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L'autre nuit

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Message  Oiseaubleu Mer 5 Fév 2014 - 16:44

Titre : L’autre nuit…
Auteur : Oiseaubleu
Date de publication : février 2014
Avertissement : PG
Catégorie : S
Mots clés : MSR
Ship : ++
Résumé : La première vraie nuit que Mulder et Scully passent ensemble
Disclaimer : Les personnages de la série X-files ne m’appartiennent pas. Ils sont la propriété de Chris Carter et de son équipe. J’écris cette fanfic dans un but purement créatif et non commercial.


Quand a eu lieu la première nuit ? On ne saura jamais… A travers ce texte je propose une vision toute personnelle de la première « vraie » nuit que Mulder et Scully passent ensemble ; cette nuit à laquelle fait référence le super soldat dans la saison 9 (épisode 6 : « Ne faites confiance à personne »), quand il dit à Scully : « Et je sais qu’une nuit de solitude vous avez invité Mulder dans votre lit [….] J’étais aussi surpris que vous ». Je ne situe donc pas la première nuit à la fin de l’épisode 17 de la Saison 7 («Existences »), mais un peu après. Disons que dans l’épisode 17, j’imagine que Mulder a couché Scully dans son lit, après qu’elle se soit endormie sur son canapé, et qu’il a dormi à côté d’elle sans que rien ne se passe. D’où l’air préoccupé de Scully, le lendemain, quand elle se regarde dans la glace de la salle de bain de Mulder, chez qui elle a passé la nuit malgré elle. D’où aussi, une possible prise de conscience de la part de Scully, à ce moment-là, de ses sentiments cachés (et refoulés !) pour son partenaire. Cette nuit prépare donc la suivante : celle que j’ai inventée.
Mon texte, d’inspiration poétique, est une véritable plongée dans le monde intérieur d’une Scully qui ose enfin craquer et se livrer à Mulder, dans toute sa fragilité. Je donne également une possible explication à la rigidité de Scully ; au fait qu’elle ait choisi de vivre dans la solitude (Elle le dit elle-même,  dans l’épisode 18 de la saison 6: « A cœur perdu »)… Il me semble qu’elle a de sérieux problèmes affectifs et qu’elle a peur de se livrer, de s’abandonner à l’autre et surtout aux hommes (a-t-elle toujours besoin de boire quelques verres pour pouvoir se laisser aller ? et puis elle a toujours ce drôle de regard quand un homme est sur le point de l’embrasser ; combien d’hommes au fait ?… deux?… en 9 ans !). De plus, et de manière anecdotique, je justifie sa peur des clowns (si, si…c’est le super soldat qui l’a dit !).
*


Ceci est ma deuxième version de cette fanfic. Une version plus longue et améliorée que vous retrouverez (avec quelques ajouts) dans une autre de mes fanfics Les Chemins du Cœur.

 



L’AUTRE NUIT


I

Histoire d’une renaissance


 
Scully se retournait dans son lit. Elle n’arrivait pas à trouver le sommeil. Elle ne comprenait pas ce qui la perturbait. Que s’était-il donc bien passé dans la journée, qui avait pu à ce point la troubler ? Certes, la matinée avait été agitée… Mais elle avait connu tellement pire…

Elle se revoyait face à cette vieille bâtisse perdue dans la forêt, entourée de ses collègues du FBI. Une grande partie des équipes avait été mobilisée pour traquer un tueur en série qui sévissait dans la région, depuis plusieurs semaines. Pourquoi s’était-elle éloignée ?… Une intuition… Et elle l’avait vu… Elle s’était mise à courir… Il était à sa portée… Puis, plus rien… Où était-il ? … Il lui avait échappé. L’espace d’une seconde, elle s’était arrêtée pour reprendre son souffle et regarder autour d’elle… Et soudain, il avait bondi, l’avait saisie…Son arme était tombée… Elle s’était débattue, avait appelé à l’aide mais elle était trop faible face à la masse imposante du tueur... Elle ne voulait pourtant pas le lâcher, il fallait qu’elle reprenne le dessus… Déportée vers l’arrière, elle n’avait pas réalisé le danger qu’elle courait… L’homme la poussait toujours et elle tentait de se dégager de son étreinte, quand elle n’avait plus senti la terre sous son pied… 

Dans son lit, Scully avait fermé les yeux. Faisant un bond dans le passé, elle était revenue dans son corps, ce matin-là…

*


Environ quinze heures plus tôt…

… Ne sentant plus la terre sous son pied, Scully réalisa qu’elle perdait l’équilibre… D’une main, elle tenta de s’agripper aux branchages auxquels s’était accrochée sa chemise, mais en vain… Elle basculait en arrière… dans le vide. La chute lui sembla interminable et quand son corps fendit brutalement les flots, elle le sentit tout à coup se glacer au contact de l’eau gelée. L’homme ne l’avait pas lâchée. Elle l’avait entraîné avec elle, dans sa chute et agrippé à sa veste, il l’attirait à présent vers le fond de la rivière. Elle suffoquait, elle avait besoin d’air… Alors, une sensation étrange s’empara d’elle : c’était comme un tourbillon qui l’emportait… Elle perdait connaissance.

C’est alors qu’une force venue du plus profond d’elle-même, la secoua brutalement. L’instinct, cet instinct de survie qui l’avait si souvent sauvée, traversa tout son corps dans un spasme violent. Elle se débattit avec vigueur et se libérant de sa veste, elle s’arracha à l’emprise de l’homme, tout en battant des jambes, afin de se donner l’impulsion nécessaire à sa remontée.

Le visage levé vers la surface, elle luttait avec toute l’énergie qui lui restait pour se libérer de cet étau qui l’enserrait, en l’étouffant un peu plus, de seconde en seconde. Elle défaillait. Soudain, elle sentit un bras vigoureux l’attraper par la taille… Il l’aidait à remonter. Elle n’en pouvait plus… Elle ne savait plus... Ses yeux s’étaient fermés… Le choc de l’air glacé sur son visage, la tira de son état semi-conscient. Instinctivement, elle prit une grande inspiration et sentit comme une lame gelée lui traverser la gorge et les poumons. Elle fut prise d’un violent hoquet et toussa, toussa encore en recrachant l’eau qui l’étouffait. Elle ouvrit enfin les yeux. Il était là. Près d’elle. Et c’est lui qui l’aida à rejoindre la berge, avant qu’ils ne s’effondrent tous les deux, côte à côte, sur la terre froide et humide.

