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Faille Temporelle [abandonnée]

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Faille Temporelle [abandonnée]  Empty Faille Temporelle [abandonnée]

Message  PtiteCoccie88 Mer 23 Mar 2011 - 21:53

Titre: Faille Temporelle [abandonnée]
Auteur: PtiteCoccie
Date de publication: Mercredi 23 mars 2011

PG-13
AU | Angst | H

Pré-requis: Oubliez TOUT ce que vous savez de la fin de la saison 9 ! William n'a jamais été adopté et ne le sera jamais ! Very Happy Et Mulder n'a jamais été condamné à mort !

Résumé: Et si William n'avait jamais été adopté ? Et si Scully s'était enfuie comme Mulder... avec William ? Que se serait-il passé ? Mais surtout... que se passe-t-il quand la fiction s'entrechoque à notre réalité, notre monde réel ? Et puis... si vous avez toujours rêvé de voyager dans le temps... (même si ce ne sera pas avant les chapitres trois ou quatre) venez donc vous aventurer par ici ! Vous ne serez pas déçu, j'ai des dossiers "X" sur tout le monde ! pirat

Disclaimer: Les personnages ne m'appartiennent pas. Je ne m'en sers que pour le plaisir de mon Imagination et celle des Autres.

****************************************************************************************************************************

FAILLE TEMPORELLE


***

Chapitre I : Interrogatoire


Il me proposa du café.
- Ils étaient trois. Un couple avec un jeune garçon, répétai-je tout en refusant d’un geste de la main la boisson noire qu’il me proposait. Je préfère le thé.
- Agent Stewart ! Allez donc chercher du thé pour Mademoiselle !
Aussitôt l’agent positionné près de la porte sortit de la salle.
Encore une fois, il m’invita à regarder les deux photos.
- Il y avait donc un garçon avec eux ?
- Oui. Je lui donnerai environ douze ans, pas plus ! Il était assis en face de moi et écrivait en japonais sur une feuille.
- Avez-vous déjà étudié cette langue ?
- Non jamais !
- Comment saviez-vous alors que c’était du japonais ?
- Parce que je lui ai demandé.
- Et il vous a répondu en japonais ?
- Non. En français.
L’agent qui m’interrogeait fit une pause, réfléchissant puis reprit :
- Et entre eux, ils parlaient ?
- Très peu. Et ce n’était pas du japonais, ni du français. Encore moins de l’anglais, peut-être du russe. J’ai bien compris qu’ils ne voulaient pas que je saisisse une seule de leurs paroles. Par contre, quand le contrôleur est arrivé pour les billets, la femme a parlé français comme si c’était sa langue maternelle. J’vous jure, c’était vraiment impressionnant la façon dont tous les trois jonglaient avec les langues !
- Vous êtes sûre que cette femme ne vous dit rien Juliette ?
Il me pointait encore les portraits sous les yeux. Au-même moment l’agent Stewart revint avec du thé. Une femme brune l’accompagnait, l’agent Reyes. Elle avait fait parti de ce groupe d’agents qui m’était tombé dessus dans le train.
- La femme était brune et ses yeux… je ne sais pas s’ils étaient bleus. A aucun moment, je n’ai pratiquement réussi à croiser son regard. Pendant tout le long, elle n’a fait que regarder défiler le paysage même quand il n'y avait que du noir à observer. Mais, oui pour l’homme. C’est bien lui.
L’agent Doggett fit signe à l’agent Reyes. Elle s’approcha de moi et posa l’écran d’un ordinateur portable devant mes yeux. La femme de la photo envahissait l’écran. En deux trois clics, elle changea la couleur de ses cheveux, passant du roux au brun.
- Ils étaient plus longs, bouclés et une frange raide et droite aussi, précisai-je.
La photo interactive se modifia aussitôt sous les manipulations de l’agent Reyes.
- Ça pourrait être elle, murmurai-je. Les yeux… marron il me semble.
Aussitôt la photo se transforma sous mes ordres. Je confirmai. Soudain, l’agent Stewart, Reyes et moi-même sursautâmes au poing en colère de John Doggett qui venait de s’écraser contre la table.
- On les tenait presque ! C’est pas vrai ! fulmina-t-il.
Il était en colère mais, je percevais comme une sorte d’inquiétude ou de tristesse dans son regard.
- John ! Calme-toi ! Je suis sûre qu’ils ont leur raison.
- Monica ! Dix ans ! ça fait dix ans !
- Ce sont des criminels ?
Ma question était sortie toute seule.
- Non… répondit Doggett. Mais je dois les retrouver. J’ai fait une promesse.
On frappa à la porte. L’agent Stewart ouvrit. Un autre agent apparut.
- Elle est là, informa le nouveau venu.
Doggett se passa la main dans les cheveux, comme appréhendant la suite des événements.
- Faite-la entrer, répondit-il.
Une femme aux cheveux brun grisonnant surgit. La ressemblance avec la femme brune du train était vraiment impressionnante. Elle m’adressa un regard puis interrogea en silence Reyes et Doggett.
- On sait qu’ils sont en vie Margaret, rassura Reyes.
- Oh mon Dieu…
Elle fondit en larmes puis s’approcha de moi.
- Comment était ma fille ? me supplia-t-elle.
Je compris qu’elle parlait de la femme brune… ou rousse.
Un peu paniquée par toute l’émotion que dégageait cette mère inquiète pour son enfant, je me ressaisi néanmoins et lui répondit :
- Elle m’a donné l’impression d’être tracassée mais tout de même heureuse avec cet homme et… cet enfant.
- Merci mademoiselle, me chuchota-t-elle, m’enlaçant les joues dans ses mains.
Un peu gênée par tant d’effusions émotionnelles, je me dégageai le plus rapidement possible de son emprise tout en me levant et m’emparant de mon sac à dos.
- Je peux y aller maintenant ? risquai-je. Je ne voudrais pas rater ma correspondance.
- Oui. L’agent Reyes va vous ramener à la gare, me rassura Doggett. Et surtout ne racontez à personne cette entrevue.
- Ne vous inquiétez pas ! Tout ce que le monde voudra croire sera que je suis encore restée trop longtemps au soleil et non que cinq agents du FBI m’ont attrapée avant que j’attrape mon sac à la sortie du train ! Et puis qui me dit que vous n’êtes pas plutôt de la CIA ou un autre truc du genre ? Et que justement vous êtes les personnes qu’ils cherchent à fuir ? Et puis le FBI, c’est qu’aux Etats-Unis normalement, non ?
- Normalement, confirma Doggett. Juliette, n’essayez pas de trop en savoir. Je ne voudrais pas qu’on soit obligé de vous mettre sous protection 24h/24 !
- Oui, grimaçai-je.

***

- Vous n’êtes pas du pays, hein ?
- Non. De Washington.
- C’est pas à côté… murmurai-je.
L’agent Reyes sourit.
- Vous n’aimez pas l’avion Juliette ?
- J’ai horreur de ça ! Rien que d’imaginer me retrouver enfermée à l’intérieur, ne serait-ce que cloué au sol du tarmac, j’en ai des frissons !
- Mauvais souvenir peut-être ?
- Non… juste que je n’aime pas prendre le risque de m’écraser au sol.
- Moi non plus, répondit-elle songeuse.
- Ça fait vraiment dix ans que vous essayez de leur mettre la main dessus ?
- Vous êtes bien curieuse Juliette ! me sermonna gentiment Monica.
- Vous n’aviez qu’à pas m’embarquer dans votre affaire !
- C’est vrai… Mulder et Scully sont deux anciens du FBI, ils savent mieux que quiconque effacer les traces derrière eux…
- Sauf en ce moment apparemment.
- Oui… mais ils nous ont tout de même filé entre les doigts.
- Ils se sont levés avant l’entrée en gare. Je sais que ça peut paraître dingue, mais je crois bien qu’ils ont sauté du train en marche…
- Cela faisait une semaine qu’on avait enfin réussi à détecter un signal… mais qui s’est aussitôt évaporé.
- Peut-être que ce signal était volontaire ? Comme pour vous rassurer, vous prouvant qu’ils sont encore en vie et que tout va bien.
Reyes décrocha ses yeux de la route pour m’accorder enfin un regard.
- Peut-être…
- Mais… je savais que j’étais trop curieuse, on veut les tuer c’est ça ?
Cette fois-ci Reyes ne me répondit pas. J’en demandais trop.
Après quelques secondes d’un silence interminable, elle dit :
- Nous avons les moyens de les aider et de les protéger. Fuir pour survivre n’est pas une solution idéale.
La voiture se stoppa. On était déjà arrivé devant la gare d’Austerlitz.
- Et sinon, que faisiez-vous à Londres ?
- C’était pour un concert, je l’ai déjà vue en France mais, je n’ai pas pu m’empêcher de retourner la voir.
- On irait jusqu’au bout du monde pour Kylie !
J’écarquillai mes yeux ! Cette Reyes qui semblait savoir tout sur tout me faisait de plus en plus flipper, mais je la trouvais gentille. Elle savait mettre en confiance.
- Comment vous savez que c’était pour Kylie ?
- J’ai moi aussi mes places pour Washington le 30 avril !
Rectification ! Pas gentille, mais sacrément cool !
- Mais je sais d’avance que je ne vous y trouverai pas étant donné votre peur panique qui s’empare de vous dès que vos pieds ne touchent plus terre !
- Oui ! ris-je.
- Bon retour Juliette.
- Merci Monica. Au-revoir.
J’étais sur le point de refermer la porte de la voiture quand elle m’interpella une dernière fois :
- Attendez ! Voici ma carte. Si jamais… vous semblez porter la chance sur vous alors… si jamais vous recroisez de nouveau leur route, je vous en supplie, composez ce numéro.
J’acquiesçai.
- Leurs noms c’est quoi déjà ?
Elle sourit.
- Scully et Mulder.
- Et pour le garçon ?
- William.
- Scully, Mulder et William, répétai-je tout bas en pénétrant dans le hall de la gare.
Je me demandai vraiment dans quoi j’avais encore fourré les pieds mais, une chose était sûre, il existait dans ce monde, trois personnes qui avaient une vie encore plus frappa dingue que la mienne ! Et j’étais surtout soulagée de ne plus avoir besoin d’aligner deux mots en anglais pour le restant de la journée ! Je me demandais encore comment tous ces agents avaient pu comprendre mon franglais. Mais j’avais surtout cette drôle de sensation que la fiction s’invitait dans la réalité, ayant toujours bien du mal à ranger dans la case « événements réels » et non « délires imaginaires » ma courte aventure avec le FBI, survenue un peu plus tôt dans l’après-midi. Le regard désespéré mais en même temps si plein d’espoir de cette femme, Margaret, me prouvait bien que tout ceci était vrai.

