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Missing Files 2x08 Walpurgis

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Message  Humbug Dim 30 Avr 2017 - 4:04

Titre : Missing Files 2x08 Walpurgis

Auteur : Humbug

Avertissement : R (c'est quand même un peu violent)

Catégorie : X

ship : =

Résumé de la saison 2 : L'épisode "Deep Throat" (qui n'est pas daté dans la série) s'est vu situé temporellement à la fin du mois de Septembre 1992 par mes Missing Files et comme il est logique de placer "Squeeze" durant l'été 1993, il restait encore au moins 8 mois d'enquêtes inédites à Mulder et Scully. 10 nouvelles enquêtes perdues encore plus sombres que les précédentes. La saison 2 des Missing Files.


Disclamer : Les personnages ne m'appartiennent pas.

Missing Files 2x08 Walpurgis 15021311





X-Files




Missing Files




Saison 2







Episode 8








«Walpurgis»




Missing Files 2x08 Walpurgis Pendai10




Chapitre 1 « Le Procès »







Salem Village – Massachussetts

23 Mars 1692 - 19h29



Le brouillard était épais, à coupé au couteau. La nuit allait être particulièrement froide dans la maison des Nurse et Francis, le patriarche, avait fait du feu dans la cheminée. Malgré ses 74 ans et les protestations de ces deux fils les plus jeunes, il était allé chercher du bois dehors, sous l’abri attenant à la maison, et l’avait déposé non loin du foyer. Le tas de bûches, haut d’environ 60 cm, devait pouvoir réchauffer toute sa famille durant cette nuit glaciale. C’était un homme particulièrement volontaire et il fallait un courage quasiment héroïque pour vivre dans de telles conditions.

Leur village était situé non loin de Salem Town, une bourgade bien plus grande. Les deux lieux, contigus, portaient le même nom mais Salem Village ne possédait, hélas, aucune des commodités de sa voisine, ni aucune des structures étatiques inhérentes à toute bourgade importante de cette colonie Américaine.

A Salem village, les gens vivaient pauvrement mais remerciaient Dieu tous les jours d’être toujours de ce monde, malgré les risques. Ils vivaient dans la peur constante des attaques d’autochtones indiens. Depuis leur arrivée en Nouvelle-Angleterre, un colon sur dix était mort dans des attaques amérindiennes. Ils ne pouvaient plus compter sur l’armée anglaise pour les défendre et devaient recruter la milice parmi les citoyens volontaires.

La famille Nurse s’accommodait, tant bien que mal, de cet environnement hostile avec beaucoup de hardiesse et une grande force d’âme.

20 ans auparavant, Francis avait été policier au Village, puis il s’était reconverti en artisan, fabriquant de nombreux objets en bois, notamment des plateaux. Ils avaient épousé Rebecca Towne en 1645 ; le couple affichait donc, ce soir là, 47 ans de mariage. Ils venaient tous les deux d’Angleterre et avaient eu sept enfants, tous nés dans les colonies. C’était une famille particulièrement unie et leurs enfants : Rebecca, Sarah, John, Samuel, Mary Elizabeth, Francis et Benjamin vouaient une véritable dévotion ainsi qu’une admiration sans borne envers leurs ascendants. Sarah, Samuel, Mary Elizabeth et Benjamin étaient à la maison ce soir là, pour aider leurs parents très âgés.

Rebecca Nurse était invalide. Elle avait 71 ans et passaient la plupart de ses journées dans un rocking-chair placé dans le living-room et rehaussé d’un coussin. Sa fille Mary Elizabeth lui avait amoureusement déposé une couverture au niveau de la poitrine.

Toute la famille s’affairait autour d’elle.

Tandis que Sarah mettait la table et que Mary Elizabeth touillait avec une grande cuillère en bois la potée aux légumes qui mijotait doucement sur le feu, Samuel et Benjamin aidèrent leur mère à se lever afin de l’assoir à table avec eux.

Tout le monde était assis, les mains jointes et la tête inclinée, sauf Mary Elizabeth qui servait les assiettes une à une, avec l’aide d’une louche, elle aussi en bois et confectionnée par Francis. Quand elle eu fini, elle vint rejoindre sa famille sans tarder et adopta la même position.

-Le bénédicité ! Réclama Rebecca d’une voix chevrotante.

Elle était invalide mais n’en restait pas moins dévote et particulièrement pieuse. Elle qui avait élevé ses sept enfants dans la foi ne supportait pas qu’on manque de déférence et de respect envers le Seigneur.

-Ce soir, c’est moi qui vais le faire, maman, si tu veux bien ? L’implora sa fille Sarah.
-Vas-y, ma fille, répondit Francis à la place de sa femme.

Sarah se concentra, elle était heureuse de pouvoir dire cette prière d’avant-repas.

-Bénissez-nous Seigneur, bénissez ce repas, ceux qui l’ont préparé et procurez du pain à ceux qui n’en ont pas. Ainsi soit-il.
-Amen ! Dirent chacun des convives à tour de rôle, du plus âgé au plus jeune.

Les Nurse venaient tout juste de commencer leur soupe quand la porte s’ouvrit dans un grand fracas. Le froid s’engouffra dans leur maison et les saisis littéralement. Mais la peur aussi leur donna des frissons. Ils s’arrêtèrent tous de manger, comme suspendu dans le temps.

C’était la police de Salem Town.

-Je suis bien au domicile des Nurse ? Demanda l’un des agents d’une voix autoritaire.
-Oui, répondit le patriarche d’une voix qui avait bien du mal à cacher son appréhension. Mais mes garçons n’ont rien fait de mal, ce sont d’honnêtes gens.

L’agent pris alors un ton encore plus autoritaire et méprisant.

-Nous ne venons pas arrêter tes fils, nous sommes là pour ta femme, Rebecca.

Marie Elizabeth se leva, furieuse.

-Pour quel motif ? Vous voyez bien qu’elle est invalide, qu’elle ne peut pas bougée. Qu’a-t-elle bien pu faire de mal ?
-J’ai un mandat d’arrêt rédigé à son nom, suite à une plainte d’Edward et John Putnam.
-Une plainte ? Mais ces deux là nous doivent de l’argent ! Protesta Samuel.
-C’est une plainte officielle pour pratique illégale de la sorcellerie et envoutement.
-Mais c’est une plaisanterie ?! Hurla Benjamin, en se levant à son tour.
-Je vous conseille de ne pas protester sinon, j’embarque tout le monde au cachot. Toutes ces histoires de possessions démoniaques ont assez duré, les coupables doivent subir leur châtiment.
-C’est ça vôtre justice ? L’interpela Francis. Condamner une femme innocente sans preuve et sur la foi de racontars absurdes.
-Les délires sataniques de toutes ces jeunes filles ont bien des responsables, et c’est vôtre femme qu’on accuse, Monsieur Nurse. Alors elle sera jugée par un tribunal compétent.

Puis il se retourna vers la vieille femme impotente.

-Venez, Madame Nurse. Vous avez quelque chose à déclarer avant qu’on vous emmène ?

Elle réfléchit un instant puis dit au policier :

-Je suis aussi innocente que l’enfant à naitre, mais sans doute le Seigneur a-t-il découvert en moi un pêché dont je ne me suis pas repentie, pour m’éprouver ainsi dans mon grand âge.

L’agent en uniforme la regarda puis se tourna vers ses hommes, en arme.

-Emmenez-la !

Deux autres agents de police l’aidèrent à se lever et l’emmenèrent, sous les yeux éberlués et hébétés de sa famille.

Elle fut jugée le 16 juin 1692, au tribunal de Salem Town. Au banc des accusateurs, déterminés, figuraient Betty Parris, Abigail Williams, Ann Putnam et ses deux oncles, ainsi que le révérend Parris. En face, du côté des défendeurs, Rebecca Nurse faisait pâle figure, elle était très faible. Heureusement, elle était âprement défendue par son fils John, la femme de ce dernier, Abigail, et enfin le mari de sa fille Rebecca.

John se leva, regarda fixement les jurés et pris alors la parole devant toute l’assemblée. Il fallait absolument qu’il soit convaincant.

-Après avoir mis en accusation Sarah Good, une mendiante dont le seul et unique crime est de sembler « bizarre » aux gens du village parce qu’elle marmonne quand on lui donne une obole, puis Sarah Osborne, une vieille femme alitée qui a suscité la réprobation générale en captant l’héritage des enfants de son premier mari pour le donner à son second époux ; Tituba, l’esclave Barbadienne de Samuel Parris et enfin Dorcas Good, la propre fille de Sarah Good, âgée seulement de quatre ans ; vous accusez cette femme, Rebecca Nurse, une femme particulièrement pieuse de 71 ans, handicapée et mère aimante de sept enfants qu’elle a élevée dans la foi, d’être l’alliée de Satan, une magicienne, une sorcière, qui aurait envouté plusieurs jeunes filles au comportement incompréhensible et déviant. Ceci est parfaitement ridicule. Avant ces accusations fantasques tombées du ciel, Madame Nurse jouissait d’une réputation sans tâche, et ce, depuis son arrivée au village, voilà 52 ans. J’ai d’ailleurs ici une pétition signée par plus de 40 habitants témoignant de son caractère particulièrement plaisant. En outre, la noblesse et la dignité dont elle a fait preuve durant toute cette affaire démontre son évidente innocence. Un jury de femmes l’a examiné physiquement, de haut en bas, et certaines on remarqué une marque, une simple tâche de naissance et en ont déduit immédiatement que c’était là la marque du démon. Pourtant deux des examinatrices ont reconnu que cette marque avait une cause naturelle. Cette accusation de sorcellerie formulée à l’encontre de Madame Nurse trône au sommet du ridicule et de la paranoïa dont certains membres éminents de ce village sont les victimes. Il convient également d’ajouter que les Putnam sont en litiges foncier avec la famille Nurse depuis plusieurs années à propos de terres cultivables en lisière du village et leur doivent une importante somme d’argent. Considérant ceci, vous devez reconnaitre que ces accusations contre Rebecca tombent particulièrement bien et sortiront sans dommage les Putnam de leur imbroglio juridico-financiers, si jamais vous décidez d’y accorder foi. Je compte donc sur vous, messieurs les jurés, pour faire preuve de discernement et de bon sens afin de déclarer cette pauvre femme, Rebecca Nurse, une femme qui a toujours vécue dans la voie du Seigneur, non coupable !

Le Président de la cour, également gouverneur, William Stoughton, se retourna alors vers l’accusée et lui demanda si elle avait une dernière chose à ajouter pour sa défense.

-Je suis innocente, déclara la vieille femme.

Mais soudain ses ultimes paroles officielles furent couvertes par un brouhaha indescriptible provenant du banc des accusateurs. Betty Parris, Abigail Williams et Ann Putnam se mirent à psalmodier bruyamment. Elles hurlaient des choses incompréhensibles afin que personne n’entende les derniers arguments de Rebecca. Elles se levèrent et tournèrent sur elles-mêmes, sous les yeux médusés de l’assistance.

Le 19 Juillet 1692, une charrette transportant Rebecca Nurse, sa sœur Mary Towne Estey et trois autres femmes reconnues coupables de sorcellerie, roulait tout doucement vers Gallows Hill, la colline du Gibet. Au somment de la haute butte, le convoi des condamnés s’arrêta, juste devant la potence érigée là pour exécuter la sentence. Des centaines de villageois étaient rassemblés sur la colline pour assister à l’exécution. Ils voulaient tous voir ces sorcières rendre l’âme et rejoindre Satan, leur seigneur et maitre. Tous sauf quelques uns, en particulier les soutiens de Rebecca Nurse et plus précisément sa famille.

John se tenait juste à côté de son père, il était dévasté.

-Ils l’ont reconnu innocente papa !
-Je sais mon fils. Mais ils sont revenus sur leur décision.
-C’est injuste. D’autant que cette reconsidération est venue suite aux déclarations de madame Hobbs.
-Une femme accusée de sorcellerie et qui a reconnue les faits. Et elle a déclaré « Elle est l’une des nôtres » en parlant de ta mère.
-Elle est à moitié sourde et a précisée plus tard qu’elle n’avait pas bien entendu la question. En plus elle a déclaré que ce qu’elle voulait dire c’était que Rebecca était comme elle, accusée et enfermée dans les geôles de Salem Town. Mais le Président et les assesseurs ne l’ont pas entendu de cette oreille. Et maman va être pendue.
-Oui. Déplora le vieil homme. Les voix du Seigneur sont impénétrables.
-Ils vont exécuter une innocente. Ce sont eux les sorciers, les suppôts du mal. Ils détruisent des familles entières.