Elle était épuisée. Aussi, resta-t-elle un moment les yeux fermés, allongée sur le dos, cherchant à reprendre ses esprits, à recouvrer ses forces. C’est alors qu’il s’était relevé et s’était penché sur elle. « Scully… », avait-il appelé, doucement. Et délicatement, il avait glissé une de ses mains sous sa nuque et s’apprêtait à passer l’autre sous sa taille, pour essayer de la relever. « Scully, ça va?... » Le bas de sa chemise avait été déchiré lors de sa chute et la main de Mulder, glissant sur sa hanche, frôla sa peau dénudée. Elle bondit, repoussa son bras avec violence en criant : « Non! » Surpris, il eût un brusque mouvement de recul. Il ne comprenait pas.

Ils se regardèrent un instant, sans savoir l’un et l’autre ce qui s’était passé. Scully se recroquevilla alors sur elle-même. Le visage enfoui dans ses genoux repliés, elle ramena ses deux bras au-dessus de sa tête, comme pour se protéger. Mulder ouvrit la bouche mais ne put parler… «Je veux rentrer, avait-elle dit peu après, en relevant la tête vers lui. Je veux rentrer, maintenant. Je ne sais plus ce qui m’arrive… Je suis fatiguée. » Dans la voiture, ils étaient restés muets. Elle n’avait pas eu le courage de lui parler. Que dire… Comment expliquer.… Je suis désolée, je ne sais pas ce qui m’a pris… Elle ne lui avait même pas dit « merci ». Que s’était-il donc passé?

*





Dernière édition par Oiseaubleu le Lun 27 Oct 2014 - 21:21, édité 1 fois

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Message  Oiseaubleu Lun 27 Oct 2014 - 21:18



Et maintenant, couchée dans son lit, Scully se repassait en boucle la scène, sans comprendre. Et puis il y avait ce bruit incessant qu’elle ne pouvait s’enlever de la tête… Ce bruit étrange d’une machine qui coupe du bois… du bois fendu qui tombe mort… du bois mort. Sa pensée l’entraînait malgré elle, à revenir sur cette main qui glissait sur sa chair nue. Pourquoi ce contact l’avait-il tant bouleversée ? Pourquoi avait-elle repoussé Mulder? Combien de fois leurs mains et leurs corps s’étaient-ils frôlés, touchés, serrés chastement, sans que rien ne la gêne ou ne la dérange ? Qu’y avait-il eu de différent cette fois, pour qu’elle se refuse à cette main amie qui venait de la sauver ?

Elle ressentit un profond malaise : l’étrange sensation d’une demande inconnue qui se mêlait à sa peur… Et ce bruit étrange… encore et encore… Mais elle ne comprenait toujours pas. Puis, tandis que son corps se recroquevillait sous sa couverture, cherchant à se protéger du froid, une pensée lui traversa l’esprit. Et si ?… Non, ce n’était pas possible. Elle ne voulait pas entendre ce que cette voix lui chuchotait tout bas, à l’intérieur d’elle-même. « Mulder… », murmura-t-elle, et une violente crampe lui tordit l’estomac, alors que tout son corps se glaçait.

Elle était là, seule, perdue au milieu de ce grand lit où la place de l’autre était restée vide, depuis si longtemps… Un immense sentiment de solitude l’envahit… Elle se sentit emportée par un vertige violent. Tout se mit à tourner autour d’elle. De ses doigts, elle se cramponna à ses draps et referma ses yeux, pour ne pas sombrer dans le vide… Tout tournait toujours, le tourbillon ne s’arrêtait pas… Elle était redescendue dans l’eau, au fond de la rivière, mais elle ne voulait pas… Elle ne se sentait plus la force de remonter seule, à la surface…

Elle ouvrit les yeux et tourna la tête vers sa table de nuit : le réveil indiquait deux heures. Elle fit un effort pour se relever et se dégager de ses draps. Et, tirant à elle sa robe de chambre restée au pied du lit, elle s’en revêtit et se leva lentement pour rejoindre la salle à manger. Le téléphone… Sa main était à présent posée dessus mais elle n’osait décrocher. Puis, malgré le léger tremblement qui parcourait son bras, elle se décida à composer son numéro.

À l’autre bout du fil, une voix endormie se fit entendre : « Allo…

- Mulder, c’est moi… je… je te réveille ? »

Mulder sembla reprendre ses esprits et demanda l’air surpris : «  Scully… Qu’est-ce qui t’arrive ? Quelle heure est-il ? » Elle tressaillit alors qu’il continuait : « Bon sang, il est deux heures du matin. Que se passe-t-il pour que tu m’appelles à cette heure-ci ? » Elle se sentait confuse et gênée : « Je ne sais pas Mulder. Je… je n’arrivais pas à dormir, je ne me sentais pas bien.

- Tu es malade ? reprit Mulder. 

- Non, ce n’est pas ça… Je suis désolée, je n’aurais pas dû t’appeler… »

Elle commençait à regretter son geste, ne sachant pas véritablement pourquoi elle l’avait appelé. Mais Mulder poursuivait: « Mais non, mais non, tu as bien fait. Tu veux que je passe chez toi ? » Scully hésita puis répondit : «  Je ne sais pas. Je crois que… » Elle ne put finir sa phrase. Un sanglot l’étouffa. À l’autre bout du fil, Mulder, de plus en plus inquiet, lui lança un « Ne bouge pas Scully, j’arrive ! », avant de raccrocher.

Il avait revêtu en hâte sa tenue de la veille, restée au pied du lit. Puis, sortant de l’ascenseur, il avait couru jusqu’à sa voiture. Il conduisait vite, en proie à une vive inquiétude. Sa réaction, après qu’il l’eut ramenée sur la berge, l’avait frappé. Il la sentait lointaine, comme s’il y avait quelque chose qu’elle voulait lui cacher. Il se revoyait la tirant vers lui, pour qu’elle sorte enfin sa tête de l’eau, pour qu’elle respire… Il faisait froid, très froid. On était en plein hiver et l’eau de la rivière était glacée. Il se revoyait, penché sur elle…Il se reprochait son geste... Maladroit que je suis... Il n'avait même pas eu un mot réconfortant à lui dire, alors qu’il la raccompagnait chez elle.

