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La Clef des Révélations [abandonnée]

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La Clef des Révélations [abandonnée] Empty La Clef des Révélations [abandonnée]

Message  PtiteCoccie88 Mer 25 Mai 2011 - 21:50

Titre: La Clef des Révélations [abandonnée]
Auteur: PtiteCoccie
Date de publication: Mercredi 25 mai 2011

S | H | Angst | MSR (pas encore pour tout de suite !) lol!


Résumé : Derrière le masque parfait de Dana Scully se cache bien des secrets, des désirs, des maux dans les mots, mais aussi des trésors incommensurables. Le journal de Dana est la clef des révélations.

Disclaimer : La famille Scully ne m'appartient pas. Je ne m'en sers que pour le plaisir de mon Imagination et celle des Autres. Mais Lily et Jack m'appartiennent ! Very Happy

****************************************************************************************************************************


LA CLEF DES RÉVÉLATIONS


Premier journal - 1979/1992


9 août 1979

Dana. 15 ans. Rousse. Cheveux longs et bouclés. Yeux bleus. Deux frères et une sœur. Mon père est dans les Marines. Bill aussi. Charlie veut devenir pilote de ligne et Missy enseignante. Quant à moi, je serai médecin. Je travaillerai aux urgences, en oncologie ou en néonatologie. Je veux juste vivre pleins d’émotions et aider les gens. Etre là pour eux comme j’aimerais parfois que les autres soient là pour moi-même.

C’est Missy qui m’a acheté ce carnet. Il est bleu avec des perles et ça fait vraiment petite fille mais c’est sûrement l’image que je lui renvoie. Elle a dit que c’était pour que j’exprime mes pensées et que j’arrête d’être un mur. Elle me trouve trop calme à son goût et je crois qu’elle s’inquiète. La vie à la base militaire commence à me peser… Sauf que je trouve que ça fait terriblement « cliché » de noircir des feuilles avec de l’encre dans un carnet que personne n’est censé trouver et lire à part son auteur qui est moi, Dana Scully. Et puis, moi et les mots, ça a toujours fait quatre ! Il n’y a que les maths qui comptent pour moi en ce moment ! Ce que je ressens ne regarde personne après tout. Pourquoi Missy s’inquiète autant ? Elle s’en va fin août. Elle veut découvrir New York et étudier là-bas. Papa est contre évidement. Mais son copain Jeff est plein aux as et vit déjà là-bas. Il ne pourra pas l’empêcher de partir, à moins de tuer Jeff… Il était contre aussi pour Charlie qui lui s’est carrément envolé pour Tokyo ! Il n’y a que pour Bill qu’il n’a rien dit. Bill ! Le grand et parfait Bill ! Papa l’aime ! Oh oui ! Il en est même très fier ! J’aime mon frère mais, j’aimerais que Papa tout comme Bill comprennent et acceptent que nous avons tous nos propres ambitions. Bill a tout fait comme Papa, voilà pourquoi il le porte si haut partout et devant tout le monde, même devant ceux qu’on ne connait pas. Et Maman ne dit jamais rien. Quand je lui ai dit que je voulais faire médecine, il a dit (avec son air supérieur !) : « à condition que ce soit pour servir ton pays ! »… mouais… en réalité, je m’en fous royalement des Etats-Unis, je veux juste aider les gens, c’est tout. Là est la différence entre Bill, mon père et moi. Eux ont toujours besoin d’ordonner et de façonner les autres à leur image ne laissant pratiquement aucune place à l’épanouissement personnel de chacun (sauf le leur évidemment !), rabaissant et jugeant sans cesse avant d’essayer de comprendre les motivations de la personne qu’ils ont en face d’eux, ce que je trouve profondément inique ! Moi au-contraire, je veux juste rendre le monde un peu plus juste. Je voudrais que tout le monde ait la possibilité de devenir celui qu’il veut être sans être bloqué par des préjugés, des barrages sociaux ou encore la maladie. Charlie et Missy ne sont pas comme ça et heureusement ! Charlie est sensible. Il n’aime pas se confier. Et cela énerve notre sœur. Elle dit que c’est mon double. Missy, elle est joyeuse. Ses fringues, par contre, c’est vraiment « paranormal ». On dirait une bohémienne ! Elle me fait flipper aussi quelque fois. J’ai l’impression qu’elle voit des choses que personne ne peut voir. Mais je ne crois pas à ces choses-là ! C’est Mélissa Scully, elle est juste bizarre. Ce n’est rien. Moi, par exemple, quand je prends la carabine de Papa, que je tue le lapin et qu’ensuite je le dissèque… elle trouve ça abracadabrant ! Tout comme les fois où je me lève au milieu de la nuit pour faire des maths ou de la physique ! Mais dans ces moments, je suis dans ma bulle et j’aime ça. Rien ne peut m’atteindre. Je suis en sécurité.

Et bien, je ne pensais pas que j’aurais écrit autant pour une première fois. A bientôt, peut-être !

14 août 1979

Là, j’écoute “A Sailboat in the Moonlight” de Billie Holliday. J’ai piqué le vinyle à Papa. Il n’est pas souvent marrant mais, il écoute de la bonne musique ! Une véritable encyclopédie musicale ! C’est fantastique et même parfois surprenant pour quelqu’un d’aussi carré, respectueux du règlement et pour un monstre de l’autorité. Je ne veux pas dire que quelqu'un de sévère n’a pas le droit d’écouter de la musique (au-contraire, je pense que cela aide à tempérer un esprit fermé) mais cela ne va pas avec le personnage, c’est tout. Cette année j’ai reçu une platine pour mes 15 ans. J’étais assez surprise. Et j’ai parlé de cette idée d’internat pour les trois dernières années qu’il me reste à faire avant l’université. C’était au moment du repas, tout à l’heure. J’ai balancé ça d’un seul coup : « Papa, Maman, j’ai plus envie d’être à la base, je veux partir en internat. » Cela a jeté un silence de plomb sur le champ. Je m’en doutais. Surtout qu’il n’y a plus que moi en plus avec eux. Missy s’est déjà envolée pour New York. Je lui en veux. Maman a fini par me demander si c’était à cause du départ précipité de Missy. J’ai dit non. Papa a dit qu’on n’en reparlerait plus tard. Mais je sais très bien que si je ne reviens pas à la charge dans les jours qui suivent… ils ne remettront pour rien au monde ma demande sur le tapis ! Mais… j’étouffe. Tout à l’heure, j’ai pris une carte, j’ai fermé les yeux et mon doigt a atterri dans le Maryland. Ce sera donc le Maryland ! Qu’ils le veuillent ou non ! Toutes les filles de mon âge qui vivent ici à la base me trouvent « zarbi » comme elles disent et les gars sont… bref, je n’aime pas parler avec eux. Tous des Bill en puissance ! Et ici, j’ai l’impression d’être bloquée, d’être là sans être là… enfin, je ne me sens pas moi… surtout depuis que Missy m’a abandonnée.

31 août 1979

Finalement, j’ai réussi. Ils ont accepté. Je m’envole demain pour le Maryland. Le seul « truc », c’est que c’est une école privée, uniforme, jupe plissée et tout le tra la la… mais bon, c’était la seule condition que je devais respecter pour qu’ils me laissent partir. Mais, c’est mixte ! Ouf ! Mercy High School étant en plus le seul établissement mixte de tout l’état du Maryland ! Tous les autres sont soit que pour les filles, soit que pour les garçons ! Je l’ai échappé belle ! Comme quoi choisir à l’aveuglette sa destination sur une carte peut s’avérer hautement dangereux ! Je vous le dis ! Mais je dois avoir une bonne étoile car, je n’aurais vraiment pas supporté l’idée de me retrouver qu’avec des filles ! Mon Dieu… Evidemment, les dortoirs ne sont pas mélangés, il ne faut pas rêver mais, en journée, tout le monde est avec tout le monde, les filles avec les garçons.

