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Darren Olsen

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Darren Olsen Empty Darren Olsen

Message  noisette Mer 26 Mai 2010 - 21:57

"Darren Olsen"


Fan fiction écrite par LadyKim

Disclaimer: Aucuns des personnages ne m'apartiennent, bla bla bla
Spoiler: La fan fiction se situe quelque part après la saison 5, dans la saison 6.
Résumé: À la recherche d'un homme envoyé par Krycek qui détiendrait plusieurs dossiers reliés au virus manipulé par les russes, Mulder et Scully s'arrêtent malgré eux dans une ville de campagne pour enquêter sur des meurtres mystérieux. Ils ignoraient par contre qu'ils devraient faire face à leurs plus grandes peurs ou à certains de leurs pires cauchemars...

Note: Je manipule davantage le personnage de Scully, simplement parce que ses pensées sont moins complexes que celles de Mulder! Je pense aussi respecter - dans la mesure du possible - leur personnalité, mais j'admet qu'il va y avoir du shipper! :gna:



Épisode X : «Darren Olsen »
Résidence de l’Agent Dana Scully.
Washington DC
8h am.


Dana enfouit son visage au creux de son oreiller, poussant un gémissement de mécontentement qui parvint à ensevelir la sonnerie de son portable. C’était dimanche, elle avait passé un samedi mouvementé à suivre Mulder dans une enquête qu’il avait lui-même ouverte – malgré les protestations de Skinner. Elle avait l’impression qu’elle s’était allongée dans son lit à peine une heure plus tôt. En considérant son cadran qui lui indiquait huit heures, elle ne devait pas être bien loin du compte. Elle repoussa sa couverture, puis se traîna lentement vers son manteau qu’elle avait laissé tomber au pied de son lit avant de s’y jeter. Elle fouilla dans la poche intérieure, saisit l’objet de son irritabilité, puis répondit :

- Il est huit heures du matin, retournes te coucher Mulder.

Elle raccrocha, fit mine de retourner dans son lit, mais le téléphone qu’elle tenait toujours dans sa main droite vibra. Elle le reporta à son oreille et s’assit sur son matelas.

- Comment as-tu su que c’était moi Scully? Demanda innocemment l’agent du FBI.

- Qui d’autres m’appelleraient aussi tôt un dimanche?

- À toi de me le dire…

- Que se passe-t-il Mulder?

- Vas prendre une douche et viens me rejoindre, fais-moi confiance, c’est important.

- Je suppose que tu n’as pas dormi depuis au moins vingt-quatre heures, ça ne peut vraiment pas attendre?

- Je t’attend.

- Bon. D’accord.

Elle ferma son portable, puis comme si elle obéissait à son partenaire, elle se faufila dans la douche. L’état de fatigue avancé dans lequel elle baignait ne favoriserait probablement pas ses réflexes ou ses exercices de tirs. Elle sortit, enfila un pantalon noir, puis un chandail blanc choisi au hasard et s’assura que tout était en ordre avant de quitter son appartement. Elle emprunta la route – sur laquelle elle aurait pu conduire les yeux fermés – en écoutant les morceaux de musiques qui jouaient à la radio. Elle avait à peine deux heures de sommeil dans le corps, elle se demandait si Mulder n’était pas lui-même surhumain, sinon comment pouvait-il se privé de ce qui occupait plus de cinquante pourcent de la vie humaine? Depuis presque six ans qu’ils travaillaient ensemble, elle aurait dû le comprendre, mais cette partie recelait un mystère qu’elle n’avait pas du tout envie de résoudre.

Devant son appartement – le numéro 42 – elle entra sans même cogner. Elle trouva son collègue allongé sur son sofa, les pieds nus dépassant d’un bon décimètre et le chandail légèrement remonté en haut de son nombril. Scully poussa un petit soupir d’exaspération et vint s’asseoir sur une chaise, près de lui.

- Finalement… tu n’as aucuns gènes extraterrestres Mulder.

Ce dernier ne l’entendit pas; il ronflait littéralement. Elle fut tenté de le secouer violemment, un peu pour se défouler, mais renonça. Son visage reflétait son épuisement et sa cruauté n’allait pas jusqu’à la sienne. Elle se redressa, inutile de rester, il avait drôlement besoin de sommeil et elle n’avait nullement l’intention de l’en tiré, d’autant plus qu’elle méritait une journée de congé bien sentie. Elle allait sortir – elle était sur le pas de la porte – mais comme s’il avait pressenti son départ, l’homme qui devait dormir sur le sofa l’interpella.

- Scully, ne pars pas. Je ne faisais que fermer un peu les yeux.

Elle pivota sur elle-même et Fox captura son regard. Elle serait sans doute dans sa voiture à cet instant, s’il n’était pas parvenu à lui transmettre toute sa confusion.

- Tu disais que c’était important, qu’est-ce qui se passe? Demanda-t-elle.

- Viens t’asseoir. Tu sais, le virus auquel j’ai été exposé en Russie? Eh bien, il est toujours en circulation et c’est probablement ce virus qui t’a contaminé par l’entremise de l’abeille il y a quelques mois. Tu disais que tu étais prête à m’aider, que j’avais eu le remède entre mes mains et qu’il était possible de guérir d’autres personnes. Tu te souviens?

- Oui. Mais, je ne vois pas très bien où tu veux en venir.

- Krycek m’a envoyé ceci, répondit-il en lui tendant une photo. Il dit que si nous parvenons à atteindre ce centre de recherche dans le nord du Canada, nous pourrions découvrir des preuves qui dépassent notre entendement sur l’origine de ce virus.

Scully examina le cliché et regarda Mulder en fronçant les sourcils.

- Tu penses qu’il dit la vérité?

- Il veut la même chose que moi, sauf que nous ne sommes pas du même côté. C’est un risque à prendre. Je vais me changer et nous partons!

- Mais… Mulder, Skinner est-il au courant?

- Ce n’est pas la première fois qu’il ne le sera pas…

Mulder sauta de son sofa et alla s’enfermer dans la salle de bain. Il revint frais et dispos, dans son inséparable veston-cravate. Ses cheveux étaient encore humides de la douche rapide qu’il avait prise. Il vint près d’elle et posa une main sur son épaule.

- Prête?

- Je ne sais pas…

- Écoute Scully, je sais que tu ne partages pas mon enthousiaste, mais tu pourrais au moins faire comme si c’était le cas, sourit-il.

Ce damné sourire, comme s’il tentait de la charmer!

- Où va-t-on exactement? Nous ne savons même pas si ce que nous allons trouver nous sera utile. Et Skinner commencera tôt ou tard par en avoir marre de tes escapades.

La jeune femme se leva pour être à la hauteur de son partenaire, du moins plus grande qu’elle ne l’était assise.

- Tu as raison Scully, Skinner va bien finir par me virer, mais pas aujourd’hui, ni demain. Je préfère ne pas passer à côté d’une telle opportunité, même si ce pourrait être un mensonge ou une autre conspiration afin de me tenir éloigné de la vérité. J’ai une piste et je compte bien la tenir.

- Ta voiture ou la mienne? Soupira la jeune femme.

X

Bordure d’une autoroute
Quelque part en Colombie-Britannique
23 :00


- Eh ben merde, maugréa Mulder.

- Je savais que nous aurions dû prendre ma voiture, répliqua Scully.

Sur le bas-côté d’une autoroute sombre, dépourvu de lampadaires, Mulder et Scully étaient assis dans la voiture du bel agent à regarder un point fixe, comme s’ils attendaient l’arrivée miraculeuse d’une dépanneuse. Il ne fallait pas être devin pour deviner que cet endroit était mort, un peu comme dans un désert, passé cinq heures. Comme ils n’avaient pas prévus ce voyage improvisé, ils avaient décidé de faire la route en voiture jusqu’au Canada. Ils avaient passé plusieurs jours en voiture, dans des motels miteux et dans des restaurants qui ne respectaient pas le guide alimentaire. Maintenant, ils étaient perdus ou plutôt freinés dans leur course due au manque d’essence.

- Bon… et bien dormons!

- Là? Maintenant? S’insurgea Scully, en panne d’essence au beau milieu de nulle part?

- Nous pouvons toujours descendre et se trouver un endroit tranquille dans les bois à la belle étoile. Quand j’étais petit, j’aimais bien regarder le ciel en pensant que peut-être, quelque part, nous n’étions pas seuls…

Scully arqua un sourcil.

- Ça n’a pas beaucoup changé.

Mulder étira un bras vers la jeune femme et sans prévenir baissa le siège de cette dernière. Il lui tendit son manteau et déclara :

- Tiens, pour que tu n’ais pas froid. Bonne nuit Scully.

Scully émit un bref soupir, mais ferma les yeux, trop fatiguée pour protester. Elle savait que Mulder ne dormirait probablement pas en même temps qu’elle, son orgueil de mâle le forçait à rester éveillé pour surveiller les alentours. Très vite, la jeune femme s’endormit. Elle reprit conscience au beau milieu de l’après-midi de la journée suivante, le soleil filtrant par la fenêtre, allant déposer ses rayons sur son visage. Légèrement courbaturée, elle se tourna pour jeter un œil à Mulder. Malgré sa position, il semblait parfaitement à l’aise. Un petit sourire se forma sur son visage qui s’effaça lorsque des bruits sur sa fenêtre la firent se retourner brusquement. Un homme d’une trentaine d’années se tenait nonchalamment près de sa portière, un sourire affable collé aux lèvres. Elle dut baisser sa fenêtre.

- Bonjour mademoiselle, votre petit ami et vous semblez avoir des problèmes.

- En fait ce n’est pas mon… mais oui nous avons une panne d’essence. Nous sommes en visite et nous n’avions pas prévu nous rendre aussi loin…

- Je peux vous donner un coup de main, je vous refile un peu de mon essence.

- Merci. Attendez, je vais vous aider.

Scully sortit de la voiture et suivit le bon samaritain, quoi qu’il avait l’air de tout à l’exception d’un sauveteur. Il était très grand, peut-être autant que Mulder, et portait un long manteau noir par-dessus un chandail blanc et un jean délavé. Il était aussi imposant qu’il était mince et élancé. Il sortit de sa valise un tuyau, puis procéda à l’échange de fluides. Scully le regarda faire, jugeant qu’il n’avait finalement besoin d’aucune aide.

- Vous n’êtes pas du coin vous m’avez dit, d’où venez-vous? Demanda l’homme avec un sourire qui dévoila une dentition blanche et parfaite.

- Washington.

- Wow. Vous en avez fait du chemin! Comptez-vous aller encore loin comme ça?

- Non, je crois que nous serons bientôt à destination.

- Quel est votre nom?

- Scully. Dana Scully.

L’homme eut un autre sourire, s’essuya la main contre son pantalon et la lui tendit dans un signe de pure politesse. Elle la serra, surprise de voir à quel point elle était longue.

- Enchanté. Moi c’est Darren Olsen. Appelez-moi Darren.

- Et moi, c’est Fox Mulder.

Scully sursauta et se tourna pour considérer le bel agent du FBI qui venait de sortir de la voiture. Il se tenait derrière elle, la dépassant visiblement d’une tête. Il sortit son badge et demanda d’un ton presque maussade :

- Pourriez-vous m’indiquer où je pourrais trouver cet homme?

- Que lui voulez-vous?

- Vous le connaissez? Interrogea Mulder.

- Certainement. C’est mon père. Qu’est-ce que le FBI lui veut? Et ici, vous n’êtes pas sous votre juridiction, il ne peut pas avoir affaire avec vous…

- Nous enquêtons sur une affaire d’ordre internationale. Votre père pourrait nous venir en aide, nous voulons simplement lui poser quelques questions.

- Vous? Vous travaillez tous les deux pour le FBI? Questionna Darren en posant ses yeux gris sur Scully.

La jeune femme fut frappée par la profondeur de ce regard et la couleur presque surnaturelle de ses prunelles; un gris presque blanc. Comme il ne détachait pas son regard du sien, Scully sortit son badge afin de répondre à sa question. Mulder analysa leur échange et demanda :

- Pourriez-vous nous conduire chez Mr. Olsen?

Darren hocha de la tête et constata :

- Vous êtes partenaires.

Puis il se tourna vers Mulder et sourit.

- Bien entendu. Il se fait vieux vous savez, il n’a pas toute sa tête. Il est persuadé qu’il y a un meurtrier mystérieux dans le quartier.

- Mystérieux? S’enquit Mulder.

- Oui, parce que les victimes se sont suicidées. À vrai dire, nous avons enquêté et certains de ces suicides nous ont semblé étranges, mais ce sont bel et bien des suicides. Mon père pense qu’un homme aurait tué les dix dernières victimes.

- Vous êtes de la police?

- Oui. Bien que je sois en vacance. Apparemment le travail nous rattrape toujours.

- Je ne vous le fait pas dire, déclara subitement Scully en se tournant vers Mulder.

Ce dernier eut un petit sourire coupable, presque forcé, puis décréta :

- Reprenons nos voitures, je vous suivrai chez votre père.

Darren jeta un coup d’œil à Scully, puis se tourna de nouveau vers Mulder.
- Très bien.


Ils prirent chacun la direction de leur voiture. Dana s’installa cette fois au volent, puis démarra et suivit Darren Olsen. Ils conduisirent quelques minutes avant d’atteindre une petite ville. Les trottoirs étaient bordés d’arbres qui se dressaient fièrement au-dessus des maisons et des commerces. Scully stationna la voiture devant une petite maison blanche, au toit vert. Darren s’était lui-même arrêté dans l’entrée de la demeure. Mulder sortit le premier et se précipita vers le porche. Dana le rejoignit où Darren fit tinter le carillon. Mr. Olsen vint répondre, il traînait près de lui sa canne et son petit chien. Ses cheveux blancs étaient retenus par un élastique sur la nuque. Difficile de croire que cet homme avait pu appartenir à la description que c’en était faite Mulder. Le vieil homme salua son fils et les invita à entrer, apparemment conciliant devant le discours de Mulder.