Lorsqu’elle lui ouvrit la porte, il ressentit un profond soulagement. Elle était là, debout, devant lui, le fixant d’un regard doux et tendre. Le seul fait de la voir le rassurait. Mais il la sentait anxieuse et mal à l’aise. « Mulder, je suis désolée…, s’excusa-t-elle, je n’aurais pas dû t’appeler. » Il se rapprocha d’elle, voulu la prendre par l’épaule mais se ravisa. « Mais non, tu as bien fait, assura-t-il, en refermant la porte. Tu sais que tu peux compter sur moi et m’appeler à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit. » Scully se dirigea alors vers le canapé où Mulder vint la rejoindre. Il la regardait. Elle avait posé ses mains sur ses genoux où ses doigts fins s’agitaient nerveusement. Elle gardait les yeux baissés. Lentement, presque avec crainte, il glissa une de ses mains derrière sa nuque. « Scully, qu’est-ce qui ne va pas ? demanda-t-il.

- Mulder, je… je ne sais plus où j’en suis…, répondit-elle à mi-voix.

- Ça ne m’étonne pas, lâcha-t-il. Tu as eu une journée difficile. Parfois, je me demande comment tu fais pour tenir. Tu as surement besoin de prendre du repos et peut-être un peu de recul, par rapport à tout ce que tu as vécu ces derniers temps.

- Non, Mulder, ce n’est pas ça… »

Elle avait du mal à se contenir. Son malaise augmentait et Mulder sentait son désarroi l’envahir. Il fallait qu’il trouve quelque chose… Sa seule défense avait toujours été l’humour. Aussi, il plaisanta : « Avoue, tu as un amant caché depuis plusieurs mois et tu n’oses pas me le dire…» Scully sourit et répliqua : « Oh !  mon dieu … Tu ne pourras donc jamais être sérieux. Il ne s’agit pas de ça, il… Il s’agit de nous, Mulder… de nous deux.  

- Oh, je vois. »

Il avait répondu d’un ton grave. Et un long silence s’abattit alors, sur la pièce. Ils étaient tous les deux gênés de se retrouver là, dans cette situation qui leur semblait aussi improbable qu’inattendue. Scully rompit enfin la glace : « Mulder, je ressens certaines choses que j’ai du mal à comprendre et à admettre… Je suis... comme perdue au milieu de moi-même et c’est une situation que je n’accepte pas. Chaque fait possède indéniablement une explication rationnelle et là, je ne vois pas…» Sa voix tremblait et elle n’arriva pas à poursuivre sa phrase. Alors Mulder, qui devinait de quoi il s’agissait, rapprocha lentement sa main de son visage et délicatement, il lui releva le menton.

Scully le fixait. Ses yeux étaient remplis de larmes qui coulaient, avec lenteur, le long de ses joues. Mulder reprit son ton grave : « Cela fait un moment que je voulais t’en parler, mais je n’arrivais pas… Tu cherches à comprendre de manière rationnelle, quelque chose qui ne s’explique pas… Les émotions et les sentiments que nous éprouvons ne peuvent se réduire à de simples équations. Moi aussi j’étais perdu, Scully… » Il s’interrompit un instant, en proie à une vive émotion, puis reprit : « Longtemps j’ai erré dans ma vie comme un naufragé sur l’océan… Et je t’ai trouvée… Toi… » Sa voix s’étrangla, trahissant son trouble profond. Mais il se ressaisit et osa lui murmurer : « Je t’aime Scully. Je t’aime comme je n’ai jamais aimé, comme je n’aimerai jamais… C’est en toi que je me suis trouvé ; en toi que j’ai trouvé l’apaisement, un sens à mon existence et les réponses à mes questions… Avant de te connaître je ne vivais qu’égoïstement, pour moi-même et pour ma quête. Mais à présent, je ressens l’envie et le besoin de m’ouvrir et de partager avec toi ce que je suis, ce que j’ai… Je voudrais te faire une place auprès de moi, en moi… »

Scully n’en revenait pas. Elle ne s’attendait pas à une telle déclaration de la part de son coéquipier. Elle restait muette, bouleversée. Jamais, depuis qu’elle le connaissait, elle n’avait vu Mulder si grave, si troublé, si vrai. Il s’était mis à nu pour se livrer à elle sans détour, pour lui livrer son cœur.



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Message  Oiseaubleu Lun 27 Oct 2014 - 21:27



Elle dégagea doucement sa tête et se prit le front dans la main. Elle essayait de se reprendre : « Je ne sais pas Mulder… Les choses ne se passent pas comme je les avais prévues… Je n’aurais jamais dû laisser mon travail empiéter autant sur ma vie personnelle… J’ai l’impression que quelque chose s’est brisé en moi… Je me sens si vulnérable parfois, si seule…

- Tu n’es pas seule Scully, affirma Mulder. Je suis là. Je suis là pour toi… avec toi. »

Il se rapprocha un peu plus d’elle. Mais il sentait qu’elle cherchait encore à le fuir : « Oh Mulder ! murmura-t-elle, troublée. Je ne sais plus… Je ne sais pas si c’est le bon chemin… Mulder, je crois que j’ai peur…

- Je sais. Moi aussi j’ai eu peur. J’ai essayé d’imaginer ce qui pourrait se passer si ça ne marchait pas… J’ai douté… »

Il tentait de la convaincre mais elle ne semblait pas l’écouter et continuait : « … J’ai peur de commettre une erreur… le genre d’erreur qui ne se corrige pas. »

Il ne voulait pas la perdre, pas maintenant alors qu’elle était si proche de lui. Il fallait qu’il trouve les mots pour lui faire comprendre… « Ne laisse pas la peur t’envahir, Scully, insista-t-il d’une voix qui se voulait aussi convaincue que rassurante. N’enfouis pas à nouveau tes sentiments au fond de toi, pour ne plus les entendre te crier ce que ton cœur cherche à te dire. Je sais à quel point tu t’es toujours battue pour être forte, pour ne pas craquer, pour faire face courageusement à tout ce que nous avons vécu ensemble. Mais ne pense pas que l’amour soit une faiblesse ou une erreur contre laquelle il faut lutter. L’erreur serait justement de passer à côté de la chance que la vie nous a donnée…» Alors Scully leva à nouveau ses yeux vers Mulder. Elle le fixait avec une telle force qu’il avait du mal à soutenir son regard. « Mulder, dit-elle calmement, je ne veux pas te perdre.»