Il y a trois jours, j’ai eu un appel de Charlie. J’étais vraiment heureuse. Ça se déroule bien à Tokyo d’après ce qu’il m’a dit et il en est très content. Charlie est un peu plus jeune que moi (il adore le Japon ! C’était juste impensable pour lui de finir ses études aux Etats-Unis, mais il me manque terriblement…) et ils l’ont déjà laissé partir alors, je ne vois pas pourquoi moi aussi, je n’aurais pas le droit de prendre un peu mes distances. Mais encore une fois, ils ont accepté, alors le problème ne se pose plus. C’est que… c’est juste horrible de déménager sans arrêt de base navale en base navale (en ce moment, on est en Californie). Je ne sais même plus d’où je suis originaire et je ne sais pas du tout où je voudrais vivre plus tard ! En un sens, c’est un avantage car, j’arrive à m’adapter partout et très vite mais, j’ai perdu tous mes repères. Et puis, Papa n’est jamais présent à la maison, un mois sur deux, il est en mission et maman travaille comme une folle aussi ! Alors, tout comme Charlie, je veux partir, m’éloigner de la maison pour justement retrouver et construire de nouveaux repères. Je crois que l’internat est une bonne solution. Je serai toujours avec les mêmes personnes. Elles ne pourront pas partir. Il y aura toujours quelqu’un avec moi. Ce sera un peu comme une sorte de deuxième famille… tout comme le Japon est un peu la deuxième famille de Charlie ! Je pense que je vais m’y faire très vite. J’ai vraiment hâte !

3 septembre 1979

Je suis bien arrivée. Les surveillantes sont des… Sœurs. L’inverse aurait été surréaliste. Une chose est sûre, ça va me changer de la base ! Moi qui voulais renouveler mon oxygène me voilà servie ! « Elle ne va pas tenir deux jours ! » Voilà ce qu’a dit le grand Bill Jr. à maman. Et moi rien que pour l’embêter, je resterai dans ce couvent, euh... dans ce collège privé catho jusqu’à la mort ! Hum… non. Je ne suis pas prête à renoncer à une vie de famille et imaginons qu’un jour futur, je vienne à douter de son existence… (Dieu).

On est deux par chambre. La fille avec qui je suis s’appelle Lily. Elle a 15 ans aussi. Je ne la connais pas trop encore mais, on s’entend plutôt bien pour l’instant et j’espère que ça continuera ainsi. Elle est du Maryland. Quand je lui ai dit que je débarquais de Californie, elle a écarquillé les yeux ! « Non, c’est vrai ? » (Comme si j’avais pour habitude de mentir ! Je sais que je ne me confie pas beaucoup mais, le peu que je dis est vrai !) « Et Los Angeles ? C’est comment ? – j’n’en sais rien, je n’y suis jamais allée. Honnêtement… je ne sors pratiquement jamais de la base. Et puis, je suis à San Diego. » Là non plus, elle n’a pas voulu me croire (que je n’étais jamais allée à L.A. ! Ah et elle veut aller à Harvard et moi… Berkeley).

Il y a évidemment un enseignement catholique tenu par les Sœurs et je trouve pas mal que ce soit « libre ». Nous ne sommes pas obligés de le suivre impérativement. (Du moment qu’on paie l’établissement…) Il suffit de s’inscrire, ce que j’ai fait. Cet enseignement ne commencera que dans quelques jours et se tiendra deux fois par semaine après les cours, le mercredi et le vendredi. Et pour ceux qui restent à l’internat le weekend (comme moi), il y a bien sûr une messe le dimanche, dans la chapelle située au fond. J’y suis allée faire un petit tour. Elle n’est pas très grande, mais suffisamment apaisante pour que je puisse y trouver ce que je recherche.  

Et sinon, ils nous ont déjà demandé de choisir notre option, c’est-à-dire la matière qu’on souhaite approfondir le plus. Pour moi, c’est la physique ! Lily a choisi la littérature.

18 octobre 1979

Plus d’un mois que je n’ai rien écrit ! Il faut dire que je ne vois pas le temps passer ici. Le rythme est assez intense. Je suis un peu fatiguée et c’est vrai que parfois ma famille me manque. Mais mon frère s’est trompé car, je suis là depuis plus de deux jours ! Mais si je suis ici, c’est parce que je l’ai voulu et que je sais que c’est pour mon bien. Tenir ici le plus longtemps possible loin des gens que j’aime est mon but. Je veux leur prouver que je sais me débrouiller toute seule et que je n’ai besoin de personne. Il faut que je sois forte et que je me forge une carapace. Ne pas me laisser envahir par mes émotions. Voilà mon objectif premier. Parfois j’ai ce pressentiment que je ne serai jamais médecin alors que c’est mon vœu le plus cher au monde. Je ne sais pas pourquoi je vous parle de tout ça ce soir… (Surtout que je trouve que ce n’est pas forcément très intéressant) En réalité… je voulais vous parler de Jack… Finalement, ce sera pour une autre fois. Là je me sens complètement éteinte. Je vais dormir.

22 octobre 1979

Jack joue du piano…

C’est mon binôme en option. Il vient de New York. (Je ne peux m’empêcher de penser à Missy dès que j’entends ou écris « New York »…) Sa mère est morte alors qu’il n’avait que neuf ans et son père est souvent à l’étranger. Sa grand-mère habite à quelques kilomètres du collège mais, il préfère rester ici le weekend. Parce qu’ici, il y a un piano.

23 octobre 1979

Pratiquement deux mois que je suis là et j’ai complètement oublié de vous parler de l’uniforme. Enfin, je vous ai déjà dit qu’il y avait une tenue obligatoire mais, je ne vous ai pas trop dit à quoi elle ressemblait au final. Alors… (Ne rigolez-pas, je vous entends d’ici !) :

- La jupe est grise, bien entendu « plissée » et elle m’arrive au niveau des genoux.
- Le chemisier est blanc, tout simple.
- Le pull est bleu-marine.
- Des chaussettes blanches longues… (trop moches ! Mon Dieu ! Là, c’est moi qui rigole !)
- Et des mocassins noirs et brillants de mille feux ! (C’est assez chic ! (peut-être un peu trop BCBG) mais j’aime !).
- Les garçons, eux ont la même chose, à part qu’ils ont un pantalon noir à la place de la jupe.

A la base militaire aussi, on devait avoir une tenue soignée mais, ça s’arrêtait là. Pas d’uniforme. Il n’y a qu’en TP que ça change un peu car, là on a notre blouse blanche. Jack m’a dit : « Tous les autres ont l’air de chimistes un peu farfelus et moi aussi mais, toi… tu ressembles à un médecin Dana. »

C’est la première fois que quelqu’un me donne l’impression qu’il perçoit la « vraie » Dana…

Ce jour où il m’a dit que je ressemblais à un médecin, c’était notre tout premier cours d’option depuis le début de l’année. On a quatre heures par semaine en plus des trois heures du tronc commun. Je n’ai d’ailleurs que ce cours avec Jack. (Avec Lily, j’ai la bio, les maths et l’anglais). On fonctionne par groupe dans cet établissement, pas par classe. Je préfère ça en plus, car cela nous permet de connaître plus de gens et puis, on choisit nos professeurs et aussi nos horaires ! (Mais j’avoue que c’était la galère au début car, il fallait veiller à ce que nos cours ne se chevauchent pas !) Mais vu que je n’en connaissais aucun (je parle des professeurs), je me suis inscrite dans les groupes au hasard ! Sauf pour l’option où là, il n’y a qu’un seul groupe à chaque fois. En tout, on est (environ) trois-cents élèves et seulement une centaine est pensionnaire. Mais n’allez pas croire que j’ai un faible pour Jack ! Non non non non ! Je vous vois venir ! Si si si ! J’apprécie juste qu’il me regarde avec des yeux qui cherchent à me connaître et non avec des yeux qui chercheraient à me changer selon ses désirs, (comme le font Papa et mon frère aîné…). Avec lui, je suis juste Dana. Je n’ai pas besoin de porter un masque. Et c’est très agréable. J’aime cette sensation. Mais je ne suis pas amoureuse ! Oui ! Je préfère le répéter au cas où vous auriez de nouveau des soupçons !

En ce moment, (toujours en option), on aborde la décroissance radioactive ! Une notion qu’on ne travaille jamais avant la dernière année mais, moi je suis en option physique ! Ouais ! Et je crois que d’ailleurs la prof (Mme Roland) a fait exprès de choisir un « truc » légèrement costaud en introduction pour qu’on se demande si on est bien fait pour son cours. Bref, elle ne veut pas de « touristes » dans sa classe ! Mais je ne pense pas être une… « touriste ». Et vous, pensez-vous que je suis une touriste ? Suis-je bête… comment pourriez-vous avoir une idée de la réponse car, vous n’êtes pas avec moi en cours ! Alors venez par ici…

***

BAVARDAGE ET CONCENTRATION


A la recherche de la salle 104 :

13h55

Je retournai encore une fois le plan du collège que je tenais entre les mains et regardai autour de moi comme pour vérifier que je me trouvais au bon endroit.