- Je veux bien répondre à vos questions, venez entrez.

Mulder accepta de s’asseoir sur un sofa. Dana l’imita, ne pouvant étrangement détacher son attention de Darren. Ses yeux gris ne cessaient de la détailler et malgré le malaise qu’elle éprouvait à se faire ainsi jauger, elle ne pouvait s’empêcher de ressentir une certaine satisfaction. Cet homme exerçait sur elle une fascination quelconque qu’elle ne pouvait pas définir. Elle dut reprendre contenance et écouta la première question de Mulder.

- Savez-vous exactement où se trouve le centre de recherche de Newport à Vancouver?

Le vieil homme fronça les sourcils.

- Il n’y a jamais eu de centre de recherche à Vancouver.

- Vous n’y avez jamais travaillé?

- Jamais. J’étais agent pour les forces de l’ordre canadienne. Je ne suis pas un scientifique.

Mulder émit un bref soupir qui signalait son impatience et sa fatigue. Il sortit de son veston la photo et la tendit au vieillard.

- C’est bien vous sur cette photo, n’est-ce pas?

- Vous le voyez comme moi… c’est moi en effet. Vous savez, vous devriez abandonner vos enquêtes inutiles et vous concentrer sur ce qui se passe d’étrange ici, dit lentement le vieil homme d’une voix plus basse, tel un conspirateur.

- Papa, je t’en pris, ne remet pas ça, soupira Darren, répond à l’agent Mulder.

- Je lui ai répondu! Je n’ai jamais travaillé dans ce centre de recherche.

- Darren, savez-vous s’il y a effectivement un centre du nom de Newport à Vancouver? Questionna Mulder.

Darren hocha négativement de la tête.

- Non, je suis désolé. Écoutez… j’ignore où vous avez pris vos informations, mais je pense que vous vous êtes gourés. Mon père était agent de police et même s’il n’a plus toute sa tête, il se souviendrait avoir travaillé dans un centre de recherche.

- Très bien. Si quelque chose vous reviens, pourriez-vous me contacter? Demanda Mulder en se levant et leur tendant une carte.

- Attendez! S’écria le vieillard, vous n’allez pas partir sans savoir ce qui se passe ici!

- Papa, s’impatienta Darren.

Scully vit Mulder hésiter. Tout ce qui touchait à la catégorie « mystère », il ne pouvait pas y résister. Elle ne fut donc pas surprise d’attendre avec lui que le vieil leur raconte son histoire sous le regard exaspéré de son fils.

- Un assassin court dans la ville. Il tue ses victimes sans les tuer. Elles se tuent elles-même et les meurtres sont catégorisés comme étant des suicides. Je sais qu’il est tout prêt, je peux le sentir.

Mulder eut un petit sourire en coin et questionna :

- Quels étaient les derniers suicides?

- La dernière, c’était une femme. Nous avons découvert son cadavre dans sa chambre, le visage était lacéré de marque qu’elle s’était infligée avec ses ongles. La mort, selon l’autopsie, était due à une perte massive de sang causée par sa gorge tranchée, répondit Darren.

- Avait-elle des troubles d’ordre psychologique? Suivait-elle des traitements dans un centre psychiatrique? Demanda Scully.

- Non. Elle était mère de deux gamins qui vivent à présent avec leur père.

- Les autres suicides étaient-ils du même genre? Interrogea Mulder.

- Non. Ils étaient tous différents, mais chacun avait des marques d’automutilations.

- Combien de suicides en une semaine? S’enquit la jeune femme.

Darren sembla mal à l’aise. Il se tenait debout près de son père, dans son long manteau noir. Ses yeux gris la fixait avec une intensité qui fit détourner Dana du regard. Le vieillard se chargea de répondre d’une voix chevrotante marquée par les années.

- Vingt en quatre jours, pour une ville de moins de cinq milles habitants.

- Vingt en quatre jours! S’exclama Scully.

- C’est invraisemblable, approuva Mulder.

- Tu vois! S’écria victorieusement Mr. Olsen, je te l’avais bien dit Darren, ce n’est pas normal!

- Je sais papa, mais toutes les preuves reposent sur des suicides.

Mulder se tourna vers Scully, sembla réfléchir et déclara :

- Si vous nous le permettez Agent Olsen, ma collègue pourrait pratiquer une autopsie sur le dernier cadavre. Elle pourrait en tirer ses propres conclusions. Quant à moi, je pourrais aller enquêter sur l’endroit du dernier suicide.

Dana n’était pas certaine de bien suivre son partenaire, mais n’émit aucun commentaires.

- Aucun problème, répondit Darren en scrutant la jeune femme, je vous propose de descendre sur la rue principale, vous trouverez une auberge. Vous n’avez probablement pas beaucoup dormi la nuit précédente. Je vais demander au médecin légiste de la ville de préparer le corps pour vous demain matin. Ça vous convient?

Mulder acquiesça.

- C’est parfait, tu viens Scully?

Dana s’empressa de suivre le bel agent, ignorant le regard perçant de Darren. Dans la voiture, elle en profita pour questionner son partenaire.

- Tu as l’intention d’enquêter sur ces suicides? Et le virus?

- Je vais tué Krycek. Il m’a mit sur une fausse piste.

- Parce que ce vieil homme ne se souvient plus s’il a déjà travaillé dans le centre de recherche Newport?

- Il était agent de police Scully.

- Peut-être, mais il n’est pas de Vancouver.

- Victoria, Vancouver… C’est tout proche, sinon pourquoi Krycek m’aurait laissé une photo d’un vieillard qui semble avoir de la difficulté à se souvenir de son nom? Il m’a roulé. Cette histoire de virus devra attendre, même si c’est plus important que ces histoires de suicides.

- D’accord. Mais, nous pourrions aussi rentrer à Washington, qu’est-ce qui te fait rester ici?

- Scully… je déteste quand tu as raison, mais tu dois savoir que si je reste, ce n’est pas une coïncidence.

- Tu ne crois tout de même pas que des extraterrestre contrôlent la pensée de ces gens et qu’ils les font se suicider?

Mulder lui jeta un bref coup d’œil, un sourire aux lèvres.

- Comment t’as deviné? Fit-il moqueur.

- Je lis dans tes pensées.

- C’est vrai? Demanda-t-il, à quoi est-ce que je pense présentement?

- Tu dois certainement te dire que je n’arriverai pas à deviner ce à quoi tu penses, rétorqua-t-elle en arquant un sourcil.

- Mais encore?

- Je ne sais pas Mulder, dit-elle avec un sourire.

- Je pensais que tu étais vraiment sexy dans ces vêtements que tu portes depuis hier!

Scully émit un son entre le rire et une exclamation offusquée.

- Merci!

- Mais de rien voyons, ça me fait plaisir.

Ils trouvèrent l’auberge, une vieille maison de trois étages qui se dressait fièrement sur le terrain verdoyant de son propriétaire. Mulder, qui conduisait, trouva un endroit pour se stationner, puis ils entrèrent dans l’auberge leur valise en main. Une jolie femme vint les accueillir et jeta des coups d’œils appréciateurs à Mulder alors que Scully demandait deux chambres. Ils finirent par avoir leur clé. Ils grimpèrent d’étranges escaliers en colimaçon, puis aboutirent dans un long couloir sombre. Il n’y avait aucune fenêtre et l’odeur du bois humide envahit les narines de Dana. L’atmosphère avait quelque chose de lourd, de peu commun, d’effrayant même. Leur chambre était l’une en face de l’autre, les numéros étaient collés au-dessus de l’œillère, d’un noir chromé.

- À demain Mulder.

- À demain Scully. Profites bien de ta nuit de sommeil.

- Tu parles, à qui la faute si je ne dors plus depuis trois jours?


Elle entra dans sa chambre sans attendre de réponse et se dévêtit aussitôt sa porte refermée. Elle fit couler de l’eau dans la baignoire sur pattes, mettant des huiles de bains aux odeurs de fruits offerts par l’auberge. Elle s’y glissa avec un soupir d’aise et ferma les yeux. Darren s’imposa à son esprit; la couleur surnaturelle de ses yeux et sa silhouette élancée. Sa vie amoureuse – si vraiment elle en possédait une – se résumait à l’amitié et la tendresse qu’elle éprouvait pour Mulder. Ce dernier était devenu si important qu’elle en oubliait sa vie privée. Et encore… Si seulement avait-elle pu se consterner contre cette vie personnelle qu’elle mettait aux oubliettes. Non… Elle trouvait cela presque naturel. Elle n’avait jamais remis cet aspect de sa vie en question et n’avait nullement l’intention de le faire. Seulement, quand elle y songeait sérieusement, elle se demandait si elle n’était pas en train de passer à côté de quelque chose. Elle respectait Mulder autant qu’il la respectait et tenait à lui probablement plus qu’elle n’avait tenu à personne durant son existence. Jusqu’à un certain point, elle s’attendait de lui ce qu’elle refoulait au plus profond d’elle-même. Les enquêtes ou son travail occupaient pratiquement toutes ses journées et durant ses rares journées de vacances, elle trouvait le moyen de travailler. Bref, elle avait besoin d’avoir une relation autre que complètement platonique.

Elle sortit finalement du bain, une serviette autour du corps. Elle fouillait dans sa valise, à la recherche d’une chemise de nuit, lorsque des coups frappés à la porte la firent sursauter.

- Attends Mulder!

La porte s’ouvrit, non sur le bel agent, mais sur Darren Olsen. Dana resserra vivement les pans de sa serviette et l’agent de police leva les deux mains dans les airs en signe d’excuse.

- Woa! Pardon, vous m’aviez pris pour votre collègue, alors j’ai pensé vous surprendre… mais… hum… je vais attendre dehors.

La jeune femme arqua un sourcil, suivant les yeux de Darren qui s’arrêtèrent indéniablement sur ses jambes. Elle le regarda ensuite sortir avec un petit sourire. Bien tous les mêmes! Elle s’empressa d’enfiler des vêtements convenables : un jean et un joli chandail noir, puis fit entrer Darren.

- Un problème? Demanda-t-elle.

- Aucun. Je pensais vous donner l’adresse de l’hôpital pour demain matin. Le corps est déjà prêt.

- Ah. Parfait. Attendez, je vais prendre un papier et un crayon.

- Non, pas la peine, fit-il en la retenant subtilement par le coude, je vais vous montrer.

- Me montrer?

- Oui, ça vous dirait de venir dîner avec moi?

Dana jeta un bref coup d’œil à la porte de la chambre de Mulder. Elle fut pratiquement tenté de demander à Darren d’inviter également son partenaire, mais se ravisa à la dernière seconde en souriant.

- Pourquoi pas.

- Dans ce cas, allons-y.

Il la conduisit à l’extérieur, puis lui désigna sa voiture et lui ouvrit la portière. Scully avait de la difficulté à croire qu’elle suivait aveuglément cet homme. Il était certes très séduisant, mais ses expériences avec la gente masculine ces dernières années n’avaient pas été très réussies. Elle songeait entre autre à cette journée où elle s’était fait faire un tatou et où elle avait failli mourir brûlée. Heureusement, Darren se contenta de lui désigner l’hôpital avant de se stationner devant un restaurant. Il vint galamment lui ouvrir la portière, ce qui eut pour effet de la faire sourire. Il la guida dans le restaurant comme s’il y venait tous les jours, puis choisit une table sur la terrasse.

- Dites, vous êtes médecin? Questionna Darren une fois qu’ils eurent devant eux leur verre de vin.

- Oui. J’ai fait des études en médecine, c’est ma spécialisation, mais je me suis engagée dans le FBI aussitôt après avoir terminé mes études.

- Depuis combien de temps travaillez-vous avec l’agent Mulder?

- Pratiquement six ans, depuis mon entrée au quartier général de Washington. Et vous?

- Oh, depuis douze ans, mais je n’ai aucune partenaire. Votre collègue a de la chance, fit-il de manière charmeur.

- Je ne sais pas…

***


Mulder se jeta littéralement sur le lit qui trônait au milieu de la pièce et alluma le téléviseur. Ce foutu Krychec lui avait menti. Il n’aurait pas dû s’en surprendre, mais Scully devait probablement lui en vouloir de l’avoir traînée au beau milieu de nulle part, à la recherche d’informations qu’ils ne trouveraient pas! Il tenta de se concentrer sur le film sans y parvenir. Il tenta vainement de dormir, mais il était beaucoup trop tôt en dépit du fait qu’il n’avait pratiquement pas dormi ces trois derniers jours. Il sauta de son lit, farfouilla dans le mini-bar près du téléviseur, saisit deux petits verres qu’il remplit de cognac et alla cogner à la porte de Scully. Il fut franchement déçu de ne pas l’entendre se diriger vers la porte. Peut-être dormait-elle?

- Scully? Interpella-t-il.

Il tourna la poignée, mais elle était verrouillée. Avec un petit soupir de gamin qui n’obtient pas ce qu’il désire, Mulder retourna dans sa chambre, rangea les verres et se laissa de nouveau tomber sur son lit. Au moment où il allait s’endormir, un cri le tira de sa somnolence. Il se redressa subitement et sortit de la chambre.

- Scully?

noisette
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Darren Olsen Empty Re: Darren Olsen

Message  noisette Mer 26 Mai 2010 - 22:04

Il était persuadé l’avoir entendu hurler. Il posa son oreille contre la porte. Cette fois, il entendit clairement la jeune femme l’interpeller.

- Scully?! Appela-t-il.

