Doutes : AU Post The Truth

- Bonjour, je cherche le Docteur Dana Scully.

La réception lui indiqua la porte 34a du 5ème étage. Une fois arrivé, il poussa la porte et découvrit, pour la 1ère fois, la salle de repos du service de Dana.

Il aperçut, au fond de cette salle, une porte entrouverte et entendit des voix. En s’approchant, il comprit que c’était sa voix.
Il se glissa jusqu’à l’ouverture de la porte et y vit Scully discuter avec un homme plus âgé.
Sans se faire voir, il observa la scène :

- …Tu es sure que tout vas bien ?

- Oui pourquoi ?

- Je t’ai sentie ailleurs toute la journée. Tu n’étais pas concentrée. En tant que chef de service, je suis responsable de mon personnel et y compris de tous les problèmes qui pourraient résulter d’un manque d’attention…

- Je suis désolée … Ca ne se reproduira pas (dit-elle en baissant les yeux).

En s’approchant d’elle :

- Que se passe-t’il Dana ?

- Ce n’est rien…

Elle releva la tête et croisa le regard de son patron qui montra un regard insistant.

- …C’est juste que… En fait, j’ai quelques petits soucis et… Je n’ai pas forcément envie de rentrer chez moi.

- Il y a un problème avec ton ami ?

- Non, … Enfin, je n’en sais rien, je… Disons que dernièrement, je me pose beaucoup de questions…

Il la regarda d’un air « et ? » :

- Je suis désolée, ce n’est pas à toi que je devrai dire ce genre de chose…

- Non, ça ne me dérange pas…

Sentant le malaise dans la pièce, l’homme saisit l’opportunité :

- Ecoute Dana. Quand je suis arrivé dans ce service, je n’ai rien dit car tu avais quelqu’un mais… (Il prit sa respiration) … Mais je n’ai jamais pu t’oublier. Et je ne t’oublierai jamais ! Je t’aime…

Il s’approcha d’elle dans l’intention de l’embrasser mais elle se déroba.

- Je t’en pris, ne fais pas ça…

Elle prit sa veste comme pour repartir quand il dit :

- Je m’excuse. J’aimerai juste savoir quelque chose. Est-ce que tu es heureuse ?

- Oui… (dit-elle dans un ton faussement assuré)

- Vraiment ? Il t’apporte vraiment tout ce dont tu as besoin ?

Dana détourna le regard.
Il s’approcha d’elle.
Elle est troublée et il le sait. Il sait qu’il a touché juste.
Il s’approcha et déposa un simple baiser sur ses lèvres. Après ce doux et rapide baiser, leurs regards se fondaient l’un dans l’autre.
Elle reprit rapidement ses esprits, recula et dit :

- Je ne peux pas, je suis désolée…

Il baissa les yeux.

- Quelque soit mes doutes ou mes sentiments, j’ai besoin de réfléchir. Je ne peux pas décider sur un coup de tête… Il me faut du temps…

- Je comprends.

Elle lui sourit comme pour le remercier.
Mulder, toujours derrière la porte, avait les larmes aux yeux. Effectivement ils avaient des problèmes tous les deux mais il pensait que ce n’était qu’une passade, que tout reviendrait rapidement à la normale, comme toujours. Il n’avait jamais soupçonné que pour Scully, c’était plus sérieux.

- Il faut que j’y aille.

- D’accord… A demain.

Elle esquissa un sourire et se dirigea vers la sortie.
Pendant ce temps, Mulder avait déjà fait demi-tour.

Mulder était assis sur la terrasse ; Ses yeux rouges se perdaient dans le vide.
Il réfléchissait à ce qu’il venait de voir et d’entendre.
Il réfléchissait à ces derniers mois où tout était tendu entre elle et lui. Cela faisait 8 mois qu’ils s’étaient enfuis ; Mulder se cachait, Scully travaillait dans un hôpital.
Ils étaient partis au Canada ; ils ne semblaient pas être poursuivis mais ils préféraient être prudents.
Scully avait du mal à vivre ainsi. Sa famille et sas amis lui manquaient. Son fils lui manquait…
Tous les soirs, elle devait faire attention avant de rentrer de peur qu’on la suive et par conséquent qu’ils retrouvent Mulder.