Cinq heures plus tard, je posai enfin le pied sur le quai de la gare Toulouse-Matabiau et remontai doucement en direction de l’avenue de la Colonne. Un léger vent frais, agréable, virevoltait sur mes joues. On n’était qu’en avril. La chaleur écrasante, enfermée dans la brique n’était pas encore au rendez-vous alors, tous mes sens me susurraient de profiter de ces instants délicieux que la nature nous offrait avant de nous surprendre parfois dans un enfer apocalyptique. Au même instant, je ne pus m’empêcher de repenser à l’horreur qui avait ravagé le nord-est du Japon un mois plus tôt ainsi qu’à la famille du meilleur ami à mon père. Les signes japonais qu’avait dessinés le garçon dans l’Eurostar me revinrent aussi en mémoire. Et si ces trois-là ne cherchaient-ils qu’à fuir l’apocalypse ?
***


Dernière édition par PtiteCoccie88 le Mer 17 Juin 2015 - 8:27, édité 6 fois
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Faille Temporelle [abandonnée]  Empty Re: Faille Temporelle [abandonnée]

Message  PtiteCoccie88 Sam 26 Mar 2011 - 15:28

Chapitre II : La Légende de Tempus


Cet endroit était vraiment différent de tous les autres. Pas parce qu’il était original ou encore unique en son genre, mais parce que j’aimais l’atmosphère et l’énergie emprisonnée depuis des siècles dans les murs. On sentait le poids du temps et de l’histoire dans les entrailles de cette ville, dans ce vieil immeuble et surtout dans ce petit appartement meublé qu’on avait réussi à dégoter en moins de deux dès notre arrivée. Et je trouvais ça plutôt agréable. Toutes ces sensations me rappelaient l’Irlande de mon enfance. Alors que souvent les Etats-Unis semblaient si démesurés et froids, presque effrayants. J’étais heureuse de me retrouver de nouveau en Europe. Je finissais d’essuyer et de ranger la vaisselle quand le chant d’un violon s’éleva dans les airs. J’abandonnai l’évier et m’approchai de la fenêtre grande ouverte donnant dans la cour centrale de l’immeuble et portai mon regard vers les étages supérieurs situés dans l’aile parallèle à la nôtre. Une jeune fille jouait la fenêtre ouverte, ses yeux concentrés sur sa partition. Plusieurs fois William m’avait harcelée pour jouer du même instrument. J’avais toujours refusé, lui disant que ce n’était pas le bon moment. Qu’un jour il pourrait en faire, mais pas maintenant. Il fallait d’abord finir la quête. Le bruit de la serrure me ramena sur terre.
- Alors ? Vous avez trouvé votre bonheur tous les deux ?
- Oui ! Et pas qu’un peu ! s’empressa de me révéler Mulder.
- Faites-voir !
Aussitôt, mon fils sortit tous les vêtements des sacs. Mulder m’invita à m’asseoir confortablement dans le canapé. Et durant plusieurs minutes, William nous offrit un véritable défilé de mode. A la fin de l’année, il aurait onze ans. Ces dix années qui venaient de s’écouler m’avaient paru à la fois terriblement longues mais à la fois si rapides. Un véritable éclair de feu !
- Ça te va très bien William !
- Merci ! Et tu savais qu’ici ils disent « poches » et pas « sacs » ? enchaîna-t-il aussitôt, infatigable malgré toutes les heures qu’on avait passé en avion et en train depuis quelques jours.
- Non je ne savais pas, souris-je.
- Du coup quand la caissière m’a demandé « vous voulez des poches ? » j’ai répondu « non merci j’en ai plein mon manteau ! »
Il explosa de rire, tout comme Mulder.
- J’ai entendu dire que la France était un pays où chaque région avait ses caractéristiques.
Après une courte pause, je repris un peu essoufflée :
- Où est-ce qu’on est déjà Mulder ?
- Dans le sud-ouest de la France… t’es sûr que ça va Scully ? s’inquiéta légèrement Mulder.
- Oui… le rassurai-je immédiatement. Je suis juste un peu fatiguée. Je crois que je n’ai pas encore très bien récupéré de notre dernière exploration temporelle. Mais je suis contente d’avoir enfin quitté Tokyo.
- Je sais que tu aurais préféré l’Irlande à la France Maman mais… cet endroit…
- …regorge de bonnes vibrations, terminai-je à sa place. Je les sens aussi William.
- Je suis sûr que le dernier morceau est ici, assura Mulder confiant.
- J’espère, murmurai-je. J’ai vraiment hâte d’en finir et de retourner à la vie normale.
Le violon qui s’était arrêté dès que Mulder et William avaient fait irruption reprit. Il n’en fallut pas moins pour que mon petit miracle déjà bien grand s’approche de la fenêtre laissée grande ouverte.
- C’est pas la fille du train ? questionna-t-il
Mulder et moi nous levâmes et plantâmes également nos yeux vers la fenêtre d’en face. Il me fallut plus de temps qu’à Mulder pour réaliser qu’il s’agissait de cette même jeune fille que celle rencontrée deux jours plus tôt entre Londres et Paris. Mais notre voyeurisme qui était dépourvu de toute discrétion finit par vite nous trahir. La jeune fille comme alertée par le poids de nos regards rivés sur elle s’arrêta, détournant soudainement ses yeux de sa partition pour nous trois.
- Oops… grillé… ironisa doucement William.
Je me détournai sur le champ de l’encadrement de la fenêtre, reprenant ma place sur le canapé, m’y enfonçant le plus possible, comme voulant disparaître derrière le seul coussin qui existait dans tout l’appartement. J’entendis Mulder refermer la fenêtre puis tirer les rideaux, ce qui donna à la pièce une atmosphère tamisée et rassurante qui m’apaisa faisant quelque peu disparaître ma peur d’être démasquée. William vint se blottir contre moi.
- T’en fais pas Maman. Elle ne nous a sûrement pas reconnus et même si c’était le cas, elle est gentille.
- J’espère que tu as raison…
- William a toujours raison Scully ! accentua Mulder comme si j’avais déjà oublié que notre enfant n’était pas comme tous les autres.
Je vis Mulder farfouiller dans un dernier sac qu’ils avaient ramené du centre-ville et que je n’avais pas encore remarqué jusqu’ici. Il en sortit une petite boîte rectangulaire, une femme rousse l’illustrant.
- William et moi… on veut que tu retrouves tes beaux cheveux roux.
- Oui Maman, on en a marre de ce noir ! Le Super-Soldat qui t’a reconnue à Tokyo s’est retrouvé prisonnier grâce à nous, tu t’en souviens ? Tu n'as plus rien à craindre ici !
- Oui… je m’en souviens.

***

Monica Reyes avait eu raison. Je portais la chance sur moi. Seulement deux jours avaient été nécessaires pour que je recroise leur route et qui plus est, juste sous ma fenêtre. J’avais bien vu que l’appartement était de nouveau habité mais, en aucun cas j’avais réalisé qui étaient les nouveaux occupants.

Je refermai la porte de l’appartement, puis m’engouffrai dans le corridor reliant les deux ailes de l’immeuble avant de descendre par l’escalier, ce qui m’amena devant la porte derrière laquelle s’abritaient les trois personnes les plus recherchées par le FBI. Je m’arrêtai un moment devant comme essayant de vouloir voir à travers, puis je sortis dehors, me dirigeant vers le Capitole.

***

Son cri me réveilla. Je bondis du lit et pénétrai en trombe dans sa chambre, bientôt rejoint par Scully.
- William ! C’est fini ! C’est juste un cauchemar !
Son front était en sueur. Scully ressortit aussitôt de la chambre et revint avec une serviette éponge légèrement humidifiée qu’elle passa sur le visage de notre fils.
- Personne ne t’enlèvera William ! Tu m’as bien entendu ! Personne !
- Je sais Papa mais c’était pas ça cette fois…
Je ne lui laissai même pas le temps de finir, comprenant à quoi il faisait allusion, que je me ruai de toutes mes forces, refaisant le chemin inverse, me retrouvant là où je dormais il y a encore quelques minutes, pour sortir un sac de voyage glissé sous le lit. Plongeant les mains dedans, froissant une énième fois de plus les vêtements qui n’avaient toujours pas eu le temps de trouver une place dans le placard, j’en retirai, bien dissimulé au fond, un petit coffre en ébène et le souffle coupé, l’ouvrit. Ma respiration se remit en marche. Dieu soit loué, ils étaient toujours là. Depuis notre étape à Tokyo, je savais que Scully, William et moi-même n’étions désormais plus les seuls à connaître leur existence.