Mulder n’hésita pas plus de trente secondes avant de défoncer la porte, son arme dans la main droite. Scully était près de la baie vitrée, puis un drap blanc autour de son corps virevoltait sous le vent qui s’insinuait dans la pièce. Les reflets de la lune donnaient un aspect irréel à la scène. En d’autre circonstance, il en aurait eu le souffle coupé, mais le regard qu’elle lui jetait était bouleversé, terrifié, angoissé. Ses fins sourcils rehaussaient la couleur de ses yeux bleus, un bleu éclatant sous les larmes qui glissaient sur ses joues. Elle grimpa sur la rambarde du balcon et tendit la main vers lui.

- Scully, qu’est-ce que tu fais? Descends…

- Tu sais Fox… tu ne vois que ce que tu désires voir. La vérité, cette damnée vérité que tu recherches avec tant d’ardeur, cette vérité qui t’empêcher de vivre, j’en ai marre de tenter de la trouver. Je n’ai jamais demandé tout ce qui m’arrive. J’aurais été prête à te suivre jusqu’en enfer, mais c’est terminé. Il ne t’arrive jamais de te réveiller en pleine nuit avec la sensation d’avoir tout perdu? De ne plus tenir le monde entre tes mains, comme s’il s’était échappé? Je veux posséder ce monde de nouveau, toi, tu m’empêches de vivre.

- Dana, qu’est-ce que tu dis? Descends… Tu pourrais te faire mal.

- La mort c’est bien peu de chose à côté de l’échec.

- Ce n’est pas toi, dit-il fermement, tu n’es pas Scully. Elle ne se laisserait jamais tomber, elle ne parlerait pas… non, elle ne parle pas de cette manière.

- Je me bats pour toi, pour me donner l’illusion que je te suis utile, alors que je ne suis qu’un pion à supprimer pour ceux qui te veulent du mal. Tu ne comprends rien Mulder.

L’agent du FBI était persuadé qu’il n’était pas en présence de Scully. Il la connaissait suffisamment pour comprendre que la femme, aussi identique qu’elle puisse être, n’était pas sa partenaire. Scully était une battante, elle ne se laissait pas marcher sur les pieds. Elle avait décidé de son plein gré de le suivre, elle n’avait pas renoncé à son travail dans le FBI parce qu’elle le souhaitait, parce qu’ils partageaient des valeurs qu’ils étaient les seuls à comprendre. Pourtant, qui était-ce? Et si c’était véritablement Scully? Il en doutait, mais ce pouvait être elle…

Il s’approcha lentement, son arme baissée mais toujours fermement agrippée. Il parvint jusqu’au balcon. Le drap qui entourait le corps de Scully venait parfois effleurer sa main et dévoilait ses jambes. Elle se tenait en équilibre sur la rambarde, et son visage était tellement déchirant qu’il eut de la difficulté à ne pas l’attirer vers lui, en sécurité sur le balcon. Il ne devait faire aucun mouvement brusque.

- Dana… je suis persuadé que ce n’est pas toi, mais si c’est le cas, alors je t’en pris, descends, tu me fais peur.

- Savais-tu que tu es pathétique Mulder? Tu peux m’avoir, mais tu n’oses jamais. T’as peur, t’es effrayé à l’idée de penser à autre chose qu’à ton passé, qu’à Samantha. Combien de fois as-tu été prêt du but, sans pouvoir véritablement l’atteindre? On doit tous, un jour ou l’autre, revenir sur terre Fox.

Mulder en avait la conviction, ce n’était pas Dana, mais il ne trouvait pas la force de tourner les talons, de se défaire de ce regard qui ressemblait au sien. Ce qu’elle disait n’avait rien de faux, au contraire, ce qu’elle affirmait était tellement vrai qu’il ne pouvait pas lui répliquer. Il voulut prendre sa main, mais elle fit un pas de côté, dansant dangereusement sur la rambarde.

- Est-ce que tu aimerais savoir ce que ça fait de m’embrasser? Demanda-t-elle doucement, de me toucher? N’en as-tu pas marre de me considérer comme une personne insaisissable? Je ne le suis pas Mulder. Au moment où je te parle, quelqu’un d’autre fait ce que tu aurais pu faire depuis longtemps.

Mulder fronça les sourcils.

- Ne me regardes pas de cette manière, tu as très bien compris.

Scully – ou cette femme sur le balcon – se pencha vers lui et embrassa sa tempe.

- Aide-moi Mulder….

Scully recula et se laissa tomber dans le vide. Mulder se précipita vers la rambarde, mais étrangement, il savait que ce n’était pas Dana. De fait, la femme qui avait basculé dans le vide avait disparue. Son corps s’était dissipé, un peu comme un fantôme. Il balaya la chambre du regard, à la recherche d’un indice qui pourrait lui indiquer où se trouvait la véritable Scully, mais ne trouva qu’une serviette près du bain. Il referma la baie vitrée, puis sortit de la chambre légèrement perturbé. Où était-elle? Peut-être avait-elle décidé d’aller pratiquer immédiatement l’autopsie. Il s’empressa d’aller chercher son téléphone portable, puis composa son numéro. Il laissa sonner plusieurs fois, mais habituellement, elle répondait au premier coup. La panique s’insinua en lui. Il savait toujours où Scully se trouvait. Et si elle n’était pas près de lui lors des enquêtes, il pouvait toujours lui téléphoner. Or, en cet instant, il n’avait aucune idée de l’endroit où elle se trouvait et c’était suffisant pour le tourmenter, surtout après ce qu’il venait de voir. Il saisit son manteau, s’assura que son arme était bien dans son étui et courut en direction de la sortie.



X


- Scully? Est-ce que ça va? Demanda doucement Darren.

La jeune femme se frotta un moment les tempes et prit la main que lui tendait Olsen. Il l’aida lentement à se relever et servit d’appuie quelques instants. Scully jeta de brefs coups d’œils autour d’elle afin de mieux se situer et comprit qu’elle avait tombé devant le palier de la demeure de Darren.

- Qu’est-ce qui m’est arrivée? Questionna-t-elle un peu secouée.

- Je l’ignore, vous avez subitement perdu l’équilibre, je n’ai même pas eu le temps de vous rattraper! Venez, entrez. Vous avez besoin de vous asseoir.

- Je ne me souviens pas vous avoir suivi jusqu’ici…

- En fait, je vous ai proposé de venir jeter un coup d’œil aux photos des scènes de crimes. Je conserve les plus récents dossiers chez moi, ça m’évite de passer au bureau en pleine nuit si l’envie de tenter de résoudre une enquête au plus vite me surprend.

- Ah… oui, je me souviens.

Darren eut un sourire réconfortant et posa une main derrière son dos, comme s’il craignait de la voir s’effondrer de nouveau. Il la guida à l’intérieur de sa maison, jusqu’à son salon, puis l’invita à s’asseoir.

- Je vous apporte un verre d’eau…

Scully, légèrement incrédule, analysa la pièce. Elle posa son regard sur le rocking-chair, la petite commode qui soutenait un téléphone désuet, le téléviseur au fond de la pièce, ainsi que la table basse de verre sur un tapis moelleux. Ce fut cependant le feu dans la cheminé à sa gauche qui attira son attention. Les flammes crépitaient doucement, les bûches étant presque toutes consumées. Elle se cala plus confortablement, n’ayant discerné aucune menace. Darren revint avec un grand verre d’eau glacé. Il le lui tendit avec un sourire, un sourire éblouissant, un sourire qui parvenait – elle devait bien se l’admettre – à la captiver autant que ses beaux yeux gris. Lorsqu’elle eut terminé de boire, il lui tendit de son autre main une chemise.

- Voilà les clichés.

- Merci.

Au moment où elle allait ouvrir le document, elle s’arrêta en constatant l’heure. Scully se redressa subitement et s’excusa :

- Je vais les examiner dans ma chambre d’hôtel, il commence à se faire tard. Je peux emprunter votre téléphone pour appeler un taxi?

- Non, voyons. J’insiste pour vous reconduire. Vous vous sentez mieux? Sinon, je peux vous installer dans ma chambre et je prendrai le sofa.

Dana songea à Mulder.

- Je me sens bien, merci.

- Très bien.

Scully revint à l’auberge encore un peu sonnée, mais plus lucide qu’elle ne l’était un peu plus tôt. Comme il se faisait tard, elle n’osa pas cogner à la porte de Mulder afin de lui demander s’il souhaitait examiner avec elle les photos. Elle entra donc seule dans sa chambre – sans remarquer que sa porte avait été forcée – , se dévêtit et se glissa sous ses couvertures. Un peu comme si elle s’apprêtait à ouvrir un bon roman avant de s’endormir, Dana ouvrir la chemise, puis scruta à la loupe les cadavres et les scènes de crime. Toutes les victimes semblaient s’être mutilées avant de s’enlever la vie, comme si elles avaient quelque chose à se reprocher. Deux d’entre elles s’étaient ouvertes les poignets, une autre semblait avoir suivie une technique plus douloureuse en s’enfonçant un couteau dans l’estomac… Trop fatiguée pour émettre un jugement ou discerner des indices, Scully ferma sa lumière en rangeant la chemise dans la commode, puis s’endormit.


X




Mulder rentra vers deux heures du matin, plus embrouillé qu’il ne l’était avant de quitté l’auberge. Il avait appris, par un Darren endormit, que Scully était sans aucun doute à l’auberge. Elle avait dîné avec lui, puis il l’avait reconduite à sa chambre. Mulder devait à tout prix s’en assurer. Il parvint à entrer dans la chambre de la jeune femme, puis poussa un soupir de soulagement en la voyant allongée sous ses couvertures. Il s’approcha et replaça quelques mèches de ses cheveux.. Elle dégageait dans son sommeil une force tranquille, une sérénité qui la rendait encore plus jolie. Mulder contourna le lit, puis vint s’allonger près d’elle, à une distance suffisamment respectable pour que n’importe quel homme le prît pour un fou. Avec tout ce que Scully avait déjà subit à cause de son enlèvement, il ne pouvait décemment pas la laisser seule.


X



Le lendemain matin, Scully ouvrit brusquement les yeux, ayant le sentiment indescriptible qu’elle n’était pas seule. Elle n’avait pourtant pas le souvenir d’avoir inviter Darren… et encore moins de l’avoir invité dans son lit! C’était pourtant une main d’homme qui était paresseusement posé sur sa hanche. Elle se tourna brusquement et la surprise sur son visage manifesta toute son incompréhension. Elle aurait sans doute repoussé toute autre personne qui se serait trouvée là, elle aurait sans doute réveillé l’importun d’un coup bien placé, mais Mulder… Qu’est-ce qu’il foutait dans son lit? Elle regarda sous ses couvertures pour s’assurer qu’elle avait toujours sa chemise de nuit, puis reporta son attention sur son partenaire.

- Mulder? Qu’est-ce que tu fais dans mon lit?

L’agent du FBI ouvrit un œil et eut un sourire coupable.

- Moi qui pensais pouvoir sortir avant que tu ne sois debout.

- Ça ne répond pas à ma question.

La main qui était restée sur sa hanche se fit un chemin jusqu’à sa joue. Les doigts de Fox vinrent effleurer son visage et repoussèrent ce qu’elle comprit être une mèche de cheveux qui lui cachait la vue.

- Bien dormie agent Scully? Demanda innocemment Mulder.

Mal à l’aise, voire décontenancé par ce regard qui semblait lire en elle, Dana prit ses distances et parvint à sortir de son lit. Mulder sembla la suivre des yeux. Elle ne savait toujours pas ce qu’il fabriquait sur son matelas et il avait apparemment passé la nuit à quelque centimètre d’elle. Ça ne lui ressemblait pas du tout! Cette constatation la mettait dans un état injustifié. Voyant le veston de Mulder qui jonchait misérablement sur le sol, près de la baie vitrée, la jeune femme alla le récupérer et le jeta littéralement à la figure de son partenaire.

- Debout Mulder, arrête de me regarder comme si tu ne m’avais jamais vue et expliques-moi ce que tu fabriques dans ma chambre, dans mon lit et sur mon oreiller.

Le partenaire en question émit un bref rire et se mit dans une position assise. Ses cheveux ébouriffés lui conférait un air de gamin.

- Je ne m’attendais pas à ce que tu sois aussi jolie le matin Scully.

- Mulder…

- Très bien, très bien. Tu ne me croiras jamais.

- Ce ne sera pas la première fois.

- Tu marques un point.

- Comme toujours, allez raconte.

- Viens t’asseoir près de moi, fit-il malicieusement, je te trouve très loin bizarrement.

Scully soupira et vint – sans cacher son trouble – s’asseoir au bout du matelas, les bras croisés.

- Satisfait? Demanda-t-elle.

- Pas exactement, mais je vais m’y faire. Enfin… l’histoire c’est qu’hier soir, au moment où j’allais m’endormir, je t’ai entendu crier. Il devait bien être dix-neuf heures.

- Mais c’est impossible Mulder, je dînais avec l’agent de police Olsen.

- Ça je l’ignorais figures-toi.

- Alors comment expliques-tu la voix que tu as entendue?

- C’était bel et bien la tienne, sinon je n’aurais pas forcé ta porte.

- Tu as forcé ma porte?!

- Oui, regardes le loquet. Je suis finalement entré et tu étais sur le balcon, là, pointa-t-il en direction de la baie vitrée, debout, en équilibre sur la rambarde avec un simple drap autour de ton corps.

- J’étais debout sur la rambarde hein?

- Qu’est-ce que je te disais? Je savais que tu ne me croirais pas. Il n’en reste pas moins que pendant une ou deux minutes, j’ai cru que c’était véritablement toi.

- Jusqu’à…?

- Jusqu’à ce que tu sautes.

- J’ai sauté.

- Oui.

- Mais, je suis encore en vie, la preuve que tu as dû voir une autre personne.

- C’est ce que je me suis dis, mais dis-moi pourquoi je ne parvenais pas à trouver de différence physiquement? Elle était identique à toi Scully et lorsqu’elle a sauté, elle a disparue.