Les cinq femmes avaient à présent la corde au cou. Seule Rebecca pris la parole une ultime fois.

-Vous tuez des innocents et le Seigneur réprouve cela, plus que tout. C’est un péché mortel. Vous serez punis pour tous vos manquements, pour toutes vos fautes. La vérité sera connue tôt ou tard. Quelqu’un fera éclater la vérité. Si ce n’est pas dans un an, ce sera dans un siècle, peut-être plus. Le Seigneur rendra justice à tous les innocents. Les derniers seront les premiers.

Soudain, on fit tomber les tabourets sur lesquels les femmes étaient juchées et leur cou se rompit. John Nurse, le fils de Rebecca serra le poing. Il marmonna.

-La vérité éclatera maman, un jour ou l’autre. J’en fais le serment.





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Message  Humbug Dim 30 Avr 2017 - 4:45



Chapitre 2 « Les Sorcières de Salem »






J. Edgar Hoover Building - Siege du FBI - Washington DC
Lundi 27 Avril 1993 – 7h56

Les livres d’histoires étaient tous ouverts et éparpillés sur le bureau de l’agent spécial Fox Mulder. Il était entrain de regarder des diapositives en noir et blanc quand sa partenaire, Dana Scully, entra dans le petit bureau croulant sous les livres et les dossiers.

-Bonjour !

Mulder se tourna.

-Salut Scully !
-Mulder, qu’est-ce que c’est que tout ça ? Lui demanda la scientifique rousse avec le plus grand intérêt après avoir vu le bazar entourant son partenaire et les diapos.
-Une page d’histoire. Un moment particulièrement sombre et intimement lié au passé tumultueux de nôtre pays.
-Il y en a malheureusement quelques uns…Déplora-t-elle.
-Sauf que là, c’est en rapport avec la chasse aux sorcières.
-Le Maccarthisme ? Mulder, la traque des communistes par le sénateur Joseph MacCarthy dans les années 50 n’était pas très glorieuse mais de là à en faire une affaire non-classée ?!
-Je ne parle pas de cette chasse aux sorcières là, Scully, mais de la vraie, l’historique, celle qui a eu lieu dans le Massachussetts il y a exactement 301 ans.
-Un bien triste anniversaire.
-C’est le moins qu’on puise dire. Et, toi et moi, on va remonter le temps. On va enquêter directement là-bas, à Salem.
-Pourquoi ? Qu’elles aient été innocentes ou pas, toutes ces femmes sont mortes depuis plusieurs siècles.
-Ca ne concerne pas leurs morts à elles, mais celles de quatre jeunes filles, brulées vives à l’endroit même où furent pendu les prétendues sorcières de Salem.

Mulder appuya sur la télécommande de son appareil de projection. L’image d’une gravure vieille de plusieurs siècles et représentant des femmes au bûché laissa bientôt la place à des images de crémation beaucoup plus récentes.

-Oh mon Dieu ! S’exclama la docteur en médecine.

Elle s’approcha de l’écran de toile blanc pour voir l’image plus en détail et avait beaucoup de mal à distinguer les morceaux de chair carbonisés. Plus elle la regardait, plus il lui semblait sentir l’odeur du brûlé. C’était un peu comme si ce qu’elle voyait était plus qu’une simple diapositive et que le supplice avait eu lieu devant elle.
-Et tu dis qu’elles étaient vivantes quand on leur a fait ça ? Demanda-t-elle à Mulder.
-C’est en tout cas ce que prétend le médecin légiste local.
-Le shérif de Salem t’a sollicité ?
-Non, pas cette fois, Scully. C’est moi qui suis tombé sur le dossier ce week-end. Il a été transmis ici par le bureau de Boston.

Dana Scully ne releva pas le fait que son partenaire travaillait le week-end et qu’il n’avait aucune vie en dehors du Bureau, elle le savait déjà.

-Et qu’est ce qu’ils en disent ?
-Quatre jeunes filles brûlées vives et ils n’ont aucune piste. Inutile de te dire qu’ils sont sur les dents. Ca les a bien arrangé qu’un hurluberlu de Washington récupère le dossier. Comme ça, si je résous l’énigme, tout le mérite reste au crédit du FBI alors que si je me ridiculise, le bureau de Boston ne sera pas touché. Ils pourront toujours dire que c’est la capitale fédérale qui a envoyé des incapables.
-Et tu veux que je t’accompagne là-bas ?
-Evidemment, Scully.
-Tu souhaites donc que moi aussi, je passe pour une incapable ? Sauf que contrairement à toi, je te rappelle que j’ai d’autres ambitions que ce bureau lugubre de la taille d’un placard et au sous-sol.
-Peu importe les locaux, l’essentiel est de classer des affaires irrésolues, tu ne crois pas ?
-Si, si bien sûr.
Elle leva les yeux au ciel.
-Il faut qu’on trouve qui a fait ça, ne serait-ce que pour les pauvres femmes qui ont eu à subir ce supplice ! Concrètement, tu penses à quoi ? A un culte Satanique ? A une Secte ? Un tueur en série ? Le retour des Sorcières dans leur village d’origine ?
-On en saura beaucoup plus en allant là-bas. Les pièces présentes dans le dossier sont trop minces. Tu connais un peu l’histoire des sorcières de Salem, Scully ?
-Je sais que c’est la quintessence de la paranoïa et je comprends aisément pourquoi ça te passionne autant.

Mulder fit la moue.

-Moui, mais encore ?
-C’est une affaire d’hystérie collective qui a secoué l’une des parties les plus puritaines de la Nouvelle-Angleterre, à la fin du 17eme siècle. Plusieurs jeunes filles du village de Salem, Massachusetts, se sont mises à agir soudainement de manière contre-nature. Elles se sont mises à parler une langue inconnue, entre autre, à se cacher et à trainer des pieds quand elles marchaient, ce qui, à l’époque ne se faisait absolument pas.
-On devrait le rappeler aux jeunes d’aujourd’hui. Pressées par leurs parents d’expliquer leur comportant, elles ont prétendu être envoutées. Quand les principaux officiers religieux de l’époque ont voulu savoir par qui, elles ont balancés des noms, des femmes qu’elles ont appelés « Les sorcières ». De pauvres femmes pour la plupart. Les premières accusées furent : une mendiante, une esclave, une enfant de quatre ans et une vieille femme invalide.
-Cette liste à elle seule décrédibilise totalement ces accusations.
-Ce n’était pas l’avis des assesseurs de l’époque. Déplora l’ancien profiler.
-Ils étaient pris dans une espèce de tourbillon, Mulder. Il fallait qu’ils trouvent une raison à ces comportements curieux et inhabituels ; ils n’ont fait que privilégier l’explication qui leur sautait aux yeux, le paranormal, l’intervention du malin. Ca me rappelle quelqu’un !
Scully sourit et se tourna vers Fox Mulder, attendant une réaction d’exaspération. Mais il ne lui donna pas satisfaction, il continua à lui parler des sorcières de Salem. Il était obnubilé, obsédé, et semblait même « possédé ».
-C’est tout ce que tu sais sur cette affaire ?
-Je sais aussi que très vite, beaucoup de gens se sont rendu compte du côté totalement exagéré et hors de contrôle de la situation et cela a contribué à diminuer l’influence du puritanisme dans la région. Avant cela, personne ne remettait en cause cette philosophie de vie mais tous ces morts ont provoquées une grande remise en question.
-Et plus particulièrement celle de Rebecca Nurse. Précisa Mulder. C’est à partir de son procès à elle que les gens se sont interrogés de plus en plus.
-Si je me souviens bien, c’était une vieille femme très pieuse, particulièrement dévote.
-Et invalide. Mais sa famille avait le tors d’être en litige foncier avec celle de Thomas Putnam, le père d’une des gamines envoutées.
-Toute cette affaire cachait en fait un règlement de compte de bas étages entre villageois.
-A l’époque oui, sans doute en grande partie, mais aujourd’hui il y a aussi eu des femmes brulées vives à Salem et nous devons absolument découvrir pourquoi et par qui ! D’autant que le puritanisme a quasiment disparu et n’est plus suffisant pour expliquer des meurtres de sang froid.
-Alors qu’est-ce qu’on attend Mulder ? Qu’est-ce qu’on fait encore là ? Mais avant de partir, tu me feras le plaisir de ranger tout ce bazar, je sais que le rangement n’est pas vraiment ta spécialité mais je ne suis pas ta femme de ménage.




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Message  Humbug Dim 30 Avr 2017 - 5:01

Chapitre 3 « Danvers-Le Village »







Interstate 95- Sud-Ouest de Danvers – Massachusetts
18h02

La voiture qu’ils avaient emprunté au garage du Hoover Building était une Ford Sierra de couleur Bleue nuit. Ils avaient roulés toute la journée et s’étaient repassé le volant à chaque pause. Ils n’allaient pas prendre l’avion pour une si faible distance, l’assassin n’allait pas s’envoler, nul doute qu’il faisait partie de la communauté locale. Restait à savoir qui il était et s’il opérait seul ou avec des complices.

Ils avaient traversés le Maryland et notamment Baltimore, l’extrême-nord du Delaware, le New-Jersey, la Pennsylvanie, au sud et à l’est de Philadelphie, New York, le Connecticut et enfin le Massachussetts. La dernière fois qu’ils avaient voyagés en voiture aussi longtemps, c’était pour aller à Niagara Falls afin de résoudre une affaire non classée. Ils s’étaient même fait passé pour mari et femme car le tueur ne s’en prenait qu’aux couples. Le piège avait fonctionné mais ils avaient tous les deux failli mourir en l’arrêtant. Cette fois, ils n’avaient pas mis l’autoradio car la dernière fois le choix des chansons s’était révélé épineux, c’était le moins qu’on pouvait dire, car ils n’avaient pas du tout les mêmes gouts musicaux. En plus Mulder avait taquiné Scully sur les prétendus messages sataniques de ses chansons préférées.

Ils passèrent le panneau « Entering Danvers » et Mulder lâcha fièrement :

-Et voilà, on est enfin arrivé !

Scully, leva les sourcils de surprise et se tourna vers son partenaire.

-Mulder, mais qu’est-ce que tu racontes ? Tu m’as dit qu’on allait à Salem, et là, nous sommes à Danvers !
-C’est juste une question d’appellation Scully. Je t’ai dit que nous allions là où s’est déroulée l’histoire des sorcières de Salem…
-Oui, et d’après ma carte, Salem se situe juste après Danvers. Mulder, c’est la prochaine ville.
-Et pourtant non Scully, nous sommes bel et bien arrivé. Je vais t’expliquer.
Elle fit la moue.
-Je t’écoute.
-A l’époque, il y avait deux Salem, voisines l’une de l’autre, Salem Town, la « grande ville » où se déroula le procès, mais aussi Salem Village, d’où provenaient la majorité des protagonistes de l’affaire, aussi bien les prétendues envoutées, que les accusateurs et la plupart des accusées.
-Je vois. Et Salem Village est aujourd’hui devenue Danvers, c’est ça ?
-Dans le mille !
-D’accord, alors, par quoi on commence, maintenant qu’on est là ?
-Il faut qu’on aille au bureau du coroner. Autant qu’on commence par ce qu’on a, les corps calcinés de ces jeunes femmes.
-A mon avis, les premières sont inhumées, seul le corps de la dernière victime devrait être encore à la morgue.
-On demandera une exhumation, on l’a bien fait dans l’Oregon.
Scully préférait qu’ils n’en arrivent pas là.

Quelques minutes plus tard, ils arrivèrent à la morgue locale. Le bureau était minuscule et la docteur du FBI se demanda même comment il était possible d’exercer la médecine, qu’elle soit légiste, pathologiste ou autre, dans un si petit endroit. Mulder, lui, n’avait cure de ce genre de considération.
La personne qui les accueillit était une jeune femme. Elle ne devait pas avoir fini ses études de médecine depuis très longtemps et Scully la fixa d’un regard amical. Voir cette jeune femme vêtue d’une blouse blanche lui fit remonter le temps instantanément, elle qui était pourtant si jeune mais dont les années d’études lui paraissaient si lointaines. Elle se revit, en externat, en stage avec d’autres apprentis docteurs, à apprendre, apprendre sans cesse pour devenir l’experte reconnue qu’elle était devenue aujourd’hui.