- Dana ?

Le plan m’échappa des mains et s’écrasa au sol pendant que je fis aussitôt volte-face en direction de l’interpellation.

       - Excuse-moi je… ne voulais pas te faire peur !
- C’est… ce n’est pas grave, articulai-je. Mais comment tu connais mon prénom, je ne crois pas     qu’on se soit déjà vu euh…
- Jack !
- …
- Euh… le jour des inscriptions, pour l’option physique-chimie ! Tu étais juste devant moi dans la file. Je t’ai entendu dire ton nom et prénom à la Sœur.

J’hochai la tête et ajoutai timidement :

       - Je suppose donc que toi aussi tu es à la recherche de la salle 104… est-ce que tu sais où elle est ?
- Oui ! Tu y es presque. La salle se trouve juste deux couloirs plus loin.

Jack et moi nous engageâmes tout droit.

- Tu viens d’où si ce n’est pas indiscret ?
- De San Diego. Je vivais dans une base militaire et je t’assure que même si c’est dix fois plus grand qu’ici, je n’ai jamais eu aucun problème d’orientation !

Jack sourit.

- C’est parce que tu ne connais pas encore l’endroit comme ta poche alors, que les bases militaires sont d’après ce que tu viens de me dire, un peu comme ton berceau.
- Oui… tu as sans doute raison, mais toi tu sembles bien connaître les lieux.
- Ma sœur a étudié ici avant moi et je suis plusieurs fois venu la voir. Je n’ai donc aucun mérite à t’avoir annoncé fièrement où se trouvait la salle car, je connais ces bâtiments depuis plusieurs années alors que toi…
- Depuis seulement deux jours !
- Mais sache que si tu veux te débarrasser de moi…
- Je n’ai plus qu’à te lâcher dans une base militaire !
- Voilà c’est ça ! Tu as tout compris !

Ce fut à mon tour de sourire.

       - C’est ici, désigna Jack de la main.

Nous passâmes tous les deux le seuil de la porte 104 ouverte. Une dizaine d’élèves s’y trouvaient déjà. Quelques-uns avaient revêtu une blouse blanche par-dessus leur uniforme et certains se retournèrent à notre arrivée. Je scrutai brièvement la salle et ne reconnus que Laura qui était avec moi en histoire. Jack choisit l’avant dernière paillasse située sur la gauche et m’invita à m’asseoir.

       - Tu crois qu’on n’aura besoin de notre blouse aujourd’hui ? demandai-je.
- Je n’en sais rien mais, faisons comme les autres ! indiqua-t-il tout en me faisant un léger clin d’œil. Dis… tu as des frères et sœurs ?
- Juste deux frères et une sœur.
- Juste deux frères et une sœur ? Je trouve que c’est déjà pas mal !
- Oui ! m’esclaffai-je légèrement réalisant qu’effectivement, c’était « déjà pas mal » comme venait de constater Jack.
- T’es la plus petite ?
- Non… l’avant-dernière. Charles a un an de moins que moi. Et toi, hormis ta sœur aînée ?
- C’est tout… ma mère est morte d’un cancer, je n’avais que neuf ans et mon père n’a jamais refait sa vie…
- Je suis désolée… je ne voulais pas rappeler de mauvais souvenirs…
- Tu sais que la blouse blanche te va plutôt bien Dana… On dirait un médecin… un médecin capable de guérir tous les maux du monde.
- …
- Regarde-moi et eux ! Tous des chimistes frappa dingues !

Je ne répondis pas. La manière dont Jack s’y était pris pour détourner en douceur la conversation m’avait retournée. Je réalisai soudain la chance que j’avais d’avoir encore mes deux parents bien en vie et m’en voulus d’avoir à plusieurs reprises pensé que j’étais beaucoup mieux, ici, sans eux !

Jack ressentit mon malaise et réagit pour dissiper au plus vite le trouble qui pour lui n’avait aucune raison d’être.

       - Tu sais… elle est bien mieux là où elle est. Elle ne souffre plus.

Je fouillai dans ma trousse que je venais de sortir de mon sac et griffonnai mon prénom sur une feuille.

       - Qu’est-ce que tu crois que…le prof va choisir pour aujourd’hui ?
- Je dirai plutôt… « la » prof ! enchaîna Jack.

Une dame brune, les cheveux soignés et brillants, pas plus de trente ans fit irruption et se dirigea immédiatement vers l’estrade. Elle posa sa sacoche marron sur le bureau et en sortit quelques documents.

     -  Bonjour à tous et avant de commencer, je vous souhaite la bienvenue à Mercy High School et tout particulièrement, ici, dans mon cours. Je suis Madame Roland et je constate que vous avez tous votre blouse, ce qui est parfait mais, sachez que vous pouvez l’enlever car, aujourd’hui nous ne ferons aucune manipulation chimique étant donné que nous commençons par un chapitre de physique, la décroissance radioactive !

Pendant que tous les élèves enlevaient leur blouse, Jack en profita pour me glisser à l’oreille :

       - T’inquiète pas, quand tu seras médecin, tu pourras garder ta blouse en permanence !
- Comment... comment tu sais… bafouillai-je.
- J’ai un sixième sens !
- Comme Missy…
- Qui est Missy ?
- Ma sœur.

Jack malicieux répliqua.

       - Il faudra que tu me la présentes.
- Trop tard, elle sort avec un Jeff et vit à New York !
- Peu importe pour le Jeff et… je suis aussi de New York !

Je ris m’imaginant Jeff et Jack se battant en duel en plein Central Park pour impressionner « Dame » Mélissa !

       - En fait non, j’ai menti, pas de sixième sens, juste une ouïe décuplée… toujours dans la file des inscriptions, en plus de t’avoir entendu prononcer ton prénom, j’ai aussi entendu que tu voulais faire médecine quand la Sœur t’as demandé «  et savez-vous déjà ce que vous voulez faire plus tard ? - médecine ! - mais c’est très bien cela, mademoiselle Scully ! Je vous souhaite d’y arriver ! - Merci. » Ensuite, tu t’es retournée et c’est là que tu as fait tomber tous tes livres dont un sur mon pied mais, tu étais tellement absorbée à disparaître sur le champ que tu ne t’es même pas aperçue de ma présence et encore moins de mon aide pour ramasser tes manuels ! »

Je lui envoyai un sourire gênée.

       - Vous au fond, la demoiselle, qui se laisse déconcentrer par…
- Jack madame ! répondit-il fièrement.
- Jack ! Veuillez laisser tranquille mademoiselle… votre prénom s’il vous plaît !
- Dana… prononçai-je tout bas.
- Dana ! Etant donné que vous semblez extrêmement attentive à mon cours, je vous pense tout à fait capable de répondre sans problème à cette question…

Je sentis l’adrénaline me parcourir, mélange d’angoisse et d’appréhension. Moi qui n’aimais pas me faire remarquer, c’était loupé ! J’attendis l’interrogation du jeune professeur comme on attend notre tour devant l’échafaud tout en m’agrippant, crispée, au rebord du tabouret sur lequel j’étais assise. Et d’ailleurs, si j’avais su me dématérialiser sur le champ, je l’aurais fait illico ! Se laisser perturber dès le premier jour, et ce par un garçon… c’était bien la première fois qu’une chose pareille m’arrivait.

       - …Pouvez-vous m’expliquer ce qu’est un noyau radioactif Dana ?
- Euh…
- Et bien je vous écoute mademoiselle !
- Un noyau radioactif est euh…

Tous les élèves me scrutaient des yeux comme prêts à bondir sur moi et me dévorer toute crue ! Je les observai quelques secondes, me sentant comme emprisonnée dans l’eau, suffoquant, à court d’oxygène, l’eau m’envahissant les poumons puis, me heurtai à l’image de mon père. Que penserait-il de moi s’il me voyait ainsi ? En perte de mes moyens dès le premier cours ? Il me désignerait à coup sûr comme la honte de la famille ce qui eut pour effet de me donner un coup de fouet remarquable et une assurance hors pair. Sentir s’échapper la fierté que mon père fondait en moi depuis toujours était la pire des choses au monde. Je redoutais cette éventualité bien plus que la mort elle-même. Sans respirer, j’exposai d’une lancée :

       - Un noyau radioactif est un noyau instable qui se désintègre spontanément en donnant un noyau différent et en émettant des particules alpha ou béta et souvent un rayonnement gamma. Le noyau qui se désintègre est appelé noyau-père et le noyau obtenu est appelé noyau-fils.
- C’est excellent Dana ! Je vois que vous maîtrisez plusieurs choses en même temps. Le bavardage et la concentration ! Puisque vous semblez à l’aise sur le sujet, passez donc au tableau et donnez-nous l’équation générale d’une désintégration spontanée alpha !