- Disparue?

- Exactement. Elle s’est volatilisée. J’ai donc essayé de te rejoindre sur ton portable, mais il était fermé. J’arrive toujours à te rejoindre Scully, alors j’ai trouvé cela étrange. Je suis donc parti à ta recherche. Quand je suis revenu, vers deux heures du matin, après avoir parlé à Darren Olsen, je t’ai retrouvé dans ton lit. Tu dormais comme un bébé. Après ce que je venais de voir, tu ne crois tout de même pas que je serais tranquillement aller dormir dans mon lit… J’ai décidé de rester dans cette chambre, histoire de voir si le phénomène ne se reproduirait pas.

- Savais-tu que cette histoire est complètement… impossible? Je veux dire… J’étais avec Darren hier soir, il m’a montré l’hôpital et m’a donné les photos des scènes de crimes. Ensuite je suis revenue ici et je me suis couchée. Je n’ai jamais été sur le balcon et je n’ai encore moins sauté.

- Je veux bien te croire Scully, mais je crois aussi ce que j’ai vu. Racontes-moi exactement ce que tu as fais hier soir.

- Je viens de te le dire Mulder.

- Il ne s’est rien produit d’étrange en présence de ce Darren?

- Non… pourquoi?

- Tu… étais chez lui?

- Oui.

- Que faisiez-vous? Vous n’étiez tout de même pas…

- Je viens de t’expliquer exactement ce que j’ai fait hier soir en sortant de l’auberge, trancha-t-elle.

- C’est que, la Scully que j’ai vu sur le balcon disait des choses étranges.

- Par exemple?

- Bah, ça n’a pas vraiment d’importance, détourna-t-il, es-tu certaine de n’avoir rien vécu qui sortait de l’ordinaire.

- Pas exactement, réfléchit Dana.

- Qu’est-ce que tu veux dire par : pas exactement?

- Je me suis évanouie devant le porche de chez Darren.

- Évanouie?

- Oui. Quand je me suis réveillée, je ne me souvenais même plus avoir été au restaurant.

Mulder fronça les sourcils et se leva brusquement. Il alla se poster près de la fenêtre en se grattant la nuque.

- Scully?

- Quoi? Qu’est-ce qu’il y a Mulder?

- Est-ce que je t’empêche de vivre?

- Quoi?

Mulder se tourna avec un sérieux qui déstabilisa la jeune femme.

- Est-ce que je t’empêche de vivre? As-tu l’impression d’être obligée de me suivre?

- Non. Non pas du tout. Pourquoi me demandes-tu ça Mulder? Tu sais très bien que j’ai fait le choix de te suivre dans tes aventures parfois débiles, mais tout de même enrichissante sur le point théorique, sourit-elle avec humour pour le rassurer. (NDT: Avouez que vous aviez peur de lire une tirade romantique! loll)

Mulder lui rendit son sourire.

- Alors tu ne me trouves pas pathétique?

- Où as-tu été cherché ça?

- Nulle part. Tu disais que tu t’étais évanouie, n’est-ce pas?

- Oui.

- Sais-tu vers quelle heure est-ce que tu t’ais réveillée?

- Il devait être… dix-neuf heures quinze.

- Bon. Écoutes, je vais aller à la bibliothèque, je dois me renseigner sur certaines choses. Toi, fais ce que tu avais prévu faire aujourd’hui. Je viendrai te rejoindre plus tard à l’hôpital.

Mulder la regarda un petit moment, et sortit rapidement de la pièce, sans lui laisser le temps de l’interpeller ou de l’interrompre. Scully se laissa tomber sur le dos et fixa un petit instant le plafond immaculé de la pièce. L’odeur de Mulder était partout sur son lit et étrangement, cela lui apportait un certain réconfort, une sorte d’apaisement des sens. Elle ferma les yeux, puis finit par se résigner. Elle alla prendre une douche, récupéra la chemise contenant les photos et descendit appeler un taxi à la réception.

X



- Bonjour. Agent Dana Scully du FBI, je suis venue pour examiner le corps du dernier meurtre.

- Oh, bien entendu. Je vous attendais. John Ferlney, je suis médecin légiste, c’est moi qui était chargé de faire l’autopsie, on m’a demandé de vous conduire jusqu’à la salle.

- Quel est l’origine du décès? S’informa-t-elle.

- Je n’ai trouvé aucune trace pouvant infirmer un suicide.

- Je vois.

Scully entra enfin dans la salle d’autopsie où le corps l’attendait. Elle enfila un sarrau, des gants et des lunettes de protection, puis avança vers le cadavre.

- Bon, allons-y.

Elle repoussa le plastique qui recouvrait le mort et fut étonnée de constater le visage presque déformé de la victime. Les mutilations étaient si profondes qu’elle doutait qu’elles aient été faites par les ongles du cadavre.

- Avez-vous le couteau ou plutôt l’objet qui a fait ces blessures? Demanda Scully à John Ferlney.

- Non. L’agent Olsen n’est pas parvenu à trouver l’arme.

- Alors comment peut-il supposer que c’est un suicide? Demanda Scully en tournant la tête du cadavre pour mieux examiner les coupures qui se prolongeaient jusqu’à la base du cou.

- Ma foi, je n’en sais rien.

- Merci M. Ferlney. Vous n’auriez pas une enregistreuse?

- Oui, je vous apporte ça.

- Ensuite, vous pourrez retourner aux urgences. Je n’aurai pas réellement besoin de vous. Si j’ai des analyses à faire, je pourrai vous rejoindre.

- Parfait, Agent Scully.



X


Mulder feuilleta le livre une dernière fois et jugea qu’il avait probablement visé dans le mille. Il alla faire une photocopie des pages essentielles, puis revint vers la bibliothécaire.

- Savez-vous si je pourrais trouver une voyante dans le coin?

À voir le visage de la jeune femme derrière son ordinateur, il doutait qu’elle l’eût pris au sérieux.

- Pardon?

- Une voyante, savez-vous où je pourrais en trouver une?

- … C’est une plaisanterie?

- Non.

- Regardez dans les petites annonces, railla-t-elle.

Mulder soupira et sortit son badge.

- Je suis agent du FBI, Fox Mulder.

La jeune femme s’excusa, mais lui suggéra de chercher tout de même dans le journal local. Elle ne connaissait pas personnellement de voyante. Mulder sortit de l’établissement avec les photocopies nécessaires, puis vola subtilement un journal sur le terrain d’un charmant propriétaire. Il s’assit au volent de sa voiture et l’ouvrit aux pages qui l’intéressait. Il téléphona ensuite à Scully.

- Scully? Répondit la jeune femme.

- C’est moi. Quand tu auras terminé ton autopsie, je risque d’être chez une voyante.

- Une voyante? Pourquoi veux-tu voir une voyante? Ne me dis pas que tu as des troubles d’ordre financiers ou amoureux?

- Ça ne t’étonnerais pas que je te réponde les deux.

- Effectivement.

- Non. En réalité, je vais chez une voyante pour mieux comprendre en quoi consiste les voyages astraux. Je pense que ç’aurait peut-être une signification dans les circonstances.

- Mulder. Je pense que tu t’égares. Je te signal que nous enquêtons sur des suicides qui pourraient s’avérer être des meurtres. Savais-tu que l’agent Olsen n’a jamais relever d’empreinte sur l’arme du dernier « suicide »?

- Pourquoi? Il allait le faire?

- Non, il ne l’a pas trouvé.

- Il ne l’a pas trouvé! Qu’est-ce que ça veut dire? Il aurait écris dans son rapport que le cadavre avait été victime de son propre suicide, le cou tranché, mais il n’aurait aucune preuve à l’appuie? Ça tomberait sous le sens, souffla-t-il.

- Qu’est-ce qui tomberait sous le sens Mulder?

- L’agent Olsen pourrait bien être le meurtrier.

- Quoi? Non. Quelle preuve peux-tu apporter pour soutenir tes suppositions? Demanda Scully.

- Aucunes. Du moins pour le moment, mais ça ne saurait tarder.

- Mulder…

- Appelle-moi lorsque tu auras terminé ton autopsie Scully.

Le bel agent raccrocha et démarra après avoir encercler une adresse dans le journal. Il parvint à se rendre à destination; une vieille demeure semblable à un chalet. Il sonna et une dame d’âge mûr lui répondit. Elle portait une longue jupe multicolore et des breloques autours des poignets et des chevilles.

- Bonjour…

- Je suis Fox Mulder, Agent du FBI, j’aurais quelques questions d’ordre… professionnelles à vous poser.

- Que souhaitez-vous savoir?

- Cela risque de prendre un certain temps. Puis-je entrer?

- Certainement.

La vieille femme lui indiqua une chaise dans sa salle à manger et lui servit une tasse de thé.

- Que souhaitez-vous savoir Monsieur Mulder?

- Vous, vous spécialisez dans le tarot et les lignes de la main madame…?

- Irvin, Rebecca Irvin.

- Madame Irvin donc.

- En fait, je suis voyante et non médium. Alors je peux prédire l’avenir et connaître facilement ce que les autres ressentent. D’ailleurs, je pourrais vous dire, si bien entendu vous seriez en consultation, qu’une certaine personne proche de vous à de la difficulté à vous comprendre. Non pas professionnellement, mais émotionnellement. Vous devriez être plus constant dans vos réactions avec votre collègue. Nous savons tous les deux que vous êtes prêts à avancer…

- Merci, répondit simplement Mulder. Je venais vous questionner sur les voyages astraux. Vous devez être bien informée à ce propos…

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Darren Olsen Empty Re: Darren Olsen

Message  noisette Mer 26 Mai 2010 - 22:11

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Scully éteignit son magnétoscope et se laissa tomber sur une chaise en enlevant ses gants. Ce n’était pas un suicide. Loin de là. Avant de se trancher la gorge, la victime avait été droguée. Peut-être avait-elle eu des hallucinations avant de s’enlever la vie, ce qui expliquerait les mutilations avant l’acte. Comment Darren avait-il pu affirmer que c’était un suicide? La jeune femme alla se nettoyer les mains et ouvrit son portable en composant le numéro de son partenaire.

- Scully c’est toi?

- Oui. Tu vas probablement être satisfait des résultats de l’autopsie.

- Ce n’est pas un suicide.

- Non. En effet. Ou un suicide prémédité. La victime a été droguée. J’ai retrouvé une forte dose d’une plante psychotrope dans son système digestif. Avec les résultats d’analyse, nous en sauront davantage sur cette plante… Mais je suis presque certaine que c’est une plante analgésique.

- De la drogue? Mmmh… ma théorie n’a plus de sens si elle a été droguée. Scully, je pense que la drogue ne justifie pas que la jeune femme se soit suicidée.

- Et pourquoi? J’ai la preuve sous les yeux Mulder. Cette fois, j’ai raison.

- Tu as la preuve qu’elle a été droguée, d’accord, mais où est l’arme? Elle se serait tuée en dormant?

- Que supposes-tu?

- Tu te souviens du prisonnier qui avait le pouvoir de faire imaginer aux personnes leurs morts? Grâce à certaines associations de son cerveau, il pouvait faire croire à ses victimes que tous ce qu’ils voyaient s’étaient véritablement produits. Je pense que nous sommes devant un phénomène semblable, sauf que cette fois, nous avons affaire à un voyage astral.

- Je ne suis pas certaine de te suivre.

- C’est normal, c’est pour ça que tu dois venir me rejoindre. Apporte avec toi le rapport d’autopsie et surtout, ne parle pas à Darren Olsen.

- Ne me dis pas que tu le soupçonnes.

- J’ai de bonnes raisons. Écoutes-moi bien, je te donne les coordonnés de l’endroit où je me trouve.


X



Scully marcha lentement dans le stationnement de l’hôpital, afin de se diriger vers le taxi qu’elle avait téléphoné. Elle y était presque lorsqu’une main se posa sur son épaule en la faisant sursauter. Elle se tourna et fit face à Darren. Autant était-elle méfiante avec toute autre personne qui n’était pas lié à Mulder, autant elle ne parvenait pas à avoir de pressentiment concernant le bel agent de police qui lui affichait son plus beau sourire. S’il avait été coupable d’un quelconque crime, il ne lui aurait pas permis de pratiquer une autopsie, n’est-ce pas? Elle n’en était pas convaincue, mais cet homme dégageait une force d’attraction qu’elle avait de la difficulté à ignorer.

- Alors, vous avez terminé votre autopsie?

- Oui. J’allais prendre un taxi.

- Je peux vous conduire, je passais à l’hôpital pour remettre la lame de rasoir qui a servi d’arme chez la dernière victime. Il doit vous manquer quelques détails dans votre rapport, non?

- Effectivement, j’ai cependant mis quelques suppositions quant à l’objet qui a servi aux mutilations sur le visage. Je serais venue vous interrogé après avoir rencontré mon collègue.

- Alors, je vous propose de vous conduire jusqu’à lui. Ensuite j’irai au poste de police y déposer la pièce à conviction au laboratoire, je vous l’avais apporté. Je suppose que vous allez faire une analyse pour les empreintes une fois au labo?

- Oui. Je vais accepter votre proposition Olsen.

- Où allons-nous? Sourit-il.

Scully lui fit part des coordonnées et prévint le chauffeur de taxi qu’elle n’avait finalement plus besoin de lui. Une fois devant la vieille demeure, Darren s’arrêta et se tourna vers la jeune femme. Il déposa sa longue main sur le siège passager et demanda :

- Voudriez-vous prendre un verre ce soir? Je sais que nous avons beaucoup de travail avec cette enquête, mais nous devons tout de même vivre, n’est-ce pas?

- Je ne sais pas. Téléphonez-moi ce soir…

Scully s’empressa de sortir et rejoignit son collègue qui l’attendait sur le pas de la porte. Il la regarda avec réprobation une fois qu’elle fut à sa hauteur.

