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L' absente

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Message  Marita Covarrubias Sam 23 Déc 2017 - 2:54

11h30-Aeroport

Scully marchait de long en large, regardant ostensiblement l’horloge. Bill, assis sur un banc, levait les yeux de son livre et regardait sa sœur. Il tentait de se concentrer sur les mots de l’auteur mais le bruit des talons de la jeune femme le ramenait sans cesse à la réalité. Il referma son livre bruyamment.
Bill : Maintenant STOP !
Scully le regarda sans comprendre.
Bill : J’en peux plus, je te jure, ça crée des bruits parasites.
Scully : Je pensais que tu aimais ce bruit.
Bill : Oui quand j’étais petit. Maintenant assied-toi. L’avion ne va pas tarder.
Bill reprit son livre et chercha la page où il s’était arrêté. Chaque page tournée était accompagnée d’un claquement de langue. La première fois, Scully se dit que ce n’était qu’une seule fois. La deuxième fois, elle eut un tressaillement… La troisième fois, elle tenta de se concentrer sur un couple qui se retrouvait.
CLOC. CLOC. CLOC. CLOC
C’en était trop.
Scully : Si tu continues j’te frappe !
Bill la regarda, stupéfait.
Bill : Je comprends pourquoi t’es célibataire.
Scully s’apprêtait à répondre à cette remarque désagréable quand...
« HEY LA FAMILLE ! »
Ils se retournèrent et virent Charles qui leur tendait les bras. Bill et sa sœur s’y faufilèrent. Ils restèrent ainsi trois minutes.
Charles : Vous savez je commence à avoir chaud là.
Scully eut un sourire crispé
Scully : Pardonne-nous ces effusions. C’est vrai que tu as perdu l’habitude de nous voir.
Bill : Ne traînons pas trop. J’aimerais finir avant 20h.

Dans la voiture, Scully, installée à l’avant, regarda le paysage défiler. Ses doigts s’agitaient nerveusement. Bill, conducteur du jour, remarqua la nervosité de sa sœur. Mit sa main sur son épaule. Scully attrapa cette main salvatrice et la serra très fort. A l’arrière, Charles fredonnait
« bam didoum bam hmhm badadim”
Il cherchait désespérément d’où provenait cet air qui tournait en boucle dans sa tête.
« poum poum tchi tchaaa »
Scully et Bill se regardèrent désespérés. Bruits parasites incessants et en plus de ça imprécis. La jeune femme mit alors la radio. La musique couvrit la voix de Charles. Celui-ci comprit le message et s’enfonça dans la banquette.

La voiture s’arrêta enfin. Devant une maison que la fratrie connaissait bien. Devant la maison de leur mère décédée il y a quelques jours.
Scully sortit de la voiture la première. Charles prit une grande inspiration et sortit de l’habitacle, en faisant claquer la porte bruyamment ce qui fit sursauter son frère. Scully se tourna vers Bill le voyant immobile.
Bill : Besoin de temps.
Sa sœur respecta son besoin de solitude et entraîna son autre frère vers la dernière demeure de leur mère.

Elle ouvrit la porte. Le salon les accueillit dans la pénombre et l’absence. Scully avança tandis que Charles restait sur le pas de la porte. Dana s’assit lentement sur le fauteuil et parcourut le séjour du regard en s’arrêtant parfois sur certains meubles. Elle revit sa mère, assise à la table, classant des papiers. Elle revoyait Margaret dans tous les recoins de la maison accomplir des gestes quotidiens. La démarche abrupte et décidée de Bill la fit sortir de sa rêverie. Il avait dans les bras deux grands cartons.
Bill : Charles s’il te plait, va me chercher les autres.
Et il monta quatre à quatre les marches de l’escalier conduisant à la chambre.
Scully se retrouva seule au milieu des souvenirs. Qu’est-ce qu’elle était en droit de jeter ou garder ? Comment allaient-ils se mettre d’accord ? C’était là le problème. Se mettre d’accord entre 3 personnes qui ne se voyaient pas beaucoup.
Charles revint, les bras encombrés de cinq cartons et de sacs poubelles. Scully se leva et monta les escaliers.
Charles : ha bon…Pas d’aide….