Il ne pouvait continuer ainsi, il fallait qu’il lui fasse prendre conscience de son erreur : « Tu ne me perdras pas, assura-t-il. N’avons-nous pas déjà traversé ensemble plus d’épreuves que la plupart des couples n’en vivent jamais ? On a tenté de nous séparer combien de fois ? N’avons-nous pas risqué tant de fois nos vies l’un pour l’autre ? Il me semble que cela fait déjà longtemps que nous sommes bien plus que de simples coéquipiers ou amis. »

Elle soupira : « Je sais. Je crois que je l’ai toujours su. Mais il me faudra peut-être du temps pour l’accepter…

- Peu importe le temps, Scully… Nous avons toute la vie devant nous… Mes sentiments ne changeront pas… Ça fait combien d’années maintenant, hein ?… On n’est plus à ça près… »

Un sourire s’esquissa sur son visage qui se ranimait. « Merci », dit-elle, simplement.

Mulder, retrouvant sa confiance, caressa délicatement de ses doigts le visage de Scully. Puis, il prit sa tête entre ses mains, rapprocha ses lèvres de son front et l’embrassa. Elle ferma les yeux et ils restèrent un moment, les yeux fermés, front contre front dans le silence. L’instant était d’une extrême intensité et ils se sentaient, tous deux, plus proches qu’ils ne l’avaient jamais été auparavant. Enfin, Mulder se recula légèrement et la lâcha. « Je crois que tu devrais aller te coucher, conseilla-t-il. La journée qui nous attend demain ne va pas être de tout repos et tu risques d’être fatiguée. » Elle acquiesça : « Tu as raison. »

Elle se leva, tandis qu’il restait assis sur le canapé. Il se risqua : « Je reste dormir là, si tu veux… Au cas où… On ne sait jamais…» Puis, sans lui laisser le temps de répondre, il enleva sa veste, s’allongea et dit : « Bonne nuit Scully.

- Bonne nuit Mulder », répondit-elle en s’éloignant.

Elle se dirigea vers sa chambre, à pas lents. La porte était restée grande ouverte. Arrivée à l’entrée de la pièce, elle la parcourue du regard. Elle s’arrêta sur son grand lit défait. Elle n’arriverait pas à se recoucher. Pas ce soir. Pas seule. Et elle resta là, pensive, durant de longues minutes, avant de se décider à faire demi-tour.

Mulder était toujours allongé sur le canapé, le regard perdu en direction du plafond qui s’étendait au-dessus de lui. Il n’avait même pas pensé à éteindre la lampe qui éclairait le salon. Ces mots, ces mots qui sommeillaient en lui depuis si longtemps, étaient sortis si vite, si simplement… Il n’arrivait pas vraiment à réaliser qu’il lui avait enfin avoué sérieusement, ce qu’il ressentait, en lui déclarant son amour.  Et voilà, c’était fini, c’était fait… Qu’allait-il se passer maintenant ? Comment allait-elle réagir ? Et demain, pourraient-ils encore continuer à travailler ensemble, comme avant, comme si rien ne s’était passé ?

Il avait fermé les yeux et commençait à se détendre. Elle ne pouvait voir son visage mais sa respiration paraissait calme. Il devait être en train de s’endormir. Elle le regardait depuis un bon moment déjà, debout, appuyée contre l’embrasure de la porte, quand il se retourna. « Scully ! s’exclama-t-il, surpris. Mais qu’est-ce que tu fais là ? » Elle le regardait toujours, sans rien dire. Il se leva, se rapprocha d’elle et l’entoura de ses bras : « Viens avec moi, je vais t’accompagner. Il faut que tu te reposes. » Elle se laissa faire sans un mot, et le suivit.



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Message  Oiseaubleu Lun 27 Oct 2014 - 21:31



Quand elle fut enfin allongée dans son lit, il rabattit sur elle la couverture, puis, après avoir enlevé ses chaussures, il s’allongea à ses côtés : « Je vais rester là près de toi, si tu veux. Ferme les yeux et ne pense plus à rien. Demain nous reparlerons tranquillement de tout ça. » 

Mais comment lâcher prise et s’endormir dans un moment pareil. La proximité de son corps la troublait profondément. Elle se sentit à nouveau prise d’un vertige et comprit qu’elle allait encore redescendre, dans le tourbillon. Alors, d’un geste désespéré, elle s’agrippa à lui en gémissant son nom : «Mulder… » Il sentit ses bras glisser sous les siens, alors que de ses mains, elle attrapait sa chemise. Leurs corps étaient serrés l’un contre l’autre, à présent, semblant ne former qu’un. Il avait ramené ses bras autour de ses épaules, et ses mains se perdaient dans sa chevelure et son cou. « Je suis là Scully, murmurait-il, je suis là, avec toi. »

Elle continuait à s’enfoncer dans le gouffre et sa chute lui semblait interminable… Comme la veille, quand elle était tombée avec cet homme dans la rivière. Le mouvement du tourbillon qui l’entraînait se faisait de plus en plus rapide, emportant dans sa course folle les derniers sursauts de sa conscience. Il lui semblait que l’eau emplissait sa gorge et ses poumons ; qu’elle s’étouffait. Elle ne sentait plus son corps mais percevait pourtant avec violence, les battements de son cœur déchaîné. Elle avait mal. Dans son ventre, elle sentit une déchirure indescriptible… La crampe recommençait à l’oppresser.

