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Les Chemins du Cœur

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Les Chemins du Cœur   - Page 2 Empty Re: Les Chemins du Cœur

Message  Oiseaubleu Sam 30 Aoû 2014 - 20:53



III


Réveil agité


 
« Et tu les as laissés me faire ça ! » lâcha-t-elle, le visage soudainement crispé. Et Scully voyait défiler dans sa tête les images, pour elle insoutenables, de son corps exploré par des mains inconnues. « Mais, enfin Scully… », répliqua Mulder, d’un ton qui trahissait son désarroi face à sa réaction, qu’il ne comprenait pas. « Ce sont des médecins, ils n’ont fait que leur travail. Ce sont des examens de routine. Il fallait bien déterminer ce que cet homme t’avait fait… heu… enfin… s’assurer qu’il ne t’avait rien fait », il avait rapidement rectifié ses propos, se rendant compte, tout à coup, de sa maladresse. « Et comment sont-ils si sûrs, d’ailleurs, qu’il ne m’a rien fait ? » renchérit-elle, alors que sa colère commençait à lui faire perdre ses moyens. « Les attouchements et les baisers laisseraient-ils une trace visible sur la peau qui ne puisse être effacée ?... Répond Mulder !...  Mais répond donc ! » Elle ne parlait plus à présent, elle criait de sa voix engourdie, à peine réveillée, une voix encore faible. Mais dans ses intonations, Mulder sentait le trouble qui l’envahissait, l’horreur et l’angoisse qu’elle devait vivre à l’idée que son corps inerte avait pu, le temps de quelques heures, être en la possession de son agresseur. 

Mulder ouvrit la bouche, mais aucun son ne put sortir de sa gorge. Il était désolé, confus, gêné,  mais il ne savait quels mots choisir pour ne pas la blesser à nouveau. Et c’est alors, avant qu’il n’ait pu réagir, qu’il vit son corps se tordre et se replier dans le lit. Elle avait poussé un cri sous l’effet de la douleur et avait ramené ses deux bras sur son ventre. Mulder bondit vers elle. Il fallait qu’il la retienne, qu’il soit là, auprès d’elle… Mais elle le repoussa violement en lui jetant à la figure un « laisse-moi ! », qui le figea littéralement sur place. Elle ne voulait pas de lui. Elle se renfermait à nouveau…

Puis, péniblement, elle se tira du lit et avança en titubant, vers la salle de bains. Mulder s’était à nouveau approché d’elle car il voulait la soutenir. Mais de son bras, tendu en sa direction, Scully lui avait fait comprendre son refus d’être accompagnée. « Laisse-moi, avait-elle répété. Je ne veux plus que personne ne me touche, maintenant. » Et ces mots étaient tombés comme un couperet. Ils s’étaient abattus sur lui comme cette page qui se tourne, une fois la dernière ligne terminée… pour dévoiler, sur son fond blanc, l’histoire d’un cauchemar que l’on vit éveillé... Ce cauchemar qu’avait écrit pour lui… Phillip Padgett…

Elle avait poussé la porte de la salle de bains mais n’avait pas eu le temps de fermer le verrou qu’un autre spasme la prit. Elle se tordit encore, la tête penchée au-dessus de la cuvette des toilettes, et vomit le peu de nourriture qui lui restait dans l’estomac. Elle n’avait rien mangé depuis la veille, et une fois qu’elle se fut vidée, son estomac continua à se tordre comme s’il voulait se purger de sa substance même. Une main posée sur le rebord du lavabo, Scully releva alors la tête et bascula en arrière, en pivotant légèrement sur elle-même. Dans son mouvement, son dos avait heurté le mur, le long duquel elle s’était laissé glisser jusqu’à terre. Puis, prise d’un vertige, elle se laissa tomber toute entière, sur le sol.

Mulder ouvrit la porte promptement, au moment où son corps s’affalait à terre. Il se  précipita vers elle pour essayer de la relever. A présent, il était assis sur le sol et la tenait entre ses bras. Elle se tordait, gémissait. Son corps était parcouru de violents tremblements et des spasmes la secouaient. Elle semblait être le jouet d’une main invisible à la force titanesque, qui l’écrasait, la broyait toute entière. Mulder avait emprisonné son corps entre le sien. Il avait plaqué le dos de la jeune femme contre son torse, et de ses mains, il maintenait le haut de ses bras et sa taille. Il avait callé sa tête contre la sienne et tentait de l’apaiser: « Scully ! Scully ! Calme-toi ! »

L’agitation qui régnait dans la chambre avait été perçue au dehors et Skinner, qui n’avait pas eu de réponse alors qu’il avait tapé, entra dans la pièce. « Mulder ? » lança-t-il en poussant la porte. Puis il entendit la voix de son agent : « Ici ! J’ai besoin d’aide ! Scully fait une crise ! Vite, allez chercher un médecin ! » Aussitôt, Skinner se précipita dans le couloir, pour alerter les infirmières. L’équipe était intervenue tout de suite, et alors que Mulder maintenait toujours le corps de la jeune femme contre le sien, on lui avait fait une injection, afin de la calmer.

Maintenant, elle reposait dans le lit. Son visage s’était peu à peu décrispé et en la regardant, Mulder se disait que personne n’aurait pu se douter de ce qu’elle venait de vivre. Skinner était assis à côté de lui. Le médecin venait de sortir. Pour lui, ce n’était rien de grave. Scully souffrait d’un état de stress post-traumatique, dû à son enlèvement. Son corps avait exprimé avec violence ce que son esprit ne pouvait accepter, ce que ses lèvres n’avaient pu dire.

« Mulder, ça va ? » demanda Skinner, en posant sa main sur l’avant-bras de son agent. « Ça va aller », répondit Mulder, encore sous le choc. « Je ne comprends pas l’ampleur de sa réaction, reprit Skinner. Je l’ai toujours vu si forte… Elle a traversé des épreuves tellement plus dures… Cet homme ne l’a pas touchée, vous lui avez dit, je suppose…

- Oui… Je crois simplement que cette fois c’était trop, tenta d’expliquer Mulder. Elle a surement craqué pour toutes les fois où elle a encaissé, sans rien dire. Elle encaisse, elle encaisse, depuis tant d’années…. mais elle n’évacue que rarement. Elle ne s’autorise pas à lâcher prise… Elle hésite à se confier…»

Mulder avait parlé d’une voix franche. Tout cela, il ne le savait que trop. La vie que menait Scully, depuis qu’elle avait intégré le FBI, avait été trop dure. Elle ne lui avait laissé aucun répit. Malgré son courage et sa résistance, elle avait dû, pour tenir, renforcer la carapace qu’elle avait érigée autour d’elle depuis l’enfance. Et elle s’était imposé l’obligation d’incarner le rôle d’une femme insensible et inébranlable… une femme capable de rivaliser avec les hommes qu’elle côtoyait, et d’égaler leur force.

« Vous pensez que ça va passer ? Qu’elle va être en mesure de reprendre son travail ? interrogea le directeur adjoint.

- Je ne sais pas », reconnu Mulder, visiblement troublé par cette éventualité, qu’il n’avait pas envisagée un seul instant.

Puis il continua : « Scully possède une grande force de caractère. Elle est pleine de ressources. Mais elle a dû faire face à des événements personnels éprouvants, il y a quelques semaines. Et je pense que c’est ce qui l’a fragilisée… Elle a vécu quelque chose de très douloureux par le passé, quelque chose qui la freine dans sa vie et la rend parfois vulnérable… comme je traîne le boulet de l’enlèvement de ma sœur…

- Nous avons tous notre lot de misères à porter Mulder, et si on ne peut pas s’en débarrasser, au moins faut-il apprendre à vivre avec… »

Skinner avait retiré sa main du bras de Mulder et il s’apprêtait à se lever : « Vous êtes surement le mieux placé pour savoir ce dont elle a besoin, ce qui pourrait l’aider...

- Je sais », avait-il répondu, sans relever ses yeux, rivés au sol.

Skinner s’éloignait, maintenant. Et alors qu’il s’emparait de la poignée de la porte, il se retourna vers Mulder, et essayant d’affermir sa voix : « Mulder, je vais être indiscret mais il est important que je sache… pour le Bureau, vous comprenez… » Il semblait quelque peu gêné : « Hum, vous et Scully…

- Non ! coupa Mulder, sans hésiter. C’est un pur fantasme. Il n’y a absolument rien entre nous. Nous sommes coéquipiers, nous sommes amis, mais rien d’autre. Chacun de nous deux tient à garder sa vie privée à l’écart de tout ce qui touche au FBI. Les choses sont déjà assez compliquées… Il ne manquerait plus que ça…

- Mais Padgett ? interrogea Skinner, qui voulait avoir une explication sur le contenu des pages qu’il avait lues.

- Padgett ne pouvait pas admettre l’idée que Scully refuse son amour et pire, qu’elle ne le partage pas. Il fallait qu’il lui trouve une raison… Et la meilleure était de lui inventer un amant qui l’empêchait d’être libre et disponible. La jalousie est la solution la plus lâche et la plus facile pour celui qui ne peut accepter que ses sentiments ne soient pas partagés. Se trouver un rival lui permettait de continuer à faire vivre son amour, son histoire, son roman. Et cela redonnait un sens à son existence. En tant que coéquipier, j’étais tout désigné pour incarner ce rôle.

- En effet, je comprends, se contenta de répondre Skinner. Bon, je rentre me reposer. Essayez de dormir un peu Mulder, vous en avez bien besoin. Tenez-moi au courant s’il y a du nouveau. Je repasserai demain, pour  voir Scully.

- Merci », dit Mulder.

La porte claqua légèrement derrière Skinner et Mulder resta seul, face au lit de Scully. Il venait de mentir à son supérieur, sciemment. Il était conscient de la gravité de son propos. Il l’assumait. Personne ne devait savoir… personne ne pouvait savoir… Au fond, ça lui était bien égal à lui, que l’on sache, mais Scully s’y opposait formellement. Elle l’avait mis en garde, et il reconnaissait qu’elle avait raison. L’annonce de leur liaison aurait pu être un atout pour tous ceux qui cherchaient à s’en prendre à eux et aux "Affaires non classées". Certaines personnes haut placées au FBI, auraient pu profiter de ce changement de situation pour les séparer à nouveau. Et ça, Mulder ne pouvait l’envisager. Ils avaient donc décidé ensemble, d’adopter une discrétion absolue quant à leur couple. Personne n’était au courant. Mulder n’avait rien dit à ses fidèles amis, Frohike, Langly et Byers. Quant à Scully, elle n’en avait même pas touché un mot à sa mère. Ils avaient veillé avec soin à ne rien changer à leurs habitudes. Depuis longtemps, ils travaillaient régulièrement l’un chez l’autre, ce qui rendait les choses plus faciles. Mais à présent, ils évitaient soigneusement de passer une nuit complète ensemble. Cette décision leur pesait à tous deux, mais elle était motivée par la raison. Un jour viendrait peut-être… pensait Mulder… et il imagina un instant, ce que pourrait être sa vie avec Scully, loin des "Affaires non classées" et du FBI… Une vie ordinaire… une vie de couple… une vie normale.

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Message  Oiseaubleu Mar 2 Sep 2014 - 20:18



IV


Révélations


 
Elle avait reçu le petit paquet en fin de journée, alors qu’elle descendait prendre son courrier. Cela faisait déjà deux jours qu’elle était sortie de l’hôpital mais malgré son insistance, le médecin lui avait formellement interdit de reprendre le travail avant la semaine suivante. Elle traînait donc, chez elle ; ses journées alternant entre des moments de repos bien mérités, et des moments de travail, devant son ordinateur.

Le contenu de l’envoi l’avait laissée époustouflée, abasourdie. Elle était comme pétrifiée. Des sentiments et des pensées contradictoires se heurtaient en elle. Ce n’était pas possible…  Cela ne pouvait pas être vrai… Comment aurait-elle pu imaginer ? Lui ? Mais pourquoi avoir orchestré sa mort alors qu’il n’avait rien fait ? Scully se sentait perdue et désarçonnée par la révélation stupéfiante, qui venait de lui être faite. Elle relisait en boucle les deux feuillets qui lui avaient été envoyés et tournait les pages d’un petit carnet vert. Finalement, après avoir tourné en rond pendant une heure, elle se décida à appeler Mulder.

