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Tout corps plongé dans l'eau, etc...

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Tout corps plongé dans l'eau, etc... Empty Tout corps plongé dans l'eau, etc...

Message  noisette Ven 30 Avr 2010 - 8:46

TOUT CORPS PLONGE DANS L’EAU, ETC …




(Fin saison 7)
Samedi soir, peu après 21h, immeuble de Scully à Georgetown



- Mais qu’est-ce qui s’est passé ici ? s’exclama avec effarement Scully.

La porte de l’ascenseur venait de s’ouvrir sur son pallier et de lui révéler le cataclysme qui s’était manifestement invité par chez elle.
Elle se précipita vers son appartement et fut immédiatement interceptée par un individu ventripotent, entre deux âges quoique plus près du deuxième, et au sourire qui flirtait entre l’obséquiosité et la mine de satyre.

- Mademoiselle Scully ! s’exclama le voisin. Heureusement que vous rentrez…
Elle bouscula légèrement l’homme qui lui barrait le passage.
- Bonsoir, Monsieur Boggles. Voudriez-vous… ?
Elle partit sur la gauche pour tenter de l’éviter, mais le diable se déplaça à son tour. Et souffla dans la foulée une haleine fétide sur le visage de l’agent du FBI.
- Monsieur Boggles, laissez-moi atteindre ma porte au nom du ciel !
- Mademoiselle, faut que je vous explique, parce que là, ça va pas du tout, mais alors pas du tout…
- Ouais, renchérit nonchalamment un jeune gars dont l’accoutrement balançait entre le costume traditionnel afghan, et le costume traditionnel rasta. Enfin… En même temps, faut pas être si négatif. Moi, j’dis : restez zen !
En ignorant les deux gêneurs, elle réussit à se faufiler jusqu’à sa porte. Une flaque d’eau s’écoulait largement de chez elle. Elle introduisit sa clé dans la serrure en maugréant.
- C’est impossible ! Je n’ai laissé aucun robinet ouvert !
- Ben oui, c’est ce que je voulais vous dire ! reprit le plus âgé avec une voix que l’excitation rendait aiguë. C’est le jeune con, là…
- Hey man, tout de suite les injures ! Keep cool, franchement… C’est karmadéique, c’te histoire… Tu devrais apprécier le spectacle, au contraire !
- Vous y êtes pour quelque chose ?
Scully s’était brièvement retourné vers le jeune qui jouait avec ses dreadlocks, adossé contre le mur.
- Vous n’habitez pourtant pas au-dessus de chez moi, Monsieur… ?
- Hachston, James… Jimmy pour vous ! Il lui adressa un espèce de salut de la main d’un air planant. Nan, j’suis pas au-dessus. Mais ça vient pas d’ailleurs. C’est parti de chez vous, hé hé ! C’est ça qu’est trop classe !
- Classe ? ! s’étrangla Scully en s’escrimant contre sa serrure.
- Hachston le bien nommé, postillonna l’autre en montrant ces dents.
- Ca va le vioque, souffla le « rastafghan » en levant les yeux au ciel. Aucune sensibilité artistique ! ajouta-t-il pour lui-même.
Laissant les deux autres s’invectiver derrière elle, Scully poussa enfin le battant et se rua vers sa salle de bain.
- Merde ! Oh non, merde !
Elle stoppa net devant l’image hallucinante qui s’offrait à ses yeux.
- Mais que… ? !
Elle se tut. Les mots lui échappaient…
… comme s’échappait l’eau en un jet royal de l’extrémité de son tuyau de bain brisé en deux.

- Alors ? C’est pas beau ?! J’appelle ça du psych’art kinésique ! s’émerveilla Jimmy Hachston avec un ravissement béat.
- C’est pas d’l’art, morveux ! C’est la chienlit et c’est toi qu’as besoin d’un bon psy, grinça l’autre boulet qui avait suivi le mouvement en profitant de la panique et qui matait au passage l’intérieur passionnant de sa mystérieuse voisine de pallier.

