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Voir le loup et mourir

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Message  noisette Jeu 6 Aoû 2009 - 21:00

« VOIR LE LOUP ET MOURIR »


Auteur : Noisette

Avertissements : R (violence). Scully meurt.

Disclaimer : Les personnages et la série ne m’appartiennent pas. C’est l’œuvre de Chris Carter et de toute une équipe. Et je ne fais pas d’argent avec ces fics… Je m’amuse.

**********




- Cours Scully ! Cours !
Il enjamba un enchevêtrement de bois mort et poursuivit sa foulée sans ralentir pour autant. Elle sauta à sa suite et dévala dans son sillage la pente escarpée de l’inhospitalière forêt tchétchène. Ils étaient à découvert et les tirs claquaient atour d’eux. Une pierre éclata sous le pied de Mulder qui bondit sur le côté et se mit à zigzaguer pour empêcher ses adversaires de le viser. Derrière lui, Dana employait la même stratégie. La lisière d’un bois dense se rapprochait. Il fallait l’atteindre à tout prix.
Les gardes du camp ne pourraient pas s’aventurer longtemps hors de la zone protégée alors que la nuit tombait. Ils étaient au milieu de nulle part, dans de grandes étendues sauvages, hostiles, dangereuses et c’était précisément la raison pour laquelle ils avaient implanté leurs installations secrètes à cet endroit.
Fox atteint les premiers arbres si rapprochés qu’ils formaient presque un mur végétal. Il se rua au milieu des conifères en plaçant ses bras devant son visage pour se protéger. Dans son mouvement, il laissa tomber un petit paquet de la taille d’un CD. Il pesta mais emporté par l’élan, il ne put réagir que quatre mètres plus loin.
- Je l’ai ! cria Scully derrière lui. Elle ralentit sa course et se baissa.
- Dépêche… !
Sa voix fut couverte par l’explosion de plusieurs balles simultanément.
Elle venait de se relever, ses muscles déjà tendus au maximum pour forcer la barrière des pins qui s’élevait devant elle.
Le premier projectile vrilla son dos et s’encastra exactement au milieu de sa colonne vertébrale.
Le second perfora d’une trajectoire brûlante son poumon droit.
Et le troisième, une balle perforante, percuta le sommet de sa boite crânienne, creusa un sillage parfait dans la haut de son lobe temporal gauche et ressortit à la lisière de ses cheveux par un trou impeccable par lequel se déversa un liquide rouge sombre qui dessina un filet macabre sur sa tempe.
Elle n’eut même pas le temps de pousser un cri. Ou juste le début, stupéfait. Elle s’effondra contre les arbres. Son corps désarticulé comme un pantin se figea dans une position bizarre retenu par les branchages qui griffaient sa peau.
Mulder avait stoppé net. Lorsqu’il se retourna, il reçut en pleine figure l’image de Scully gémissante, écartelée entre deux immenses conifères noirs comme la mort. Il se jeta vers elle avec un hurlement de fou, la saisit sous les bras, fermant son esprit à son visage ensanglanté et ses yeux qui hurlaient de douleur, et l’attira à lui en bredouillant des sons qui voulaient lui dire de tenir bon.
Les coups de feu avaient repris. Il la prit sur son dos et se mit à courir, étranglé par la rage, le désespoir et la peur…

Il courut pendant une heure ou une éternité, fouetté par les arbres, accrochant les épines, trébuchant sur les rochers et les racines dissimulées par la pénombre. Se relevant à chaque fois et repartant de plus belle pour se mettre à l’abri de leurs poursuivants.