Il était arrivé aussi vite que possible. Elle ne lui avait dit que peu de choses au téléphone mais ses quelques mots avaient suffi pour qu’il comprenne que la situation était importante. « Mulder, il faut que tu viennes, lui avait-elle dit. Je viens de recevoir une lettre de Padgett, probablement envoyée par un tiers, après sa mort. Il m’explique tout. C’est bouleversant, Mulder… Je n’arrive pas à y croire. »

Arrivé devant son appartement, il poussa la porte qu’elle avait laissée entrouverte, et alors qu’il pénétrait dans le salon, il la vit assise devant la table de la salle à manger. « Tiens, dit-elle en lui tendant les deux feuillets, lis et tu comprendras. » Mulder vint s’asseoir à côté d’elle et commença la lecture de la lettre de Padgett.

 
Chère Dana,

quand tu recevras cette lettre, je serai mort. De ton côté, tu seras probablement sortie de l’hôpital et rentrée chez toi. C’est là que je t’imagine, maintenant, assise à ton bureau, ma lettre à la main.

Pourquoi t’ai-je envoyé la suite de mon roman ? Pourquoi t’ai-je enlevée ? Pourquoi ai-je provoqué ton coéquipier, alors que je savais qu’il me tuerait ? Eh bien, tout ça je l’ai méticuleusement planifié, organisé. Ces pages horribles sur ton enlèvement, sur ton viol, étaient destinées à Mulder… je voulais lui faire peur. Je savais que ta disparition le rendrait fou d’inquiétude et de rage, qu’il s’imaginerait le pire… Si tu tiens ma lettre entre tes mains, cela signifie que tout s’est déroulé comme je l’avais prévu. Que Mulder a pénétré seul dans la pièce où je t’avais déposée, qu’il a tiré sur moi… qu’il m’a tué.

Dana, tu es la seule femme que j’ai jamais aimée. A partir du jour où je t’ai vue, j’ai su qu’un lien invisible nous unissait. Mais ce lien, que je prenais uniquement pour un sentiment d’amour, s’est révélé être plus complexe que ce que j’avais imaginé….

Il y a quelques mois, mon père est décédé des suites d’une longue maladie. Quelques jours avant sa mort, il m’a fait appeler à son chevet, afin de me révéler un secret dont il n’avait jamais parlé à personne. Et j’ai ainsi appris que durant plusieurs années, il avait abusé de petites filles rencontrées chez des amis ou des membres de la famille. Avec l’âge, ce besoin pervers avait disparu, mais bien qu’il ait renoncé à ces pratiques depuis de longues années, l’approche de sa dernière heure avait fait revenir en lui ce passé honteux. Il avait honte Scully, honte… mais il ne regrettait rien. Il aimait ces enfants. Il prenait avec eux un plaisir qu’il n’avait trouvé nulle part ailleurs… Cette révélation m’a bouleversé. Il était mon père. Je l’avais aimé. Mais à présent, je ne pouvais que le maudire pour ce qu’il avait fait.

Dans un tiroir de sa chambre, il m’a indiqué un mécanisme dévoilant un double fond. Là, j’ai trouvé un petit carnet vert. Ce petit carnet que je t’ai envoyé. Au fil des pages, j’ai croisé les regards de toutes ces fillettes qu’il avait fait souffrir. Deux pages étaient réservées à chacune d’entre elles. Sur la première, étaient notés les nom et prénom de l’enfant, la date et le lieu de l’agression. Sur la deuxième, figurait un petit croquis de son visage, généralement en couleur. C’est ainsi qu’en parcourant ces pages horribles, qu’en lisant le nom de chacune de ces petites filles, je suis tombé sur ton nom : Dana Katherine Scully… une jolie petite fille rousse, aux yeux bleus…

Tu ne peux pas imaginer ce que j’ai ressenti en découvrant ton visage d’enfant dans ce carnet. Toi que j’aimais plus que tout, toi pour qui j’aurais remué ciel et terre… Tu avais été abusée par mon propre père. Je me sentais accablé, détruit. Je ne pouvais accepter cette idée. J’aurais voulu le tuer… mais à quoi bon… Il était mourant.

M’accrochant à un dernier espoir (peut-être n’était-ce pas toi ?…), je l’ai questionné. Il ne connaissait pas personnellement tes parents mais ils avaient des amis communs. Et c’est de cette manière que sa route avait croisé la tienne. Lors d’une fête d’anniversaire… Il était bien renseigné sur toi, car il cherchait toujours à savoir ce que les enfants qu’il avait « aimés », comme il le disait, étaient devenus. Il savait que tu étais médecin mais que tu avais abandonné ta profession pour rentrer au FBI. Je n’avais plus aucun doute… c’était bien toi.

Que faire alors ? Comment réparer ? Je savais que tu avais des problèmes d’ordre affectif. Ta rigidité, le choix d’une vie solitaire, ta difficulté à reconnaître les sentiments que tu nourrissais pour ton coéquipier… Tout ceci m’incitait à penser que tu avais gardé en toi des séquelles de l’abus dont tu avais été victime. Alors j’ai recommencé à te suivre, à t’épier… J’ai loué un appartement qui s’était libéré dans ton immeuble… J’ai passé des heures avec toi Dana, sans que tu ne le saches… J’ai vécu au rythme de tes silences, de tes larmes, de tes doutes. Et j’ai élaboré un piège. Un piège dans lequel Mulder devait tomber et qui avait pour but de te délivrer de ce passé qui te faisait souffrir. J’ai pensé que le seul moyen de te guérir était de te faire revenir sur les pas de ton enfance et de rejouer la scène de ton agression… Moi, l’agresseur, je t’enlevais, je prenais possession de ton corps. Mais un homme venait te sauver avant que je ne te touche, changeant ainsi la fin de l’histoire… Et je me suis dit alors, qu’en mourant, j’emporterais avec moi le souvenir de ce jour affreux où mon père t’avait tant fait souffrir. Ce serait mon plus beau cadeau, ma plus belle preuve d’amour. Je me disais qu’à défaut de m’aimer vivant, tu m’aimerais peut-être un peu plus, mort.

J’espère que je ne me suis pas trompé, que ma mort n’aura pas été vaine et qu’au moment où tu liras ces mots, tu seras libérée.

Dana, j’ai vécu les plus beaux instants de ma vie durant ces quelques heures, où ton corps m’a appartenu. En te serrant entre mes bras, j’ai eu l’impression de me réaliser, d’exister enfin. Ma fiction rejoignait ma réalité. Mon roman devenait ma vie… Mais je veux que tu saches que je n’ai pas profité de toi. C’est important pour moi de te le dire, car je ne veux pas que tu restes traumatisée par cet événement. Jamais je n’aurais pu, comme mon père, souiller ton corps, si vulnérable et sans défense. Dana, à aucun moment mes mains ou mes lèvres n’ont abusé de ta peau, je veux que tu le saches et que tu me crois. Je te respecte trop pour avoir songé une seule seconde, à te faire le moindre mal.

Je n’ai jamais voulu que ton amour et ton pardon. En mourant, j’ai enfin trouvé un sens à cette existence que je ne comprenais pas.

Ne m’oublie pas Dana. Ne m’oublie jamais. N’oublie pas ce que j’ai fait pour toi. N’oublie pas que je suis mort par amour, pour que tu vives en paix.

A toi pour toujours.

Phillip Padgett



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Message  Oiseaubleu Mar 2 Sep 2014 - 20:25



Mulder avait relevé la tête. Scully le regardait, les larmes aux yeux. Que dire en cet instant ? Elle se sentait perdue au milieu d’une foule de sentiments et de pensées qui s’entrechoquaient brutalement, dans sa conscience. « C’était son père, Mulder, tu te rends compte ? La vie m’a fait repasser sur les traces de mon enfance, de mon passé, afin que je m’en délivre. Et lui… ce Padgett… il m’a offert sa vie… pour que je puisse oublier, et que je vive… »

Mais Mulder ne voyait pas les choses de la même façon. Scully avait été touchée par ce geste d’amour, alors que lui avait été berné. On s’était servi de lui et il avait foncé tête  baissé dans le piège qu’on lui avait tendu. « Je me suis fait avoir… marmonna-t-il, …comme un débutant. Un vulgaire débutant.

- Mais Mulder…, commença Scully.

- Ce Padgett s’est joué de moi. Je n’ai été qu’un pion dans le plan qu’il avait échafaudé! »

 Sa voix trahissait sa honte et sa colère. Mulder s’en voulait d’avoir encore été si impulsif. Mais c’était à cause de Scully ! Il n’avait perdu pied que parce qu’il craignait pour sa vie. En cet instant, il réalisait véritablement qu’elle était sa faille. Il se rendait compte à quel point elle l’avait rendu vulnérable. 

« Mulder ! » Scully avait haussé la voix pour sortir son ami de sa torpeur. Mais Mulder s’était levé et il se dirigeait déjà vers la porte, pour s’en aller. « Mais enfin Mulder, que t’arrive-t-il ? Qu’est-ce qu’il y a ? » La voix de Scully était devenue suppliante. « Il y a que ton Padgett s’est foutu de moi, lui lança-t-il en se retournant. De quoi j’ai l’air maintenant, dis-moi ? J’ai tiré à bout portant sur un homme innocent qui n’était même pas armé… Et il a fait tout ça par amour, en plus… et tu te sens touchée par son geste… Peut-être même que tu l’aimes, après tout, on ne sait jamais…

- Mais enfin Mulder, qu’est-ce que tu racontes ? Tu es complètement fou…

- Non je ne suis pas fou Scully, j’ai juste besoin de prendre l’air et de prendre de la distance par rapport à tout ça. En fin de compte, peut-être que je ne te mérite pas, peut-être que ce Padgett valait mieux que moi... »

Il s’apprêtait à ouvrir la porte, quand Scully se jeta devant lui, en lui barrant le passage. « Non tu ne partiras pas, Mulder. Pas avant de m’avoir écoutée. Tu n’es qu’un vulgaire égoïste. Encore une fois, tu ne penses qu’à toi… Est-ce que tu as pensé une seule seconde à moi, à ce que je pouvais ressentir ? Mulder, tout ne tourne pas toujours autour de toi ! Et dans cette affaire, pour une fois, tout tournait autour de moi et rien que moi ! Ce qu’a fait Padgett n’avait pas pour but de t’humilier ou de te déshonorer. Il s’agissait de faire quelque chose pour moi et tu as été le seul moyen qu’il ait trouvé… »

Elle avait parlé avec force et conviction. Et Mulder, heurté par la colère qui perçait dans sa voix, avait réalisé à quel point elle avait raison. Il ne pensait qu’à lui, alors que tout ce qui comptait, était qu’elle soit enfin hors de danger et sortie d’affaire. « Tu as raison, admit-il en reprenant son sang-froid. Je te demande pardon. En fin de compte, peut-être que l’histoire de Padgett nous concernait tous les deux. Peut-être que c’est cela aussi, qu’il voulait me faire comprendre… »

Scully s’était rapprochée de Mulder et avait passé ses bras autour de sa taille. A son tour, il avait resserré ses bras autour d’elle. Elle avait alors levé son visage vers lui : « Le geste de cet homme a été dicté par un amour fou… et troublant, je l’avoue… Mais son sacrifice n’en reste pas moins inutile. On ne peut pas changer le passé. Ce qui a été fait ne pourra jamais être effacé. Et puis, il n’était en rien responsable des actes de son père… Mulder, cet homme a peut-être donné sa vie pour moi mais il n’a jamais été là, pour moi. Ce n’est pas lui qui a été auprès de moi et qui m’a soutenue, chaque fois que j’en ai eu besoin …  Mulder, le seul qui a toujours été là, c’est toi… »

 

Oiseaubleu
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Message  Oiseaubleu Mar 2 Sep 2014 - 20:29



V

Apprendre à aimer

 
« Eh bien voilà, c’est fait. Il est enfin terminé. » Assis face à Scully, Mulder venait de refermer le dossier sur lequel ils avaient travaillé, toute la journée. C’était samedi. Il était vingt heures. Leur rapport était rédigé. Ils auraient pu s’accorder la soirée, pour passer un peu de bon temps ensemble, pour aller boire un verre, dîner au restaurant…. Mais Scully avait du rangement à faire, des articles de médecine à lire… Elle fit comprendre à Mulder qu’il valait mieux qu’il rentre chez lui : « Bon, je te laisse y aller. On se retrouve lundi matin, au bureau. J’ai encore pas mal de choses à faire que je ne voudrais pas laisser traîner… »

Elle s’apprêtait à ramasser les deux tasses posées sur son bureau, quand Mulder, à qui elle tournait le dos, l’attrapa par surprise et lui enlaça la taille. « Agent Scully, vous êtes ma prisonnière pour ce soir… », lui murmura-t-il, en resserrant son étreinte. Mais le ton amusé de Mulder ne fit pas l’effet escompté sur sa coéquipière qui répondit d’une voix douce mais ferme: «Lâche-moi, s’il te plaît. J’ai à faire. Il vaut mieux que tu rentres chez toi. » 

Mais Mulder ne voulait pas en rester là. Il en avait assez. Assez d’attendre depuis des jours, des semaines, qu’elle daigne à nouveau s’ouvrir à lui. Depuis sa sortie de l’hôpital, Scully avait remis entre eux cette distance qui appartenait au passé, et cela lui était insupportable. Elle s’était pourtant ouverte à lui, après cette première nuit qu’ils avaient partagée. Mais il ne s’était pas écoulé plus d’un mois qu’elle s’était déjà refermée et repliée sur elle-même, comme si rien ne s’était jamais passé. Son enlèvement et sa séquestration avaient tout changé entre eux.