-Agent Mulder et Scully, FBI, dit l’ancien profiler en montrant son badge. Vous nous attendiez je crois ?
-Oui, répondit la jeune femme en enlevant ses gants de latex pour pouvoir leur serrer la main. Je suis le docteur

Mathiece. Enchantée.

-Moi de même, lui répondit Scully.

La jeune femme aux cheveux longs et châtains sembla soulagée de les voir. Elle sourit et souffla.
-Venez, je vais vous emmenez voir la dernière victime.

Elle se tourna et ils lui emboitèrent le pas. Dana Scully remarqua que sa consœur nageait littéralement dans sa blouse. Elle était mince et semblait fatiguée, surchargée par le travail qui l’accaparait depuis les morts de toutes ces jeunes filles. Ses yeux étaient marqués de petites cernes.

Dans la minuscule pièce, le corps était caché sous un drap blanc que le docteur Mathiece souleva.

Scully se mit instantanément en mode « experte » et observa le corps sous toutes les coutures, le regard fixe et cherchant le moindre signe, le plus petit indice décelable.

-Où a-ton retrouvé les corps ? Demanda Mulder.
-A Gallows Hill, la colline du Gibet, à l’endroit exact où étaient pendues les prétendues sorcières autrefois. Répondit la jeune femme.
-Ca ressemble à une commémoration !
-Mais elles étaient pendues, pas brûlées.
-Ca doit-être une référence à un rite plus ancien, une pratique moyenâgeuse. A l’époque médiévale, on punissait les sorciers et les hérétiques d’une manière bien particulière. On les brûlait vifs.
-Je sais ça Mulder. On les noyait aussi.
Le docteur Mathiece intervint.
-C’est parce que les exécutants étaient souvent des hommes d’église. Ils rendaient la justice divine mais n’avaient pas le droit de faire couler le sang, littéralement. Alors ils contournaient cette règle. Noyade, feu, pendaison, tout cela permet de tuer sans faire couler la moindre goutte de sang.
-Ingénieux ! Reconnu Mulder, sarcastiquement. Vous avez essayez de faire surveiller la colline ? Lui demanda l’agent spécial.
-Oui, le Shérif l’a fait, mais c’est impossible d’effectuer une surveillance continue  tous les soirs. Il n’a pas assez de personnel ni de moyens.

Il observait lui aussi le cadavre mais pas exactement avec le même « œil » que Scully.

-Vous avez réussi à les identifier ?
-Oui, grâce aux empreintes dentaires.

Scully la regarda avec admiration. La jeune femme semblait avoir de la ressource et cela lui plu. Elle avait beau être très jeune et sembler fragile, elle faisait admirablement bien son travail. Scully avait infiniment plus de respect pour elle que pour nombre de pathologistes bien plus expérimentés qu’elle avait croisé dans sa carrière. De véritables monstres d’égoïsmes absolument bons à rien.

-Vous avez les dates des quatre meurtres ? Demanda Mulder soudainement.
-Oui, bien sûr. Répondit la docteur de Danvers.
-Mulder, tu penses à quoi ? Lui demanda Scully.
-A rien de particulier, juste une intuition.

Kristel Mathiece regarda dans ses dossiers et donna à Mulder les informations qu’il désirait.

- Rebecca Good, la première victime, a été retrouvée il y a un mois, Susannah Howe, la seconde, une semaine plus tard, puis Sarah Martin, 7 jours après et enfin Elizabeth Wildes, la semaine dernière.

Mulder avait le même air que lorsqu’il avait une de ses fameuses intuitions quasi paranormales. Un visage qui signifiait tout entier « Eureka ».

-Soit quatre victimes en quatre semaines et très certainement une cinquième d’ici quelques jours.
-Pour l’instant nous n’en savons rien, releva Scully.
-Fais-moi confiance, Scully, l’assassin suit un schéma bien particulier, un rituel avec un sens bien précis.
-Vous avez déterminé un point commun ? Demanda Dana à sa consœur, afin de revenir à l’affaire et ne pas s’éterniser sur les « délires » habituels de son partenaire.
-Oui, répondit une nouvelle fois la jeune femme.

Décidément, elle n’avait que des réponses positives à leur offrir. C’était suffisamment rare dans leur cas pour être souligné, et apprécié.

Mulder n’en croyait pas ses oreilles.

-C’est vrai ? Elles ont un point commun.

Le docteur Mathiece sourit, gênée.

-Oui, elles en ont même plusieurs. En plus d’être toutes les quatre âgées de moins de 30 ans, elles ont également fréquentées l’Hôpital Psychiatrique de Danvers.
-Quoi ? Demanda Scully. Vous connaissez la raison de leur séjour là-bas ?
-Non, je n’ai pas eu accès à leur dossier psychiatrique, je ne suis que le docteur qui a pratiqué leur autopsie. Et puis je suis encore jeune, je n’ai pas exactement tous les accès ici, je n’ai aucun poids.
-Nous, nous aurons accès à ces dossiers, répliqua Mulder, déterminé. Allons rendre une petite visite au directeur de cet hôpital.
-L’hôpital est fermé depuis presqu’un an, précisa la jeune femme. Mais la dernière directrice a tenue à rester sur place quelques temps pour superviser le démentellement des lieux. Elle s’appelle Rebecca Mitchell et n’est pas des plus commode, c’est le moins qu’on puisse dire.
-Elle reste seule, là-bas, alors que l’établissement n’accueille plus de patients ? Demanda Scully.
-Oui. Peut-être qu’elle aussi a perdu la boule à force !

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Chapitre 4 « Psy »







Hôpital Psychiatrique de Danvers
18h54

Scully pensa immédiatement que la charmante docteur Mathiece avait raison : La directrice Mitchell ne portait pas exactement la gentillesse sur son visage. Et puis elle paraissait « ailleurs ». Mulder pensa qu’avec un peu de chance, elle les ferait s’approcher d’avantage de la vérité, cette vérité cachée qu’il cherchait depuis tant de temps.
Rebecca Mitchell était une femme de 59 ans grande et carrée, large d’épaule et de bassin. Ses cheveux étaient blancs comme la neige et coupés très courts avec une frange encore plus courte. Ses yeux étaient bleus et pouvaient vous glacer le sang, en quelques secondes.

Elle fixait comme un serpent près à mordre les deux agents spéciaux du FBI.

-J’aurais préféré être mise au courant de vôtre visite un peu plus tôt.

La phrase sonnait assurément comme un reproche et le moins qu’on pouvait dire était que la vieille femme ne manquait pas d’aplomb.

Elle trônait sur son large fauteuil derrière son grand bureau en bois massif tandis que Mulder et Scully lui faisaient face.

Ils n’avaient pas été souvent bien accueillit dans les petites localités de l’Amérique profonde depuis qu’ils enquêtaient sur des affaires non-classées, c’était une certitude, mais là, c’était particulier, cette femme à l’allure austère les mettait vraiment mal à l’aise, même Mulder, qui pourtant, ne s’en laissait jamais compter.

Déjà que les lieux n’étaient pas particulièrement accueillants, le dire était un euphémisme, mais la directrice du complexe et son attitude ne faisaient que rajouter à l’austérité de la bâtisse.

Dès qu’ils avaient garés leur voiture, en étaient descendus et s’étaient retrouvés face au bâtiment, un grand malaise les avait envahis.

C’était un immense et massif bâtiment rouge construit en 1874 et ouvert en 1878. Son plan avait été élaboré par un célèbre défenseur de la santé mentale, le docteur Thomas Kirkbride.

Sa notoriété lui était venue notamment de plusieurs citations dans des œuvres de Howard Philip Lovecraft, « Le Modèle de Pickman » et « Le cauchemar d’Innsmouth ». Il aurait aussi servit de modèle à l’Arkham Sanatorium du « Monstre sur le seuil », qui sera plus tard l’inspiration première de l’Arkham Asylum des Comics « Batman ».

En 1895, le nombre de patients s’élevait à 400 et les méthodes de soins étaient réputées modernes et humaines. Aucune contention, aucune violence physique. Les malades s’occupaient à diverses tâches comme l’artisanat ou même la musique ; ils déjeunaient ensemble dans une grande salle des produits qu’ils avaient eux-mêmes cultivés.
Malheureusement, l’hôpital fut victime de son succès et la bienveillante atmosphère des débuts ne dura pas. Dès 1930, la population avait considérablement augmentée et passa à plusieurs milliers d’individus, comptant en son sein des enfants abandonnés, des violeurs, des assassins, des drogués, des alcooliques, des attardés, tout une faune disparate particulièrement compliquée à gérer et logeant ensemble le plus souvent, avec parfois de tragiques conséquences : agressions, suicides et morts mystérieuses.

Pour ne rien arranger, le surpeuplement s’accompagnait le plus souvent d’un manque chronique de personnel et de ressources, ce qui conduisit à divers abus et de terribles négligences. De nombreux patients sans familles ont malheureusement été complètement oubliés dans les coursives de l’hôpital avant de mourir esseulés et d’être enterrés dans des tombes anonymes.

En 1940, pour garder le contrôle des 2600 patients, le personnel s’est mis à employer des méthodes barbares telles que les électrochocs et la lobotomie. Les rumeurs les plus persistantes ont même prétendus que la lobotomie frontale a été inventé et perfectionnée dans ses mûrs.

Très souvent, les patients erraient dans les couloirs, hagards et fantomatiques, livrés à eux-mêmes, faisant les cent pas ou se recroquevillant sur eux-mêmes dans des minuscules cellules d’isolement. Nus ou vêtus de haillons, ces légions d’âme perdues trainaient sans but, les yeux dans le vague ou assis contre un mur, la tête entre les mains.
Mulder et Scully ignoraient la majeure partie de l’histoire de la bâtisse, mais dès qu’ils lui firent face, un frisson les envahi. Cette couleur rouge sang qui recouvrait tout le bâtiment, cette architecture gothique avec cette tour centrale très pointue semblant percer le ciel pour y faire entrer toutes les âmes perverties de l’Enfer. Ce lieu ressemblait à s’y méprendre à l’antichambre de la mort.

Les agents spéciaux avaient montés les marches qui menaient à la porte d’entrée et avaient suivi les flèches indiquant le bureau de la Directrice. Sans même la voir, juste à entendre sa voix lorsqu’ils toquèrent à sa porte, ils avaient compris qu’ils n’allaient pas avoir affaire à la personne la plus aimable du monde. La suite leur donna malheureusement raison.

-Désolé Docteur Mitchell, s’excusa Scully, après cette remontrance, mais nous venons juste d’être mis au courant…
-Nous avons donc décidés de venir vous voir tout de suite car nous pensions que vous pourriez nous aider, continua Mulder, sur un ton faussement déférent pour brosser l’animal sauvage dans le sens du poil, ce qui n’étaient absolument pas dans ses habitudes ni dans son caractère.

Elle sembla apprécier, ne saisissant pas le second degré, et lâcha un petit sourire. Pas le genre de rictus à exprimer le bonheur, plutôt une sorte de grimace d’autosatisfaction. Ses yeux aussi changèrent d’expression, de glacial, son regard devint brillant, une lueur qui évoquait sans nul doute les feux de l’Enfer.

-Vous semblez très…modestes pour des agents du FBI.

Sa voix était trainante comme si elle sous-pesait chacun de ses mots.

-Comment ça ? Demanda Mulder qui se faisait beaucoup plus stupide qu’il ne l’était en réalité.
-Vous venez de la grande ville, de la Capitale. Vous êtes des fonctionnaires de la police fédérale, cela vous donne un grand pouvoir. Par ailleurs, vous êtes des agents spéciaux, habilités à enquêter sur le terrain, partout. Vous avez un badge, une arme et vôtre juridiction couvre l’ensemble des Etats-Unis. Je n’ai pas souvent vu des gens comme vous.

La dernière fois c’était suite à la mort d’un de mes patients. Le FBI est venu enquêter. Ils n’ont pas été aussi courtois que vous, ils ont même été grossiers, un peu comme si ce lieu leur appartenait. Ils n’ont eu aucun égard, ni pour moi, ni pour mes patients, ni pour mon personnel…

Soudain, quelqu’un entra, l’interrompant. C’était l’homme de ménage avec sa blouse, son balai et son charriot-poubelle. Il ignorait que la directrice était en entretien. En voyant les agents spéciaux, il rougit et baissa la tête.