Je me sentis devenir blême. Jack me donna un coup de coude, me faisant comprendre que je pouvais m’en sortir. Respirer un bon coup et garder son sang froid. J’avais étudié toute cette partie cet été au grand désespoir de Missy qui me harcelait sans cesse pour que je m’aère ! Mais, il n’y avait rien à faire. Du matin au soir et du soir au matin, je restais confinée dans ma chambre, comme si un mauvais sort m’empêchait de m’échapper de mes quatre murs. Passer au tableau était bien la seule chose que je craignais le plus (si on écartait l’hypothèse que j’étais obnubilée par le jugement de mon père envers moi !).

Je saisis une craie et murmurai « radioactivité alpha » puis, la fis glisser sur le tableau noir.

J’écrivis « radioactivité alpha » comme pour gagner du temps. Voyant naitre mon malaise, le professeur me donna une indication :

       - Comme vous avez très bien su nous l’expliquer et je vous en félicite Dana, le noyau qui se désintègre est appelé noyau-père et le noyau obtenu est appelé noyau-fils… Pour vous éclairer, la radioactivité alpha concernant essentiellement les noyaux lourds instables possédant trop de nucléons, consiste bien entendu en l’émission d’une particule, le noyau d’hélium ! Je rappelle aussi que « Z » est le nombre de charge, « A » le nombre total de nucléons comprenant donc les neutrons et les protons. On prendra « X » pour l’élément correspondant au noyau père de l’atome et « Y » pour le noyau fils !
- Noyau d’hélium…, répétai-je pour moi-même. Bien sûr !

Madame Roland se tourna vers la classe.

       - Est-ce que quelqu’un peut me donner la composition du noyau d’hélium ?

Une élève demanda la parole.

       - Oui Laura !
- Un noyau d’hélium comporte 2 protons et 2 neutrons madame.
- Très bien Laura.
- Avons-nous besoin de savoir autre chose Dana pour trouver cette équation ?
- Hum… oui.
- Je vous écoute.
- Il faut connaître la loi de conservation qui… euh… nous indique que la somme des nombres de charge du noyau-fils et de la particule qui sont formés est égale au nombre de charge du noyau père et il en va de même pour la somme des nombres de nucléons.
- Parfait !

Rassurée par ses révélations validées, je me tournai de nouveau vers le tableau et élançai ma craie.

Une fois sûre de moi, je m’écartai du tableau :

(_Z^A)X→(_Z-2^(A-4))Y+ (_2^4)He

- Est-ce que tout le monde est d’accord avec elle ?

Personne ne répondit. Il était difficile de discerner si ce silence était dû au fait qu’il n’y avait aucune objections à proclamer ou parce que la plupart d’entre eux n’avaient pas encore très bien saisi l’équation que je venais d’écrire.

- C’est bien Dana. Vous pouvez retourner vous asseoir.
- Comme vous le constatez, cette équation de désintégration vérifie bien les deux lois de conservation et maintenant passons à la radioactivité béta !

Je retrouvai mes couleurs et repris place près de Jack qui m’offrit son plus beau sourire.

***

Bon d’accord… un peu « touriste » mon attitude de départ mais, je me suis rattrapée ! C’est rare que je discute autant en cours mais, je ne sais pas, je ne pouvais pas y résister. Je crois que j’avais tout simplement envie de parler avec Jack ce jour-là. Et, j’ai eu raison car, depuis nous sommes inséparables. Lily nous appelle les « atomes crochus ». Lily qui ne parle pas beaucoup d’ailleurs ou plutôt comme elle le dit si bien : « ce n’est pas que je ne parle pas beaucoup, c’est que je n’aime pas parler pour rien dire ! » Sur certains points elle me rappelle la plénitude que dégage toujours Missy autour d’elle et tout comme Charlie, elle semble vivre dans son monde. Elle me donne cette sensation d’une fuite en avant presque vitale dans son univers comme pour se protéger de la réalité, du vrai monde et même parfois d’elle-même… J’aimerais bien qu’elle m’autorise à passer la porte de son monde, juste pour le découvrir et ainsi mieux la connaître mais, elle rentre chez elle tous les weekends. Ce n’est pas toujours évident. Elle lit beaucoup et dort très peu. Non seulement elle se couche après moi mais en plus elle se lève avant tout le monde ! Lily est mystérieuse. Mais, je trouve sa présence agréable et rassurante. Elle sourit. Et ça fait du bien. Ce que j’aime, c’est quand elle chantonne dans la chambre sans s’en rendre compte ! Quand j’écris dans mon carnet bleu-perle, (jamais avant 23h le soir), je sais qu’elle m’observe. Mais, elle ne dit rien. L’autre soir, nous avons échangé un regard pendant que j’écrivais, elle, un livre dans les mains et j’ai cru discerner dans ses yeux qu’elle comprenait pourquoi j’écrivais. Missy m’avait dit : « Fait attention Dana… une fois qu’on commence à écrire, on ne peut plus s’en passer. Le chemin des mots est un voyage infini. Ils nous font explorer des lieux d’habitude inaccessibles. Et ça n’a pas de prix. »

J’ai changé d’opinion ! Ecrire dans un  journal, c’est loin d’être ringard… c’est magique. Un journal arrête le temps.

3 décembre 1979

Aujourd’hui c’était dimanche. Je me suis rendue à la chapelle de l’école.

Et comme tous les dimanches, je n’ai pas trouvé surprenant d’entendre s’élever un piano entre les bâtiments.

Nous étions une trentaine d’élèves à la messe ce matin, plus les Sœurs. Souvent, à la fin de la cérémonie, les Sœurs viennent à notre rencontre et s’assurent que notre semaine s’est bien passée. Elles veillent toujours à ce que nous nous sentions à l’aise au collège, surtout pour ceux qui ne rentrent que très rarement chez eux. L’autre jour Kate a eu un coup de blues alors, maintenant tout le monde est aux petits soins avec elle. Mais les vacances de Noël arrivent bientôt. Je ne ressens toujours pas de manque envers ma famille… est-ce normal ? Pourtant je les aime.

Zut ! Je me suis encore écartée de ce que je voulais vous parler au départ. Jack et son piano !

Il en fait depuis ses cinq ans. C’est sa mère qui lui a donné les bases et qui lui a surtout donné l’envie d’apprendre cet instrument. Elle aussi en a fait pendant longtemps, même lorsqu’elle était malade. « C’était ce qui lui permettait de tenir face à la maladie. On a tous notre échappatoire… »  Maintenant, il apprend tout seul.

***

LA LEÇON DE PIANO


En direction de la chapelle :

9h00

J’ouvris les volets. Les rayons s’engouffrèrent violemment dans la chambre ce qui eut pour effet de provoquer en moi un mouvement de recul, le temps que mes yeux s’habituent à cette lumière.

La chambre me paraît toujours vide sans Lily.

Il ne restait plus que dix élèves en train d’avaler leur petit-déjeuner au réfectoire quand je débarquai… la dernière ! A l’entrée, mon retard ne passa pas inaperçu aux yeux de Sœur Maria : « Dana ! Je te rappelle que tu dois descendre au plus tard à 9h00 ! ». Je cherchai Jack des yeux et évidemment je ne le trouvai pas. J’en profitai pour discuter avec Kate qui était encore là et vérifiai qu’elle allait mieux puis nous partîmes toutes les deux en direction de la chapelle.

       - Tiens ! Jack est matinal ce matin, remarqua Kate.  
- Mais il veille toujours à arrêter dès que la messe commence, il a peur de se faire embaucher par les Sœurs pour accompagner les chants !
- Ça pourrait être sympa…
- Depuis que sa mère est morte, Jack refuse de rentrer dans une église…

Au même moment, nous passâmes devant les fenêtres où on aperçut Jack à son piano qui s’arrêta dès qu’il sentit notre présence malgré les murs du bâtiment qui nous séparaient. On lui envoya un signe de la main qu’il nous renvoya aussitôt.