- Scully… Je t’avais dis de l’éviter, marmonna-t-il.

- Mulder, je pense que tu sautes trop vite aux conclusions. Le dernier suicide a eu lieu il y a trois jours, l’arme du « crime » était encore au poste de police. Il m’a croisé dans le stationnement de l’hôpital et m’a proposé de venir au laboratoire de police afin d’analyser les empreintes. Nous ne suivons pas réellement les procédures, mais nous, nous sommes imposés dans cette enquête, alors la moindre des choses serait d’être conciliant envers ceux qui la menait avant nous.

- Tu veux me faire croire que ce Darren t’as reconduis ici avec de nobles intentions?

- Et pourquoi pas?

- Entres, tu vas comprendre.

Scully suivit son partenaire dans la maison et s’arrêta dans une petite cuisine où une vieille dame attendait près de son four.

- Je fais des biscuits, sourit-elle chaleureusement. Vous êtes Scully? Bien sûr que vous l’êtes, quelle question.

- Pardon?

- Je me nomme Rebecca Irvin.

La vieille femme sortit une plaque du four et déposa des biscuits dans une grande assiette qu’elle posa sur la table. Mulder invita discrètement Scully à s’asseoir, puis ils scrutèrent intensément la vieille dame.

- Aimeriez-vous connaître votre avenir? Demanda-t-elle joyeusement.

- Je ne crois pas aux dons spirituels.

- Et pourtant, vous êtes croyante.

Scully haussa les épaules.

- Je crois en Dieu.

- Je parlais de votre avenir à tous les deux. Le lien qui vous uni est incroyable. Vous resterez près l’un de l’autre, même lorsque tout portera à croire la fin de l’humanité. Mais bon, je vous mets mal à l’aise tous les deux. Vous n’êtes pas encore prêts à l’admettre.

Scully fronça les sourcils. Elle n’était pas certaine de percevoir ce que la vieille dame venait de débiter comme étant une bonne nouvelle. Cela voulait pratiquement signifier qu’elle n’aurait jamais de vie de famille ou de vie privée!

- Admettre quoi? La fin de l’humanité ou le fait que nous allons travailler ensemble encore longtemps? Taquina Mulder.

La vieille dame ignora le commentaire de Mulder et questionna :

- Je suis aussi très douée pour la chiromancie. Je peux lire les lignes de vos mains si vous le souhaitez.

- Peut-être une prochaine fois, trancha poliment Scully, nous enquêtons sur des suicides qui pourraient très certainement être l’œuvre d’un tueur en série.

- Exactement, renchérit Mulder, c’est pour cette raison que nous sommes ici. Mme Irvin, pourriez-vous dire à ma collègue ce que sont les voyages astraux?

La vieille dame prit une place devant les deux agents et déclara – avec une tonalité presque scientifique :

- C’est la projection de notre propre corps hors de notre enveloppe biologique, ou plus communément une projection de notre conscience et de notre pensée. Certaines personnes parviennent à l’expérimenter en état d’éveil, mais la grande majorité des témoins de ce genre d’expériences se reposaient, ou dormaient. Dans l’astral, notre pensée joue un rôle très important, car il n’est pas rare d’affronter plus cruellement nos peurs. Notre projection astral peut voyager où elle le souhaite, pour autant qu’elle puisse retrouver son corps.

Scully hocha de la tête, sans cacher son scepticisme et regarda son collègue avec une expression à laquelle Mulder s’était sans doute attendue.

- Mulder, je peux te parler deux minutes? Pourriez-vous nous excuser, demanda Scully à la vieille dame.

La jeune femme se leva sans attendre la réponse et se dirigea vers le couloir qui menait au salon. Suivit par Mulder, elle s’arrêta finalement entre les deux murs.

- Où veux-tu en venir? Chuchota-t-elle.

- Je pense que les victimes étaient en plein voyage astral lorsqu’elles se sont suicidées. Leur corps en projection les aurait tuées avant de réintégrer leur enveloppe biologique. Cela pourrait expliquer le fait que tu étais à deux endroits à la fois, les plantes psychotropes dans le système digestif de chaque victime et les marques sur leur corps. Je pense que tout ça aurait pu être orchestré par une seule personne, celle qui fournit les plantes psychotropes et provoque la peur qui pousse les victimes à se tuer inconsciemment, répondit-il.

- Mulder? D’un point de vue totalement scientifique, les voyages astraux ne sont l’œuvre que d’un dysfonctionnement neurologique, situé dans les lobes temporaux ou pariétaux du cerveau. Il est effectivement possible d’avoir l’impression que notre corps ou notre âme puisse sortir de notre enveloppe biologique, mais ce n’est qu’une illusion des sens.

- Tu sais Scully, j’aime aussi beaucoup ta théorie, je te le jure, fit-il malicieusement, mais expliques-moi comment tu te serais retrouvée sur la rambarde du balcon de notre auberge alors que tu étais avec Darren Olsen? Tu m’as dit que tu t’étais évanouie exactement au moment où moi je parlais à ta projection astrale.

- Supposons que tu dises vrai… Comment arrête-t-on le phénomène?

- C’est ce qui m’embête. Selon Mme Irvin, notre âme ou notre projection décide par elle-même quand elle est prête à réintégrer son corps. Il nous faut simplement notre suspect.

- La bonne nouvelle, c’est que si nous arrêtons le meurtrier, nous aurons pour une fois dans notre rapport un suspect crédible, constata Scully.

- Tu vas préciser que le tueur en série endort ses victimes et les regarde simplement mourir sans poser la main sur elles? Questionna innocemment Mulder.

- C’est pour cette raison que je m’occupe du rapport Mulder...


X


Résidence des Blackwood
15h37.


Une jolie jeune fille grimpa les escaliers de sa demeure quatre à quatre, visiblement pressée d’aller répondre au téléphone. Elle traversa un couloir à toute vitesse, puis entra dans sa chambre en trombe afin de saisir le combiner. Elle se jeta sur son lit, puis répondit :

- Allô?

- Jessie? C’est Mark! Tu vas bien?

- J’attendais justement ton appel! Alors? Vous venez? Mes parents seront absents pour tout le week-end.

- Et comment que nous venons! Je voulais simplement savoir ce que tu voulais manger pour dîner? Je vais apporter de quoi nous nourrir.

Jessie eut un petit sourire.

- Ce qui te tente Mark.

- Très bien. Sois sage jusqu’à mon arrivé, se moqua-t-il.

- Promis!

La jeune fille raccrocha. Étendue de tout son long sur son lit, elle fixa quelques instants le plafond avec un air rêveur. Amoureuse ou complètement aveugle – c’est ce que sa meilleure amie ne cessait de lui répéter – Jessie ne pouvait tout simplement pas résister à la voix chaude et douce de Mark. Depuis qu’ils se connaissaient, elle avait fait de nombreux efforts afin de lui plaire. Il ne l’avait remarqué qu’un peu avant les vacances. Certes, il ignorait encore ses sentiments, mais elle comptait bien lui faire comprendre ce qu’elle désirait.

D’un geste brusque, elle sauta pied joint sur le tapis de sa chambre et se posta devant le miroir. Elle prit sa brosse qu’elle passa avec vigueur dans ses cheveux blonds, retoucha son maquillage et sortit de la pièce aussi rapidement qu’elle y était entrée. Elle alla dans la cuisine où elle se servit un grand verre de jus d’orange. Elle était pieds nus sur le carrelage froid, une main posée sur le comptoir afin de se tenir en appuie. Une petite fenêtre au-dessus du lavabo donnait une vue sur la cours extérieure. Une ombre y passa précipitamment, faisant sursauter Jessie. Elle déposa son verre dans un bruit sourd, puis resta figée, comme si elle attendait un second mouvement. Elle s’approcha finalement et au moment où elle se mettait sur la pointe des pieds, des coups frappés à sa porte lui firent pousser un cri de surprise.


Avec un soupir de soulagement, elle alla ouvrir. Un policier se tenait sur le seuil, une main sur sa ceinture d’arme. Ses yeux d’un gris presque blanc l’empêchèrent d’émettre le moindre son.

- Nous avons eu des signalements de la part des voisins, dit-il.

Jessie fronça les sourcils et retrouva l’usage de la parole.

- À quel propos? Demanda-t-elle.

- Un individu louche tenterait de s’immiscer dans votre chambre.

- Impossible, elle est située à l’étage. Est-ce que je pourrais voir votre badge?

- Certainement.

L’agent de police sortit son insigne.

- Je suis Darren Olsen. Permettez-vous que je jette un coup d’oeil à votre chambre?

- C’est le milieu de l’après-midi… personne n’oserait cambrioler à cette heure.

- Écoutez mademoiselle, ce n’est pas un cambrioleur qui rôde dans la ville ces derniers jours. Tous les signalements sont pris au sérieux.

- Bon très bien, entrez…


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Laboratoire du poste de police.
15h46


Mulder se pencha par-dessus l’épaule de Scully, tentant de percevoir ce qu’elle semblait discerner à travers le microscope. Elle semblait captivée par ce qu’elle voyait – des cellules qu’elle seule pouvait comprendre ou décortiquer. Mulder fronça les sourcils lorsqu’elle recula sur lui. Il n’avait jamais réalisé à quel point son parfum le saisissait.

- Mulder, tu me caches de la lumière, dit-elle.

- Pardon, s’excusa-t-il en faisant un pas de côté, alors qu’est-ce que tu vois?

- Pas grand-chose à vrai dire. La lame de rasoir, très petite, indique qu’elle a servie. Il y a du sang séché sur les points tranchants, il appartient probablement à la victime. Qu’est-ce que tu aurais aimé trouvé?

- Je ne sais pas… y a-t-il des empreintes dessus?

- Laisse-moi vérifier…

Scully saisit la lame entre ses doigts gantés, puis l’examina minutieusement.

- À l’œil nu, non.

- Comment expliques-tu ça?

- C’est simple. Il faut faire examiner la lame. S’il n’y a pas d’empreintes, c’est que le meurtrier a utilisé des gants.

- Ou alors c’est l’œuvre d’une entité spirituelle, déclara Mulder.

Scully le regarda en arquant un sourcil, à priori peu convaincue.

- Une entité spirituelle qui se sert de gants, rectifia-t-elle avec un demi-sourire.

- Quand finiras-tu par accepter mes hypothèses? Sourit-il.

- Quand elles proposeront autre chose que des extraterrestres ou des fantômes.

- Est-ce que je t’ai déjà dit que j’adorais tes sarcasmes?

- Et moi ton sens de l’humour? Tiens ranges la pièce à conviction, je vais essayer d’avoir un entretien avec Darren Olsen.

Scully lui tendit le petit sac transparent contenant la lame de rasoir qu’elle y avait déposée, puis retira ses gants qu’elle jeta dans la poubelle près de la sortie. Mulder la suivit du regard, sans comprendre les soudaines raisons qui le poussait à la détailler de la tête au pied. Il le faisait très rarement, mais chaque fois il en venait aux mêmes conclusions : Dana Scully était drôlement séduisante dans son rôle de médecin légiste. Il leva les yeux au plafond et se détourna vers le microscope. Le rapport d’autopsie était éparpillé sur le coin de la table et une autre chemise était ouverte sur des photos de cadavres. Il se pencha pour en examiner quelques-unes, puis un détail lui fit froncer les sourcils – un détail imperceptible, mais qui faisait toute la différence…

- Les entailles sur les victimes forment un cercle, murmura-t-il.

Il saisit les clichés et sortit de la pièce afin d’aller rejoindre Scully. Cette dernière semblait en pleine discussion avec un agent de la police. Il comprit rapidement que c’était le directeur. Silencieusement, et comme s’il avait suivit la jeune femme depuis le début, Mulder se posta à sa droite puis hocha de la tête en écoutant le policier.

- Olsen est sur une petite alerte, probablement bidon, dans un petit quartier résidentiel. Ça venait de la demeure des Blackwood. Avez-vous du nouveau?

- Non, déclara Scully, sinon ce que vous savez déjà. Un taux de suicide aussi élevé est radicalement impossible. Il faut donc supposer qu’un psychopathe s’amuse à vos dépends. Est-ce que nous pourrions jeter un coup d’œil aux rapports de police relatant des derniers suicides?

- Certainement. Ma secrétaire va vous en faire une copie.

- Merci. Pourriez-vous les faxer à notre auberge?

- Sans problème.

Mulder tira sur le manteau noir de Scully, attirant sur lui son attention. Il fit un petit mouvement de la tête, lui signalant qu’il souhaitait s’entretenir avec elle.

- Excusez-nous monsieur l’agent, dit Mulder.

Il entraîna la jeune femme dans la pièce qu’ils avaient quittée quelques minutes plus tôt, puis étala les clichés sur la table, près du microscope.

- Que fais-tu Mulder? Demanda Scully.

- Approches, et dis-moi ce que tu vois.

- Des cadavres, rétorqua-t-elle en arquant un sourcil.

- D’accord, mais encore?

Mulder l’entendit clairement soupirer, mais il adorait la voir découvrir ce en quoi il croyait. Chaque fois, elle agissait comme s’il avait tort, mais elle finissait toujours par admettre qu’il avait peut-être raison. Au fond, elle était aussi ouverte d’esprit qu’il pouvait l’être, puis son regard plus scientifique lui permettait d’avoir une vision plus éclairée sur certaines situations dont il ne voyait pas l’issue. Elle leva finalement la tête vers lui.

- Pardon Mulder, mais je ne vois pas ce que tu veux que je remarque.

- Les lacérations, elles n’ont rien d’insolites?

- Elles se ressemblent toutes. Elles forment un cercle autour du visage, en passant par le cou et le front.

- Pourquoi un cercle Scully?

- Je l’ignore. Peut-être qu’il y a une signification pour le meurtrier.