Depuis quelques temps, ils s’accrochaient assez souvent.
Mulder reprochait à Scully sa mauvaise humeur quasi-constante et Scully reprochait à Mulder de ne pas vouloir se battre pour retrouver un minimum de sécurité et de paix.
Ils étaient trop proches de la frontière des USA ; mais Mulder ne voulait pas partir ; il ne voulait pas laisser tomber. Il n’y arrivait tout simplement pas.

Un bruit de voiture se fit entendre, suivit d’un claquement de portes.

En montant les marches, Scully aperçut sur sa gauche, Mulder, assis dos à elle, face au petit jardin que possédait cette ancienne maison abandonnée.

- Mulder ? Qu’est-ce que tu fais ?

Mulder ne savait pas quoi répondre. De plus, il ne pouvait pas ; la peur de la perdre le paralysait.
Devant ce silence inquiétant, Scully posa ses affaires puis s’approcha. Arrivée à sa hauteur, elle s’agenouilla à côté de lui en lui faisant face.

- Mulder ?

Mulder tourna la tête et la regarda dans les yeux. Scully vit tout de suite que ça n’allait pas.

- Mulder, que se passe-t’il ?

Pour seule réponse, il se leva sèchement et lança :

- Pourquoi tu ne m’as rien dit ?

Scully se leva à son tour.

- Dit quoi ?

Il se retourna et la regarda en face.

- …l’identité de ton nouveau chef de clinique.

Scully ne comprenait pas : comment pouvait-il savoir ? Comment pouvait-il savoir que son nouveau chef n’était autre que Daniel Waterston ?
Voyant qu’elle ne répondit pas, il enchaina :

- Je suis passé tout à l’heure à ton service… J’ai surpris votre conversation…

Scully baissa les yeux ; elle était mal à l’aise. Elle ne savait plus où elle en était. Tout se bousculait dans sa tête. Tout se passait trop vite à son gout. Tout ce qu’elle voulait avant d’arriver, c’était rentrer chez elle et se reposer. Elle voulait se caler dans un coin tranquille pour réfléchir. Elle s’aperçut vite que c’était illusoire… Hésitante, elle demanda :

- Qu’est-ce que tu as vu, au juste ?

- Pourquoi, tu veux savoir quels sont les points que tu peux cacher ?!

- Mulder… Ecoute, je… Si je ne t’en ai pas parler, c’est que je ne voulais pas que tu t’inquiètes.

- Que j’m’inquiète ? … Non, tu as raison, je n’ai absolument aucune raison de m’inquiéter !

Il se retourna essayant de dissimuler la panique et la colère qui s’emparaient de lui de plus en plus.

- Explique-moi… (il se retourna) Explique-moi pourquoi je ne suis au courant de nos problèmes de couple après lui !

- Oh, je t’en prie ! Comme si tu n’étais au courant de rien !

Ils se regardèrent.

- Non, enfin… tu vois ce que je veux dire !

- Ecoute… Je ne voulais pas que tu t’inquiètes ou que tu imagines quoi que ce soit ne sachant pas moi-même où j’en étais. Car oui… Je ne sais plus où j’en suis. J’ai besoin de temps. Mais je n’ai en aucun cas l’intention de te quitter pour quelqu’un d’autre… !

- Ce n’est pas ce que tu lui as fait comprendre en le laissant t’embrasser…

Elle baissa la tête et ferma les yeux. Que pouvait-elle dire ? Il avait raison.
Ils restèrent quelques secondes, peut-être quelques minutes sans se parler. Scully, le regard dans le vide ; et Mulder la fixant essayant de déceler une quelconque explication.

- Puisque tu as besoin de temps, je t’en laisse … dit-il en se retournant.

Il partait tandis que Scully ne put s’empêcher de lui demander :

- Mulder où est-ce que tu vas ?

- Je vais me balader !

Elle resta, debout, seule à le regarder s’éloigner en essayant de trouver un sens à toutes ses pensées qui se bousculaient dans sa tête. Elle partit en direction de l’intérieur de la maison.