Une heure plus tard, Kate et moi sortîmes de la chapelle. Elle regagna aussitôt sa chambre. Cinq minutes à peine que la messe était terminée que le piano résonna de nouveau. Je souris.

Jack sursauta. Il ne m’avait pas entendu arriver.

       - Nous n’avons pas la conscience tranquille Jack ?
- J’étais dans mon morceau.

Il se retourna vers moi.

       - J’ai vu ça…
- Mais, la dernière fois, c’est moi qui t’ai fait peur alors, sache que le compteur de nos dettes l’un envers l’autre est remis à zéro !
- Voilà qui est intéressant sauf que je n’aime pas avoir peur alors, ne m’en veux pas si je préfère que le compteur reste à zéro Jack !

Il sourit.

       - Qu’est-ce que tu jouais ?

Il ne me répondit pas. A la place, il préféra reprendre sa place devant le piano et en frôler de nouveau les touches.

Je me sentis soulever par les airs et envelopper par de doux nuages dès que le son s’éleva dans la pièce. Un sentiment d’une douceur extrême me parcourut le corps chassant toutes les tensions et les peurs me transportant dans un autre monde gouverné par le mot « merveille ». J’aurais voulu que ce moment ne s’arrête jamais. Jack me donna l’émotion de toucher l’éternité du bout des doigts. J’avais bien sûr déjà entendu du piano (à la radio, à des représentations etc. !) mais, en cet instant précis, c’était différent. Je n’entendais pas un piano, j’entendais l’âme de Jack. Son âme me parlant tout bas et me murmurant : « Dana… Dana, viens avec moi et tu n’auras plus jamais peur. »



La poésie de Jack s’arrêta. J’étais comme médusée, incapable de bouger et de prononcer quoi que ce soit. Ce n’est que lorsqu’il attrapa ma main que je revins à la réalité. Il prononça :

        - J’ai toujours soupçonné ma mère de préférer Chopin à mon père ! Mais, je la comprends tellement…
- C’était magnifique…
- Nocturne, Opus 9, Numéro 2 pour information mademoiselle Dana. Et… que diriez-vous d’une leçon de piano ?

Il m’avait déjà soulevée et poussée devant le piano.

       - Quoi ?

Posant ses mains sur mes épaules, il m’assit de force sur la banquette.

       - T’es pas sérieux ? repris-je
- Un piano n’a jamais mangé personne…
- Mais je ne crois pas être douée pour ça tu sais, mon truc à moi, c’est plutôt…
- La physique oui je sais ! Mais si tu n’essaies pas, tu ne risques pas de savoir si tu es douée ou pas !
- Bon d’accord. Je vous écoute professeur Jack !

Ma voix qui trahissait plus une légère crainte face à l’inconnu qu’un agacement dû à son autorité soudaine déclencha en nous deux quelques secondes d’hilarités. Nous nous mîmes à rire sans pouvoir nous arrêter. Une fois notre souffle récupéré, il commença à remplir sa fonction de professeur Jack à la perfection.

       - Tiens ton dos droit, baisse les épaules, dégage légèrement tes coudes du corps et maintiens tes poignets à la même hauteur que le clavier.
- Comme ça ?
- Oui voilà. Après, garde tes doigts fermes mais sans pour autant les raidir et imagine un léger poids sur tes poignets afin de maintenir tes doigts dans une bonne position. Et veille à ce que ton pouce ne s’écarte jamais du clavier. Voilà… Et maintenant, trouvons le « do » !

Pendant plus d’une heure, patient, il resta près de moi, m’inculquant les bases de cet instrument sûrement de la même façon que sa mère avait dû le faire il y a des années avec lui et me donnant au passage l’illusion que moi aussi un jour je serais capable d’envoyer valser les gens sur de merveilleux nuages, tout là-haut dans le ciel, tout comme il l’avait fait pour moi en interprétant cette nocturne de Chopin. Les nuages… les merveilleux nuages passant au-dessus de nous, tout blanc cotonneux et vaporeux, qui lorsque nous les observons se mouvoir au son du piano, nos corps reposant dans l’herbe, gravent en nous la plus belle des paix intérieure. C’est extraordinaire.

***


25 décembre 1979

C’est Noël.

Pendant quinze jours, j’ai quitté le Maryland pour la Californie. Au moment où j’écris, je me trouve donc à l’Us naval station. Et je suis contente car, Missy est avec nous. Bill aussi, même Charlie.

Avec Missy, nous nous sommes levées avant tout le monde (pour les cadeaux). Missy me suppliait de faire moins de bruits mais, je n’arrivais pas à être plus discrète. J’étais tellement surexcitée ! J’avais besoin de commenter tous les paquets. L’un deux a vite attiré mon attention parce qu’il y en avait un similaire pour ma sœur. C’est à ce moment précis que maman nous a surprises pour son (je pense) plus grand bonheur. Elle s’est rendu compte que finalement, nous n’avions pas tellement grandi car, ce matin, nous lui avons prouvé que nous étions bien incapables de contenir notre impatience. Mais pourquoi l’émerveillement ne serait-il réservé qu’aux enfants ? Bill, mon frère semble parfois si amer face à la vie comme s’il avait perdu foi en elle.

Dans ces paquets, il y avait une croix accompagnée de sa chaîne en or. Une pour moi et une pour Mélissa. Maintenant que je la porte autour de mon cou, je suis sûre que cela protégera ma foi à tout jamais.

Ps : J’ai aussi eu le vinyle Hotel California !




Dernière édition par PtiteCoccie88 le Mer 17 Juin 2015 - 8:27, édité 2 fois
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La Clef des Révélations [abandonnée] Empty Re: La Clef des Révélations [abandonnée]

Message  PtiteCoccie88 Dim 5 Juin 2011 - 16:14

28 décembre 1979

J’ai une grosse égratignure sur mon genou gauche. Belle cicatrice en perspective. C’est de ma faute. J’étais en patin, Charles sur le vélo, mes mains accrochées au porte-bagage, on a pris la descente (celle située à l’entrée de la base), trois mètres, ça va, cinq mètres, ça va toujours, 60 mètres je commence à angoisser, 100 mètres… « BOUM » ! Je me suis étalée de tout mon long sur le bitume. Et Charles qui m’a dit perplexe : « Mais pourquoi t’as lâché ? » Je ne sais pas ce qui m’est passé par la tête, encore moins dans celle de Charlie ! On trouvait l’idée plutôt intéressante au début et puis, d’un seul coup j’ai eu peur (surtout au fur et à mesure qu’on se rapprochait du mur situé au bout de la descente !). Je suppliais Charles de s’arrêter et lui bien sûr faisait comme s’il ne m’entendait pas ! Le sang a giclé de partout ! C’était… les urgences ! J’ai engueulé mon frère de toutes mes forces une fois que j’étais à terre : « Voilà ! Par ta faute, j’ai bousillé mon pantalon préféré ! » Il s’est mis à rire. Et ça m’a énervée encore plus ! J’étais vraiment furax ! Il m’a dit (en rigolant toujours bien sûr !) : « Dana ! Une personne normalement constituée s’inquiète en priorité de désinfecter la blessure, pas des vêtements ! Si plus tard, l’un de mes enfants s’écorche comme toi, je sais déjà que je ne devrai pas consulter le Docteur Scully ! » Et là il n’a pas ri, mais carrément pouffé de rire ! De rage, je l’ai tapé ! Je n’aime pas quand il joue les gros débiles ! Je suis de nouveau énervée rien que par le fait d’écrire tous ces mots ! Mais comparé à la colère de Margaret Scully, croyez-moi, la mienne était bien douce. « Non mais vous avez quel âge ? Si encore vous n’aviez que 9 ans ! Tu as vu dans quel état est ta sœur ? Ce n’est pas possible ! Commettre des idioties pareilles à votre âge ! Je comprends pourquoi Missy vous appelle les jumeaux ! Pas un pour rattraper l’autre ! C’est sûr, au-moins, on ne peut pas dire que vous manquez d’imagination pour réaliser des absurdités ! Vous avez bien de la chance que votre père ne soit pas là pour voir ça ! Vous n’êtes que des irresponsables ! » Et c’est à partir de cet instant précis que nous avons perdu maman… définitivement. Elle s’est mise à pousser des injures en Irlandais et Charles et moi, on ne comprend pas trop ! En fait, on ne comprend pas du tout ! Et heureusement Charles a dit : « Maman ! Dana a vraiment besoin qu’on la désinfecte ! » Elle s’est radoucit aussitôt. « Bon et bien, il ne reste plus qu’à faire de ton jean un short et un élastique pour les cheveux ! » J’ai retapé Charles !