- Moi, j’aimerai bien qu’on m’explique le psych’art kinésique, commenta tranquillement dans leur dos une voix où perçait une lueur d’amusement.

Ils se retournèrent de concert.
- Mulder ! Dieu soit loué !
- J’allais repartir mais quand j’ai vu qu’il y avait du mouvement par ici, j’ai préféré m’assurer que tout allait bien.
- Grande idée ! J’ai besoin de toi. Il faut couper tout de suite l’alimentation en eau.
- Euh…
- J’peux vous aider, moi, cria Boggles avec un empressement suspect.
- Non ! - C’était un cri du cœur -. Non, c’est totalement inutile, Monsieur Boggles !
- Vous êtes sûre, parce que moi, j’ai du super matos…
- Surtout pas ! protesta Scully. Vous allez sortir maintenant.
- Mais… ! protesta l’autre encore.
- Mon collègue ici présent est un as de la plomberie, assura-t-elle avec une telle force de conviction que le raseur se le tint pour dit.
- Tout à fait, opina Mulder d’un air pénétré.
- Bon, bon. Très bien… ronchonna Boggles en traînant la patte.
Elle le poussa vers la sortie et saisit le bras du second au passage.
- Jimmy, dehors aussi !
- Mais je peux tout vous expliquer, moi !
- Pas la peine ! On s’en sortira !
- La télékinésie !
- Une autre fois !
Et elle claqua la porte derrière eux.

- Scully ?
- Mmm ?
Elle courait déjà vers le coffrage de sa salle de bain. Il la suivit.
- Un as, vraiment ? Tu n’aurais pas la mémoire courte par hasard ? !
- Je me souviens très bien, je te rassure ! Comment pourrais-je oublier ? !
L’image de Mulder trempé sous l’évier de cette femme quelques mois auparavant lui arracha un sourire. Elle reprit.
- Mais c’est Boggles ! … Et l’autre là ! Ca suffit d’une tuile à la fois…
- Tu es consciente que je ne sais même pas où est l’arrivée d’eau ?
- Ici !
A genoux, elle bataillait maintenant contre le coffrage.
- Ah… bon… Et les outils ? s’enquit-il l’air vaguement empêtré.
- OK, j’y vais, souffla-t-elle en se relevant. Essaye au moins de limiter le débit du jet, tu veux ?
Et elle sortit.
- Limiter ?
Tout en se grattant la tête, il jeta un œil désemparé autour de lui.
- Limiter… Elle est drôle ! Comment je limite, moi ? !
Il haussa les épaules et avisa la chemise de nuit de Scully qui pendait, accrochée à une patère.
- Bon.
Il saisit le vêtement et, avec des postures de matador, il s’approcha du tuyau qui continuait à arroser abondamment le sol de la pièce. Il prit son élan et bondit vers le flot puissant en tentant de le couvrir mais il ne réussit qu’à réorienter brutalement la direction du jet vers son costume.
- Oh putain ! sautilla-t-il sur place en dégoulinant d’une eau glacée alors qu’un éclat de rire retentissait derrière lui.
- Voilà une fuite bien difficile à dompter, on dirait !
- Terrible ! Un adversaire particulièrement coriace, je te prie de me croire !
- Mouais !
Elle lui prit la chemise de nuit des mains et s’interrompit une demi-seconde avec un air consterné devant l’état du tissu.
- Et voilà sa première victime… Tu ne pouvais pas prendre une simple serviette de bain ? soupira-t-elle.
- Ah oui tiens ! Je n’y avais pas pensé…
- D’accord…, ponctua-t-elle avec fatalisme. Pour ce qui est de la plomberie, on va considérer que tu te contentes d’exécuter… Ouvre-moi ce maudit coffrage ! commanda-t-elle en lui tendant un pied-de-biche et des pinces. Pendant ce temps, moi, je m’occupe de… la bête !
Elle roula des yeux et affecta une mine de martyr farouchement déterminée en toisant le geyser domestique qui, impitoyablement, inondait toujours les lieux. Il retint un rire à son tour.
- Pas de problèmes, chef. Le coffrage, c’est dans mes cordes.
- Bien ! salua-t-elle en levant les yeux au ciel.
Elle se jeta sur la source et en deux secondes, se retrouva à son tour aspergée violemment par le flux inexorable.
- Saleté de… ! jura-t-elle tandis que Mulder gloussait bien plus intéressé par le spectacle de sa partenaire dans l’arène que par sa mission de trouver et fermer l’arrivée d’eau.
Elle parvint finalement à envelopper la canalisation, noua solidement la nuisette à son bout rompu en deux en réduisant ainsi l’intensité du flot. Et se redressa avec l’infime satisfaction d’une mince bataille gagnée sur l’envahisseur.