Mulder ne comprenait pas ce qui se passait. Il était complètement paniqué. Il n’avait jamais vu Scully dans un état pareil. Il ne savait comment réagir face à cette crise qui l’arrachait à lui. Son corps était tétanisé alors que son esprit, perdu dans un flot de questions, tournait à vide sans pouvoir lui apporter la moindre réponse ou solution. Alors, dans un effort désespéré, il abandonna là sa conscience, pour se tourner vers le seul guide qui ne l’avait jamais trompé : son intuition.

Il avait en lui un don pour l’empathie, cette faculté intuitive que possèdent certains hommes, à pouvoir se glisser dans l’esprit et le cœur de leurs semblables. Cette aptitude, il l’avait développée durant ses années d’études à l’université et c’est grâce à elle qu’il avait pu dresser le portrait psychologique de nombreux criminels. Il avait la capacité de comprendre et de saisir ce qui se cache au tréfonds de l’âme et de l’inconscient humains. Il fallait maintenant qu’il se serve de cette faculté pour entrer en elle, et la sauver.

Scully descendait toujours, plus profond… Dans sa chute, il lui semblait remonter le temps à la rencontre de son passé. Elle revivait intensément toutes ces scènes qui avaient jalonné sa vie, jusqu’à ce jour. Sa course effrénée contre la mort avec Mulder, ses enlèvements, la perte de sa fille, sa stérilité, sa maladie, la mort des êtres aimés… Elle se revoyait, elle, femme, au milieu de ce monde masculin et brutal, dans lequel elle évoluait au sein du FBI. Elle redevenait l’étudiante en physique et en médecine, travaillant sans relâche pour réussir la brillante carrière dont rêvait pour elle, son père. Les dissections, les injections, le sang, les autopsies, la proximité avec la mort et la souffrance… Elle était à présent petite fille… Fille de militaire… Petit soldat… Je suis un petit soldat… Les soldats ne pleurent pas… Les soldats ne tombent que pour mourir.

Mulder avait senti ses doigts se décrisper et lâcher progressivement sa chemise. À mesure qu’elle se détendait, il la serrait plus fort contre lui, pour la retenir. Plus que jamais, il avait peur de la perdre. Il rapprocha ses lèvres de son oreille et lui murmura encore: « Je suis là Scully, reste avec moi… » Mais elle ne l’entendait plus. Elle avait sombré dans les eaux de la rivière, avec cet homme qui la tirait irrémédiablement vers le fond. Alors, sentant qu’elle lui échappait, il ferma les yeux à son tour et l’enlaça de tout son corps… Il se sentait partir avec elle, comme s’il plongeait à l’intérieur de son être…  Il s’abandonnait au vertige de sa chute, pour mieux la retrouver.

Le bruit recommençait… Ce bruit de machine qui coupe du bois… ce bois qui tombe mort… ce bois mort. Elle courait dans ce bois. C’était la fête. Les enfants criaient et chantaient à tue-tête. Maintenant, les enfants avaient été réunis dans le grand salon et l’on avait décidé de faire une partie de cache-cache. Sa mère l’avait embrassée sur le front et s’était éloignée avec son père, en direction du jardin où d’autres parents discutaient. Elle marchait à pas rapides pour trouver sa cachette, il fallait faire vite… L’escalier… Je vais prendre l’escalier, se disait-elle. Elle grimpait l’une après l’autre les marches, aussi vite que ses petites jambes de trois ans le lui permettaient. Elle avait trois ans…

Au bout du couloir, elle s’était retournée. L’homme était debout, en haut de l’escalier qu’elle venait de monter. L’avait-il suivie ? Il s’approcha d’elle et lui proposa, avec douceur : «Si tu veux, je peux te montrer une cachette que personne ne connaît… » Elle avait pris la main qu’il lui tendait… sans crainte. Pourtant, un frisson qu’elle ne s’expliquait pas la parcourait. Elle le suivit jusqu’au grenier. Quand la porte fut fermée, il se rapprocha d’elle et, la prenant dans ses bras, lui dit : « Regarde, la vue est splendide d’ici. » En effet, par la petite fenêtre,  un spectacle magnifique s’offrait à ses yeux. Il y avait le ciel bleu où se promenaient quelques nuages et plus bas, les arbres de la forêt… Et toujours ce bruit… ce bruit de machine qui coupe du bois…

Mulder plongeait toujours en elle, alors que ses lèvres s’égaraient parfois sur sa bouche restée entrouverte, sur son visage et son cou. Il fallait qu’il la sente vivante entre ses bras, il fallait qu’il la ranime. Il avait l’impression d’être redescendu dans l’eau de la rivière, d’où il l’avait tirée la veille. Il ressentait son vertige, sa tête tournait et il percevait au loin, ce bruit de machine qu’il avait entendu sur la rive, lorsque sa main avait effleuré sa peau nue.

Dans le grenier, il y avait un grand coffre à jouets d’où l’homme avait tiré un joli clown qu’il lui avait donné et qu’elle serrait contre son cœur. Assise sur ses genoux, elle regardait les images d’un grand livre, qu’il était en train de lui raconter. Elle avait oublié le jeu. Elle avait oublié que c’était une cachette. Quand soudain, elle sentit son corps se raidir. La main de l’homme glissait lentement sur sa peau nue, remontait le long de sa jambe, sur sa cuisse, sous sa robe. Elle ne comprenait pas. Elle avait peur. Elle avait mal. Elle savait que ce n’était pas bien mais elle ne savait pas ce que c’était. Alors, pour échapper à ces mains qui se faisaient de plus en plus pressantes et qui lui volaient sa chair, elle fixa de ses yeux les nuages qu’elle voyait à travers la petite fenêtre, et de toutes ses forces, elle tenta de s’évader de son corps… Elle flottait parmi les nuages, elle était un nuage… Elle ne ressentait rien, elle ne voulait rien ressentir. Elle ne voulait pas savoir ce qui se passait ni ce qu’on lui faisait. Elle voulait oublier, oublier pour toujours…

Quand elle était sortie de la cachette, elle avait jeté le petit clown par terre et avait couru rejoindre ses parents, qui étaient revenus dans le grand salon. Elle ne pleurait pas. Sa bouche était restée fermée. Elle n’avait pas parlé. Elle avait laissé derrière elle l’homme sans visage, ce méchant Monsieur dont les mains la menaçaient... Elle n’avait jamais dit. Elle ne dirait jamais. Les petits soldats ne pleurent pas… Les petits soldats ne tombent que pour mourir… Elle voulait mourir.