Il avait essayé de lui en parler mais à chaque fois, elle avait esquivé le sujet ou remis à plus tard des explications plus franches. « J’ai besoin de temps », « Je ne suis pas sûre que ce soit le bon choix », « nous devrions prendre le temps d’y réfléchir chacun de notre côté, avant de prendre une décision qui pourrait être lourde de conséquences »… Voilà ce qu’elle lui répondait toujours, repoussant inexorablement, le moment où il faudrait trancher.

Mais à présent, il n’en pouvait plus. Cette situation lui était devenue insoutenable. Il était rongé par ces sentiments qu’il portait en lui depuis si longtemps et qu’il n’avait jamais osé lui avouer avant cette nuit, où il lui avait tant donné. Alors, n’y tenant plus, il la força à se retourner et lui lança : « Alors c’est comme ça que tu m’aimes et que tu veux partager ma vie ? »

Scully n’avait pas eu le temps de réagir. Surprise par son geste, elle avait brusquement levé les yeux vers lui. Et ils se trouvaient là, face à face… « Répondez agent Scully ! reprit Mulder d’une voix qui dénotait son impatience. Cela fait plus d’un mois maintenant… Plus d’un mois que j’attends ta réponse. On est toujours ensemble ou pas ? » Scully avait baissé les yeux, visiblement gênée par la tournure que prenaient les événements. Elle savait bien que ce moment arriverait, qu’elle serait contrainte de lui dire… Mais elle ne le voulait pas. Elle préférait éviter la question. Comment lui expliquer…

« Alors ? demanda Mulder, visiblement énervé par son silence. C’est comme ça qu’on prouve son amour chez les Scully ? Je te croyais plus honnête que ça !

- Tu ne comprends pas Mulder…, répondit-elle enfin, dans un souffle.

- Qu’est-ce que je dois comprendre, Scully ?

- Que je ne peux pas… pas avec toi… »

La réponse de Scully était tombée comme un couperet. Elle avait atteint Mulder en plein cœur. Quoi ? Elle ne pouvait pas ? Pas avec lui ? Lui qui avait toujours été là pour elle, qui l’avait toujours soutenue, qui lui avait sauvé la vie tant de fois… Elle pouvait se mettre au lit avec un autre, mais pas avec lui… Il avait attendu patiemment pendant des mois qu’elle lui fasse un signe, lui indiquant qu’elle était prête. Il avait respecté la distance qu’elle avait érigée entre eux, pour ne pas mettre à mal l’amitié si profonde qui les unissait. Il avait répondu à son appel quand elle avait eu besoin de lui. Car après tout, c’était elle qui avait fait le premier pas; elle qui l’avait appelé au secours cette nuit-là ; elle qui était revenue vers lui dans le salon, alors qu’il lui avait galamment proposé de dormir sur le canapé ; elle qui était venue se blottir dans ses bras et qui avait appelé son corps à découvrir le sien. Tout cela, c’était elle qui le lui avait demandé. Elle. Pas lui.

« Alors c’est ça, lâcha-t-il, profondément désabusé. C’est tout ce que je suis pour toi… Le bon coéquipier qui vient à ton secours à deux heures du matin, qui passe la nuit dans ton lit parce que tu te sens seule, puis qui te sauve la vie, tue l’homme qui t’avait enlevée, reste à ton chevet à l’hôpital et dont tu te débarrasses, finalement, comme un chiffon usé… » La voix de Mulder était dure et chargée de reproches. Scully, les yeux toujours baissés, était confuse : « Mulder, je t’en prie… Tu ne comprends pas…

- Oh si, je comprends tout à fait. Les choses sont très claires maintenant, et je suis en train de réaliser ce que j’aurais dû saisir depuis longtemps. Je n’ai plus rien à faire ici. Bonne nuit, agent Scully. »

Et tournant les talons, Mulder saisit sa veste, sa mallette et sortit de l’appartement en claquant la porte.

Interdite, Scully resta encore quelques minutes debout, incapable de faire le moindre mouvement. Puis, elle se laissa glisser sur le sol et ramena son visage entre ses mains. Une fois de plus, c’était sa faute. Il s’était montré si patient, si compréhensif à son égard. Il avait fait preuve de tant de douceur et de tact. Il avait toujours était là, pour elle. Il était tout pour elle : son coéquipier, son ami, son frère… son amant, si elle l’avait voulu… Leur relation était d’une qualité si rare… Et c’était elle qui avait tout gâché… Elle et sa foutue rigidité… Elle et sa foutue peur de se livrer et d’être dominée… son foutu besoin de tout contrôler… Elle l’avait tant repoussé, pour ne pas le sentir à nouveau pénétrer au plus profond d’elle-même, qu’elle l’avait perdu… peut-être pour toujours.

Stupide ! Je suis stupide ! se disait Mulder en conduisant. Il aurait dû le comprendre dès le début. Il aurait dû se douter qu’il ne fallait pas se laisser prendre à ce jeu-là. C’était une gamine… une vraie gamine… Complètement immature sur le plan affectif… et inconstante avec ça… Elle était incapable de s’ouvrir à l’autre, incapable de partager. Et il fallait qu’elle maîtrise et qu’elle contrôle tout ! Madame n’accepte pas de se sentir faiblir ! Madame ne veut pas être dominée par un homme ! Madame pense que son fidèle et dévoué coéquipier sera toujours là quand elle aura besoin de lui et qu’il lui suffira de claquer des doigts pour qu’il vienne à son secours ! Eh bien non ! C’est fini ! Elle n’a qu’à se débrouiller toute seule et se trouver quelqu’un d’autre, puisqu’avec moi… elle ne peut pas !…

Mulder était véritablement hors de lui et à peine rentré, il s’était jeté tout habillé sur son canapé. Quatre heures plus tard, il y était encore, à ruminer la somme de reproches qu’il faisait à Scully, quand il entendit taper à la porte. Trois coups brefs mais retenus… Il se leva, se dirigea vers l’entrée de son appartement et alla coller son œil contre le judas… Il ne voyait rien. « Qui est-ce ? demanda-t-il.

- C’est moi. »

La réponse l’avait saisi… C’était elle. Sa voix était faible et érayée. Il n’aurait pas dû ouvrir. Il aurait dû la laisser dehors pour lui faire comprendre ce que lui, pouvait ressentir, chaque fois qu’elle le repoussait. Mais il avait beau être furieux contre elle, il ne pouvait se résoudre à la laisser là, en pleine nuit, devant sa porte, sans lui donner de réponse… Et il lui ouvrit.

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Message  Oiseaubleu Mar 2 Sep 2014 - 20:37



Elle se tenait debout, les mains ramenées sur le haut de ses bras, les cheveux dégoulinants sur ses vêtements trempés qui lui collaient au corps. Son visage ruisselant dévoilait des yeux rougis par les larmes, des lèvres tremblantes. Claquant des dents, les yeux baissés, se mordant la lèvre inférieure jusqu’au sang, Scully offrait un spectacle pitoyable qui bouleversa Mulder. « Mais Scully, demanda-t-il surpris, qu’est-ce que tu fais là, dans cet état ?

- J’ai marché, expliqua-t-elle, faiblement.

- Quoi ? Tu es venue à pieds sous la pluie, jusqu’ici ? interrogea Mulder, interloqué.

- Oui… »

Ce face à face était insoutenable à Scully et, n’y tenant plus, elle balbutia un « Pardonne-moi Mulder… », avant de se jeter dans ses bras.

L’effet de surprise avait laissé Mulder sans réaction. Mais en sentant le corps de la jeune femme secoué de sanglots, contre son torse, il ne put contenir l’émotion qui était en train de le submerger et dans un élan de tendresse, il l’enlaça. Passant une de ses mains dans ses cheveux mouillés, il avait ramené sa tête contre son cœur et il lui avait chuchoté : « C’est moi qui dois m’excuser, Scully. Je me suis encore comporté comme un imbécile. Je n’aurais jamais dû m’emporter comme je l’ai fait ».

Les paroles de Mulder n’avaient trouvé pour écho que le silence, et la sentant frissonner entre ses bras, il comprit qu’elle avait besoin d’être réchauffée, au plus vite. Ces heures de marche sous la pluie, l’avaient surement épuisée et affaiblie. Aussi, Mulder, après avoir fermé la porte, attrapa-t-il Scully par l’épaule pour la conduire vers sa chambre. « Assieds-toi sur le lit, dit-il, et enlève tes vêtements. Je vais chercher de quoi te sécher. » Elle s’exécuta lentement. Son long périple sous la pluie l’avait complètement vidée de ses forces et elle ne se sentait plus le courage de s’opposer à lui.

Peu après, Mulder était revenu près de Scully. Il l’avait aidée à enfiler son peignoir de bain et l’avait frictionnée énergiquement, afin de sécher et de réchauffer sa peau, gorgée d’eau. Puis, après avoir enroulé ses cheveux mouillés dans une serviette, il lui avait donné un de ses pyjamas, un pull, une paire de chaussettes et l’avait aidée à s’habiller. « Eh bien Mademoiselle Scully, plaisanta-t-il en lui nouant le pantalon de son pyjama à la taille, je ne crois pas que vous ferez des ravages ce soir… » Un sourire était venu illuminer son visage. Un sourire, c’était ce qu’il attendait. Il voulait lui faire oublier le triste tour qu’avait pris cette soirée.

« Tu te sens mieux ? demanda-t-il, en cherchant à croiser ses yeux, qui le fuyaient.

- Oui, ça va, répondit-elle simplement.

- Tu veux manger un morceau ? proposa-t-il.

- Non, merci.

- Tu veux que je te fasse quelque chose de chaud ? Un thé…

- Oui, je veux bien. J’ai froid… »

Scully s’était repliée en boule sur le lit de son coéquipier, où elle s’était allongée. Et Mulder, après l’avoir recouverte d’une couverture, s’était dirigé vers la cuisine pour lui préparer un thé chaud. Elle était immobile, les yeux dans le vague, perdue au milieu d’un flot de sentiments contradictoires qu’elle ressentait comme autant de messages confus et incompréhensibles. Pourquoi ? Pourquoi s’était-elle à nouveau fermée ? Pourquoi le repoussait-elle avec tant de force, alors qu’il était le seul en qui elle avait confiance, le seul qu’elle aurait pu aimer sans avoir peur.

Mais Mulder était revenu et elle avait dû se relever. Il avait empilé ses cousins à la tête du lit pour qu’elle puisse s’installer plus confortablement et il s’était assis à l’autre extrémité, pour ne pas qu’elle se sente incommodée par sa présence. A présent, il la regardait ; il l’observait. Elle tenait sa tasse serrée entre ses deux mains et buvait à petites gorgées. Son regard était toujours baissé et elle semblait perdue dans le vide de ses pensées.

« Pourquoi es-tu venue Scully ? demanda-t-il, au bout d’un moment.

- Pour te demander pardon, répondit-elle.

- Et c’est tout ? se risqua Mulder, qui espérait une explication plus précise.

- Non. Ce n’est pas tout…, commença-t-elle, avant de s’interrompre.

- … Et…, reprit Mulder, voyant qu’elle ne poursuivait pas.

- Et te dire que j’ai eu tort.

- Tort ? Explique-toi, s’il te plaît…, insista Mulder.