-Revenez plus tard Roger, Merci ; lui dit sa patronne, avant de revenir à son monologue empli de suspicion. Vous, vous êtes très différents, plus polis, plus respectueux, je devrais m’en réjouir mais je trouve que cela sonne faux. Quelque chose me dit que vous n’avez pas plus de respect pour moi ou pour cet endroit que vos collègues.

Le vieil homme d’entretien avait refermé la porte tout doucement, discrètement et la tête basse. Il était la seule personne à être resté avec le docteur Mitchell car cette dernière avait besoin d’un peu d’aide, et puis elle préférait ne pas être seule.

Scully fit la moue.

-Docteur Mitchell, nous voulons juste élucidés des meurtres qui ont eu lieu à Gallows Hill, des jeunes filles brûlées vives, et l’un des seuls point commun des quatre victimes, en plus de leur jeunesse, est qu’elles ont séjournées dans vôtre établissement.

Mulder poursuivi, avec un ton plus franc, beaucoup moins ironique.

-Tout ce que nous voulons, ce sont les dossiers de ces jeunes femmes. Aucune mauvaise intention de nôtre part.
L’ancienne directrice sourit mais cette fois parce qu’elle était contente. Les agents de la capitale avaient cessés de la manipuler et de la prendre pour un oisillon tombé du nid. Ils lui montraient enfin du respect, enfin ils étaient francs.
-Je vous ai peut-être mal jugé après tout. Vous êtes un peu mieux que vos prédécesseurs, parce que vous agissez plus respectueusement, plus honnêtement aussi. Je vais vous donner ces dossiers, même si rien ne m’y oblige, je reste couverte par le secret médical quoi qu’il arrive.

Mulder et Scully se détendirent. Le passionné de paranormal transmis la liste des victimes à la vieille femme acariâtre. Elle observa le petit papier plusieurs secondes.

-Je vois.

Elle se leva difficilement et se dirigea vers la grande armoire à casiers en métal, à l’autre bout de son bureau. Les dossiers étaient rangés par ordre alphabétique. Calmement, elle sortit les quatre feuillets, un à un et les posa l’un sur l’autre. Elle se tourna et se dirigea vers les agents avec les dossiers. Elle les tendit à Scully.

-Merci Docteur Mitchell.


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Message  Humbug Dim 30 Avr 2017 - 5:06



Chapitre 5 « Secrets »







19h32

Scully et Mulder descendirent les marches de l’Hôpital Psychiatrique tout en débriefant leur visite dans ce lieu pour le moins insolite de Nouvelle-Angleterre.

-Je ne sais pas pour toi, Scully, mais je n’étais pas très à l’aise là-dedans.
Sa partenaire au carré roux acquiesça.
-Le Docteur Mitchell m’a même un peu fait pensée à l’infirmière en chef de « Vol au-dessus d’un nid de coucou ».
-Je ne sais pas trop ce que cet endroit cache comme secret mais j’ai un très mauvais pressentiment.
-A quel niveau ?
-Je suis sûr que cet établissement a un rapport très étroit avec le culte qui s’est développé dans cette ville. Tout part d’ici, c’est certain.
-Mulder, tu dis ça juste parce que le seul point commun des quatre victimes, c’est un séjour dans cet hôpital ?!
-Pas seulement. C’est autre chose. Tu connais les histoires qui courent sur cet endroit ?
-Quelques unes.
-Et pourtant il y en a eu des dizaines, toutes plus horribles et terrifiantes les unes que les autres.
-J’imagine que tu vas me parler de sa réputation d’Hôpital le plus hanté d’Amérique ? Des cris, des rires hystériques et des pas feutrés entendus par les malades et le personnel soignant à la nuit tombée ?

Mulder se réjouit.

-Je vois que tu connais un peu la réputation des lieux, Scully.
-Quand tu es étudiant en médecine, tu entends forcément parler de ce genre d’endroit, tous les lieux où il ne faut surtout pas être muté !
-Et tu as entendu l’histoire de la petite fille d’un des administrateurs de l’hôpital, qui a vécu toute son enfance dans l’enceinte de l’établissement ?
-Non, mais je sens que tu vas corriger cette ignorance.
-C’était dans les années 60. Durant tout le temps qu’elle a vécue ici, elle entendait résonner des bruits des pas au deuxième étage de son logement alors que personne d’autre n’y vivait. Les portes s’ouvraient et se fermaient toutes seules, les lumières aussi, qui s’allumaient et s’éteignaient d’elles-mêmes. Un jour, alors qu’elle jouait avec ses frères et sœurs au grenier, le spectre d’une vieille femme a fondu sur eux.
-Sans doute le fantôme de Rebecca Nurse ! Se moqua Scully.
-Je ne plaisante pas Scully ! Cet endroit est bel et bien hanté, et il se situe comme par hasard à quelques kilomètres d’un lieu où l’on pratique des rites de magie noire et de sorcellerie, ainsi que des sacrifices humains.
-La seule personne à hanter cet endroit, si il est aussi hanté que tu le prétends, c’est certainement le docteur Mitchell.
-C’est vrai qu’elle fait peur. Mais cet endroit cache encore bien d’autres secrets, j’en suis sûr ! Quelqu’un sélectionne ici les sacrifiées d’après leur dossier. J’ai commencé à regarder un peu là-dedans pendant qu’on descendait l’escalier et j’ai remarqué qu’elles n’ont aucune famille. Soit ce sont des fugueuses qui ont complètement abandonné leur cocon familiale, soit leurs proches sont tous morts, ce qui a grandement empiré leur état mental dans la plupart des cas.
-Et ce serait qui d’après toi ?
-Le Docteur Mitchell, pourquoi pas ?
-Le fait qu’elle ait l’air aigri et repoussante ne fait pas d’elle une sorcière ni même une meurtrière !
-Je sais Scully. Mais en tant qu’administratrice du site, elle a accès à tous les dossiers de victimes potentiels et elle peut expliquer leur disparition par une fugue ou un enlèvement. Le bâtiment est désert, c’est devenu un hôpital fantôme. Il est fermé depuis bientôt un an et elle est toujours là, tu ne trouves pas ça bizarre ? Je ne trouverais pas ça si farfelu si on me disait que la directrice invoquait les esprits, participait à des messes noires avec plusieurs complices et sacrifiait des jeunes femmes afin d’apaiser les puissances du mal et pour redonner sa gloire d’antan à ce bâtiment.
-De toute façon, il n’y a pas grand-chose que tu trouves farfelu ! Déplora-t-elle en le regardant droit dans les yeux. Joli récit Mulder, mais complètement dénué de sens. Je vois mal cette vieille femme en prêtresse de Satan, sacrifier des anciennes patientes et les brûler vives au sommet d’une colline.
-Le désappointement peut pousser à tout Scully. Et quand je vois cet endroit, le mot qui me vient tout de suite à l’esprit c’est « désespoir ».
-Pas au point de tuer quatre jeunes femmes ! Lui opposa sa partenaire.
-Et bientôt cinq !
-Tu penses sérieusement que nous aurons une autre victime ?
-Si c’est une commémoration de la première pendaison des sorcières de Salem, il devrait y avoir cinq sacrifiées comme il y a eu cinq pendues à Gallows Hill, exécutées en même temps que Rebecca Nurse.
-Et bien entendu la cinquième victime aura séjourné ici, à l’hôpital de Danvers.
-C’est tout ce qu’il y a de plus logique Scully. Il y aura une cinquième sacrifiée afin de pouvoir former un pentagramme.
-Un pentagramme ? De mieux en mieux, Mulder. Personnellement, je trouve qu’il est suffisamment tard comme ça, je suis exténuée et je n’ai qu’une seule envie, aller dans ma chambre, au motel, et me prendre un bon bain.
-Comme tu veux Scully. Tout ce que j’espère, c’est que le cinquième meurtre n’aura pas lieu cette nuit.
-Je te pari tout ce que tu veux que non, Mulder ! Pas cette nuit.




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Message  Humbug Dim 30 Avr 2017 - 5:08



Chapitre 6 « Sabbat »






Gallows Hill – Danvers - Massachusetts
23h27

Le brouillard était aussi épais que la nuit où la police était venue arrêter Rebecca Nurse, sur la colline du gibet.
Un feu brûlait entre le grand maitre de cérémonie et ses disciples.

Ils étaient une dizaine encapuchonnés de noirs, tête basse en signe de déférence envers leur seigneur et maitre. Ils portaient tous dans la main gauche une bougie aussi sombre que leur tenue.

Face à eux se dressait le grand prêtre du culte satanique. Il portait une grande tunique noire et un masque de bouc. Il avait un pentacle en argent autour du cou. Sa voix était caverneuse, modifiée par le masque.

Le groupe semblait célébrer une messe noire.

-A toi, nôtre grand seigneur des ténèbres, nous avons déjà sacrifié quatre âmes perdues. Nous t’avons offert leur corps et leur esprit. Pour ta grandeur et ton salut, nous allons très bientôt sacrifier une cinquième jeune femme, symbole de pureté. Toi qui es violence, vanité, peur et agression, accepte cette offrande car nous attendons tous ta seconde venue. Règne sur la Terre et les Ténèbres. Et prends possession des cieux pour l’éternité. Condamne leur âme à la damnation. Deviens le puissant seigneur des mondes toi qui règne déjà sur les enfers.
Le grand prêtre leva alors les bras. Le groupe psalmodia et répéta en cœur, d’une voix monocorde.

-Gloire à toi, nôtre seigneur, Satan.
-La nuit des sorcières verra ta gloire, ton heure tant attendue. Ce sera le jour de ton avènement.
-Gloire à toi, nôtre seigneur, Satan.
-Le sang des femmes te nourrira !
-Gloire à toi, nôtre seigneur, Satan.

Le groupe se fit alors passer une coupe en argent remplie de sang humain et tous en burent chacun une gorgée.

-C’est le sang de la pureté que nous consommons ce soir. C’est le sang de ta régénération.
-Gloire à toi, nôtre seigneur, Satan.
-Nous sommes tous tes enfants et nous renions la croix et le baptême.
-Gloire à toi, nôtre seigneur, Satan.
-Nous t’invoquons et te prions. Ta magie est la plus grande. Elle est reine des mondes.
-Gloire à toi, nôtre seigneur, Satan.
-Ton pouvoir verra nôtre libération !
-Gloire à toi nôtre seigneur, Satan.
-Communions maintenant avec ta noire puissance !

Juste après cette phrase, les disciples se firent passer une autre coupe, mais celle-là remplit d’un puissant hallucinogène diluée dans un peu d’eau.

Comme pour le sang de la dernière victime, ils en burent chacun une gorgée, à tour de rôle.

Soudain, le breuvage fit son effet et ils eurent tous des visions, sauf le grand prêtre qui lui, n’avait rien bu.
Ils eurent des hallucinations visuelles et auditives où se mêlèrent des créatures démoniaques, du feu, des hurlements de jeunes filles, des chevaux, des pendaisons de femmes de tous âges, des noyades et beaucoup d’autres images toutes plus sombres et glauques les unes que les autres.

Très vite, la plupart d’entre eux eurent des visions de ce qui semblait provenir de leur passé récent, des images orgiaques.

Une jeune femme était nue et allongée sur un autel. Le grand prêtre au masque de bouc lui déversait du sang humain sur tout le corps et dans la bouche. La victime ne réagissait pas, ne protestait pas, elle avait vraisemblablement été droguée.

Avec une grande dague au manche en forme de serpent, il lui entailla la poitrine de manière à dessiner un pentagramme, puis plusieurs de ses disciples l’aidèrent à se lever et l’attachèrent à un poteau.
Tous équipés d’une torche enflammée, ils se placèrent en cercle autour du bûcher funéraire et l’allumèrent en même temps. Les flammes s’élevèrent et se rapprochèrent de l’infortunée victime sacrificielle, Elizabeth Wildes.
Plus le feu s’approchait d’elle et plus les effets de la drogue semblaient s’estomper.

Les disciples admiraient le spectacle, ainsi que leur grand maitre, éclairés par les flammes qui allaient consumer la jeune captive.

Soudain, Betty Wildes reprit ses esprits et découvrit le feu qui l’entourait. Elle tourna la tête de part et d’autre et cru qu’elle était en plein cauchemar. Elle se tortilla comme un serpent pour tenter de se libérer mais les liens de chanvre étaient beaucoup trop serrés.