***

Depuis une semaine, l’appartement était resté fenêtres et rideaux fermés. Essentiellement depuis que je les avais aperçus à la fenêtre avec mon violon. Dans la cour menant à la sortie de l’immeuble, je tombai sur la gardienne qui me salua.
- Bonjour Juliette !
- Bonjour Yvette ! Dis-moi… les locataires du bas sont toujours ici ?
- Oui, mais c’est vrai qu’ils sont assez discrets. Depuis leur arrivée, je n’ai seulement aperçu que l’enfant et le père qui revenaient du centre-ville
- Oui… bizarre… et ils t’ont dit pour combien de temps ils comptaient rester ici ?
- Qu’est-ce qui se passe ? Tu as déjà tout l’étage, tu ne voudrais pas en plus le bas ? me taquina-t-elle.
- Non ! Bien sûr que non ! souris-je mais… on était dans le même train au retour de Londres…
- Mon arrière-grand-mère disait toujours « rien n’arrive jamais par hasard »...
- Arrête Yvette ! Tu me fais presque peur quand tu prends tes airs mystérieux dans la voix !
- En tout cas, je me demande vraiment ce qui les a poussés à venir s’enterrer dans cet immeuble si vétuste… et je sais très bien qu’après ma mort, personne ne me remplacera !
- Ne dis pas ça Yvette ! Tu es encore bien vivante ! Mais, ils sont… étranges.
Yvette se pencha vers moi comme par peur d’être entendue par une autre que moi et me chuchota tout bas :
- Tu penses que ce sont des brigands, c’est ça ?
- Hein ? Mais non tu racontes n’importe quoi Yvette !
- C’est que si tu voyais la tête que tu fais ! Tout porte à croire que tu les prends pour Bonnie and Clyde ! Un conseil ma grande, arrête de travailler ton imagination !
- C’est que… je ne peux pas m’en empêcher.

***

Et mince ! Voilà que je n’arrivais plus à me concentrer sur mon mémoire ! Ma conversation matinale avec Yvette avait ravivé ma curiosité. Qu’est-ce qui pouvait bien pousser ce couple à agir comme ils le faisaient ? Je décidai de faire une pause et d’abandonner quelques instants mes affaires. Je descendis les quatre étages de la bibliothèque et sortis à l’air frais. Appeler ou pas. Les agents Reyes et Doggett m’avaient assuré qu’ils n’étaient pas des criminels. Mais s’ils avaient menti ? Je repensai soudain à Margaret. Cette femme brune bouleversée qui m’avait pratiquement prise dans ses bras. J’effaçai immédiatement cette idée comme quoi ce couple pouvait être les plus dangereux receleurs qui puissent exister au monde. Il fallait que j’arrête de les prendre pour Bonnie and Clyde ! Tout dans l’attitude de cette mère m’avait prouvé que ces trois-là couraient effectivement un grand danger. Mais même quand son enfant commet les pires atrocités, on ne peut détruire l‘amour qui nous lie à lui… Appeler, ne pas appeler… Même une fois de retour chez moi, constatant que je n’arrivais toujours à rien sur mon mémoire portant sur « Mythes et apocalypses en littérature », je décidai de sortir une nouvelle fois mon violon de sa boîte, espérant que cela pousserait à redonner vie à la fenêtre du bas. Malheureusement, rien ne se produisit.

***

Trois jours plus tard, je frappai à la porte d’Yvette.
- Juliette ? Qu’est-ce qui se passe ?
- Je suis désolée de te déranger si tard mais, je crois que j’ai perdu mes clefs !
- Vous les jeunes, où avez-vous la tête, soupira-t-elle.
- Nan Yvette… ne te dérange pas ! J’vais les prendre moi-même ! Tu peux retourner devant ta série !
- Fais comme chez toi ! Mais t’as de la chance qu’il s’agisse de la pub ! La prochaine fois que tu me déranges en plein milieu de Bones, je te tords le coup !
- Promis Yvette !
J’attendis qu’elle se réinstalle confortablement dans son fauteuil avant de me diriger vers le panneau où elle accrochait les doubles des clefs. Je saisis celui correspondant au-mien. Je vérifiai que ses yeux étaient toujours scotchés à l’écran avant de m’emparer d’un deuxième double. Celui de l’appartement abritant les trois inconnus. Quelques minutes plus tôt, de ma fenêtre, je les avais vus sortir tous les trois. C’était l’occasion d’en apprendre plus.

***

Doucement je fis tourner la clef dans la serrure. La pièce principale regroupant la cuisine et le séjour était rangée. Cela ne pouvait être autrement étant donné qu’à part les meubles appartenant à l’endroit et quelques couverts étalés sur l’égouttoir, il n’y avait rien d’autre, comme si on n’avait rien voulu déballer parce qu’on ne prévoyait pas de rester. Je me dirigeai alors vers les autres pièces, deux chambres et une salle de bain. Je ne savais pas trop quoi chercher. Je fis glisser les portes des placards. A part des vêtements, il n’y avait rien de bizarre. Je pénétrai dans la salle de bain. Mes yeux se portèrent sur le rebord du lavabo. Une préparation pour une coloration cuivrée attendait visiblement encore son sort, puis je repassai dans la chambre parentale. Je ne voulais pas trop m’attarder de peur d’être surprise en flagrant délit. Sous mon poignet je sentis un clic et compris que le fermoir métallique venait encore de lâcher. Ma montre s’écrasa au sol. Je me baissai aussitôt quand je remarquai un sac de voyage sous le lit. J’y découvris quelques vêtements mais aussi un nombre incalculable de permis de séjour, un exemplaire pour pratiquement chaque pays. Un objet bien enfoui au fond du sac attira mon attention. C’était un coffre marron, rectangulaire, pas plus grand qu’une boîte à bijoux. Ce que cet écrin me révéla à l’ouverture du couvercle me laissa stupéfaite. Six en tout. Six diamants qui valaient sûrement plusieurs millions. Je n’en revenais pas. Tous étaient de couleurs différentes. Rouge, bleu, jaune, noir, violet et vert. Je les saisis un par un. Ils étaient bien trop imposants pour que je puisse en prendre ne serait-ce que deux dans le creux de ma paume, mais ce n’était pas pour autant qu’ils étaient lourds. Et puis, mes mains étaient petites. Je remis les diamants à leur place, dans le coffre que je pris soin de bien repositionner au fond, exactement là où je l’avais trouvé avant de repousser le sac sous le lit. Je ressortis dans le couloir, encore abasourdie par ma découverte. Je percevais toujours le bruit de la télé chez Yvette. Je frappai, me préparant déjà à sa réaction.
- Quel est encore l’hurluberlu qui vient me déranger durant les aventures de Bones ?
Je ne pus m’empêcher d’étouffer un rire.
- C’est encore Juju…
- T’as retrouvé tes clefs, c’est ça, tête de linotte ?
- Oui ! Je viens te rendre mon double !
- Entre ! C’est ouvert !
Yvette était absorbée comme jamais devant sa télé. Je remis aussitôt mon double, plus celui que j’avais volontairement dérobé au panneau avant de m’éclipser discrètement et de remonter en trombe chez moi.

***

- Quelqu’un est venu ici…
- Qu’est-ce que tu dis William ? réagit alarmée Scully occupée dans la salle de bain.
- Quelqu’un est venu ici Maman !
- William… tu es sûr ? demandai-je plus calmement.
- Sûrement l’autre soir quand on s’est absenté…
- On aurait déjà dû partir d’ici Mulder ! D’habitude, on ne reste pas plus d’une semaine ! remarqua de plus en plus troublée Scully.
J’observai mon fils. Il n’était pas inquiet. Il ferma ses yeux et se concentra.
- Je crois que c’est cette fille, lâcha-t-il d’un seul coup.
Aussitôt Scully sortit de la salle de bain. Ses cheveux étaient encore humides mais, on discernait déjà ses reflets roux intenses.
- Pourquoi tu ne nous l’as pas dit plutôt William ? J’étais sûre que cette fille était un super-soldat !
- Calme-toi Scully ! William ne contrôle pas ce qu’il ressent ! Et cela ne sert à rien de paniquer ! On s’en est toujours sorti jusqu’ici !
- Peut-être mais depuis qu’ils savent ce qu’on projette de faire, disparaître ne suffit plus !
- Cette fille n’est pas un super-soldat maman… elle est venue ici mais… quelqu’un d’autre aussi…
Trois coups forts résonnèrent contre la porte.
- Mulder ! Scully ! On sait que vous êtes là ! Ouvrez, c’est John Doggett !
- Scully ! Je t’en supplie ! Fais pas ça ! Ils sont là parce qu’ils veulent nous aider ! tentai-je de la convaincre.
Elle se dirigeait déjà vers la chambre. Au même moment, la porte s’ouvrit à la volée.
- Eloignez vous Doggett ! ordonnai-je.
Reyes l’accompagnait.
- Mulder ! Voyons ! Cela ne rime à rien ! Nous sommes là pour vous aider ! s’exclama Doggett.
- J’ai dit éloignez vous !
C’était déjà assez compliqué comme ça pour nous trois. Je ne voulais pas en plus embarquer Reyes et Doggett dans nos histoires. Monica referma la porte de l’appartement derrière elle quand Scully revint la boîte d’ébène ouverte entre les mains, paniquée. Et je savais que je serai tout simplement incapable de l’empêcher de commettre ce qu’elle avait en tête. Fuir. C’était devenu comme une drogue pour nous… Notre unique échappatoire face à la menace. Tout se passa très vite. Scully saisit un des diamants. Un tourbillon animé par un vent invisible d’une violence inouïe prit forme autour de la silhouette de Scully. L’espace nous entourant se retrouva soudainement en proie à une force inconnue. Tous les objets se mirent à flotter au ralenti, exécutant un mouvement circulaire autour de nous trois, contrastant avec la force du déferlement autour de Scully. Je vis les visages de Doggett et de Reyes se rapprocher, se faisant inexorablement absorbés par le tourbillon, tout comme nous trois.
Bien avant qu’elle ne se rue vers le coffre et qu’elle ne l’ouvre, je savais sur quel diamant Scully jetterait son dévolu. Celui renfermant les peurs. Le bleu.