- C’est ce que je pense aussi. Dans certaines cultures, le cercle représente l’infini ou le temps. Quand les membres d’une secte font des rituels, ils forment un cercle qu’ils ne doivent pas briser. Et si les victimes s’entaillaient le visage inconsciemment pour ne plus jamais sortir de l’astral?

- C’est à Rebecca Irvin qu’il faudrait poser cette question. Le cercle pourrait aussi être une signature, un message codé ou simplement une idée tortueuse du meurtrier.

L’agent du FBI fronça les sourcils en guise de réflexion.

- Si c’est le cas, cela pourrait former la lettre O.

- Laisse-moi deviner, ironisa-t-elle.

Avant qu’elle n’ait pu formuler à voix haute les pensées de Mulder, Scully se tourna vivement vers la porte de la pièce qui s’ouvrit sur Darren Olsen. Ses cheveux en batails lui conféraient un air plus sauvage et ses yeux gris semblaient encore plus brillants qu’ils ne l’étaient hier soir. Mulder examina la réaction de sa collègue. Chaque fois que ce Darren Olsen s’installait dans son champ de vision, elle semblait captivée et plongée dans ses pensées. Curieusement, cela l’exaspérait.

- Vous me cherchiez tous les deux? Demanda Darren sans détourner son regard de Scully.

- Oui, répondit Mulder, nous trouvons très étrange que les lacérations et les entailles sur le visage des victimes forment la lettre de votre nom.

- Ce que mon collègue veut dire, c’est qu’il trouve étrange que vous n’ayez pas fait de liens avec un tueur en série dans ces affaires de suicides, reprit Dana.

- Nous sommes dans une ville tranquille. Nous n’avons jamais eu affaire à des crimes violents, se justifia Darren.

- Mais votre père a tenté de vous prévenir plusieurs fois, nota Mulder, il savait que quelque chose clochait.

- Évidemment, mais comment pouvais-je deviner. Et si on se concentrait sur les meurtres au lieu de faire mon procès?

- Excellente idée, avisa Scully.

- Je vais visiter la dernière scène du crime, décréta Mulder, Scully, je te tiens au courant.

- Très bien.

Il sortit de la salle, sans un regard derrière lui. Il ne parvenait pas à mettre la main sur le responsable du phénomène en cause, mais l’agent Olsen représentait un suspect assuré. Le seul fait que cet homme fût en mesure de subjuguer Scully faisait de lui un suspect. Il sortit rapidement du poste de police et grimpa dans sa voiture.


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Résidence des Blackwood
17h44


Jessie descendit les escaliers en trombe afin d’aller ouvrir à ses invités. Mark était en tête, toujours aussi beau et rayonnant. Il vint lui coller deux baisers sonores sur les joues et se fraya un chemin vers la cuisine où il déposa la bière et la pizza. Derrière Mark, il y avait sa meilleure amie et son petit ami.

- C’est propre ici dit donc! S’exclama Mark, j’ai une faim de loup! Et si on mangeait maintenant? On pourrait ensuite aller dans le jacuzzi. `

- Bonne idée, approuva Jessie, je vais servir la pizza. Vous pouvez m’attendre dehors.

Jessie se retrouva seule dans la cuisine. Elle repoussa quelques mèches de ses cheveux blonds derrière son oreille, puis se concentra sur sa tâche qui consistait à séparer la pâte en quelques pointes égales. Le silence qui régnait à l’intérieur de la maison aurait suffit à la rendre folle. Heureusement que ses amis étaient à l’extérieur. Jessie eut soudainement un frisson, comme si une main l’avait lentement effleurée. Elle jeta un coup d’œil derrière son épaule, se remettant mentalement à l’ordre – elle n’avait rien à craindre! Cette sensation… comme si ses cheveux se dressaient sur sa nuque. Elle déposa le couteau et se frictionna les bras. Le système d’air conditionné rendait la pièce glaciale… Ce n’était pas simplement le froid qui la faisait frissonner, mais aussi un sentiment de peur inexplicable. Depuis que le policier était entré dans sa chambre, elle avait sans cesse l’impression d’être espionnée, guettée ou suivie.

- Aller, ne fais pas l’idiote, marmonna-t-elle à voix haute.

Elle reprit le couteau. Elle entendit vaguement le rire de Mark, puis celui de sa meilleure amie qui sautait dans le jacuzzi. Le couteau tomba. Sa vision se brouilla et ce fut elle qui heurta le sol en premier…

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L’auberge.
19h34.


Scully regarda sa montre, ferma son portable et retira ses lunettes. Allongée dans son lit, elle fixa la baie vitrée qui donnait sur le balcon avec une sorte de fascination. Si la théorie de Mulder – aussi improbable soit-elle – était vraie, qu’avait-elle bien pu lui dire durant son voyage astral? Pourquoi aurait-elle sauté? La jeune femme posa ses pieds nus sur le tapis de sa chambre, ignorant le vent qui s’immisçait par la fenêtre entrouverte. Il venait caresser ses cuisses, à peine recouverte par la chemise qu’elle portait en guise de pyjama. Elle avait préféré le confort d’une nuit en solitaire, plutôt que d’une soirée en agréable compagnie. Une soirée seule, à attendre l’appel de Mulder, alors qu’elle aurait pu profiter de son temps libre auprès de Darren Olsen… Scully se retrouva sur le balcon, sous un ciel qui commençait à s’assombrir, sans qu’elle n’ait véritablement songé à s’y rendre. L’odeur des sapins et des fleurs l’emplirent d’une douce allégresse, lui faisant oublier où elle se trouvait. Elle ferma les yeux.

Le bruit de la porte de sa chambre n’attira pas son attention. Elle avait l’habitude de voir Mulder se pointer dans sa chambre d’hôtel, le regard hagard, légèrement innocent. Il se prenait une chaise, puis ils discutaient de cadavres…

- Alors? Du nouveau Mulder? Je croyais que tu allais téléphoner. J’ai essayé de faire le lien avec les cercles qui marquent les victimes, mais je dois t’admettre que…

Elle s’interrompit. Un frisson indescriptible la saisit; entre le délice d’une main qui venait glisser ses doigts sur son cou afin de repousser ses cheveux et la crainte de savoir que cette main appartenait à son collègue. Elle sentit son souffle contre sa peau, l’effleurer, la toucher, aussi brûlant qu’une caresse.

- Ne bouge plus, murmura-t-il contre son oreille, fais-moi confiance.

Scully se tourna vers son partenaire, ignorant sa dernière requête, trouvant la situation presque invraisemblable. Elle croisa ses yeux – à vrai dire elle les plongea littéralement dans les siens.

- Est-ce que ça va? Que se passe-t-il? Tu as trouvé le responsable des suicides?

Mulder eut un petit sourire, mais il semblait à cent lieux d’elle. Comme s’il
la voyait, mais refusait de l’écouter. Il approcha son visage si près du sien qu’elle retint son souffle.

- Scully. Tu es belle.

C’était comme s’il avait fait une constatation ou une observation à voix haute. Décontenancée, elle fit un pas vers l’arrière et répondit :

- Très drôle Mulder. Arrêtes de te moquer de moi… (NDT : Stop kidding me Mulder!)

Un bruit de pas sur le carrelage la fit se détourner une fraction de seconde. Lorsqu’elle reporta son attention sur Mulder, il n’était plus là. Elle chercha tout autour d’elle, s’appuya contre le seuil de la baie vitrée, rentra à l’intérieur et s’arrêta devant son lit. Il avait disparu. C’était impossible.

- Scully? Fit une voix.

Elle poussa un cri qui se répercuta probablement dans toute l’auberge. Une main sur son cœur, son arme dans l’autre, elle pencha la tête pour reprendre son souffle et regarda Mulder avec des yeux réprobateurs.

- Ne me refais jamais ça!

- Bonsoir à toi aussi. Je t’ai fais peur Scully? Fit-il moqueur.

- Mais qu’est-ce qui te prend, j’ai failli mourir de peur.

- Nos voisins de chambre doivent certainement en arriver à cette conclusion. Je paris que même la réceptionniste t’a entendu, répondit-il malicieusement, au fait… où est-ce que tu cachais ton arme?

Il la dévisagea un moment, son regard s’arrêta sur ses jambes, puis il alla s’installer sur son lit en haussant les épaules. Scully enfila sa robe de chambre, et toisa son collègue comme s’il était un extraterrestre.

- Alors? Tu as parlé à Darren Olsen? Moi j’ai plein de chose à te raconter, déclara-t-il sur le ton de la conversation.

- Vas-y d’abord, insista-t-elle encore sous le choc et peu encline à lui raconter le phénomène qu’elle venait de vivre.

- Très bien. J’ai pu enquêter à l’intérieur du périmètre du dernier meurtre. Aux premiers abords, c’était une maison comme les autres, aucune trace de lutte ou d’infraction. Cependant, quand je suis entré dans la chambre à coucher, et en fouillant à priori mieux que les derniers avant moi, j’ai trouvé un restant de… euh… c’était difficile à déterminer et ce l’est encore. Enfin, c’était de la nourriture. J’ai eu le temps de passer au labo pour la faire examiner. C’est grâce à toi si j’ai eu cette idée. Le résultat est plutôt concluant. Il y avait des résidus d’une plante psychotrope. La recherchiste l’a identifié comme étant une substance enthéogène dont les chamans se servaient et se servent encore afin de libérer l’esprit qui est à l’intérieur de nous. Nous sommes donc fixés sur ce que notre meurtrier donne à ses victimes. Mais ce n’est pas tout Scully. Et c’est là que tu risques d’être surprise.

- Je suis déjà étonnée que tu sois parvenue à obtenir les résultats de labo avant moi et aussi rapidement.

- J’avais de bons arguments, répondit-il vaguement, alors tu veux savoir ce que j’ai trouvé?

Elle arqua un sourcil, comme si c’était la réponse qu’il attendait.

- Le numéro personnel de Darren Olsen dans le journal intime de la victime.
- … C’est tout?

- Je blague, j’ai trouvé beaucoup mieux.

- Quoi?

- Une web cam connectée à l’ordinateur de la victime, fonctionnelle et qui transmet ses images sur un site internet pour adulte. Ces images sont automatiquement enregistrées dans leur banque de données. Nous n’avons qu’à rejoindre le serveur et leur demander de nous envoyer le fichier dont nous avons besoin. Les policiers ont trouvé le corps dans la chambre à coucher. C’est certain que nous aurons des images du meurtrier s’il y en a un ou alors nous allons assister à un événement paranormal.

- Effectivement, tu m’étonnes Mulder, sourit-elle.

- C’est vrai?

- Oui. Je suis très surprise que tu n’ais pas visité le site en question.

- Erreur, fit-il sérieusement en pointant son doigt dans sa direction, c’est pour cette raison que je ne t’ai pas téléphonée. Je me suis endormi devant l’ordinateur.

Scully posa une main sur son front en baissant la tête, faignant l’exaspération, puis prit une place sur l’unique chaise de la pièce, près du lit.

- Et toi Scully? Du nouveau?

- Non. J’ai discuté avec Darren Olsen sans obtenir plus que ce que nous savons ou supposons. Je n’ai apparemment pas autant d’influence auprès de la recherchiste que tu en as eu, puisque je n’ai pas encore eu les résultats du labo. Au fait… tu as dit que tu as dormi pendant ta visite, une visite sans aucun doute illégale?

- Oui. Il faut me comprendre, je n’ai pas beaucoup dormi hier soir…

Elle ignora son sous-entendu qui impliquait probablement les nombreuses positions dérangeantes qu’elle prenait en dormant.

- Mulder… il y a quelque chose que je dois t’avouer…

Elle détestait admettre ses craintes, mais elle commençait à détester tout autant cet endroit, cette ville et toute cette histoire de voyage astral. Cette enquête les touchait de trop près. Scully avait horreur d’être confrontée à ce genre de situations. Mulder le savait et son regard lui prouvait qu’il avait déjà deviné sa prochaine phrase.

- Je pense que nous devrions rentrer à Washington.

- Tu as raison. Nous devrions, mais ça ne t’intéresse pas de connaître la fin de l’histoire?

- Oui et c’est pour cette raison que je n’ai pas encore prit mon billet de retour, soupira-t-elle.

- Je vais te laisser dormir Scully. Nous avons une grosse journée demain.

Il sauta du lit en prenant sa cravate qu’il avait retirée dieu seul sait quand et sortit de la chambre sous les yeux songeurs de la jeune femme.

- Bonne nuit Mulder.

- Bonne nuit Scully, répondit-il en fermant la porte derrière lui.


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Résidence des Blackwood.
22h32.


- Jessie! Est-ce que tu vas bien? Tu te sens mieux? S’enquit Mark.

Les bruits semblaient résonnés jusque dans ses tempes, se fracassant à une barrière, tambourinant dans son esprit comme s’ils cherchaient une sortie. Jessie posa une main sur son front. Elle fut légèrement surprise de voir Mark aussi près de son visage. Elle sentait ses mains sur ses joues et son souffle contre sa bouche. Elle poussa un son entre le gémissement et la complainte, puis se releva aidée par sa meilleure amie.

- Qu’est-ce qui s’est passé? Demanda-t-elle.

- C’est ce que nous aimerions savoir. Tu étais étendue dans la salle à manger quand nous t’avons trouvée. Tu as dû t’évanouir.

- Pourtant je me sentais bien.

- Tu devrais aller te reposer dans ta chambre, décréta Mark en l’aidant à se mettre debout.

Il entoura son bras autour de sa taille et la fit avancer jusqu’aux escaliers. Jessie en oublia presque son malaise tant son cœur battait la chamade. Elle espionna son ami du coin de l’œil, notant à quel point il pouvait être beau avec ses lèvres gourmandes et son regard de chat. Près de lui, elle avait l’impression de perdre l’équilibre, de ne pas avoir suffisamment d’oxygène et d’agir comme une idiote. Elle se laissa conduire vers sa chambre. Mark l’étendit consciencieusement sur son lit et la couvrit comme l’aurait fait son grand frère – s’il elle en avait eu un. Il la fixa un long moment et déclara :

- Reposes-toi.