Dans la chambre de Maggie se trouvait le lit, la couverture bleu pâle encore en place. Sur le mur, des morceaux de sa vie étaient suspendus, fièrement. Des photos de son mari lors d’une escapade romantique à Hawaï. Elle, seule, riant aux éclats, la tête penchée en arrière. Deux mains qui se rejoignent. Des petits pieds sur une pelouse. Quatre enfants assis sur un canapé : Bill croisait les bras et regardait fièrement l’objectif, Charles essayait de replacer le bonnet de Noel sur la tête de Mélissa et Dana admirait les guirlandes.
Une croix accrochée au-dessus du lit. Sur la table de chevet de gauche, il ne restait qu’un calepin. Bill l’ouvrit. Ce n’était qu’un répertoire.
Bill : Il y a plein de gens qu’on ne connait pas dedans. Qu’on ne connaîtra jamais. Ils ont peut-être des anecdotes à nous raconter. Ils ont sûrement vu une facette d’elle que l’on n’a jamais remarquée.
Charles : Il vaut mieux ne pas trop fouiller. Il y a toujours des déceptions.

Scully ouvrit d’un coup sec le placard. Les vêtements de sa mère se dressèrent devant elle. Elle regarda Charles défaire le lit. Enlever la housse de couette, puis les draps et enfin les taies d’oreillers. Bill prit le matelas, le mit sur ses épaules et descendit. Le frère et la sœur entendirent un « BOUM BOUM BOUM » « m*rde ! ». C’était Bill qui avait heurté le tableau avec le matelas.
Charles : Il va tout détruire. Bill ! Tu veux un coup de main ?
Bill : La ferme !
Scully, pendant ce temps-là, touchait les robes et les vestes. Ses doigts s’attardèrent sur la douceur de la soie. Son visage caressait des manches en coton. Elle prit une robe noire et l’emmena avec elle dans la salle de bain, laissant Charles décrocher les photos de famille et les mettre dans un carton. Le carton des souvenirs qui ne pouvaient pas être jetés.

Bill remonta, impatient.
Bill : Bon on fait la salle de bain.
Charles : Tu veux pas te calmer un peu ? Arrête toi un instant.
Bill : Si je m’arrête, je fuis.
Ils entendirent la porte de la salle de bain grincer et leur sœur apparut vêtue d’une robe noire lui arrivant aux genoux et laissant ses épaules découvertes. Les deux frères la regardaient avec inquiétude.
Scully : Est-ce que je ressemble à maman ?
Charles : C’est pas évident de vider la maison avec une tenue pareille.
Scully : Arrête de prononcer ce mot ! « Vider ». A chaque fois que tu le prononces, tu enfonces maman un peu plus dans sa tombe.
Bill : Pourtant c’est ce qu’on fait Dana. On la vide. On se débarrasse de ses affaires.
Scully : Vous voulez vraiment vendre cette maison ?
Bill : On s’était mis d’accord Dana. On a signé. Impossible de revenir en arrière.
Scully baissa la tête, résignée. Elle avait signé, oui. Mais lorsqu’elle voyait la vie de ses parents rangée dans des cartons ou jetée dans des sacs poubelles pour mieux accueillir de nouvelles personnes, elle avait l’impression de piétiner leur mémoire. Elle s’enferma dans la chambre de sa mère. Elle aurait voulu s’asseoir sur le lit mais il n’y avait plus de lit. Elle prit son téléphone.
« Mulder….Non….Tu peux venir s’il te plait ? »

Marita Covarrubias
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Message  Marita Covarrubias Sam 23 Déc 2017 - 2:56