Elle ôta sa veste trempée, remonta les manches de son chemisier, humide lui aussi, et s’approcha de Mulder.
- Tu y arrives ? demanda-t-elle en s’agenouillant à ses côtés.
- Il est scellé ! diagnostiqua-t-il en lorgnant discrètement vers le haut presque transparent de sa collègue. Je ne sais pas qui est l’idiot qui a eu cette belle idée de nous interdire tout accès à l’obturateur…
- Bill, l’interrompit-elle.
Leurs regards se croisèrent et s’arrêtèrent l’un sur l’autre. Ils étaient bien forcés de faire tous deux le constat de leur état respectif : ruisselants ! Ils partirent soudain dans un fou-rire nerveux, entretenu autant par la singularité de la situation que par une sourde excitation qui montait entre eux.

- Qu’est-ce qu’on fait, alors ? se reprit-elle en essuyant une larme.
- Je ne vois que deux options…
- Oui ?
- Attaquer à la masse ton coffrage…
Elle grimaça.
- Ou ?
- Ou aller consulter le psych’artiste adepte de la fumette qui te sert de voisin.
- Qui ? Hachston ? ! Qu’est-ce que tu veux qu’il… ?
- Réfléchis Scully ! Comment ce tuyau a-t-il bien pu se briser ?
- Ca, j’aimerais bien le savoir ! murmura-t-elle en s’assombrissant.
- C’est ce qu’il essayait de te dire tout à l’heure ! Ce type fait de la macropsychokinèse !
- Qu’est-ce que tu me chantes ? Ca n’existe pas ! C’est une vue de l’esprit…
- Non, non ! D’ailleurs, il y a eu plusieurs études scientifiques récentes qui ont démontré que l’usage de cannabis pouvait rendre les esprits plus productifs car plus réceptifs à leur environnement…
- Oh, genre… « aware » ? ! railla Scully. Laisse-moi deviner : des études dirigées par le célèbre homme de science Jean-Claude Van Damme ? !
Il ne put s’empêcher de rire.
- Scully, j’ai déjà vu des personnes mener de telles expériences : ils réussissent à tordre des cuillères à distance…
- De la prestidigitation, Mulder.
- Pas tous, Scully !
- Tu veux me faire croire que mon voisin utilise le chanvre indien pour fabriquer ses vêtements, se rouler des pétards et pour tordre mes canalisations d’eau ? !
- Ouaip ! Et en plus, il est convaincu que c’est du grand art !
- C’est toi qui as fumé ! L’esprit ne peut pas avoir d’influence sur la matière. Personne n’a été capable de le prouver sérieusement !
- Pourtant tu ne peux pas nier que l’esprit peut avoir de l’influence sur le hasard…
Il la dévisagea avec une satisfaction manifeste.
- D’accord, d’accord, convint-elle. Tu penses à Henry Weems, Monsieur « Chance »…
- Exactement !
- Mais, ça n’a rien à voir, reprit-elle.
- Erreur ! C’est de la micropsychokinèse. Et si tu admets son existence, tu acceptes par définition l’hypothèse que l’esprit possède des potentialités insoupçonnées et surprenantes.
- Je n’accepte rien de tel. En tous cas, pas sous la forme que tu me suggères, ajouta-t-elle prudemment.
- Tu dois envisager que différentes formes de psychokinèses sont possibles y compris la macro, celle qui peut déformer la matière…
- …
- Tu le dois sinon je devrais faire sauter ton mur !
Elle soupira avec exaspération.
- En admettant, pure hypothèse d’école je précise, que ce soit Jimmy Hachston qui aie… vandalisé mes tuyaux, ce qui est déjà une idée passablement fantaisiste…, je pense, quant à moi, que ce serait carrément surréaliste qu’il puisse aussi les réparer… par la force de son esprit !
Elle avait prononcé ces derniers mots sur un ton qui frisait la provocation…
< Ou en tous cas, le scepticisme… > releva avec sagacité Mulder tout en savourant l’œillade effrontée de sa partenaire.
- Bah ! rétorqua-t-il avec détachement. Essayons quand même avant de tout casser !