Une fois douchée, elle sortit de la maison, une tasse de tisane à la main. Elle s’assit sur ce même fauteuil où était assis Mulder quelques minutes plus tôt. Elle avait les yeux rouges fatigués d’avoir pleurer sous la douche. Elle ne savait plus où elle en était. D’un côté, elle aimait Mulder passionnément et n’imaginait pas sa vie sans lui. Depuis qu’elle dut se résoudre à abandonner William, elle ne vivait plus que dans l’espoir de le retrouver. Elle ne pouvait pas s’imaginer vivre sa vie sans lui. Mais plus les semaines avançaient, et plus elle se rendait compte que cela ne suffisait peut-être pas.

Il marchait, encore et encore, essayant de laisser ses problèmes derrière lui… le plus loin possible derrière lui… Mais instinctivement, cette image de Scully avec cet autre homme qu’il n’avait vu qu’une seule fois en photo lui revenait. Il savait ce qu’il avait toujours représenté pour Scully et se dire qu’il était dans les parages à lui tourner autour n’était pas pour lui plaire. Mais en plus il avait fallu qu’elle le laisse faire ! Comme si tout ce qu’ils avaient pu vivre ensemble était tout d’un coup devenu insignifiant… Il se sentait trahi. Comment pouvait-elle lui faire ça ?

Pourtant, une rupture n’est pas si extraordinaire que ça. C’est vrai, après tout… beaucoup de couples se séparent après avoir vécu une belle histoire ! Mais il ne voulait pas accepter que ce puisse déjà être la fin. C’était inenvisageable. Pourtant il avait bien vu ce qu’il avait vu. Il n’avait pas rêvé !

Il savait que c’était dur pour elle. Elle avait tout quitté pour le suivre. Mais après tout, il ne l’avait pas forcé non plus ! Il lui avait laissé le choix ! …C’était hypocrite de sa part et il le savait. Car au moment même où il lui a demandé ce qu’elle voulait faire, il savait ce qu’elle allait répondre. Pourquoi serait-elle rentrée ? Plus rien ne la retenait réellement à Washington. Il espérait qu’elle le suivrait et c’est ce qu’elle a fait… comme toujours. Mais à ce moment-là, la tentation n’était pas là… Alors qu’aujourd’hui, un homme lui propose tout ce dont elle désire depuis longtemps : une vie normale. D’autant plus que cet homme n’est pas n’importe qui, c’est l’ex amour de sa vie. Comment pouvait-elle rester insensible à sa démarche ? Elle l’avait beaucoup aimé, elle l’aimera probablement toujours… Tout comme, il avait conservé des sentiments pour Diana longtemps après leur rupture. Mais la question qu’il ne cessa de retourner, c’était : l’aimait-elle suffisamment pour continuer à supporter cette vie alors que quelqu’un d’autre lui promettait mieux ?

Mais, après tout, peut-être serai-ce à lui de faire quelque chose pour qu’elle reste. S’il reste là les mains dans les poches à attendre que ça se passe, pas étonnant qu’elle parte ! Mais est-il vraiment prêt à lui donner ce dont elle a envie ? … Après tout, la question n’était peut-être pas là : L’aimait-il suffisamment pour sacrifier sa quête ? Tout le monde lui posait sans cesse la question : « Vous avez sacrifié une décennie de votre vie. Quand cela va se terminer ? ». Peut-être que la réponse était maintenant.

Si William avait été là, il ne se serait même pas poser la question. Il aurait tout abandonné pour s’occuper d’eux. Mais le fait que Scully ait pu le confier à une autre famille lui avait donné l’opportunité de continuer. C’était une excuse, lamentable il le savait, mais une excuse… Peut-être était-il temps d’arrêter de se cacher et d’affronter une vie plus normale… Ils pouvaient partir aisément : un avion et hop, direction l’Europe ! Peut-être devrait-il sérieusement y songer…

Il s’installa par terre contre un arbre et décida d’y rester quelques minutes pour se permettre d’y réfléchir enfin sérieusement.