Il était enfoui là, ce secret, au fond de la rivière, de sa rivière. Et il y était resté caché depuis tant d’années… Avec le temps, elle avait oublié… Elle n’avait que trois ans… Et elle comprit, à ce moment, l’origine de la distance qu’elle avait toujours mise entre elle et les autres, sa réserve et sa pudeur excessive… autant de murailles qui la protégeaient. Combien d’hommes avait-elle laissé rentrer dans son intimité… peu… si peu… Elle avait toujours veillé à rester sur ses gardes, à ne pas se livrer toute entière, de peur d’être trahie, blessée, de peur de souffrir. Elle était trop intègre, trop droite, trop rigide… comme son corps d’enfant. Elle avait eu peur de cet amour qu’elle avait découvert en elle… Elle avait peur d’aimer Mulder. Peur qu’il ne rentre au plus profond d’elle-même et ne découvre cet endroit, où elle avait mal… peur qu’il ne la blesse… peur de le perdre aussi… Elle ne pouvait se permettre de faiblir ou d’échouer.



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Message  Oiseaubleu Lun 27 Oct 2014 - 21:34



À présent, les mains de Mulder s’étaient glissées sous la veste de son pyjama et de ses doigts, il caressait son dos… Elle était chaude… trop chaude. Il se releva brusquement et tâta son visage. Elle était brûlante, sa peau ruisselait sous les gouttes de sueur qui perlaient et coulaient de son front. « Scully ! appela-t-il avec force, en saisissant ses bras. Scully tu es brûlante, tu as de la fièvre, il faut te soigner ! » Elle entrouvrit les lèvres comme pour parler mais sa voix était trop faible, et il n’entendit qu’un léger murmure s’en échapper. Alors, se recroquevillant sur elle, en la serrant avec plus de force, il rapprocha son oreille de ses lèvres afin d’entendre ce qu’elle disait : « J’ai trouvé la clé », répéta-t-elle à mi-voix.

Les mains de Mulder étaient retournées sous sa veste, contre son dos, sur sa peau nue. Il sentait qu’il se passait quelque chose. Et ce fut comme si cette peau se craquelait, comme si sa chair se déchirait et partait en lambeaux… Le vase fêlé d’une éraflure se fissurait de toutes parts, laissant s’échapper les eaux qu’il contenait… C’était comme un naufrage… Ils étaient naufragés… C’était comme une naissance…

Alors, comme la veille, quand elle était en train de couler, elle sentit son instinct remonter en elle et secouer tous ses membres d’un spasme violent. C’était comme un cri de rage venu du tréfonds de son être. L’instinct de survie, l’instinct de vie… La secousse traversa leurs deux corps comme une décharge électrique, et elle ouvrit les yeux, en aspirant dans un râle profond,  autant d’air qu’elle le pouvait…

Tout était fini. Elle le savait. Elle avait été au plus profond d’elle-même affronter ses démons, ceux qui la retenaient et l’empêchaient de vivre pleinement sa vie de femme. Elle en était revenue libre et vivante. Du moins, elle le pensait…

A présent, ils étaient tous les deux allongés sur le dos, comme la veille, main dans la main. Ils essayaient de reprendre leur souffle et leurs esprits. Mulder se releva le premier et se pencha sur elle : « Scully, il faut que tu te soignes, tu as de la fièvre, tu ne peux pas finir la nuit comme ça.

- Non Mulder, refusa-t-elle, faiblement, je ne veux pas, pas tout de suite… »

Elle esquissait un léger sourire pour essayer de le rassurer. Mulder continua : « Je ne peux pas te laisser dans cet état, regarde-toi, tu trembles toute… » En effet, de grands frissons parcouraient son corps. Mais elle ne voulait pas céder : « J’ai compris Mulder, j’ai compris pourquoi je ne pouvais pas t’aimer…On m’a fait mal… un homme… on a abusé de moi quand j’étais enfant et…, bafouilla-t-elle, alors que des sanglots entrecoupaient ses phrases. Je n’en ai jamais parlé… j’avais tellement peur, tellement honte… j’ai tant voulu effacer ce souvenir que je l’ai enterré en moi pour l’oublier à jamais… Et hier, quand tu m’as touchée…il y avait cet homme… ce même bruit de… » Elle avait du mal à parler et Mulder, instinctivement, la prit entre ses bras pour qu’elle s’arrête…  « Je sais, lui murmura-t-il, j’ai compris…

- Comment as-tu compris ? balbutia-t-elle, surprise.

- Je ne sais pas, je l’ai senti tout à l’heure, quand tu étais contre moi… » 

Elle ne savait que dire. Il la surprendrait toujours…

*


Elle ne put refuser le verre d’eau qu’il lui tendit un moment après, et elle avala à regret un comprimé pour faire baisser sa fièvre. Cette fièvre qui l’avait libérée… Puis, elle s’étendit à nouveau sur le matelas et Mulder, s’allongeant près d’elle, ramena sur eux la couverture. Il avait enlevé sa chemise, pour être plus à l’aise. Peut-être aussi pour sentir un peu plus ce corps qu’il désirait ardemment, malgré lui. En effet, depuis qu’il était rentré chez elle, il n’avait pas pensé une seule seconde à lui. Il avait contenu avec force ces élans insensés qu’il avait sentis monter dans sa chair, pour ne penser qu’à elle.

Recroquevillée sur elle-même, les bras repliés devant sa poitrine, Scully se sentait confusément pénétrée d’un désir nouveau. Ses doigts frôlaient le torse de celui qu’elle avait tant voulu avoir auprès d’elle. Puis, d’un geste timide et délicat, elle se risqua à poser ses mains sur sa peau nue… la peau de l’autre… cette peau amie… cette peau aimée. Mulder la laissait faire, il ne voulait pas la brusquer. C’était à elle de lui montrer le chemin. Il l’attendait. Enfin, elle osa glisser ses bras sous les siens, comme elle l’avait fait durant sa crise, et ne retrouvant plus le tissu de la chemise, elle plaqua ses deux mains ouvertes contre son dos. Elle se tenait à lui. Il était devenu son seul repère.