- D’accord.

Jessie le suivit du regard en silence. Lorsqu’il fut hors de la pièce, elle ferma les yeux. Pourquoi avait-elle perdu connaissance? Elle se souvenait simplement de ce sentiment d’être prise au piège, fixée ou espionnée par quelqu’un. Pourtant, elle se souvenait parfaitement qu’il n’y avait eu personne dans la cuisine avec elle. Elle tourna la tête de côté sur son oreiller. Se poser des questions ne l’aiderait certainement pas à dormir. Elle pensa plutôt à Mark. Quand comprendrait-il qu’elle l’aimait au point de se donner à lui sans attente d’autre chose si c’est ce qu’il souhaitait. Jessie s’endormit. Du moins, c’est ce que son cerveau lui laissa croire.

Quand elle se réveilla, elle avait une désagréable sensation, comme si elle était coincée de l’intérieur. Elle regarda par la fenêtre et y découvrit une silhouette qu’elle reconnut.

- L’agent Olsen, souffla-t-elle.

Son regard gris se tourna vers elle et la transperça de toute sa froideur. Un sourire, figé, sans émotion, semblait être dirigé vers elle. Debout devant sa fenêtre, Jessie se tourna pour courir vers la porte de sa chambre quand elle se vit… étendue sur son lit, couverte de sang.



L’auberge
1h20 am.


Mulder se réveilla en sursaut. Le vent qui s’infiltrait par sa fenêtre faisait bouger la chaîne qui servait à fermer les rideaux. Elle frappait inlassablement sur le mur, dans un bruit sec et froid. Il n’arrivait pas à dormir. Il posa ses pieds nus sur le sol complètement gelé, puis alla se passer de l’eau dans la figure. Quand il se regarda dans le miroir, il remarqua une petite égratignure sur son front. Décidément, soit il bougeait trop en dormant, soit il était somnambule. Il sortit lentement de la salle de bain, regarda l’heure et sortit de sa chambre. Il fixa longuement le numéro de la porte de Scully avant de cogner. La connaissant, elle ne dormait pas encore. C’était complètement ridicule cette manie qu’il avait d’aller la voir, chaque fois qu’il se sentait seul ou qu’il voulait discuter. Elle ouvrit la porte. Le sourire qu’il afficha dut la surprendre – un sourire situé entre l’attendrissement et l’amusement – car elle fronça les sourcils.

- Il est une heure du matin Mulder.

- Une heure et vingt pour être précis. Tu ne dormais pas?

- Presque.

Il aurait facilement pu le deviner par ses yeux. Son regard était moins alerte, moins brillant, mais il était aussi plus mystérieux, plus pénétrant. Ses magnifiques cheveux roux étaient en batailles et ses lèvres étaient légèrement entrouvertes – un signe chez Scully d’une forme de béatitude ou d’interrogation.

- Qu’est-ce que tu as sur le front? Interrogea-t-elle en s’avançant pour le toucher.

- Ce n’est qu’une égratignure docteur, j’ai dû me la faire en dormant.

Elle croisa ses bras sur sa poitrine.

- Qu’est-ce qu’il y a?

- C’est ton lit.

- Mon lit? Fit-elle sans comprendre.

- Oui. C’est injuste. Il est beaucoup plus confortable que le mien.

- Bonne nuit Mulder, rétorqua-t-elle en secouant la tête.

Mulder voyait bien son sourire. Il était là, tout juste à la commissure de ses lèvres. Il ne se lasserait jamais de la voir rire de son sens de l’humour parfois discutable. Il l’empêcha de fermer la porte en entrant dans la pièce.

- Mulder… ce n’est pas le moment, murmura-t-elle, tu devrais…

Scully voulut apparemment le retenir et il aurait dû rebrousser le chemin. Son regard s’arrêta sur les draps défaits du lit. Des bras et des jambes nus semblaient s’y perdre, formant un corps indistinct. Une masse de cheveux noirs cachaient un visage dont il devinait déjà l’identité. Il resta longuement interdit, sans y croire, sans même comprendre. Ensuite, il fut prit d’un excès de colère, d’indignation, de révolte… Scully avait passé la nuit avec Darren Olsen!! Il se tourna vers elle et malgré le calme avec lequel elle se tenait debout devant lui, elle sembla tout à coup mal à l’aise. Ils échangèrent un long regard, et ce qu’il y vit le laissa immobile. Les images, les scènes qui se formaient dans sa tête frôlaient l’indécence, pourtant aucun son ne sortit de sa bouche. Il avait l’impression d’avoir été trahi en sachant pertinemment que Scully était une amie… Mais imagines-t-on véritablement ses amis nus sous les couvertures, dans les bras d’un homme que vous auriez pu être? En six années de carrière auprès de la jeune femme, il ne l’avait jamais vue amoureuse. Il avait parfois perçu une forme de désir ou d’intérêt envers quelques admirateurs, mais jamais quelque chose de concret. Il en était venu à la prendre pour acquis, comme si elle lui appartenait alors qu’en vérité, elle était encore plus libre que lui. Plus libre, parce que sans lui, il lui restait encore sa famille, sa force de caractère et son travail. Alors que sans elle, Mulder devait admettre qu’il n’avait presque plus rien, sinon sa quête de vérité et son désir de la faire éclater au grand jour.

- Pardon Scully, je te dérange. Je voulais discuter un peu de ton rapport d’autopsie, mais à priori, j’ai mal choisi le moment.

- Attends, rétorqua-t-elle en fronçant les sourcils, mais qu’est-ce que tu dis?

- C’est évident, fit-il sèchement malgré lui.

Il pointa du regard son lit. Et subitement, ce fut comme un soulagement qui se propagea dans son esprit et son corps. Aucuns bras, aucune tête ne dépassaient des couvertures. Il crut un moment qu’il devenait fou, jusqu’à ce que des coups frappés sur une surface dure le remmenassent à la réalité. Il était de nouveau dans son lit et les bruits s’avéraient être quelqu’un qui cognait à sa porte. Il se redressa avec un mal de tête terrible, comme si un camion lui était entré dedans sans lui conseiller de se protéger le crâne. Il alla ouvrir pour découvrir Scully sur le seuil. Elle avait les bras croisés sur sa poitrine et semblait furieuse dans sa chemise de nuit.

- Mulder! Ce serait gentil si tu ne venais pas me réveiller et me foutre la trouille de ma vie.

- Quoi? Qu’est-ce que j’ai fait? Se défendit-il les yeux encore bouffis de sommeil, c’est toi qui s’envoi en l’air avec Olsen!

- Quoi? Répéta-t-elle sur le même ton de la défensive que lui.

Un énorme coup de tonnerre les fit sursauter, propulsant Scully sur
Mulder. Elle se ressaisit rapidement en mettant ses mains dans son dos, puis elle fit comme si elle n’avait pas été effrayée, seulement ébranlée. Mulder émit un soupir à peine perceptible et tira lentement Scully par le bras.

- C’est bon… entre.

Il referma la porte derrière elle. Il lui désigna son lit et déclara :

- Je pense que c’est plus prudent que nous soyons dans la même pièce.

- Pourquoi? J’ai du mal à te suivre.

- Nous avons encore une fois affaire à quelque chose qui nous dépasse Scully. Je ne sais pas ce qui est en jeu, mais il y a quelque secondes à peine, je croyais t’avoir parlé dans ta chambre!

- Exactement! Tu y étais Mulder et tu la regardais de manière étrange.

- Ouais et bien si j’y étais, comment ais-je fais pour me retrouver dans mon lit quand tu es venue cogner?

Scully haussa les épaules en arquant un sourcil.

- L’œuvre d’un esprit je suppose?

- Maintenant que tu le dis… ça me fait étrangement pensé au noël que nous avons passé dans un manoir hanté…

Un cri les interrompit. Ils se regardèrent, interloqués, silencieux, attentifs. Ils s’approchèrent de la porte fermée et tendirent l’oreille en même temps et d’un même mouvement lorsque le cri survint une deuxième fois. Mulder dut se résoudre à sortir de la pièce, non sans entraîner sa partenaire à sa suite. Il était hors de question qu’il la perdît des yeux. Ils se glissèrent dans le long couloir de l’auberge, puis descendirent les escaliers en colimaçon qui menaient au rez-de-chaussée. Ils auraient très bien pu prendre l’ascenseur, mais étant donné les forces mystiques qui semblaient présentes, il était préférable de ne pas faire confiance aux technologies ayant pour support l’électricité. Ils se retrouvèrent à la réception dans une noirceur totale.

- Scully… vaut mieux que nous restions ensemble. As-tu ton arme?

Il n’obtint aucune réponse.

- Scully?

Le silence absolu.

- Scully!! Chuchota-t-il plus fort.

Une mouche aurait pu voler qu’il aurait entendu le battement de ses ailes.

- Eh ben mer…


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- Mulder?

Scully n’arrivait pas à le croire! Elle venait de s’éloigner de son partenaire sans même comprendre ou savoir comment elle y était parvenue! Elle avait cependant trouvé la salle à dîner. Elle alluma l’interrupteur et poussa un cri de terreur en tombant à la renverse.


X



Mulder sentit une présence derrière lui. Il se retourna et…

- Scully, soupira-t-il, je pensais que tu étais…

Il s’interrompit. La jeune femme qu’il avait devant lui n’avait pas du tout les traits de sa partenaire, ni même son délicieux parfum alors qu’il s’approchait pour mieux discerner le visage de cette inconnue. Une fois à sa hauteur, son cœur se compressa et les mots qu’il souhaitait formuler ne sortaient pas de sa bouche. Il se contenta de murmurer :

- Samantha.

- Tu sais grand frère, la vie n’est pas un film. Ça ne finit pas toujours bien. Tu me recherches dans quel espoir? Me retrouver en vie? Soit réaliste…

- Si tu m’apparais, alors tu dors quelque part, constata-t-il.

- Je dors sous terre oui… Et si c’était toi qui dormais Fox?

- Je ne dors pas… Samantha, donne-moi un signe, dis-moi où chercher.

- Parfois, il vaut mieux rester ignorant de ce que nous ne pouvons pas accepter. Parfois, il faut savoir lâcher prise, abandonner en dépit de nos ambitions ou de nos craintes. Ce que tu pourrais finir par trouver va te démolir…

Mulder fronça les sourcils, examinant sa sœur, ses longs cheveux bouclés, ses traits fins et réguliers, son regard bleu… Elle lui manquait. C’était un sentiment ancré en lui, plus fort que la haine qu’il éprouvait pour l’homme à la cigarette, plus fort même que le sentiment amoureux… Scully avait raison, combien de fois avait-il été si près du but? Ce qui le taraudait ce n’était peut-être pas tant le désir de retrouver Samantha, mais la culpabilité d’avoir échoué.

- Sans le savoir, cette obsession à vouloir connaître la vérité sur tout ce qui t’entoure, est le résultat de ton désespoir. Tu penses pouvoir sauver le monde, alors que personne ne demande tant de ta part. Regarde un peu où tu en es et tu comprendras que tous ces sacrifices ne te mèneront nulle part. Pas même à moi. Tu risque de tout perdre. Même ta partenaire et ton travail.


X




Scully se redressa tant bien que mal, frottant le derrière de sa tête endolori. Elle détourna le regard de la réceptionniste pendue et tira une chaise afin de s’asseoir pour reprendre ses esprits. Elle ne s’était pas attendue à trouver un cadavre en ouvrant l’interrupteur, du coup elle avait reculé, puis était tombée à la renverse. L’heureuse nouvelle c’était qu’une personne était sans aucun doute entrée dans l’auberge, une personne qui n’était apparemment pas l’incarnation du bien. Elle se redressa. Comme elle n’avait pas son arme, elle ne prendrait aucun risque. Elle allait remonter à sa chambre la chercher et trouver Mulder ensuite. D’ailleurs peut-être avait-il eu la même idée en s’apercevant qu’elle n’était plus derrière lui.


Devant la porte de sa chambre, un pressentiment l’arrêta, son instinct peut-être? Elle fixa le numéro gravé sur la porte de Mulder, encore incertaine, mais pourtant persuadée qu’elle devait y entrer. Elle s’y aventura, oubliant son arme et les raisons qui l’avaient poussée à monter. Elle tourna la poignée, puis se retrouva devant Mulder. Il semblait amorphe, sans vie, comme si son corps bougeait de par une autre forme de volonté que la sienne. Dans sa main droite, il avait son arme et dans la gauche un ouvre-lettre. Du sang s’écoulait sur son front et ses joues, ses lacérations formaient bientôt un cercle, comme sur la dernière victime…

- Mulder!! Arrête! Réveille-toi!

Scully se jeta sur son partenaire afin de lui retirer son arme et le couteau, mais il l’en empêcha en pointant son revolver sur sa tempe. Paniquée, la jeune femme recula.

- Mulder, je t’en pris, ouvre les yeux. Tu es somnambule, tu…

« risques de te tuer. » Scully franchit de nouveau la chambre et courut vers les escaliers qu’elle dévala aussi rapidement que ses pieds nus le lui permirent. Si Mulder dormait et si elle devait croire ce qu’il lui avait raconté, sa projection astrale était quelque part dans l’auberge. Elle parvint jusqu’au bureau de la réceptionniste. Elle avait perdu son collègue précisément à cet endroit. Elle farfouilla la pièce du regard et dénicha une porte qui devait conduire au bureau du personnel de l’auberge. Scully y entra. À l’intérieur, il faisait sombre… ses yeux prirent quelques secondes à s’accoutumer à l’obscurité.

- Mulder? Es-tu ici?