- Tu sais très bien de quoi je parle… »

Scully résistait. Mulder savait qu’elle n’arrivait pas à lui dire ce qu’elle ressentait. Elle était comme ça, Scully… Ils étaient comme ça, tous les deux, depuis le début… Ils communiquaient plus par leurs regards et leurs gestes, que par leurs mots. Mais ce soir, il voulait la pousser dans ses retranchements. Il voulait qu’elle se positionne clairement par rapport à lui, à leur relation, à la vie qu’ils avaient un instant envisagée, ensemble.

« Je ne marche plus Scully, déclara-t-il fermement. Maintenant, c’est fini. Je veux que tu me parles clairement et que tu me dises sincèrement ce qui t’arrive, ce que tu ressens, ce que tu désires vraiment. Est-ce que tu m’aimes ? Est-ce qu’on est toujours ensemble ? Est-ce que tu veux me faire une place dans ta vie ? Ou est-ce qu’on arrête tout et on travaille juste ensemble ?

- Tu sais bien que ce n’est plus possible, Mulder, objecta-t-elle.  

- Quoi ?... Qu’est-ce qui n’est plus possible, Scully. S’il te plaît, sois plus claire. Je ne comprends pas ce que tu cherches à me dire.

- On ne pourra plus jamais travailler ensemble… comme avant…

- Alors qu’est-ce que tu décides ? »

Scully avait posé sa tasse sur la table de nuit et de ses doigts, elle jouait négligemment avec un petit bout de fil qui ressortait du peignoir de Mulder, resté sur le lit. Depuis son arrivée, elle n’avait pas encore réussi à  trouver en elle le courage de le regarder dans les yeux. Elle fuyait son regard comme celui d’un juge réprobateur. Il lui faisait peur. Ce soir, elle avait eu peur qu’il ne l’abandonne, et c’était quelque chose d’effrayant pour elle, que de se sentir si profondément pénétrée par ce sentiment de perte et d’abandon. Elle avait toujours pu compter sur lui, en n’importe quelle circonstance, à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit…

« Scully… Scully, où es-tu ? » demanda doucement Mulder, qui la sentait absente, absorbée par ses pensée. « Je suis là où tu es, Mulder. Je n’ai jamais été que là où tu voulais que je sois. » Ces mots étaient sortis de ses lèvres sans même qu’elle ne pèse le poids de leur sens. « Quoi ? reprit-il. Qu’est-ce que ça veut dire ? Je ne te comprends pas ? Tu es en train de me dire que… » Mais Mulder se tut. Il sentait à nouveau la colère s’emparer de lui et il ne voulait pas revivre une deuxième fois, ce qui s’était passé chez Scully, dans la soirée. « Tu ne comprends pas Mulder, continua-t-elle. J’ai aussi besoin d’être libre, de me sentir exister sans toi, mais je n’y arrive pas… Ta présence me remplit, tu m’es devenu indispensable et ça m’étouffe parfois. Tu es partout dans ma vie… Autour de moi… en moi… Je crois que je ne pourrais plus vivre aujourd’hui, si je te perdais…

- Et c’est ça qui te fait peur ? Ce n’est que ça ?

- Je ne sais pas, Mulder. Il y a tellement de choses qui me font peur, depuis que j’ai découvert cet amour en moi. Je me sens plus vulnérable qu’avant et c’est une chose que je ne peux pas accepter. J’ai besoin de pouvoir compter sur toutes mes forces pour avancer.

- Mais Scully, tu n’es pas la seule à avoir peur. Moi aussi j’ai peur. J’ai peur à chaque instant qu’on ne t’enlève encore à moi… Tu es ma faille, mon point faible… Mais ça ne m’empêche pas de t’aimer et de vouloir vivre avec toi. Tu penses que l’amour te rend vulnérable parce que c’est un sentiment nouveau pour toi. Mais une fois que tu auras dépassé tes peurs, tu te rendras compte que c’est une force incroyable. Crois-tu que je serais toujours en vie si l’amour que j’éprouve pour ma sœur ne m’avait pas porté, au-delà même de mon désespoir de l’avoir perdue ?

- Oui, surement…, tu as surement raison…, répondit-elle, pensive.

- Scully, tu me fais confiance ?

- Oui Mulder, je te fais confiance, dit-elle, d’une voix qui s’était raffermie.

- Alors ne me repousse plus. Laisse-moi te prouver que notre amour est une chance pour nous deux. Je te laisserai tout l’espace dont tu auras besoin, je ne chercherai pas à m’imposer à toi si tu ne le veux pas, mais s’il te plaît, ne te ferme plus à moi. »

Elle s’était rapprochée de Mulder, et elle était venue se blottir contre lui, sa tête posée sur son épaule.

« Alors on fait quoi ? demanda Mulder. On se donne une chance ?

- Je crois qu’on peut essayer, répondit-elle.

- On peut essayer ou on réussit ? reprit-il, à mi-voix.

- On réussit…», murmura-t-elle.

Scully avait enfin levé son regard vers lui, et le fixant intensément de ses yeux bleus, profonds comme les mers, elle avait lentement rapproché sa bouche de la sienne. Son baiser contenait en lui, sa réponse. Et Mulder, alors qu’il sentait la douce pression des lèvres de son amie, posées sur les siennes, comprit qu’elle avait choisi de lui faire confiance, de le suivre… et qu’elle ne le quitterait plus.

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Message  Oiseaubleu Mar 9 Sep 2014 - 19:10



Le quatrième épisode se déroule en décembre 2012.




EPISODE 4 : EVA


 

Ce matin-là, Mulder s’était réveillé tard… Il avait veillé jusqu’à l’aube, puis, fatigué et voyant que rien ne se passait, il avait fini par s’endormir… Une fois sorti de son lit, il jeta un œil à l’extérieur de la maison… Tout semblait normal. Il descendit alors dans le salon et alluma la télévision. Conflits internationaux, vols, agressions, résultats sportifs, intempéries hivernales… Des banalités… Rien de ce qu’il attendait n’était arrivé… Pourtant tout avait été planifié, et ce, depuis des années. Il le savait, il avait eu accès à des documents qui ne lui permettaient pas d’en douter… Un événement imprévu avait dû se produire, mais lequel ?

Il réfléchissait encore à cette question, quand Scully fit son apparition dans la pièce. « Alors ?  interrogea-t-elle.  

- Eh bien… aucun cataclysme n’est à déplorer ! » plaisanta-t-il.

Puis, reprenant son sérieux : «  Je ne comprends pas…

- On a quitté  nos boulots et notre maison, pour tout reconstruire dans ce coin perdu du Nouveau-Mexique…  Tout ça pour rien, alors, constata Scully, en soupirant.

- Hum… Pour rien, je ne suis pas sûr, répliqua Mulder, un sourire au coin des lèvres. Nous habitons une jolie petite maison, à l’abri des regards, dans un coin tranquille, nous avons la journée pour nous deux et la terre n’a pas été envahie par nos amis les extraterrestres… Que demander de plus ?

- Mulder, qu’est-ce que tout cela signifie pour toi ? poursuivit-elle.

- Je ne sais pas, Scully. Et cela fait trop longtemps que nous sommes sortis du circuit pour avoir accès à des informations fiables, sur le sujet. Je peux toujours essayer de contacter Skinner, pour savoir s’il est plus avancé que nous, mais je doute qu’il ne sache quoi que ce soit… »

La journée s’était écoulée paisiblement, non sans une certaine crainte de la part du couple. Rien ne s’était passé à la date prévue mais peut-être que certaines opérations avaient été  lancées. Peut-être que dans les jours qui suivraient, le plan de colonisation de la terre par des forces extraterrestres serait mis à exécution…
Mais les jours avaient passé… et rien n’était venu perturber la vie paisible que menaient Mulder et Scully, loin de Washington et du FBI. 

*



Cela faisait trois mois maintenant, que la date fatidique était passée… Mulder se réveillait à peine, quand son corps se figea, comme pétrifié… « Scully », chuchota-t-il, en parcourant d’une de ses mains le visage de sa compagne. Mais il dut appeler son nom plusieurs fois, avant qu’elle ne s’éveille, enfin. « Hum… Quoi ?... », marmonna-t-elle, en ouvrant paresseusement les yeux.

Le regard que Mulder posait sur elle, la glaça. « Mulder, qu’est-ce que tu as ? Pourquoi me regardes-tu comme ça ? demanda-t-elle, soudainement troublée.

 - Scully, tu te sens bien ? continua-t-il, sans lui répondre, l’air visiblement inquiet.

- Mais oui, répondit-elle, surprise. Pourquoi cette question ? »

Il fit alors un geste que tout d’abord, elle ne comprit pas… Mais au bout de quelques longues secondes, des images venues d’un lointain passé surgirent dans sa conscience… Et avec angoisse, elle remonta sa main vers son visage. Ses doigts avaient effleuré le dessus de sa lèvre supérieure… Et alors qu’elle les retirait anxieusement de sa peau, en baissant son regard, elle constata avec horreur que quelques gouttes de sang les entachaient…

« Ce n’est surement rien », observa-t-elle furtivement. Puis, sans ajouter un mot, elle se leva du lit et se dirigea vers la salle de bains. Elle avait besoin de se retrouver seule avec elle-même. Elle voulait effacer toute trace de ce sang, qui coulait de son nez… Ce sang qui réveillait en elle, cette peur qu’elle avait depuis longtemps essayé d’ignorer, surtout lors des visites de contrôle qu’elle effectuait chaque année, à l’hôpital… Etait-elle vraiment guérie ? Ne rechuterait-elle pas un jour ?

Après avoir nettoyé son visage, elle enleva son pyjama et se glissa sous la douche… Les yeux fermés, elle savourait à présent la sensation de chaleur et de bien-être qui l’envahissait. Elle avait l’impression que cette eau chaude, qui courait sur sa peau nue, emportait avec elle toutes ses craintes, tous ses doutes… Mais un bruit sourd la tira de ses pensées. On tambourinait à la porte… « Scully, ça va ? » La voix nerveuse de Mulder résonnait, de l’autre côté...  

L’ambiance avait été tendue, ce jour-là. Scully avait obtenu un rendez-vous d’urgence avec un spécialiste : un de ses collègues, qui exerçait dans ce même hôpital, où elle avait repris son activité de médecin. Mulder l’avait accompagnée et il avait attendu anxieusement, les résultats des premiers examens qui lui avaient été faits… Les jours suivants avaient vu son angoisse augmenter…  Les résultats avaient confirmé la rechute de Scully… La tumeur était revenue… au même endroit… et sa masse était plus qu’inquiétante.

« Je ne peux pas y croire, lâcha Mulder désemparé, en se laissant tomber sur le canapé du salon. Cet implant t’a guérie et il était censé te protéger…

- Il m’a protégée Mulder, observa sa compagne en s’asseyant à côté de lui. Cet implant m’a offert quinze ans de vie… Quinze ans que nous n’aurions jamais partagés, si tu n’avais pas pris le risque d’aller le chercher au Centre de Recherche Avancée du Département de la Défense. »

Les lèvres de Scully tremblaient. Elle luttait avec elle-même pour ne pas pleurer, pour ne pas s’effondrer dans les bras de Mulder. Elle ne voulait pas se laisser envahir et submerger, à nouveau, par sa peur... Sa peur de mourir… Elle voulait se montrer forte et lutter courageusement contre sa maladie, comme elle l’avait fait par le passé. Elle ne pouvait pas céder. Il fallait qu’elle se batte et qu’elle guérisse. Pour elle, mais aussi pour Mulder, qui avait parcouru tout ce chemin à ses côtés et qu’elle ne pouvait se résoudre à abandonner.

Mais Scully ne pouvait pas non plus se voiler la face. Sa maladie était non seulement très grave mais aussi très complexe, du fait de la place qu’occupait sa tumeur, entre le cerveau et le sinus. Elle avait bien conscience que ses chances de guérir étaient infimes, voire même nulles, si la tumeur s’étendait vers le cerveau. Et comme son compagnon, elle cherchait une réponse, une explication à cette rechute, qui venait briser cette existence qu’ils avaient patiemment reconstruite, ensemble. « Je ne comprends pas, moi non plus, ce qui a pu se passer, poursuivit-elle. Mais après tout, on ne connait pas la durée de vie de cet implant. Peut-être qu’il est devenu inactif… ou alors il y a eu une défaillance… Quoi qu’il en soit, je reviens à la case départ. Là où elle est placée, cette tumeur est inopérable. Mon seul espoir reste un traitement adapté qui pourrait peut-être l’éliminer ou du moins, la réduire…

- Que t’a dit précisément le spécialiste ? insista Mulder, qui voulait en savoir d’avantage. La recherche a progressé… Cela fait plus de quinze ans maintenant… Il doit y avoir de nouveaux traitements… plus efficaces, moins agressifs…

- Oui, Mulder, mais mon cas reste particulier, rappela Scully.