Elle commençait à s’inquiéter : voilà maintenant plus d’une heure qu’il était parti. Que pouvait-il bien faire ? Il allait falloir qu’ils parlent sérieusement à un moment ou un autre… Elle réfléchissait et plus elle réfléchissait, plus les idées s’embrouillaient… Elle avait besoin de lui parler. Elle voulait savoir exactement où il en était. C’est à cette condition qu’elle saurait quel chemin suivre.
Commençant à avoir froid, elle se leva pour s’allonger sur le canapé. Elle avait décidé de se reposer en attendant qu’il rentre.

Elle venait de s’endormir quand il la rejoignit. Il ne put s’empêcher de l’admirer, elle était tout simplement belle. Il l’avait toujours remarqué mais quand elle dormait, elle était tout simplement radieuse. Il hésita. Devait-il la réveiller ? Il savait que non mais ils devaient se parler et il ne pouvait pas attendre. La peur le rongeait de l’intérieur depuis qu’il avait pris sa décision…
Il lui caressa doucement les cheveux après s’être agenouillé devant elle.

- Dana… ?

Elle ouvrit doucement les yeux et en un éclair tout revint dans son esprit : Daniel, la dispute… Lorsqu’elle le vit agenouillé en face d’elle, elle se redressa. Il se leva et s’assit sur le canapé à côté d’elle. Tous les deux regardaient dans le vide. Aucun ne savait par où commencer…

- Ecoute, Mulder, je...

Elle n’eût pas le temps de finir sa phrase que Mulder la coupa.

- Non attends. C’est à moi de parler…

Leurs regards s’accrochèrent ; Scully fit un petit mouvement de tête lui indiquant qu’elle l’écoutait.

- Ecoute, j’ai beaucoup réfléchi et… et je ne peux pas vivre sans toi !

Elle allait commencer une phrase mais Mulder lui demanda de le laisser terminer.

- Ce n’est pas facile à dire alors je dois le faire tant que j’en ai le courage… Jusqu’à présent, tu m’as toujours suivi… et au prix de sacrifices que tu n’aurais jamais du avoir à faire. Je n’aurai jamais du t’imposer ça. Si tu savais comme je m’en veux…

Sa voix commençait à trahir le trouble et la panique qui faisait rage si tant est qu’il dut ravaler quelques larmes et baisser la tête sous le poids de l’émotion. Scully se rapprocha de lui et posa sa main sur la sienne l’obligeant à relever la tête.

- Ce n’est pas ta faute. Ecoute, je t’ai suivie car j’en avais envie. Je ne te reproche absolument rien ! …Mais, j’ai encore le choix de continuer ou non…

- Je sais et tu as tout à fait raison ! Mais cette fois ci je ne te demanderai pas de me suivre… Cette fois ci, je te demande de me laisser te suivre… Bien sûr que tout ça me manquera mais si je dois choisir entre ma vie et toi… Alors je te choisis toi ! Et sans hésiter une seule seconde ! Je t’aime trop pour imaginer ma vie sans toi…

Scully était totalement sonnée. Elle ne savait plus si elle rêvait. Mulder venait de lui dire précisément les mots qu’elle avait toujours attendus.
Voyant qu’elle ne répondait pas, il reprit :

- Bien sûr si ton envie de vouloir partir ne concerne pas uniquement la vie que nous menons mais a un rapport avec moi ou avec nous… (les mots sortaient très vite de sa bouche comme s’il paniquait suite à son silence ; et malgré la proximité de leurs visages, il maintenait une certaine distance en regardant leurs mains toujours en contact) Si le problème vient du fait que tu ne m’aimes plus suffisamment ou que……

Elle ne lui laissa pas le temps de terminer qu’elle posa ses lèvres sur les siennes. Elle commença à l’embrasser quand elle sentit qu’il lui rendit son baiser. Après quelques secondes, elle rompit le baiser tout en gardant le visage de Mulder entre les mains. Elle était au bord des larmes et ne put prononcer ces phrases que difficilement :

- Je veux vraiment partir et vivre normalement… Mais je veux que tu viennes avec moi…

Il lui répondit par un sourire et à cet instant elle comprit qu’ils allaient enfin avoir la vie dont elle rêvait.