Elle n’obtint aucune réponse, mais une présence se forma tout près d’elle. Elle devina immédiatement qu’il se tenait devant elle. Il devait bien avoir deux têtes de plus qu’elle-même, sinon davantage.

- Mulder, tu dois absolument…

Il l’empêcha de continuer en posant une main sur sa nuque. Scully le vit pencher la tête, mais elle n’eut aucune réaction pour la simple et bonne raison qu’elle ne s’y attendait pas. Ses lèvres vinrent se déposer sur les siennes avec une gourmandise, une avidité, une soif qui l’empêchèrent de le repousser. Ce n’était pas comme s’il lui avait donné le choix. Ses doigts sur sa nuque s’entremêlaient dans ses cheveux, nageaient sur la peau sensible de son cou, dessinaient des frissons probablement plus électrisant que la sensation de son corps près du sien. C’était aussi inattendu qu’improbable et pourtant, elle n’avait pas envie d’être ailleurs. Mulder posa sa paume sur son dos, comme s’il y trouvait un appui, alors qu’il l’approchait davantage de lui. C’était irréel et tellement vrai, délicieusement bon et effrayant, complètement chavirant et perturbant. Fox Mulder était en train de l’embrasser. L’amitié et l’amour qu’elle éprouvait pour lui, lui avait toujours semblé intouchables, comme mue par une barrière qui empêcherait ce genre d’instant… Mais dieu que c’était apaisant, émouvant, désarmant de le sentir là, contre elle. Scully posa une main sur son visage, faisant glisser ses ongles dans ses cheveux. Il la plaqua lentement sur le mur derrière elle et se détacha finalement de ses lèvres. Malgré la noirceur, elle put entrevoir ce sourire moqueur et séducteur qu’il affichait lorsqu’il lançait ses petites tirades humoristiques. Il reprit ensuite une expression plus sérieuse et posa son front contre le sien.

- J’aurais tellement de chose à te dire Scully, mais il faut de temps à autre rester silencieux sur ce qui peut nous apparaître comme une évidence.

Il inclina légèrement la tête de côté et embrassa sa tempe, glissant vers son oreille. Son souffle contre son cou était aussi enivrant que ses mains. Elles avaient quitté son dos et sa nuque, allant sur sa taille, ses hanches, ses cuisses… Ses vêtements lui paraissaient superflus, une invention futile, une forme de palissade inutile entre elle et des sensations étourdissantes.

- Mulder… retournes dans ton corps, murmura-t-elle avec une lucidité plutôt surprenante.

- Qu’est-ce que tu veux dire? Demanda-t-il d’une voix un peu rauque.

- Je veux dire que t’avais raison pour les corps astraux.

- J’ai toujours raison Scully.

- D'accord, mais maintenant, retournes-y!

Mulder ne bougea pas. Il ne s’était jamais permis de la toucher, conduit par une forme de respect amoureux et d’une fascination qui l’avaient tenu éloigné. Il démontrait par des blagues son désir qu’il avait d’elle, lançait parfois des phrases qui voulaient tout dire, mais elle semblait toujours garder ses distances. Maintenant, il avait une infime chance… Au fond, sa collègue de travail était tout ce qu’il possédait de réel. Sa sœur n’était qu’un fantôme qu’il tentait de chasser en vain, sa mère une femme extraordinaire qui se berçait par ses souvenirs, et son père était mort. Scully était sa meilleure amie et sa confidente. Ils avaient traversé tellement d’obstacles, avaient des souvenirs en commun particulièrement forts… Il avait peur et il était lâche, mais il la voulait…

- Que c’est mignon, lança une voix caverneuse.

Les deux agents se tournèrent presque violemment vers la voix. Il n’y avait personne, mais ils pouvaient tous les deux pressentir une présence, une forme de vie.

- Ce n’est pas coutume pour deux âmes de se rencontrer dans leur projection astrale. Vous en avez de la chance. Pour que vos corps se mutilent il faudrait d’abord que vous soyez confrontés à certaines autres de vos peurs. Étrange comme le désir d’un peut être la peur de l’autre…

- Olsen? Demanda Mulder en se mettant devant Scully.

- Ouais…

Une silhouette se forma tout au fond de la pièce. Un homme se tenait debout, avec ses cheveux blancs retenus par un élastique sur la nuque. Il n’avait pas son petit chien à ses pieds, ni sa canne dans sa main gauche, mais son visage cousu par les rides était le même.

- N’affichez pas ces mines ébahies. Vous devriez savoir qu’un homme qui vous met lui-même sur la piste des meurtriers s’avère le coupable. On ne vous enseigne pas ça au FBI?

Le père de Darren Olsen était calme, impassible. Il s’avança légèrement vers eux, sans afficher une quelconque menace. Il n’avait pas d’armes, rien qui aurait pu les inquiéter. Or, Mulder et Scully se méfiaient de lui davantage que s’il avait tenu une bombe.

- Mon fils est un imbécile! Il croyait à des histoires de suicides et moi je lui donnais des preuves. Il voulait votre collègue et je la lui ai pratiquement offerte sur un plateau d’argent. Le pauvre…

- Pourquoi laisser autant de preuves? Demanda Scully.

- C’est simple. C’est une petite ville. Il ne s’y passe jamais rien. Après un certain moment, on s’ennui! Il faut un peu d’action, du sang, des enquêtes, des meurtres! Vous êtes arrivés pille au bon moment, mais maintenant, j’admets que vous me gênez. En plus, vous m’exaspérez. Vos peurs sont tellement superficielles! Mulder vous avez peur que votre sœur soit morte et vous avez peur de perdre votre collègue. Ce sont des craintes si prévisibles… j’aurais aimé une phobie! La peur des morts, la peur des araignées même ou des insectes! Mais celles qui sont les plus fortes chez vous touchent vos émotions! Pathétique. Quant à vous mademoiselle Scully, c’est essentiellement la même chose, sauf que comme paradoxe, j’ai déjà vu mieux. Vous voulez votre collègue, mais d’un autre côté vous avez peur… Peur de vos sentiments et peur de le perdre. Franchement, comme mélodrame, ça m’écœure! Vous ne pourriez pas être effrayé de choses ou de bizarreries? Ça m’éviterait de m’ennuyer grave. Par exemple ma dernière victime avait peur des couteaux… Ce fut tellement facile et vite réglé. En plus, après six années à chasser les extraterrestres, il me semble que la moindre des choses seraient peut-être de vous dire franchement ce que vous pensez l’un et l’autre… Les humains parfois sont de vrais idiots!

Mulder s’avança vers le père de Darren Olsen, et tenta de l’empoigner par la gorge. Sa main le traversa, comme si son propre corps était immatériel!

- Ah… j’ai oublié de vous dire, s’excusa Olsen, je ne suis pas en projection astrale et au moment où je vous parle, vous allez bientôt pouvoir constater la mort de vos corps.

- Souhaitez que je ne me réveille pas, déclara Mulder.

- Oh… comptez sur moi!

- Scully, nous devons retourner près de nos corps!

- Ah… pour ça, c’est impossible, fit le vieillard, du moins pas encore.

- Empêchez-moi pour voir, maugréa Mulder en se tournant vers la porte.

Il voulut tourner la poignée, mais sa main agrippa dans le vide. Qu’est-ce qui se passait?

- Inutile. Lorsque vous prenez conscience de votre état astral, vous n’avez plus de pouvoir sur les objets.

- Laissez-nous sortir! Ordonna Scully.

- Désolé… Laissez-moi encore quelques minutes.

- Pourquoi faites-vous ça? S’impatienta Mulder, comment faites-vous?

- C’est très simple. D’abord j’ai glissé quelques plantes psychotropes dans votre nourriture Scully lorsque vous diniez avec mon fils, et vous Mulder, je n’ai eu qu’à faire une injection lorsque vous dormiez dans la chambre de ma victime. Le reste se fait foncièrement tout seul. J’ignore pourquoi, mais j’ai comme un don pour faire sortir les âmes de leur enveloppe charnel sans qu’elles ne se rendent compte de leur état.

La porte s’ouvrit brusquement derrière Mulder, passant à travers son corps. Scully sursauta et Darren entra dans la pièce.

- Voilà mon crétin de fils, marmonna Olsen.

- Et ton crétin de fils de te dit au revoir!

- Quoi?

Darren pointa son arme en direction de son père et trois coups résonnèrent dans l’obscurité. Scully vit des éclaboussures se jeter sur le mur près d’elle, puis entendit le son d’un corps qui tombait lourdement sur le sol.


X



L’auberge.
10h14.


Mulder et Scully sortirent au même moment de leur chambre, tous les deux en pyjama. Mulder se frotta la nuque et Scully toucha les quelques ecchymoses sur son visage. Ils se regardèrent en fronçant les sourcils, légèrement étonnés de voir l’autre. Leur voix s’entremêla lorsqu’ils questionnèrent :

- Bon matin Scully? / Bon matin Mulder?

- Tu as des ecchymoses Scully sur ton visage. Est-ce que ça va?

- Je pourrais te demander la même chose…

Ils se fixèrent éberlués, perdus, interloqués. D’un côté Mulder haussait les sourcils et de l’autre Scully leva les deux mains en signe d’incompréhension.

- Quoi? Demanda-t-elle.

- Je ne sais pas…

Un silence gênant envahit le couloir, puis ils retournèrent d’un même mouvement dans leur chambre. Leur porte se referma en même temps, laissant le couloir complètement vide, avec pour seul bruit le cliquetis de leurs serrures qu’ils barrèrent.

(NDT: Imaginez la scène!!! C'est vraiment drôle... Imaginez cette scène en épisode... Les deux agents qui sortent en même temps, qui se regardent un peu bizarre, puis rentrent dans leur chambre en même temps...)


X



Poste de Police.
11h32.


Darren Olsen serra vigoureusement la main de Mulder. Scully était un peu en retrait, essayant encore de se remémorer les derniers événements sans succès. Elle se souvenait simplement avoir souhaité bonne nuit à son collègue, après qu’il lui eût raconté son escapade dans la demeure de la victime…

- Sans vous, je n’aurais pas pu deviner qui était le meurtrier! S’exclama Darren, les responsables du site web pornographique auquel participait la dernière victime nous ont envoyé ce matin la séquence du meurtre.

- Nous ne les avons pas contactés, remarqua Mulder en fronçant les sourcils.

- Eh bien il faut croire que si. Notre homme est maintenant derrière les barreaux. Nous avons retrouvé dans ses affaires personnelles des plantes psychotropes, comme votre collègue l’avait supposé et il détenait aussi beaucoup d’informations sur ses victimes.

- Je pourrais voir cette vidéo et le meurtrier?

- Le film est en train d’être analyser par nos meilleurs experts et l’homme a été transféré dans un pénitencier à haute sécurité.

- Tout ça, en une matinée.

- Quelle chance n’est-ce pas?

-…

- Au fait, vous vous êtes battus vous et votre partenaire?

- Oui… c’est devenu un rituel avant d’aller dormir, rétorqua Mulder avec sarcasme.

Scully eut un petit soupir et tira Mulder par le coude.

- Je pense qu’il serait temps de rentrer à Washington.

- Mais Scully! C’est improbable! Ne me dis pas que tu crois à toute cette histoire? Et qu’est-ce qui nous ait arrivé hier soir pour que nous ayons pratiquement les même lacérations que les derniers cadavres? Et où est passé la réceptionniste de l’auberge?

- Peu importe ce qui s’est produit, l’affaire est réglée. Nous ne sommes pas sur notre territoire, nous ne pouvons rien faire. Nous ne sommes même pas sur une enquête officielle.

Darren s’avança vers eux et questionna :

- Est-ce que ça va?

- Oui. Nous partons, déclara Scully, au revoir Olsen. Veillez bien sur vos citoyens.

- Merci à vous! Faites bonne route…

Darren embrassa Scully sur la joue et serra de nouveau la main de Mulder avant de reprendre ses activités à l’intérieur du poste. La jeune femme eut l’impression d’avoir raté un épisode, effacé une partie de sa mémoire, mais elle ne parvenait pas à saisir quoi. Elle fixa un petit instant Darren, ses cheveux d’ébènes et son magnifique sourire…

Les deux agents s’assirent dans la voiture. Mulder côté conducteur et Scully côté passager. Avant de démarrer, Mulder se tourna vers partenaire. Elle semblait plongée dans ses réflexions, le regard à cent lieux de la voiture.

- Et les voyages astraux? Demanda-t-il.

Scully se tourna vers lui.

- Je vais faire le rapport Mulder, répondit-elle simplement.


X




En dépit des protestations de ma collègue, ce rapport se veut authentique et sans erreurs chronologiques [...] Les cadavres et les états des dernières victimes n’ont pu être pleinement justifiés. De la même manière qu’une partie de notre conscience – à moi et à ma collègue – semblent nous avoir été volée durant la dernière nuit de notre séjour.

Darren Olsen enfouit ses pieds nus dans le sable un peu froid du lac. Son visage était éclairé par la lune et ses yeux fixaient l’horizon. Il ouvrit une petite urne, laissant échapper les cendres qu’elle contenait. Son sourire était froid, sans aucune émotion. Tout près de lui, la silhouette d’une jeune fille blonde – Jessie – l’examinait…

Les voyages astraux semblent le produit de notre subconscient, où les peurs et les craintes se substituent à nos pensées, laissant derrière elles des fragments de notre véritable conscience… Et si toutes nos émotions n’étaient guidées que par ces craintes qui sont si magnifiquement représentées lors des voyages astraux? Et si nos âmes pouvaient véritablement quitter nos corps, nos enveloppes corporelles, dans l’ultime but de nous ouvrir la voie vers l’inconscient? Et si notre meurtrier n’était en fait que le pâle reflet de nos âmes en colères, frustrées de toutes ces répressions émotionnelles?

FIN

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