Ils étaient tout proches, à présent. Enlacés. L’un en l’autre... l’un dans l’autre. Aucune parole ne montait plus à leurs lèvres. Les mots n’étaient plus nécessaires. Ils n’en avaient plus besoin. Ils se comprenaient, ils se savaient… Plus rien ne comptait pour eux. Et le temps et l’espace se figèrent à l’instant où le désir brûlant qui avait entraîné Scully dans sa chute, se réveilla au fond de son ventre.

De ses doigts, elle appelait les mains de Mulder à venir sur elle, sur sa peau, à découvrir son corps qui craignait de se livrer. De ses lèvres, elle appelait sa bouche à partager en elle, ses baisers. Comme Scully, Mulder avait perdu pied. Il se laissait porter par son désir de la posséder, de la retenir en lui et d’effacer cette peur de la perdre, qui n’avait cessé de grandir avec les années, ses agressions et ses enlèvements successifs. Dans la pénombre, le regard transi de Scully avait croisé celui de Mulder. Et ivre de bonheur, il avait plongé sa tête dans l’épaisse chevelure rousse et décoiffée de son amie. Ses lèvres perdues dans ses cheveux étaient descendues se poser sur son cou. Son cou encore chaud… presque brûlant… de fièvre…


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Message  Oiseaubleu Lun 27 Oct 2014 - 21:40



Comme électrifié par la chaleur de sa peau, Mulder se redressa brusquement et rejeta son corps en arrière, comme pour s’arracher à elle. Non ! Il ne pouvait pas… Il ne fallait pas… pas cette nuit ! Et se dégageant vivement des draps, il ramena ses jambes au bord du lit afin de se lever. Mais Scully, bien que surprise par le geste de son ami, avait réagi presque aussitôt. Et avant qu’il n’ait eu le temps de se lever, elle jeta ses bras autour de ses épaules. Le serrant avec force, elle bascula sa tête contre la sienne, en l’implorant de rester : « Je t’en prie Mulder, ne t’en va pas. Reste avec moi. » Mulder se figea, ne sachant que faire. Il était déchiré entre son cœur, d’où jaillissait son désir fou de la posséder, et sa conscience, d’où émanait le profond respect qui lui intimait l’ordre de refuser ses étreintes.

« Je ne peux pas te faire ça, se défendit-il, en se retournant vers elle et en la saisissant par les épaules. Pas dans ton état. Tu viens de vivre des événements difficiles qui t’ont déstabilisée. Avec ça, tu es malade et ta fièvre est trop forte pour que je sois certain que tu es bien consciente de ce que tu fais. Scully, tu es dans un moment de faiblesse et je ne veux pas profiter de la situation pour avoir avec toi une relation qui n’est pas réellement désirée. » Mais Scully ne voulait pas le laisser partir. Elle avait attrapé ses deux bras qu’elle tentait d’emprisonner entre ses mains, comme pour le retenir. « Je suis tout à fait consciente de ce que je fais Mulder, affirma-t-elle, avec conviction. Et je te demande de rester… Si tu m’aimes, reste avec moi. » Elle le fixait à présent, et ses yeux bleus, où se lisaient à la fois la détresse et la supplication, s’enfonçaient dans ceux de Mulder, avec force. Mais Mulder résistait. C’était lui maintenant qui tentait d’élever des murs entre eux, pour ne pas céder à cette demande qui, venant de la part de sa coéquipière, lui semblait insensée. 

« Scully, pourquoi veux-tu que je reste ? demanda-t-il, enfin. Est-ce parce que tu m’aimes, ou parce que tu te sens trop faible ce soir, pour affronter ta solitude, et que tu as besoin de moi ? » Il avait parlé d’une voix calme et posée. Il avait repris le contrôle de lui-même. Il poursuivit : « Tu ne peux pas imaginer ce que je suis en train de subir en ce moment… Mais je ne veux pas penser à moi. Je ne veux penser qu’à toi. Et je te connais assez pour imaginer ta réaction demain matin, quand ta fièvre aura baissé, et que tu réaliseras peut-être avec horreur, ce que tu auras fait… ce que je t’aurai laissé faire. J’ai trop de respect pour toi, Scully… Je ne peux pas te faire une chose pareille. Je ne pourrais plus me regarder en face si je profitais de toi alors que tu n’es pas pleinement consciente de tes actes.»

Scully l’avait écouté parler, attentivement. Elle l’avait lâché et s’était reculée. Assise en tailleur sur son lit, elle le regardait, avec une profonde tendresse. Sa voix, ses mots, la réchauffaient intérieurement. Par son geste, Mulder lui prouvait à quel point il l’aimait et la respectait. « Je ne veux pas passer à côté de la chance que la vie nous a donnée, murmura-t-elle, en reprenant la phrase qu’il avait prononcée, un peu plus tôt. Nous n’aurons peut-être pas toute la vie devant nous…»

Ces mots avaient heurté Mulder de plein fouet. Devenu impuissant, face à la force de conviction de son amie, il sentit tout à coup que les murailles qu’il avait tenté d’élever autour de lui s’effritaient, qu’elles étaient sur le point de s’effondrer. Et soudainement, d’un geste incontrôlé, il bascula vers la jeune femme, et lui enserrant promptement la taille, il la renversa sur le lit pour l’embrasser. Il était totalement submergé par la force de cet amour qu’il avait contenu en lui, depuis tant d’années. Pourtant, à l’instant où il sentit la peau frissonnante de Scully contre son corps, son agitation retomba brusquement. Cette nuit était la sienne, il le savait. Il ne s’agissait pas pour lui d’assouvir ses propres désirs, cela viendrait plus tard. Mais il lui fallait être à l’écoute des demandes de celle qu’il aimait.