Elle hurla.

Elle se voyait bruler vive et mourir dans d’atroces souffrances, elle se sentait se consumer lentement.

Elle avait conscience de son état et de sa destinée.

Ce n’était pas un cauchemar, c’était la réalité de cette messe noire et de ce sacrifice.

Quelques jours plus tard, les disciples, tous plongés dans des hallucinations parfaitement réalistes, revivaient ce moment ignoble mais qui demeurait pour eux, un instant de douce délectation.






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Message  Humbug Dim 30 Avr 2017 - 5:18



Chapitre 7 « Communauté »








Mardi 28 Avril 1993 - 8h52


-J’avais raison Mulder !

L’agent speciale Dana Scully n’avait pas dit cette phrase à son partenaire sur un ton de satisfaction car il n’y avait là aucune raison de l’employer.

Bien qu’elle ait une certaine habitude de l’horreur à cause de sa formation scientifique et médicale, son esprit catholique mais aussi cartésien n’arriverait jamais à s’y faire. Pourtant là, comme elle l’avait prédit, il n’y avait eu aucune victime à déplorer.

Ils étaient sur la colline du gibet tous les deux, elle et son partenaire ainsi que plusieurs policiers, dont le Shérif, et la jeune docteur Kristel Mathiece. Ils étaient également en cercle autour du foyer, tout comme les disciples du grand prêtre satanique la veille au soir et regardaient les cendres avec attention.

-Ca devait être une ultime répétition pour le sabbat du cinquième sacrifice !
-Vous pensez à une messe noire ? Demanda le shérif Keaton à Fox Mulder.

L’homme entamait à peine la trentaine, il était très grand et dégingandé, avec de petites lunettes rondes et une bouche toute petite. Le pistolet qu’il portait à la ceinture semblait bien trop grand pour lui, comme si c’était un enfant qui portait une vraie arme au lieu de son jouet habituel.

Le docteur Mathiece le regarda puis détourna les yeux pour fixer à nouveau les cendres. Elle était seule à être accroupie, les autres étaient debout.

-Oui, répondit l’agent, la présence de cendres et l’absence de cadavre montre que cette nuit a eu lieu une sorte de répétition générale.

-Tu te crois au théâtre Mulder ?

Une fois de plus Scully était sceptique. Kristel Mathiece vint au secours de l’agent spécial.

-Je pense qu’il a raison. Avant la découverte de chaque victime, on a retrouvé un feu comme celui-là, mais pas de corps. Une fois, il y avait même une coupe en argent avec de l’ergo de seigle.
-De l’ergo de seigle ? Interrogea Mulder.
-C’est une drogue Mulder ! Répliqua Scully.
-Claviceps Purpurea, enchaina Kristel Mathiece. C’est un champignon parasite du seigle et d’autres céréales qui contient des alcaloïdes comme l’acide lysergique, dont est dérivé le LSD.
-D’ailleurs certains historiens pensent que c’est en fait l’ergotisme qui serait responsables des agissements des gamines qui se sont prétendu envoutées en 1692, précisa le Shérif Keaton.

Scully et Mulder apprécièrent cette précision mais le docteur Mathiece détourna la tête, visiblement gênée.

-Un groupe occulte se réuni donc ici pour se droguer au LSD en pratiquant des rites néo-païens et pour sacrifier des jeunes femmes sur un buché ! Résuma Scully. Mais dans quel but ?
-Ca c’est ce qu’il nous faudra découvrir ! Répliqua Mulder.
-Moi ce qui me choc le plus c’est que les malades qui se prêtent à ce genre de cérémonies sataniques sont tous de ma communauté ! S’énerva le Shérif.

Une fois de plus Kristel Mathiece fut gênée par sa prise de parole, mais cette fois, Scully remarqua sa réaction.

-Vous avez des suspects ? Lui demanda Mulder.
-A la fois tout le monde et personne. Tant qu’on n’a pas de mobile sérieux, c’est compliqué de savoir où chercher.
-Il y a bien des gens qui ont un comportement bizarre dans le coin, des personnes soupçonnées de sorcellerie ? Tenta Scully.

Cette fois, ce fut au tour du Shérif d’être gêné.

-Agent Scully, après ce qu’il s’est passé il y a 300 ans et les dérives de telles accusations et de tels soupçons, ont a besoin d’un peu plus que de simples pressentiments pour embêter quelqu’un dans le coin, vous savez ?!

Le docteur du FBI compris tout à fait, Mulder aussi. Ils repensèrent tous les deux à toutes ces personnes qu’on avait exécutés sommairement sur la simple foi de divagations plus ou moins orientées, d’une paranoïa manifeste et d’un climat social et religieux propice à ce genre de dérives.

-Alors comment faire pour que l’enquête progresse ? S’insurgea Scully.

Mulder acquiesça.

-Ma coéquipière à raison. On ne peut pas laisser un tel culte prospérer et tuer des jeunes femmes impunément sous prétexte qu’ici on a pendu bien plus d’innocents qu’ailleurs.
-Je comprends, agent Mulder mais…

Kristel Mathiece interrompit le Shérif.

-Il a raison Shérif ! On doit arrêter ces fous !

Le Shérif Keaton acquiesça à son tour. Mais il était perdu.

-Je vous rappelle qu’on ne connait pas le mobile de ces agissements et que sans mobile, on ne peut pas savoir qui se cache derrière ces messes noires et ces sacrifices.
-Alors on doit procéder à l’envers pour une fois ! proposa Mulder.
-Comment ça ? Voulu savoir la jeune docteur locale.
-En épluchant l’histoire de la population de Danvers, autrefois Salem Village, on devrait trouver la personne qui a le plus à gagner à tous ces sacrifices.
-On ne va pas passer toute la population de la ville au crible ? S’indigna Scully.
-Si ! Et tous leurs ancêtres aussi ! Corrigea Mulder avec un petit sourire. C’est la seule solution.

Scully s’imagina la somme de travail rébarbatif et sans aucune garantie de succès que cela représentait et eu du mal à retrouver son souffle.

-Mulder…

Elle savait que ses protestations étaient peines perdues, que son partenaire ne changerait pas d’avis, il était bien trop têtu pour ça.

Mathiece et Keaton, eux, étaient admiratifs.

-Vous savez où se trouve les archives de la ville ? Leur demanda l’agent spécial.
-Oui elles sont à l’Hôtel de vi…Répondit la jeune docteur.
-Attendez, l’interrompit le Shérif. Si vous voulez aussi remonter au temps de la chasse aux sorcières, le mieux c’est que vous alliez voir le Révérend Alden, à l’église. Ses archives remontent plus loin et sont plus précises. A l’époque, les citoyens avaient une confiance totale en leur révérend, bien plus que dans ces représentants de l’état qu’ils ne connaissaient pas et qui ne les connaissaient pas non plus.
-Merci Shérif, lui dit Mulder, on va aller voir ce révérend Alden tout de suite.
-Pas si vite, agent Mulder. Il n’est pas là aujourd’hui, il est en déplacement, il ne sera là que demain. Il doit arriver un peu après le déjeuner.
-Très bien, alors on ira le voir demain après-midi !

Mulder était heureux car l’affaire allait peut-être enfin pouvoir avancer. Scully, elle, n’était pas très pressé de voir cet homme d’église. Elle était très croyante et élevée dans la foi catholique, mais elle s’en était éloigné avec les années, tout simplement parce qu’elle n’y trouvait plus son compte dans sa vie de femme, de scientifique et d’agent spéciale du FBI.



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Chapitre 8 « Le Révérend »







Downtown Danvers - Massachussetts
Mercredi 29 Avril 1993 - 15h24

L’homme d’église était exactement comme Mulder l’avait imaginé, petit avec la chevelure argentée. On pouvait deviner un petit ventre proéminent sous sa soutane, un léger embonpoint dû d’avantage aux années qu’aux excès.

-Révérend Alden ?
-Oui ?

Le vieil homme se posait mille questions.

-Nous sommes les agents Scully et Mulder du FBI.

Ils lui présentèrent tous les deux leur badge officiel pour bien lui montrer qu’il n’y avait là aucune arnaque et qu’ils étaient bien qui ils prétendaient être. Mais cela ne le rassura pas pour autant.

-En quoi puis-je vous aider ?
-Nous enquêtons sur les cas de sacrifices humains qui ont eu lieu à Gallows Hill, précisa Scully.
D’inquiète, la mine du révérend devint profondément émue.
-Oui. J’ai entendu parler de ça. C’est vraiment horrible.
-Pourtant c’est le genre de supplices que faisaient subir vos congénères à toutes les personnes accusées d’hérésie ou de sorcellerie, non ?

Mulder avait décidé de jouer la provocation avec le représentant du Seigneur. Il n’y allait pas exactement avec la même approche respectueuse que celle qu’il avait employée avec l’acariâtre Docteur Mitchell.

-C’était un autre temps, agent Mulder. Un proverbe prétend que le pouvoir corrompt et que le pouvoir absolu corrompt absolument. A cette époque, mes prédécesseurs, les aumôniers de Salem Village avaient un pouvoir absolu sur leur congrégation à cause de la foi puritaine. Mais ils se sont grandement et dangereusement éloignés de la voie du Seigneur et de ses paroles divines pour mieux en tirer profit. Et les dérives mortelles que tout cela a entrainé a causé de nombreux questionnements parmi les concitoyens et beaucoup se sont détournés de la foi, précisément à cause de leur abus de pouvoir dans cette affaire de chasse aux sorcières. Mais c’est arrivé aussi à des hommes politiques et beaucoup plus récemment, dans un tout autre genre de persécutions.
-Vous pensez au Sénateur Joseph McCarthy, révérend ? Lui demanda Mulder.
-Absolument. Même si vous ne semblez pas beaucoup respecter la foi, je tenais à vous préciser que les hommes de pouvoir pour lesquels vous travaillez sont aussi enclins à la paranoïa la plus vile parfois et usent de méthodes qui n’ont rien à envier aux prêtres de l’inquisition.
-Même si je n’approuve en rien l’action et les méthodes du Sénateur, je vous signal qu’il n’a jamais brûlé qui que ce soit !
-Il a poussé la population à la dénonciation calomnieuse, il a ruiné des vies, emprisonné des innocents et il a profité de la paranoïa ambiante pour satisfaire son égo et son comportement hystérique.
-Exactement comme vos prédécesseurs…

Scully sentait que le ton montait.

-Mulder, arrêtes s’il te plait.

Puis elle se retourna vers l’homme d’église. Le fait qu’elle s’était éloigné de la foi avec les années ne l’empêchait pas d’avoir reçu une éducation religieuse et ce qu’elle voyait, ce prêtre malmené sans raison par son partenaire, ne lui plaisait gère.

-Révérend, excusez-le mais toute la population à peur d’un nouveau sacrifice et nous voulons absolument résoudre cette affaire au plus vite. Il faut que nous trouvions qui s’est rendu coupable de ces actes horribles.
Le pasteur se calma instantanément, comme s’il possédait en lui un bouton qu’il avait pu mettre en position « off ».
-Mais bien sûr, je vous aiderais du mieux que je peux.

Mulder faisait profil bas. Lui aussi avait mis ses provocations en veilleuse.

-Merci, mon père, lui répondit Scully.

Le vieil homme affichait à présent un petit sourire. L’incident et les coups bas de Mulder semblaient presque déjà de lointains souvenirs alors qu’ils venaient juste d’avoir lieu.

-Entrez, je vous en prie, leur dit le révérend.

Il ouvrit la porte en grand et ils s’exécutèrent. C’était un petit logement situé juste derrière l’église du village. C’était le Shérif Keaton qui leur avait donné l’adresse.

Ils remarquèrent que l’homme vivait chichement, dans un appartement des plus spartiate.

-Que vous faut-il comme renseignement au juste ?
-Il y a un culte satanique dans cette ville, l’informa Mulder sans le moindre ménagement mais sans user du ton provocateur dont il avait l’habitude et qu’il avait employé dès sa rencontre avec le pasteur.
-Oh mon Dieu ! S’exclama l’homme d’église. Ici ? Mais, comment est-ce possible ?
-L’ironie de la vie sans doute, dit Mulder.
-Ou peut-être une vengeance ancestrale, proposa quant-à elle Scully. On sait aujourd’hui que la majorité des accusations dans les procès des sorcières reposaient en fait sur des rivalités entre familles de villageois.
-Vous savez qui aurait une raison valable de tuer des jeunes femmes ayant toutes un passé psychiatrique en les brulant vives sur un buché selon un rituel sacrificiel satanique ? Lui demanda l’agent spécial.