Bill rentra dans la salle de bain. Quand il était petit, il profitait de l’absence de sa mère pour sentir ses crèmes de main. Elles sentaient bien souvent la vanille, parfois la lavande. Il arrivait de temps en temps que le parfum soit à la fraise. Ces odeurs l’apaisaient autrefois. En grandissant, il avait laissé de côté ces odeurs-là. Il avait même tendance à les fuir. Et là dans cette salle de bain bientôt vidée, il aurait donné n’importe quoi pour voir une collection de crèmes étalées sur l’étagère. Charles fit irruption.
Charles : Rien à faire, elle veut pas sortir de la chambre.
Bill : Laisse-lui le temps.
Il s’apprêta à jeter le tapis bleu pale de la salle de bain.
Charles : Ne touche même pas à la moindre parcelle de ce tapis.
Bill : C’est juste un tapis. Moche et délabré.
Charles : Si tu savais ce que j’ai pu faire sur ce tapis.
Bill : Ho misère….
Charles : C’est le tapis du bonheur. Je vais le garder précieusement.
Il prit le tapis des mains de son frère ainé et tenta de sortir mais Bill lui bloqua le passage.
Bill : Ha non c’est trop tard, tu as éveillé ma curiosité.
Charles : Ce n’est pas quelque chose que tu voudrais entendre…Surtout pas toi. Tu es tellement pudibond des fois.
Bill : Moi ? Alors là c’est bien la première fois qu’on me dit ça.
Charles : Ho je t’en prie, quand tu étais ados tu partais durant les scènes de sexe à la télévision. Je me souviens également de quelques baisers chastes sur le front de Tara.
Bill : T’aimerais que j’embrasse goulument ma femme devant toi ?
Charles : Non quand même pas…
Bill : Tu tiens absolument à voir la langue de ton frère dans la bouche de son épouse ?
Charles mit ses mains sur ses oreilles
Charles : Stop stop stop !
Il attendit un petit temps avant d’enlever ses mains. Bill le regarda avec un sourire perfide.
Bill : Alors ce tapis ? Raconte.
Charles joua avec ses mains, intimidé.
Charles : Tu te souviens de la fille des voisins Swanson ?
Bill : Ouais une brune ouais ouais…Et ?
Charles : J’étais jeune. 15 ans. Inexpérimenté. Elle, si. A chaque fois que je la voyais dans la rue, c’était comme un film au ralenti. Je scrutais le moindre mouvement de ses mains, le moindre balancement de ses fesses. Et je ne te parle même pas du tissu de ses robes qui accompagnait le mouvement. Et puis elle me regardait souvent. J’te jure elle me regardait.
Bill écoutait attentivement, accoudé au lavabo.
Charles : Et puis un jour, les parents ont invité les voisins à boire un verre. Ils sont ensuite sortis je ne sais où. Toi, tu jouais dans le jardin avec Mélissa et Dana. Je me suis dirigé vers la salle de bain. Quand j’ai ouvert la porte, elle était là, devant le miroir. Elle se remaquillait. Elle m’a souri, je suis rentré timidement. On a échangé quelques paroles. Moi je bégayais. Elle, elle jouait avec ses cheveux. Elle replaçait des mèches imaginaires derrière son oreille. Et puis j’ai dû bafouiller quelque chose, elle a pris ma main et a mené la danse. J’allais accéder à des trésors dont on me parlait souvent. Et j’avais peur, je me disais qu’elle allait ensuite me voir comme la plus grande déception de sa vie mais putain qu’est-ce que j’étais heureux que ce soit elle. Sur ce tapis. Au final, je n’ai pas été la plus grande déception de sa vie. On s’est revus…Autre part que dans la salle de bain. C’est à partir de ce moment-là d’ailleurs que j’ai commencé à fumer. C’est elle qui m’a initié à ce rituel, la cigarette après le sexe. Ce tapis est relié à ce 12 mai, au nom de Julie Swanson, aux robes bleues, violettes et noires et aux cigarettes les plus bandantes de ma vie.
Scully ouvrit la porte et rentra avec une lampe dans sa main. Charles reprit une contenance. Bill se racla la gorge.
Scully : ça intéresse quelqu’un ?
Charles : C’était où ?