Et puis soudain, il tomba à genoux. Cela faisait un moment qu’il n’entendait plus rien que son souffle haletant et les imperceptibles râles de Scully.
Très doucement, il la fit glisser sur le lit de feuilles brunes et craquantes et, la gorge nouée, il posa ses yeux sur son corps martyrisé, vision qu’il aurait voulu fuir au moins autant que ses ennemis.
La moitié de son visage était couverte de sang. Son col roulé noir était tout entier imbibé du liquide visqueux. Elle crispait ses doigts sur sa poitrine.
Il glissa sa main sous son cou et lui redressa très légèrement la tête.
- Scully… murmura-t-il. Est-ce que tu m’entends ? supplia-t-il sur le point de fondre en larmes.
Elle tourna lentement son visage vers lui, inspira avec peine en un sifflement déchirant et parvint à ouvrir les yeux.
Ses pupilles étaient noires et dilatées. La vie en elle s’enfuyait, se noyait au plus profond de ce regard comme dans un trou.
- Mulder… articula-t-elle. Et elle toussa en se recroquevillant, étouffant sous les yeux impuissants de Mulder.
Un filet de mousse verdâtre surgit au coin de ses lèvres presque bleues. Il saisit un mouchoir de sa poche et l’essuya, le cœur serré.
Elle réussit à lui agripper la main et lui murmura dans un souffle.
- Sauve-toi…
- Je ne pars pas sans toi, protesta-t-il choqué.
Elle inspira difficilement.
- Tu ne peux… plus rien… pour moi…
- Bien sûr que si ! Je vais te trouver un hôpital. Ils savent opérer ce genre de blessures. Tu vas vivre, Scully. Il s’accrochait à ses espoirs insensés, refusant de voir la vérité. Je…
Elle l’interrompit.
- Mulder… Je vais… mourir… Pas de mensonges… entre nous
Il se tut, écrasé de douleur. Elle poursuivit si bas qu’il dût s’approcher encore. Il n’était plus qu’à quelques centimètres de sa bouche.
- … Toi… Tu dois… y aller…
- Je ne veux pas !
- Ma famille…
- Quoi ? Il ne comprenait pas.
- Ils mourront… aussi… si tu ne dénonces pas… ce que nous avons… trouvé.
- Dana…
- Il ne s’agit plus… seulement… de toi… ou moi…
Elle lui glissa le paquet marron dans sa chemise. Il ne trouva rien à dire. Les mots restaient coincés, brûlant sa poitrine. Il la serra contre lui, essayant de graver dans sa peau la marque de son corps, de s’imprégner de l’odeur unique de ses cheveux auburn. Il s’écarta finalement.
- File, commanda-t-elle avec une grimace qui se voulait un sourire.
Il hésita.
- Tu vas… Tu seras… seule…
Elle comprit où il voulait en venir.
- Ne t’inquiète… pas… Suis médecin… Je sais… comment… abréger… tout ça…

Il prit son visage entre les mains et posa ses lèvres sur celles de Scully. Sa bouche enveloppa celle de sa partenaire, la pressant dans un baiser profond. Le dernier. Sa langue, tremblante, caressa la pulpe craquelée. Lorsqu’il se détacha, déchiré, sa langue avait le goût amer et piquant du sang. Il plongea une dernière fois ses yeux verts aux éclats de noisette au fond de son regard bleu.
Elle semblait presque sereine. Ses lèvres articulèrent un « je t’aime » muet. Il lui répondit de la même manière.
Il se redressa et brusquement lui tourna le dos et s’enfuit en courant vers la mission qu’elle lui avait confiée.
L’eau inondait son visage, il n’y voyait rien. Il tomba et se releva, vingt fois, cent fois…

Soudain, il s’arrêta. En face de lui, une silhouette sombre, menaçante se dressait. Deux yeux brillaient dans la pénombre. Deux yeux qui se plantèrent dans les siens. Mulder sentit une sensation étrange parcourir son échine et traverser sa colonne. Il ne pouvait se détacher de ces ovales félines hypnotisantes.
Un éclair illumina le ciel et lorsque le tonnerre éclata, les yeux avaient disparus et il reprit sa course vers le néant.
Un monde sans elle.

***


Elle avait menti.
Elle n’avait pas d’armes, et plus la force de se ficher un bâton acéré dans la carotide.
La balle dans sa colonne vertébrale avait paralysé son tronc et ses jambes.
La blessure à la tête ne l’avait pas tuée sur le coup mais la condamnait.
Restait son poumon. Et elle se noyait petit à petit dans son propre sang.
Le médecin qu’elle était savait déjà qu’elle allait agonir pendant des heures.
Seule. Au milieu de cette forêt noire que la nuit enveloppait de plus en plus.
Une larme roula sur sa joue et s’habilla de vermillon.
Puis elle le vit.

***


Il était là, immobile, royal, à sept mètres à peine. Comme un empereur en sa demeure.
Le loup !
Elle retint son souffle.

Le temps sembla tout d’un coup s’étirer à l’infini. Aucun des deux ne bougeait : elle, adossée contre un arbre, luttant pour garder les yeux ouverts. Lui, dressé sur ses pattes, le dos rond, la gueule juste assez ouverte pour laisser entr’apercevoir ses crocs blancs.
On n’entendait que le léger bruissement du vent dans les feuilles mortes, les ululements des oiseaux de nuit et au milieu, résonnant comme un compte à rebours, les respirations sifflantes de Scully.