Le révérend était déboussolé.

-Non je…Ca pourrait être n’importe qui. Tout le monde à un ancêtre impliqué dans cette affaire ici, dans un camp ou dans l’autre.
-Mais le village n’est pas très grand, lui opposa Scully. Il faut que ce soit quelqu’un dont la famille a eu un rôle particulièrement important dans l’affaire.
-Vous oubliez que cette histoire s’est très vite répandue au-delà des limites du village. A Andover, Salisbury, Haverhill, Rowley, Woburn et meme Boston.
-Non révérend, lui répondit Mulder sur un ton calme et avec un regard très intense. C’est forcément quelqu’un d’ici, de ce village, quelqu’un dont la famille a toujours vécu ici.
-Et quel serait son mobile ? Vous parlez de vengeance, mais comment ça ?
-Peut-être qu’au moins un membre de sa famille a été accusé de sorcellerie en 1692 et pendu à Gallows Hill. Aujourd’hui, cette personne veut se venger en donnant à la communauté exactement ce dont l’un de ses ancêtres à été accusé, des rites de magie noire et des envoutements.
-Agent Scully…Mais qu’est ce que vous attendez de moi au juste ?

Mulder répondit à la place de sa coéquipière.

-La liste de tous les villageois de Salem impliqués dans l’affaire en 1692, ainsi que celle de tous ceux qui sont de leur famille et qui habitent toujours ici aujourd’hui, pour que nous puissions trouver une corrélation.
-Mais c’est un travail de titan qui vous attend ! Protesta le petit homme.
-Je suis du genre opiniâtre, répliqua Mulder avec un sourire de satisfaction.
-Bien, comme vous voulez, je vais vous donner tout ce que j’ai, notamment les certificats de baptême et les actes de décès nécessaires aux enterrements de chaque défunt.
-Merci mon père, lui dit Scully, reconnaissante.




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Message  Humbug Dim 30 Avr 2017 - 5:50



Chapitre 9 « Généalogie »









Knights Inn – Danvers –Massachussetts
Jeudi 30 Avril 1993 – 21h19

Les deux agents spéciaux du FBI étaient enfermés dans la chambre de Fox Mulder au Motel « Knights Inn » depuis la veille et croulait littéralement sous les feuillets. Mulder en avait l’habitude car son bureau du Hoover Building était exactement dans le même état, mais Scully, elle, était une personne très organisée et ce bazar lui donnait le vertige.
Ils s’étaient nourris de pizzas qu’ils s’étaient fait livrés et les cartons étaient restés là, sur le lit ou sur le bureau, posés nonchalamment avec à l’intérieur les morceaux de croute dont ils n’avaient pas voulu.

Leurs yeux étaient rougit et cernés par la fatigue extrême. Mulder était assis sur son grand lit et Scully faisait les cent pas. Tous les deux avaient les yeux plongés dans les nombreuses pages que leur avait fournis le révérend Alden.

Soudain Mulder souffla et posa la page qu’il était entrain de décortiquer.

-Je crois que je suis entrain de regretter cette approche particulièrement besogneuse du boulot d’enquêteur, Scully.
La petite rousse sourit.
-C’est pourtant toi qui a dit au pasteur que tu étais quelqu’un d’opiniâtre.
-Je crois que parfois, je ferais mieux de retenir mes ardeurs et surtout me montrer un peu plus modeste face à l’obstacle.
-Si cette affaire, aussi difficile soit-elle, permet enfin de te rendre un peu plus normal, ce sera toujours ça de gagner.
-On perd nôtre temps.

Scully fut choquée.

-Oh non, Mulder, pas toi ! Tu baisses déjà les bras ?
-Regardes tout ça Scully, lui répondit-il en montrant tous les papiers éparpillés autour de lui. On n’arrivera jamais au bout.
-Le docteur Mathiece et le Shérif Keaton n’auraient jamais lâché, eux.
-Pourquoi tu parles d’eux, tout à coup ?
-Parce qu’ils forment un très joli couple et que je trouve ça touchant dans cette petite ville et dans cette ambiance qui ne se prête pas vraiment à l’amour. J’aime bien les gens qui tentent de vivre leurs sentiments malgré l’atmosphère lourde et pesante.
-D’où tu sors ça, qu’ils sont ensemble ?
-Mulder ça crève les yeux !

Il souffla.

-En tout cas, ce qui ne crève pas les yeux, ce sont les réponses dans cette affaire !
Il tourna la tête et balaya la pièce du regard, pour se sortir un peu de la lecture rébarbative de toutes les pièces officielles et pour changer un peu de méthode.

Soudain, ses yeux tombèrent sur une éphéméride indiquant la date du jour. Chaque matin, la femme de ménage arrachait la page de la veille pour que l’occupant sache exactement le jour en cours et les saints qui y étaient rattachés. C’était une femme très pieuse et c’était devenu une habitude chez elle.

Mulder remarqua quel jour ils étaient.

-Le 30 Avril ! S’exclama-t-il.

Il se mit à réfléchir et son esprit tourna à 100 à l’heure, sans arrêt. Il dodelinait de la tête en essayant de fixer des points précis des murs de la pièce.

Soudain, il sourit et se tourna vers sa partenaire.

-Qu’est-ce que ça t’évoques, Scully ?
-Quoi, Mulder, que nous soyons le 30 Avril ?

Il acquiesça.

-C’est la Saint Robert. Je le sais car mon oncle préféré s’appelle Robert. C’était le mouton noir de la famille. Quand j’ai décidé de rentrer au FBI et que mon père eu du mal à comprendre ma décision, on est devenu plus proche lui et moi.
-Pas ça Scully. Même si je dois avouer que ça me fait rire de penser que toi, Miss Droiture, tu puisses être proche à ce point-là d’une brebis galeuse !
-Je suis bien proche de toi Mulder. Mais à part la Saint Robert, je ne sais pas. L’investiture de George Washington ?

L’achat de la Louisiane par les Etats-Unis à la France ? La mort d’Adolf Hitler ? La démission de quatre haut-fonctionnaires à cause du Watergate ?

Mulder était très étonné que sa partenaire connaisse autant d’événements historiques s’étant déroulé un 30 Avril mais cela n’avait absolument rien à voir avec les faits sur lesquels ils enquêtaient. Il secoua désespérément la tête.

-C’est en rapport avec nôtre affaire. Je comprends que tu sois fatigué vu l’heure, mais quand même.
-Désolé je ne vois pas.

Elle haussa brièvement les épaules.

-Ce soir c’est la nuit de Walpurgis !
-Et c’est censé me dire quelque chose ?
-Mais Scully, c’est la nuit des Sorcières !
-Alors c’est pour ça que ça ne me dis rien. Mulder, les sorcières ça n’existe pas !
-Qu’on croit ou non à la sorcellerie véritable n’a rien à voir avec le fait que dans la nuit du 30 avril au 1er mai, on fête la Saint Walburge depuis des centaines d’années et dans beaucoup de pays.
-Je connais ce rite néo-païen, mais je ne me rappelais plus qu’il avait lieu le 30 Avril. D’après ce que je me rappelle, cette nuit-là, on fait de grands feux, un peu comme à la Saint Jean, dans de nombreux pays comme l’Allemagne, la France ou la Suède. De grands buchés sont allumés sur des collines et on fête l’arrivée du printemps. Mais ça n’a rien à voir avec la sorcellerie.
-De grands buchés sur des collines, ca ne te rappelle rien ? C’est exactement ce qui se passe ici. Sauf qu’à Danvers, ce n’est pas une simple fête où l’on célèbre la fécondité et le printemps comme dans tous ces pays, on sacrifie des âmes pures pour invoquer le Diable.
-C’est l’église qui a tout fait pour discréditer cette soirée et ce rite ancestral en transformant ces divinités de la nature en diable et surtout en sorcières, de là est né le caractère sulfureux de cette fête. De plus, plusieurs écrivains ont relayés cet aspect néfaste, magique et satanique, comme Goethe dans « Faust », Gustave Meyrinck ou Bram Stoker.
-Sauf que cette soirée correspond aussi à l’un des principaux sabbats des sorcières, une date très importante dans la « roue de l’année ». Et puis je crois que je sais aussi qui pourrait être le grand maitre de cérémonie qui organise tous ces sacrifices.
Il se mit à farfouiller dans les papiers que lui avait donnés le révérend Alden, frénétiquement.
-Mulder, c’est une plaisanterie ?
-Non Scully ! Il faut qu’on aille sur place, je te dirais tout dans la voiture.
-Mais qu’on aille où ça ?
-A Gallows Hill ! Tu n’as rien écouté de ce que je viens de te dire ? Ils vont sacrifier une cinquième jeune fille ce soir, à minuit, pour fêter la Nuit de Walpurgis comme les sorciers et les sorcières le font depuis des siècles ! C’est une invocation à leur maitre Satan. La cinquième fille représente la cinquième branche du pentagramme. Et c’est aussi une sorte d’hommage aux cinq premières victimes pendues suite aux procès des sorcières de Salem. Une commémoration.
-Mulder, tu n’es pas sérieux ? Et tout ça t’es venu comme ça, en regardant un éphéméride.
-C’est sans doute un signe divin, Scully, si ça peut te faire plaisir. Appelles le shérif Keaton et dis-lui d’envoyer tous ses renforts disponibles à Gallows Hill.



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Message  Humbug Dim 30 Avr 2017 - 5:51



Chapitre 10 « Beltain »






Nuit de Walpurgis –Route de Gallows Hill
22h57

Mulder et Scully s’étaient précipités dans leur Ford Sierra bleu nuit et comme très souvent, c’était Mulder qui conduisait. Peut-être un peu par machisme, il pensait mieux maitriser le véhicule à grande vitesse, de nuit et dans le brouillard, que sa partenaire, qui pourtant, était une excellente conductrice.

L’agent spécial était très concentré sur la route, car plusieurs vies en dépendaient, la leur et celle d’une jeune femme très certainement choisie par une secte sataniste.

Tandis que les phares jaunes de la voiture éclairaient le macadam sombre et qu’ils étaient entourés d’arbres aussi verts que géants, Scully se tourna tout à coup vers son partenaire.

-Mulder, tu comptes me dire ce qu’il en est, j’espère ?

La scientifique était frustrée, comme souvent avec son coéquipier. Ce dernier, lui répondit après quelques secondes, sans quitter la route du regard.

-C’est un sabbat Scully !
-Un sabbat ?
-Oui une fête spéciale pour les sorcières.
-Je sais ce qu’est un sabbat Mulder ! Il y a tout un tas de fantasmes à propos de ce genre de fêtes.
-Au moyen-âge, certaines autorités religieuses chrétiennes ont même tentés de rapprocher ce mot du Shabbat, qui est le jour de repos des juifs, en le rebaptisant « synagogue des sorcières » alors que les deux mots n’ont rien à voir.
-On a dit aussi que les sabbats donnaient lieu à des banquets, avec danse et musique, des messes noires mais aussi des orgies et des sacrifices.
-C’est bien pour ça que je pense qu’ici il s’agit bel et bien d’un sabbat.
-Mais qu’est ce qui te rend si sûr de toi ?
-La date Scully !
-La date ? Mulder, tu pourrais cesser de parler par énigmes, ça m’arrangerais.
-Nous sommes le 30 avril.
-Oui je sais, tu me l’as déjà dit ! La nuit de Walpurgis, la nuit des sorcières !
-Et c’est aussi Beltain, l’une des huit fêtes magiques de la roue de l’année.
-Tu connais les dates de tous les sabbats sorciers de l’année ?
-Oui, et leur nom aussi ! Pourquoi pas toi ? Répondit-il avec son sarcasme habituel.
-Désolé, j’ai autre chose à faire.
-Dommage, ça aurait pu enrichir ta culture personnelle. Pour ta gouverne, il y a quatre sabbats majeurs, les deux solstices et les deux équinoxes, ainsi que quatre sabbats mineurs qui correspondent à des fêtes du calendrier chrétien, nouvelles formes de fêtes païennes célébrées jadis. Les sabbats sont souvent célébrés la veille de ces fêtes.
-Tu m’en diras tant.
De curieuse, elle était devenue moqueuse, car elle savait à présent pourquoi la secte allait à nouveau sacrifier une jeune femme ce soir, mais pourtant, Mulder continuait d’étaler sa science en rites magiques.
-L’année débute et s’achève le 31 octobre, le jour de Samhain, qui, comme tu le sais, est populairement appelé Halloween.
-Oui, ça je le sais, Mulder, merci.
-Après Samhain, il y a Yule, Imbolc, Ostara, Beltain, Litha, Lughnasadh et Mabon. Mais Beltain est l’une des fêtes les plus importante pour les wiccas et les néo-païens, parce qu’elle représente ni plus ni moins que la célébration de l’amour.
-L’amour ? Mulder c’est une blague, cette secte tue des jeunes femmes innocentes en les brulant vives !
-Je te parle juste de la symbolique de cette fête pour les religions liées à la terre et aux éléments de la nature. Mais les sorciers et les adorateurs de Satan ont perverti cette fête en inversant sa symbolique et en la transformant en fête de la mort.
-Ce sont vraiment des malades.