Scully : La chambre de maman.
Bill : J’adore cette lampe des années 50. Les années 50 c’est ma jeunesse. Cette lampe est pour moi.
Scully : Charles tu la veux ?
Charles : Elle plait à Bill, je me retire de la course.
Scully : Mais toi, tu en penses quoi ?
Bill : Mais il en pense rien. Il a déjà son tapis. Pourquoi voudrait-il autre chose ?
Scully : Je pense qu’il est important de discuter avant de…
Bill : Mais quoi discuter ? Tu l’as entendu, il n’en veut pas. Tu veux discuter ?
Charles : Ben….Là ça donne pas trop envie.
Scully : Mais tu es sûr de n’avoir aucun regret ?
Charles : On parle toujours de la lampe là ?
Bill : A quoi tu joues Dana ?
Scully : Je ne joue à rien. J’essaie juste de me montrer équitable, responsable, faisant attention aux valeurs symboliques de chaque objet. Prenant le temps de consulter chacun.
Bill : Est-ce que tu m’as consulté lorsque tu as gardé l’urne ?
Scully ne sût que répondre.
Bill : Je n’étais pas là durant ses derniers instants. Un déserteur. Je me sens comme un déserteur. Et je sais que tu le penses aussi. Donc pour punir ton frère indigne, tu as décidé de t’accaparer les cendres ?
Scully : OK démerdez-vous avec cette lampe. Démerdez-vous avec tout.
Charles : Et moi ? Personne ne me demande comment je me sens par rapport à cette urne ?
Scully : Venant de la part de Bill, je comprends. Venant de ta part, c’est juste immonde. Tu n’étais pas là. Tu n’as jamais été là. Même à l’enterrement de maman tu n’étais pas là. Tu t’es dérobé. Tu as passé ta vie à te dérober. Pourquoi ? Personne ne sait. Tu as été lâche de nous fuir. Tu as été lâche durant mon cancer. Je ne sais pas si tu te souviens mais oui j’ai eu une tumeur. Et je le répéterai à chaque moment de cette journée pour que tu te rendes compte de la lâcheté de ton absence. Ce n’est pas Bill le déserteur. C’est toi. Tu as été le pire des déserteurs à la naissance de Mathew. Oh ça oui il y a eu des cadeaux. Beaucoup de cadeaux. Mais putain des cadeaux ça ne remplace pas la présence physique ! Charles était où ? Il était où durant toutes ces années. Il était où lorsque mon collègue a disparu ? C’est fou, je ne sais même pas si tu te rappelles de ce que je fais.
Gonflé de tous les reproches déferlant sur lui, Charles sortit de la salle de bain, suivi de Scully et Bill.
Scully : Et tu pars encore ? Je t’interdis de partir sans avoir parlé. C’est trop tard. Tu es ici. Tu es là. Tu restes. Fallait y penser avant. Je te fais un rapide résumé de ma vie vu que tu l’as totalement oubliée. Je travaille au FBI avec l’agent Mulder.
Bill : Un drôle de type tout droit venu d’une secte.
Charles : Sans déconner ?
Bill : C’est ce que je me tue à dire à ta sœur. Mais change pas de sujet.
Scully : Si tu prenais de mes nouvelles, tu saurais que je travaille aux affaires non classées. C’est n’importe quoi tous les jours mais ça me rend incroyablement vivante. Si tu prenais des nouvelles de Bill, il te dirait que je perds mon temps et que cela a conduit à la perte de notre famille. SI tu prenais de mes nouvelles, tu saurais que j’ai dû abandonner le FBI quelques temps. Si tu prenais de mes nouvelles, tu saurais que j’ai été enceinte. Que ma grossesse est arrivée à terme. Que j’ai dû abandonner quelques mois plus tard mon enfant. Ton neveu. Mais tu as été trop égoïste pour prendre de mes nouvelles. Tu as raté plein de choses. Tu es juste un type qui part et qui ne va pas à l’enterrement de sa mère.
Charles fixa longuement sa sœur. Puis brisa la connexion.
Charles : Bill, tu veux dire quelque chose ?
Bill : Je n’ai plus envie de parler. Là, j’ai juste faim.
Charles : Je vais commander des pizzas. Je n’ai moi-même pas envie de parler maintenant. Mais t’inquiète pas Dana, je me réserve pour plus tard.