Patiemment, sans bruit, le loup détaillait sa proie, scrutant les signes de l’ultime faiblesse qui verrait ce corps saignant s’affaisser.
Son repas avait de beaux yeux, et soudain, ces yeux s’animèrent, s’éclairèrent sous la lune. Et la femme parla.
- Tu attends que je meure… hein… le loup ?
Elle avait une voix grave, hachée. Une voix séduisante pour une femelle d’une autre espèce.
Il dressa l’oreille et pencha sa tête sur le coté. Elle continua en arrachant un rire à sa poitrine.
- … On est deux, alors…
Elle cracha du sang et fut secouée par une terrible quinte de toux. Au bout de longues secondes, elle se calma et laissa tomber sa tête en avant.
Il l’observait avec attention. Le masque de douleur l’étonna. Il n’avait pas l’habitude de voir la souffrance s’afficher ainsi. Mais la peur au fond des yeux, il la connaissait par cœur. Sa proie savait que sa dernière heure arrivait. La viande allait être servie.
D’un pas très lent, il s’approcha. Il avançait dans un silence de tombe, ses pattes souples se posaient sur la terre molle sans crissement, sans craquement.
Elle releva péniblement sa tête – elle pesait une tonne – et le vit gagner du territoire, mètre après mètre. Incapable de parler, elle plongea ses yeux dans ceux de la bête. Directement. Franchement. A nue.
Le loup frémit et s’arrêta.

***


Il était très près. A deux mètres. Dana sentait la chaleur de son haleine sur sa peau.
Etrangement, ça l’apaisa.
Il se repaîtrait de sa dépouille mais elle ne mourrait pas seule.
Elle le voyait bien maintenant. Il était grand, puissant, tout en muscles et noir comme l’ébène. Il la dominait de toute sa hauteur mais elle ne baissa pas les yeux. Elle eut envie de passer ses doigts dans ses longs poils. Elle tenta de lever la main vers lui, grogna sous l’effort mais ne parvint pas à la soulever de plus de quelques centimètres.

***


Il la regardait faire avec curiosité.
Jamais une proie ne l’avait fixé avec tant de douceur. Ses yeux en amandes se plissèrent lorsqu’il devina qu’elle cherchait son contact. Son râle de douleur quant elle laissa retomber son bras pâle lui fit se hérisser les poils. Il fit un pas encore.
Sa patte effleura la jambe de la femelle qui riva ses yeux dans les siens.
L’animal sentit un trouble le gagner. Elle n’était pas une viande comme les autres.
Celle-là souhaitait qu’il vienne.

***


Il y avait un vert d’eau et des éclats de noisette dans les pupilles ovales du loup. L’espace d’un instant, elle vit passer tout au fond le regard d’un amoureux fou et désespéré.
- Mulder… murmura-t-elle.
Puis cela redevint le regard d’un prédateur. Mais d’un prédateur attentif.
Dans son expression, elle ne lut aucune haine, aucune sauvagerie, aucune satisfaction à la voir ainsi gisante.
Tout était dans l’ordre des choses. Rien d’autre.
Elle se dit que, tout compte fait, elle avait de la chance.

***


- Le cou… le loup… Et tue-moi vite !
Elle avait prononcé ces mots à sa seule attention, près de son oreille, sans crainte.
A nouveau, il tressaillit. Ces sons ne voulaient rien dire pour la bête. Mais ici, ils n’étaient que deux esprits en symbiose et son cœur de loup sut les traduire.
Il approcha sa gueule du visage de la femme. Elle eut un imperceptible mouvement sur le côté et lui offrit sa gorge.
Il contempla la chair tendre qu’elle lui livrait et finalement, avec d’infinies précautions, il posa ses crocs sur la peau blanche de son cou.
Là, il attendit.

***


Ils restèrent ainsi de longues secondes. Elle, mélangeant les mots d’une dernière prière dans sa tête ; lui, suspendu à l’improbable commandement d’achever.
Un mince sourire se dessina sur les lèvres de Dana. Elle était prête.
- Vas-y, le loup… Maintenant… Je n’ai plus… peur… expira-t-elle dans un souffle.
C’était le signal. Il s’exécuta.
Il referma brusquement ses crocs et lui brisa les os d’un coup sec. Il sentit le corps de la femme se tendre, s’arquer, dans un ultime sursaut mais il tint bon et garda sa gueule serrée sur la gorge chaude. Le corps aux lignes douces et courbes s’affaissa et soudain, tous les muscles de Scully se relâchèrent. L’obscurité brouilla puis envahit ses yeux. Du coin de sa bouche gicla une rivière de sang qui se tarit en un instant. Sa tête roula sur le côté.
Tout était fini.

Il resta immobile encore quelques temps, par habitude, pour être sûr qu’elle était bien morte. Puis, délicatement, il la coucha sur le sol et ouvrit sa mâchoire.
Il recula. Il n’avait plus faim.
Il regarda le visage de la femme. Elle ne souffrait plus. Elle avait conservé ce léger sourire. Elle était en paix.
L’animal se retourna et s’assit juste devant sa dépouille.
Pour quelques heures au moins, il serait le gardien de cette paix et nul ne viendrait troubler le dernier sommeil de la femme aux yeux bleus, doux comme la mousse des arbres et brûlants comme le soleil qui, à l’horizon, se levait sur une nouvelle journée…
Une journée comme les autres à l’échelle de l’humanité.
Une journée comme les autres à l’échelle de la steppe.
Une journée sans elle pour un loup orphelin et pour un homme condamné à courir sans fin…

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