- Pourquoi particulier? protesta Mulder. Il y a des milliers de gens qui ont un cancer et qui en guérissent…

- Mulder…,  chuchota Scully, en attrapant délicatement la tête de son compagnon entre ses doigts, tout en le fixant d’un regard tendre et profond, …tu ne peux pas refuser de voir la vérité en face… Il y a une chose que nous devons accepter tous les deux : ma maladie a une origine différente de celle de tous ces gens dont tu parles. Et il n’est pas certain qu’un traitement classique… »

Mais elle s’était tue, tout à coup. La détresse qu’elle lisait dans les yeux de Mulder l’empêchait de continuer…
*


Dernière édition par Oiseaubleu le Mar 9 Sep 2014 - 19:24, édité 1 fois

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Message  Oiseaubleu Mar 9 Sep 2014 - 19:17



« Je n’aurais jamais dû t’écouter, marmonna Scully entre ses dents. Avoir accepté cette invitation est une très mauvaise idée. Je ne me sens pas la force de jouer la comédie devant tout le monde, de faire semblant que tout va bien alors que tout va mal. Si tu n’avais pas autant insisté…

- Je t’assure que tu ne le regretteras pas, Scully, assura Mulder, sans quitter la route des yeux. Fais-moi confiance. Et puis, cela paraissait tellement important pour ta mère… Ta tante ne vient qu’une fois par an… On ne restera pas longtemps, si tu n’y tiens pas.»

Mais une fois arrivés chez Margaret Scully, une surprise de taille les attendait : il n’y avait ni tante, ni invités… La mère de Scully n’avait donné aucune explication. Elle avait serré avec émotion sa fille entre ses bras, puis avait invité le couple à monter à l’étage. Quelqu’un souhaitait leur parler. Une fois rentrés dans le petit salon, Mulder et Scully s’étaient assis sur le canapé, en face d’une inconnue.

« Je suis heureuse de faire enfin votre connaissance, déclara la femme, chaleureusement. Cela fait si longtemps que je souhaitais vous rencontrer… Mais, avant toute chose, il faut que je me présente. Je m’appelle Eva Spender… Mon nom vous rappellera surement de vieux et terribles souvenirs… Je suis la sœur de CGB Spender… et donc ta tante, Fox.»

Elle avait tourné la tête en direction de Mulder. Scully et lui étaient restés muets, stupéfaits de se retrouver face à cette femme, dont ils avaient toujours ignoré l’existence.

« Je suis désolée d’avoir dû user de ce stratagème pour vous rencontrer, s’excusa Eva, mais je me devais de prendre certaines précautions. On ne sait jamais…»

A partir de là, Eva Spender expliqua brièvement au couple, le rôle qu’elle avait joué dans la conspiration orchestrée par son frère, "L’homme à la cigarette"… Elle était un jeune et brillant chercheur, plein d’avenir… Elle avait eu accès à une technologie extraterrestre surpassant tout ce que les hommes n’avaient jamais pu imaginer… Elle pensait œuvrer pour la survie de l’humanité, en collaborant avec l’ennemi pour mieux déjouer ses plans… Elle s’était même, secrètement, associée à William Mulder, le père légitime de Fox… Mais l’ampleur du projet les avait dépassés… Et quand elle avait réellement compris ce qui se tramait, elle n’avait pu se rétracter… Une fois entré dans le projet, personne ne pouvait plus faire marche arrière et s’en retirer… Servir ou mourir, il n’y avait pas d’autre choix… Puis elle en été venue à parler de la colonisation prévue pour décembre 2012…

« Si je comprends bien, récapitula Scully, vous avez réussi à saboter leur projet d’invasion en utilisant les propriétés de cette magnétite, car vous connaissiez son effet sur ces super-soldats.

- C’est exact, confirma Eva. Cela nous a pris plus de dix ans mais nous y sommes parvenus. Et ce, grâce aux hommes et aux femmes que nous avons ralliés à notre cause, dans tout le pays. Certains de vos anciens collaborateurs ont d’ailleurs rejoint nos rangs, comme votre ancien directeur, Walter Skinner, les agents Doggett et Reyes et même Alvin Kersh…  Ils se sont tous, pleinement engagés à nos côtés. Et grâce à eux, nous avons pu atteindre notamment, tous ceux qui s’étaient infiltrés au sein du FBI.

- Mais comment ? demanda Mulder, intrigué. Et pourquoi ne pas avoir fait appel à nous ?

- Vous aviez été trop exposés et impliqués, expliqua-t-elle. Et puis… vous ne le savez peut-être pas, mais vous avez toujours été surveillés… Même après votre évasion de la base militaire où vous aviez été emprisonné. L’implant que Scully porte dans  son cou, leur permettait de vous localiser…

- C’est ignoble, murmura Scully, horrifiée.

- Quant à notre plan, il a été aussi simple que complexe. Tout d’abord, nous avons mis au point un antidote à base de la magnétite. Puis, il nous a fallu identifier ces super-soldats et nous en rapprocher, sans attirer l’attention de  l’ennemi… Pour cette deuxième phase de notre opération, nous nous sommes servis de la liste à laquelle vous aviez eu accès il y a quelques années, Fox, et que vous aviez vainement tenté de diffuser… Ensuite, la mission de nos hommes a consisté à injecter l’antidote à ses super-soldats… Cela a nécessité des années de travail. Des groupes ont été formés à travers tous les États-Unis, à travers le monde entier… 

- Et une fois cette injection faite ? demanda Scully.

- Eh bien, même s’ils avaient été génétiquement modifiés, ces hommes sont redevenus de véritables humains. Leurs tissus cutanés, musculaires et osseux ont évacué, progressivement, tout le métal ferreux qui se développait irrémédiablement en eux. Toutefois, les manipulations dont ils ont fait l’objet en ont fait des hommes et des femmes aux qualités physiques et intellectuelles qui dépassent de loin la normale. C’est ce qui s’est passé pour votre fils, William, quand le demi-frère de Mulder, Jeffrey, lui a fait cette injection… »

Tout devenait plus clair maintenant, pour Mulder et Scully. Et ils se sentaient profondément soulagés. En effet, les révélations d’Eva venaient mettre un terme à cette angoisse sourde avec laquelle ils vivaient, depuis plus de dix ans…  Finalement, les années de luttes qu’ils avaient menées n’avaient pas été vaines : le projet de colonisation de la terre par les extraterrestres avait échoué.

« Mais tout ceci n’est pas le plus important, continua Eva. Et si j’ai pris le risque de sortir de l’ombre aujourd’hui, c’est pour une raison bien particulière… qui vous concerne, Dana. »

Elle s’était tournée vers la jeune femme. Ses yeux trahissaient son émotion. Une émotion forte et profonde, proche de la compassion.

« Vous êtes à nouveau malade…, commença-t-elle.

- Comment le savez-vous ? coupa Scully, à la fois surprise et terrifiée à l’idée que sa vie intime ne lui appartenait plus, depuis des années.

- Je sais… Je sais tout. L’implant que vous avez dans votre cou, c’est en partie moi qui l’ai conçu. Vous êtes la dernière, Dana… Tous ceux qui portaient un implant semblable au vôtre sont morts ou ont été enlevés, puis sont revenus transformés en super-soldats… Leur plan de colonisation ayant échoué, les extraterrestres se retirent et ils effacent toute trace de leur passage sur terre. C’est pour cette raison qu’ils ont provoqué votre rechute, par l’intermédiaire de cet implant. Ils savent que votre maladie est incurable et que vous êtes donc, condamnée à mourir.

- Je ne comprends pas… Ils avaient le pouvoir de m’éliminer… Pourquoi ont-ils attendu? Pourquoi m’ont-ils laissée en vie si longtemps ? demanda Scully, interdite.

- D’abord, parce que vous avez été protégée… par mon frère, expliqua Eva. Et ils l’ont accepté. Puis, plus tard, parce que vous portiez en vous, l’ultime aboutissement de leur projet de repeuplement de la terre : le premier super-soldat conçu par deux êtres humains… Votre fils représentait tellement pour eux. Ils le voyaient comme le premier d’une longue série… Ils comptaient faire de lui un messager, un rassembleur, un leader qui participerait activement à leur retour sur terre. Votre grossesse a été vécue comme un miracle… Un miracle que j’avoue avoir malencontreusement provoqué…

- Mais je pensais…, objecta Scully.

- … que vous aviez été fécondée artificiellement, poursuivit Eva. Je sais, vous l’avez cru après ce que vous aviez vu sur un des bateaux-laboratoires où avaient lieu certaines de leurs expériences. Vous avez même envisagé, un moment, que Mulder pouvait ne pas être le père de votre enfant… que William pouvait n’avoir aucun géniteur et n’être que le fruit de manipulations génétiques faites à partir de vos ovules…

- Mais qu’est-ce que vous racontez ? lâcha Mulder, sidéré par ces propos. Scully, qu’est-ce que c’est que cette histoire de bateau ? Nous avons toujours su que William était notre fils ! Nous avions peur de l’admettre, c’est tout !

- Non Mulder, déclara Scully, calmement. Nous ne l’avons pas toujours su. En tout cas, moi, je n’en étais plus sûre depuis longtemps. Quant à l’épisode du bateau, il avait été évoqué lors de ton procès… Mais tu étais dans un tel état… Tu ne t’en souviens peut-être pas…

 - Et tu ne m’en as jamais reparlé ? s’étonna Mulder, une pointe de reproche dans la voix.

- Mulder, nous avions déjà tellement souffert tous les deux, que je ne voulais pas revenir sur un sujet aussi douloureux, admit-elle, en baissant les yeux. Je voulais te protéger, t’épargner une souffrance supplémentaire et inutile. Et comme tu ne m’as jamais interrogé sur ce sujet…

- Peu importe maintenant, ce que vous avez pu croire par le passé, trancha Eva. William est bien votre enfant, à tous les deux. Mais, aussi fou que cela puisse paraître, c’est grâce à l’implant que avez pu tomber enceinte… malgré votre stérilité…

- Mais comment ? Et pourquoi ? interrogea Scully. »




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Message  Oiseaubleu Mar 9 Sep 2014 - 19:29



L’ancien agent du FBI était profondément troublée par cet aveu qui la ramenait loin en arrière. En effet, les propos d’Eva  la remettaient  face à des événements qu’elle n’avait jamais réellement compris, et dont elle n’avait jamais pu faire le deuil. Mais la scientifique ne lui laissa pas le temps de  se perdre dans ses réflexions, et elle expliqua : « Par l’intermédiaire de l’implant, j’ai manipulé votre organisme et notamment votre système endocrinien. Mais comprenez bien Dana, il ne s’agissait absolument pas de vous faire tomber enceinte. Cela, personne ne l’avait envisagé, à l’époque. C’était une simple expérience, qui ne devait avoir aucune conséquence néfaste sur votre personne. Il s’agissait d’une série de tests, réalisés à distance, et visant à déterminer la manière dont l’implant pouvait utiliser et améliorer les potentialités d’un organisme humain. Personne n’avait imaginé que l’implant, à lui seul, pourrait permettre à une femme stérile de concevoir un enfant, et surtout, un être hybride, mi-humain mi-extraterrestre… Mais la chose est arrivée : suite à une dernière stimulation de l’implant, vos ovaires ont produit une petite quantité de nouveaux ovocytes. Comprenant les conséquences désastreuses que cette découverte pourrait avoir sur l’avenir des hommes, j’ai tenté de la dissimuler. Vous étiez une célibataire endurcie, donc je n’avais pas vraiment de craintes… Je pensais que tout rentrerait dans l’ordre rapidement, une fois les ovocytes éliminés. Mais Mulder est entré dans votre vie à ce moment-là… Et c’est ainsi que le début de votre grossesse nous a échappé… jusqu’à ce que vous ne rentriez en contact avec le champ magnétique d’un de leur vaisseau, puis que vous ne consultiez le Docteur Parenti…

- Et comment expliquez-vous le fait que mon enfant ait été un être hybride, alors ? interrogea Scully, complètement désappointée par ces révélations. Comment cela a-t-il pu arriver, si vous ne l’aviez pas prévu ? 