Mais comme a dit Oscar Wilde : « Il n’y a qu’un péché : la bêtise. »

Et pour les bêtises, Charlie et moi sommes champions. Mais que c’est bon parfois d’oublier la réalité pour savourer l’insouciance !

Je m’amuse bien avec lui à la base. Il me fait tout le temps rire ! (Sauf quand il se moque de moi !) S’il était resté vivre ici, je pense que moi aussi, je serais restée.

Sinon, j’ai reçu une belle surprise aujourd’hui et je ne m’y attendais pas du tout. Une carte de Lily.

« Chère Dana,
J’espère que tes vacances à l’autre bout du pays se passent bien et que tu ne t’ennuies pas. Moi, je suis chez mes parents, évidemment dans le Maryland. Je profite de mon petit frère. Il est vraiment content que je sois là tous les jours. Tous les après-midi, nous allons nous promener au parc malgré la neige qui nous a envahis ! (N’oublie pas de mettre des pulls dans ta valise lors de ton retour pour Baltimore car, ici, c’est loin d’être l’hiver californien !) Et avec un peu d’avance, je te souhaite une bonne année ! Bien à toi. Lily. »


Le devant de la carte représente la route 66. Ça m’a fait sourire. Lily rêve toujours d’aller à Los Angeles !

30 décembre 1979

J’ai mal partout ! Ça m’apprendra à retourner toute ma chambre de fond en comble. Aujourd’hui, j’ai fait le tri dans beaucoup de choses. C’est impressionnant le nombre incalculable d’affaires que l’on est capable de stocker ! Et je n’ai que 15 ans (presque 16) ! Qu’est-ce que ce sera quand j’aurai 40 ans ! Aucun homme n’étant (j’en suis presque sûre) capable de supporter un tel capharnaüm ! Voilà pourquoi en ce jour j’ai décidé de corriger ce détail. Résultat : ma penderie se retrouve allégée de trois étagères. J’ai donné tous mes vêtements trop petits ou que je ne mets plus à une association. Mais comme me l’a conseillé Lily, j’ai gardé mes pulls. J’ai aussi enlevé toutes les photos que j’avais accrochées au mur. Etant donné que je ne suis plus vraiment là, j’ai préféré les décrocher et les mettre dans une petite boîte en carton que je glisserai dans ma valise au moment du départ.

Hier, maman nous a emmenés à Balboa Park. C’est immense ! J’ai beaucoup aimé le musée de l’homme. On a aussi fait le musée de l’art qui a particulièrement plu à Missy. Bill n’arrêtait pas de râler. Je crois qu’il avait faim… ou peut-être que c’était à cause de Tara… Tara est je crois sa petite amie et… j’ai cru comprendre (par Missy) que ça ne va pas fort entre eux en ce moment.

31 décembre 1979

J’ai eu ce qu’on appelle une « discussion » avec maman. (Par « discussion », j’entends par là « dispute » ou peut-être « altercation » bien que, « incompréhension » soit finalement le terme le plus juste décrivant notre « conversation » au ton élevé de ce matin.) Le coupable ? De simples petites chaussures pour bébé, blanches, ornées d’un pompon rouge et d’étoiles bleues ciels. Rappelez-vous ! Hier, je vous ai dit que j’avais remué ma chambre dans tous les sens. Sur l’une des trois étagères que j’ai vidées, dans le fond, il y avait, entre les pantalons, les tee-shirts usés et délavés par le sel de la mer, deux petites pantoufles. Maman a choisi ce moment pour rentrer (sans frapper) dans ma chambre. Je tenais mes premières chaussures entre mes mains. Elle les a vues. Elle m’a souri. Elle a refocalisé ses yeux sur mes mains. Elle s’est mise à pleurer. J’ai lâché les chaussures. Elles se sont écrasées au sol emportant dans leur chute la fuite de l’enfance. « Maman ! Mais qu’est-ce qui t’arrive ? – Ce sont les chaussures, ce n’est rien ma chérie, m’a-t-elle articulé entre deux sanglots. Vous avez tous grandi si vite, ne repars pas, reste ici Dana ! » Aussitôt, j’ai eu un mouvement de recul. (Je m’en veux car, c’est ce qui a jeté l’huile sur le feu.) « Pourquoi tu nous fuis comme ça, moi et ton père Dana ? Qu’est-ce qui se passe ? Qu’est-ce qui t’arrive ? – De quoi, qu’est-ce qui m’arrive maman ? – J’aimerais tant que tu reviennes vivre à la maison… » J’avais bien du mal à saisir la détresse de maman. C’est plutôt moi qui aurait dû lui poser (pour la deuxième fois) la question mais qu’est-ce qui t’arrive ?... Doucement j’ai repris : « Je croyais que tu étais d’accord avec Papa, que tu comprenais mon choix, que l’internat ne te posait pas de problèmes… – J’aurais tellement préféré que tu fasses comme Missy, que tu attendes l’université avant de partir... – Mais je ne suis pas Missy maman, je suis Dana ! – Oui, mais tu es ma fille ! – Et une mère se doit d’être présente pour sa fille ! – Comment oses-tu… je travaille pour subvenir à vos besoins, comme le fait ton père ! – Dans ce cas, ne me reproche pas mes choix ! » Le ton est monté. Une gifle est partie. J’ai porté la main à ma joue. « Pardon ma chérie, je ne voulais pas… – Tu comprends maintenant pourquoi j’ai préféré ne pas attendre l’université ! » Je suis sortie de ma chambre. J’ai frappé à la porte de Missy. Rien. Aucune réponse. C’est vrai, virée shopping avec Ava toute la journée en centre ville. J’avais complètement oublié. Je suis descendue à la cave et je me suis posée sur la dernière marche, tout en bas. Et j’ai attendu. Attendu que la tempête tombe et que la pluie arrête de couler sur mon visage. Une pluie agréable adoucissant l’orage en furie tambourinant contre ma joue en feu. Il faisait assez sombre. La lucarne résistant à laisser passer la lumière dans la pièce. Mais j’aime le noir. Il permet de mieux penser. Il n’y a rien pour vous distraire. Dans le noir, on est toujours seul. Je n’avais pas de montre. Une heure, dix minutes ? Le noir rendant le temps monstrueusement long. J’ai fini par remonter les escaliers. L’odeur m’a tout de suite détendue. La bonne odeur du gâteau prenant forme dans le four, qui plus il gonfle, plus l’odeur vous emmitoufle dans une espèce de cocon où l’on se sent protégé et pour rien au monde, on désirerait laisser s’envoler cette sensation de bien-être. Je crois que je n’avais jamais fait grincer autant la porte de la cuisine. Je n’osais pas l’ouvrir car, je savais que derrière cette porte se trouvait une mère regrettant son geste et surtout qui avait besoin d’être rassurée. Mais, la peur me tiraillait le ventre. Voilà pourquoi j’ai mis du temps à ouvrir cette porte. Je me suis approchée. Je ne m’étais pas trompée. Un moelleux au chocolat gonflait bien dans le four. Elle préparait une autre pâte. « Celui-ci sera un gâteau au citron ? » ai-je prononcé bien bas. Sans relever la tête, elle m’a répondu : « Oui, c’est le gâteau que préfère Bill, ton frère, quant à toi, je sais que c’est le chocolat. » Elle se tenait debout, face à la table. J’ai pris place de l’autre côté, m’asseyant sur le banc. Je l’observais. Elle avait raison. Tout était passé très vite. L’enfance ? Un éclair. Pourquoi le temps des pantoufles blanches avec leur pompon rouge n’est-il pas capable de renaître de ses cendres comme le moelleux au chocolat renaît dans le four après s’être retrouvé en miette dans un plat ? D’une voix complètement éraillée, j’ai dit : « Maman… je serai toujours ta fille et toi tu seras toujours ma mère mais, personne n’a encore trouvé comment arrêter le temps. » Elle a levé les yeux vers moi et a porté une caresse sur ma joue qui avait enfin perdu toute sa rougeur. « Je sais Dana mais, accepter que ses enfants grandissent est le seul moyen trouvé à ce jour pour que le temps renaisse grâce aux enfants de nos enfants. » J’ai souri. « Ah ! Mais ça sent drôlement bon ici ! a soudainement rugi une grosse voix qui venait de s’inviter dans la cuisine. – Bill ! Je te préviens, tu n’as pas intérêt à tout manger comme la dernière fois ! », a prévenu maman. Bill a fait semblant de se sentir injustement offensé : « Comment ? On m’accuse d’être un goinfre ? La dernière fois vous n’aviez qu’à ramener plutôt vos papilles gustatives ! Les premiers arrivés sont les premiers servis ! Voilà comment ça marche ! » Maman a ri. Elle a abandonné deux secondes la pâte du futur gâteau au citron reposant dans le saladier pour voir où en était celui au chocolat dans le four. « Bill ! ai-je crié. Maman ! Bill vient de plonger ses doigts dans la pâte ! – C’est que c’est vraiment très bon Dana ! m’a-t-il répondu. Tu devrais faire pareil ! – C’est que ce n’est pas hygiénique Bill ! – Pas hygiénique, d’où tu sors cette excuse ? » J’ai rien réussi à lui répondre, trop agacée. J’ai juste tiré une grimace. Il a explosé de rire. « Maman ! Bill se moque de moi ! – Dana… je croyais que tu n’étais plus une enfant… Quant à toi Bill, en tant qu’aîné, tu dois montrer les bonnes manières et à ce que mademoiselle Rapporteuse nous révèle, tu es loin de te comporter en adulte ! – C’est à cause de cette odeur ! Il doit y avoir un maléfice qui ramène aussitôt les adultes jeunes, intelligents, beaux… – « beau » c’est ça ! ai-je coupé. – Parce que vous vous croyez élégante avec votre appareil dentaire mademoiselle Dana ? », m’a-t-il cloué-le bec. (Avouez que je l’avais bien cherché !) « Où en étais-je ? Ah oui ! C’est à cause de cette odeur émanant des gâteaux, mais attention, uniquement ceux que fait maman, une odeur capable de ramener les hommes jeunes, intelligents, beaux (a-t-il accentué me regardant bien dans les yeux) dans le monde de l’enfance et où les bonnes manières ne sont qu’une perte de temps ! » Je me suis mise à rire à mon tour pendant que maman faisait l’échange dans le four entre le gâteau au chocolat et le gâteau au citron. Aussitôt, Bill et moi nous nous sommes jetés sur le plat que maman n’avait même pas encore eu le temps de poser sur la table : « Mais attention ! Vous allez vous brûler ! » a-t-elle tonné. Je n’avais jamais vu Bill comme ça, lui qui d’habitude est si maladroit (ou « balourd ! » comme dirait Missy). Enfin si mais, cela faisait longtemps que je n’avais pas vu en lui l’enfant que personne ne souhaite abandonner.