***

Ces diamants ne m’étaient pas inconnus. Les portes de l’ascenseur menant dans les réserves s’ouvrirent. Evidemment, le livre que je souhaitais n’était pas en accès libre. L’assistante au comptoir me sourit gentiment. Je saisis un stylo et griffonnai sur un des papiers mis à disposition le titre et le numéro de la réserve que m’avait indiqué le registre de recherche en ligne.
- « Légendes : Genèse et Apocalypse du bien et du mal », dernière réserve, lu l’assistante. Vous savez qu’il est uniquement consultable sur place.
- Oui.
- Je vous l’apporte tout de suite.
- Merci.
J’avais consulté ce livre il y a plusieurs mois déjà pour mon mémoire et je me souvenais parfaitement de ce passage traitant d’une certaine légende. Après avoir jeté mon sac Eastpak sur les tables alignées le long du mur dans l’une des deux réserves accessibles au public, j’ouvris le livre et retrouvai en moins de deux à l’aide de l’index les lignes qui m’intéressaient :

« La légende de Tempus et les sept diamants »


« Tempus, Dieu du Temps, Démon du Temps, partagé entre le bien et le mal, créa à l’aube du monde, sept diamants pour sept émotions. Sept émotions nécessaires à la création de l’humanité tout comme à sa destruction. Sept diamants, sept énergies : le bleu pour la peur, le jaune pour le bonheur, le rouge pour la colère, le violet pour le rêve, le vert pour l’espoir, le noir pour la mort et le blanc pour le pouvoir. Le pouvoir contrôlant la peur, la colère, le bonheur, le rêve, l’espoir et la mort.
Sept diamants capables de briser l’énergie temporelle sous la force de l’émotion des âmes bienveillantes ou maléfiques. Une rupture temporelle aléatoire pour les six premiers et de manière précise pour le septième à condition qu’il soit uni aux six autres. Sept diamants au service du Bien ou du Mal.
Mais à l’aube du temps, les forces du Bien et du Mal possédant une force égale, aucune des deux n’arrivaient à prendre l’avantage et à s’emparer du pouvoir des sept diamants. Pour en finir avec cette lutte sans fin, Tempus décida de changer les règles et de séparer les sept diamants et clama que la force qui réussirait à réunir les sept diamants serait digne de s’emparer du pouvoir, obtenant ainsi la force de détruire son ennemi. »


Après avoir relu plusieurs fois ces lignes, je réalisai que cette légende n’en était tout simplement pas une. Six diamants étaient passés entre mes mains. Je n’étais pas folle. J’avais bien vu ce que contenait ce coffre. J’avais surtout saisi ces diamants entre mes mains. Je réalisai que j’avais échappé de peu à un phénomène extraordinaire. Mais à ce moment précis, je n’avais ressenti aucune de ces émotions renfermées dans ces diamants. J’étais juste curieuse. En rentrant chez moi, je repassai comme d’habitude devant leur porte. Je ne pouvais pas faire autrement. L’escalier conduisant dans l’autre aile prenait sa source juste en bas chez eux. Je constatai que leur porte se trouvait légèrement entrebâillée. Toujours animée par ma curiosité, je risquai un coup d’œil. Et ce que je vis me laissa sans voix quand je réalisai l’ampleur des dégâts ou plutôt du désordre. Je poussai alors un peu plus la porte. Cette pièce qui était si rangée il y a quelques jours n’étaient maintenant qu’un champ de bataille comme si une tornade était passée en plein milieu.
J’entendis Yvette sortir de son appartement situé en face à quelques mètres, juste de l’autre côté du pallier.
- Doux Jésus ! prononça-t-elle à la vue du désordre. Je suis sûre que c’est à cause des diamants. Ils ont dû se faire cambrioler ou alors la police les a attraper.
Je me retournai, ahurie vers Yvette.
- Quoi ?
- Je sais que je te répète souvent que la curiosité est un vilain défaut et que je t’ennuie souvent avec mes proverbes de vieux sages mais… je les trouvais tellement étranges que j’ai fouillé dans leur appartement il y a deux jours ! Six diamants aussi gros que des balles de ping-pong ma grande ! Tu te rends compte ! J’ai tout de suite appelé la police !
- Quelle police ?
- Ben la police locale ! Je n’allais quand même pas appeler Booth et Brenan ! T’avais raison, ces deux-là sont bien des Bonnie and Clyde !
- Mais peut-être qu’ils sont à eux ces diamants Yvette ?
- Oui c’est ça ! Prends-moi pour une bille ! Pourquoi venir crécher ici alors ? Et pas au Ritz plutôt ! Mais si ces diamants sont à eux, alors mon amant est David Boreanaz !

Une faille temporelle ! C’était elle la responsable du capharnaüm qui gisait au cœur de cet appartement.

***

- Bon sang qu’est-ce qui s’est passé ? gronda Doggett.
- J’ai la tête qui tourne ! se plaignit Monica.
- Ce qui s’est passé ? Vous avez fait peur à Scully ! Voilà ce qui s’est passé John Doggett ! m’exclamai-je.
- Où est-ce qu’on est ? demanda Reyes.
- Ça il faut le demander à ma mère, informa William.
- On est tout sauf dans le présent ! déclarai-je.
Je me retournai en direction de Reyes et Doggett.
- Arrêtez Mulder ! C’est quoi ces conneries ? s’impatienta Doggett.
- Et où est Scully ? s’inquiéta Reyes.
Je regardai autour de moi essayant de comprendre où et quand exactement Scully nous avait propulsés. Nous étions au beau milieu d’un couloir où pas un bruit ne filtrait.
- Mulder ? Qu’est-ce qu’il se passe ? demanda Reyes de plus en plus inquiète.
Au même moment, un groupe de jeunes, des livres à la main et marchant à un rythme soutenu surgirent des doubles-portes situées au bout du couloir.
- Hé mais ils nous foncent dessus ! s’écria Doggett.
Ils traversèrent nos corps et continuèrent leur chemin sans se retourner. L’un des trois s’arrêta devant une porte, frappa. Une voix en provenance de l’autre côté de la cloison s’éleva.
- Entrez !
Le garçon et les deux filles qui ne devaient pas avoir plus d’une vingtaine d’années disparurent à l’intérieur de la pièce à laquelle ils avaient frappé.
De nouveau, nous étions seuls. William et moi sourîmes en constatant l’expression horrifiée qui figeait les visages de Doggett et Reyes.
- Ça fait drôle la première fois, dit William, mais vous vous y habituerez.
- On est… des fantômes ? demanda encore Reyes.
- Des âmes en voyage pour être plus exact. Personne ne nous voit et personne ne nous entend.
William se dirigea vers la porte qui se trouvait en face de nous mais au lieu de l’ouvrir passa tout simplement à travers.
- Venez, dis-je à Doggett et Reyes, visiblement très réticents.
- Vous êtes sûr qu’il n’y a vraiment pas besoin d’ouvrir cette porte Mulder ?
- Croyez-moi Reyes.
Soudain, la tête de William surgit en plein milieu de la porte, comme coincée. On aurait dit un autoportrait en 3D ! Reyes poussa un cri de surprise.
- Mais qu’est-ce que vous attendez bande de trouillard ? souligna mon fils.
Puis sa tête disparut comme par magie.
Et voyant qu’aucun des deux ne se décidait, je bousculai Reyes qui perdit l’équilibre, ce qui la fit disparaître aussitôt derrière la porte, là où commençait à s’impatienter mon fils. Je m’apprêtai à faire de même pour Doggett quand celui-ci m’interrompit dans mon geste.
- Je n’ai pas besoin de vous Mulder ! Je ne suis pas un trouillard !
- Mais je vous en prie John ! Montrez-nous que l’effet Casper ne vous fait pas peur !
Je m’écartai afin de lui laisser le passage libre. Puis d’un pas décidé, il s’élança vers la porte faisant comme si elle n’existait pas, puis ce fut à mon tour.
On était dans une salle de classe dans laquelle il n’y avait visiblement pas cours. Les trois jeunes croisés quelques instants plus tôt étaient sans doute en retard. Je me tournai vers le tableau. Un calendrier y était accroché.
- On est en 1984 ! informai-je.
Soudain la porte s’ouvrit et je ressentis un soulagement à la vue de la jeune fille qui passa devant nous pour prendre place sur l’une des tables situées dans le fond et se plonger dans un livre de cours.
- Je crois qu’on a retrouvé Maman.
Encore une fois, je pris le risque de croiser l’expression abasourdie de Reyes et Doggett.
- Et contrairement à nous, son âme n’est pas en voyage, leur fis-je comprendre.