- Eh bien, vous aviez été tous les deux, biologiquement transformés. Vous et Mulder aviez été exposés à des virus d’origine extraterrestre. Mulder avait un potentiel génétique qui le prédisposait à devenir un être hybride. De plus, vous aviez subi de nombreux tests, Dana, lors de votre enlèvement… Vos organismes avaient donc été depuis longtemps, modifiés et prédisposés à concevoir un enfant  de ce type. Et puis, l’implant permettait aux extraterrestres d’agir sur vous à distance, et donc de contrôler l’évolution de votre fœtus. Ah ! soupira-t-elle alors, si j’avais pu imaginer une seule seconde ce qu’il adviendrait à la suite de ces tests, jamais je n’aurais… »

Le ton de sa voix avait progressivement changé et le couple y avait senti tout le regret que la scientifique éprouvait. Mais elle se ressaisit. Et se redressant sur son siège : « Mais arrêtons de parler du passé et revenons à l’objet de notre rencontre, reprit-elle avec fermeté. Ce que je vous propose aujourd’hui, Dana, c’est un nouvel implant. Un implant identique au vôtre mais dont l’unique différence réside dans son origine… Bien qu’il s’appuie sur une technologie extraterrestre, il a été fabriqué par des humains, à l’insu même de ceux qui nous ont procuré cette technologie. Une fois placé dans votre organisme, il vous guérira définitivement de votre maladie et vous permettra d’être enfin libre. Car vous n’êtes pas libre, Dana. Depuis le jour où ils vous ont mis cet implant dans votre cou, vous avez été manipulée, surveillée… Partout où vous étiez… Nuit et jour… Ces êtres pouvaient à leur guise vous pousser à vous rendre dans un lieu qui vous était inconnu, agir sur votre métabolisme, provoquer ou guérir votre cancer… Mais avec ce nouvel implant, tout cela sera terminé. Et même s’ils étaient encore là, ou s’ils revenaient, ces êtres n’auraient plus aucun moyen de vous localiser ou d’agir sur vous à distance.

- Vous croyez vraiment pouvoir me guérir ? demanda Scully, d’une voix qui trahissait sa crainte de s’accrocher à un faux espoir.

- Je ne le crois pas, Dana. J’en suis certaine, affirma Eva. Et puis ce n’est pas tout…

- Pas tout ? répéta Scully, avec stupeur.

- Une fois l’implant placé, votre traitement durera environ trois mois. Par précaution, je vous suivrai quand même régulièrement, pendant un an. Après, je vous enlèverai l’implant… définitivement. Et vous pourrez enfin tourner cette page de votre passé.

- Mais… si cet implant est identique au précédent, se risqua Scully qui commençait à entrevoir son avenir sous un jour nouveau, alors cela signifie que vous pourriez également provoquer chez moi une nouvelle grossesse…

- Non, objecta brutalement Mulder, d’une voix aussi forte que déterminée. Il n’en est pas question !

- Mais Mulder…, supplia Scully, alors que des larmes lui montaient aux yeux.

- Ne me demande pas ça, Scully. Nous avons déjà assez souffert avec William… Si tu ne l’avais pas eu… »

Mais il s’était brusquement interrompu, alors qu’il lisait dans les yeux de sa compagne, toute la détresse qu’il venait de provoquer en elle.

« Sincèrement, je ne sais pas si je suis en mesure de le faire, Dana, avoua Eva. Toutefois, je pense que cela pourrait être envisageable et que cet implant pourrait vous donner la possibilité de concevoir un être humain… parfaitement normal.  Mais, je ne sais pas si ce serait une bonne chose. D’abord, vous n’êtes plus vraiment  en âge d’être enceinte… Et puis, pourquoi voulez-vous un autre enfant ?  Pensez-vous qu’il pourra remplacer celui que vous avez été contrainte d’abandonner ?... ou celle que vous avez perdue ?...

- William… Emily…, murmura Scully, tout à coup absente. Et il y en a surement eu d’autres encore, n’est-ce-pas ?...

- Pour être tout à fait honnête avec vous, Dana, il y en a eu… beaucoup, répondit gravement Eva. Je suis vraiment désolée… Ces enfants n’auraient jamais dû venir au monde. Ils n’ont été que des sujets d’expériences qui ont été, finalement, éliminés. Mais il faut que vous sachiez que tout cela nous a largement dépassés, moi et mes collègues… Nous ne pouvions rien faire. Nous n’étions que des pions que les extraterrestres manipulaient à leur guise… Et puis, nous n’étions pas au courant de tout… Beaucoup d’autres équipes de recherches avaient été constituées à notre insu…

- Mes enfants…, continua-t-elle encore, comme s’il elle n’entendait plus la voix d’Eva. Ils m’ont volé mes enfants…

- On ne remplace pas un enfant, Dana…

- Ce n’est pas ça, contesta vivement Scully, en reprenant brutalement contact avec le réel. Aucun de vous deux ne peut comprendre…

- La question n’est pas là pour l’instant, Dana, trancha à nouveau Eva, qui voulait couper court à cette conversation. Nous n’avons pas beaucoup de temps devant nous. Votre maladie progresse. La tumeur grossit chaque jour et si nous n’agissons pas très vite, elle risque de provoquer des lésions irréversibles… C’est votre vie qui est en jeu et c’est à vous de décider maintenant, ce que vous voulez en faire. Si vous me faites confiance et suivez mes instructions, le nouvel implant pourra être placé dans deux jours. Toutes les précautions nécessaires seront prises pour que votre sécurité soit assurée et que l’intervention se déroule en toute discrétion.»

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Message  Oiseaubleu Mar 9 Sep 2014 - 19:32



L’échange avait encore duré quelques minutes. Puis, Eva s’était levée et avait salué les deux anciens agents du FBI. Mais alors qu’elle ouvrait la porte, elle se retourna en direction de Scully : « Il va bien, Dana.

- Quoi?... lança Scully, en regardant Eva d’un air interrogateur. 

- Votre fils, William…

- Comment ? reprit-elle, stupéfaite. Vous avez vu mon fils, vous savez où il est ?...

- Je n’étais pas censée vous en parler… mais… oui, je sais… nous savons… Il est entre de bonnes mains, je vous assure. Nous veillons sur lui…

- Non, ce n’est pas possible… dit Scully, qui ne pouvait y croire. Et pendant toutes ces années…

- Nous devions le protéger, Dana, se justifia Eva. Il était menacé. Et puis, c’est un être particulier qui intéresse beaucoup de monde…

- Mais pourquoi ? interrogea Scully. Il a reçu cet antidote…  Je ne comprends pas.

- Certes, William est un enfant apparemment comme les autres, concéda la scientifique. Il a été conçu par un homme et une femme, et c’est aujourd’hui un être humain parfaitement normal. Mais sa conception n’en reste pas moins particulière… L’implant que vous portez nous a permis d’effectuer, à distance, certaines manipulations… Votre enfant est… comment dire ?... l’expression la plus parfaite de vos deux héritages génétiques réunis. Il possède des qualités physiques et intellectuelles hors du commun… Et même si la science a fait des avancées considérables depuis sa naissance, il n’en reste pas moins le seul être vivant à avoir été conçu de cette manière…

- Vous parlez de lui comme s’il s’agissait d’un rat de laboratoire. Alors que ce n’est qu’un enfant… mon enfant. Vous ne pouvez pas le priver de sa mère… et de son père, ajouta Scully, en dévisageant Mulder, qui était resté muet.

- Nous ne sommes pas au-dessus des lois, Dana, dit Eva, une pointe de regret dans la voix. Il y a eu une procédure légale d’adoption contre laquelle nous ne pouvons rien. De plus, et par mesure de sécurité, tous les documents permettant de remonter jusqu’à vous ont été détruits…

- Mais, c’est ignoble…Vous vous êtes servie de moi… Vous m’avez donné cet enfant pour me le reprendre ensuite… J’ai été contrainte de l’abandonner… Il était en danger… Que pouvais-je faire ?... Je n’avais pas le choix…

- Je sais, admit Eva. Et je sais aussi que vous avez surement pris la meilleure décision. Du moins, je le pense, car votre fils est toujours en vie malgré tout ce qui s’est passé. Mais rien n’est perdu, Dana, continua-t-elle. Un jour votre fils aura l’âge de comprendre. Il cherchera à savoir… Et nous serons là, pour le mener jusqu’à vous. Faites-moi confiance, nous y travaillons…

- Vous ne comprenez pas…, commença Scully.

- Vous avez de la chance, Dana, croyez-moi. Aucun enfant n’est plus surveillé et entouré que le vôtre.

- Parce que vous trouvez vraiment que c’est une chance que d’être privé de son enfant ?

- Votre enfant est vivant, en bonne santé, très épanoui ; des hommes et des femmes veillent sur lui et vous avez de grandes chances de le retrouver un jour. Que voulez-vous de plus ?

- Je veux que mon fils revienne à la maison, déclara Scully avec aplomb.

- Beaucoup de femmes aimeraient avoir votre chance, je vous assure…

- Comment pouvez-vous me dire une chose pareille ? protesta Scully, irritée.

- Parce que j’ai croisé un grand nombre de femmes dont les enfants ont été victimes d’enlèvements, expliqua Eva. Des enfants que les extraterrestres ont pris, comme la sœur de Fox… et qu’ils n’ont jamais rendus… J’ai eu un fils, moi aussi… Joshua… Mais j’ai cessé de l’attendre, il y a longtemps…»

Et détournant son visage, Eva tourna les talons et sortit avec empressement de la pièce.

*


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Message  Oiseaubleu Mar 9 Sep 2014 - 19:37



Après être rentrés, Scully était montée se coucher sans adresser la parole à Mulder. Cette journée l’avait secouée. Il lui semblait qu’elle revenait sur ses pas… Elle se retrouvait face à ce passé douloureux, dont elle avait tenté de s’éloigner, depuis des années...

De son côté, Mulder était sorti un moment, prétextant d’aller faire des courses. Il avait besoin de prendre l’air. Il était à la fois soulagé de savoir qu’il existait un traitement pour soigner Scully, mais il était également embarrassé par tout ce qui s’était dit, durant cet entretien avec Eva Spender. Il regrettait certains de ses propos… Il avait peur d’avoir blessé sa compagne.

Une fois revenu chez lui, il monta à l’étage et prit une profonde inspiration avant de pousser la porte de leur chambre. Scully était allongée sur le côté. Elle s’était couchée toute habillée et avait juste ramené une couverture sur elle. Il ne voyait pas son visage. Elle était tournée vers la fenêtre. « Tu dors ?  murmura-t-il, en s’allongeant sur le lit et en glissant un bras autour de sa taille.

- Non, souffla-t-elle.

- Scully, j’ai besoin de te parler… Je… Je suis désolé si j’ai dit des choses qui t’ont blessée…

- Tu n’as pas besoin de t’excuser, le rassura-t-elle. Je suis la seule responsable… Tu n’as jamais voulu de cet enfant… J’étais censée être stérile… C’est moi qui ai fait le choix de le garder… Tu n’étais pas là… Je ne pouvais pas savoir que tu n’en voulais pas…

- Scully, qu’est-ce que tu racontes ?! s’offusqua Mulder. Comment peux-tu dire une chose pareille ?

- Tu n’as jamais voulu de William, Mulder. C’est moi qui le voulais.

- Mais Scully, en acceptant d’être ton donneur, quand tu as tenté la fécondation in vitro,  j’avais déjà accepté d’être le père de ton enfant, lui rappela son compagnon pour se justifier.

- Non, Mulder, répliqua-t-elle. Tu avais accepté de me permettre de tomber enceinte, pas de reconnaître cet enfant comme étant le tien… C’est très différent. Tu m’avais bien précisé que tu ne voulais pas que cela change quoi que ce soit entre nous… Or nous n’étions que des amis, à l’époque… Et il n’a jamais été question que nous formions une famille…

- J’avais peur, Scully, tenta d’expliquer Mulder. Est-ce que tu peux comprendre ça ? Devenir père n’est pas forcément facile, surtout quand on a vu sa sœur se faire enlever, ses parents se déchirer, son père être assassiné... Je ne me sentais pas prêt…

- Et tu ne l’es toujours pas, apparemment, regretta-t-elle.

- Scully…, murmura Mulder.