3 janvier 1980

Alejandro est grand. Alejandro est brun. Alejandro a 17 ans et surtout Alejandro est désespérément amoureux de moi. Je trouve cela si déprimant. Pour lui ! (Pas pour moi.) Il n’a toujours pas l’air de prendre conscience qu’il perd désespérément son temps avec moi. Le problème vient peut-être du fait qu’il plaît à Papa : « Alejandro est un garçon très charmant ! » (Et aussi le fils de ton meilleur ami Papa !) « Tu ne devrais pas le rejeter Dana. – Je ne le rejette pas ! C’est qu’il choisit toujours le mauvais moment pour venir vers moi ! », ai-je répliqué aussi sec. Hier par exemple, je faisais du vélo dans la base (j’abandonne les patins jusqu’à la fin de mes jours !), toute seule. Quelle idée ! J’aurais dû emmener Missy avec moi (Charlie est déjà reparti) mais, Missy n’aime pas le vélo… Plusieurs camions sont passés près de moi pendant que j’avançais (sur mon vélo) me bloquant complètement la vue à l’horizon. Finalement, j’aurais préféré que ce défilé de gros moteurs ne s’estompe jamais (et tant pis pour le gaz des pots d’échappement m’encrassant les poumons !) parce qu’une fois que le calme fut revenu et la vue dégagée, voilà que surgissait Alejandro, en contre-sens sur son beau et grand vélo flambant neuf ! Misère… (là je parle pour moi !).



Evidemment, je n’ai pu l’éviter. J’aurais pu lui donner un coup de guidon afin qu’il s’écrase sur le sol mais, je sais à quel point le bitume de cette base navale est redoutable. Ne jamais faire à autrui ce qu’on n’aimerait pas qu’autrui nous fasse ! Ainsi, luttant de toutes mes forces pour ne pas effectuer un croche-guidon, je roulais en sa direction. Un sourire a commencé à se matérialiser sur ses lèvres dès qu’il m’a aperçu, redoublant de vitesse sur ses pédales pour venir encore plus vite à ma hauteur, et une fois que chose fut faite, à mon tour, j’ai redoublé d’efforts sur mes jambes pour fuir au plus vite. « Hé ! Mais Dana attends-moi ! Tu pourrais au-moins dire bonjour ! – Bonjour et au-revoir Alejandro ! » ai-je hurlé, m’étant déjà éloignée de plusieurs mètres. Mais rien à faire, ma froideur n’arrivait pas à éloigner ce beau latino. « Beau » ? J’ai dit « beau » ? Oubliez ce que je viens de dire, euh d’écrire ! Enfin… la vérité est qu’il est beau mais… je n’aime plus sa présence, parce que je sais ce qu’il veut. C’est compliqué… Comment vous expliquer et surtout par où commencer… Il ne cherche pas (plus) une amie, il cherche une fille pour… bref, vous voyez ce que je veux dire… Mais si ! Vous voyez très bien ! Jack, lui, est différent. J’aime sa compagnie. Jack voit Dana avant tout alors qu’Alejandro voit… une fille. Une fille avec qui il pourrait… voilà quoi. Oh et puis zut ! Alejandro (ou plutôt ses hormones) m’agace au plus haut point ! Toujours à me courir après ou plutôt à rouler derrière moi, mais je pédale plus vite que lui ! Mais Alejandro n’a pas le genou gauche qui le tiraille, lui ! J’ai fini par m’arrêter. Je n’en pouvais plus. « C’est comme ça qu’on dit bonjour à son ami d’enfance, Dana ? – Dois-je te rappeler que tu as délibérément mis un terme au temps de l’enfance entre nous Alejandro ? – Non. – Je veux bien être ton « amie » comme avant mais… – C’est parce que tu as peur Dana… – Je n’ai pas peur, tu racontes n’importe quoi ! Tu te fais des films ! Voilà ce qui se passe ! – Dana… » Oops… j’ai senti que j’avais été peut-être un peu trop loin et que je l’avais blessé. J’ai soupiré comprenant que lui et moi, nous ne serions sans doute plus jamais sur la même longueur d’onde. Je suis descendue de mon vélo, lui aussi. Nous avons quitté la route et nous nous sommes assis dans l’herbe, à l’ombre des arbres. D’abord le silence puis, quelques souvenirs d’enfance sont remontés d’eux-mêmes à la surface. Nous avons ri en évoquant celui où tous les deux, nous avions échappé à la surveillance de Bill et qu’il avait mis toute l’après-midi à nous retrouver. On avait cinq ans. « Cette période me manque » a dit Alejandro. « A moi aussi », ai-je répondu. Puis Missy est arrivée, mettant un terme à cette entrevue douloureuse.

5 janvier 1980

Je suis bien arrivée à l’internat. Le voyage du retour s’est moyennement bien passé. Il y a eu des turbulences dans l’avion. C’était très désagréable.

23 février 1980

Il est 23h21. Je ne peux pas dormir. Pas parce que j’ai une crise d’insomnie ou un autre « truc » dans le genre mais, parce qu’aujourd’hui j’ai passé une magnifique journée (du moins, seulement à partir de 17h parce qu’avant, il y avait cours !) et il faut que je vous raconte !