***

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Message  PtiteCoccie88 Dim 3 Avr 2011 - 9:06

Chapitre III : L’étudiante



- On dirait qu’elle a à peine 20 ans, remarqua Reyes.
- Parce qu’en 1984 Scully avait exactement 20 ans, ajoutai-je.
- Mais où est Scully ? Je veux dire…
- La Scully de 2011 Doggett ? coupai-je.
- Dans le diamant ! révéla William.
- Le diamant bleu, précisai-je.
- Le… vous voulez-dire… vous avez dit dans le diamant ? bafouilla Doggett.
- Ce n’est pas son corps qui est à l’intérieur, juste son âme, leur expliquai-je encore. Scully a subi le phénomène inverse au nôtre. C’est elle qui a libéré l’énergie, pas nous.
- Tout ceci est complètement fou et je n’y comprends rien Mulder, mais en attendant… comment on retourne là-bas ?
- Dans le temps présent Reyes ?... seulement quand…
La porte de la classe se rouvrit. Un jeune garçon, grand et brun fit son apparition.
- Ah ! Te voilà enfin ! Tu te rends compte que tu m’as fait traverser tout le campus Dana ! Tu peux pas réviser à la bibliothèque comme tout le monde, tu sais cet endroit où il n’y a que des livres !
- J’aime pas, ça me tape sur le système ! Trop de silence !
Le garçon qui s’était assis en face d’elle esquissa un léger sourire.
- Mais là aussi, c’est silencieux. Dis plutôt que tu préfères les endroits où tu es toute seule.
- On ne peut rien te cacher James, soupira Dana. D’ailleurs si tu te dématérialisais là tout de suite sous mes yeux, ça m’arrangerait bien comme ça tu vois, j’me retrouverais de nouveau toute seule !
- Dana…
Elle soupira encore.
- Excuse-moi James, juste que… je suis énervée.
- C’est à cause de Sarah ? De ce qu’elle a dit ?
Dana inspira profondément. Tous les deux se regardèrent quelques instants en silence, yeux dans les yeux puis, James prudemment, attrapa l’une de ses mains qui reposait sur le livre et l’enlaça doucement dans la sienne.
- Tu connais Sarah… elle est parfois maladroite.
- Peut-être mais tu sais ce genre de rumeurs se répand très vite et en attendant tout le campus pense que…
- Ils ne pensent rien du tout Dana, tu m’entends ! Et de toute façon, même s’ils le pensent, ils ne te connaissent pas ! Personne ne te connait aussi bien que moi je te connais !
Soudain, Dana, comme mal à l’aise retira sa main enlacée à la sienne et se leva, se dirigeant vers le mur d’en face visiblement décontenancée, puis se retourna vers son ami les larmes aux yeux.
- Dana… ce n’est qu’une rumeur, n’est-ce pas ? réagit James, troublé par la réaction de Scully.
- J’en sais rien James… lâcha-t-elle la voix brisée.
- Comment ça t’en sais rien ?
Il se leva à son tour, mais une nouvelle fois la porte s’ouvrit.
- Ah la voilà, c’est elle ! La rouquine ! remarqua une jeune fille blonde aux cheveux courts.
- Espèce de traînée ! dit une autre.
Puis les filles gloussèrent avant de disparaître aussitôt.
- Dana ! cria James.
Hurler n’était que peine perdue pour James. Rien ne pouvait retenir Scully quand elle décidait de fuir. Elle disparut en courant dans le couloir et dévala les escaliers. L’avantage pour Reyes, Doggett, William et moi-même qui ne possédions pas vraiment de corps était que nous pouvions nous déplacer aussi vite qu’elle. Pour être plus précis, on était comme connecté au-moindre des déplacements de Scully depuis qu’on l’avait retrouvée. Si elle ne bougeait pas, on ne bougeait pas. Si elle bougeait, on bougeait, mais sans avoir vraiment besoin de se déplacer. On flottait comme dans un rêve, restant toujours à la hauteur de Scully.
On était pareil à des spectateurs devant une scène de théâtre. Une sorte de connexion, je le savais ayant déjà vécu cette expérience et William aussi, due à l’énergie contenue dans les diamants. C’est comme cela qu’on se retrouva au milieu de la cour qu’on avait aperçue depuis les fenêtres de la salle de classe du troisième étage en moins d’une seconde.
James finit par la rattraper et la força à se retourner en lui saisissant le bras.
- Dana ! On est ami depuis notre premier jour en médecine ! Et t’as toujours été là pour moi, comme moi je l’ai toujours été pour toi ! Et jamais je ne m’accorderais le droit d’avoir une telle pensée abjecte et si dégradante à ton égard comme vient de le faire cette bande de filles stupides et sans intérêt à l’instant mais, s’il s’avère que cette rumeur est vraie Dana, toi et lui risquez l’exclusion de l’université !
- Il ne se passe rien entre moi et Daniel ! Il n’y aura jamais rien entre moi et le professeur Daniel Waterston !
- Bien ! Dans ce cas, exerce-toi à canaliser tes émotions en public et à faire en sorte que cette rumeur reste fausse ou à ce qu’elle le devienne très vite !
Petit à petit, la cour centrale dans laquelle nous nous tenions commença à se remplir progressivement d’étudiants, tout comme les allées latérales nous entourant. Dana regarda une dernière fois James avec un aplomb qui fit presque froid dans le dos, puis l’abandonna, le laissant seul au milieu de la foule. Immédiatement, nous suivîmes Dana d’une manière si fluide qu’on se serait cru au cinéma. Nous, assis confortablement dans notre fauteuil, elle, une actrice à l’écran. Doggett et Reyes étaient bien trop estomaqués pour pouvoir dire quoi que ce soit. Tout comme moi et William, ils subissaient la scène que nous imposait Scully. Il fallait attendre. Suivre Scully jusqu’à tant que le présent se rappelle à nous et espérer que le néant n’attrape pas nos âmes, ce qui arriverait tôt ou tard. Le néant affaiblissant d’abord les âmes du voyage, puis créant une dilatation progressive de l’espace nous entourant, puis un déchirement, et enfin son explosion, envoyant la faille temporelle dans un vide où temps et espace n’existent tout simplement pas. Dans un monde où l’univers ne serait pas encore né. Mais Scully, elle, n’avait rien à craindre. Le diamant protégeant son âme dans sa totalité.
Après plusieurs minutes de marche entre les allées, Scully nous fit entrer dans un bâtiment à la façade extérieure semblable à celui qu’on avait quitté. Nous pénétrâmes d’abord dans un hall où plusieurs étudiants se tenaient sur des chaises et des canapés. On pouvait y sentir l’odeur du café et entendre quelques accords de guitare. Scully ne s’attarda pas et traça comme une flèche en direction d’un escalier en colimaçon. Après avoir grimpé trois étages et arpenté de nouveau un long couloir beaucoup plus chaleureux que celui de l’autre bâtiment, elle s’arrêta devant une porte ornée du numéro 314. Sans frapper, elle entra. Ce n’était pas une salle de cours, mais une chambre. Scully ne m’avait jamais parlé de ses études en médecine, ni des conditions dans lesquelles elle avait étudié. Rares étaient les anecdotes et les souvenirs appartenant avant notre première rencontre qu’elle m’avait fait partager. Le seul événement vraiment marquant que je connaissais de son passé était celui concernant Daniel Waterston. Elle avait failli faire sa vie avec lui.
La pièce n’était pas très spacieuse, juste la place pour mettre deux lits d’une personne, deux bureaux, deux tables de nuit et deux placards. Scully se dirigea vers la fenêtre. Elle observait dehors, réfléchissant, plongée dans un état second. Au bout de quelques minutes, elle s’installa sur l’un des deux bureaux, celui situé dans la partie droite de la chambre. Elle tira l’un des tiroirs, le malmenant plus ou moins, le retournant complètement pour finalement en sortir une simple feuille blanche. Elle attrapa également un stylo, puis rédigea à toute vitesse sur le papier, mais pas comme si elle manquait de temps et qu’il fallait qu’elle écrive au plus vite, mais plutôt comme s’il s’agissait d’une chose vitale. Son écriture s’adaptant à son rythme cardiaque qui semblait s’affoler de plus en plus sous l’émotion. Ce n’était pas un simple pense-bête, mais une lettre qu’elle glissa aussitôt achevée sans se relire, dans une enveloppe sur laquelle elle inscrivit un nom suivi d’un prénom. Elle resta figée plusieurs secondes devant cette enveloppe posée sur son bureau d’étudiante, puis la prit et sortit de la chambre.
Scully nous fit une fois de plus traverser tout le campus. La nuit commençait à tomber. Je n’avais aucune idée de l’heure qu’il pouvait être, ni en quelle saison pouvions nous nous trouver. Je savais déjà que nous étions en 1984, ce qui était un bon début, mais en réalité, ce n’était pas très important. Je m’inquiétais surtout de la tournure que les événements pourraient prendre si jamais Doggett et Reyes venaient à s’affaiblir. C’était leur tout premier voyage temporel et ils finiraient par se vider de leur énergie si Scully décidait d’éterniser son périple. Pour William et moi, c’était différent, nous avions l’habitude et surtout on était connecté à l’énergie des diamants. On se savait plus ou moins protégé, même si face au néant, cela deviendrait sans doute soudainement plus compliqué. Les diamants nous connaissaient, savaient qui on était, ce qui n’était pas le cas de Reyes et Doggett. D’un instant à l’autre, la puissance des diamants pouvaient se retourner contre eux. Voilà pourquoi je n’avais pas voulu embarquer dans cette faille temporelle sous le même aspect que Scully. Et William savait qu’il pourrait m’aider si les choses se passaient mal. Doggett et Reyes avaient besoin de nous deux. De plus, sans William et moi, Doggett et Reyes n’auraient jamais été capables de retrouver Scully et de suivre son évolution dans cette brèche. S’ils arrivaient à la suivre et à évoluer avec elle en ce moment, c’était uniquement grâce à moi et à mon fils. Je profitai de cette nouvelle cavalcade que s’offrait Dana entre les allées semblables à un labyrinthe pour me renseigner sur leur état :
- Comment vous sentez-vous ?
- Ça va, répondit Doggett.
- Je suis un peu essoufflée mais, je tiens le coup, rassura Reyes.
Scully ralentit enfin sa cadence et pénétra dans un nouveau bâtiment qui semblait regrouper des bureaux administratifs. Elle s’arrêta devant une porte. Un écriteau sur lequel on pouvait lire « Professeur en médecine Daniel Waterston » y était accroché. Elle frappa deux coups bien marqués. Elle sembla attendre une réponse. Rien. Elle regarda autour d’elle, s’assurant que l’endroit était désert, puis glissa la lettre sous la porte. Elle s’éclipsa aussi vite qu’une flèche du bâtiment comme craignant d’être surprise ou aperçue par quelqu’un. Je n’avais encore jusqu’ici pas prêté attention à la manière dont elle était habillée. Elle portait un jean bleu clair avec une veste en laine noire et des tennis en toile marron. Ses cheveux, longs et bouclés étaient d’un roux incandescent, presque d’un éclat indécent. Ses traits me rappelaient tant ceux que j’avais découverts pour la première fois en ce mois de mars 1992. Je reconnaissais ici ses grands yeux si jeunes et vifs, animés par une soif de savoir insatiable et une détermination hors du commun. Ce bleu dans son regard ne vous laissait pas indifférent. Il vous saisissait et vous donnait cette envie irrésistible de plonger dedans.
Les allées s’étaient vidées. La nuit était maintenant complètement tombée, mais les lumières émanant des différents bâtiments suffisaient largement à nous éclairer dans la pénombre. Soudain elle accéléra la cadence de son pas, puis se mit à courir. N’importe qui la voyant agir ainsi d’une quelconque fenêtre ou même passant tout près d’elle aurait tout de suite pensé que cette jeune étudiante puisait en elle toutes ses forces et ses tripes pour échapper à un danger. Mais il n’y avait personne, hormis nous quatre qui étions invisibles aux yeux de tous, sauf à l’âme de Scully contenue dans le cristal bleu. Je savais que le retour au temps présent était imminent, notre jeune étudiante devenant de plus en plus instable, commençant à crouler sous le poids d’une émotion intense. Je n’avais connu Scully qu’à l’aube de ses 28 ans mais, cela ne me privait pas de savoir décrypter avec précision le tumulte interne qui rongeait cette jeune demoiselle courant à en perdre son souffle. Dana cherchait à fuir une détresse rimant avec tristesse qui prenait sa source dans les mots qu’elle avait écrits et glissés dans cette enveloppe abandonnée dans le bureau du professeur. Brutalement elle stoppa sa course folle et se retrouva immédiatement secouée par une cascade de sanglots. Elle se remit quand même en marche mais sans pouvoir arrêter ce déferlement de larmes qui s’abattait sur elle.
- Mulder !
Je les avais presque oubliés. Je me sentais comme absorbé par les émotions de Dana, seulement âgée d’une vingtaine d’années. Elles balayaient tout sur leur passage, me faisant sortir de l’esprit Doggett et Reyes. Percevoir Scully dans un tel état de détresse me déchirait complètement. Je la suivais, j’entendais sa respiration saccadée, je voyais ses larmes ravager son visage mais, je ne pouvais rien faire pour redessiner son sourire que j’aimais tant. Dana n’avait beau avoir que vingt ans ici, c’était la même à tous les temps. Peu importe l’âge qu’on a, on ne change pas. Scully était forte mais, pouvait aussi s’écrouler sans prévenir.
- Mulder ! répéta Reyes.
- Papa ! Ils ont besoin de nous, cria William.
L’alerte de mon fils capta enfin mon attention. Aussitôt j’analysai la situation qui s’imposait à nous.
- Que nous arrive-t-il Mulder ? dit Doggett.
- Je ne sens plus mon corps, s’affola Monica.
- Vous devenez transparent, expliquai-je.
- Mulder ? Dites-nous ce qu’il faut faire ? me supplia Reyes.
- Donnez-moi votre main Doggett et vous, Monica, serrez bien fort celle de William ! ordonnai-je prestement.
- Je croyais qu’on était comme des fantômes Mulder ! On ne peut rien toucher que je sache ! s’étonna Monica.
- Oui… mais pas entre nous. William et moi-même sommes reliés à Scully par son âme réfugiée dans les diamants. Seule une personne ayant déjà ouvert une faille temporelle est à l’abri du néant, continuai-je.
- Qu’est-ce qu’il faut entendre par là Mulder ?
- Ne vous inquiétez pas Monica ! Tant que nous tenons vos mains, il ne pourra rien vous arriver ! Le néant arrive toujours quand la faille est sur le point de se refermer ! Ce qui devrait arriver… maintenant !
Des litres d’eaux tombèrent d’un seul coup sur nous. Le retour dans le présent était toujours un moment particulièrement sensible et délicat. Ces trombes d’eaux qui s’abattaient, étaient en relation avec les pleurs de Dana qui continuait toujours sa route à travers le campus, mais l’âme de Scully, ma Scully, celle du présent se trouvait secouée par la souffrance que ravivait la vue de cette jeune étudiante au creux de la vague. Scully voulait rentrer, se réveiller, comme quand l’on se trouve dans un cauchemar et vite ! Le décor changea peu à peu. Le bruit de la pluie assourdissant s’atténua, comme l’orage qui s’éloigne. Dana Scully, 20 ans, étudiante brillante en médecine et ravagée par son cœur et ses émotions s’évapora de notre champ de vision pour laisser place au présent.