Marita Covarrubias
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Message  Marita Covarrubias Sam 7 Avr 2018 - 0:21

Les pizzas furent livrées. Le silence avait enveloppé la pièce. Les seuls bruits que l’on entendait étaient des bruits de mastication devenant de moins en moins discrets. Scully observa ses deux frères afin de connaître le responsable. Le pire étant le bruit de déglutition. Elle jeta un regard exaspéré vers Bill qui venait de poser sa bouteille. Son frère fut surpris de sa réaction. Leva les yeux au ciel, secoua la tête en soupirant et en fixant sa sœur. Replongea dans sa pizza mais c’était trop tard. Il se sentait observé. Laissa tomber abruptement son morceau de pizza dans l’assiette en plastique. Sa mâchoire était crispée. Charles les regardait, inquiet, se demandant si tout ceci n’était pas un langage codé pour l’écarter des décisions importantes.

Bill passa l’éponge sur la table utilisée. En profita pour nettoyer quelques meubles. Scully, les bras croisée, adossée à la porte, se demanda quand est-ce que Charles allait attaquer le deuxième round. Celui-ci était assis sur un fauteuil, la respiration lente et contrôlée.
Scully : Qu’attends-tu ? Tu en meurs d’envie.
Son frère l’invita à s’asseoir sur le fauteuil d’en face. Elle refusa.
Charles soupira : Incapable d’avoir des rapports normaux.
Bill arrêta net ses occupations s’attendant à une tempête.
Charles : Tu n’as pas besoin d’être debout à me jauger. Je ne suis pas un de tes suspects.
Scully accepta avec beaucoup de difficulté de se diriger vers Charles. Il la regarda s’asseoir, sourire en coin. Dana regarda Bill le suppliant de venir la rejoindre. Il s’installa sur le canapé, toujours son éponge à la main. Refusant le vide.
Charles : Tu as un téléphone ? Tu as mon numéro ?
Scully : Oui.
Charles : C’est parfait. Tu pouvais m’appeler toi aussi. Tu ne l’as pas fait. Pourquoi ?
Scully : Je ne suis pas seule dans cette pièce.
Bill serra très fort l’éponge mouillée jusqu’à faire tomber de l’eau par terre.
Charles : Je me sens très bien ainsi. Je ne ressens pas le manque. Je ne vois pas le crime que je commets en te disant ces mots « je ne ressens pas le manque ».
Scully : Et si nous on ressentait un manque ?
Charles : Dana, on s’entendais parfaitement quand on était jeune. On avait des points communs. Je ne le renie pas. Maintenant, je ne vois rien qui me relie à vous deux. Nous n’avons plus la même vie. Plus les mêmes références. Je me construits ailleurs. Je ne vous déteste pas. Je m’échappe simplement de certaines choses qui m’étouffent. C’est normal.
Scully baissa la tête. Charles but une gorgé de bière.
Charles : Dana, regarde-moi.
Sa sœur releva la tête, contrôlant sa respiration, évitant les larmes.
Charles : Si tu ressens un manque, ce n’est pas ma faute. Je n’y suis pour rien. Si Bill ressent un manque, ce n’est pas ma faute non plus. Que chacun gère ses manques. Nous n’avons pas à être responsables du besoin de dépendance et d’affection des autres.
Bill : Mais arrête ! Tu fuis les responsabilités. On n’parle pas d’une ex qui s’accroche refusant de voir que tout est terminé. On parle de la famille.
Charles : La famille, quel drôle de concept. Je ne crois plus en la famille depuis bien longtemps. Ce qui est étonnant c’est que vous, vous y croyez encore.  Dana, Bill ne cesse de juger ton travail, ne cesse de juger tes fréquentations, ne cesse de te décourager et tu voudrais croire en la non toxicité de la famille ? Tu voudrais me faire croire que tu n’as pas d’hésitation quand tu planifies tes visites chez lui ? Mais regarde-le et ose lui dire « Tu me gonfles, je n’ai pas envie de te voir et tant que tu n’accepteras pas qui je suis, je ne te reverrais plus. Je ne verrai que Tara et mon neveu ». C’est ça que tu devrais lui hurler. Assez de bataille. Dis lui qu’il est un frein à ton épanouissement.
