully ! Vivre ! Et qu’elle vive !

noisette
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Message  noisette Dim 10 Mai 2009 - 20:02

CHAPITRE 12






Les comédiens avaient réussi à atteindre le vieil escalier en pierre. Ils étaient à deux doigts de s’en sortir. Gillian ouvrait la marche et David la suivait en portant sur son dos Dana, toujours inanimée. Soudain, Gil s’arrêta.
- Chut ! lança-t-elle à l’attention de son partenaire. J’entends des voix !
- Tu n’entends que l’eau ! Ils sont tous déjà sortis !
- Tais-toi, bon sang !
- Mais…
Il se tût. En haut de l’escalier venaient d’apparaître Shrek et Frankenstein, revenus pour récupérer «le patron ».
En une demi-seconde, ils aperçurent les intrus et voulurent dégainer leurs armes. Mais Gillian les tenait déjà en joue.
- Vos armes ! Jetez-les ! cria-t-elle avec une autorité impressionnante.
Ils se regardèrent pris par le doute. Ce n’était qu’une bonne femme ! Et petite de surcroît ! Mais elle leur adressa un sourire narquois.
- A trois, je vise les genoux ! Et vous allez déguster ! On dira que c’est juste un accident…Un, deux, tr ….
La voix de la femme n’avait pas faiblit, le décompte était assuré. Et surtout, il y avait son regard… Une lueur de folie dans ses yeux qu’ils identifièrent immédiatement. Ca l’excitait ! Elle avait l’habitude et elle était dangereuse. Et eux n’étaient pas suicidaires : ils jetèrent leurs armes.
- Bons garçons ! Et prudents avec ça ! Maintenant, les mains en l’air ! Tournez-vous et remontez l’escalier. Et ne tentez rien de stupide, ça peut faire mal et j’adore voir des grands gaillards pleurer leur mère et pisser dans leur froc !
« Je te donne l’Oscar ! Tous les autres sont hors course », lui murmura David, sincèrement admiratif, en montant derrière elle.
« Chut, bon sang ! On n’est pas encore tiré d’affaire », chuchota-t-elle à son attention.

Ils sortirent enfin du repaire au milieu d’une agitation généralisée. Les derniers hélicoptères de l’organisation s’apprêtaient à décoller mais les appareils militaires de l’armée française avaient déjà déversé plusieurs dizaines d’hommes armés, qui tentaient d’intercepter les membres de l’organisation pas encore évacués. Profitant de la confusion, Frankenstein se retourna vivement vers Gillian et tenta de la frapper. Peine perdue, elle avait anticipé l’attaque et sorti sa matraque électrique. Sans hésiter, elle lui envoya derechef une décharge.
- 8000 volts. Ca t’apprendra à me prendre pour une idiote !
Elle s’élança vers Shrek, interloqué. C’était bien la première fois qu’il était menacé par une femme, qui plus est munie d’une simple matraque électrique plutôt que d’une arme conventionnelle. La surprise retarda d’une demi-seconde ses réflexes professionnels. Une demi-seconde qui suffit à Gillian, déchaînée, pour le foudroyer à son tour.
- Eh ben ! Ce serait pas toi qui aurait été agent secret dans ta vie d’avant ? ! s’exclama Duchovny les yeux écarquillés.
- Faut juste pas m’emmerder, maugréa Gil le regard noir.
- Euh oui… tu devrais sortir de ton rôle, là… suggéra doucement le comédien.
Elle se retourna vers lui. Elle ne souriait pas.
- Et elle ? cria-t-elle en désignant Scully. Tu crois que ces salopards lui ont permis de « sortir » de son rôle, elle ? Elle ne joue pas, David ! Et je ne joue plus ! Elle risque de mourir, bordel !
- Sûrement pas maintenant !
Et déterminé, il se rua vers les soldats français.

- S’il vous plaît ! Nous avons une blessée. De l’aide, vite !