L’eau recommençait à s’écouler largement au travers du frêle barrage en tissu. Elle fit un tour de la situation rapidement. Cela devenait de plus en plus problématique.
- Hum. Forcément, avec des arguments comme ça ! abdiqua-t-elle.

Elle s’apprêta à ressortir à contrecœur de la pièce pour aller questionner le jeune mais il saisit son bras au passage et la ramena vers lui.
Surprise, elle le détailla de ses yeux clairs, la mine interrogative.
- Attends, je voudrais tenter quelque chose, intima-t-il très bas.
Elle obtempéra et le vit avec stupéfaction fermer ses yeux et pointer ses mains sur ses tempes comme s’il entrait dans une concentration intense.
- Mulder, qu’est-ce que tu… ?
- Chut ! souffla-t-il en s’approchant un peu d’elle. Ne dis rien surtout !
- Tu t’essayes à la télékinésie avec mon voisin ? taquina-t-elle sur le même ton. Tu profites du réseau ? !
Il ne put s’empêcher de sourire à cette dernière boutade.
- Ca ne marche pas !
- Etonnant !
- Non, c’est à cause de l’eau qui frappe le carrelage. Ca me gêne…
- Et pour cause, c’est un peu le cœur du problème.
- La baignoire ! s’exclama-t-il.
- Pardon ?
Il se précipita vers le bassin.
- Mais enfin, tu vas me dire à quoi tu joues, bon sang ? !
- C’est logique pourtant ! Il faut que je puisse me canaliser sur mon objectif. Donc, je déplace ton bain pour que l’eau s’écoule dedans et pas sur le sol. Aide-moi, s’il te plaît.
Elle le rejoignit et se plaça juste à côté de lui pour pousser.
- Attention, avertit-elle lorsque le meuble se mit à bouger. Le carrelage est trempé et on risque de…

La mise en garde arriva un poil trop tard. Le pied de Mulder glissa sur la céramique, son buste bascula vers l’avant. En désespoir de cause, il se raccrocha au soutien le plus proche : Scully…
… et il l’entraîna dans sa chute à l’intérieur de la baignoire.

Elle émit un bruit sourd lorsque sa nuque heurta le fond et un second quand il s’aplatit sur elle de tout son poids.
Avachi sur elle, il réussit finalement à relever doucement la tête.
- Scully… Tu vas bien ?
Elle ouvrit les yeux en grimaçant. Et se tut.

Elle était allongée presque en entier et tout habillée dans un bain qui se remplissait à vue d’œil. Et couché sur elle, Mulder examinait son visage d’un air inquiet.
Elle le regarda et sourit. L’eau du tuyau s’écoulait maintenant sur ses cheveux bruns ébouriffés et remplissait lentement mais sûrement le contenant.