Elle avait beaucoup de mal à garder son calme.

-Et pour l’identité du responsable de tout ça ?
-Ca, tu le sauras très bientôt Scully.
-Et tu penses que cette secte opère depuis longtemps ?
-Je pense, comme tu le sais, que la personne qui est responsable de tout ça est née ici et que son histoire est intimement liée au procès des sorcières de Salem. Tout cela à causé beaucoup de ressentiment et une haine incommensurable. Et petit à petit, cette inconnu à fomenté sa vengeance, en rassemblant tout ce que la ville comptait de paumés, de déviants et peut-être même des aliénés de l’hôpital psychiatrique.
-Tu n’as pas changé d’avis, tu penses toujours que le grand maitre de cérémonie de cette sombre bande de tueurs sans scrupules est la vieille Rebecca Mitchell ?
-Je n’ai jamais dit ça, Scully. Je n’ai jamais dit ça.
-Je vais finir par devenir dingue avec toutes tes cachoteries et c’est moi qui vais finir à l’hôpital psychiatrique de Danvers ; à cause de toi.
-Je te rappelle bien gentiment qu’il est fermé.
-Et son ex-directrice continue de hanter les lieux.
-Pourtant elle n’est pas seule…
-Si tu parles des soi-disant fantômes, ça ne compte pas.
-Mais non Scully. Mais, maintenant que tu le dis, c’est clair, c’est pour ça que cette personne est insoupçonnable, parce que c’est un fantôme.
-Où t’arrêteras-tu ? Maintenant c’est un fantôme qui dirige une secte satanique ?! Tu n’as vraiment pas peur du ridicule, je crois que j’aime bien ça chez toi, finalement, ce côté jusqu’au-boutiste.

Mulder sourit.

-Ce n’est pas un fantôme au sens strict du terme, en tout cas tel qu’on l’entend habituellement. Pourtant je t’assure que c’est bel et bien un fantôme qui dirige cette secte. Et c’est de loin, la meilleure des couvertures.
Scully était toujours aussi perdue, elle qui pourtant était d’une intelligence hors du commun. Mulder était bien la seule personne sur terre qui pouvait lui en apprendre autant et la désarçonner avec autant de facilité.
-Regardes, lui fit-elle remarquer, on est arrivé à Gallows Hill.





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Message  Humbug Dim 30 Avr 2017 - 5:54


Chapitre 11 « Gallows Hill »







La colline du Gibet - Danvers
23h30

Le panneau indiquait l’endroit historique où les pendaisons de prétendues sorcières avaient lieu autrefois. Mulder préféra se garer en bas de la butte pour ne pas attirer l’attention de la secte, même si cela signifiait perdre un peu de temps pour sauver la fille. Il préférait largement les prendre par surprise plutôt que de précipiter la mort de l’infortunée jeune femme si jamais le groupuscule de satanistes les voyait accourir vers eux arme au poing. Si son raisonnement s’avérait exact, le buché serait allumé à minuit pile, exactement au moment du passage à la saint Walburge. Ils avaient donc encore trente minutes devant eux pour gravir la colline, sauver la fille et arrêter les tueurs fous, très peu de temps en somme.

Les deux agents spéciaux jaillirent tous deux hors de la voiture et dégainèrent leur arme tout en avançant rapidement dans la montée boisée. Ils avaient allumés de petites torches pour se repérer. Pas leurs grosses lampes au xenon projetant un puissant rayon bleu bien trop visible, de petites lampes de poches qui les suivaient dans tous leurs déplacements et dont ils s’étaient déjà servis plusieurs fois. Les affaires non-classées les amenaient souvent dans de sombres endroits et puis les phénomènes qu’ils pourchassaient sortaient souvent la nuit alors cela faisait quasiment parti de leur quotidien et les lampes intégraient naturellement leur attirail usuel au même titre que leur badge officiel ou leur arme de service.

Mulder était un grand sportif, passionné par la course à pieds, il n’eut donc aucun mal à prendre beaucoup d’avance sur sa collègue qui n’avait pas le même entrainement journalier, même si Scully avait toujours eu d’excellentes notes aux examens sportifs. Mulder faisaient aussi des enjambées beaucoup plus grandes et cela l’aida énormément à prendre une certaine avance.

Il n’attendait pas sa collègue, filant tout droit vers le buché sacrificiel et voulant coute que coute arrêter le massacre. La cinquième crémation en cinq semaines.

Il ne connaissait pas l’identité de la victime mais Mulder était sûr qu’il s’agissait d’une jeune femme et qu’elle serait là-haut, attachée à un poteau et dressée au sommet d’un tas de bois. Il en était sûr car la date du jour correspondait avec un sabbat très important pour les magiciens et les sorcières et le chiffre cinq renvoyait au nombre de branches d’un pentagramme, symbole satanique par excellence.

Il courait à perdre haleine tandis que le rayon de la torche de Scully l’avait déjà perdu.

Soudain, l’ancien profiler de Quantico aperçu une vive lumière au sommet de la colline. Il décida de s’approcher encore et découvrit qu’un groupe d’une dizaine de personnes encapuchonnées et portant des torches était disposé autour d’un buché, exactement comme il l’avait prévu. Une grande silhouette au masque de bouc était séparé du groupe, et bien plus près du buché. Il comprit très vite que la secte était en plein rituel de sorcellerie et qu’il avait encore sans doute environ une quinzaine de minutes avant qu’ils n’allument le brasier. Il décida donc de patienter et de se cacher derrière les arbres afin d’attendre sa partenaire. Il éteignit sa torche et observa la scène tout en rongeant son frein, se préparant à sortir du bois, pistolet pointé sur tous ceux qui feraient mine d’approcher la torche un peu trop près du bûché.

Tout à coup, au milieu des sataniques vêtus de noirs et attachée au poteau, il remarqua que la victime, elle, une jeune femme, était habillée en chemise de nuit blanche, une chemise de nuit d’hôpital. Elle était de taille moyenne, de corpulence frêle et elle avait les cheveux châtains. Elle avait la tête baissée et ses longues mèches devant le visage. Elle ne réagissait pas et semblait très faible, surement droguée comme toutes les autres. Elle dodelinait de la tête et lorsqu’elle la releva légèrement, ses cheveux s’écartèrent et Mulder la reconnue.

-Oh non ! S’exclama l’agent spécial.

C’était elle, le docteur Kristel Mathiece. Elle avait été sélectionnée par le grand maitre sataniste, portant toujours son masque de bouc, pour être la cinquième et dernière victime de la commémoration de la mort de Rebecca Nurse et des premières condamnées pour sorcellerie atteignant son paroxysme en cette nuit de Walpurgis. Nulle doute qu’elle était très spéciale et qu’il paru tout à fait logique à Mulder qu’elle fut choisi comme ultime victime pour la nuit des sorcières, pour accomplir le rituel magique.

La secte psalmodiait.

-Satan, Satan, Satan, Satan…
-Nous allons t’offrir cette jeune personne en sacrifice ; Prends-là comme un cadeau seigneur Satan ; Nourris-toi de sa chair et de son sang…

Tout à coup, Scully arriva juste derrière son partenaire.

-Mulder !

Il tressaillit. Il sursauta à cause de la surprise. Il était tellement obnubilé par le spectacle auquel il assistait qu’il en avait presque oublié sa charmante collègue.

-Oh Scully.

Elle remarqua qu’il eu peur. Quelques goutes de sueur coulaient aussi sur son front mais à cause de la montée de la colline. Ils étaient tous les deux fébriles.

Scully regarda elle aussi vers le buché.

-Mulder, ils vont la tuer !
-Si j’ai raison, ils attendront minuit pile, le moment exact du passage à la saint Walburge.
Il regarda sa montre.

-Soit, dans un peu plus de cinq minutes.
-Mais qu’est-ce qu’on attend pour aller la sauver et arrêter ces cinglés ?
-Les renforts Scully. Le Shérif Keaton ne devrait plus tarder maintenant.
-Sauf si c’est lui qui se cache sous ce masque de bouc.
-T’inquiète pas, ce n’est pas lui. Le Shérif est bien de notre coté cette fois-ci. Ce n’est pas toujours lui le méchant tu sais, même si nous sommes dans une petite ville.

Soudain l’agent de petite taille aux cheveux de cuivre remarqua qui était la victime attachée, elle la reconnue.

-Oh mon Dieu, Mulder, tu as vu qui est la victime ?
-Oui, nôtre amie la jeune docteur.
-il faut qu’on lui vienne en aide, renforts ou pas !
-Tu as raison Scully, il faut qu’on la sauve. D’ici quelques minutes, ils vont enflammer ce bûcher et il sera trop tard. Allez viens, on y va !





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Message  Humbug Dim 30 Avr 2017 - 5:56



Chapitre 12 « Warlock »







23h55

Les deux agents spéciaux se ruèrent vers la secte, arme au poing.

-Haut les mains et pas un geste ! FBI ! Hurla Mulder tout en courant et son arme de service pointée vers le groupe.
Le grand maitre au masque de bouc se retourna vers lui.

Il était très surpris d’être interrompu de la sorte durant son rituel sacrificiel, surtout par le FBI. On ne pouvait pas voir ses yeux ni son visage car ils étaient dissimulés sous son large masque de bête mais on devinait son désappointement le plus total à son attitude et à la position de son corps. Il avait les bras ballants et les yeux de son masque regardaient droit dans leur direction.

-Noooooooonnnnnnn !!!!!!!!!!

Il était écœuré de ne pas avoir pu finir sa cérémonie occulte, son sabbat.

-Brulez-la ! Ordonna-t-il à ses disciples.

Deux d’entre eux s’approchèrent du buché où trônait la jeune médecin et avancèrent leur bras gauche pour l’embraser.

-Non ! Ordonna Scully à son tour. Reculez !

Ils se tournèrent et s’aperçurent que les agents étaient armés. L’un des deux disciples obéit car il n’avait pas le choix et compris parfaitement la menace, mais l’autre était tellement endoctriné qu’il tenta quand même de mettre le feu au tas de bois et à la jeune victime. Il avança le bras que tenait la torche et voulu allumer le bûcher. Les yeux de Scully s’exorbitèrent et elle sentit immédiatement que le disciple sataniste ne bluffait pas et qu’il avait véritablement l’intention d’achever son geste, de tuer Kristel Mathiece.

Scully fut obligée de l’arrêter de force et fit feu. Le disciple encapuchonné s’écroula, il avait pris une balle au coté droit.

Cela refroidit tous ceux qui furent tenté de faire la même chose. Ils reculèrent tous d’un mètre pour s’éloigner du bûcher, même sous l’emprise de leur maitre, ils avaient peur des deux agents spéciaux et surtout de leurs armes. Eux n’avaient que des torches enflammées et un poignard de cérémonie pour le grand maitre. Bref, pas de quoi rivaliser.

Les agents arrivaient très vite et ils étaient à présent tous près du groupuscule, à quelques mètres seulement.

-Libère la fille, Scully, je les tiens en joue. Lui dit Mulder en menaçant tout le groupe.

Elle rengaina son arme et s’approcha de Kristel Mathiece qui ne réagissait toujours pas. Elle dénouait ses liens sous les yeux désemparés des disciples mais surtout du maitre. Sous son masque, on percevait à présent la colère la plus noire.