***

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Message  PtiteCoccie88 Ven 8 Avr 2011 - 14:51

Chapitre IV : Entre-deux Temporel




Le retour était toujours plus calme que l’aller. Il n’y avait jamais de tourbillon. Mais, psychologiquement, c’était souvent une toute autre histoire. On savait toujours où on disparaissait mais, jamais vraiment où on refaisait surface.
Doggett et Reyes étaient légèrement déroutés mais, rassurés de constater qu’ils avaient enfin retrouvé leur faculté tactile. Quant à William, je ne me faisais jamais de soucis. Pour mon fils, ces voyages temporels étaient comme un grand huit ! Il adorait ça. Scully et moi-même, un peu moins mais, j’avoue qu’à force, on y prenait goût de plus en plus. Détail qui pouvait être effrayant par moment. Surtout pour Scully, qui tout comme notre fils, avait besoin de ces envolées temporelles comme quand le corps réclame sa dose quotidienne de caféine. Dès qu’il y avait un obstacle, on fuyait, s’éclipsant du présent. Même moi, j’avais maintenant bien du mal à résister aux facultés incroyables, presque magiques des diamants. Des facultés qui augmentaient au fur et à mesure qu’on les réunissait, intensifiant par la même occasion notre... « addiction ».
William était déjà auprès de sa mère. Elle était allongée sur l’herbe, légèrement recroquevillée sur le côté. Elle ne s’était pas encore réveillée. Le soleil qui illuminait son visage lui donnait un aspect serein. Scully semblait dormir d’un sommeil paisible. Ses traits étaient détendus, même si quelques rayons trahissaient la présence de quelques larmes séchées sur ses joues. Puis, ce que j’attendais se produisit enfin. Une luminescence pourvue de plusieurs étincelles de couleur jaillit gracieusement autour de Scully. On aurait pu croire que son âme quittait son corps. Cinq couleurs s’élevèrent ensembles, puis un bleu cristallin exécuta sa danse. Les étincelles, les unes après les autres abandonnèrent progressivement leur état d’apesanteur et retrouvèrent leur forme originelle. Les diamants. Six cristaux reposaient désormais sur l’herbe. Scully bougea et ouvrit doucement les yeux.
- C’est magique, s’extasia Reyes à la vue du phénomène éclatant de luminosité qui venait de se produire autour de Scully.
- On peut dire ça, dis-je.
Scully mit quelques instants à émerger, battant plusieurs fois des paupières, son regard complètement engourdi par un sommeil profond qui n’en était pas un. Mais le retour au présent donnait toujours la sensation qu’on se réveillait d’une nuit bien trop courte. Ses yeux bleus, enfin, semblèrent visualiser notre présence. Elle inspira un bon coup, et retint son souffle, réalisant soudainement ce qu’il venait de se passer, les yeux au ciel.
- Je suis désolée ! lâcha-t-elle en expirant tous ses poumons.
- Ce n’est pas grave, la rassurai-je aussitôt.
Je mourrais d’envie de lui saisir ses mèches rousses et d’en replacer quelques-unes derrière ses oreilles mais, devant Doggett et Reyes, je trouvais ce geste intimidant et bizarre. En fait, ce n’était pas ce geste que je trouvais étrange mais, plutôt la présence de John et Monica. Cela faisait dix ans. D’ailleurs, je sentis l’impatience de ces deux-là à son paroxysme quand j’aperçu John sur le point de poser une question mais William les devança, bien que lui, n’attendait pas les mêmes explications.
- T’étais amoureuse de lui ?
Je souris.
Qui était donc cet homme qui avait réussi à déstabiliser sa mère, aussi jeune…
Scully aussi décrocha un faible sourire. Elle regarda autour d’elle et s’assura que la voie était libre, que personne ne regardait en notre direction et attrapa les diamants, un par un. Reyes et Doggett n’avaient encore rien remarqué mais, une sphère protectrice transparente nous entourait, nous rendant invisible aux yeux des autres. Une fois qu’elle eut frôlé de sa paume les six diamants, la sphère nous enveloppant, s’évapora.
- Nous sommes en 2011, annonça Scully tout en essuyant ses larmes séchées.
Le bruit s’infiltra en nous. Les oiseaux, les voitures au loin, les cris des enfants dans le parc dans lequel nous nous trouvions s’engouffrèrent dans nos tympans. Reyes et Doggett notèrent d’une manière troublée le léger changement environnant.
- Qu’est-ce que c’était ? posa Reyes levant la tête au ciel, comme à la recherche de quelque chose.
- Un entre-deux temporel, expliqua Scully d’un calme absolu, comme hypnotisée par les six diamants qu’elle ne quittait pas des yeux. Pour ouvrir une autre faille temporelle, il faut obligatoirement repasser par le présent. Une sphère protectrice, invisible nous protège de la vue des autres durant ce laps de temps entre passé et futur…
- Vous pouvez ouvrir des failles du futur ? s’estomaqua Reyes.
William, Scully et moi fîmes comme si nous n’avions rien entendu. Nous ne voulions pas trop en dire. Moins ils en sauraient, mieux le secret du pouvoir des diamants serait gardé. Scully poursuivit tant bien que mal.
- On revient toujours dans un rayon d’un minimum de dix kilomètres par rapport au lieu de départ et cette sphère est parfois très… pratique ! finit-elle dans un large sourire.
- Qu’est-ce que vous voulez insinuer par là, Scully ? enchaîna Doggett.
- Le FBI n’approuverait sans doute pas cette insinuation, révéla-t-elle encore.
- Alors, t’étais amoureuse de lui, oui ou non ? revint William à la charge.
- J’étais surtout incroyablement stupide !
Personne n’osa répondre à cela.
A la place, je passai ma main au-dessus des six diamants et prononçai : « Tempus ». Les diamants disparurent dans le coffre en ébène qui se matérialisa progressivement autour d’eux, les enfermant. Scully dirigea alors le petit coffre vers moi sous les yeux ébahis, une fois de plus, de Doggett et Reyes.
- Il vaut mieux que ce soit toi qui les gardes, me murmura-t-elle.
Je lui obéis aussitôt et glissai le coffret en ébène dans une poche à l’intérieur de ma veste. Scully n’aimait pas sentir que quelque chose hormis elle-même était capable de la contrôler ou qu’elle devenait dépendante des objets ou des autres, car ceci était la preuve d’un dérèglement émotionnel avec elle-même et, Scully détestait par-dessus tout cette sensation. Eprouver un manque envers un élément, une substance ou un être la troublait, mettant grandement en péril son tempérament si solitaire et indépendant. Je la connaissais depuis vingt ans et il m’avait fallu batailler pendant environ une dizaine d’années pour qu’elle accepte de s’ouvrir et d’écouter ses émotions, d’arrêter de les ignorer.
- Si tu connais la réponse William, pourquoi tu poses la question ?
- Parce que… je sais que sans cet homme, tu n’aurais sans doute jamais rencontré Papa, répondit William à sa mère pour sa défense.
- Sans doute… confirma-t-elle pensive.
Un silence passa.
- Et si on bougeait ? déclarai-je afin de rompre l’atmosphère pesante.
- Rentrons à l’appartement, appuya Scully. Je crois que nous vous devons quelques explications, ajouta-t-elle à l’attention de John et Monica.
Nous nous levâmes aussitôt, quittant ainsi la douceur du parc incroyablement ensoleillé dans lequel nous avions refait surface.