Elle se déconnecta du reste du monde. Il n’y avait plus rien autour d’elle que lui et que son corps tout contre elle. Elle dégagea ses mains et les posa sur les joues mouillées de son partenaire. Faisant abstraction de tout le reste, elle monta ses lèvres vers la bouche charnue et l’embrassa.
Il resta interdit un court instant, puis, souriant à son tour, il vint répondre avec volupté à son baiser. Il insinua sa main sous sa cuisse pour la relever légèrement et s’installa entre ses jambes. Elle rit.
- Mulder, il y a peut-être… - il ferma sa bouche d’un doux baiser – peut-être, plaça-t-elle à bout de souffle, des positions… plus confortables !
- Je t’accorde… - de ses lèvres, il se mit à caresser doucement son cou puis la naissance de sa poitrine - Je t’accorde que ce serait… mieux… sans cette flotte sur ma tête !
Elle éclata de rire, mais à la seconde où il terminait sa phrase, le liquide se tarit brutalement.
Ils se dévisagèrent tous les deux avec stupéfaction et levèrent les yeux vers le mur de gauche.
Il se tramait quelque chose…

Devant eux, comme dans un rêve, les deux bouts du tuyau se rapprochèrent, semblèrent se chercher quelques secondes, se tourner autour. Et finalement, dans une danse improbable et presque gracieuse, ils se ressoudèrent.

Scully se frotta les yeux.
- J’ai bien vu ce que j’ai vu… ? !
- Faut voir… si c’est ce que j’ai vu aussi, articula lentement Mulder.
- C’est impossible ! C’est un truc d’illusionniste !
- Dana…
- Si ça se trouve, Hachston a dilué de l’essence de cannabis dans les voies d’aération…
- Dana !
- … On a déjà vu ça, non ?
- Dana ! J’y crois !
- …
- …
- Tu plaisantes ! C’est du charlatanisme !
- J’y crois parce que c’est moi ! lâcha-t-il d’un coup.
L’aveu la prit de court.
- Que dis-tu ? !
- Tu m’as très bien entendu. C’est moi qui aie arrêté cette eau.
- Je ne te crois pas !

Elle se redressa et le repoussa sans ménagement pour s’extraire de la baignoire.
Il la laissa se diriger vers son séjour en marmonnant pour elle des propos qu’il devinait peu flatteurs.
Il sourit et, tranquillement, il ôta sa veste.
- Je vais voir l’autre malade ! cria-t-elle au travers de l’appartement.
Elle ouvrit la porte et s’apprêta à passer son seuil lorsque la porte lui claqua violemment devant le nez.

Elle se figea.

Mulder s’était avancé et souriait toujours d’un air étrange.

Elle fit volte-face et prit une longue inspiration avant d’articuler finalement.
- Et ça ? C’est toi aussi, peut-être ? !
- Oui, convint-il, impavide.
- Oh. … D’accord. Un nouveau hobbie, j’imagine ? suggéra-t-elle le trait à peine sarcastique.
- Pour ma part, je dirais plutôt : une forme de kinésie mentale opportuniste…
- « Kinésie mentale opportuniste » ! Voyez-vous ça !
- Je te sens un peu blasée…
- Incroyable ! En plus, tu lis dans mes pensées, ironisa-t-elle.

Il ne releva pas, se contentant de lui opposer un silence serein qui la fit se troubler. Petit à petit, il commença à déboutonner sa chemise.
Un léger sourire apparut sur les lèvres de Scully.
- Tu confonds, Mulder. Tu ne peux pas lire une telle chose dans mes pensées…
- Crois-tu ? provoqua-t-il d’un ton langoureux.
Elle réprima un rire.
- Evidemment ! Tu ne lis pas. Tu suggères… ! Allez, arrêtons ce cinéma, et laisse-moi sortir.
- Et ça ? C’est du cinéma ? demanda-t-il en lançant soudainement le vêtement vers elle.
- Mais… ? !

Elle s’interrompit aussitôt.