-Vous ne nous arrêterez jamais, malgré ce que vous croyez !

Scully ne l’écoutait pas, elle se concentrait uniquement sur sa tâche, délivrer la captive. Mulder, lui, n’était absolument pas dupe du jeu et savait que le grand maitre jouait sans doute son vatout.

-Vous êtes fini, vôtre groupe est démantelé !
-J’ai des milliers de disciples partout dans le monde.
-Ca c’est ce que vous aimeriez nous faire croire. Hélas pour vous et heureusement pour nous, vous n’avez pu recruter que des malades mentaux fragiles et influençables pour créer vôtre secte. Vous êtes le roi mais d’un monde de fantômes et d’âmes perdues.
-Oui mais moi, au moins, je suis un roi !

Le grand maitre venait de hurler sous son masque. Sa voix était étouffée comme si il avait mis sa main sur sa bouche.

Scully venait de finir de détacher le docteur Mathiece et l’aida à sortir du tas de bois. Elle avait entendu le hurlement étouffé du gourou sataniste mais ne reconnu pas sa voix.

Qui pouvait bien être ce malade qui régnait sur ce groupe de désœuvrés ?

-Vous irez tous brûler en enfer !!!!

Mulder répondit avec son ironie aussi mordante qu’habituelle car il savait qu’il dominait à présent la situation.
-L’enfer vous le verrez de très près quand vous serez au quartier de haute sécurité avec des détenus qui ne partagent pas vraiment vos croyances.

L’agent du FBI avait eu le dernier mot et le grand maitre le savait, son séjour en prison n’allait pas être de tout repos, loin de là. Lui qui aimait la souffrance allait la goutter d’un peu plus près. Pourtant, il tenta un dernier coup, un dernier affront.

-Je suis un Warlock ! Un sorcier tout puissant ! Un être malfaisant, le grand seigneur des ténèbres ! Satan me sauvera de toutes vos cages et de vos châtiments…

Tout à coup, on entendit les sirènes des renforts amenés par le shérif Keaton. Ils se rapprochaient de plus en plus de Gallows Hill, une dizaine de voitures.

-Vous ne me tiendrez jamais entre vos griffes tant que je serais le suppôt du mal ! Vous ne savez pas de qui je descends, vous ne savez pas de qui je descends !

Les policiers sous les ordres du Shérif de la petite ville grimpèrent la colline aussi vite qu’ils le purent, ils connaissaient l’urgence de la situation. Le renfort était composé d’une majorité de réservistes et de volontaires. Ils débarquèrent au sommet telle la cavalerie dans un vieux western. Douglas Keaton était dans les premiers arrivants.
Il s’aperçu, tout comme ses hommes, de l’horreur de la situation, mais eu également le soulagement de constater que Mulder et Scully avait la situation bien en main. Ils contrôlaient parfaitement le groupe de satanistes.

Pourtant, ce qu’il vit le choqua au plus haut point. Kristel Mathiece était allongée dans les bras de Scully, les yeux dans le vague.

-Oh mon Dieu, Kris ! Se désola le jeune Shérif.

Il accouru au chevet de la jeune femme tandis que ses hommes passaient les menottes aux disciples du groupement sectaire. Ils leur avaient même enlevés les capuches.

-Kris, ma chérie, ça va ?

Scully le regarda, attendrit pas sa déclaration.

-Je vais te soigner, ajouta-t-il. Tu iras bientôt mieux, je te le promets.

Soudain, son regard changea, il était ivre de colère à cause de ce que ces gens avaient fait à sa petite amie. Une histoire qui durait depuis plus de six mois et qu’ils avaient tout fait pour garder secret. Hélas, elle ne l’était plus à présent, tout le monde était au courant, il s’était déclaré devant toute une assemblée.

Il se retourna, se leva et se dirigea vers Mulder. Il regardait défiler vers les voitures de police les disciples dont on avait ôté les capuches et à qui on pouvait voir les visages à présent.
Il les regardait s’avancer cernés de près par leur escorte et était écœuré.
-Je les reconnais. Ce sont tous des pensionnaires de l’Hôpital psychiatrique, enfin avant qu’il ne ferme.
-Et le cerveau de cette affaire les a tous recruté un à un, là-bas, sur place et les à endoctriné. Ils étaient faibles et malades, il en a fait ses choses.
-J’aimerai beaucoup savoir qui se cache derrière ce masque horrible.
-Vous allez bientôt le savoir, Shérif, allez-y, enlevez lui ! Lui dit Mulder.

Keaton s’exécuta et ôta le masque.

-C’est impossible !

Ses yeux sortirent de leurs orbites tant la surprise était importante. Il ne pouvait pas en croire ses yeux. Scully qui veillait toujours sur la jeune docteur Mathiece avait également un œil sur la résolution de cette énigme.

-Roger Tanner, ajouta Keaton, l’homme de ménage de l’hôpital. L’homme à tout faire du docteur Rebecca Mitchell, l’ancienne directrice. Jamais je n’aurais pu croire que c’était lui le cerveau de toute cette affaire et surtout le gourou de cette secte de malades !

-C’est justement pour ça qu’il a pu œuvrer impunément durant plusieurs semaines, précisa Mulder.
-Pourquoi ? Lui demanda le Shérif.
-Je suis certain qu’il vous dira tout très vite. Il parlera, soyez-en sûrs. Contre une petite remise de peine, il va tout vous dire dans les moindres détails, toute son histoire.
-Il a beaucoup de chance ! Ajouta Keaton en lui passant les menottes. Heureusement pour lui la peine de mort a été abolie dans cet état il y a une dizaine d’années. Je ne devrais pas le dire mais pour ce genre d’individus, la prison me parait encore trop douce.
-N’en soyez pas si sûr Shérif, le contredit Mulder. Il répondra de ses crimes devant Dieu, mais aussi devant les hommes.

Scully ne releva pas le fait que son partenaire, un être paradoxal au point d’être athée tout en croyant à l’ensemble des phénomènes paranormaux venait de parler de jugement divin.





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Chapitre 13 « Paranoïa »






Danvers - Massachusetts
Vendredi 1er Mai 1993 – Ste Walburge - 00h34

Tandis que le docteur Mathiece était évacuée dans une ambulance sous le regard amoureux et bienveillant de son amant le Shérif Keaton, les deux agents spéciaux du FBI avaient eux aussi redescendus la colline du gibet et marchaient dans la nuit, éclairés par les phares des voitures de police et les gyrophares.

-Tu te rends compte, Mulder, à quoi peut mener la paranoïa ?!

Elle parlait bien évidemment du sentiment de peur et de l’hystérie qui avait amené les citoyens de ce petit village à se retourner les uns contre les autres et de manière tragique voilà 300 ans. Mais Mulder, lui, y vit une corrélation avec ses propres spécificités d’agent. Il se retourna vers sa partenaire.

-Sans savoir trop pourquoi, je me sens un peu visé par cette sentence, Scully.
-C’est un peu paranoïaque de ta part, tu ne crois pas ? Lui répondit-elle avec un petit sourire.
-Scully, tu ne vas quand même pas mettre sur le même plan l’affaire des sorcières de Salem et mon obsession pour la vérité ?
-Ce que je mets sur le même plan Mulder, c’est vos approches similaires, à toi et aux pasteurs de cette époque. Tout ce que vous n’expliquez pas est forcément paranormal.
-Dans leur cas, ça ne l’était pas. C’était un mélange de puritanisme exacerbé, d’hystérie collective et sans doute d’ergotisme.
-En ce qui te concerne, tu n’as rien à leur envier. Ta foi aussi est exacerbée, pour ne pas dire exagérée, sauf qu’elle ne concerne pas Dieu mais la Vérité. Tu as dû subir toi aussi un empoisonnement involontaire avec une quelconque drogue expérimentale qui a développé l’aspect paranoïaque de ta personnalité. La seule chose qu’il te manque pour être exactement pareil à ces inquisiteurs c’est l’hystérie collective. Toi, tu es tout seul.
-Et ça me pèse parfois.

Mulder avait le vague à l’âme. Il n’avait plus envie de rire. Il n’était plus ironique ni sarcastique, ce n’était plus vraiment le moment. Scully entreprit de lui redonner le sourire.

-En tout cas, moi, je n’ai pas été paranoïaque quand j’ai pensé que le Shérif Keaton et le docteur Mathiece étaient ensemble.
-C’est vrai, d’ailleurs, comment tu as su ?
-L’intuition féminine, Mulder, une qualité que tu n’auras jamais.
-Et j’en suis ravi.
-Disons qu’en présence l’un de l’autre après la découverte des cendres sur la colline, ils avaient l’air particulièrement gêné.
-Cette gêne aurait pu avoir une autre raison. Ou ils auraient pu être d’anciens amants.
-Quand on a rompu, on n’est plus gêné en présence de l’autre ; on est soit un peu énervé, soit indifférent, selon ce qu’on ressent encore pour la personne.
-Je vois. Tu as pas mal de choses à m’apprendre en ce qui concerne les rapports humains apparemment.
Scully sourit.
-Et toi, en ce qui concerne les déductions policières. Mulder, comment tu as fait pour résoudre cette enquête. Savoir pour Walpurgis et pour l’homme à tout faire de l’ancienne directrice Mitchell ?
-J’ai procédé comme tout bon flic, avec ce que j’avais. Je savais que l’hôpital était le point commun des victimes, je me suis alors dit qu’il pouvait aussi être celui des membres du culte, mais il avait fermé, j’étais donc dans une impasse. Je savais aussi que le calendrier est très important pour ceux qui se réclament de la sorcellerie car ce culte est comme le wicca ou le néo-paienisme, intimement lié à la nature et aux saisons. Walpurgis était donc une date idéale pour achever leur commémoration. Je savais aussi que cette affaire puisait sa source dans l’affaire des procès de 1692 et que l’héritier d’une famille qui y avait été mêlée de manière importante était forcément derrière tout ça. Ca ne pouvait pas être un accusateur car ça n’aurait eu aucune logique, adieu donc les Parrish et les Putnam par exemple. C’était forcément quelqu’un d’accusé à tort et avec un immense retentissement. Or, qui mieux que Rebecca Nurse a symbolisé l’acharnement et l’injustice dans cette affaire ? J’ai donc cherché les descendants des Nurse dans les certificats que nous a donné le révérend Alden et je n’en ai trouvé qu’un seul qui vit encore à Danvers : Roger Tanner. Je me suis rappelé que l’homme à tout faire de l’hôpital s’appelait Roger, les connections se sont faites, le tour était joué !

Il était satisfait de sa perspicacité. Elle, eu un petit sourire et les yeux qui s’illuminèrent.

-Je comprends à présent pourquoi tu crois aux extra-terrestres, Mulder. J’aurais dû m’en douter plus tôt mais en fait tu es l’un d’eux. Cette abnégation, ce comportement bizarre, cette obsession…Comme E.T, tu veux juste rentrer chez toi !
-Arrête de m’asticoter, Scully. Mon obsession pour le paranormal n’a rien à voir avec la paranoïa, j’ai récolté pleins de preuves de tout ça déjà tu sais, et j’ai vu énormément de choses ; toi aussi, d’ailleurs.
-Tu parles de l’implant dans la fausse nasale de Ray Soames, de la forme du crane de ce qui était dans sa tombe… ?
-Et des espions psy, des Foo Fighters, du derviche auto-guérisseur, du pyrokinèse, de Makeda l’oracle qu’on a vu à deux reprises, du leprechaun, du sasquatch, des mutants Alejandra Vasquez, Ronny Westmoreland & Cinnamon Lamarck, de l’ubiquité, de l’éventreur centenaire, de la dame blanche, de la méduse extra-terrestre et des motards fantômes. Scully, ce n’est pas comme-ci toi et moi on n’avait été confronté qu’à une ou deux affaires de ce type, on en est déjà à plus de 20, ensemble.
-Et si je continue avec toi, Mulder, c’est que je n’ai toujours pas été convaincu par tout ce que j’ai vu.
-Et ben, il t’en faut vraiment beaucoup à ce que je vois.
-Il me faut juste des preuves scientifiques. Au moins on est sûr de collaborer ensemble plusieurs années.
-A moins que les forces occultes comme celles qui m’on partiellement effacé la mémoire dans la base d’Ellens ne nous séparent à cause de nôtre zèle et de nos découvertes un peu trop dérangeantes.
-Ca, tu vois, c’est de la pure paranoïa !

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