- Tu ne comprends pas… Tu ne sais pas tout ce que j’ai vécu… Ma grossesse a été difficile… William a eu un comportement étrange dès le début… Et puis, il y a eu cet homme qui a tenté de l’assassiner… son enlèvement… J’ai vécu tout cela seule, Mulder… et j’ai finalement dû céder… j’ai dû l’abandonner…

- C’est vrai Scully, reconnut Mulder, tu as raison. Peut-être que je ne peux pas te comprendre car je ne sais pas ce que tu as vécu. Mais toi non plus tu ne sembles pas me comprendre… Tu sais, tu n’es pas la seule à avoir souffert… Je ne t’en ai jamais vraiment parlé avant, parce que c’était trop douloureux pour moi. Mais je n’ai jamais cessé de souffrir. Je n’ai jamais cessé de penser à notre fils. Et je ne me suis jamais pardonné d’être parti en vous abandonnant, toi et William. Si je n’étais pas parti, peut-être qu’aujourd’hui….

- Tu n’avais pas le choix, coupa-t-elle, pour l’empêcher de finir une phrase qu’elle ne voulait pas entendre. Et puis, c’est moi qui t’ai convaincu de t’en aller…

- On a toujours le choix, continua-t-il. Le mien a été égoïste. J’ai pensé à sauver ma peau avant de penser à protéger celle de mon fils…

- Mulder… »

Scully s’était retournée vers son compagnon. Dans ses yeux, elle avait lu cette tendresse infinie qui l’avait toujours tant rassurée et qui semblait, à présent, l’envelopper comme des bras immenses.

« Je voudrais tout ce que tu voudras, Scully, murmura Mulder en glissant ses doigts dans les cheveux de sa compagne. La seule chose qui compte pour moi, est que tu guérisses et que tu sois heureuse…

- Non, Mulder… il ne s’agit plus uniquement de moi, objecta-t-elle. Avant j’étais seule, mon choix ne dépendait que de moi. Aujourd’hui nous sommes deux… Si tu ne veux pas d’un autre enfant, alors je n’insisterai pas…

- D’abord, nous ne sommes pas que deux à être impliqués dans cette décision, corrigea Mulder. Nous sommes trois. Et Eva ne semblait ni sûre de pouvoir provoquer chez toi, une nouvelle grossesse, ni emballée par cette idée. Quant à moi… Je ne crois pas que je ne veuille pas d’un enfant, Scully. Je crois juste que j’ai peur… peur de ne pas être à la hauteur…  peur de souffrir encore… peur qu’on nous le prenne…

- Tu feras un très bon père, assura Scully, comme si cette  grossesse était devenue pour elle, une évidence. J’en suis convaincue. Et on ne nous le prendra pas, Mulder. Tu as entendu Eva… Les choses ont changé…

- Je ne sais pas… Tu lui fais vraiment confiance ? Comment peut-on être sûrs qu’il ne s’agit pas encore de mensonges ?...

- Je ne suis sûre de rien, mais je ne remets pas en doute la parole de Skinner, affirma Scully.

- Skinner ? Tu as eu Skinner ? demanda vivement Mulder, intrigué.

- Je l’ai vu.

- Quand ça ?

- Il y a moins d’une heure. Tu venais juste de partir… Il est venu et m’a confirmé tout ce que cette femme nous a dit. Il a rejoint son organisation et ils travaillent ensemble, depuis plusieurs années. Il sait que je suis à nouveau malade et il m’a convaincue d’accepter le traitement qu’elle m’a proposé. C’est lui qui viendra me chercher dans deux jours…»

*


Après avoir ramassé les dernières assiettes qui traînaient sur la table, Mulder était retourné dans la cuisine. Il avait annoncé qu’il se chargeait de faire la vaisselle et un peu de rangement. En réalité, il avait préféré quitter la salle à manger car il sentait que Scully avait besoin de se retrouver seule avec sa mère.

Assise à table, à côté de sa fille, Margaret tentait de contenir ses larmes, alors que Scully lui expliquait brièvement, ce qui s’était passé depuis sa miraculeuse guérison. Elle n’en revenait pas…

« Tu es sûre, Dana ? s’enquit-elle avec émotion.

- Absolument sûre maman. Cela fait trois mois maintenant…

- Pourquoi ne m’en as-tu pas parlé avant ? demanda Margaret, un léger ton de reproche dans la voix.

- Maman… Tu sais bien que les premiers mois sont toujours délicats, se justifia Scully. J’attendais d’être certaine… Mais tout va bien, je t’assure. Ils sont en parfaite santé. Tu vas donc être grand-mère… Pour la quatrième fois, en ce qui me concerne… Une fille et un garçon, que demander de mieux… »

Alors qu’elle finissait sa phrase, ses yeux avaient croisé ceux de sa mère et s’y étaient plongés : « On le retrouvera, maman, lui assura-t-elle. A présent, je sais que William est en vie et qu’il va bien. Et aucune loi au monde ne m’empêchera de le retrouver un jour, de le reprendre et de lui expliquer pourquoi… »

Scully s’était arrêtée, trop émue. Mais dans sa voix, Margaret avait perçu cette détermination et cette force de conviction qu’elle avait toujours connues chez sa fille, et qui lui avaient permis de surmonter toutes les épreuves qu’elle avait eu à traverser. Et à l’entendre, elle ne doutait pas une seule seconde qu’elle réussirait à retrouver son enfant…  que ce jour dont elle parlait, viendrait… qu’elle réaliserait ce rêve fou, qu’elle faisait depuis des années… celui de voir grandir l’enfant qu’elle avait eu avec Mulder, afin qu’ils forment à nouveaux, tous les trois… une vraie famille.


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Message  Oiseaubleu Mer 17 Sep 2014 - 14:27



Le quatrième épisode se déroule environ deux ans après l’épisode 4.



 
EPISODE 5 : EPILOGUE
 
Je viens de relever la tête… Je la sens… Elle va entrer dans la salle, d’ici quelques instants. J’ai l’impression d’être dans sa main. Sa main est sur la poignée de la porte… Elle entre. Je le savais. C’est fou comme cela me surprend encore, alors que c’est tellement naturel et évident, à chaque fois et depuis tant d’années. Elle balaye la salle de ses yeux. Elle me cherche. Ça y est, elle m’a trouvé. Elle se rapproche lentement de moi. Je sais. C’est aujourd’hui. Elle m’avait prévenu qu’elle reviendrait, un jour. Ce jour est arrivé. J’ai beau être robuste, je n’en reste pas moins un grand sensible et rien que d’y penser, je sens des frissons parcourir mon corps. Je ferme les yeux un instant, le temps d’un battement insignifiant de paupières, et je me reprends. Il ne s’agit pas de faiblir. Je veux que ce jour soit un grand moment, pour eux, autant que pour moi.

Nos yeux se sont croisés. Elle me sourit, puis s’assoit à côté de moi. La place est libre. Comme toujours, j’aime à travailler seul. Elle s’en doute. « Bonjour, jeune homme, me dit-elle à voix basse. Vous vous souvenez de moi, je présume. » Je hoche la tête en signe d’acquiescement, tout en sachant pertinemment bien qu’elle connaissait déjà ma réponse. « Pouvons-nous sortir un moment ? me demande-t-elle. J’aimerais vous parler. Je n’en aurai pas pour longtemps. »

Je referme le livre sur lequel j’étais en train d’étudier, ramasse mes affaires, et nous sortons de la salle d’étude. Nous nous dirigeons vers la cafétéria. Elle me propose de discuter autour d’un soda. Je préfère un jus de fruits. Oui, c’est vrai, elle l’avait oublié, je ne suis pas un adepte des boissons gazeuses. J’avais déjà commandé un jus de fruits lors de notre première rencontre.

Nous nous asseyons. Elle entame la conversation avec quelques banalités. Elle veut savoir si je vais bien, si mes examens se sont bien passés. Je la sens gênée, quelque peu tendue. C’est juste une entrée en matière. Elle n’a pas besoin de me demander tout ça. Les réponses, elle les connaît déjà. Elle connaît mes prédispositions, mes capacités, ma précocité intellectuelle. Mais je joue le jeu. Je réponds. Je me montre sympathique. Je tente de la mettre à l’aise. Je sais que l’échange va être intense, autant pour elle que pour moi. Je sens son émotion me traverser, parcourir tout mon corps, à travers ces frissons qui reviennent, mais qui cette fois, ne m’appartiennent pas. J’entends son cœur me livrer sa peur, ses regrets, sa honte, sa joie… de pouvoir enfin dénouer les fils du passé pour changer la fin de l’histoire - qu’elle avait involontairement commencé à écrire- et concrétiser ce projet, qu’elle nourrissait depuis des années, pour moi.

Ses yeux sont bons. Remplis de douceur et d’amour. J’y lis sa  tristesse, entre les lignes que dessinent, sur ses iris, des larmes naissantes. Elle regrette tellement de choses. Elle se sent coupable. Elle aurait dû choisir la mort plutôt que de collaborer avec l’ennemi. Elle aussi a perdu quelqu’un. Je le sais. Quelqu’un qui ne reviendra pas.

« Alors, est-ce que tu acceptes ? Est-ce que tu te sens prêt à les rencontrer aujourd’hui ? » me demande-t-elle enfin, après m’avoir présenté la chose de la manière la plus délicate possible. J’ai envie de crier. Envie de bondir de ma chaise et de courir à toutes jambes vers la sortie… Est-ce que je veux les voir ? Mais bien sûr que je veux les voir et tout de suite ! J’attends ça depuis des années ! Depuis toujours, je crois. Mais je réponds très sereinement : « Oui. J’accepte. Je me sens prêt. »

Ma réponse l’a satisfaite. Et malgré son appréhension, en ce qui concerne la suite des événements, elle me sourit. « Alors, n’attendons pas une minute de plus. Si ton travail peut être remis à plus tard, nous pouvons partir tout de suite. » Je fais un nouveau signe affirmatif de la tête et nous partons.

*


Cela fait environ une heure que nous roulons. Elle vient de tourner dans un petit chemin. Quelques maisons se profilent derrière les arbres. Voilà, c’est là, nous-y sommes. Je le sens. Elle ralentit. Immobilise la voiture sans couper le moteur. Se tourne vers moi. « … Voilà, c’est là, nous-y sommes… » Elle s’interrompt, émue. Elle a repris textuellement les mots qui traversaient mon esprit… C’est drôle. C’est souvent comme ça… C’est incroyable cette façon de sentir et d’entendre le monde vivre autour de soi. Je sais que ce fonctionnement m’est propre, que les autres ne communiquent pas comme moi. Je ne suis surement pas le seul sur cette terre à être comme ça, mais pour l’instant, je n’en ai jamais rencontré d’autres qui possèdent cette faculté-là.  

« Est-ce que ça va ? » se décide-t-elle à me demander. Elle est inquiète. De plus en plus. « Oui, tout va bien. N’ayez aucune crainte. Je suis tout à fait prêt. Tout va bien se passer. » Je veux la rassurer. Je l’aime bien. Je sais qu’elle est de ma famille, même si elle ne s’est pas encore décidée à me l’avouer.