***

- William s’est enfin décidé à laisser tranquille nos deux invités capables de te donner la plus grande peur de ta vie ! chuchotai-je me glissant à mon tour sous les couvertures tout en la rapprochant contre moi.
Malgré que je la sentais plus proche des bras de Morphée que des miens, elle m’offrit un sourire.
- Et je les ai convaincus de retourner à Washington.
- C’est bien, murmura-t-elle d’une voix à moitié emportée par le sommeil. De toute façon, s’ils ne veulent pas, il suffit d’ouvrir une faille. On les a bien semés pendant dix ans, on peut aisément continuer encore quelques mois.
- Je sais mais, ce pouvoir grandit de plus en plus et… j’ai peur des conséquences.
Je la sentis bouger. Sans m’en rendre compte, j’avais moi aussi fermé les yeux. Quand je les rouvris, elle me fixait. La faible lumière, due aux lampadaires de la rue, qui émanait de la fenêtre juste au-dessus du lit malgré les épais rideaux tirés me laissait percevoir une certaine inquiétude dans le regard de Scully mais, avant tout une grande fatigue. Il fallait que tout cela finisse au plus vite. Je la sentais épuisée et William n’aimait pas voir sa mère dans un tel état. Et puis, je rêvais d’offrir à mon fils une vie normale.
- Ils dorment sur le canapé ? reprit-elle, balayant volontairement l’inquiétude installée.
- Oui.
- Tous les deux ?
- Oui.
- Et comment ont-ils fait pour…
- La gardienne de l’immeuble a appelé la police locale à cause des diamants mais, le service d’écoute du FBI a tout de suite reconnu et intercepté notre signalement suite à la description de la gardienne qui a ensuite immédiatement prévenu l’agent Doggett, débitai-je d’une seule foulée.
- Pourquoi… on a rien vu venir cette fois ?
- Parce que je crois… qu’on a tout simplement relâché notre vigilance depuis qu’on se trouve dans cette ville. Tout comme toi, William n’en peut plus et il sent que ta mère te manque terriblement en ce moment et… ça le perturbe.
- Je suis désolée…
- Non ! C’est moi qui suis désolé… je m’en veux tellement parfois de vous avoir embarqué dans toute cette histoire.
- Il y a dix ans… tu étais en danger et je t’ai supplié de prendre la fuite, ce que tu as fait. Ensuite, c’est moi et William qui avons subi les mêmes menaces. Du jour au lendemain, j’ai alors pris la décision qu’on subisse ces menaces ensembles, plutôt que séparés et je ne regrette rien.
A l’entente de ses derniers mots, je la serrai davantage contre moi, l’enveloppant de tous mes bras. Sa respiration se fit encore plus lente et profonde qu’elle ne l’était déjà, puis je la sentis sombrer complètement. Je ne mis pas plus de quelques minutes avant de moi-même la rejoindre. Nous étions tous épuisés. Cette quête était d’une intensité et d’une folie extrême, presque surréaliste mais, cela en valait la peine. Du moins, c’est ce que je me disais. Par moment j’éprouvais quelques difficultés à me convaincre et à continuer. Après tout, personne ne nous obligeait à faire ce pourquoi on en était là. Comme du jour au lendemain, nous avions quitté la vie normale, nous pouvions aussi y retourner aussitôt, mais il fallait achever cette quête si nous voulions que la vie normale dure pour l’éternité. Sans la réalisation du but ultime de notre projet, on condamnait l’humanité. Et dans ces circonstances, la vie normale n’existerait tout simplement plus. Et puis notre destinée était écrite. Nous n’avions pas le choix. Vie normale ou pas, de toute façon, certaines personnes cherchaient à nous tuer, car c’était notre rôle à tous les trois d’empêcher ce qu’ils concoctaient pour nous. Pour nous tous. L’anéantissement de l’espèce humaine. La fin du monde.

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Message  PtiteCoccie88 Mer 26 Oct 2011 - 7:54

Chapitre V : Retour vers le passé


Le feu m’enveloppa et les cris de mon enfant déchirèrent l’air. Une lame d’un couteau traversa mon dos, arrachant mon cœur. Mon souffle s’arrêta brusquement. William !

- William !

Le ciel s’ouvrit à moi. Je portai ma main sur mon cœur. Je suffoquai plusieurs secondes tout en me redressant. Je regardai autour de moi, affolée. Du sable, une serviette de plage, du sable, encore du sable, et toujours cette même serviette rouge et jaune épuisée par trop de lavages en machine et le sel de mer. Un rêve, un cauchemar. Mon cœur allait bien. Je m’étais juste endormie un moment. Le bruit des vagues se fracassant contre mes tympans me donnait le vertige. Mes yeux bleus se heurtant en boucle aux mêmes éléments. Un sanglot de terreur m’échappa.

- William !

Je me levai. Une violente bourrasque m’aveugla. Le sable s’infiltrant dans mes iris.

- William !

Ma voix était noyée par l’onde de choc du rivage.

- William ! William ! WILLIAM !

Pas une âme à l’horizon. Rien que moi. Personne. Je crus l’entendre. Silence de nouveau. Trois secondes interminables avant que les pleurs de mon enfant transpercèrent l’air.

- William !

Je me mis à courir, difficilement, le sable me faisant perdre mon équilibre, guidée par les cris. Je le trouvai derrière une dune entourée de rochers. Comment avais-je pu m’endormir ! Je m’en voulais terriblement. Une autre question me taraudait l’esprit. Il ne savait pas encore marcher. Comment William avait-il pu se hisser jusqu’ici ? Je dépassai les pierres me séparant de mon fils qui se calma aussitôt dès qu’il sentit enfin la présence maternelle. Je l’emmitouflai de toutes mes forces entre mes bras et regardai encore une fois les alentours. Le ciel bleu laissait progressivement place aux nuages gris. Rien à l’horizon. Rien que la mer et la faune sauvage. J’étais seule. L’étincelle vibrant par intermittence attira mon regard. Je tournai la tête, serrant toujours William et penchai l’une de mes mains précisément à l’endroit même où se tenait encore mon fils il y a quelques instants. Je pris l’objet humidifié par l’eau de mer s’infiltrant entre les rochers. Je n’en avais jamais vu jusqu’à aujourd’hui mais compris de quoi il s’agissait immédiatement. Mulder m’en avait tellement parlé. J’étais persuadée qu’il ne s’agissait que d’une légende et pourtant j’en tenais un dans mes mains, comprenant ainsi comment mon fils avait pu parcourir autant de mètres en si peu de temps et ce, sans savoir marcher. Je compris surtout comment trouver les six autres diamants.