Déjà pour commencer et surtout pour ceux qui ne savent pas, en cette froide mais lumineuse journée d’hiver croulant sous la neige, j’ai eu 16 ans, ce qui signifie… plus qu’un an avant le permis de conduire ! Maman m’a affirmé que j’aurai le droit de le passer quand j’aurai atteint cet âge. Mais surtout, aujourd’hui et je ne m’y attendais pas le moins du monde, en plus d’avoir 16 ans, j’ai eu la visite surprise de Missy et de maman. Je n’en reviens toujours pas ! Je leur ai fait visiter toute l’école, enfin juste à Missy car, maman connait déjà les lieux étant donné qu’elle était avec moi le jour de mon installation, ici, à Mercy High School. Mais ma Missy n’était pas là ce jour-là. « Je comprends mieux maintenant pourquoi tu refuses de quitter cet endroit Dana ! Je sens de bonnes ondes par ici… », a-t-elle dit en roulant volontairement ses yeux en direction de Jack ! Je suis sûre qu’elle est persuadée que Jack et moi, sommes bien plus que des amis. « Je t’assure que non ! Jack et moi, nada ! Et c’est très bien comme ça ! Et puis changeons de sujet, il est juste derrière nous ! » Lily aussi était en notre compagnie. Pauvre Lily, elle n’arrive pas à se débarrasser d’une bronchite qu’elle traîne depuis quinze jours. « C’est rien, j’ai l’habitude. Mon frère est tout le temps malade et de temps en temps, il me refile ses cochonneries… » Mais la pauvre, elle tousse toute la nuit. Je sais qu’elle n’a pas besoin de dormir beaucoup mais, il lui faut quand même son minimum d’heures de sommeil. Hier, elle s’est endormie en cours de maths… et Dieu sait qu’elle adore les maths. Encore plus que moi. Par contre, la physique, elle n’aime pas trop. J’avais mis mon manuel de maths debout de manière à ce que la prof ne s’aperçoive pas du manque d’attention de Lily. « Je suis désolée de t’empêcher de dormir la nuit Dana… – Ne t’en fais pas pour moi ! Je suis habituée à dormir avec du bruit autour de moi ! A la base, la nuit, les camions font parfois tellement de bruits qu’on ne t’entendrait même pas tousser ! » Et puis j’ai le sommeil super lourd ! Une fois Missy a mis plus de cinq minutes à me réveiller ce qui nous a tous fait arriver en retard à la messe. Papa était furieux ! « Mais tu sais bien que quand Dana dort, le monde pourrait s’écrouler autour qu’elle ne s’en rendrait même pas compte ! » avait dit Bill Jr. ce jour-là, en ajoutant : « Mais, j’avoue que c’est de famille ! », déclenchant ainsi un fou rire général à l’entrée de l’église, ce qui nous avait valu un regard noir de la part du prêtre. Non seulement nous étions en retard et en plus, nous prenions le soin de faire remarquer notre entrée. Depuis, nous avons changé de paroisse ! Après la visite de l’école, nous sommes remontés dans la chambre. Exceptionnellement, la mère supérieure a autorisé Jack à entrer dans le dortoir des filles. Même en journée, en temps normal, les filles et les garçons ont formellement interdiction de se rendre dans les dortoirs du sexe opposé. Jack a quand même dû écrire une lettre à la mère supérieure ! Et puis, Missy et maman étaient avec nous, donc raison de plus qui a fait que l’autorité suprême de l’école ne pouvait qu’accepter ! Kate et Laura étaient également de la partie. Maman a apporté un gâteau au chocolat ! J’ai appris par la même occasion que Lily raffolait aussi du chocolat ! Maman avait aussi apporté les bougies. Par contre, j’ai trouvé que c’était un peu « trop »… « Je ne suis plus un bébé maman… – Dis plutôt que tu n’as jamais aimé souffler tes bougies devant les autres ! » a-t-elle répondu aussitôt. C’est la stricte vérité, je n’ai jamais aimé souffler mes bougies. C’est que… je me sens ridicule dans ces moments-là. Sentir tous ces yeux braqués sur moi et être au centre du monde (du gâteau), ça me met mal à l’aise. Pour mes six ans, c’est Missy qui a dû les souffler à ma place devant la famille. C’était soit ça, soit le gâteau n’aurait été plus qu’un concentré de cire chocolaté ! On a d’abord voulu se mettre dehors mais, il y avait trop de vent et puis avec la neige, ça n’arrêtait pas de glisser. Et honnêtement, il faisait vraiment trop froid ! J’ai poussé un « ouf » de soulagement intérieur quand tout le monde a décidé de rester bien au chaud. Mais, on ne pouvait pas allumer les bougies dans la chambre (au-risque de déclencher l’alarme incendie) alors, Jack est allé, encore une fois, trouver la mère supérieure qui nous a autorisés à nous installer au réfectoire, mais pas plus d’une demi-heure, car après, il fallait déjà libérer la salle pour que les Sœurs puissent s’occuper de la préparation du repas des internes, c’est-à-dire de NOUS ! Nous nous sommes donc installés au réfectoire, tous les… Missy, maman, Lily, Jack, Kate et Laura, donc tous les SIX ! Et moi ! SEPT ! Maman a allumé les seize bougies. Et je les ai soufflées, dégageant un nuage de poussière des plus impressionnants ! Et ben dis donc, qu’est-ce qu’il en sera de ce nuage pour mes quarante ans ! D’ici là, maman ne me forcera plus à souffler mes bougies et j’espère que mon mari (si j’en ai un !) oubliera tout simplement le 23 février ! Puis, nous nous sommes tous empiffrés ! De vrais gloutons ! Mais, qu’est-ce que c’était agréable. Jack nous a sorti une devinette (qui normalement ne fait pas rire) : « Qu’est-ce qui fait 999 fois clic et une fois clac ? » Personne n’a trouvé. Langue au chat. Jack nous a donné la réponse. Et Lily s’est enfoncé dans un fou-rire spectaculaire à tel point qu’elle a manqué de s’étouffer avec sa part de gâteau ! « Excusez-moi, plus c’est nul, plus je rigole ! – Ma blague est nulle, Lily ? Je la tiens de mon grand-père ! Voyons, un peu de respect ou je risque de me vexer. » Au final, nous nous sommes tous mis à rire. Et les cadeaux ! Je n’y pensais même plus ! Missy m’a offert un magnifique stylo plume. « C’est pour aller avec ton carnet ! » m’a-t-elle dit. Maman nous a dévisagées et nous a demandé : « Mais quel carnet ? ». Au même moment, Lily m’a lancé un regard complice. Et comme Maman, Jack non plus n’a pas vraiment compris. « Rien rien », ai-je marmonné en guise d’éclaircissements. Quant à maman, elle m’a offert de splendides boucles d’oreilles, des perles blanches, toutes fines et gracieuses. Je les adore ! Passons maintenant à Lily et Jack qui ont fait des folies ! Mais des folies de très bons goûts. Ils m’ont offert le 45 tours de Michael Jackson « Don’t Stop ‘Till You Get Enough » et le 33 tours de The Buggles « Video killed the radio star » ! « J’espère qu’il vous reste des sous au-moins ! » Lily : « Pas trop… donc je ne pourrai pas payer la pension ce mois-ci mais pour compenser, la mère supérieure me demande de laver matin, midi et soir le self. » Jack : « Moi, je devrai faire la plonge ainsi que toutes les chambres ! » Ils sont restés impassibles durant plusieurs secondes, me fixant bien dans les yeux, ce qui m’a laissé perplexe un court instant tellement ils étaient sérieux et convaincants. Puis Jack s’est exclamé : « Non, mais on pourrait te faire avaler n’importe quoi Dana ! Où est donc passé ton redoutable scepticisme ? » J’ai souri. Jack a ajouté : « Et puis ces questions ne te regardent pas ! Laura et Kate ont participé aussi. Et surtout c’est ton anniversaire, un point c’est tout ! » Je me suis sentie bien vite ridicule. « Oui vous avez raison, ce ne sont que des vinyles ! » ai-je soudainement réalisé. Cela m’a touchée et dérangée à la fois. Tout comme je n’aime pas souffler mes bougies, les cadeaux qui vont avec le gâteau peuvent provoquer en moi une sensation étrange. Un certain malaise, comme si les choses ne se trouvaient plus à leur place. Inconsciemment, je crois que je n’aime (encore une fois) vraiment pas être au centre des attentions des autres. Lorsqu’on m’offre quelque chose, j’ai toujours ce besoin irrépressible de trouver une raison à ce pourquoi ce quelqu’un m’offre ce quelque chose. Trouver une explication à tout… même quand il n’y en a pas.

Ps : Solution de la devinette : Un mille-pattes avec une jambe de bois !


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Sandwish de Tooms

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