****************


Un grand noir au pas assuré se dirigeait vers eux.
- Qui êtes-vous ? interpella Lenoir tout en faisant signe à des brancardiers.
- C’est un peu compliqué, râla David. Disons que nous sommes du FBI…
- Et vous avez vos cartes, bien sûr ? !
- Pas sur nous, c’est une opération qui était supposée être discrète… improvisa Gillian.
- Ouais … Discrète… C’est très réussi ! railla l’agent de la DST. Et elle, qu’est-ce qu’elle a ?
Il regardait Scully d’un air préoccupé.
- On ne sait pas trop, si ce n’est qu’elle a visiblement été battue et que nous avons du faire sauter à l’explosif un sas à 2 mètres de ses oreilles… déclara Duchovny.
Le lieutenant se pencha sur elle.
- Comment peut-on s’acharner à ce point sur une si belle femme ? dit-il le visage sombre. Il fit signe à plusieurs de ses hommes qui arrivèrent avec le matériel de réanimation et de quoi permettre les premiers secours. Ecartez-vous, je vous prie, ordonna-t-il en se tournant vers Gil et David.
Il s’immobilisa soudain et dévisagea la comédienne avec insistance.
- Vous lui ressemblez… C’est très troublant…, déclara-t-il la voix grave.
La gorge nouée, elle hocha la tête. Elle chercha une explication acceptable aux yeux du commun des mortels, puis, en désespoir de cause, elle finit par articuler :
- C’est ma sœur… Sauvez-la !… S’il vous plaît !…

Les ambulanciers de l’armée posèrent délicatement Dana sur une civière. Ils l’avaient intubée et mise sous perfusion. Ils soulevèrent rapidement le brancard et les comédiens virent s’éloigner avec le cœur serré Scully à peine visible sous la couverture de survie dorée. Deux larmes glissèrent sur les joues de Gillian qui les essuya furtivement en tentant de réprimer des tremblements incontrôlables. C’était le contrecoup. La pression se relâchait et toutes les émotions qu’elle avait, tant bien que mal, tenté de repousser pendant les dernières heures, voire pendant les derniers jours, toutes ces émotions se bousculaient maintenant au portillon. Elle le savait, dans quelques secondes, ça allait être les grandes eaux.
Touché par la peine sincère de la jeune femme, Lenoir posa ses larges mains sur ses épaules et la tourna vers lui tout en tassant un peu son long corps élancé pour la regarder dans les yeux.

- Madame, je vous promets que nous ferons tout ce qui est possible pour votre sœur. Faites-nous confiance, nous vous la rendrons en vie…
- Merci ! Merci vraiment…
Servile Lenoir se redressa.
- Et les deux malabars à terre, là bas, c’est votre œuvre ?
- Euh oui…, renifla Gil.

- … et vous devriez trouver leur chef version barbecue à l’intérieur des décombres ! ajouta Mulder qui arrivait en courant. Où est-elle ? exigea-t-il en fixant Duchovny.
Le comédien lui désigna la petite troupe au loin qui se dirigeait vers l’hélico médicalisé. Fox s’élança à leur suite.
- Vous m’excusez quelques secondes ? reprit le militaire. Je dois faire le point avec mes troupes. Je reviens tout de suite.
- Bien sûr, allez-y, acquiesça David.

Et il se tourna vers Gillian, ému par sa détresse. « Asseyons-nous » proposa-t-il gentiment. Elle n’attendait que ces mots pour s’abandonner… Elle s’effondra dans ses bras et il l’enlaça. Il s’assit derrière elle et se mit à la bercer doucement. Elle pleura longuement, sans bruit, la tête contre son épaule. Il sentait les tressaillements de son corps et le sel de ses larmes cristalliser sur sa main. Il étreignit avec force celle qui n’était pas un agent secret, pas un soldat, pas une machine invincible et sans cœur, juste une femme qui avait puisé au plus profond d’elle pour faire face à l’impensable. Il l’aimait encore plus pour cela. Il ne dit rien. Il n’y avait rien à dire de toute façon. Juste à être là… Caresser ses joues mouillées… Sentir petit à petit sa respiration s’apaiser… Regarder avec elle le spectacle à la lumière des projecteurs des militaires qui emmenaient les prisonniers, du QG de l’Opus Déi qui partait en flammes… Laisser le rythme cardiaque redescendre… Se regarder… Se sourire… S’embrasser…
S’embrasser encore… pas par accident, mais par pulsion… par pulsion de vie… Goûter ce baiser en sachant que ce sera probablement le dernier… Goûter ce baiser dont il ne s’excusera pas parce qu’il est si bon qu’il ne peut être mauvais…

Ils se détachèrent l’un de l’autre. Elle était à nouveau sereine. Elle le regardait avec douceur.