Elle vient de garer la voiture devant une grande maison. L’extérieur du bâtiment fait penser à une ancienne ferme. Mais il a été restauré… avec goût, d’ailleurs. J’aime ces murs de pierres. On sent que la bâtisse a vécu. De bonnes ondes s’en dégagent. Des hommes ont été heureux ici… C’est un bon choix. Il me convient parfaitement et me rassure quant à la nature de ses nouveaux propriétaires. Je ne les ai jamais vus mais je sais déjà que nous nous entendrons bien. Un nouveau frisson vient de parcourir ma peau. Je me tourne vers elle. Mais non. Ce ne sont pas ses frissons à elle. Je descends du véhicule, fais quelques pas vers la gauche… Et je la vois… C’est elle… L’autre… La vraie… Celle que j’attendais…

Elle est de dos, mais je sens que ce sont ses frissons qui me traversent. C’est fou. Elle m’a senti arriver. Pourtant elle n’est pas comme moi. Elle est de nature différente. Même si c’est à partir de ses gênes que j’ai été conçu. Elle vient de se retourner. Elle ne m’a pas encore vu mais elle sait que je ne suis plus très loin. Un homme est à ses côtés. Il se rapproche d’elle. Il vient de ressentir qu’elle avait besoin de lui. Il entoure ses épaules de ses bras. Il la serre contre lui. Leurs corps s’étreignent. Sa tête à elle s’est enfouie dans le torse de l’homme. Son homme… Elle pleure. J’ai mal tout d’un coup. Je sens mon cœur se serrer. Elle pleure pour moi, à cause de moi. Une foule d’images défilent devant ses yeux et elle a peur à présent, que je la rejette, que je ne comprenne pas son geste…

Elle m’a laissé, alors que j’avais besoin d’elle. Elle m’a abandonné… alors que je n’étais qu’un enfant. Elle croit que je ne lui pardonnerai jamais. Elle croit qu’elle ne se le pardonnera jamais. Et malgré le bonheur et l’équilibre qu’elle a trouvé auprès de cet homme, elle ne peut s’épanouir pleinement dans sa nouvelle vie de femme. Il lui manque quelque chose… Quelque chose qui l’obsède et la ronge… Et cette chose, c’est moi.
Leurs corps se sont séparés et ils se sont retournés en direction de deux enfants qui jouent, assis sur un grand tapis posé sur l’herbe. Ce sont des jumeaux. Cela se voit. Ils ont probablement un peu plus d’un an. Nous avons la même origine, je le sens. Ils sont de ma famille. De même que la femme que je vois assise, à côté d’eux. C’est sa mère… La mère de ma mère… Je viens de retrouver ma mère… C’est la première fois… La première fois que je la vois… que je vois son visage…

Nous nous approchons de la barrière. Eva vient de leur faire un signe de la main et ils se sont tous retournés en même temps, vers moi. Je reçois de plein fouet le flot de leurs émotions, entremêlées. Peur, joie, craintes, doutes, espoirs… Je leur renvoie les miennes pour tenter de les apaiser… confiance, sérénité, bonheur, satisfaction… Je ne veux pas qu’ils souffrent et qu’ils aient peur. Je veux les voir heureux, comme je le suis. Je sais que c’est la fin de mon errance. J’ai enfin retrouvé ma maison, ma famille, ma véritable identité, ma vraie vie.

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Message  Oiseaubleu Mer 17 Sep 2014 - 14:34



« Dana, Fox, Margaret… Je suis heureuse de vous ramener William… » Eva Spender s’est arrêtée de parler. Elle ne peut terminer sa phrase. Elle se retourne et cache son visage entre ses mains pour pleurer sa joie et sa douleur. Elle a réparé la faute du passé. Elle me rend à ma mère à qui elle m’avait déjà donné, une première fois… Elle a conscience qu’elle a accompli son devoir. Mais son fils à elle, ne reviendra pas. Elle sait qu’elle n’aura pas cette chance. Elle n’est pas jalouse. Elle ne veut pas lui voler son bonheur. Elle vient juste de réaliser que sa mission vient de s’achever et qu’il ne reste plus rien, à présent, de ce passé qui a englouti avec lui, ses rêves et ses espoirs… Je m’approche d’elle. Je pose ma main sur son épaule. Je l’entoure de mon bras. « Ne pleure pas tata. Tu n’as pas tout perdu. Tu as trouvé une famille. Une famille qui ne t’abandonnera pas. » Elle me regarde, surprise… Comment je sais ? Je sais c’est tout… Elle vient de comprendre à quel point sa création était puissante. Elle commence à deviner l’étendue de mes pouvoirs. A mon contact, elle se calme. S’apaise. Je lui envoie une énergie positive, pour que son vide intérieur se remplisse d’un sentiment de plénitude et de réconfort. Elle me sourit. Je la lâche. Je me tourne vers ma mère.

« William…, balbutie-t-elle. William, c’est bien toi ?... » Elle fait quelques pas puis tombe à genoux, devant moi. Je sais que tout s’effondre en elle. J’entends les larmes qui montent de son cœur me crier son amour et ses regrets… Pardonne-moi, mon fils… Pardonne-moi… Si tu savais… Je sais, maman, ne t’en fais pas. J’ai toujours su. J’ai avancé sur le chemin de ma vie sans faiblir, pour devenir un garçon brillant et intègre. Je voulais que tu sois fière de moi… Que tu sois la mère la plus fière du monde, le jour où tu me retrouverais… Car je savais que tu ne m’abandonnerais pas, et que tu trouverais le moyen de venir me chercher.

J’ai déposé un genou à terre. Puis deux. J’ai ouvert mes bras pour lui enlacer le cou. J’ai posé ma joue contre la sienne. Et j’ai pleuré. Nos larmes se mêlent à présent, sur nos peaux unies qui n’en font plus qu’une. Je t’aime maman… Je t’ai toujours aimée… Tu sais, du plus loin que je me souvienne, je crois bien que c’est la première fois que je pleure… Que je pleure, vraiment ; je veux dire, pas comme un nourrisson. J’ai beau être un grand sensible, je n’ai jamais réussi à pleurer. Peut-être que j’attendais. Peut-être que je gardais en moi ces larmes, pour toi.  Pour te les donner,  le jour où je te rencontrerais.

J’ai embrassé ses joues, ses lèvres, ses yeux, son visage tout entier. Elle m’embrasse, aussi. Elle me serre plus fort, contre elle. Puis elle se recule, me regarde, me caresse le visage. Et j’entends encore son cœur me parler… Mon fils, comme tu es beau, comme tu es…  Comment peux-tu être aussi grand et fort à ton âge, on dirait que tu as plusieurs années de plus… Je suis un être d’exception maman… Je suis l’expression la plus parfaite de ce qu’il y a de meilleur en toi… et en papa…

J’ai levé mon regard vers mon père. Il est grand et musclé. Il a l’air robuste. Ses yeux me recouvrent de fierté et de joie. Je relève ma mère. Je tends ma main vers cet homme qui est mon géniteur… Il l’empoigne avec vigueur. « Salut fiston, c’est bon de te revoir… » Il essaye de sourire. Il voudrait que ses mots détendent l’atmosphère et passent pour un trait d’humour, mais il cède… et craque. Il s’effondre à son tour dans mes bras. Et ses bras, comme ceux de ma mère avant lui, m’entourent et me serrent. C’est bon de te revoir, papa. J’avais cru garder en moi un lointain souvenir de ton visage, mais il était si flou… Tu es superbe, papa… Tu es exactement le père dont j’ai toujours rêvé. Je ne te connais pas encore mais je t’aime déjà. Je sens qu’à nous d’eux, nous allons réaliser de grandes choses. J’ai tant de projets, tu sais…  Tant d’idées que je veux voir s’accomplir… Je n’attendais que toi.

Ma grand-mère est venue elle aussi, poursuivre le ballet de nos embrassades… le ballet de nos retrouvailles. Puis c’est au tour de mon frère… Et de ma sœur… Ils ne comprennent pas vraiment, encore. Ils sentent juste que le poids qui pesait sur leur naissance a tout à coup disparu, qu’ils n’entendront plus le murmure des craintes et des remords qui vivaient dans le cœur de leurs parents. Ils savent que je suis un des leurs, sans savoir vraiment comment, ni pourquoi. Mais nos corps respirent maintenant, comme une seule et même chaire. Nos cellules se sont accordées. Nous vibrons à l’unisson. Je suis William. William Mulder, votre grand frère.  Je suis de retour à la maison. Et je serai toujours là, désormais.

*


Nous venons de finir ensemble, notre sculpture de sable…  Sur les plages, les enfants construisent généralement des châteaux… Nous, nous avons construit un vaisseau… Un immense vaisseau spatial. Papa et moi parlons souvent sérieusement, de ces choses-là. Mon projet a abouti. Notre organisation est née et nous luttons ensemble, pour la protection de notre planète, en essayant de prévenir toute nouvelle tentative de colonisation par des forces extraterrestres. Nous travaillons dans l’ombre, sans faire de bruit… sans faire de vague, c’est le cas de le dire… Papa a appris cela, avec moi. Son passé lui a servi de leçon. Depuis qu’il a réintégré sa place au sein de FBI, en tant que formateur et consultant spécialisé dans l’élaboration des profils psychologiques de criminels, il se montre beaucoup plus discret qu’avant… Walter Skinner, son directeur et ami, n’en revient toujours pas. Il pense que sa paternité y est pour quelque chose…  Moi je sais qu’il a enfin compris que pour mieux agir, il valait mieux rester dans l’ombre.

Nous avons rejoint tous les quatre, maman, qui lit une revue médicale, sous le parasol. Papa la taquine… Il répète qu’elle en fait trop. Qu’elle n’a plus besoin de travailler, maintenant qu’il a trouvé un bon poste… Mais maman est une passionnée. Et même quand elle en a fini avec ses dossiers du FBI, elle a toujours un article de sciences, de parapsychologie, de spiritualité ou autre sous la main… Elle dit qu’elle rattrape le temps perdu, qu’elle veut en savoir autant que papa, si ce n’est plus, sur tout ce qui touche aux mystères de ce monde… Mais papa vient de lui arracher sa revue des mains, il me la lance, je l’attrape… Maman se lève, court après moi… Et cela finit encore une fois en mêlée générale…

On se saute dessus, on s’attrape, on se chatouille… Mais papa et maman ne font pas le poids… Ils cèdent sous les assauts de Laureen et Matthew qui ont rejoint mon camp… Maman vient de pousser un cri. Papa l’a saisie par la taille et il la soulève à présent, dans ses bras… Il veut la jeter à l’eau. Elle proteste… ne veut pas… Si, si… A l’eau ! A l’eau ! Nous crions tous d’une seule et même voix. Heureusement que nous sommes seuls sur la plage… Maman ne se montrerait pas si démonstrative, s’il y avait d’autres gens. Maman, c’est une adepte de la discrétion et des bonnes manières… Papa, c’est différent… C’est un impulsif, qui se moque bien de ce que les gens pensent de lui... Ils sont chouettes mes parents. Plus le temps passe, plus je les admire. Ils ont traversé tellement d’épreuves ensemble, et avec tant de courage… Ce sont des gens droits, honnêtes, épris de justice… Je me sens si fiers d’eux… Mais voilà que papa vient de plonger dans l’eau… avec maman, encore toute habillée, dans les bras. Je cours, suivi de près par Laureen et Matthew… on saute… Et nous voilà tous les cinq à l’eau…

Je respire profondément… J’entends leurs cœurs me dire qu’ils vont bien et qu’ils sont enfin heureux. Je souris. Je suis satisfait. Je profite pleinement de mon bonheur. Je lève mes yeux vers le ciel et contemple les nuages… Je sais qu’il y a un Dieu quelque part, qui est responsable de ma naissance. Il a guidé les mains de cette femme… Je sens son énergie, diffuse et éparse, me traverser. Il est comme la toile qui sous-tend un tableau… Il est l’entrelacement des fibres qui constituent la toile. Et nous, nous en sommes le dessin… la ligne, la couleur, la forme et le mouvement qui composent le motif peint. Nous sommes mus par son souffle de vie qui nous porte et nous entraîne. Je sais qu’il veille sur nous et qu’il nous montre le chemin, quand nous savons entendre ce que nous dit notre âme et regarder au-delà du monde des apparences. Je sais aussi que mes autres parents sont auprès de lui. Je les entends, en moi. Je ne les oublie pas. Je pense à eux chaque soir, avant de me coucher. Je prie pour eux et les remercie pour tout l’amour et toute l’attention qu’ils m’ont donnés, pendant ces longues années où ils m’ont gardé. Avant que ma mère, qui m’avait confié à eux, ne revienne me chercher…

FIN
 




 
 
                                                                                                       

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Message  Oiseaubleu Mer 17 Sep 2014 - 14:42


Je voudrais juste remercier ici, tous ceux qui m’ont lue. J’espère que mon histoire vous a plu et qu’elle vous a fait vivre de beaux moments d’émotions (c’est l’objectif premier pour moi… partager mes émotions avec chaque lecteur).


Arrivée au terme de mon histoire, j’ai eu l’impression que j’avais dit tout ce que j’avais à dire. Et pourtant, maintenant que je la mets en ligne, je me rends compte qu’il manque un maillon essentiel à la chaîne qu’elle constitue. Le premier maillon… La naissance de l’amour.  

Aussi, si cette histoire vous a plu, je vous donne rendez-vous d’ici un ou deux mois pour le premier (et dernier !) épisode de ma fanfic, qui s’intitulera « Purification » et que je posterai séparément. Il se situera temporellement avant mon premier épisode, « Emy » ; et il racontera comment l’amour qui unit Mulder et Scully est véritablement né… Enfin… selon moi !!! Tout est déjà dans ma tête, il ne me reste plus qu’à mettre en forme… Ce sera un épisode original, très surprenant je pense, et surtout, fort en émotions… 

Merci encore à toi, lecteur, et à bientôt … pour le premier épisode des « Chemins du cœur ».


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