Bill bascula fermement la tête de son frère en arrière compressa violemment l’éponge sale sur la bouche de son frère. Il le regarda avec mépris.
Charles : Ce geste ne m’étonne tellement pas de toi. Tu as toujours eu du mépris pour ceux qui ne pensaient pas comme toi. Pour ceux qui n’étaient pas comme toi. Pour ceux qui n’avaient pas ton prestige. Je pensais que tu avais changé avec le temps…Et vous voulez que je vienne plus souvent...C’est bien ce que je disais : je n’ai rien de commun ni avec vous deux, ni avec papa et surtout pas avec maman. Beau portrait de famille.
Bill : Et en quoi maman n’est pas assez bien pour toi ?
Charles : Ne me dîtes pas que vous ne le savez pas ? Je pensais que vous l’saviez mais que vous vous taisiez pour préserver la célèbre unité familiale ou une autre connerie de ce genre.
S’en était trop pour Bill, fatigué de toutes ces accusations, il asséna de sa main large une gigantesque gifle à son frère, assis sur le fauteuil appartenant à leur mère. Scully se leva d’un bond. Elle ne s’attendait pas à un début de guerre fratricide. Elle voulu s’enquérir de l’état de santé de son petit frère mais celui-ci l’en empêcha et lui ordonna de se rasseoir.
Scully : Bill, rassies toi près de moi.
Bill encore sous le choc de son geste, resta debout.
Scully : Bill, assieds toi tout de suite.
Bill regarda autour de lui, ne sachant pas comment ils ont emprunté la route de l’enfer. Il s’affala lourdement sur le canapé.
Scully : C’est quoi le souci avec maman ?
Charles : Notre mère, notre vertueuse mère. Celle qui nous demandait de prier tous les soirs, qui nous conseillait de faire preuve de discernement. J’ai tout fait pour être à son image. En fait c’était un modèle inexistant. Elle fréquentait d’anciens nazis.
Scully senti son corps se soulever. Comme en gravitation. Ne touchant plus terre. Elle voulu se rattraper à quelque chose de solide. Elle essaya de parler mais tout ce qui sorti fut un rire nerveux qui dura un bon moment. Bill restait muet.
Charles sorti une photo de sa poche.
Charles : Je la garde sans arrêt sur moi.
On y voyait Maggie au côté d’un homme.
Charles : Retourne la photo. Tu verras qu’elle date de 65. Je me fous de savoir si c’est un ami ou un amant. Il s’appelle Egon Gärtner. Ancien comptable d’Auschwitz. Il a été jugé.  
Scully regarda attentivement le dos de la photo. Ses yeux se brouillaient. Ses repères s’effondraient. Un deuxième nom inscrit lui provoqua d’autres tremblements. Il n’était pas sur la photo mais visiblement il était autour du duo. Victor Klemper.
Scully : Tu as pu confronter maman sur cet homme ?
Scully n’arrivait plus à se concentrer sur les paroles de son frère. Tout bourdonnait autour d’elle. Elle lança un regard éploré vers Bill qui lui restait statique. Comment sa mère pouvait se lier d’amitié avec ce genre d’individu. Comment elle le connaissait ? Et quel lien Victor Klemper avait avec ce duo. Les dernières paroles de Charles la reconnectèrent à la réalité
Charles : Quand tu veux stopper une relation, peu importe son statut, tu t’arrêtes à une seule lettre. Des lettres. Ils s’écrivaient des lettres. Qu’est-ce qu’elles contenaient ? Là maintenant tout de suite, elle avait envie de laisser tomber tous ces meubles, cette lampe moche, cette histoire d’urne et lire ces lettres. Essayer de comprendre l’incompréhensible. Vomir devant les mots. Hurler devant leur correspondance. Où a-t-elle caché ces maudites lettres ? Elle les retrouverait sans doute aux détours d’une pièce à débarrasser. Ou alors Maggie les a-t-elle brûlés au fil du temps. Scully secoua la tête. Penser à autre chose. Les lettres viendront après. Pas envie, pour l’instant, d’avoir une autre image de sa mère. Se reconcentrer sur la maison, se reconcentrer sur les meubles, se reconcentrer sur la poussière, sur la cheminé, sur le pull de Bill.
Charles : Maintenant, si vous le permettez je vais me reposer avant de reprendre nos activités.
Il monta les escaliers.