- Tu crois qu’on s’en souviendra ? demanda-t-elle.
- De quoi ? s’étonna-t-il.
- De ce qu’on vient de vivre… De ce que tu m’as dit : que tu m’aimais, pas comme un frère, pas comme un amant, pas comme un ami, mais d’un amour unique, indéfinissable… Que je serais toujours dans ta vie…
- …
- Est-ce qu’on se souviendra de ce baiser ?
- Et pourquoi est-ce qu’on l’oublierait, hein ?
- Parce que nous allons rentrer chez nous, David…
- Rentrer… ?
- Nous allons rejoindre notre dimension, répéta-t-elle en souriant.
- Mais… pourquoi ? Pourquoi dis-tu ça ? !
- Il a eu ce qu’il voulait… Elle rit. Elle allait déjà mieux.
- Qui ça, « Il » ?
Elle leva les yeux au ciel d’un air entendu. Duchovny connaissait les pérégrinations spirituelles de Gil.
- Bouddha ? demanda David, amusé …
- …ou Dieu, ou Allah, ou Yahvé. Tu ne comprends pas ? ! C’est le seul à avoir le mobile pour nous avoir amené ici ! Et le seul à avoir « l’arme du crime »…
- Un mobile ?
- Il fallait rétablir la vérité quant à l’Opus Déi ! Protéger la vraie foi, le vrai Dieu, de ceux qui veulent en faire un mauvais usage… Et l’arme… ! Tu vois bien qu’Il est le seul qui possède le pouvoir de nous faire un coup pareil !
- Soit. Et maintenant que nous savons la vérité, tu crois qu’il va…
- Chut ! Donne-moi juste une seconde. Il faut d’abord que je règle quelque chose avec Fox.
Elle se leva, sortit une enveloppe jaune d’une poche intérieure de sa tunique et courut vers Mulder qui restait auprès de Scully dans l’hélico pendant que le médecin militaire l’examinait.

Duchovny regarda Gillian s’éloigner, encore assailli de doutes. Pouvait-elle avoir raison ?
Le lieutenant Lenoir se dirigeait vers lui, et l’interpella à distance :
- Hey vous ! Ca vous dit quelque chose ce sigle ? On l’a retrouvé sur des papiers à l’intérieur…
David plissa les yeux pour distinguer le dessin. Il reconnut distinctement le nombre 322 surmonté d'un crâne sans mandibule et deux os longs croisés. Il fronça les sourcils et sentit un grand froid l’envahir. Ce n’était pas possible !
Que faisait cet emblème dans un tel lieu ? ! Ce souvenir d’un passé lointain, qu’il avait cru oublié, qu’il aurait voulu oublier, n’aurait jamais du réapparaître ! Surtout pas ici, en un tel moment… Ca n’avait aucun sens…Ce n’était pas logique !

Mais Gil revenait déjà vers lui. Légèrement essoufflée, elle lui prit la main.
- Prêt, partenaire ?
Il la dévisagea encore sonné par ce qu’il venait de voir.
- Oui ?
- Alors, allons-y ! Je veux rentrer !

Il y eu d’abord un grand bruit. Un grondement sourd qui s’amplifia petit à petit… Puis la poussière s’éleva dans les airs et des tourbillons de plus en plus imposants emportèrent les feuilles mortes de l’île Saint Joseph vers le ciel. Le bruit devint assourdissant. Gillian et David se regardèrent une dernière fois et fermèrent les yeux.

Il y eut un éclair… et la nuit les engloutit…

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