La chemise s’était arrêtée dans les airs ! Elle planait doucement entre ciel et terre tout en s’approchant insensiblement d’elle.

- Seigneur ! Il faut que je sorte d’ici. Je crois que je suis complètement déchirée !… C’est… c’est toi qui… ?
- Non. Moi, je ne fais que de la micropsychokinèse, expliqua-t-il.
- Tu peux agir par l’esprit sur les événements ? articula-t-elle très lentement sans quitter des yeux l’objet volant parfaitement identifié qui s’avançait vers elle.
- Voilà. En tous cas, ce soir, il semble bien que je le puisse. En revanche, pour les objets, ce n’est pas moi. Enfin… pas vraiment…
- C’est Hachston, c’est ça ?
- Je le pense. Je suppose qu’il ressent mon… désir, et qu’il déplace la matière pour que celui-ci se réalise.
La chemise se posa délicatement dans les bras de Scully.
- Ca mériterait un prix de camaraderie, souffla-t-elle encore sonnée par ce à quoi elle venait d’assister.
- Mmm ! approuva sentencieusement son partenaire.

- Mulder ? Quel est ce… désir qu’il perçoit ?
Elle le regardait droit dans les yeux. Elle avait légèrement rougi. Il s’émut de son trouble.
- Rien de grave. C’est juste que… j’avais envie de passer du temps avec toi ce soir… En dehors du boulot, je veux dire.
- Ah…
Elle se rasséréna. Puis son visage s’éclaira et elle eut un sourire sibyllin.
- Et bien… je crois que tu as gagné…
Aux anges, il fit un pas vers elle pour l’enlacer.
- Tu permets ? susurra-t-elle d’une voix sensuelle en s’écartant gentiment de lui.
Et elle se dirigea vers sa cuisine.

Il soupira d’aise et se laissa choir sur le canapé. La soirée s’annonçait bien plus intéressante que ne le laissaient présager leurs sages adieux dans la voiture tout à l’heure.
Elle réapparut avec toujours cet air enjôleur irrésistible. Elle cachait quelque chose derrière son dos.
- Je dois t’avouer quelque chose moi aussi.
- Oui ? interrogea-t-il tout émoustillé.
Elle se pencha au-dessus de lui et chuchota.
- Je ne sais pas frétiller du nez pour réparer tous ces dégâts que tu as causés !
Il écarquilla les yeux. Il ne comprenait pas.
- Serpillière ? ! reprit-elle d’une voix normale en lui tendant ce qu’elle avait soigneusement dissimulé derrière elle.
Il saisit le torchon, l’examina d’un regard déconcerté et, finalement, le jeta par dessus son épaule.
- Tout à l’heure ! décréta-t-il avec désinvolture en attrapant la taille fine de sa partenaire.

Elle n’avait pas le cœur de résister à son assaut. Cet homme possédait décidément un tel charme qu’on lui pardonnait beaucoup !
- Tout à l’heure ? Promis ? murmura-t-elle.
- Promis ! jura-t-il. Et qui sait ? Avec un peu de chance, peut-être qu’Hachston pensera à commander le ménage à tes serpillières dans l’intervalle !

Il la renversa sur les coussins et l’étreignit avec bonheur.

***

Derrière eux, un balais passa son manche en travers de la porte de son placard. Il vérifia que le terrain était libre de tout observateur indiscret, puis se faufila vers la salle de bain. Au passage, il croisa les éponges qui arrivaient en file indienne directement des tiroirs de la cuisine et il adressa sa révérence à deux bassines qui se mouvaient comme des mémères obèses. Les serpillières s’échauffaient et, après quelques derniers étirements, elles prirent leurs positions. Ils se tenaient tous prêts pour le tableau final de ce ballet. Ils n’attendaient qu’un ordre.

Affalé sur un vieux fauteuil défoncé, Hachston leva son chichon vers le ciel.

- Du love, man ! Du love pour les voisins, les serpillières et même les agents du FBI !


FIN.

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