Bill repris peu à peu possession de son corps et eu l’impression qu’une heure s’était écoulée.
Scully : Charles a peut-être raison…Sur tout…Mais pour l’instant, on va vider cette maison. Il est là pour ça. On va se mettre d’accord. Peu importe si on doit passer par des reproches, des larmes ou des coups.


19h. Mulder gara sa voiture près de la maison. Il se dirigea vers la porte, s’apprêta à sonner.
« Monsieur Mulder ? »
Il se retourna et vit une femme entre deux arbres.
Mulder : Tara ? Vous ne voulez pas rentrer ?
Tara : Bill voulait que je vienne. Quand je suis arrivée, j’ai entendu des cris, des larmes. Je n’ai pas osé rentrer. Je me suis mise au calme entre ces deux arbres. Ils ne se disputent plus depuis 1/4 heure. Vous avez de la chance.
Mulder : Dana avait besoin de moi également.
Silence
Mulder : Vous croyez qu’il faut attendre un petit peu avant de rentrer ? Etre sûr de ne pas arriver pendant une dispute sur un sujet qui ne nous regarde pas.
Tara : Révélation de secret de famille.
Mulder : Je connais trop bien les secrets de famille.
Silence. Ils s’assirent sur le perron. Silence.
Tara : est-ce que vous avez peur autant que moi de rentrer dans cette pièce et de ne pas être à la hauteur des attentes de ceux qui vous ont demandé ? Vous sentir même de trop ?
Mulder : Il y a de cela, oui.
Tara : Faire abstraction des jugements des autres.
Silence. Vraiment ce silence était plaisant et incroyablement planant. Au bout de deux minutes, Mulder le rompit.
Mulder : Lorsque je vous ai rencontré, je vous ai senti très bien intégré.
Tara : Oui c’est l’effet Maggie. Elle ne juge pas. Elle vous accepte. Mais je sais comment je suis à côté de Bill, en société. Il brille, moi pas assez.
Mulder : Si cela peut vous consoler, moi il me considère même pas. Je suis un illuminé.
Silence.
Tara : Peut être que l’on devrait rentrer et voir ce qu’ils vont faire de nous.
Silence.
Tara : Je remarque que vous n’avez pas nié que je ne brille pas assez près de lui.
Mulder : Vous n’avez pas nié non plus lorsque j’ai dit que j’étais un illuminé.
Il se leva et lui tendit la main pour qu’elle imite son mouvement.
Mulder : prête à rentrer dans la fausse aux lions.
Tara se leva et tous les deux se tinrent devant la porte.
Tara : Faisons nos devoirs de compagnons…Enfin…Je sais pas si vous et Dana êtes…Pardon…Vraiment je devrais me taire…
Mulder : On est sans l’être mais en le voulant très fort.
Dana ouvrit brusquement la porte en hurlant « J’EN AI MARRE DE CES DEUX CONNARDS » et sortie respirer. Mulder la suivit. Tara prit une grande respiration et pénétra dans la bouche de l’enfer.

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