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Message  PtiteCoccie88 Dim 30 Oct 2011 - 23:13

***

Chapitre VI : Sueurs Nocturnes

Le noir s’offrit brutalement à moi. Mon cœur… mon dieu mon cœur, l’impression qu’il va exploser ! J’entendais encore l’océan Pacifique vibrant dans mes organes et je ne comprenais pas pourquoi je ne voyais rien du tout à part une obscurité qui ne laissait rien pénétrer. Mulder bougea. C’est en le sentant près de moi que je compris que je me trouvais réveillée, allongée, en nage et dans mon lit. Je n’avais plus rien à craindre. Mon cœur arrêta progressivement sa cavalcade. Le sable s’engouffrant dans mes yeux, les hurlements de William me paralysant de terreur, c’était du passé, même si cela revenait en boucle de temps en temps durant mon sommeil. Les bras de Mulder m’enlacèrent. Je me retournai vers lui.

- C’est le cauchemar ?
- Oui, lui murmurai-je. Je fis une pause, inspirant profondément, me sentant encore toute tremblante d’avoir une fois de plus revécu cette scène insupportable, excuse-moi de t’avoir réveillé.

Il ne répondit pas. A la place, il me resserra davantage contre lui et fit glisser sa main sur ma joue, puis ses doigts rejoignirent ma bouche. Au contact de sa chair sur mes lèvres, je lui dessinai un sourire, puis je saisis sa main, m’emparant de sa direction en la faisant descendre dans mon cou, sur ma clavicule, puis en la posant sur mon sein gauche qu’il enveloppa immédiatement. Je partis aussitôt à la recherche de ses lèvres qu’il m’aida à trouver très vite. A moitié consciente, happée par le sommeil qui ne demandait qu’à me reprendre, étouffée par l’angoisse du cauchemar encore présente dans mes entrailles, je ne me rendais pas bien compte de ce que je faisais, mon cerveau n’arrivant pas à faire son analyse détaillée de tous mes gestes, seul mon corps dictait ma conduite. Un corps qui ne demandait qu’à être débarrassé de toutes ses tensions destructrices. Ma respiration prit un virage brutal quand la pression de ses mains sur ma peau se fit plus présente. La douleur de la lame de mon cauchemar plantée dans mon cœur disparut, comme si elle n’avait jamais existé. Je perdis ses lèvres un instant, parce qu’il venait de me faire basculer au-dessus de lui, me retrouvant à sa place, lui à la mienne.

- Embrasse-moi, le suppliai-je, me sentant soudainement plus qu’alerte.
- Dis-moi… tu es sûre qu’il s’agissait bien d’un mauvais rêve et non… d’un rêve prémonitoire louant le pêché ? me dit-il tout bas, sur un ton si velouté qu’il me fit frémir.
- Absolument certaine, étouffai-je, retrouvant ses lèvres pour mon plus grand plaisir.

Nous nous perdîmes comme ça, souffle l’un contre l’autre, pendant encore quelques secondes quand un bruit sourd, une porte résonnant suivie d’une explosion de rires en provenance du hall de l’immeuble nous ramenèrent soudainement à la réalité. L’euphorie nocturne, aussi bien pour moi que pour Mulder nous abandonna progressivement, nous rappelant que nous étions loin de n’être que tous les deux dans cet appartement. Et que continuer plus loin dans l’appel du désir n’était pas forcément une bonne idée. La raison reprenant peu à peu le dessus, nous forçant à réprimer notre envie, nous nous dégageâmes doucement de l’emprise de l’autre. J’aperçus l’affichage digital du radio réveil : « 2h34 ». Je me levai délicatement, ne voulant pas faire surgir ces horribles voiles noirs devant mes yeux, le tout accompagné d’un violent « tamtam » dans ma tête.

- Où tu vas ? me demanda Mulder inquiet.
- Dans la cuisine, enfin le séjour j’ai soif.

Pieds nu, je m’apprêtais à faire tourner la poignée de la porte de notre chambre quand Mulder s’affola :

- Attends ! Tu peux pas sortir comme ça !

Ma pression sur la poignée se relâcha. J’étais pieds nus certes mais, aussi toute nue… jusqu’à la tête !

- Oops… souris-je.

A tâtons, toujours dans l’obscurité la plus totale (constatant que l’éclairage de la rue était désormais éteins) je me mis à la recherche de vêtements, tous éparpillés sur le parquet et pris les premiers qui rencontrèrent mes mains. C’est comme cela que je remarquai, une fois dans le couloir, que j’avais une fois de plus jeté mon dévolu sur l’une des chemises de Mulder. J’étais désormais couverte jusqu’à mi-cuisse. Il y avait du progrès.

J’essayais de me transformer en souris mais, le parquet ne put s’empêcher de grincer sous mon poids. Mon regard s’arrêta un instant sur Doggett et Reyes. Ils n’étaient pas du tout proches l’un de l’autre. J’avais même l’impression qu’ils avaient envie de tomber par terre, chacun de leur côté, tellement ils s’agrippaient aux bords du canapé lit et ne semblaient pas vouloir en démordre. J’avais peur de les réveiller mais, j’avais si soif, comme si le sable et l’air sec de l’océan responsable de mes frayeurs nocturnes m’avaient desséchée de l’intérieur. Après avoir récupéré un verre reposant sur l’égouttoir, je pris la bouteille en plastique posée à côté. Le son du plastique craquant et se broyant sous ma main était encore plus stressant que le parquet sous mes pieds. Mais je n’aimais pas l’eau du robinet. Dommage pour moi, car un simple aller-retour dans la salle de bain aurait alors été suffisant. Je me retournai vers eux. Doggett bougea. J’attendis qu’il se calme pour enfin faire couler l’eau dans mon verre. Tout en me reconnectant à ce pourquoi je me trouvais au-dessus de l’évier à une heure si tardive, j’aperçu de la lumière chez… j’avais déjà oublié son prénom. Charlotte ? Arf… bref quelque chose comme ça. William, lui, savait. Bref, chez la jeune fille au violon. La porte de son appartement était grande ouverte. Puis, je la vis sortir sur le pallier en forme de balcon ouvert et surplombant toute la cour carrée de notre immeuble. Elle était au téléphone. J’entendis des rires en provenance de chez elle. Je reliai les rires du hall qui avaient subitement stoppé ma pulsion charnelle à ceux que je venais d’entendre. M’envoyer en l’air avec Doggett et Reyes dans l’appartement, mais à quoi pensais-je ! Et bien sûr, Mulder, toujours de la « gazoline » plein dans le moteur. Mais il n’y a rien de meilleur pour évacuer l’angoisse. J’ai dit « avec » ? Cela pourrait prêter à confusion. Ce que je veux dire c’est que… vu comment Mulder et moi étions chauds bouillants, c’est clair qu’on les aurait réveillés ! Mais pourquoi mon esprit divague autant ? D’habitude, je ne suis pas comme ça, mais plutôt autiste envers mes pensées. Parce que quand je pense, cela me rend nerveuse, incapable d’agir et bancale. « Bonsoir, c’était Dana Scully et son soliloque nocturne ! » Puis un juron m’échappa :

- Merde !

Absorbée par ce qui se passait au-dehors et troublée par mon aparté complètement stupide et inintéressant avec moi-même, j’avais fini par trop remplir mon verre. L’eau coulait sur ma main. Je stoppai aussitôt les inondations en reposant la bouteille. C’est à ce moment précis que la chaleur décida de m’envahir.

- Oh non… pas maintenant, gémis-je.

J’avais chaud, si chaud. De l’air ! Je savais qu’ouvrir le robinet pour me rafraîchir le visage et la poitrine les réveillerait pour de bon et la salle de bain me paraissait si loin. M’assurant qu’ils dormaient toujours profondément, j’ouvris délicatement la fenêtre, mon verre d’eau à la main, et passai par-dessus bord, me retrouvant dans la cour intérieure. L’air frais me submergea d’un seul coup, s’engouffrant dans la chemise trop large et satinant mes cuisses et mes jambes, calmant un temps soit peu cette atroce bouffée de chaleur tout en buvant d’une traite mon verre d’eau. La pierre froide sous la plante de mes pieds finit de m’apaiser.

- Non pas à la halle aux grains, mais piano aux jacobins ! Et soyez à l’heure mardi soir !

Charlotte… enfin… la jeune fille au violon raccrocha.

- Bon, vous avez eu le temps de choisir le film ? lança-t-elle en direction de son appartement avant de disparaître à l’intérieur.
- « Le silence des agneaux ! » s’exclama une voix espiègle.
- Oh non ! Vous abusez, on l’a déjà vu dix fois !
- Deux frères contre une sœur ! Tu ne fais pas le poids !

L’hilarité reprit de plus belle. Je me surpris à sourire.

La porte se referma. Piano aux jacobins… Ce nom me disait quelque chose, mais impossible de le rattacher à quoi que ce soit d’autre. Une chose était sûre, je venais peut-être de capter un indice pour William.

***

A Suivre... Chapitre VII : Piano aux Jacobins
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