Scully avait peur au fond d’elle-même. L’amour l’avait toujours terrifiée. Ce flot d’émotions qui submerge la conscience … Cette perte de contrôle de soi… Cet état proche de l’ivresse ou de la folie… Cette possession par l’autre de son être, de sa chair… Cette pénétration par un corps étranger, de ses parties les plus intimes… Ces sensations qui transportent hors de soi… Tout ceci était effrayant pour une femme qui avait toujours tenté de tout diriger et de tout contrôler, dans sa vie. S’abandonner à l’autre lui semblait impossible et incompatible avec les principes qu’elle s’était imposés. Et en plus de tout cela, il y avait ce passé qu’elle venait de redécouvrir… Ce profond malaise provoqué par le souvenir de ces mains… Ces mains qui fouillaient en elle, qui pétrissaient son corps et volaient sur sa peau d’enfant, un moment de plaisir honteux qu’elle n’avait pas partagé et dont elle avait été exclue. Elle n’arrivait même plus à se rappeler ce qu’on lui avait fait. Seule restait gravée, dans sa chair, l’horrible sensation de ces doigts qui entraient en elle…

A présent, Mulder envisageait tout ce que Scully avait pu vivre de souffrances, de dégoût et de honte, du fait de son agression… La peur du regard de l’autre, de son jugement… La culpabilité… Le sentiment d’avoir été salie, souillée... La crainte que son agresseur ne la retrouve et que son cauchemar ne recommence… A cela s’ajoutait le poids d’une éducation stricte et religieuse qui lui avait surement  fait redouter la colère de son père, celle de Dieu... puis la punition qu’elle méritait, pour avoir péché malgré elle, avec sa chair… Tout cela l’avait surement poussée à se replier sur elle-même, pour se protéger d’un monde extérieur trop violent. Et elle avait dû ainsi, apprendre à cacher ses faiblesses derrière le masque d’une femme froide, forte et sûre d’elle, qu’elle avait fabriqué avec le temps et qui n’avait fait que se renforcer suite aux agressions et aux enlèvements successifs qu’elle avait vécus, depuis son entrée au FBI…

Dans le silence de cette nuit, Mulder écoutait attentivement Scully… Un soupir, un murmure… étaient autant de signes lui indiquant le chemin à suivre pour répondre à ses demandes, à ses attentes, à ses désirs. Un tremblement, un frémissement… chaque grain de sa peau appelait en lui une réponse, qu’il se devait de donner juste. Un corps, un nouveau corps… C’était ce qu’il voulait lui offrir… Recouvrir d’une enveloppe protectrice, la chair à vif de l’enfant meurtrie… Et comme les bras d’une mère tissent un espace de confiance, de protection, d’amour et de chaleur, où le corps de son enfant peut se mouvoir, s’exprimer et grandir, Mulder dénouait et renouait les fils de l’histoire de Scully, pour lui bâtir un large cocon, d’où elle sortirait femme... Il l’avait suivie dans la redécouverte de son passé, il l’accompagnait à présent, dans la reconstruction de son présent et de son avenir.

De ses mains, de ses lèvres, de tout son corps d’homme, Mulder enveloppait Scully. Tandis que ses caresses et ses baisers pénétraient son corps de femme, comme autant d’invitations à une confiance retrouvée. Une confiance en soi et en l’autre qui lui permettrait, peu à peu, de se réconcilier avec elle-même, de s’ouvrir et de le recevoir dans sa chair, comme cette moitié de soi, perdue et retrouvée… Cet autre avec qui elle avait choisi de poursuivre son chemin… jusqu’à sa fin.



II

Premier matin


 
Quand il se réveilla, elle fut la première image qui s’offrit à ses yeux. Il se releva brusquement et avec inquiétude, posa le dos de sa main contre son visage. La fièvre avait baissé. Ses frissons avaient disparu. Sa tête reposait sereinement, sur l’oreiller, et elle semblait parfaitement tranquille. Soulagé, il se leva et sortit de la pièce pour régler, par téléphone, quelques formalités. Il voulait être disponible aujourd’hui… pour elle, et il ne voulait pas la voir s’en aller travailler, après la nuit qu’elle avait passée.

Elle se réveilla une heure plus tard. Troublée, elle se releva sur ses coudes en jetant un œil interrogateur autour d’elle. Il était là. Depuis qu’il était venu se recoucher, il n’avait cessé de la regarder. Elle sembla ne pas comprendre ce qui lui arrivait, ramena énergiquement la couverture sur ses épaules dénudées, puis interrogea : « Mulder ?... Que s’est-il passé ? Quelle heure est-il ? » Elle vit alors son visage se défaire. Elle ne comprenait pas sa réaction. « Ne me dis pas que tu as oublié…, bredouilla-t-il, déconcerté.

- Non… non, balbutia-t-elle. C’est… c’est confus dans ma tête mais je crois… me souvenir…»

Elle avait prononcé la fin de sa phrase avec lenteur, alors qu’une légère rougeur montait à ses joues. Un sourire se dessina sur ses lèvres. Il était rassuré. « Mais quelle heure est-il ? reprit-elle avec empressement.

- Neuf heures, répondit-il, calmement.

- Comment ? Ce n’est pas possible ! On est en retard ! On a une réunion dans une demi-heure, tu t’en souviens et… »

Il ne la laissa pas finir : « Tu ne vas pas travailler aujourd’hui. J’ai appelé tôt ce matin pour prévenir que tu avais été malade cette nuit et que je t’accompagnais chez le médecin.»

Levant les yeux au ciel, elle poussa un grand soupir, se laissa retomber sur le lit et lui dit, en le regardant d’un air malicieux : « Tu as bien fait. Pour une fois, ce n’est pas moi qui te contredirais. » Il se pencha sur elle et la regarda attentivement, comme pour se prouver à lui-même qu’elle était bien là, qu’il ne la perdrait plus. Puis il l’enlaça et la serra fort contre lui. Leurs yeux se rencontrèrent encore alors qu’ils se souriaient. « Je t’aime Mulder, lui chuchota-t-elle. Je t’aime et je veux vivre avec toi… Aller là où tu vas, même si la vie que tu as choisie est différente, même si le chemin que tu prends est dangereux. »

Et alors qu’il enveloppait sa tête entre ses bras, elle ferma les yeux. Elle avait passé une nuit difficile ; bénéfique, mais épuisante. Elle était à bout de forces. Et peu à peu, bercée par le mouvement de ses bras, bercée par cette étreinte infinie, pleine du sentiment de confiance et de protection qu’il lui apportait, elle s’endormit à nouveau, emportée par un profond sommeil, réparateur et apaisant.

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